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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




lundi 30 mars 2015

BIG RACKET

BIG RACKET
(Il Grande Racket)

Réalisateur : Enzo G. Castellari
Année : 1976
Scénariste : Enzo G. Castellari, Massimo De Rita, Arduino Maiuri
Pays : Italie
Genre : Policier
Interdiction : -16 ans
Avec : Fabio Testi, Vincent Gardenia, Renzo Palmer, Joshua Sinclair, Orso Maria Guerrini...


L'HISTOIRE : A Rome, les commerçants vivent dans la terreur et se voient racketter avec violence par une organisation criminelle dirigée par Rudy le Marseillais. L'inspecteur Nico Paliermi se démène pour faire coffrer le gang de voyous mais personne n'ose déposer plainte, de peur de représailles. Toutes ses tentatives se soldent par des échecs, les avocats mettant en avant le manque de preuve et la non-déposition des témoins. Démis de ses fonctions pour cause de méthode trop virulente, et voulant venger la mort de son coéquipier, Paliermi va rassembler des citoyens cherchant vengeance et former une milice pour nettoyer la ville des racketteurs...

MON AVIS : Le cinéma des années 70 est généralement un cinéma de contestation, percutant et rentre-dedans, qui n'hésite pas à dénoncer les abus de toutes sortes, le pouvoir politique en place ou la corruption du système. L'Italie étant l'un des pays les plus touchés par les magouilles politiques et les attentats, avec les fameuses Brigades Rouges des "années de plomb", il n'est pas étonnant de voir sortir des films contestataires ou qui s'impliquent dans la dénonciation des abus du gouvernement. Big Racket (sorti en France sous le titre de Racket) du réalisateur Enzo G. Castellari fait partie de cette mouvance et ce polar ultra-violent a été acclamé par le public de l'époque et par les commerçants, qui étaient victimes de racket. Évidemment, il a subit les foudres de la censure et des bien-pensants qui ont même voulu le faire interdire à cause de son succès public justement. Polar nerveux, au rythme soutenu et à la violence exacerbée, Big Racket mélange le film de gangster avec le vigilante movie et fait également de jolis clin d'oeil à des films comme Les Douze Salopards par exemple, la constitution d'une milice avec des individus de différents milieux (un pick-pocket ayant perdu son neveu, un père ayant perdu sa fille, un mari as du tir de précision ayant perdu sa femme, un caïd ayant perdu son territoire, un parrain de la drogue handicapé ayant perdu son fructueux marché...) mais ayant tous en commun leur soif de vengeance envers les racketteurs ne passant pas inaperçu. Les réalisateurs italiens ne faisant guère de compromis sur l'aspect violent de leur film, Big Racket ne s’embarrasse donc pas de considérations métaphysiques sur le sujet et nous balance deux séquences de viol bien graveleuses, dont une sur mineure ! Shocking ! Idem pour les scènes d'intimidations des commerçants par les racketteurs, elles ne font pas dans la dentelle et on comprend fort bien la réticence des victimes à aller témoigner à la police. Dans toute cette violence urbaine, l'excellent Fabio Testi promène sa silhouette avec une classe indéniable et on suit avec grand intérêt sa croisade contre le crime organisé. Il paiera d'ailleurs de sa personne, notamment dans une séquence diabolique et ingénieusement mise en scène dans laquelle, prisonnier dans sa voiture, il verra celle-ci dévaler une pente en faisant des tonneaux, le tout filmé de l'intérieur ! A ses côtés, tout un tas de trognes d'enfer viennent soit lui prêter main forte, soit servir le camp adverse. On appréciera le sympathique Joshua Sinclair dans le rôle de Rudy le Marseillais, tous ceux qui ont vu La Mort au Large du même Enzo G. Castellari le reconnaîtront sans hésiter. Idem pour Vincent Gardenia ou Orso Maria Guerrini, leurs têtes ne vous seront pas inconnues. Si on devine assez rapidement qui est le grand patron de ce gang de racketteurs, cela ne gâche en rien l'efficacité de ce poliziottesco survitaminé qui se conclut sur un dernier quart d'heure apocalyptique, dans lequel on ne compte plus les impacts de balles sanglantes et qui se termine sur l'image de l'inspecteur cassant son fusil, refusant ainsi la violence dont il a été obligé de faire usage. Nul doute que le Sam Peckinpah de La Horde Sauvage aurait pu passer par là tant ce final est intense et désespéré. Bref, du bon boulot de la part de Enzo G. Castellari qui a rondement mené ce polar sans concession. 

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS

NOTE : 4,5/6




dimanche 29 mars 2015

DEAD SHADOWS

DEAD SHADOWS
(Dead Shadows)

Réalisateur : David Cholewa
Année : 2012
Scénariste : Vincent Julé
Pays : France
Genre : Horreur, Science-Fiction
Interdiction : -12 ans
Avec : Fabian Wolfrom, Blandine Marmigère, Gilles Barret, Rurik Sallé...


L'HISTOIRE : Après avoir vu son père massacrer sa mère lors du passage de la comète de Halley alors qu'il n'était qu'un enfant, le jeune Chris souffre désormais d'une phobie maladive du noir, laissant sans cesse les lumières allumées dans son appartement. Timide et complexé, il aimerait beaucoup faire connaissance avec Claire, sa voisine d'en face, qui, par pur hasard, l'invite à une soirée "apocalypse", la fameuse comète refaisant un passage près de la Terre cette nuit. Une nuit qui s'annonce mouvementée, le comportement des gens se faisant de plus en plus violent. Est-ce du à l'influence néfaste de la comète ou à autre chose de plus insidieux ?

MON AVIS : Le cinéma de genre en France n'a jamais connu son heure de gloire, notre pays étant bien trop cartésien pour laisser aller son imagination, la majorité des réalisateurs préférant mettre en scène des comédies lourdingues ou des faits divers qu'on voit sans cesse au journal télévisé. Une poignée d'irréductibles tentent toutefois de ne pas se laisser brider et oeuvre pour un cinéma différent, marginal. On pense bien sur au regretté Jean Rollin, à Julien Richard-Thomson mais aussi aux "petits nouveaux" comme Alexandre Aja, Pascal Laugier, Xavier Gens, Jean-Marc Vincent, Alexandre Bustillo, Julien Maury, Thierry Paya, Romain Basset, Antoine Blossier, Yann Gozlan, David Morley, Quentin Dupieux, François GaillardOlivier Abbou, Cédric Dupuis ou Benjamin Rocher par exemple. Principal problème rencontré par tous ces talentueux réalisateurs : le financement de leur projet. Faire un film demande un investissement financier et peu de producteurs mettent la main au panier, surtout quand le projet est un "film de genre", et encore plus quand il s'agit du genre horreur/fantastique/science-fiction, le succès en salles n'étant quasiment jamais assuré sur notre territoire. Heureusement, il reste les ventes à l'étranger où le cinéma de genre hexagonal cartonne bien plus que chez nous et rencontre un réel succès. C'est d'ailleurs grâce aux préventes à l'étranger que David Cholewa a pu assurer le tournage de Dead Shadows. Prévu au départ comme un court-métrage, ce jeune metteur en scène passionné de cinéma de genre a vendu son projet à l'export via une belle affiche, un scénario et un teaser avant même que le film soit tourné ! Avec un budget microscopique avoisinant les 150 000 euros, Dead Shadows a donc pu voir le jour, avec 20 jours de tournage et plus d'un an de post-production. Si la manque d'argent se fait ressentir, si le film n'est pas exempt de nombreux défauts (passée l'excellente scène d'introduction, les quarante minutes suivantes m'ont paru interminable, le casting et les dialogues m'ont donné la désagréable impression de regarder un sitcom français 90's, avec des scènes pas vraiment utiles, qui nous font, certes, faire plus ample connaissance avec le héros et sa phobie du noir mais qui au final, ne servent pas à grand-chose si ce n'est plomber un rythme déjà peu soutenu et allonger la durée du métrage), on sent un réel investissement de la part du réalisateur et de son équipe. La première séquence mettant en scène les fameuses tentacules lovecraftiennes est juste énorme et verse dans une ambiance érotico-horrifique et un mauvais goût assumé qui risque de marquer les esprits. Une fois les quarante premières minutes plus que laborieuses derrière nous, Dead Shadows prend ses marques et gagne en rythme, en intensité, en intérêt. L'action se fait plus énergique, les bastons à grand coup de batte de Baseball ou de fusil à pompe se font légions, le côté fun et décomplexé de l'entreprise fonctionne à plein régime. Les effets de maquillage sont superbes, dus encore une fois à David Scherer, et les mutants sanguinolents, purulents et liquéfiants assurent le spectacle. Les effets numériques ne sont pas en reste et s'associent parfaitement bien avec les acteurs de chair et d'os : une main tentaculaire se forme sur le bras de Rurik Sallé (excellent dans son rôle de truand de quartier ringard), le héros se retrouve enlacé par une femme arachnide de toute beauté qui nous évoque l'univers des jeux -vidéos Silent Hill ou de Evil Within plus récemment, des tentacules sortent des bouches d’égouts. On s'amuse enfin autant que les acteurs et on se dit qu'au final, Dead Shadows aurait certainement bien mieux fonctionné en tant que court ou moyen-métrage et que ce format long métrage de 74 minutes ne lui convient en fait pas vraiment, l'impression de visionner un film fait entre potes se faisant bien trop ressentir. Dommage. 

* Disponible en DVD et BR chez RIMINI EDITIONS 

NOTE : 3/6


vendredi 20 mars 2015

JACK L’ÉVENTREUR

JACK L’ÉVENTREUR
(Jack the Ripper)

Réalisateur : Jess Franco
Année : 1976
Scénariste : Jess Franco
Pays : Allemagne, Suisse
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Klaus Kinski, Josephine Chaplin, Andreas Mannkopff, Lina Romay...


L'HISTOIRE : Médecin réputé le jour, n'hésitant jamais à veir en aide aux plus infortunés ou aux plus démunis, le docteur Dennis Orloff se transforme la nuit venue en tueur en série impitoyable, agressant et mutilant des prostituées dans le quartier de Whitechapel. La police est sur les dents et ne parvient pas à arrêter celui qu'on surnomme Jack l'éventreur...

MON AVIS : Le plus célèbre des serial-killers, le fameux Jack l'éventreur, a toujours déchaîné les passions et ce personnage énigmatique a inspiré bon nombre d'écrivains, de dessinateurs ou autres metteurs en scène. Le cinéma s'est très tôt emparé du mythe : Alfred Hitchcock réalise en 1927  The Lodger : A Story of the London Fog, John Brahm Jack l'Éventreur en 1944, Godfrey Grayson Room to Let en 1950 (un film de la Hammer), Hugo Fregonese L'étrange monsieur Slade en 1953, le duo Robert S. Baker / Monty Berman Jack l'éventreur en 1959, Peter Sasdy  La Fille de Jack l’Éventreur en 71. On pourrait également citer le Loulou (1929) de G.W. Pabst dans lequel la jolie Louise Brooks terminait le film en se faisant assassiner par l'éventreur de Whitechapel ou bien encore Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur (1965), Meurtre par Décret (1979), l'excellent téléfilm Jack l'éventreur (1988) ou le plus récent From Hell (2001), adaptation du roman graphique d'Alan Moore. N'oublions pas le très original C'était Demain (1979) ou Jack's Back (1988). Bref, la liste est longue et il faut donc y ajouter ce Jack l'éventreur de 1976, réalisé par Jess Franco et qui fait endosser le costume du serial-killer à Klaus Kinski, acteur qu'on ne présente plus et qui semblait tout indiqué pour interpréter un Jack l'éventreur bien halluciné. Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est le nom même du brave docteur : Dennis Orloff. Un nom qui ne sera pas inconnu des amateurs du réalisateur espagnol puisque celui-ci a réalisé en 1962 L'Horrible docteur Orloff, dans lequel un médecin fréquente les cabarets afin de kidnapper les jeunes chanteuses qui se produisent sur scène. Si le but final des deux docteurs n'est pas du tout le même, on ne pourra pas s'empêcher d'y voir une énorme référence, le nom d'Orloff revenant même en 73 dans Los ojos siniestros del doctor Orloff puis en 1982 dans El siniestro doctor Orloff, deux films toujours signés Jess Franco. On le sait, le réalisateur n'a pas que des fans et ses films varient en terme de qualité. Son Jack l'éventreur est plutôt à mettre dans la partie des bons films de son auteur : la mise en scène est des plus convenables, les acteurs s'avèrent convaincants (avec un bémol pour Andreas Mannkopff qui interprète l'inspecteur Selby et qui est d'une fadeur et d'une "inexpressivité" désarmante) et on est même surpris de la retenue dont fait preuve Klaus Kinski. Je pensais que cet acteur, connu pour ses accès de fureur, allait camper un tueur colérique et odieux mais au contraire, il reste relativement posé et n'en fait pas des tonnes, ce qui m'a même un peu déstabilisé dans mon attente. D'ailleurs, le film est un peu à l'image de la prestation de Kinski : sage, trop sage. J'attendais plus de folie de la part de Franco mais son Jack l'éventreur reste en fait assez classique dans son approche et sa mise en scène, nous offrant certes un peu d'érotisme (quelques poitrines dénudées ou des gros plans sur les fesses des danseuses de cabaret), un peu de violence et de gore (dont le sein de la charmante Lina Romay, tranché au scalpel) ainsi qu'une jolie séquence d'hallucination nous expliquant les raison et la motivation meurtrière du docteur Orloff, mais dans l'ensemble, c'est bien gentillet et le film aurait pu aller beaucoup plus loin dans le démonstratif visuel, la seule séquence qui se permet quelques excès étant le meurtre de Lina Romay justement, avec viol et mutilations. Idem au niveau du rythme, l'ensemble est un peu mou et parfois trop bavard, s'attardant sur des scènes de dialogues un peu rébarbatives et qui auraient pu être plus concises. Cette variation sur le thème de Jack l'éventreur (le réalisateur a pris beaucoup de liberté avec la véritable histoire) n'est pas déplaisante, loin de là, mais j'en attendais beaucoup plus et je reste légèrement déçu au final. A noter, la présence au casting du bien connu Herbert Fux, vu entre autre dans La Marque du Diable bien sûr...

* Disponible en Blu-ray avec VF d'époque chez Ascot Elite

NOTE : 3/6


FILM COMPLET : 

mercredi 18 mars 2015

THE REFRIGERATOR

THE REFRIGERATOR
(The Refrigerator)

Réalisateur : Nicholas Jacobs
Année : 1991
Scénariste : Nicholas Jacobs, Christopher Oldcorn
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Comédie
Interdiction : -12 ans
Avec : Julia McNeal, Dave Simonds, Phyllis Sanz, Angel Caban...


L'HISTOIRE : Fraîchement mariés, Steve et Eileen Bateman débarquent dans un quartier de New-York pour y louer un petit appartement situé dans un immeuble miteux. Leur appartement n'est pas mieux loti mais le couple y trouve son compte via un loyer très peu onéreux. Totalement vide à leur arrivée, l'appartement ne contient qu'un réfrigérateur qui va s’avérer être vivant et avide de sang. Pire que tout, l'appareil semble avoir le pouvoir de contrôler l'esprit humain et va changer le comportement de Steve...

MON AVIS : A une époque où l'on ne compte plus les remakes, reboots, préquelles, séquelles et j'en passe, l'imagination des scénaristes étant passée à la trappe apparemment, la lecture du synopsis de The Refrigerator fait plaisir. Datant de 1991, ce film fait preuve d'une originalité bien barrée dans son sujet : un frigo tueur ! Si on a bien du mal à s'imaginer notre propre frigo se mettre à ouvrir ses portes pour nous attaquer, cette idée folle ne semble pas déranger le réalisateur Nicholas Jacobs qui a donc mis en scène ce drôle de film et son "monstre" atypique. Le festival d'Avoriaz a semble t-il été lui aussi envoûté par cette loufoquerie macabre puisque The Refrigerator a été sélectionné en 1992 dans le cadre des séances de minuit. Le film a ensuite été disponible en VHS, bénéficiant d'une jolie affiche qui fait un gros clin d'oeil à celle du Pulsions de Brian de Palma. Maintenant, qu'en est-il du résultat final ? Production qu'on peut qualifier d'underground, pouvant être comparée à Frère de Sang de Frank Henenlotter par exemple, c'est à dire réalisée à New-York avec un budget ridicule, utilisant le système D à outrance et n'ayant pas peur d'en faire trop, The Refrigerator mélange comédie potache, personnages exubérants, situations à la limite du grotesque et pimente le tout d'un peu de gore, notamment lors d'un final plutôt jouissif et sanglant. En fait, The Refrigerator aurait largement pu être une production Troma Films tant les excès du film et son mauvais goût assumé dans la comédie balourde reflètent totalement l'univers déjanté de la firme de Lloyd Kaufman. A titre d'exemple, on citera la scène hallucinante dans laquelle l'homme à tout faire de l'immeuble vient voir Eileen et lui dit au cours de la conversation qu'il excelle dans le flamenco, se mettant à danser et à faire des claquettes avec tout son attirail de plombier pour prouver ses dires ! Du grand n'importe quoi, qui vous fera, au choix, hurler de rire ou trouver ça tellement aberrant que vous en serez dépité. Personnellement, je suis plutôt bon public mais là, j'ai vraiment eu du mal à trouver le film accrocheur ou intéressant. Délirant, certes, avec sa galerie de personnages pittoresques mais cet humour n'a pas fonctionné sur moi et j'avoue que j'ai du me forcer pour ne pas appuyer sur la touche "avance rapide" de la télécommande afin d'écourter mon calvaire. Le mot est peut-être un peu fort mais j'ai trouvé le temps bien looonnngggg et j'avais vraiment hâte que ça se termine. Heureusement que le final, comme déjà dit, a mis un peu de tonus dans le rythme et un peu de gore à l'écran. Trop abracadabrant, trop "cheap", The Refrigerator ne m'a pas convaincu mais nul doute qu'il saura trouver son public parmi les amateurs de nanars ultra kitsch. 

* Disponible en DVD chez CROCOFILMS

NOTE : 2/6


mardi 17 mars 2015

TERREUR EXTRA-TERRESTRE

TERREUR EXTRA-TERRESTRE
(Without Warning)

Réalisateur : Greydon Clark
Année : 1980
Scénariste : Lyn Freeman, Daniel Grodnik, Bennett Tramer, Steve Mathis
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Science-Fiction
Interdiction : -12 ans
Avec : Jack Palance, Martin Landau, Tarah Nutter, Neville Brand, Christopher S. Nelson...


L'HISTOIRE : Dans une contrée retirée des Etats-Unis. Un groupe de quatre amis part faire du camping. Ne voyant pas revenir deux d'entre-eux, Greg et Sandy décident de partir à leur recherche dans la forêt. Ils découvrent une petite cabane contenant plusieurs corps ensanglantés, dont ceux de leurs deux amis, et se font agresser par des petits disques volants dotés de dents et de filaments. En cherchant de l'aide dans le bar du coin, ils font connaissance avec Taylor, un adepte de la chasse, et avec Fred "Sergent", un ancien de l'armée un peu cinglé qui croit dur comme fer à une invasion extra-terrestre. Personne ne le prend au sérieux. Pourtant, il semblerait bien qu'un alien soit dans les parages et que la chasse soit aussi son domaine de prédilection...

MON AVIS : Il se peut fortement que vous ayez vu ce film si vous avez connu l'époque bénie des vidéos-clubs dans les années 80 mais que vous n'en ayez plus aucun souvenir. Pourtant, si j'évoque des "petits frisbees volants avec des dents en dessous qui se collent sur les humains et leur pompent le sang", le déclic se fera indéniablement. Impossible d'oublier ces séquences plus qu'originales dans lesquelles ces drôles de petites créatures extra-terrestres apparaissent et font pas mal de dégâts sur les pauvres victimes, des espèces de filaments rouges s’insérant sous la peau de manière plutôt brutale. Petite série B fauchée réalisée en trois semaines par Greydon Clark en décembre 1979, Terreur Extra-terrestre a rapidement acquit un statut de film culte et a connu un beau succès en VHS. Si le manque de moyen se fait sentir, le réalisateur a tout de même bénéficié de la présence au casting de quelques gueules bien connues et aguerries pour donner la répliques à de parfaits débutants. On trouve en effet Jack Palance et Martin Landau dans les rôles principaux, ainsi que Neville Brand (le cinglé à la faux dans Le Crocodile de la Mort de Tobe Hooper) dans un rôle plus anecdotique. On ne présente plus les deux premiers noms cités et leur présence dans le film lui donne un certain cachet et augmente son capital sympathie. Jack Palance interprète un chasseur émérite qui voit dans la présence de l'alien un challenge à relever pour le capturer ou le tuer quand Martin Landau joue le personnage d'un ancien militaire qui se croit encore en service et sombre dans la paranoïa, pensant que les extra-terrestres ont commencé à envahir la Terre et à prendre l'apparence des humains. A-t-il vu L'invasion des Profanateurs de Sépultures (1956) ou son remake L'invasion des Profanateurs (1978), mystère ! Toujours est-il que sa folie va causer bien des ennuis à Greg, Sandy et Taylor. Avec peu de budget, Greydon Clark est néanmoins parvenu à donner corps et âme à Terreur Extra-terrestre dont le scénario aura sans doute évoqué dans votre esprit le célèbre Prédator ! Car oui, le film de Clark parle d'un extra-terrestre venu chasser sur Terre sept ans avant le classique de John McTiernan ! Sur le tournage de ce dernier, Arnold Schwarzenegger lui-même a parlé de Terreur Extra-terrestre, preuve que ce petit film de science-fiction horrifique est plus connu qu'il n'y paraît et jouit d'une bonne réputation. Bricolé avec des bouts de ficelles, Terreur Extra-Terrestre marque pourtant des points dans de nombreux domaines : il bénéficie d'une ambiance inquiétante, renforcée par le fait que quasiment toute l'action du film se déroule de nuit ; les effets-spéciaux, certes rudimentaires, fonctionnent bien et apportent une petite touche malsaine bienvenue ; déjà cité, l'originalité des frisbees volants comme arme d'attaque de l'alien ; le jeu de Martin Landau, en totale roue-libre, contraste avec celui de Jack Palance, beaucoup plus posé ; le look de la créature alien est franchement excellent et chacune de ses apparitions, pourtant peu nombreuses, restent en mémoire. Si E.T. amenait un peu de douceur dans le thème de l'extra-terrestre au cinéma en 1982, Greydon Clark et Terreur Extra-Terrestre en 1980 nous mettait encore en garde contre ces créatures de l'espace à tendance plutôt belliqueuse. Un chouette petit film en somme, qui ne paye pas de mine mais s'avère efficace et reflète une certaine conception du "low-budget" typique des 80's ! On félicitera donc le bon choix éditorial de Crocofilms qui propose le film dans une copie très propre et à cent lieues de la mauvaise image sombre et nocturne que proposait la VHS d'époque. Un vrai plaisir que de redécouvrir le film dans ces conditions. Petit bémol, seule la version française est présente sur le DVD, bémol compensé par une présentation du film par Greydon Clark lui-même, enregistrée spécialement pour cette édition française.

* Disponible en DVD chez CROCOFILMS

NOTE : 4/6




lundi 16 mars 2015

L'HORRIBLE INVASION

L'HORRIBLE INVASION
(Kingdom of the Spiders)

Réalisateur : John 'Bud' Cardos
Année : 1977
Scénariste : Richard Robinson, Alan Caillou
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Agressions animales
Interdiction : -12 ans
Avec : William Shatner, Tiffany Bolling, Woody Strode, Lieux Dressler...


L'HISTOIRE : Une petite communauté rurale et paisible voit la vie de ses habitants malmenée quand des animaux meurent par d’étranges empoisonnements. Quand le docteur Rack Hansen, aidé par une entomologiste, découvre que des tarentules sont à l'origine des morts d'animaux,  il est déjà trop tard. Des milliers d'araignées, d’une agressivité accrue, déferlent sur la ville...

MON AVIS : Parfois, il faut être un peu maso pour visionner certain film. Etant arachnophobe, les longs métrages mettant en vedette ces charmantes petites bêtes velues à huit pattes sont pour moi un véritable calvaire à regarder car il me provoque un stress aussi intense que les personnages confrontés aux arachnides dans le film. Du moins quand il s'agit de vrais araignées à l'écran. Je n'ai aucun soucis à regarder Tarantula par exemple, les araignées géantes des films de science-fiction des années 50 n'étant pas d'un réalisme très inquiétant. Les choses se corsent quand les réalisateurs utilisent de véritables araignées, comme on peut en voir dans Tarentules : le cargo de la mort ou Arachnophobie par exemple. Le simple fait de voir les araignées courir par terre ou grimper sur les acteurs me tétanisent dans mon canapé. Pas de bol pour moi avec L'Horrible Invasion donc, film de John 'Bud' Cardos réalisé en 1977 et qui présente à l'écran environ 5000 véritables araignées achetées à un fournisseur mexicain. Pour terrifier encore plus le spectateur, l'équipe du film a ajouté des tas de fausses araignées en plastique pour grossir leur nombre et si on en repère certaines dans quelques séquences, l'astuce marche plutôt bien et fait son petit effet. Film référence dans cette catégorie, L'Horrible Invasion joue savamment sur nos peurs liées à ces animaux et la mise en scène se révèle des plus efficaces pour faire monter la tension. La caméra rase le sol, se faufile dans l'herbe, joue avec les contre-plongées et nous place directement dans la peau des arachnides avançant sans relâche vers leurs futures proies. D'abord animales (le bétail d'un pauvre éleveur y passe petit à petit, tout comme son pauvre chien), les victimes empoisonnées font leur apparition chez les humains et la panique commence à prendre des proportions plus inquiétantes. Les araignées envahissent les rues, les habitations, les voitures et, telle une armée en marche, progressent inlassablement, semant mort et désolation derrière elles. Notre pauvre docteur (William Shatner, le fameux Capitaine Kirk de Star Trek) ne sait plus où donner de la tête et va avoir bien du mal à protéger la population. Le scénario réutilise quelques idées des Dents de la Mer, avec le maire qui ne veut pas décréter une quarantaine dans sa petite ville, une foire devant avoir lieu dans quelques jours. Les scènes d'attaques sont diablement bien orchestrées, à l'image de ce pauvre conducteur d'avion qui finira par se crasher, ne contrôlant plus son appareil envahi de tarentules. On félicitera le sang froid de la petite fille qui fait de la balançoire calmement alors que des dizaines d'araignées sont en dessous d'elle ou qui reste debout dans son lit alors que les bestioles à huit pattes l'entourent sur le drap. Personnellement, il aurait fallu me payer très cher pour accepter un rôle dans ce film. Plus le temps passe et plus les araignées sont nombreuses à l'écran, avec pour point d'orgue une scène de panique dans la ville où les cadavres ensanglantés et recouvert de toile sont légions. Affreux ! Pour justifier cette invasion hors norme, L'Horrible Invasion y va de son discours écolo et met en exergue l'utilisation du DDT, ce puissant insecticide qui a détruit la faune dont se nourrissait les araignées. En gros, l'homme a privé les arachnides de nourriture avec cette substance chimique destructrice et comme elles n'ont plus rien à se mettre sous la dent, elles s'en prennent aux animaux et à nous pour se nourrir. On ne peut donc pas trop leur en vouloir. La ville devient leur nouveau garde-manger et le film, très fataliste, se conclut sur une image qui restera dans les mémoires et qui aurait fait une très bonne conclusion d'un épisode de La Quatrième Dimension ! Malgré ses trente-huit ans au compteur, L'Horrible Invasion fonctionne encore très bien et s'avère être l'un des meilleurs films d'agressions animales.

* Disponible en DVD chez Sidonis Calysta

NOTE : 4,5 / 6




dimanche 15 mars 2015

SUPER NICHONS CONTRE MAFIA

SUPER NICHONS CONTRE MAFIA
(Double Agent 73)

Réalisateur : Doris Wishman
Année : 1974
Scénariste : Doris Wishman
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier, Érotique
Interdiction : -16 ans
Avec : Chesty Morgan, Frank Silvano, Saul Meth...


L'HISTOIRE : Bien qu’elle souhaite se retirer des affaires, Jane Tennay reprend du service à la demande du patron des Services Secrets. Sa mission : identifier le chef d’un gang de trafiquants de drogue qui inonde le marché d’une héroïne bon marché. Son arme secrète : un microscopique appareil photo implanté dans le téton de son sein gauche...

MON AVIS : Si Forrest Gump avait été cinéphile, il aurait pu dire que "le cinéma, c'est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber". Chef-d'oeuvre, pur classique, bon film, nanar sympathique ou navet atomique, chaque visionnage distille son lot de surprise, qu'elle soit bonne ou mauvaise. On peut également tomber sur des films "hors normes", qui relève du domaine du surréalisme cinématographique, de l'expérience insolite inattendue. Forcément, avec un titre comme Super Nichons contre Mafia, on a déjà une certaine idée de ce qu'on va voir à l'écran. En lisant le synopsis, on confirme notre impression première : ça va envoyer du lourd, et c'est peu de le dire ! On parle quand même d'un agent secret féminin doté d'une poitrine surdimensionnée et dans laquelle on implante un mini appareil-photo pour qu'elle puisse prendre des clichés de malfrats ! Si ça c'est pas de l'insolite ! Après, le nom de Doris Wishman dans la catégorie "réalisateur" peut faire peur, la dame n'étant pas vraiment connue pour la qualité de ses films, principalement des petits Nudies dans les années 60 (Nude to the MoonDiary of a Nudist...) ou des drames violents (Bad Girls go to Hell). Elle a aussi donné dans le film d'horreur avec A Night to Dismember en 1983 par exemple. Ne bénéficiant jamais de budget conséquent, Doris Wishman est néanmoins une passionnée de la pellicule puisqu'elle affiche tout de même trente films à son actif. A 62 ans, elle engage la plantureuse Chesty Morgan, actrice qui ne jouera que dans quatre longs métrages au cours de sa carrière et qui est principalement connue pour avoir été la femme avec la plus grosse poitrine naturelle du monde durant plusieurs années. Elle lui fait tourner deux films dans lesquels elle mettra à profit son "don" naturel : Super Nichons contre Mafia (Double Agent 73) et Mamell's story (Deadly Weapons), tous deux en 1974. La vision du film qui nous intéresse ici se doit d'être effectuée en version française, tant cette dernière ajoute un surplus non négligeable à l'expérience visuelle (et donc sonore) qu'on va vivre. N'y allons pas par quatre chemins, Super Nichons contre Mafia est un pur nanar mal filmé, mal joué, mou du genou et qui n'a au final pas grand chose pour lui. Les amateurs de gros (énormes!) seins seront sûrement ravis de voir ceux de Chesty Morgan en action tout en se demandant certainement d'où provient le flash quand elle prend une photo en soulevant son sein gauche, l'appareil-photo étant censé être à l'intérieur du sein ! Un petit détail que Doris Wishman n'a pas jugé bon d'expliciter. Le personnage de Jane Tennay a d'ailleurs de l'humour en se faisant cette réflexion ô combien logique concernant le caïd de la pègre qu'elle doit serrer : "que se passerait-il s'il te sucer le mamelon ? Eh bien tu aurais en souvenir la photo de ses amygdales" ! Un dialogue qui ne fait pas dans la dentelle et qui est à l'avenant des autres répliques qu'on entend régulièrement tout au long du métrage. Les doubleurs français n'ont apparemment pas vraiment respecté le dialogue original, beaucoup plus sérieux, et s'en sont donnés à cœur joie dans les phrases chocs, et souvent vulgaires, donnant donc un cachet hallucinatoire supplémentaire à cette oeuvre on ne peut plus bizarroïde ! On citera, parmi la pléthore d'exemples qui pullulent, l'incroyable "attend un peu, je vais me laver le cul, tiens la bien droite, je ne serais pas longue à revenir mon lapin", certainement la perle ringarde du film, et qui hisse ce dernier au rayon des nanars atomiques. Outre ces dialogues orduriers (oreilles chastes s'abstenir), Doris Wishman nous régale également d'un clin d'oeil au Psychose d'Alfred Hitchcock en nous balançant une scène de meurtre au couteau dans une douche, une course-poursuite en voiture qui ridiculise celle de Bullit (je plaisante hein !), une baston à coup de gros seins filmée au ralenti et un rebondissement final digne d'un épisode de Scooby-Doo, entre autres joyeusetés. Le tout agrémenté d'un nombre incommensurable de plans focalisés sur les monstrueuses protubérances mammaires de Chesty Morgan, qui s'avère quand même une bien pâle actrice, tout comme l'intégralité du casting d'ailleurs. Bref, Super Nichons contre Mafia est à réserver aux amateurs de films fauchés qui n'ont pas peur d'en faire trop, aux fans d'ovni cinématographique, de films "autres". Le film fonctionnera encore mieux si vous le matez avec une bande de copains autour d'un bon paquet de pop-corn, le taux d'alcool dans votre sang pouvant lui aussi augmenter le capital sympathie de ce nanar pas piqué des hannetons. Il est d'ailleurs assez difficile de donner une note à Super Nichons contre Mafia. D'un point de vu purement cinématographique, on approche dangereusement du zéro pointé, tant les invraisemblances, les fautes de raccords ou les aberrations filmiques sont légions. Maintenant, d'un point de vue "ovniesque", et principalement pour sa version française, le film tient la dragée haute à des œuvres telles Yor le chasseur du futur par exemple. Tous les défauts précités participent à faire du film ce qu'il est et à lui donner tout son intérêt, tant est si peu qu'il y en ait un. Allez, on tranche entre les deux et on met la moyenne parce que même si c'est nul, Super Nichons contre Mafia vaut quand même son pesant de cacahuètes dans la catégorie nanar de série Z de compétition !

* Disponible en DVD chez Sidonis Calysta en version restaurée

NOTE : 3/6


samedi 14 mars 2015

LE GRAND DÉFI

LE GRAND DÉFI
(Ercole, Sansone, Maciste e Ursus gli invincibili)

Réalisateur : Giorgio Capitani
Année : 1964
Scénariste : Sandro Continenza, Roberto Gianviti
Pays : Italie, Espagne, France
Genre : Péplum, Comédie
Interdiction : /
Avec : Sergio Ciani, Howard Ross, Nadir Moretti, Yann Larvor, Elisa Montés...


L'HISTOIRE : Hercule, fils de Zeus, sauve de la noyade Omphale, la fille de Némée, Reine de Lydie. Tombé amoureux d’elle, il désire l’épouser. Afin de prouver qu’il est bien le demi-dieu, la reine le charge de ramener un bateau plein d’or englouti sous la mer. Hercule réussit l’épreuve, mais Omphale ne veut pas de lui. Elle imagine alors un stratagème l’obligeant à défier l’homme le plus fort du monde, Samson. Des hommes sont chargés d'aller trouver Samson pour l'amener à Hercule. Durant leur voyage, ils vont également rencontrer Ursus et Maciste...

MON AVIS : Quatre stars du péplum dans la même histoire, voilà ce que nous propose Le Grand Défi de Giorgio Capitani, coproduction franco-italo-espagnole réalisée en 1964, qui met donc en scène Hercule, Maciste, Ursus et Samson ! Rien que ça ! Avec une telle affiche de rêve, on se dit que les corps bodybuildés vont être à l'honneur et que l'action épique va régner en maître sur ce long métrage. Certes, Sergio Ciani (Hercule), Howard Ross (Maciste), Nadir Moretti (Samson) et Yann Larvor (Ursus) sont plutôt bien charpentés et devraient faire chavirer le cœur des femmes amatrices de muscles et d'abdominaux en béton armé. Les spectateurs masculins quant à eux apprécieront le charme des actrices et notamment celui d'Elisa Montés qui joue la ravissante Omphale ou celui de la française Hélène Chanel, ultra sexy dans sa tenue d'oracle. De nombreuses péripéties parsèmeront le parcours d'Hercule tout comme plusieurs bagarres viendront égayer notre vision du film, les décors ne résistant pas longtemps à ces derniers et ce, pour notre plus grand plaisir de voir des colonnes de soutien ou des murs en carton-pâte s’effondrer sur le casting. On a même droit à la présence de Zeus qui a bien du mal à garder son fils dans le droit chemin, comme en témoigne la séquence d'introduction dans laquelle Hercule doit choisir entre deux chemins indiqués par son père : celui de la vertu et celui du plaisir. C'est évidemment ce dernier que choisira le demi-dieu, malgré la réprobation "éclair" de son divin papa. Cette scène, très amusante, est un bon indicateur de ce qui nous attend par la suite. Car il faut bien avoir en tête que Le Grand Défi n'est pas, mais alors pas du tout, un péplum "sérieux". C'est une pure comédie, lorgnant même parfois vers la parodie, et qui n'hésite pas à jouer avec les clichés du genre ou à se moquer gentiment de ses virils héros. Le comique de situation le dispute à des répliques haute en couleurs qui ne manqueront pas de nous faire sourire devant notre écran. La palme revient certainement à Samson, avec son look de rabbin échappé des Aventures de Rabbi Jacob (chapeau noir et deux couettes sur le côté, à mourir de rire !) et qui verra sa force surpuissante lui être retiré par une Dalila bien jalouse, qui aura entendu son bellâtre demander si les femmes étaient jolies en Lydie, ce qui vaudra à ce dernier de voir ses cheveux coupés par sa belle. Un gag qui joue avec la légende classique de la chevelure de Samson et qui donnera lieu à d'autres gags bien mis en valeur, notre pauvre Samson demandant à ce qu'Hercule ne le frappe pas trop fort par exemple ! Le légendaire Ursus quant à lui nous est présenté comme un être colérique, qui joue les gros bras dans les tavernes et cassent tout ce qui passe à porté de sa main. Maciste à un rôle un peu plus noble puisqu'il passe son temps à prêter main forte aux malheureux sans défense. Le réalisateur Giorgio Capitani malmène donc la mythologie et le péplum lui-même, ne s’embarrasse pas des conventions et amuse le public avec des scènes grosses comme une maison qui ne manqueront pas de faire hurler les puristes absolus du genre. Il est vrai que si on ne s'attend pas à voir une comédie, on reste un peu abasourdi par le divertissement proposé et qu'on ne sait plus trop sur quel pied danser ou comment réagir face au film et son parti-pris. On a même droit à la présence d'un nain qui nous régalera de quelques farces bien trouvées et qui provoqueront moult remue-ménages et quiproquos. On sent et on voit que Le Grand Défi n'a pas du avoir un budget très conséquent et avec cette approche comique, il flirte souvent avec le nanar sympathique. Les scènes de bagarres, comme celle mettant en confrontation nos quatre colosses, peinent à paraître crédibles et versent plutôt dans le "slapstick". Ce qui, au final, correspond tout à fait au style même du film. Le Grand Défi est donc un péplum à prendre au second (voir troisième) degré pour véritablement l'apprécier. Pour ma part, même si j'ai passé un bon moment et que ce film reste fort divertissant et amusant, je préfère tout de même la veine "sérieuse" du genre. A noter que j'ai visionné le film en VOSTF mais que la version française a l'air bien gratiné et devrait en rajouter dans l'aspect parodique de l'entreprise...

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS



jeudi 12 mars 2015

LES ÂMES SILENCIEUSES

LES ÂMES SILENCIEUSES
(The Quiet Ones)

Réalisateur : John Pogue
Année : 2014
Scénariste : Craig Rosenberg, Oren Moverman, John Pogue
Pays : Angleterre, Etats-Unis
Genre : Épouvante, Possession
Interdiction : -12 ans
Avec :  Jared Harris, Sam Claflin, Olivia Cooke, Erin Richards, Rory Fleck-Byrne ...


L'HISTOIRE : Le professeur Coupland veut démontrer que les phénomènes paranormaux sont toujours explicables de manière rationnelle. Avec Harry et Krissi, deux de ses élèves, il va tenter de comprendre et d'analyser le comportement étrange de la jeune Jane Harper, qui semble être possédée. Il demande à un passionné de vidéo, Bryan, de venir filmer l'expérience. Le professeur fait preuve envers Jane de méthodes peu conventionnelles...

MON AVIS : La célèbre firme anglaise Hammer Films a vu son existence s'arrêter en 1979, en ce qui concerne la production de longs métrages. Et puis, tel un phénix, la Hammer va renaître de ses cendres en 2010 et replonger le spectateur dans l'épouvante à l'anglaise, marque de fabrique de cette firme prestigieuse. Ce sera d'abord Wake Wood puis Laisse-moi entrer (remake de Morse) qui ouvrent le bal. L'année suivante, ce sera La Locataire avec Hilary Swank. En 2012, premier gros succès pour cette société de production avec le très bon La Dame en Noir. En 2014, deux autres productions verront le jour : La Dame en Noir 2 et Les Âmes Silencieuses. C'est évidemment de ce dernier titre que je vais vous parler. Et pas franchement en bien, tant ce film est une déception en ce qui me concerne. Les histoires de possession, on en a mangé en pagaille donc on connait bien les clichés inhérents à ce genre spécifique du cinéma d'épouvante et d'horreur. Le fait d'aborder cette thématique de manière plus rationnelle, en évoquant les maladies mentales, était plutôt une bonne idée du scénario. Mais au final, cette approche ne retient que peu notre attention. Il faut dire que je n'ai jamais été intéressé par le cas présenté. Certes, l'actrice interprétant Jane Harper, Olivia Cooke (The Signal, Ouija, la série Bates Motel), s'en sort plutôt bien et livre une composition qui se tient car on se demande souvent si elle est réellement possédée ou si elle n'est tout simplement pas un peu dingue dans sa tête. Malheureusement, les autres personnages ne sont pas franchement intéressant, le comportement plutôt ambigu du professeur non plus d'ailleurs. Plus le film avance, et plus l'ennui s'installe. On espère que quelque chose vienne nous tirer de notre torpeur mais rien ne vient. Et surtout, pas le moindre frisson à l'horizon. L'ambiance ne prend pas, du moins pour ma part. Les petits "jump-scares" présents restent du domaine du déjà-vu et ne m'ont donc fait aucun effet. Pourtant, le réalisateur maîtrise bien sa mise en scène et joue sciemment avec "la caméra" de Bryan, qui donne parfois au film un petit aspect "found-footage". La vision vue de la caméra ne permet pas, par exemple, de voir l'intérieur de la pièce dans laquelle est retenue Jane, ce qui est censé installer la peur chez le spectateur quand le personnage se décide d'ouvrir la porte et de pénétrer à l'intérieur. Un procédé qui devrait fonctionner avec des néophytes mais pas avec des aguerris à ce type de cinéma, qui ne manqueront pas, par exemple, de trouver un peu trop de ressemblance avec [Rec] lors de la séquence dans le grenier. Si le rôle du professeur Coupland est de maintenir ses trois acolytes dans le domaine du réel, leur rappelant sans cesse que tout n'est qu'imagination de l'esprit ou folie, ces derniers, et notamment Bryan, se questionnent et s'interrogent devant les phénomènes paranormaux apparemment déclenchés par Jane. Petit à petit, le film plonge dans le surnaturel et les effets-spéciaux se révèlent corrects et n'en font pas des tonnes. Mais quoiqu'il se passe à l'écran, mon intérêt ne s'en est jamais trouvé augmenté. Les Âmes Silencieuses n'a donc pas fonctionné sur moi et j'ai trouvé ce long métrage sans réel intérêt en fait. Dommage.

NOTE : 2/6



samedi 7 mars 2015

LE PROJET ATTICUS

LE PROJET ATTICUS
(The Atticus Institute)

Réalisateur : Chris Sparling
Année : 2015
Scénariste : Chris Sparling
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Possession
Interdiction : -12 ans
Avec : William Mapother, Rya Kihlstedt, Julian Acosta, Anne Betancourt...


L'HISTOIRE : Le docteur West s'intéresse particulièrement aux phénomènes paranormaux et psychiques. Il construit l'Institut Atticus et, avec l'aide de fidèles collaborateurs, tente de prouver l'existence de personnes ayant des dons de télékinésie, de divination ou de forts pouvoirs psychiques. Après avoir mis à jour une arnaque, le docteur West est dépité. Jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance de Judith Winstead, dont les prouesses mentales dépassent de loin tout ce qui est "logiquement" acceptable. L'étude clinique de Judith va révéler quelque chose de bien plus inquiétant...

MON AVIS : Si le nom de Chris Sparling ne vous dis rien, sachez que ce jeune homme est le scénariste de l'excellent Buried, thriller claustro-phobique de 2010 qui plaçait Ryan Reynolds dans un cercueil sous terre durant 90 minutes ou du thriller/slasher ATM en 2012 qui, lui, laissait ses protagonistes enfermés dans un distributeur bancaire, prisonnier d'un tueur fou alors que la température extérieure avoisine les -15°C. On le voit, Chris Sparling aime les histoires prenant place dans un lieu confiné, délaissant les vastes paysages extérieurs. C'est encore le cas avec Le Projet Atticus, film pour lequel il signe le scénario mais également la réalisation, pour ce qui est son premier long métrage en tant que metteur en scène. Pour se faire la main, il choisit donc une histoire traitant d'un cas de possession, sujet qui n'en finit plus d'être décliné à foison depuis le succès de L'Exorciste en 1973. Encore récemment, nos écrans ont vu apparaître Devil Inside, Le Dernier Exorcisme, Devil Seed, Jennifer's Body, Le Rite ou bien encore At the Devil's Door par exemple. Pour Le Projet AtticusChris Sparling a une idée en tête : faire un faux documentaire clamant que le cas étudié dans le film est le seul reconnu par le gouvernement américain, en jouant avec le réalisme et tous les codes du film documentaire et ce, afin qu'un spectateur lambda qui tomberait en zappant sur ce documentaire le croit vrai. Une bonne note d'intention donc qui laisse espérer un film sérieux et flippant. Qui dit documentaire dit bien sûr interviews, photos d'archives, extraits vidéos d'époque et j'en passe. Sur ce point, Le Projet Atticus ne lèse personne et assure plutôt bien, puisqu'on a effectivement l'impression de regarder un véritable documentaire. Le film nous présente d'abord le docteur West, la création de son institut de parapsychologie, donne la parole à ses anciens collaborateurs, aux membres de sa famille, nous montre des images d'archives du cas d'un patient masculin qui semble avoir quelques pouvoirs surnaturels avant que la supercherie soit dévoilée. Toutes ces petites séquences sont mises bout à bout et l'illusion fonctionne bien. L'histoire du cas Judith Winstead est mis en scène de la même manière, et certaines séquences vidéos, filmées par les caméras de surveillance de l'institut, parviennent à créer une tension, une ambiance légèrement angoissante. Le réalisateur, conscient qu'il faut maintenir l'intérêt du spectateur, place petit à petit des événements surnaturels, entoure le personnage de Judith d'un mystère et d'une aura inquiétante qui ne cessera d'augmenter. S'il ne peut s'empêcher de succomber à quelques clichés (vomissement de sang façon Linda Blair dans le chef-d'oeuvre de William Friedkin, voix guttural émanant de la gorge de Judith, déplacement d'objet lors des accès de colère...), Chris Sparling reste néanmoins assez soft dans les démonstrations de forces de l'entité démoniaque possédant le corps de Judith Winstead et ce, toujours pour renforcer l'aspect réaliste de son entreprise. L'actrice Rya Kihlstedt, qui interprète ce personnage, s'en sort d'ailleurs fort bien et parvient à donner corps et âme à Judith Winstead. S'il n'innove pas vraiment dans le genre codifié du film de possession, Le Projet Atticus marque donc des points au niveau de sa mise en scène et de son concept de film documentaire. Autre point intéressant, la mise en retrait de l'Eglise, toujours fortement présente dans ce type de long métrage. Bien qu'on trouve évidemment une séquence mettant en scène un prêtre venu tenter un exorcisme, l'aspect religieux est quasiment absent du film de Chris Sparling, ce dernier préférant, et on lui donnera raison, mettre l'accent sur l'intervention du gouvernement dans cette affaire. Le Projet Atticus, une fois le gouvernement au courant du cas de Judith, prend des allures d'un scénario dans lequel on pourrait trouver le fameux Homme à la cigarette de la série X-Files, en la personne d'un agent gouvernemental qui aura la main mise sur l'institut, cette dernière échappant totalement au contrôle du docteur West, qui ne pourra que se plier aux ordres sans pouvoir intervenir ou décider de quoi que ce soit au sujet de son patient. Ce thème de la conspiration gouvernemental apporte un petit vent de fraîcheur et permet au Projet Atticus de ne pas être une simple redite des autres films du genre. L'aspect scientifique est donc mis en avant, le gouvernement effectuant des tests de plus en plus poussés sur Judith afin de mettre à jour son potentiel mental. Certains tests font d'ailleurs froid dans le dos et l'aspect documentaire leur confère un potentiel plus fort que prévu, et on en vient à se demander comment régirai le gouvernement si un tel cas s’avérait réel ! Autre bonne idée et qui nous rappelle des films comme Patrick ou La Grande Menace, le fait que l'action se déroule exclusivement dans le centre de recherche mais que le pouvoir de Judith puisse s'exercer à des milliers de kilomètres malgré son enfermement au centre Atticus. Malgré la présence de militaire, d'une cellule adaptée, des membres du gouvernement ou des scientifiques du centre, personne n'est vraiment à l'abri de l'entité qui a pris possession de Judith Winstead. Le Projet Atticus est au final un film de possession qui plaira aux fans de ce sous-genre du cinéma fantastique et devrait faire son petit effet sur les spectateurs impressionnables. Son approche artistique lui permet de ne pas se noyer dans la masse et, s'il ne renouvelle pas le genre et que je n'ai quasiment jamais ressenti quelques doux frissons durant ma vision, il se montre néanmoins assez intéressant, de par son approche plus scientifique que spectaculaire et par cette ambiance de conspiration qui lui sied plutôt bien ! A découvrir et à ranger au côté du très bon The Bay de Barry Levinson !

* Disponible en DVD et BR chez M6 VIDEO

NOTE : 3,5/6



mercredi 4 mars 2015

OPEN GRAVE

OPEN GRAVE
(Open Grave)

Réalisateur : Gonzalo López-Gallego
Année : 2013
Scénariste : Eddie Borey, Chris Borey
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Horreur, Infection
Interdiction : -12 ans
Avec : Sharlto Copley, Thomas Kretschmann, Josie Ho, Erin Richards, Joseph Morgan...


L'HISTOIRE : Un homme se réveille dans une gigantesque fosse remplie de cadavres. Une femme lui lance une corde et disparaît. Armé d'un pistolet, l'homme n'a aucun souvenir et ne sais même pas qui il est. Il fait la connaissance dans une maison avoisinante d'un petit groupe de personnes qui ont le même symptôme de mémoire défaillante. Essayant de comprendre qui ils sont et que font-ils ici, le groupe va découvrir en faisant une sortie à l'extérieur d'autres cadavres accrochés à des arbres. Peu à peu, des brides de mémoire leur reviennent via des flashs et tout se met progressivement en place dans leur esprit. Cet état d'amnésie crée également de tensions au sein du groupe qui se demande si le responsable de ce gigantesque carnage n'est pas parmi eux...

MON AVIS : Avec Open Grave, le réalisateur espagnol Gonzalo López-Gallego (Les Proies, Apollo 18) nous offre un thriller horrifique particulièrement soigné et très efficace, surfant intelligemment sur la vague d'un genre à succès dernièrement (je ne peux vous en dire plus sous peine de dévoiler un élément capital), en nous orientant vers de fausses pistes au départ, nous laissant croire que nous sommes dans un simple thriller jouant avec la notion de perte de mémoire comme dans Memento, Blackout, Memories, Lost Identity ou avec le fait de regrouper des individus qui ne se connaissent apparemment pas, comme dans House of 9 ou Breathing Room entre autre. Le fait que tous les protagonistes n'ont aucun souvenir de leur vie passée nous fait nous aussi gamberger et les petits flashs de mémoire qu'ils ont parviennent à maintenir un intérêt constant chez le spectateur, qui tente lui aussi de recomposer le puzzle ou de définir le rôle de chacun. Avec les tensions qui ne cessent d'augmenter, dues à l'absence de repère, le climat se fait pesant et l'ambiance du film ne prête pas à rire. De thriller plutôt tendu, débutant avec une séquence qui nous plonge de suite dans cette ambiance poisseuse, Open Grave dérive lentement mais sûrement vers l'horreur par la suite. Une horreur d'abord psychologique qui devient de plus en plus graphique, avec cette sortie en extérieur et la découverte d'autres cadavres bien mal en point et solidement attachés avec du fil barbelé autour des arbres, ce qui a pour effet de renforcer la suspicion entre certains protagonistes de l'histoire. Les effets de maquillages sont très réussis et donnent un côté réaliste à l'ensemble. Le casting est plutôt solide et parvient fort bien à retranscrire ce sentiment d'abandon personnel, cette perte de repère qui permettrait à tous de comprendre ce qui se trame dans cet endroit isolé. Le héros du film est interprété par Sharlto Copley, vu dans District 9, Europa Report, Elysium, le remake d'Old Boy ou Maléfique plus récemment. L'acteur s'en sort fort bien et donne une vraie crédibilité à son personnage. Parmi les têtes connues, on trouve également Thomas Kretschmann (Dracula dans le film Dracula 3D de Dario Argento entre autre) ou bien encore l'actrice Josie Ho, qui joue dans Open Grave un personnage muet ambiguë, dont on apprendra une caractéristique essentielle qui m'a fait pensé au jeu vidéo The Last of Us. A la manière des films à puzzle précédemment cités, Open Grave dévoile petit à petit ses secrets et on comprend de quoi il en retourne réellement. Le film bifurque donc en territoire logiquement bien connu des amateurs de cinéma de genre mais conserve son intérêt malgré cette thématique traitée à mainte reprise. Forcément, une fois le pot-aux-roses compris par le spectateur, le film perd un peu de son originalité première mais la mise en scène, incisive, rattrape ce léger défaut et ne joue pas vraiment en défaveur du film. Open Grave reste en effet hautement recommandable et devrait satisfaire une grande majorité du public, la qualité étant largement au rendez-vous. L'ultime séquence, quant à elle, fera preuve d'un nihilisme assez cru et cette dernière vision risque fort de vous hanter l'esprit !

* Disponible en DVD et BR chez Factoris

NOTE : 4/6



mardi 3 mars 2015

HORSEHEAD

HORSEHEAD
(Horsehead)

Réalisateur : Romain Basset
Année : 2014
Scénariste : Romain Basset, Karim Chériguène
Pays : France
Genre : Fantastique, Insolite
Interdiction : -12 ans
Avec : Lilly-Fleur Pointeaux, Catriona MacColl, Murray Head, Philippe Nahon...


L'HISTOIRE : Après trois ans d'absence, Jessica revient au domicile familial pour assister au funérailles de sa grand-mère Rose. La tension entre la jeune fille et sa mère est palpable, cette dernière ne s'en étant jamais vraiment occupé. Heureusement pour Jessica, elle trouve une oreille attentive auprès de son beau-père. Une attention qu'elle apprécie car depuis son plus jeune âge, elle est en proie à de violents cauchemars dans lesquels elle voit un curieux homme-cheval qui perturbe fortement ses nuits. Lors d'un nouveau cauchemar, elle voit sa grand-mère en train de fouiller dans des documents et cherchant une clé. Ayant fait des études de psychologie des rêves, Jessica va tenter de comprendre le sens de ses visions nocturnes...

MON AVIS : Premier long métrage de Romain Basset (initialement intitulé Fièvre), Horsehead risque fort de déconcerter et de diviser les spectateurs. Le film n'est en effet pas un divertissement pop-corn et demandera un réel effort d'attention et surtout une participation émotionnelle et une immersion totale dans son univers. Horsehead prend en effet la forme d'un cauchemar en forme de puzzle mystérieux, plongeant son héroïne dans un univers effrayant, onirique, fantasmatique, gore et érotique. Les rêves peuvent être mortels, on le sait depuis 1984 et Les Griffes de la Nuit de Wes Craven. Romain Basset nous le confirme à nouveau avec Horsehead et malmène la ravissante Lilly-Fleur Pointeaux, jeune actrice de 26 ans qui s'en sort haut la main et parvient à donner une vraie sensibilité à son personnage torturé par des visions récurrentes et particulièrement tétanisantes, qui sont remplies de symboles, tels le loup ou cet extraordinaire homme-cheval, véritable oeuvre d'art à lui tout seul. On s'en doute, les cauchemars de Jessica, tout comme ceux de Nancy dans le film de Craven, ne sont pas là uniquement pour parsemer le film de séquences fantastiques et chocs (et elles le sont !) mais également pour participer au développement de l'histoire et sont autant de pièces à assembler pour la jeune fille, tout comme pour le spectateur qui tente lui aussi de comprendre et de faire la lumière sur ce qu'on devine être un secret de famille inavouable. Horsehead, de par son ambiance savamment travaillée, de par sa mise en scène brillante, de par sa splendide photographie, de par sa modernité également, nous plonge donc dans une sorte de conte gothique dont on veut connaître tous les aboutissants. Si, comme moi, vous vous faites happer par l'histoire, le film deviendra totalement hypnotique et vous n'arriverez pas à décoller votre rétine des splendides images qui défilent sur l'écran. Effectivement, tout n'est pas simple à suivre et on a souvent l'impression d'être un peu largué, de perdre ses repères. Par certains aspects, Horsehead m'a fait pensé au Inferno de Dario Argento : les deux films ont en commun d'être énigmatique, fascinant, d'une beauté picturale totale, mais aussi assez hermétique et difficile d'accès. Le casting est vraiment bon, on prend plaisir à retrouver Catriona MacColl en mère pas franchement exemplaire mais aussi Philippe Nahon ou le chanteur Murray Head. Plus l'intrigue avance, plus Romain Basset dévoile les mystères entourant cette famille brisée et se laisse aller à exploiter des thèmes certes déjà traités, comme le carcan que représente une éducation religieuse stricte par exemple, mais il le fait de manière intelligente et ce, notamment, à travers la figure du "Cardinal". Les scènes de cauchemars bénéficient d'un soin tout bonnement prodigieux pour ce genre de film indépendant (et français !) et on félicitera David Scherer, Jacques-Olivier Molon, Adrien Pennequin et les équipes des effets-spéciaux et de maquillage pour leur travail remarquable et qui participe amplement à offrir à Horsehead un splendide écrin pour pouvoir créer son ambiance à la fois fantasmagorique et envoûtante. N'oublions pas la musique de Benjamin Shielden, qui sert à merveille le film. A l'instar de Lords of Salem de Rob Zombie en 2012, Horsehead est pour ma part l'une des plus intéressantes propositions du cinéma fantastique vues depuis longtemps. Laissez-vous aller, laissez-vous bercer et tenter cette expérience atypique et loin du préfabriqué qu'on nous sert à longueur de temps en ce moment...

* Disponible en DVD chez RIMINI EDITIONS

NOTE : 5/6