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mercredi 10 octobre 2018

MAX MON AMOUR

MAX MON AMOUR
(Max mon Amour)

Réalisateur : Nagisa Ôshima
Année : 1986
Scénariste : Nagisa Ôshima, Jean-Claude Carrière
Pays : France, Etats-Unis
Genre : Comédie, Drame, Insolite
Interdiction : /
Avec : Charlotte Rampling, Anthony Higgins, Victoria Abril, Diana Quick...


L'HISTOIRE : Diplomate anglais vivant à Paris, Peter Jones découvre par l'intermédiaire d'un détective privé que sa femme Margaret loue en secret un petit appartement. Certain qu'elle voit un amant, il s'y rend avec la ferme intention de la prendre sur le fait avec ce rival. Qu'elle n'est pas sa surprise en découvrant un chimpanzé prénommé Max au côté de son épouse... 

MON AVIS : Le cinéaste japonais Nagisa Ôshima a déjà fait forte sensation en 1976 avec son film le plus emblématique, le célèbre L'Empire des Sens, oeuvre vénéneuse sur la passion intense et sans limite unissant une ancienne prostituée devenue domestique et son patron. Réalisateur atypique, controversé et scandaleux, surtout dans son pays le Japon, Nagisa Ôshima est également l'auteur de films forts comme Contes cruels de la jeunesse, Nuit et Brouillard au JaponLe Petit Garçon ou Furyo par exemple. En 1986, on lui propose de venir en France pour réaliser un film. Ne connaissant rien aux mœurs et coutumes françaises, Ôshima a la bonne idée de ne pas mettre en scène un film qui parlerait de notre beau pays mais préfère s'attarder sur un scénario des plus insolites rédigé par Jean-Claude Carrière, qui a travaillé avec Jess Franco, Milos Forman ou Luis Buñuel entre autres. Ce scénario, c'est bien sûr celui du film qui nous intéresse ici, à savoir Max mon Amour. Comme vous avez pu le lire dans le résumé ci-dessus, Max mon Amour aborde un sujet choc, à savoir la relation amoureuse entre une femme et un chimpanzé. Si le thème de la zoophilie est effectivement présent, Ôshima va surprendre ses admirateurs en livrant un film uniquement immoral dans son idée principale mais en aucun cas dans ses images. Si on pouvait en effet s'attendre à des excès lubriques de la part du réalisateur, ce dernier fait montre ici d'une retenue totale, son film misant avant tout sur l’ambiguïté de cette relation contre-nature et laisse planer le doute sur ce qui se passe réellement derrière la porte close de la chambre de Charlotte Rampling, qui trouve encore ici un rôle à sa mesure. Le fait qu'Ôshima, avec l'accord du scénariste, a décidé de ne rien montré concernant une éventuelle relation sexuelle entre la femme et le chimpanzé (ce qui aurait sûrement fait basculer le film dans un ridicule inachevé) lui permet au contraire de décupler la notion de fantasme et de voyeurisme. Que ce soit Peter Jones, le mari de Charlotte Rampling interprété par Anthony Higgins, ou nous, simples spectateurs, l'envie bien réelle d'assister ou de voir des images de l'accouplement femme/singe ne cesse de venir perturber notre esprit, preuve que, malgré le côté scabreux et dépravé de cette situation relationnelle quasi irrationnelle, l'attraction du sensationnalisme est plus forte que la raison. Quasiment tourné en huis clos dans un luxueux appartement de style Louis XVI, la réalisation de Max mon Amour se veut proche du théâtre, voire du vaudeville, l'humour, noir bien sûr, étant assez percutant la plupart du temps. Les personnages vont et viennent, ouvrent des portes et en referment pour en laisser entrer ou sortir d'autres (telle Maria la servante par exemple, jouée par Victoria Abril) et même la direction d'acteurs se veut assez théâtrale. Le film adopte dans sa grande majorité le point de vue du mari cocu, qui essaye de comprendre pourquoi sa femme a besoin de cette relation hors-norme. Il est d'ailleurs assez amusant, au début du film, de voir la mine renfrognée qu'il fait quand le détective privé lui confirme que sa femme peut avoir un amant, alors que lui-même vit une relation extra-conjugale ! Ah les hommes ! Plus le film avance, plus il devient une sorte de comédie de mœurs, jouant avec la notion du couple brisé, de la famille en danger, via l'apparition d'un intrus imprévu. Sentant que sa femme s'éloigne de plus en plus de lui, pour se rapprocher de plus en plus de Max, le pauvre mari va alors se remettre en question et, sous couvert de son voyeurisme pervers, va tenter, inconsciemment, de la reconquérir, lui proposant même de ramener Max dans leur propre appartement. Les sentiments d'incompréhension, puis de jalousie, puis d'attraction envers le chimpanzé de la part du mari sont parfaitement retranscris par Anthony Higgins qui livre une composition vraiment bonne et donne une vraie épaisseur à son personnage. La meilleure scène du film, en ce qui me concerne, aurait fait plaisir à Tobe Hooper puisqu'elle se déroule lors d'un dîner au domicile de Margaret et Peter. Le réalisateur de Massacre à la Tronçonneuse a dit lors d'un interview que "les dysfonctionnements les plus graves dans les familles ont souvent lieu au cours d’un repas". Ici, les invités du couple en difficulté se demandent d'où proviennent les cris étranges qu'ils entendent, jusqu'à ce que Peter propose a Margaret de leur présenter Max. La situation se complique rapidement et devient même carrément malsaine et embarrassante, le chimpanzé se mettant à promulguer à Margaret une démonstration de sentiments qui ne laissera pas l'assistance indifférente. Il faut voir le visage ahuri de Fabrice Luchini ou de Anne-Marie Besse, ça vaut le coup d'oeil ! Bien malin, Ôshima fait de son héros velu un élément perturbateur au départ mais plus le temps passe, plus Max devient en fait le ciment qui va reconsolider la relation entre Peter et Margaret. On le voit, à partir d'un scénario somme toute assez simple et d'une idée qu'on pourrait presque qualifier de saugrenue, Max mon Amour joue sur divers niveaux d'interprétation et a plus de choses à dire qu'on ne le pense. Fable sur le cadre familial qui se décompose, sur la notion de virilité chez l'homme, film qui nous interroge sur le sentiment amoureux et nous questionne sur l'acceptation de l'idée qu'on puisse vraiment tomber amoureux fou d'une personne "non humaine" et j'en passe, Max mon Amour réussit son pari assez osé de rendre crédible cette histoire originale et se montre souvent touchant, ne sombrant jamais dans une obscénité qui serait malvenue en fait. Une belle découverte en tout cas. Pour l'anecdote, Max n'est pas un vrai chimpanzé (on le devine assez rapidement) mais il est interprété par Ailsa Berk, danseuse et actrice britannique qui bénéficie ici des talents du maquilleur Rick Baker, oscarisé 7 fois et célèbre pour ses effets de maquillages sur des films comme Hurlements, Le Loup-Garou de Londres ou Videodrome entre autres. Il est spécialisé dans le maquillage ou les animations simiesques puisqu'il a participé à des films comme King Kong (1976), Greystoke, Gorilles dans la Brume ou Mon ami Joe.

LE BR/DVD :
Premier titre de la collection initiée par Jean-Baptiste Thoret et intitulée Make my Day. Une collection plus que prometteuse puisqu'elle fait preuve d'un bel éclectisme dans sa première salve de quatre titres (comédie dramatique insolite, giallo, fantastique et polar) et que l'intention de son créateur est de ne pas se cantonner à un genre précis mais de nous faire (re)découvrir des films rares, inédits et d'horizons divers. Présenté sous la forme d'un digipack avec fourreau contenant le DVD et le Blu-Ray du film, Max mon Amour bénéficie d'une image claire et précise, sans défaut apparent. Niveau bonus, JB Thoret nous présente le film lors d'une préface (7 minutes env.), puis nous livre des clés de lecture dans un module de 10 minutes (Par le petit trou de la serrure). Le bonus le plus conséquent dure environ 52 minutes et donne la parole à Jean-Claude Carrière, Charles Tesson et Michel Portal (Max mon Amour revu par...). La bande annonce originale vient compléter cette belle édition.

* Disponible en DVD et BR chez -> STUDIOCANAL <-


  

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