LA SORCIERE SANGLANTE
(I lunghi capelli della morte)
Réalisateur : Antonio Margheriti
Année : 1964
Scénariste : Tonino Valerii, Antonio Margheriti
Pays : Italie
Genre : Epouvante
Interdiction : /
Avec : Barbara Steele, George Ardisson, Halina Zalewska, Umberto Raho...
L'HISTOIRE : Au XVIe siècle, Adèle Karnstein est condamnée au bûcher, accusée d’avoir tué le comte Franz. Sa fille aînée, Helen, tente de la sauver en accordant ses faveurs au comte Humboldt, en vain. Avant de mourir, devant les yeux de sa plus jeune fille, Elizabeth, Adèle lance une terrible malédiction...
MON AVIS : Si on cite généralement Mario Bava en tête de liste de l'épouvante à l'italienne, il ne faudrait pas sous-estimé son compatriote Antonio Margheriti, qui nous a offert lui aussi des pièces majeures dans ce genre, de véritables classiques à la beauté esthétique hallucinante. Ayant débuté par la science-fiction au début des années 60 avec Le Vainqueur de l'espace et La Planète des Hommes Perdus, c'est véritablement avec l'épouvante gothique que Margheriti se fait une place au sein des meilleurs réalisateurs du genre. En 1963, c'est La Vierge de Nuremberg. En 1964, il réalise son chef-d'oeuvre, Danse Macabre, avec Barbara Steele, qu'il retrouve la même année avec La Sorcière Sanglante, autre film à mettre sur un podium et dont on va parler aujourd'hui. Il reviencra à l'épouvante en 1971 avec Les Fantômes de Hurlevent, avec Klaus Kinski et Michelle Mercier. Avec La Sorcière Sanglante, Antonio Margheriti offre au spectateur une sorte de best-of de tout ce qui donne son attrait au genre : femme accusé de sorcellerie condamnée au bûcher qui lancera une malédiction sur ses bourreaux ; morts brutales qui entraîneront une vengeance ; Immense château aux nombreux dédales de couloirs, escaliers en colimaçon et passage secret ; scène dans une crypte ; torture psychologique ; adultère ; présence de la religion ; spectre vengeur ; machination et complot pour se débarrasser de protagonistes génants ; personnages dont l'âme est torturée ; scènes éclairées à la bougie ; ambiance macabre ; Barbara Steele à la beauté ténébreuse et j'en passe. Tout, asbolument tout est réuni pour faire de La Sorcière Sanglante un pur classique, ce qu'il est, définitivement. La mise en scène, le placement de la caméra, la musique, l'atmosphère dramatique qui bifurque dans la folie, le casting impeccable, le scénario et la progession des événements, tout est au diapason pour hisser ce film à un très haut niveau d'exigence. Barbara Steele est incroyable dans ce film, comme souvent me direz-vous, mais ce qui est intéressant, c'est qu'on en arrive à oublier que son motif est la vengeance, on finit par la considérer comme un personnage à part entière, qui se fourvoie elle aussi dans la trahison au contact du vil baron Kurt, superbement interprété lui aussi par un George Ardisson impérial. On a aussi le plaisir d'avoir au générique deux beautés brunes, Barbara bien sûr mais aussi Halina Zalewska, qui joue Elizabeth, fille de la prétendue sorcière brûlée vive au début du film. La vie d'Elizabeth n'a rien d'enviable : elle a vu sa mère mourir sous ses yeux quand elle était enfant, et le cruel baron Kurt en a fait son épouse malgré elle. L'arrivée de Barabara Steele au château va encore plus plonger la jeune femme dans le tourment, puisque son mari imposé va tomber sous le charme de Barbara et donc vouloir l'éliminer pour avoir le champ libre. Cette notion de fatalité, on la ressent tout au long du déroulement de La Sorcière Sanglante, film éminemment pessimiste qui ne reflète guère la joie de vivre. Outre les violences conjugales, tout le film est placé sous le signe de la désolation, aussi bien physique que mentale, de la cruauté et de la mort. On a souvent dit que Lucio Fulci était le poète du macabre. Il est temps de réhabiliter Antonio Margheriti à ce sujet car La Sorcière Sanglante est un authentique poème mortuaire. Il serait assez hallucinant de dénombrer les images ayant trait à la mort dans ce film où tout n'est que noirceur et ôde à la Grande Faucheuse, l'imagerie macabre étant élevée ici au rang d'art pictural, associé à une magnifique photographie due à Riccardo Pallotini. Je ne vais pas m'étendre davantage sur La Sorcière Sanglante. Nous sommes ici en présence d'un film majeur et incontournable du cinéma d'épouvante gothique à l'italienne, rien que ça. Vision obligatoire et hautement recommandée !
* Disponible en combo DVD + BR chez Artus Films
Bonus :
- Présentation du film par Nicolas Stanzick
- Entretien avec Ernesto Gastaldi
- Générique anglais
- Diaporama d’affiches et photos
- Films-annonces originaux
* Exclusivité BluRay : reprise des bonus 2006
- Entretien avec Edoardo Margheriti
- Mon ami Nini, par Luigi Cozzi
- Antonio Margheriti, par Alain Petit
- La sorcellerie, culte des ancêtres et des forces de la nature, par Anne Ferlat
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