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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




LES YEUX DE FEU

 

 LES YEUX DE FEU
(Eyes of Fire)

Réalisateur Avery Crounse
Année : 1983
Scénariste Avery Crounse
Pays : USA
Genre : Fantastique, Folk Horror
Interdiction : -12 ans
Avec : Dennis Lipscomb, Guy Boyd, Rebecca Stanley, Karlene Crockett, Rob Paulsen...


L'HISTOIRE 1750. Chassé de son village pour adultère, le pasteur Will Smythe s’enfuit avec quelques fidèles dans une région inexplorée d’Amérique du Nord. Le petit groupe finit par trouver un endroit où s’installer, inconscient des dangers qui se cachent dans les bois environnants. Leah, une jeune fille du groupe, possède des dons qui vont réveiller les forces de la forêt...

MON AVIS : Quel film atypique ! Amateurs d'étrangeté filmique, ne manquez surtout pas de vous procurer cette belle édition du film d'Avery Crounse, Les Yeux de Feu, une œuvre de folk horror qui ne manquera pas d'intriguer le spectateur, qui se demandera s'il n'est pas dans un trip LSD devant le spectacle proposé. Pas forcément facile d'accès, Les Yeux de Feu est en fait un remontage raccourci initié par le réalisateur lui-même de son projet initial intitulé Crying Blue Sky (proposé en bonus dans l'édition de Rimini). Avery Crounse n'a que trois longs-métrages au sein de sa filmographie. C'est avant tout un photographe renommé qui a décidé de se lancer dans l'aventure cinématographique. En 1983, il réalise, scénarise, monte, dessine les affiches, se fait producteur et se déplace aux projections de son premier film Crying Blue Sky. Un titre trop énigmatique au final qui sera remplacé par Eyes of Fire. Les projections convainquent Crounse que son film est également trop long (109 minutes) et il décide de le remonter et d'opérer quelques changements pour atteindre une durée de 86 minutes. Ce qui n'empêche pas le nouveau produit final de conserver son mystère et de se montrer particulièrement déroutant. Sorcellerie, jeune fille possédant des pouvoirs magiques, arbre avec des visages au sein de son écorce, esprits de la forêt apparaissant et disparaissant comme par magie, mysticisme, sorcière effrayante et j'en passe, on baigne ici dans un univers onirique et fantasmatique qui envoûte tout autant qu'il déstabilise le public. Le film se veut un mélange historique et fantastique, avec ces colons emmenés par un pasteur adultère devant s'installer dans une région encore vierge de la présence humaine. Le folk horror met constamment en rapport / affrontement la civilisation et la nature, la rationalité et les croyances païennes et Les Yeux de Feu en est un superbe exemple. Le soin apporté aux images (le métier de photographe d'Avery Crounse y est pour beaucoup), la méticulosité affichée par l'atmosphère déployée et les effets spéciaux (souvent rudimentaires mais qui apportent une touche féérique ou angoissante à l'ensemble) font de ce film une œuvre picturale de grande qualité. L'histoire bascule constamment dans une sorte de rêve ou de cauchemar éveillé et même si on a parfois l'impression d'être un peu perdu et de ne pas tout comprendre au récit de Crounse, on reste happé par les visions farfelues et assez uniques que le réalisateur nous propose tout au long de son film. On est quasiment dans un délire chamanique ici et peu d'œuvres peuvent se targuer d'être aussi originale dans ce qu'elle propose. Je peux comprendre que Les Yeux de Feu divise le public tant il est hors norme. C'est réellement une expérience à part, loin des standards et des balises communes qu'on peut trouver dans la plupart des films, de l'époque ou même d'aujourd'hui. Un film a (re)découvrir donc, si vous voulez voir autre chose que des œuvres préformatées. Il ne reste plus qu'à visionner Crying Blue Sky pour comparer les deux montages. 

* Disponible en combo DVD + BR + Livret chez RIMINI EDITIONS      
Bonus :
- Le secret repose dans les arbres : interview du réalisateur
- Crying Blue Sky (109 min)
- Livret 24 pages de Marc Toullec




NOIRES SONT LES GALAXIES

 

 NOIRES SONT LES GALAXIES
(Noires sont les Galaxies)

Réalisateur Daniel Moosmann
Année : 1981
Scénariste Jacques Armand
Pays : France
Genre : Science-fiction, série-télé
Interdiction : /
Avec : Richard Fontana, Catherine Leprince, Catriona MacColl, François Perrot ...


L'HISTOIRE : Le docteur Patrick Piot sauve d'une agression la jeune Coretta. L'agresseur, patron de la jeune femme, meurt dans la lutte. Un inconnu récupère le corps et semble mêler au trafic de cadavres qui a lieu dans la région. Ce dernier retrouve Coretta et lui demande de lui procurer le corps d'une jeune femme de 25 ans en échange d'une grosse somme d'argent. Coretta en parle à Patrick qui refuse. L'inconnu la menace et Coretta parvient à convaincre Patrick, qui, une fois l'affaire terminée, ne veut plus la voir. Un peu plus tard, Coretta tombe sur un homme qui n'est autre que son patron décédé mais ce dernier ne semble pas la reconnaître et se fait appeler Maubourdin ! Paniquée, elle en parle à Patrick et tous deux se rendent à la boutique de bijoux tenue par Maubourdin. Patrick ne peut que constater ce qui semble invraisemblable. Ils se font inviter chez Maubourdin et découvre que sa femme n'est autre que le cadavre de la jeune fille, elle aussi bien vivante ! Un peu plus tard, madame Maubourdin demande à Patrick de venir chez elle et lui dévoile la vérité : elle et son mari sont issus d'une race extra-terrestre déportée sur Terre qui utilise les enveloppes corporelles terriennes pour se fondre dans le décor, leur planète étant ravagée par la pollution...

MON AVIS : De cette mini-série, je n'avais qu'un très vague souvenir à propos de plantes sortant d'un corps et pour cause, j'avais juste sept ans en 1981, date de diffusion sur Antenne 2 des quatre épisodes. Je viens enfin de la revoir en 2025 puisque le Père-Noël m'a apporté le coffret DVD édité par Elephant Films. Il ne devait pas y avoir beaucoup de série française de science-fiction à cette époque, même si, grâce à l'INA, on a pu découvrir pas mal de productions de genre fantastiques made in France tournées pour la télévision. Noires sont les Galaxies en est l'une des plus intrigantes, assurément. Son récit nous rappelle L'invasion des Profanateurs de Sépultures, classique de la S-F 50's. Le premier épisode prend tout son temps et ne nous offre quasiment aucune scène de science-fiction, hormis les yeux d'un personnage qui deviennent blanc lumineux. On y découvre les principaux protagonistes, à savoir Patrick (Richard Fontana) et Coretta (Catherine Leprince), ainsi qu'un mystérieux inconnu à moustache (Stéphane Bouy) qui s'amuse à récupérer des cadavres. Est-ce pour se livrer à un trafic rémunérateur ? On n'en saura pas plus pour le moment. Le second épisode gagne en intérêt puisque deux cadavres semblent être revenus à la vie ! L'un est l'ex-patron de Coretta (François Perrot) et l'autre une jeune femme qui était pourtant raide morte à la morgue (Catriona MacColl, oui, oui, l'actrice des meilleurs films de Lucio Fulci !) Ces deux-là ne semblent avoir aucun souvenir de leur ancienne vie et on se demande, comme les deux héros de l'aventure, qu'est-ce que c'est que ce bazar ! On aura un début d'explication qui fait réellement bifurquer l'épisode dans la pure science-fiction, notamment lors de la dernière image qui nous montre une sorte de base extra-terrestre cachée dans une usine désaffectée. Le troisième épisode enfonce le clou avec plus de détails sur les Exis, des extra-terrestres qui sont venus sur Terre suite à une guerre sur leur planète, poussée à l'exile par une race dominante t qui se servent de l'enveloppe corporelle des défunts pour exister sur notre planète. On plonge même dans l'épouvante quand on découvre un de ces extra-terrestres le corps éventré par... une plante ! Il semblerait que la faction dominante soit aussi sur Terre, bien déterminée à éradiquer les Exis. Une guerre raciale donc, où les plus forts veulent exterminer les plus faibles, et utilisent pour se faire une graine de plante qui se met à pousser à l'intérieur de l'hôte jusqu'à atteindre sa maturité puis sort de manière plutôt brutale de ce dernier. On imagine la tête des téléspectateurs de l'époque ! Le dernier épisode verra Patrick tenter de trouver une solution à cette invasion extra-terrestre. Si le scénario de Noires sont les Galaxies est franchement intéressant, si certaines images restent en mémoire, en particulier suite à l'éclosion des plantes à l'intérieur des corps humains, la série en elle-même porte le poids des années et il faut se remettre dans le contexte de l'époque pour l'apprécier. Ceux qui trouvent que Derrick manque de rythme ne tenteront même pas le premier épisode car la mini-série dans son entièreté est d'une lenteur totale et rien ne viendra augmenter ou dynamiser sa mise en scène mollassonne. Les acteurs ne sont pas mauvais, sans être exceptionnels non plus. La musique, très jazzy, ne m'a pas emballée plus que ça. Lancinante, contemplative à l'extrême, Noires sont les Galaxies ne correspond évidemment plus au canon des films ou séries actuels et il fera faire preuve de persévérance et de tolérance pour enchaîner les quatre épisodes. Ceux qui le feront en sortiront séduits s'il adhère à la science-fiction, de qualité ici et qui se paraît déjà d'un postulat écologique.



LE PIEGE DU DIABLE

 

LE PIEGE DU DIABLE
(Dáblova past)

Réalisateur Frantisek Vlácil
Année : 1962
Scénariste Frantisek A. Dvorák, Milos Václav Kratochvíl
Pays : Tchécoslovaquie
Genre : Drame, folk horror
Interdiction : /
Avec : Vítezslav Vejrazka, Miroslav Machácek, Jaroslav Moucka, Karla Chadimová ...


L'HISTOIRE Moravie, fin du XVIe siècle. Entre deux ravages des troupes suédoises et des périodes de sécheresse, le meunier Mlynár jouit d’une certaine popularité auprès des habitants de son pays. Il est serviable, et a, en outre, le don de trouver les sources. Le régent Valce, jaloux de la position du meunier, va faire courir des rumeurs sur ce dernier : il ne peut qu’être épaulé par le Diable. De plus, il va mandater un prêtre au service de la Sainte Inquisition, Kaplan Probus, afin de mener une enquête sur le meunier et sa famille...

MON AVIS : Réalisateur relativement méconnu dans notre pays, Frantisek Vlácil se voit être mis en avant par l'éditeur Artus Films, qui nous permet de découvrir l'œuvre de ce cinéaste Tchèque, avec notamment la sortie en DVD et BR de La Colombe Blanche (1960), La Vallée des Abeilles (1967), Marketa Lazarova (1967) et Le Piège du Diable qui date de 1962. C'est de ce dernier dont il va être question ici aujourd'hui. Bien que ne possédant pas réellement d'éléments de nature fantastique, et encore moins d'éléments horrifiques, j'ai intégré ce film dans la catégorie Folk Horror, même si ce sous-genre ne verra sa notoriété ne débuter qu'en 1968 avec Le Grand Inquisiteur. Toutefois, on peut relier Le Piège du Diable à ce courant puisque le film de Frantisek Vlácil met en avant les codes de cette catégorie, à savoir l'opposition entre paganisme et science et entre paganisme et religion chrétienne, puissance de la nature, incompréhension des personnes rationnelles sur certains événements qui les poussent à croire en l'intervention du Diable, accusation d'innocents qu'on pointent du doigt et qu'on dénoncent aux autorités religieuses sous couvert de sorcellerie et j'en passe. Ici, c'est un simple meunier qui se voit malmener par le régent de la région et par l'autorité religieuse, représentée par le prêtre Kaplan Probus. Sa seule faute est d'avoir un ancêtre qui a miraculeusement survécu avec sa famille à l'incendie de son moulin provoqué par des soldats suédois durant la guerre, un drame qui n'aurait du laisser que des cadavres calcinés. Il n'en fallait pas plus à cette époque pour que l'obscurantisme religieux et les croyances des villageois ne soient mis en exergue et que toute la descendance familiale ne soit accuser d'être maudite. Qui plus est, notre meunier actuel, passionné par les mystères de la nature, a acquis un savoir suite à ses observations, qui lui permet de dénicher des sources souterraines. Une aubaine en ce temps de sécheresse, l'eau devenant on ne peut plus rare. Ce don, appelons-le comme ça, lui vaut la sympathie de la population mais la jalousie du régent de la région, qui ne supporte pas de ne pas être le centre d'intérêt. Pour ce dernier, tout est limpide comme de l'eau claire : le meunier est aidé par le Diable lui-même ! Un prêtre au service de l'Inquisition sera dépêché sur place pour faire la lumière sur cette affaire. Si celui-ci semble être doté de raison et de connaissances, il ne mettra pas longtemps pour sombrer lui aussi dans le fanatisme religieux et à voir le Mal là où il n'est pas. Le Piège du Diable, film contemplatif on s'en doute, met donc en avant un trio de protagonistes qui vont s'affronter à coups de dogme antagoniste. Les accusations de sorcellerie auront des répercussions sur des personnages secondaires, comme le fils du meunier, dont la fiancée se met elle aussi à avoir quelques doutes sur son futur beau-père. Le spectateur a une longueur d'avance sur les personnages puisqu'on sait qu'il existe sous le moulin un réseau souterrain, des grottes alimentées en eau. Mais la bêtise humaine prendra la dessus sur la rationalité des faits. A grand coup de dialogues finement écrits, on assiste à des joutes verbales qui ciblent la dangerosité de la religion quand elle est pratiquée de manière fanatique. A ce titre, le dialogue dans lequel le fermier explique que l'eau sous ses terres ne gèlent jamais (le principe du hors-gel, tout simplement) est édifiant, puisque le régent et le prêtre en arrivent à la conclusion que l'Enfer est peut-être situé sous le moulin, ce qui expliquerai la chaleur de l'eau et le fait qu'elle ne gèle pas ! La connaissance du meunier sur l'ameublement de la terre dans la région ou la présence de cavité lui permet également d'avertir la population que la nouvelle grange n'a pas été construite là où il fallait et quand un drame arrive lors d'une fête donnée par le régent, c'est encore la connivence du meunier avec le Diable qu'on avance ! Bref, Le Piège du Diable possède donc bien la quasi majorité des éléments du Folk Horror. Qui plus est, on retiendra de ce film la beauté picturale de ses images, un réelle travail esthétique étant accompli par le réalisateur et son directeur-photo. Le noir et blanc est magnifique et sublime les plans et les cadres, réhaussés eux aussi par un jeu de contraste et de lumière. On note également un superbe travelling avant de la caméra vers le moulin qui n'a rien à envier au déplacement de la puissance démoniaque dans le futur Evil Dead de Sam Raimi en 1981 ! Poétique, esthétique, intéressant, Le Piège du Diable renvoie bien sûr à des cinéastes tels Ingmar Bergman entra autres, et à son célèbre Le Septième Sceau (1957). L'univers visuel de Frantisek Vlácil est donc à découvrir séance tenante pour qui aime le cinéma et les beaux films.

* Disponible en combo DVD + BR chez ARTUS FILMS
- Bonus : Présentation du film par Christian Lucas
Diaporama d’affiches et de photos