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jeudi 18 janvier 2024

LES CHAMBRES ROUGES

 
LES CHAMBRES ROUGES
(Les Chambres Rouges)


Réalisateur : Pascal Plante
Année : 2023
Scénariste : Pascal Plante
Pays : Canada
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Juliette Gariépy, Laurie Babin, Elisabeth Locas, Maxwell McCabe-Lokos...


L'HISTOIRE : Deux jeunes femmes, Kelly-Anne et Clémentine, se réveillent chaque matin aux portes du palais de justice de Montréal pour pouvoir assister au procès hypermédiatisé d’un tueur en série qui les obsède, et qui a filmé la mise à mort de ses victimes. Cette obsession maladive les conduira à tenter par tous les moyens de mettre la main sur l’ultime pièce du puzzle, qui pourrait permettre de définitivement confondre celui que l’on surnomme le Démon de Rosemont : la vidéo manquante de l’un de ses meurtres...

MON AVIS : Après plusieurs courts-métrages, le réalisateur canadien Pascal Plante passe au format long dès 2017 avec Fake Tattoos puis avec Nadia, Butterfly en 2020, deux films que je n'ai pas vu. Son nouveau film, Les Chambres Rouges, s'attaque au mythe des red rooms, ces pièces peintes en rouge dans lesquelles un bourreau exécute de manière atroce une jeune victime, le tout étant retransmis en direct sur le darkweb pour une poignée de pervers ayant payé le prix fort en crypto-monnaie pour assister à ces meurtres ultra-brutaux. Le terme général de snuff movie résonnera à l'esprit des fans de cinéma de genre qui se remémoreront le visionnage des deux premiers volets de la saga japonaise des Guinea Pig, de Tesis d'Alejandro Amenabar, de 8MM de Joel Schumacher ou de l'ultra-violent American Guinea Pig de Stephen Biro entre autres. Ceux qui préfèrent la lecture n'hésiteront pas à dévorer l'excellent et ténébreux roman de Cédric Sire, La Saignée, qui met en scène une passionnante enquête policière afin de débusquer le bourreau qui sévit dans une red room particulièrement sordide. Un roman dont certains chapitres font écho au film de Pascal Plante. Outre la thématique des snuff movies et des red rooms, Les Chambres Rouges traite également de la fascination que les tueurs exercent auprès de leurs groupies, ce n'est pas le récent cas de Nordahl Lelandais qui viendra me contredire puisque ce dernier est devenu papa alors qu'il était en prison, ayant rencontré sa femme durant son incarcération à perpétuité. Le film de Pascal Plante nous en présente deux : la solitaire et méthodique Kelly-Anne, superbement interprétée par l'actrice Juliette Gariépy, et Clémentine (Laurie Babin), une jeune femme un peu déboussolée qui est littéralement sous le charme du présumé tueur et bourreau d'une red room, à savoir Ludovic Chevalier (Maxwell McCabe-Lokos). Pour Clémentine, il est impossible que Ludovic Chevalier ait commis les crimes pour lesquels on l'accuse. Sans jamais l'avoir rencontré, elle est totalement persuadé de son innocence, remettant en cause les allocutions de l'avocate des victimes. Plus déroutante est la seconde groupie du film, Kelly-Anne, une hackeuse dont on ne comprend pas les réelles motivations jusqu'au tétanisant final qui possède des images mettant assez mal à l'aise. L'intelligence de Pascal Plante est d'avoir fait de son film Les Chambres Rouges l'antithèse de ce qu'on était en droit d'attendre d'une œuvre traitant ces sombres sujets. Pas une fois le réalisateur ne plonge dans la complaisance gratuite ou dans le débordement visuel gore. Ici, tout est suggéré, mis en exergue par les dialogues (le début du film se déroule dans la salle d'audition et la plaidoirie de l'avocate des victimes mais aussi de l'avocat de la défense met de suite dans l'ambiance...), par le travail sur le son (lorsque les deux vidéos des red rooms sont montrées au membres des jurés ainsi qu'aux familles, nous ne verront aucune image, on se contentera, via Clémentine, d'entendre les cris d'agonie des deux jeunes filles massacrées et mutilées par le bourreau, ce qui ne manquera pas de mettre mal à l'aise) et par le comportement troublant des deux groupies bien sûr. Le comportement de Kelly-Anne nous vaudra une séquence particulièrement malaisante, dans laquelle la jeune femme se déguise comme l'une des victimes de Ludovic Chevalier et vient ainsi au tribunal, espérant provoquer une réaction du sinistre individu. Perturbant au plus haut point. Habile, Pascal Plante distille une atmosphère souvent sordide et éprouvante, le tout avec une grande retenue, ce qui donne à son film un impact et un intérêt certain. Le film n'est certes pas exempt de menus défauts - certaines scènes entre les deux groupies peuvent paraître un tantinet trop longues parfois et auraient méritées d'être plus concises - mais cette plongée dans les tréfonds les plus sombres de l'âme humaine mérite assurément d'être vécue tant elle est souvent fascinante, notamment grâce à l'écriture subtile du personnage de Kelly-Anne, qui est réellement complexe et intrigant. Les Chambres Rouges laisse un goût amer dans la gorge et nul doute que le public non initié soit déstabilisé par cette incursion dans le mal absolu qui gangrène la partie méconnue d'internet. Encore une preuve que la suggestion peut se montrer plus efficace que la démonstration à grand coup d'image sanguinolente.
 

mardi 9 janvier 2024

VISIONS

 

VISIONS
(Visions)


Réalisateur : Yann Gozlan
Année : 2023
Scénariste Jean-Baptiste Delafon, Michel Fessler, Yann Gozlan, Aurélie Valat
Pays : France
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto, Amira Casar, Grégory Fitoussi...


L'HISTOIRE : Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…

MON AVIS : Le réalisateur Yann Gozlan est en train, petit à petit, de devenir une référence en matière de thriller cinématographique. Après Captifs en 2010, Un Homme idéal en 2015 et surtout l'excellent La Boite Noire en 2021 - un sommet du thriller paranoïaque à la française - le revoici en 2023 avec Visions. Totalement conquis par son film précédent, c'est avec une forte attente que j'ai donc visionné Visions, nouvelle incursion dans le thriller paranoïaque pourvue d'un casting séduisant et parfaitement en place, à savoir Diane Kruger, Matthieu Kassovitz et Marta Nieto. Ce qui frappe en premier lieu à la vision du film, c'est la réelle maîtrise de l'outil cinématographique de Yann Gozlan. Visuellement superbe, Visions possède une esthétique léchée qui ne pourra que séduire le spectateur qui aime les belles images. Un esthétisme mis au service d'une intrigue complexe qui joue avec le réel et l'imaginaire de manière habile et envoûtante et ce, à travers le personnage d'Estelle, superbement interprétée par une Diane Kruger investie, et dont le visage retranscrit à merveille tous les états psychologiques que va traverser l'héroïne. Estelle mène une vie parfaitement orchestrée : pilote d'avion, tout est millimétré dans ses journées et aucun écart n'est autorisé, même quand il s'agit d'essayer d'avoir un enfant avec son mari Guillaume (Kassovitz). Ce dernier est chirurgien et mène lui aussi une vie où la notion de temps est primordiale. Vivant dans une maison high-tech, le couple est constamment soumis à la pression du temps, tout fait et geste se doit d'être inscrit dans un planning rigide, qui n'offre aucune place à la liberté. Une vie monotone en fait, qui va se voir bousculée par les retrouvailles d'Estelle et de son amie Ana. Dans une vie aussi réglée que celle d'Estelle et Guillaume, Ana représente le danger, l'élément perturbateur qui va venir briser la roue du temps. Elle représente également la tentation, le fruit défendu, la possibilité de sortir des carcans d'une vie sans surprise aucune. On comprend rapidement qu'Ana n'est pas qu'une simple amie pour Estelle et que leur retrouvaille va poser problème et venir densifier l'intrigue. Le temps est donc un élément essentiel dans Visions, et Yann Gozlan lui-même va jouer avec cet élément en faisant avoir à son héroïne des visions dont on ne sait pas si elles sont le reflet du passé ou de l'avenir. Le scénario dévoile peu à peu son machiavélisme et l'intrigue prend le spectateur par la main pour l'emmener dans une aventure qui renvoie à Hitchcock et dans laquelle la part du réel se confond avec la part de l'imaginaire. Les doutes assaillent le spectateur, qui s'interroge sur les détails proposés par le réalisateur, qui se questionne sur les protagonistes et qui se met à inventer ses propres théories. Le personnage joué par Diane Kruger se voit plonger dans une spirale de désirs, de peur et d'incompréhension. Sa vie millimétrée éclate en mille morceaux, sa rigidité et son professionnalisme sont pris à défaut et le fait qu'elle soit pilote d'avion ne rassurera pas les phobiques de ce moyen de transport. La passion plus fort que les carcans, c'est une thématique de Visions, thriller psychologique aux rouages parfaitement maîtrisés et qui tente de nous perdre dans ses dédales labyrinthiques qui nous font aussi penser à David Lynch. Si votre vie savamment orchestrée peut voler en éclats en tournant du mauvais côté d'un croisement, le feriez-vous ? Regardez Visions et le destin de Diane Kruger. La question méritera réflexion. Encore une belle réussite de Yann Gozlan !

* Disponible en VOD, DVD et BR chez M6 VIDEO dès le 24 janvier 2024
En bonus, le court-métrage Echo de Yann Gozlan