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AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




mardi 31 août 2021

TIR GROUPÉ

 

TIR GROUPÉ
(Tir Groupé)


Réalisateur : Jean-Claude Missiaen
Année : 1982
Scénariste : Jean-Claude Missiaen, Claude Veillot
Pays : France
Genre : Gore, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Gérard Lanvin, Véronique Jannot, Michel Constantin, Dominique Pinon...


L'HISTOIRE : Jeune homme solitaire travaillant sur les marchés parisiens, Antoine Beranger fait connaissance avec Carine Ferrand lors d'une vente et tous deux tombent amoureux l'un de l'autre. Alors qu'elle rentre chez elle par le métro, Carine se fait mortellement agresser par un trio de voyous. Totalement abattu, Antoine espère que le commissaire Alexandre Gagnon retrouve les agresseurs. Trouvant que l'enquête n'avance pas assez vite, il achète un pistolet non enregistré et se met en quête du trio de malfrats pour venger Carine...

MON AVIS : Les années 80 voient défiler pas mal de polars made in France, et Tir Groupé en fait partie. Premier film de Jean-Claude Missiaen, réalisé en 1982 donc, Tir Groupé met en scène des acteurs solides, tels Gérard Lanvin dans le rôle d'Antoine, la belle Véronique Jannot dans le rôle de Carine, Michel Constantin dans le rôle du commissaire ou bien encore Mario David ou un tout jeune Dominique Pinon entre autres, ce dernier faisant partie du trio de voyous qui vont agresser la pauvre Carine, au côté de Roland Blanche et du patibulaire Jean-Roger Milo. Un trio qui a vraiment la gueule de l'emploi et qu'on n'aimerait pas croiser seul dans une rame de métro. La séquence de l'agression de Véronique Jannot, ainsi que les exactions préalables commises sur d'autres passagers du métro font froid dans le dos et mettent mal à l'aise. On s'imagine à la place des passagers voulant intervenir mais qui, sous la menace d'une arme à feu, ne peuvent qu'assister impuissant au drame qui se déroule devant eux. Une agression abjecte, qui élimine donc l'actrice principale au début du film. Malin, le réalisateur va placer son héros dans une spirale de désespoir qui va lui faire penser au passé, au début de sa relation avec Carine, ce qui, à travers des flashbacks, permet à Véronique Jannot d'être présente tout au long du film. Avec très peu d'action et un rythme assez contemplatif, on va suivre Antoine dans sa profonde dépression, Tir Groupé étant essentiellement un drame humain. En parallèle, on suit également les investigations du commissaire et de son équipe, qui prennent du temps, mais aussi les autres virées du trio de voyous, ce qui nous vaudra une autre séquence malsaine. Lorsque Antoine s'équipe d'un pistolet pour rendre sa propre justice, on pense que Tir Groupé va flirter dans le vigilante movie façon Un Justicier dans la Ville mais en fait, ce ne sera quasiment jamais le cas. La traque sanglante à la fin du film ne verra Antoine intervenir que lors de la dernière image, pour exécuter le voyou responsable de la mort de sa bien-aimée, les deux autres malfrats ayant eu maille à partir avec les forces de l'ordre. Ce qui est bien mis en avant dans Tir Groupé, c'est le contraste entre le Paris carte postale pour touristes et le Paris nocturne, nettement plus dangereux, avec sa délinquance grandissante, plus jeune, plus fougueuse, qui n'agit plus selon un cadre déterminé comme le dira le commissaire chargé de l'enquête. La caméra de Missiaen se balade dans la cité, dans les rames de métro, dans les ruelles sordides, ce qui contraste avec les flashbacks détaillant la jolie romance entre Antoine et Carine, filmée en plein soleil, dans de jolis endroits. Carré dans sa mise en scène, épuré dans sa courte durée (1h22 seulement), Tir Groupé connût un beau succès d'estime lors de sa diffusion en salle et propulsa Gérard Lanvin en haut de l'affiche. Le réalisateur enchaîna avec deux autres polars, Ronde de Nuit en 1984 et La Baston en 1985. 


HORRIFICIA

 

HORRIFICIA
(Horrificia)


Réalisateur : Antoine Pellissier
Année : 2021
Scénariste : Antoine Pellissier, Gerard Mazagan
Pays : France
Genre : Gore, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Elisabeth Pellissier, Theo Trifard, Joel Thibaudeau, Gaelle Chichignoud, Eva Nyls...


L'HISTOIRE : Au moyen-âge : le chevalier Thibault de Malmort rapporte d'une croisade un ancien grimoire maudit, qui appartenait à un culte adorateur de Satan. En ne respectant pas la règle de lecture du grimoire, le chevalier, sa femme Adeline et son serviteur Ugatorus furent maudits à travers les siècles. De nos jours : l'un des descendants du chevalier organise dans le château de Malmort une fête d'Halloween. Les invités découvrent par inadvertance le vieux grimoire et parviennent à l'ouvrir. Ils ignorent que les deux gardiens du château sont Adeline et Ugatorus. Ces derniers doivent accomplir un rituel et offrir huit cœurs en sacrifice afin de faire réapparaître le chevalier de Malmort et se libérer de la malédiction ancestrale, tout en offrant à Satan un fils afin que son règne sur Terre soit total. Les invités vont devenir des proies pour Adeline et Ugatorus, bien décidés à obtenir les huit cœurs...

MON AVIS : On sait tous que la France n'est pas un territoire fertile pour le cinéma fantastique et horrifique. Même si notre beau pays est à l'origine du cinéma de science-fiction et des effets-spéciaux grâce à George Méliès, il n'y eut jamais d'âge d'or du genre, comme ce fût le cas aux USA ou en Angleterre par exemple, malgré une bonne poignée de films poétiques sortis durant les années 40/50. Les tentatives de cinéma horrifique n'ont jamais provoquer un raz de marée par chez nous et même si certains réalisateurs tentent d'offrir au public un cinéma de genre de qualité, l'engouement n'est pas proportionnel aux efforts fournis. Dans les années 70, un réalisateur français s'est donné corps et âme au cinéma fantastique, luttant contre vents et marées pour mettre en scène des films appartenant à ce genre longtemps conspué par la presse bien pensante : Jean Rollin. Avec peu de moyens, mais beaucoup de passion, Rollin a contribué à sa manière à offrir du fantastique à notre pays trop cartésien. Avec encore moins de moyens mais tout autant de passion et de système-D, un autre réalisateur se bât pour faire vivre sa passion, celle du cinéma gore. Son nom : Antoine Pellissier ou le Docteur Gore pour les intimes. Un surnom qui vient de sa profession même, puisqu'il est médecin. Médecin le jour, réalisateur gore la nuit, voilà comment il aime être décrit. Sa passion pour le gore, les tripes et le sang l'a toujours habité et entre deux consultations médicales, il réalise des films amateurs sans beaucoup de budget mais avec une sincérité touchante et un amour pour le gore qui fait plaisir à voir. Ses premiers méfaits datent de 1977 et sont des courts-métrages. En 1982, il s'attaque au long-métrage avec Les Proies du Mal, film-fleuve de 172 minutes ! Suivront, avec une durée plus respectable, Folies Meurtrières, L'élue des Enfers et enfin Maleficia en 1998, ce dernier étant son oeuvre la plus célèbre et la plus connue et devant être le premier film d'une trilogie gore. Le second volet est annoncé dès 2010 sous le titre de Horrificia. Un véritable parcours du combattant attendait Antoine Pellissier avec ce second chapitre de sa trilogie puisque le film ne sera disponible qu'en 2021 ! Mais ça y est enfin, Horrificia est disponible sur support DVD et va pouvoir ravir les fans de cinéma gore et de cinéma Z. Le Docteur Gore ne s'en est jamais caché : il fait des films amateurs, avec des acteurs amateurs ou semi-professionnels qui ne gagneront jamais un César ou un Oscar, quasiment sans budget, dans des décors naturels et avec une très grosse dose de système-D. Antoine Pellissier, c'est le Herschell Gordon Lewis made in France pour faire simple, mais avec encore moins d'argent. On le sait, regarder un film du Docteur Gore, c'est comme regarder vos potes en train de jouer devant une caméra. Maintenant, ce genre de films ultra Z possèdent ses fans et ses détracteurs. On peut y trouver à redire d'un point de vue purement cinématographique mais on sait déjà qu'on ne va pas assister à un film de Kubrick. Ce qui fait la différence entre des productions ultra low cost comme celle que j'ai regardé récemment, Sharks of the Corn, et les films d'Antoine Pellissier ?  La passion et surtout le fait que le Docteur Gore ne prend pas le public-cible pour un con. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas d'argent qu'il faut mettre de côté votre passion. Vous avez envie de faire un film amateur parce que c'est votre truc ? Foncez. Si la sincérité et la passion sont le moteur de votre projet, malgré tous les défauts qu'on pourra trouver, votre film finira par toucher et plaire aux personnes pour qui ça a été fait. Et avec Antoine Pellissier, on est exactement dans ce cas de figure. Sharks of the Corn nous balance une superbe affiche avec un requin blanc dans un champ de maïs. On se dit que ça va être fun et bien délirant. Tout faux. On s'y ennuie à mourir et le concept n'est quasiment jamais mis en avant. Antoine Pellissier nous annonce qu'on va voir un vrai film gore ?  Tout faux ? Bah non, là pour le coup, il est impossible de dire qu'on nous a menti sur la marchandise. Et ça fait une sacrée différence. Parce que oui, fans de barbaques et de tripailles, tu vas en avoir pour ton argent niveau gore avec Horrificia ! Sur un scénario pas toujours très clair ou qui s'éparpille un peu, à base de chevalier maudit, de secte satanique, de grimoire magique, de fête d'Halloween, de passage d'une comète, de malédiction ancestrale, de rituel sanglant, de moines morts-vivants et de Satan lui-même, Horrificia va accumuler durant ses 110 minutes des scènes gores de haute qualité, qui iront crescendo tout au long du film. On félicitera les deux responsables des effets de maquillages, David Scherer et Gregory Beauvais, parce qu'ils ont accompli un travail remarquable ici, que ne renierait certainement pas Olaf Ittenbach lui-même, le roi du gore made in Germany ! Inventivité, créativité, système-D, et hop, emballé c'est pesé, le mot d'ordre étant : faut que ça saigne ! Et les deux compères ont donné entière satisfaction au réalisateur parce que c'est un véritable carnage qui nous est proposé ici, avec, entre autres joyeusetés, décapitation, arrachage d'ongles, mains sectionnées à coup de hachoir, chaux vive déversé dans la bouche, bague en forme de griffe s'enfonçant dans un œil, balai enfoncé dans le vagin, corps coupé en deux dans le sens horizontal, corps coupé en deux dans le sens vertical (plus gore !!!) à l'aide d'une grande scie à bois, tripes et boyaux fraîchement extirpés des corps mutilés, moult cœurs humains retirés de leur cavité, langue arrachée, crucifixion, énucléation, broyage de crâne à coup de pierre et même un prélèvement de scalp façon Maniac puis ouverture de la boite crânienne avec cerveau apparent et palpitant ! Et ce n'est qu'un petit panel de ce qui vous attend ! On a même une tête brûlée superbement réalisée ou une scène dégoûtante avec une actrice qui a  des vers de terre vivants dans la bouche. Beurk !! Alors oui, le côté amateur est bel et bien présent, notamment au niveau du jeu des acteurs qui surjouent à mort, avec un côté théâtral très prononcé, mais ça, on était au courant donc il suffit d'adhérer au concept et de se laisser porter par les images. Le rythme est assez énergique, et les scènes gores tellement nombreuses qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer. Niveau mise en scène, Antoine Pellissier s'essaye parfois à des mouvements de caméras façon Evil Dead de Sam Raimi, comme lors de la séquence de la voiture en panne dans la forêt par exemple et on sent que le réalisateur a mis toute son énergie pour donner le meilleur de lui-même dans ce nouveau film. Un film qui mêle époque moyenâgeuse et époque contemporaine, le décor naturel du château et de ses alentours permettant ces flashbakcs dans le passé, où une secte satanique se la joue inquisition mais de manière inversée cette fois, puisqu'ici, ce sont les chrétiens et ceux qui s'adonnent à la Foi en Dieu qui sont torturés et mis à mort. On s'amusera à voir dans le rôle du Grand Prêtre le célèbre Lloyd Kaufman lui-même ! Le patron de Troma Films se devait d'apparaître dans un film du Docteur Gore et celui-ci pousse même l'hommage en faisant se déguiser un membre du groupe en Toxie pour la fête d'Halloween, avec tutu et masque du célèbre super-héros toxique au menu ! Niveau nudité, les films de Pellissier ont toujours été très soft en la matière et on n'aura droit qu'à une paire de seins dénudés à se mettre sous les yeux. Pas très grave en soi, vu que la générosité du film en matière d'atrocités sanglantes vient combler sans souci le manque d'érotisme. Générosité, voilà bien le mot qui définit Horrificia, véritable orgie sanguinolente qui donnera le sourire à ceux qui savent s'amuser et prendre du plaisir avec ce type de production ultra fauchée mais dont la passion transpire dans chaque pores de pellicule. Si vous savez prendre votre pied autrement qu'en regardant des films d'auteurs, si vous êtes ouverts d'esprit et si vous appréciez un tant soit peu le pur cinéma amateur qui ne se fout pas de votre gueule et balance à l'écran toutes les promesses de son titre, ce qui n'est pas toujours le cas malheureusement, alors Horrificia est pour vous ! Il ne reste plus qu'à attendre le troisième volet de cette trilogie gore, en espérant que le Docteur Gore ne nous fasse pas languir dix ans de plus ! 

                 

lundi 30 août 2021

A CLASSIC HORROR STORY

 

A CLASSIC HORROR STORY
(A Classic Horror Story)


Réalisateur Roberto De Feo, Paolo Strippoli
Année : 2021
Scénariste Roberto De Feo, Paolo Strippoli, Lucio Besana
Pays : Italie
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Matilda Lutz, Francesco Russo, Peppino Mazzotta, Will Merrick, Yuliia Sobol...


L'HISTOIRE : Devant se rendre dans une clinique pour se faire avorter, Elisa utilise un service de co-voiturage. Elle se retrouve dans le camping-car de Fabrizio, un fan de cinéma, et en compagnie d'un jeune couple d'amoureux, Mark et Sofia, et d'un médecin en instance de divorce, Riccardo. En voulant éviter la carcasse d'un animal mort sur la route, le conducteur fait une manœuvre désespérée et plante le véhicule contre un arbre. Lorsque les membres du groupe se réveillent suite au choc, ils découvrent que le camping-car a été déplacé. Les cinq compagnons de route sont au beau milieu de nulle part, la seule habitation semblant être une sorte de petite église située au sein de ce décor bucolique. La décoration de l'intérieur de cette curieuse maison provoque une certaine montée de stress parmi le petit groupe...

MON AVIS : Le titre de ce film porte bien son nom : A Classic Horror Story. Les deux réalisateurs italiens, Roberto De Feo et Paolo Strippoli, ne nous mentent pas sur la marchandise. En voulant faire un petit condensé de ce qu'ils aiment dans le cinéma d'horreur, ils nous offrent un véritable catalogue d'influences et de clins d'oeil, certes, mais très bien mis en scène et qui fonctionnent à plein régime. Tous les clichés sont présents, que ce soit dans la caractérisation des personnages, la mise en place des événements, la montée progressive du suspense et de la tension. Le film joue dans la cour du Folk Horror, sous-genre du cinéma d'horreur que j'apprécie particulièrement, avec ses citadins devenant la proie de groupes aux rites ruraux d'un autre temps. Le succès récent de l'excellent Midsommar d'Ari Aster a remis au goût du jour le Folk Horror, popularisé en son temps par des titres tels Le Grand Inquisiteur, La Nuit des Maléfices et The Wicker Man. Plus récemment, des films comme Kill List,  Hagazussa - A Gothic Folk Tale, The Ritual, Le Bon Apôtre ou The VVitch ont également proposé une nouvelle vitrine pour le Folk Horror, qui ne compte pas tant de titres que ça dans son catalogue. On pourra donc y ajouter A Classic Horror Story. Parmi le casting, on trouve la jolie Matilda Lutz, qui poursuit tranquillement son petit bout de chemin dans le genre, après Rings, Revenge ou la mini-série française Ils étaient Dix. L'actrice née à Milan interprète ici Elisa, une jeune femme enceinte qui doit se résoudre à aller se faire avorter, opération plébiscitée par sa mère. Pour l'amener à la clinique, elle choisit l'option du co-voiturage, très en vogue ces derniers temps. Le véhicule est un camping-car, conduit par Fabrizio (Francesco Russo) qui semble fan de cinéma d'horreur. Les autres passagers sont au nombre de trois : le couple Mark (Will Merrick) et Sofia (Yuliia Sobol) ainsi que Riccardo (Peppino Mazzotta), un médecin à la vie sentimentale compliquée. Le trajet se déroule sans encombre, le petit groupe apprenant à se connaître. Les acteurs jouent bien, certaines répliques nous font sourire et l'ambiance est détendue. Bien sûr, on se doute qu'un événement va venir briser cette apparente harmonie. Ce sera bel et bien le cas avec une carcasse d'animal mort que le véhicule va devoir éviter. Manque de bol, Fabrizio a du céder sa place au volant à un Mark un peu aviné et c'est l'accident. Jusque là, pas grand chose d'original à se mettre sous la dent mais la mise en scène est soignée et le divertissement est au rendez-vous. C'est ensuite que notre intérêt va grandir. Car les passagers du camping-car se réveillent dans un endroit autre que le lieu de l'accident. Comme si quelqu'un avait déplacé le véhicule. Les clins d'oeil à Midsommar frappent alors le spectateur qui a vu ce film : on se retrouve dans une grande prairie en plein soleil et surtout en présence d'une unique maison, en forme de petite église un peu inquiétante, qui nous fait clairement penser à la cabane d'Evil Dead. La découverte de l'intérieur, avec sa curieuse décoration, viendra intensifier l'impression que quelque chose cloche. Des tas de représentations d'un folklore local sont disséminées dans la demeure et on se doute q'un culte religieux étrange vit dans les environs. L'apparition de personnes revêtues de masques et plutôt peu enclin à la fraternité va faire basculer le film dans une sorte de huis-clos intrigant et inquiétant, la survie des protagonistes principaux devenant le principal attrait du film. De nombreuses séquences nous font irrémédiablement penser à des films qu'on a déjà vu, avec un très beau travail sur la lumière et les couleurs. Alors oui, c'est vrai que les deux réalisateurs ne cherchent jamais à s'affranchir de leurs modèles, ce que certains semblent leur reprocher. Pour ma part, je trouve leur démarche intéressante et respectueuse du public puisqu'il veulent nous proposer "une histoire d'horreur classique". Pas quelque chose de profondément original, non. Ils jouent avec les ficelles, les codes, les clichés inhérents au genre, ne cherchent pas à s'en défaire, à les contourner, à les réinventer. Ce qui aurait été à l'encontre de leur démarche justement. Il n'y a donc pas tromperie sur la marchandise comme dit plus haut. Et c'est vraiment bien foutu, avec une recherche esthétique qui nous plonge au cœur même des événements proposés. Le final, possédant une réelle dimension d'humour noir, pourra faire grincer des dents mais pour ma part, j'ai trouvé ça très astucieux, cohérent et surtout amusant. Vraiment une bonne découverte que ce A Classic Horror Story, qui ne se moque jamais du genre auquel il veut rendre hommage.    

     

samedi 21 août 2021

BODY SNATCHERS

 

BODY SNATCHERS
(Body Snatchers)


Réalisateur : Abel Ferrara
Année : 1993
Scénariste : Stuart Gordon, Nicholas St. John, Dennis Paoli
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Gabrielle Anwar, Meg Tilly, Terry Kinney, Reilly Murphy, Christine Elise...


L'HISTOIRE : Marti Malone se rend avec son père, sa belle-mère et son petit frère Andy dans une base militaire en Alabama. Le père de Marti, chimiste de profession, doit faire des tests sur les produits toxiques entreposés dans la base. Après avoir fait connaissance avec Jenn, la fille du commandant, et Tim, un pilote d'hélicoptère, Marti se rend compte que quelque chose de bizarre se déroule à la base, parmi les résidents. Son petit frère ne cesse de répéter que ce n'est plus sa mère qui vit dans leur maison et certains voisins sont emmenés de force par la police militaire durant la nuit...

MON AVIS : Il est assez étonnant de retrouver Abel Ferrara aux commandes de Body Snatchers en 1993. Après The King of New York et Bad Lieutenant, l'enfant terrible d'Hollywood se voit confier un projet qu'on pourrait presque qualifier d'anecdotique au sein de sa filmographie si controversée. Sous l'égide de la Warner, Ferrara se voit donc confier la mission de mettre en scène une nouvelle adaptation du roman de Jack Finney, L'invasion des Profanateurs. Un roman de science-fiction paru en 1955 et qui a déjà fait l'objet de deux adaptations cinématographiques : une en 1956 avec L'invasion des Profanateurs de Sépultures de Don Siegel et une en 1978 avec L'invasion des Profanateurs de Philip Kaufman. 15 ans plus tard, voici donc Body Snatchers. On pensait que Ferrara allait peut-être vouloir en faire encore plus que ses deux prédécesseurs dans le domaine du spectaculaire mais en fait, pas du tout. Ce qui frappe avant tout quand on visionne le film, c'est son aspect immédiat, son efficacité, sans jamais en faire trop. Bien conscient que les amateurs de cinéma fantastique connaissent déjà l'histoire et les deux films précédents, Ferrara ne s’embarrasse pas d'effets superflus ou d'effets de style imposants. Avec une mise en scène sobre et une durée de 87 minutes et des poussières, Body Snatchers est un petit modèle de série B 90's, concise, sans temps morts. Avec pour cadre de l'action l'enceinte d'une base militaire, le réalisateur place ses protagonistes principaux dans une enclave déjà un peu anxiogène, la liberté de déplacement étant soumise à des règles strictes et à l'autorité militaire. La jeune adolescente Marti, interprétée par la ravissante Gabrielle Anwar (j'ai été voir le film trois fois au cinéma à l'époque rien que pour elle), est une ado comme les autres : elle doit gérer une situation familiale difficile, avec un père souvent absent (Terry Kinney), une belle-mère qu'elle n'apprécie pas trop (Meg Tilly) et un petit frère qui réclame de l'attention (Reilly Murphy). Ballottée de ville en ville de part le travail de son paternel, elle n'a que peu d'occasion de se poser ou d'avoir des amis. Par petites touches, Ferrara place des indices sur ce qui attend la jeune fille et sur ce qui se passe dans la base : que contiennent ses sacs poubelles que les habitants apportent aux éboueurs chaque matin ? Pourquoi la police militaire vient embarquer avec force des militaires de chez eux, sans que le reste de leur famille ne tente d'intervenir ? A quoi servent ces curieux cocons que lesdits militaires extraient du lac avoisinant ? Pourquoi le petit Andy est persuadé que sa mère n'est pas sa "vraie" mère, après avoir vu le corps de cette dernière se décomposer sous ses yeux, alors qu'elle est bien là, devant lui ? Bien sûr, si vous connaissez le roman de Finney ou si vous avez vu les films de 1956 et 1978, vous savez à quoi vous attendre au final. Le remplacement des militaires et de leurs familles par des extra-terrestres ayant pris leurs exactes apparences est bien présent dans Body Snatchers, comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs ? Cette transformation a lieu durant le sommeil des futures victimes, à l'aide des fameux cocons que les militaires ayant déjà subit un remplacement mettent discrètement sous les lits ou dans des endroits propices au repos chez les nouveaux arrivants. La scène de la baignoire, avec Marti qui sombre dans le sommeil, met bien en avant le processus, peu ragoutant il faut bien l'avouer, avec ces espèces de filaments qui rentrent dans le nez, la bouche de la victime et qui pompent son énergie pour recréer un clone parfait. Une fois le processus terminé, le clone n'a plus qu'à mettre les résidus poussiéreux de son hôte dans un sac poubelle ! Heureusement, si vous vous réveillez au cours du processus, celui-ci est stoppé. Ce sera le cas avec Marti, heureusement. Plus on avance dans le film, plus le réalisateur joue avec la paranoïa et nous fait douter, ne sachant plus vraiment si on est en présence d'un humain ou de son clone. Le fameux cri d'alerte des clones pour avertir leurs semblables de la présence d'un humain est aussi de la partie et n'a pas à rougir avec ses prédécesseurs, surtout quand c'est Meg Tilly qui le scande, avec force et détermination ! Franchement, pour un simple produit de commande, Abel Ferrara a fait du très bon boulot et Body Snatchers est un vrai plaisir de fantasticophile, cette nouvelle vision venant à nouveau le confirmer en ce qui me concerne ! Le film est parfois mal aimé mais il mérite bien mieux que la relative indifférence dans lequel il est enfermé. Une quatrième adaptation verra le jour en 2007 sous le titre Invasion, avec Daniel Craig et Nicole Kidman.

          

JUMBO

 

JUMBO
(Jumbo)


Réalisateur : Zoé Wittock
Année : 2020
Scénariste : Zoé Wittock
Pays : France, Belgique, Luxembourg
Genre : Insolite, Drame, Romance, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Noémie Merlant, Emmanuelle Bercot, Bastien Bouillon, Sam Louwyck...


L'HISTOIRE : Jeanne, une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère, l’extravertie Margarette, qui aimerait bien dévergonder sa fille et la faire sortir de sa coquille et de son enfermement. Passionné par les manèges, Jeanne va développer d’étranges sentiments envers Jumbo, l’attraction phare du parc...

MON AVIS : C'est en lisant le livre La Nouvelle vague du cinéma de genre en France, ouvrage consacré aux nouveaux talents français dans le cinéma de genre et rédigé par Melanie Boissonneau, David Maurice et Ethan Dahan, que j'ai découvert la réalisatrice Zoé Wittock et son film intrigant baptisé Jumbo. D'origine Belge, Zoé Wittock a lu une histoire incroyable durant ses études aux Etats-Unis, celle d'Erika Eiffel, une américaine connue pour s'être mariée en 2007 avec... la tour Eiffel ! La passion, voire l'amour ressenti par certaines personnes pour des objets inanimés s'appelle l'Objectophilie. Ces cas de figure atypique proviennent vraisemblablement suite à des traumas d'enfance ou liés à des maladies comme l'autisme. Les personnes développent une sensibilité extrême vis à vis des objets. Une thématique des plus insolites qui a tout de suite intéressé la réalisatrice et qui en a donc fait le sujet de son premier film, préférant mettre en avant l'aspect émotionnel de cette curieuse relation plutôt que son aspect médical. Si le décor de la fête foraine était présent dès le départ dans l'esprit de Zoé Wittock, son héroïne devait tomber amoureuse de sa voiture. Pas assez extravagant pour susciter un réel intérêt. La voiture est donc mise de côté au profit d'une attraction de fête foraine, à savoir le manège Move It, que l'héroïne va rebaptiser Jumbo. Pour interpréter Jeanne, c'est l'actrice Noémie Merlant qui est retenu après des mois de casting. Un choix payant tant elle parvient à provoquer des émotions chez le public et à rendre crédible cette romance hors-norme. Par ses expressions de visage, sa gestuelle, Noémie s'impose sans difficulté dans ce rôle complexe et difficile, nous faisant parfaitement ressentir son attirance pour cette machine de métal et surtout, elle nous émeut face aux problèmes qui vont découler de cette relation différente, qui ne sera pas comprise par sa mère et qui l'entraînera vers un renfermement encore plus profond. Dès le départ, on perçoit une vraie fragilité psychologique chez Jeanne, une vraie timidité maladive, qui l'éloigne d'une vie traditionnelle d'adolescente. Jeanne ne sait pas quoi faire de son corps, n'a jamais eu de petit ami, est moquée par une bande d'ados effrontés et vit avec une mère qui est son antithèse totale, cette dernière étant extravertie, n'hésitant pas à multiplier les relations sans lendemain, à parler crûment à sa fille pour la décoincer. Elle s'immisce même dans sa vie affective, tentant de la caser avec Marc, le patron de la fête foraine qui ressent une attirance envers sa fille. Peine perdue. Jeanne vit dans son monde, dans son univers fait de maquettes de manèges qu'elle conçoit elle-même. Son premier soir en tant que gardienne de nuit va chambouler sa morne existence, où manque la figure paternel en tant que repère. En nettoyant l'attraction Move It, Jeanne va ressentir quelque chose qu'elle n'a jamais perçu avec un être humain. C'est le début de cette relation antinomique qui va permettre à Zoé Wittock de faire intervenir le fantastique dans son histoire. Certes, on peut se demander si les événements qui vont suivre ne sont pas uniquement présents dans l'esprit fragilisé de l'héroïne. Toujours est-il que plus Jeanne prend soin de Move It, qu'elle préfère appeler Jumbo, plus l'attraction se met à réagir, comme si elle ressentait à travers ses parois de métal l'amour que lui porte Jeanne. Débute alors des scènes insolites durant lesquelles Jeanne parle à Jumbo et cette dernière lui répond grâce aux ampoules de couleur qui la parsèment. De jolis effets visuels qui donnent une touche réellement poétique au film et qui réussissent à rendre touchante cette relation, sans jamais qu'on soit pris d'une envie de s'en moquer ou d'en rire. C'est d'ailleurs la grande force de Jumbo, de traiter ce sujet atypique avec passion, sincérité et sérieux, sans transformer le film en nanar rigolo. Les personnages y croient et nous aussi, ce qui n'était pas forcément gagné au départ. La séquence avec l'huile noire sur un fond totalement immaculé est superbe, tout comme celle dans laquelle on comprend que le manège pleure et laisse couler son huile telles des larmes de sang. Esthétiquement, Jumbo est un très beau film et il donne à réfléchir en plus. Car en filigrane, Zoé Wittock nous parle du droit à la différence, du droit d'aimer quelqu'un ou quelque chose qui n'entre pas dans la norme. Avec sensibilité, avec une certaine retenue aussi, avec beaucoup de poésie et de singularité, avec une imagerie qui lui confère une réelle touche onirique, Jumbo est un film à part dans le paysage du cinéma fantastique français. Certes, on est loin du pur cinéma Bis décomplexé, on ne peut nier que le film a une approche un peu auteurisante mais cette dernière ne prend jamais le pas sur l'émotion distillée et n'est jamais pompeuse. Une première oeuvre intrigante et audacieuse en tout cas. Les objets inanimés ont-ils une âme ? Jumbo vous donnera peut-être la réponse !


   

vendredi 20 août 2021

BLOOD RAGE

 

BLOOD RAGE
(Blood Rage / Slasher)


Réalisateur : John Grissmer
Année : 1983
Scénariste : Bruce Rubin
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, slasher
Interdiction : -16 ans
Avec : Louise Lasser, Mark Soper, Julie Gordon, Jayne Bentzen, Marianne Kanter...


L'HISTOIRE : Quand ils étaient enfants, les jumeaux Todd et Terry ont été choqué de voir leur mère embrasser un homme durant une séance au drive-in local. Terry a assassiné l'amant à coup de hache mais a fait porter la responsabilité du meurtre sur son frère Todd. Ce dernier a été interné en hôpital psychiatrique. Dix ans plus tard, lors de Thanksgiving, Terry et sa mère apprennent que Todd s'est échappé de l'institut. Lorsque sa mère lui apprend qu'elle va se marier, Terry sombre à nouveau dans la folie et la nouvelle de son frère en liberté lui donne un alibi pour laisser s'exprimer sa soif de sang. Les voisins et les meilleurs amis de Terry vont devenir ses victimes. Pendant ce temps, les recherches pour trouver Todd se poursuivent...

MON AVIS : Réalisé en 1983 mais n'ayant eu accès à l'exploitation en salles qu'en 1987, Blood Rage est un slasher de John Grissmer, son second et dernier film en tant que metteur en scène. On lui doit Scalpel en 1977 également et c'est tout. Relativement méconnu sauf des fans hardcore de slasher movie, Blood Rage n'est pas vraiment un très bon film en tant que tel : le jeu d'acteurs n'est pas génial dans l'ensemble, notamment la mère des jumeaux qui surjoue à mort (Louise Lasser) ; certaines situations sont assez rocambolesques et peu crédibles ; la mise en scène reste correcte, sans plus ; certaines scènes sont superflues et irritantes (la mère au téléphone vers la fin entre autres). Mais malgré ses défauts, Blood Rage s'avère un spectacle fort divertissant et bien sympathique car il se rattrape sur d'autres points. En premier lieu, sa musique ! Composée par Richard Einhorn, la bande sonore qui accompagne les images est très dynamique, tout au synthé et nous rappelle même les partitions de John Carpenter ! Une musique qui dynamise le rythme par sa simple présence. En second lieu, l'interprétation de Mark Soper, qui joue Terry et Todd. Un véritable rôle de composition et on jubile de le voir en Terry, le véritable cinglé de la famille, qui va sombrer dans une véritable folie furieuse et sanglante quand sa maman d'amour lui annonce qu'elle va se marier. Suite au traumatisme qui a eu lieu durant son enfance et qui sert de séquence introductive qui nous met tout de suite dans le bain, le petit Terry est un psychopathe en puissance, qui a réussi a faire croire que le cinglé était son frère Todd. L'acteur interprète les deux rôles, avec des vêtements et une coupe de cheveux différents pour qu'on fasse bien la différence. Lorsqu'il incarne Terry, on ne peut que jubiler devant ses expressions de visage, son rire sardonique, qui exprime vraiment la démence. Troisième point, les meurtres ! Concoctés par le spécialiste Ed French, on peut dire que l'amateur de gore va être servi niveau carnage ! Ça gicle, ca tranche, ca coupe dans une bonne humeur communicative et avec des effets de maquillages fort réussis ! Corps coupé en deux au niveau de la taille, main sectionnée, tête qui s'ouvre en deux, tête décapitée pendue devant une porte, fourchette à deux pointes enfoncée dans un coup et coup de machette en veux-tu, en voilà, feront partis des réjouissances sanguinolentes proposées. Blood Rage ne lésine pas sur les effusions de sang et se montre hyper généreux à ce niveau, c'est le moins que l'on puisse dire, et ça fait plaisir à voir. Quatrième point, l'érotisme ! Bon, ça reste très soft mais on a quelques paires de seins à se mettre sous la dent et ça, dans un slasher, ça rapporte toujours des points. Cinquième point : la présence de l'actrice Julie Gordon, qui est franchement mignonne et s'en sort plutôt bien niveau acting. Même si le film de John Grissmer n'est pas exempt de quelques passages à vide ou de lenteurs dues à des scènes un peu poussives parfois, même s'il ne fait pas partie des slashers haut de gamme pour ma part, il reste un divertissement des plus acceptables et son aspect gore bien rentre-dedans y est pour beaucoup. Le réalisateur et le scénariste Bruce Rubin essayent parfois de brouiller les pistes pour nous mettre le doute quant à savoir qui de Terry ou de Todd est réellement cinglé mais ça ne va pas plus loin au final et l'idée n'est pas vraiment développée. Pas bien grave au final. A noter que le titre de départ était Slasher. Le réalisateur a préféré opter pour Blood Rage. Une version très censurée circule également sous le titre de Nightmare at Shadow Woods. On lui préférera évidemment la version intégrale bien saignante !

* Disponible en DVD et BR chez -> ARROW VIDEO <-



jeudi 19 août 2021

SHARKS OF THE CORN

 

SHARKS ON THE CORN
(Sharks on the Corn)


Réalisateur : Tim Ritter
Année : 2021
Scénariste : Tim Ritter
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, comédie
Interdiction : /
Avec : Shannon Stockin, Ford Windstar, Steve Guynn, Casey Miracle, Al Nicolosi...


L'HISTOIRE : La petite ville de Druid Hills, connue pour sa production de maïs, doit faire face à une augmentation de morts curieuses ! D'après certains, les victimes, retrouvées dans les champs de maïs en piteux état, ont subit des attaques de... requins ! Dans le même temps, le shérif Scheider arrête Teedy Bo Lucas, un tueur en série attaquant ses proies avec une mâchoire de requin. Ce dernier prétend être le gourou d'une secte d'adorateurs de requins, qui attendent l'alignement de Stonehenge et de la lune rouge pour faire surgir une ancienne déesse-requin. Pour se faire, il leur manque un objet spécifique, qu'un dénommé Benchley a en sa possession...

MON AVIS : Mon dieu. Comment ai-je fais pour tenir 1h45 devant ce spectacle totalement affligeant de nullité ? 1h45 pour ça ! Tim Ritter, je ne vous remercie pas ! Avec une (belle) affiche et un scénario pareil, je me doutais que je n'allais pas être en présence d'un chef-d'oeuvre. la vision de la bande-annonce avait confirmé cette impression mais bon, voir des requins dans un champ de maïs, ça donne quand même envie non ? Allez, ne mentez pas. Rien que le titre, Sharks on the Corn, fait saliver. A l'arrivée, on a l'impression de visionner un film tourné au caméscope par une bande de potes sans le moindre sou. Absolument tout est mauvais ici, que ce soit la mise en scène, le jeu des acteurs et actrices, les dialogues, l'humour qui ne fonctionne jamais, les clins d'oeil au Dents de la Mer, les maquillages, les effets-spéciaux, les images de synthèses, les costumes et j'en passe. L'amateur averti aura repéré que des personnages s'appellent "Benchley" ou "Scheider", petit hommage à Peter Benchley, auteur du roman qui inspira le film culte de Steven Spielberg, et à Roy Scheider, l'incontournable chef Brody dudit film culte. La belle affaire. On a même une séquence dans laquelle le maire de Druid Hills ne veut pas qu'on interdise l'accès aux champs de maïs malgré l'accumulation de cadavres. Des cadavres qui ont été poursuivi par  une tête de requin en caoutchouc à travers le champ de maïs, pour un résultat pitoyable. Les effusions de sang ont été ajouté en numérique, avec un effet tout aussi risible. Il n'y a guère que la première victime qui porte une trace d'attaque réalisée à l'ancienne et qui reste un peu plausible. Tout le reste est pathétique. L'intrigue est totalement décousue et mélange tout et n'importe quoi, avec donc des requins dans un champ de maïs, un tueur en série qui porte une cagoule et un bandana autour du visage avec pour motif une mâchoire de requin, un culte adorateurs de requins qui veulent faire réapparaître une ancienne déesse-requin, un homme portant un pantalon militaire qui s'avérera être un agent de la C.I.A travaillant sous couverture pour infiltrer ledit culte, une femme shérif dont la sœur a été une des victimes de notre tueur en série, un reporter du journal local qui va se retrouver mêler à toute cette affaire et qui est fan de Bigfoot ou bien encore la mention de Stonehenge. J'en oublie sûrement tellement ça part dans tous les sens. Si encore on se prenait à se marrer devant un tel spectacle surréaliste mais même pas; C'est bel et bien la consternation qui nous prend aux tripes et même avec les meilleures intentions possibles, une réelle compassion pour ce type de production faite entre potes et avec du système-D ou un très haut degré de résistance aux mauvais films, il est impossible de trouver le moindre argument en faveur de Sharks on the Corn. Dire du mal d'un film ne m'amuse pas vraiment et j'essaye toujours de mettre l'accent sur la moindre qualité, la moindre scène qui m'a plu au lieu de l'enfoncer bêtement. Ici, c'est juste impossible. Même avec la meilleure volonté du monde. Sharks on the Corn, c'est nul de chez nul. Une perte de temps incommensurable.




  

mercredi 18 août 2021

THE KING OF NEW YORK

 

THE KING OF NEW YORK
(King of New York)


Réalisateur : Abel Ferrara
Année : 1990
Scénariste : Nicholas St. John
Pays : Etats-Unis, Italie
Genre : Policier
Interdiction : -16 ans
Avec : Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Janet Julian...


L'HISTOIRE : A New York, Frank White, un gangster impitoyable aux méthodes expéditives, sort de prison. Il décide rapidement de reconquérir son territoire, le Bronx, et d'étendre son empire en reprenant le contrôle total du trafic de drogue sur la métropole. Appuyé par son second, Jimmy, il élimine un à un ses rivaux. Mais cet archange de la pègre a surtout un rêve : fonder un hôpital pour les plus démunis. Une ambition qui le fait surnommer par la presse comme «le roi de New York» et lui confère une stature de tout-puissant qui excède un groupe de policiers, dirigé par Bishop, jurant de l'abattre quitte à enfreindre la loi... 

MON AVIS : Après sa mésaventure en 1984 au sein d'un grand studio quand il réalisa New York 2h00 du Matin, Abel Ferrara s'éloigne pour un temps du milieu du cinéma, tourne quelques épisodes de séries-télévisées, un téléfilm puis fait son retour en 1987 avec une variation moderne de Romeo et Juliette, China Girl. En 1989, il réalise Cat Chaser que je ne connais pas du tout. Et puis, en 1990, il tourne l'un de ses films les plus célèbres, The King of New York, qui se paye le luxe d'entrer directement dans la panthéon des meilleurs films de mafia, au côté du Parrain; de Scarface ou des Affranchis en ce qui me concerne. Avec un Christopher Walken totalement impérial, sidérant et impressionnant en grand caïd de la pègre, avec des scènes de violence brute de décoffrage qui ne font pas dans la dentelle, avec sa galerie de personnages atypiques, parmi lesquels on retrouve des gueules telles David Caruso, Laurence Fishburne, Wesley Snipes, Victor Argo ou la belle Janet Julian entre autres, avec ses gunfights, courses-poursuites et règlements de compte sans concession, avec ses dialogues percutants, avec sa mise en scène impeccable qui nous plonge littéralement au cœur de l'action, The King of New York embarque le spectateur pour ne plus le lâcher, impose son style, son rythme, sa frénésie et parvient même à faire de son anti-héros un personnage attachant. Car derrière sa façade de gangster pur et dur, qui n'hésite pas à éliminer tous ceux qui le gênent, Frank White à un véritable projet humanitaire : récolter suffisamment d'argent avec son business pour financer la création d'un nouvel hôpital dans le Bronx et faire que les plus démunis puissent accéder aux soins de qualité ! Un gangster avec du cœur et qui utilise des méthodes de voyou pour faire le Bien ? C'est toute la contradiction de ce protagoniste charismatique, auquel Christopher Walken donne corps et âme dans une interprétation magistrale, avançant tel un ange déchu dans les froideurs des ténèbres pour tenter de faire jaillir la lumière. Et ce, quel que soit les moyens à utiliser. La notion de Bien et de Mal se trouve au centre du film, tout comme la notion de rédemption également, et Ferrara inverse mêmes les tendances en faisant d'une brigade de flics, dépités de voir comment Frank White acquiert renommée et puissance jusqu'à devenir le roi de New York, des individus utilisant les mêmes méthodes que le milieu pour parvenir à leurs fins et mettre hors d'état de nuire celui qu'ils considèrent comme l'ennemi numéro 1 ! Tous les personnages du film vont vivre une descente aux Enfers qui ne connaîtra aucune échappatoire. Tragique, noir, cruel, désespéré, sombre, violent, The King of New York est un petit bijou qui choqua en son temps de par sa crudité et ses thématiques. Devenu un film culte, il fait désormais partie des films majeurs qui font qu'on aime le cinéma.  


mardi 17 août 2021

L'ANGE DE LA VENGEANCE


L'ANGE DE LA VENGEANCE
(MS.45, Angel of Vengeance)


Réalisateur : Abel Ferrara
Année : 1981
Scénariste : Nicholas St. John
Pays : Etats-Unis
Genre : Rape and Revenge, Drame, Vigilante
Interdiction : -12 ans
Avec : Zoë (Tamerlis) Lund, Albert Sinkys, Darlene Stuto, Helen McGara, Peter Yellen


L'HISTOIRE : Thana est une jeune fille muette, timide et réservée, qui travaille dans un atelier de couture. En rentrant chez elle, elle se fait violer par un inconnu dans une ruelle sombre. De retour dans son appartement, elle surprend un voleur qui va lui aussi la violer mais elle parviendra à lui échapper et le tuera. Ayant découpé son corps en plusieurs morceaux, Thana va chaque jour disperser les bouts de cadavres emballés dans des sacs poubelles. Le choc émotionnel des deux viols et du meurtre va également avoir une lourde conséquence sur sa vie : ne supportant plus la gente masculine, Thana va assouvir sa vengeance nuit après nuit, aidée du pistolet calibre 45 qu'elle a pris au voleur. Les rues de New-York vont devenir le nouveau territoire de jeu de cette ange de la vengeance...

MON AVIS : En 1981, soit deux ans après Driller Killer, Abel Ferrara passe à la vitesse supérieure avec le culte L'Ange de la Vengeance, film choc que les ligues féministes extrémistes doivent se repasser en boucle, le slogan présent sur certaine affiche originale, ça ne va plus être longtemps un monde d'hommes, devant fièrement trôner dans leur salle de réunion ! La maturité dont fait preuve le réalisateur au niveau de sa mise en scène fait des merveilles, là où son film précédent se cherchait encore et revêtait parfois une approche un peu expérimentale et brouillonne, malgré des fulgurances visuelles bien présentes. Ici, tout est fluide, net, direct, sans bavure ni lourdeur, tel un uppercut que le public se prend en pleine face. Je ne sais pas si c'est le succès mondial du film Un Justicier dans la Ville avec Charles Bronson qui a inspiré Ferrara pour ce film, ou bien encore le traumatisant Œil pour Œil de Meir Zarchi (1978), toujours est-il que L'Ange de la Vengeance est le parfait mélange des deux, un rape & revenge mixé avec un vigilante movie qui procure un indéniable plaisir jubilatoire, vision après vision. L'actrice qui interprète le rôle difficile de Thana, cette jeune muette victime d'un double-viol et qui va devenir un ange exterminateur arpentant les rues de New York pour dézinguer du mâle avec son pistolet de calibre 45, se nomme Zoë (Tamerlis) Lund et elle n'avait que 17 ans à l'époque du tournage. C'est assurément le rôle de sa vie, elle n'a d'ailleurs pas fait une grande carrière par la suite, sa filmographie ne comprenant que dix entrées, dont quelques épisodes de séries-télévisées. Elle rédigera néanmoins le scénario de Bad Lieutenant pour Ferrara en 1992 et jouera un petit rôle dedans. C'est étonnant tant l'actrice dégage un charme, une assurance, un charisme indéniable, que ce soit en tant que victime ou en tant que pourfendeuse du machisme. Tout le film repose sur ses frêles épaules et on ne peut nier que le choix du réalisateur s'avère plus que payant. Véritablement sordide, le destin de cette malheureuse employée d'un atelier de couture, qui est muette donc, ce qui rajoute à sa grande timidité, va bifurquer dans la folie après qu'elle ait subit deux viols dans un très court intervalle et dans la même journée. Son mutisme est une aubaine pour les violeurs évidemment. Si le premier viol dans une ruelle par un homme masqué (Abel Ferrara lui-même) est présenté de manière assez rapide, le second s'attarde plus sur les expressions de visage du violeur et de la violée, et provoque un certain malaise. On a envie que Thana en réchappe, et Ferrara nous donnera satisfaction, le violeur étant tué à coup de fer à repasser. Malheureusement, deux viols et un meurtre ne peuvent qu'avoir une répercussion négative sur le psychisme de la victime. Thana se renferme encore plus sur elle et ne supporte plus le regard des hommes, ne supporte plus les contacts avec la gent masculine. Le réalisateur en rajoute dans l'abjecte en faisant démembrer le violeur par son héroïne, unique moyen pour elle de se débarrasser du corps. Petit à petit, Thana prend de l'assurance, s'endurcit, se transforme. De jeune fille ultra-timide, craintive, elle devient une femme méthodique, posée, sur d'elle. Elle s'habille en femme séduisante, met du rouge à lèvres pour attirer le regard des hommes. Cette métamorphose s'effectuant sur une base malsaine, notre jeune chrysalide, au lieu de devenir un gentil papillon, va se muer en mante religieuse implacable et déterminée à faire que ce qu'elle a vécu ne se reproduise plus. La solution : éradiquer la gent masculine, sans réel distinction. Pour Thana, tout homme représente un potentiel danger. Armée du pistolet calibre 45 du second violeur, elle va chasser, traquer les mâles un peu trop engageant, les attirant par ses tenues provocantes et sexy, son maquillage, pour mieux les abattre froidement. La scène du parc, dans laquelle Thana est au milieu de cinq hommes menaçants, voyous de seconde zone dont les intentions vis à vis d'elle semblent claires, est mise en scène avec un réel brio. Malgré son aspect malsain, L'Ange de la Vengeance possède tout de même un peu d'humour, représenté par cette voisine exubérante et le petit chien de cette dernière, auquel Thana n'hésite pas à donner des morceaux du cadavre qu'elle a passé à la moulinette en guise de repas ! Jamais ennuyeux, le film progresse à son rythme, hypnotisant le spectateur avec sa bande sonore et son saxophone criard et va se conclure sur une séquence anthologique, qui nous rappelle celle du final de Carrie au bal du Diable. Motivé par son patron et ses collègues, Thana accepte d'aller à une fête d'Halloween organisée par le salon de couture où elle travaille. On sait que Ferrara est très croyant et que la Foi et la religion font parties intégrantes de ses films. Il revêt donc Thana d'un costume de nonne et envoie son ange vengeresse accoutrée de la sorte pour le plus grand plaisir des fans de cinéma Bis qui écarquillent grand les yeux devant cette sublime beauté portant bas et porte-jarretelles sous son habit de bonne sœur ! Devant le jeu ambigu de son patron, qu'on pense pourtant être homosexuel, Thana sombre alors dans une furie dévastatrice et exécute implacablement les hommes présents à la fête, le tout filmé au ralenti pour un rendu proprement hallucinant, quasi onirique. Une séquence mythique, qui mérite à elle seule la vision de ce petit classique qui n'a rien perdu de sa force et de son intensité. L'empathie que Ferrara offre à son héroïne, malgré ses agissements, se ressent dans chaque image, chaque plan qu'il filme d'elle. Film emblématique dans la filmographie du réalisateur, L'Ange de la Vengeance remue les tripes et s'avère sans concession. Incontournable.



dimanche 15 août 2021

NEW YORK 2H00 DU MATIN

 

NEW YORK 2H00 DU MATIN
(Fear City)

Réalisateur : Abel Ferrara
Année : 1984
Scénariste : Nicholas St. John
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier, Thriller
Interdiction : -16 ans
Avec : Tom Berenger, Billy Dee Williams, Jack Scalia, Mélanie Griffith, Janet Julian...

L'HISTOIRE : Ancien boxeur ayant arrêté suite au décès d'un adversaire, Matt Rossi s'est reconverti avec son meilleur ami Nicky Parzeno dans la gestion de strip-teaseuses et tous deux alimentent les night-clubs new-yorkais. Le commerce marche bien, la clientèle est au rendez-vous et les filles sont bien traitées. La police surveille leur activité mais ne leur pose plus de problème que ça. Matt tente de se rabibocher avec Loretta, l'effeuilleuse-vedette des clubs, avec qui il a eu une liaison qui s'est mal terminée. La situation va se compliquer pour les deux amis quand un tueur en série s'en prend aux filles de leur réseau, créant des tensions au sein des diverses mafias gérant ce business lucratif...

MON AVIS : Après l'expérimental Driller Killer en 1979 puis l'excellent rape & revenge L'Ange de la Vengeance en 1981, l'indépendant Abel Ferrara se voit solliciter par un grand studio, la Twentieth Century-Fox, qui lui propose un budget nettement plus élevé pour mettre en chantier son troisième film, New York 2h00 du Matin en 1984. Un thriller sordide mais tout de même plus grand public, avec un casting plus prestigieux, composé de Tom Berenger, Billy Dee Williams, Mélanie Griffith, Rae Down Chong ou Janet Julian entre autres. Si l'argent est au rendez-vous, ça n'empêche pas Abel Ferrara de composer avec ce qu'il aime ni de se montrer provocateur. La ville de New York est bien sûr au premier plan, de même que ses quartiers les moins fréquentables, avec ses boites de strip-teases et ses night-clubs qui attirent la faune nocturne en mal de sensation. Il semblerait pourtant que la majorité du tournage a eu lieu à Los Angeles mais on n'y voit que du feu. Ce décor urbain sert de trame à l'histoire, qui, par certain aspect, peut faire penser au film Le Justicier de Minuit réalisé en 1983 par J. Lee Thompson. Dans ce dernier, un serial-killer traquait et tuait des femmes en se baladant à poil. Dans New York 2h00 du Matin, on est également en présence d'un tueur en série qui s'en prend aux strip-teaseuses, pratique les arts-martiaux entièrement nu et connaît très bien l'anatomie humaine, frappant ses victimes à des endroits bien précis. On ne connaîtra jamais le nom de ce tueur dans le film, l'acteur n'étant même pas crédité au générique ! Plus embêtant, ses motivations ne sont pas explicitement exposées même s'il ne faut pas être né de la dernière pluie pour les comprendre à partir des indices entrevus : on est face à un rédempteur qui veut éradiquer la perversion, l'obscénité, la dépravation et qui s'en prend donc au commerce du sexe, en frappant celles qui usent de leur corps pour gagner de l'argent, ce qui met dans l'embarras, par la même occasion, ceux qui les gèrent et travaillent dans cette industrie. Plus étrange, notre mystérieux tueur, adepte des arts-martiaux et de l'anatomie humaine, semble écrire un livre s'intitulant Fear City, qui est le titre original du film en passant. On aurait aimé en savoir plus sur l'écriture de cet ouvrage, sur le pourquoi du comment des actes de notre tueur mais Ferrara ne donnera pas plus d'explications. Dommage. Toujours est-il que le film se suit sans aucun souci, avec ses personnages forts et bien écrits, à l'image du protagoniste principal joué par Tom Berenger. Un homme qui possède un passé peu glorieux, qu'il ne cesse de ressasser dans son esprit et qui donne une vraie épaisseur au personnage. Un anti-héros qui tente de se racheter malgré ses activités dans le monde de la nuit, et qu'on prend en empathie de par ses actes, notamment envers la belle Loretta, strip-teaseuse interprété par la non moins charmante Mélanie Grifith, qui allait devenir une star avec son film suivant, le Body Double de Brian de Palma. Nul doute que ce dernier a été subjugué par l'actrice grâce au film de Ferrara. Il faut dire que Mélanie Griffith n'a pas froid aux yeux ici, et s'investit à fond dans son rôle, se dénudant lors d'un strip-tease torride, sans aucune gène. Ses fans seront aux anges à n'en point douter. Avec New York 2h00 du Matin, Ferrara utilise les codes du film noir 50's et les modernise d'habile manière : on a en effet tous les éléments du genre : intrigue policière, ville aux multiples dangers, la mafia, les femmes fatales, une menace tangible, un inspecteur badass (l'excellent Billy Dee Williams), des flashbacks sur le passé du héros et j'en passe. On appréciera le thème de la dualité qui émane du héros et du tueur : le premier ne veut plus entendre parler de la violence quand le second utilise cette dernière pour mener à bien sa croisade. La confrontation entre les deux hommes restent inévitables et aura lieu lors de la séquence finale. La thématique de la rédemption et la Foi, à travers la scène de l'Eglise, est également au rendez-vous. Pour sa première réalisation pour un grand studio, Abel Ferrara livre un thriller solide, avec de la violence et de la nudité, ce qui n'a pas franchement plus à la Twentieth Century-Fox (il s'attendait à quoi ?) qui a exigé de nombreuses coupes avant de carrément vendre les droits à un petit studio indépendant pour assurer la sortie en salle. Ce qui a profondément perturbé le réalisateur qui attendra 1987 avant de refaire un film pour le cinéma. Ce sera China Girl...



samedi 14 août 2021

KANDISHA

 

KANDISHA
(Kandisha)

Réalisateur : Alexandre Bustillo, Julien Maury
Année : 2020
Scénariste : Alexandre Bustillo, Julien Maury
Pays : France
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Mathilde Lamusse, Suzy Bemba, Samarcande Saadi, Mériem Sarolie...

L'HISTOIRE : Dans une cité de banlieue, trois copines d'enfance, Amélie, Bintou et Morjana, adeptes de Street Art, se rendent dans un immeuble abandonné pour terminer leur fresque. En découvrant derrière un mur l'inscription "Kandisha", Morjana explique à ses amies cette légende marocaine datant de la colonisation du pays par les Portugais. En rentrant chez elle, Amélie croise Farid, son ex. Celui-ci provoque une dispute et tente de violer la jeune fille. Parvenant à s'échapper, Amélie bouillonne de colère : dans sa salle de bain, elle repense à la légende contée par Morjana, dessine un pentacle avec son sang sur le miroir et invoque l'esprit de Kandisha pour se venger de Farid. Elle ignore que son acte va réellement réveiller Kandisha, un djinn puissant qui à l'apparence d'une très belle femme marocaine, aux pieds en forme de sabots de chèvre. Quand les morts suspectes commencent à s'accumuler dans l'entourage des trois amies, ces dernières comprennent qu'Amélie est victime de la malédiction de Kandisha et n'ont comme solution que de se tourner vers le recteur de la mosquée du quartier pour demander conseil...

MON AVIS : Après la malheureuse expérience Leatherface tourné aux Etats-Unis en 2017, les frenchy Alexandre Bustillo et Julien Maury, auteurs de A L'intérieur (2007), Livide (2011) et Aux Yeux des Vivants (2014) reviennent en France et tournent durant la pandémie Kandisha (2020), qui n'a pas eu les honneurs d'une sortie en salle, et vient d’atterrir un an après sa réalisation sur une plateforme de V.O.D. Un sort moins malencontreux a été réservé à leur dernier film en date, The Deep House (2021), qui s'est taillé un très joli succès niveau fréquentation au cinéma. Ce qui est bien avec ce duo de réalisateurs, ce qu'ils sont éminemment sympathiques, qu'ils vouent un amour sincère au cinéma fantastique et horrifique, qu'ils savent tenir une caméra, sont bourrés d'idées ingénieuses pour contourner les petits budgets qu'ils ont à disposition et qu'ils ne nous resservent pas la même soupe à chaque nouveau film. Une bouffé d'air frais dans le paysage du cinéma horrifique français. Avec Kandisha, ils détournent la légende marocaine d'Aïcha Kandisha, superbe femme qui utilisait sa beauté pour amener dans ses filets des soldats portugais afin de les tuer lors de l'occupation Portugaise au Maroc. Capturée, torturée et mise à mort par six soldats, Kandisah est devenue un djinn, un démon qu'on peut invoquer pour se venger. On ne la rencontre que la nuit et elle ne disparaît qu'après avoir tué six personnes. Plaçant l'action de leur film dans une cité de banlieue, les deux réalisateurs décrivent le quotidien de trois amies d'enfance, la blanche Amélie (Mathilde Lamusse), la noire Bintou (Suzy Bemba) et l'arabe Morjana (Samarcande Saadi). Un trio coloré, interprété par des actrices débutantes qui s'en sortent plutôt bien et qui vont voir une légende urbaine venir transformer leur vie en cauchemar. A bien des égards, on peut dire qu'Alexandre et Julien ont réalisé, avec Kandisha, une sorte de Candyman à la française. Décor urbain, invocation d'un esprit vengeur, apparition spectrale, morts violentes, tentative de survie, le tout basé sur une légende antique. Le compte est bon. Avec une belle mise en scène et de beaux mouvements de caméra, les deux réalisateurs nous emmènent dans cette cité, au plus près des trois protagonistes principaux, nous dépeignant leur quotidien avec justesse, sans toutefois vouloir transformer leur film en documentaire ultra-réaliste sur la vie en banlieue. Non, ce qui les intéresse, c'est de faire intervenir le fantastique dans ce cadre réaliste, à la manière de Stephen King. Quand Morjana raconte l'histoire d'Aïcha Kandisha à ses deux amies, personne ne voit dans cette légende une part de réalité ou de possible. Pour les trois adolescentes, ça ne reste qu'une histoire à faire peur, racontée pour impressionner les enfants ou faire perdurer la légende à travers le temps. Quand Amélie évoque l'esprit de Kandisha, elle vient de subir une tentative de viol et c'est uniquement sous le coup de la colère qu'elle fait le rituel, sans y croire vraiment au fond d'elle-même. Mais parfois, les choses mortes reviennent bel et bien à la vie, comme dit dans les paroles de Pet Sematary des Ramones qu'on entend au début du film. Un petit clin d'oeil bien placé au célèbre film du même nom bien sûr ! Une fois Kandisha libérée, le film va petit à petit installer son ambiance horrifique, jouer plus sur le suspense, et nous dévoiler par petites touches son séduisant croquemitaine. D'abord montrée sous la simple apparence d'une femme portant une burqua la dissimulant entièrement, Aïcha Kandisha va prendre de plus en plus d'ampleur, nous montrer son ravissant visage (celui de l'actrice Mériem Sarolie en particulier) mais aussi ses pieds en forme de sabots de chèvre ! C'est tout de suite moins entraînant. Qui plus est, son attitude spectrale fait un peu flipper et en fin de compte, on n'a plus trop envie d'aller à sa rencontre malgré son physique attrayant. Il est également très intéressant de voir que le look même de Kandisha change au fil du temps, étant interprété par divers acteurs et actrices, avec des disparités au niveau du physique, ce qui est une bonne idée puisque cela permet de nous montrer que le djinn peut revêtir différentes formes en fonction des personnes ou des menaces qu'il a en face de lui. De plus, tout comme dans La Malédiction de Richard Donner, les morts violentes pourraient très bien n'être que de simples faits divers aux yeux des autorités, de simples accidents ou suicides. Pour Amélie, qui a réveillé l'entité maléfique, il en est tout autre puisqu'elle peut voir à travers les yeux de Kandisha le sort que cette dernière réserve à son entourage. Le gore s'invite de temps à autre à l'action et plus on avance dans le film, plus il est présent et plus les meurtres sont empreint de violence graphique, bénéficiant d'effets de maquillage réussis et parfois impressionnants : corps déchiré en deux, sabots écrasant des parties du corps, chute de plusieurs étages se terminant avec fracas et gerbe de sang, ça envoi du lourd sans occuper trop de place et de n'être qu'un étalage de scènes sanguinolentes. Car ce qui fait le charme de Kandisha, outre sa créature, c'est avant tout ses personnages, qui ont une vraie relation d'amitié, relation que les trois actrices parviennent sans difficulté à nous faire ressentir. Une relation qui va être mise à mal, qui pourrait exploser même, la pauvre Amélie étant considéré comme celle par qui est arrivé le malheur, mais l'amitié reste plus fort que tout et c'est ensemble qu'elles vont affronter la démoniaque Kandisha, aidé par le recteur d'une mosquée de quartier et un Iman ayant des connaissances en démonologie maghrébine et en exorcisme. La séquence dans l'appartement du sorcier est franchement bien foutue et remplit sa fonction : apporter de la tension et du stress au sein du film et faire grandir la menace. On appréciera également l'ultime séquence du film, bien dans l'esprit du final de certains films d'horreur 80's. Bref, encore un film intéressant de la part du duo français, qui, décidément, aime explorer diverses contrées du genre. Avec Kandisha, c'est un peu La Haine qui croise Candyman et le résultat n'est pas déplaisant, bien au contraire.
   


jeudi 12 août 2021

PIGS LES MONSTRES SANGLANTS

 

PIGS LES MONSTRES SANGLANTS
(Daddy's Deadly Darling / Pigs!)

Réalisateur : Marc Lawrence
Année : 1973
Scénariste : Marc Lawrence
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Toni Lawrence, Marc Lawrence, Catherine Ross, Jesse Vint, Paul Hickey...

L'HISTOIRE : Après s'être échappé d'un asile, la jeune Lynn trouve refuge chez monsieur Zambrini, un vieux fermier qui tient un petit restaurant et qui élève des porcs. Ces derniers sont particulièrement bruyants et créent des soucis de voisinage. Devenue serveuse dans le restaurant, Lynn, prise en affection par Zambrini, se fait draguer par Ben, qui tente de l'embrasser dans sa voiture. Après avoir essuyé un refus, Ben se fait inviter par Lynn à venir dans sa chambre. Là, la jeune femme, psychologiquement instable, l'assassine. Zambrini va donner le corps à ses porcs pour faire disparaître les preuves du meurtre...

MON AVIS : Acteur dans plus de 220 films et séries-télévisées, Marc Lawrence s'est également essayé à la réalisation, en tournant des épisodes de séries puis le film noir Tendre Garce (Nightmare in the Sun) en 1965 et enfin ce Pigs Les Monstres Sanglants en 1973. Avec ce film, Marc Lawrence porte plusieurs casquettes puisqu'il est réalisateur, scénariste, producteur et acteur ! Il interprète le personnage de Zambrini, ce curieux fermier qui nourrit ses porcs avec de la chair humaine ! Pour jouer le rôle de Lynn, jeune fille déboussolée et mentalement instable depuis que son père a abusé d'elle lorsqu'elle était enfant et qu'elle a assassiné, il choisit sa propre fille, Toni Lawrence, qu'on reverra dans quelques séries-télévisées ou téléfilms comme L'Unique Survivante en 1984. La lecture du synopsis nous fait rapidement comprendre que Pigs va être un film assez insolite qui va sentir bon la série B crasseuse et déviante à faible budget. Ce sera effectivement le cas. Tous les éléments sont réunis pour amadouer l'amateur d'étrangeté filmique : un fermier un peu zarbe, des porcs nourrit à la chair humaine, une fille victime d'inceste et pas bien dans sa tête, des meurtres ! Pas mal tout ça ! Mais ce n'est pas tout : on ajoute une bonne grosse pincée d'ambiance redneck et une bande son composée par Charles Bernstein qui s'avère souvent expérimentale et nous rappelle un peu celle de Massacre à la Tronçonneuse, avec ces gémissements et cris de porcs qui ont vite tendance à nous faire baisser le son tant ils prennent de la place et finissent par nous vriller le cerveau. Le casting est plutôt bien en place et Toni Lawrence assure pas mal en fille psychopathe, qui n'hésites pas à jouer du couteau ou à appeler son défunt papa d'une cabine téléphonique ! Outre cette jeune fille perturbée, Pigs nous présente toute une galerie de personnages étranges, que ce soit notre fermier déjà cité (et très bien interprété par le réalisateur), ses deux voisines qui n'en peuvent plus des cris de porcs et qui en arrivent même à penser que si on donne un cadavre à un porc, l'âme du défunt va se réincarner en cochon (et oui, on a même un peu de philosophie dans le film !), les deux agents de police qui tentent de démêler l'affaire concernant les disparitions des environs ou les travailleurs machos, dont Ben (Paul Hickey) qui reluque la sexy Lynn et va tenter de se la donner avec elle, à ses dépens bien sûr, le passé de la jeune fille ne l'aidant pas à apprécier la gent masculine. Malgré son titre, Pigs se focalise d'ailleurs bien plus sur la psychologie de son héroïne aux tendances meurtrières que sur les fameux porcs; Ces derniers ne sont en rien des animaux tueurs comme on aurait pu le penser, ils se contentent de manger le corps des victimes. Pas très grave au final car Marc Lawrence distille une ambiance assez malsaine tout au long des 80 minutes de son dernier long-métrage et c'est bel et bien cette ambiance qui concoure à faire de Pigs un film curieux et intrigant. Il est d'ailleurs dommage que cette histoire de réincarnation dans un cochon ne soit pas plus mise en avant dans le film et se retrouve délaissée au final. Quoique, la fin s'y rattache puisque le shérif découvre qu'il y a désormais 13 porcs et non douze comme au début et on retrouve un petit collier auprès de ce treizième cochon, ce qui semble vouloir indiquer que ce dernier est la réincarnation d'une défunte. D'ailleurs, l'un des titres alternatifs du film est The 13th Pig ! Si le film accuse un peu le poids des années, si le rythme n'est pas toujours au rendez-vous, on ne peut lui enlever une certaine attractivité de par son climat dérangeant, la folie de son héroïne, sa bande sonore hystérique parfois, ses meurtres un peu sanglant et ses porcs cannibales ! Pour amateurs de film insolite, ce qu'est totalement Pigs

* Disponible en DVD chez BACH FILMS