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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




samedi 27 février 2021

POSSESSION

 

POSSESSION
(Possession)

Réalisateur Andrzej Zulawski
Année : 1981
Scénariste Andrzej Zulawski
Pays : France, Allemagne
Genre : Drame, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Isabelle Adjani, Sam Neill, Margit Carstensen, Heinz Bennent, Michael Hogben...


L'HISTOIRE Après un long séjour à l'étranger, Marc retourne à Berlin pour y retrouver sa femme, Anna, et son fils Bob. Mais il réalise très vite que son épouse a changé. Il apprend notamment que celle-ci a un amant, un certain Heinrich. À cause de cela, les rapports du couple se dégradent rapidement. Marc décide alors d'engager un détective privé afin qu'il suive Anna, souvent absente du foyer. Un jour où Marc va chercher son garçon à l'école, il se rend compte que l'institutrice est le portrait craché de sa femme. Le détective, quant à lui, découvre avec effroi qu'Anna entretient une liaison avec… une « chose » monstrueuse...

MON AVIS : Le cinéaste polonais Andrzej Zulawski a remporté un beau succès critique et public en 1975 avec le film L'important, c'est d'Aimer avec Romy Schneider. Exilé en France, il décide de retourner dans son pays d'origine et débute le tournage de Sur le Glode d'Argent, un film de science-fiction qui ne plaît pas aux autorités polonaises, qui viennent interrompre le tournage quelques jours avant la fin de ce dernier. Déprimé par cette décision, Zulawski doit aussi faire face à un divorce qui le laisse anéanti. Il sombre dans la dépression, s'isole, boit beaucoup d'alcool et accouche au final d'un scénario qui sera celui de Possession ! Une histoire dense, celle d'un couple qui ne se comprend plus, qui n'arrive plus à communiquer mais qui ne peut se passer l'un de l'autre, et qui va, suite à cette rupture, sombrer dans la folie, l'aliénation, le chaos. Une histoire d'amour passionnée et passionnelle, hystérique, dépressive, dans laquelle Zulawski va intégrer le thème du double, à travers une "chose" monstrueuse, Lovecraftienne même, qui fait basculer le film dans une ambiance de drame horrifique totalement apocalyptique et nihiliste, qui ne manquera pas de marquer à vie les spectateurs de ce spectacle hors norme. Transcendés par une mise en scène et des placements de caméra qui suivent au plus près les deux acteurs principaux, les enfermant littéralement dans le "cadre de l'image", ce qui renforce encore plus l'impression de claustrophobie permanente dans laquelle ils évoluent, Possession ne serait toutefois rien sans la performance hallucinée et hallucinante de son duo de vedettes, à savoir Isabelle Adjani et Sam Neill. Les deux acteurs livrent une composition sans égale, notamment la belle actrice française qui joue l'hystérie excessive comme rarement vu sur un écran. Adjani est juste incroyable dans ce film, véritable tarée schizophrénique qui hurle, éructe, exprime la folie à travers son regard ou son rire et elle fait vraiment flipper, Zulawski lui offrant des scènes d'une puissance rare, comme celle du tunnel du métro, hors catégorie, celle où elle est face à une statue du Christ ou celle dans laquelle elle s'accouple à cette "chose" tentaculaire innommable, les bras en croix, une image lourde de symbolisme. Il y en a tant d'autres dans lesquelles l'actrice impressionne qu'il serait stupide de toutes les citer, il vous suffit de visionner le film pour être frappé par cette interprétation hors pair ! Sam Neill n'est pas en reste, amoureux éperdu qui ne sait plus quoi faire pour reconquérir sa femme sauf à la suivre dans sa folie et dans son cauchemar bien réel qui ne le laissera pas indemne, autant physiquement que psychologiquement. Si la thématique de la rupture, de la scission, de la division est omniprésent dans le film, à travers de nombreuses images allégoriques (le mur de Berlin est est l'une des plus explicites), la thématique du double fait également partie intégrante de cette oeuvre choc et elle s'illustre de façon magistrale dans la scène finale du film, qui peut donner lieu à diverses interprétations. Avec un rendu d'image très froid, très clinique, Possession est un grand film malade, bardé d'une violence explosive et sans concession, s'exprimant à travers des décors inquiétants, comme ce logement aux murs décrépis dans lequel vit la "chose". Une oeuvre puissante, qui met mal à l'aise, pas si facile d'accès que ça de par les différents niveaux d'interprétations des images proposées, mais qui laisse assurément des traces dans l'esprit du spectateur, signe de sa réussite. A noter que Possession possède trois montages : le montage original de 127 minutes, le montage américain de 77 minutes et le montage anglais de 118 minutes. Le montage original non censuré est évidemment à privilégier mais était-ce utile de le préciser ?

* Disponible en BR chez -> LE CHAT QUI FUME <- 



Image remasterisée de toute beauté et bonus en pagaille sont au programme de cette belle édition du Chat qui Fume, qui avait sorti les grands moyens pour ce film culte, puisqu'on pouvait également se le procurer en coffret collector et en édition spéciale, avec un disque UHD et un CD de la B.O. en prime !
BONUS
• Interview d'Andrzej Żuławski (36 min)
• Interview d'époque d'Andrzej Żuławski et des acteurs Sam Neill et Heinz Bennent (25 min)
• De l'autre côté du mur, "POSSESSION": Histoire d'un film (52 min)
• Les sons de "Possession", avec le compositeur Andrzej Korzyński (19 min)
• Notre ami de l'Ouest, avec le scénariste Christian Ferry (10 min)
• Une cité divisée : les lieux de tournage de "Possession" (7 min)
• Repossédé : le remontage de "Possession" (13 min)
• Basha, analyse d'une affiche (6 min)
• Petite anatomie de la rupture, analyse du film "Possession" (15 min)
• Scènes coupées (3 min)
• Rencontre avec la productrice Marie Laure Reyre , Dominique Schneidre et Daniel Bird (42 min)
• Le remontage de POSSESSION en version intégrale (1h17, non sous-titré)
• La restauration de Possession (25 min)
• Commentaire audio d'Andrzej Żuławski et Daniel Bird (non sous-titré)
• Piste musique et effets isolée
• Leçon de cinéma d'Andrzej Żuławski (1h43)
• Films annonces

dimanche 21 février 2021

L'HISTOIRE DU PETIT MUCK

L'HISTOIRE DU PETIT MUCK
(Die Geschichte vom kleinen Muck)

Réalisateur Wolfgang Staudte
Année : 1953
Scénariste Peter Podehl
Pays : Allemagne
Genre : Fantastique, Féerie
Interdiction : /
Avec Thomas Schmidt, Johannes Maus, Friedrich Richter, Silja Lesny, Alwin Lippisch...


L'HISTOIRE Pour faire cesser les moqueries d’enfants turbulents, le vieux potier bossu Muck leur raconte son histoire : orphelin très jeune, Muck partit dans le désert à la recherche du marchand de bonheur. Séquestré par une sorcière, il parvint à lui échapper, emportant au passage un bâton magique et une paire de babouches enchantées. Il s’en alla alors tenter sa chance à la cour du sultan...

MON AVIS : Adaptation d'un conte de Wilhelm Hauff, équivalent allemand des Frères Grimm, L'histoire du petit Muck est un film produit par la Deutsche Film (DEFA), réalisé par Wolfgang Staudte en 1953, et qui rencontra un succès colossal à l'époque, réunissant plus de 12,998,352 spectateurs dans les salles, ce qui le classe N°1 au box-office de l'ancienne RDA ! Un succès impressionnant pour un conte féerique pour enfant mais la fin de la Seconde Guerre mondiale quelques années plus tôt et l'envie de s'évader et de rêver du public après les horreurs de la guerre peut l'expliquer. Suivant le modèle des contes des Mille et Une Nuits, L'Histoire du petit Muck se déroule dans un pays oriental, avec de jolis décors recréés pour l'occasion, de somptueux costumes arabisants, et une bien belle histoire qui ne manquera pas d'illuminer les yeux de votre progéniture. Au début du film, Muck est un vieux potier, qui à la malchance d'être bossu, ce qui lui vaut d'être constamment moqué par les enfants de la ville et d'être surnommé "le vilain homme", ce qui l'attriste au plus haut point. Un jour où les enfants le poursuivent, Muck parvient à les enfermer dans sa maison et leur propose de leur raconter son histoire, quand il n'était qu'enfant. Débute alors un conte de fée qui ne sombre jamais dans la mièvrerie malgré un aspect enfantin prononcé. Bien décidé à rencontrer le Marchand de Bonheur après la mort de son père, le petit Muck s'en va à travers le désert à la recherche de ce Marchand qu'il ne trouvera jamais évidemment. Néanmoins, son périple va lui faire croiser d'autres personnages intrigants, comme cette curieuse femme qui vit dans un environnement en ruine, entourée de dizaines de chats et qui s'avérera être une sorcière. Là, le petit Muck va découvrir une paire de babouches et un superbe canne, qu'il va emporter avec lui en s'enfuyant. Deux objets d'apparences anodines mais qui vont vite se révéler être magiques ! Une fois chaussés, les babouches, si on en relève la partie arrière, deviennent de véritables chaussures de courses, permettant à Muck de se déplacer à la vitesse d'une fusée ! L'humour est bien sûr présent dans le film et ces drôles de chaussures devront être domptées par notre jeune héros, qui aura bien des difficultés à s'arrêter avant d'en comprendre le principe ! La magie de ses babouches vont lui permettre d'être reçu à la cour du Sultan, qui vit entouré de sa fille, la princesse Amarza (Silja Lesny) et de vils conseillers qui ne pensent qu'à s'enrichir en détournant la fortune de leur maître. Par son ingéniosité, son courage et sa franchise, le petit Muck va gagner sa place au sein du palais, créant la jalousie chez les conseillers; C'est également ici qu'il découvrira le pouvoir de sa canne, qui à la particularité d'être aimantée quand elle est proche d'un trésor ! Muck va devoir remplir plusieurs missions et vivre de belles aventures, devant rapporter rapidement un médicament à une femme mourante ou éviter une guerre entre son maître et le sultan d'une autre ville, le fils de ce dernier étant amoureux de la princesse Amarza. On le voit, tous les ingrédients du conte féerique sont réunis ici pour apporter un réel enchantement au public. Les effets-spéciaux sont peu nombreux mais ils sont plutôt bien intégrés aux images et se montrent ingénieux pour l'époque. Le jeune comédien Thomas Schmidt, qui interprète le petit Muck, est formidable et livre une solide composition pour son âge. Le film a bien sûr une morale pour les enfants, leur fait comprendre qu'il faut accepter ceux qui sont différents et que toutes personnes a quelque chose de bon en lui entre autres messages positifs. Si vous avez des bambins à la maison, n'hésitez donc pas à leur montrer L'Histoire du petit Muck, un film où la violence est absente et qui leur permettra de s'évader durant 95 minutes...

* Disponible en DVD chez -> ARTUS FILMS <-



samedi 20 février 2021

CELLAR DWELLER

 

CELLAR DWELLER
(Cellar Dweller)

Réalisateur John Carl Buechler
Année : 1988
Scénariste Don Mancini
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Yvonne De Carlo, Debrah Farentino, Brian Robbins, Pamela Bellwood, Miranda Wilson...


L'HISTOIRE : Colin Childress est un auteur de bande-dessinée d'épouvante à succès, notamment avec le titre Cellar Dweller. Alors qu'il crayonne une nouvelle histoire, dans lequel un horrible démon s'en prend à une jeune femme, il a la surprise de voir apparaître dans le monde réel le démon et la jeune femme qu'il est en train de dessiner. Après un combat acharné, il parvient à détruire le démon en brûlant les pages de sa BD mais il meurt également dans l'incendie. Trente ans plus tard, Whitney Taylor obtient une place dans l'académie d'arts où travaillait Colin Childress. Dessinatrice, son ambition est de faire renaître de ses cendres Cellar Dweller. La directrice l'autorise à établir son lieu de travail dans une pièce fermée, ancien bureau de Colin Childress. Après avoir trouvé les anciennes affaires de Colin, dont un vieux grimoire, Withney se met au travail et reproduit le fameux démon dans sa BD. Ce dernier reprend alors vie et va semer la mort parmi les artistes présent à l'académie...

MON AVIS : Lecteur de la revue Mad Movies et L'Ecran Fantastique depuis le milieu des années 80, j'étais tombé sur ce chouette visuel dans une des pages de ces magazines et depuis ce temps, je n'avais jamais eu l'occasion de pouvoir visionner ce Cellar Dweller, petite production Empire Pictures, société spécialisée dans la série B fantastique et horrifique à faible budget créée par Charles Band, qui a produit entre autres Dreamaniac, Zone Troopers, Necropolis, Robot Holocaust, Creepozoïds et donc ce Cellar Dweller, réalisé en 1988 par un spécialiste des effets-spéciaux et de maquillage, j'ai nommé John Carl Buechler. Oui, celui-là même qui a offert aux fans de nanar le fameux Troll en 1986, Ghoulies 3 en 1990 mais aussi, en plus réussi, Vendredi 13 chapitre 7 en 1988. Honnêtement, je m'attendais à visionner un gros nanar avec Cellar Dweller et au final, j'ai plutôt été surpris, dans le bon sens du terme. C'est sûr qu'on ne classera pas ce film dans la catégorie des chefs-d’œuvre, ni même des très bons films mais franchement, c'est une petite série B bien sympa, bien troussée, assez bien jouée en plus, qui possède un monstre qui en jette, malgré certaines animations du visage qui font un peu cheap de nos jours, et surtout, dont l'histoire et son traitement pourraient très bien se voir comme une adaptation d'un sketch version longue de la série Les Contes de la Crypte ou d'une fameuse BD EC Comics !  Avec son histoire de dessinateur de BD dont les créations crayonnées prennent vie dans la réalité, on tient en effet tout ce qui fait le charme des épisodes de cette série ou de ces BD cultes. John Carl Buechler a peaufiné ses décors, peu nombreux il faut dire puisqu'on a juste la devanture de l'académie des arts ainsi que quelques pièces intérieures, mais aussi sa direction d'acteur, et notamment du personnage principal, interprété par une Debrah Farentino très investie dans son rôle ! A ses côtés, on trouve des protagonistes plus anecdotiques, qui servent juste à devenir de futures victimes de notre vilain démon, comme Amanda (Pamela Bellwood), Norman (Vince Edwards) ou Lisa (Miranda Wilson), cette dernière nous offrant une séquence topless dans une douche ! On notera que la directrice de l'académie n'est autre que Yvonne De Carlo, célèbre actrice à la prestigieuse filmographie. Tous ses personnages vont s'entrecroiser, avoir des rivalités (Amanda et l'héroïne par exemple) et finiront par subir la cruauté de notre démon surgit des images de papier, ce qui nous vaudra une jolie décapitation et quelques mastications de membres humains par notre gros monstre dont le ventre est marqué d'un pentagramme ! La réalisation est vraiment soignée et il y a de bonnes idées, comme l'intégration des personnages dans les dessins par exemple et le fait que la dessinatrice puisse changer leur destin grâce à ses coups de crayons ! Bref, si vous croisez le chemin de Cellar Dweller un de ces quatre matin, ne détournez pas le regard et laissez-vous embarquer dans cette pure ambiance de comic horrifique ! Cerise sur le gâteau, la scène d'introduction nous offre dans le rôle de Colin Childress l'acteur culte Jeffrey Combs, qu'on ne présente plus ! Vraiment un petit film agréable et divertissant ! 


jeudi 18 février 2021

BOXCAR BERTHA

 

BOXCAR BERTHA
(Boxcar Bertha)

Réalisateur : Martin Scorsese
Année : 1972
Scénariste Joyce Hooper Corrington
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Policier, Romance
Interdiction : -12 ans
Avec Barbara Hershey, David Carradine, Barry Primus, Bernie Casey, John Carradine...


L'HISTOIRE En Arkansas, pendant la Grande Dépression, Bertha Thompson assiste à la mort de son père. Seule, sans travail ni domicile, elle se déplace d'un coin à l'autre en utilisant les wagons de trains de marchandises. Elle fait la connaissance de Big Bill Shelly, un syndicaliste révolté avec lequel elle va former un couple de pilleurs de trains...

MON AVIS : Suite au succès en 1967 du classique d'Arthur Penn, Bonnie & Clyde, de nombreux producteurs et réalisateurs vont vouloir surfer sur cette vague et proposer au public des films de gangsters lorgnant vers la violence. Le célèbre Roger Corman a évidemment pris le train en marche en réalisant Bloody Mama en 1970 avec Shelley Winters. Impressionné par un travail d'étude d'un certain Martin Scorsese, il rencontre ce dernier et lui propose de réaliser un film dans le même genre pour sa société de production. Corman offre peu de budget à Scorsese mais lui laisse une totale liberté de mise en scène. Le scénario a pour base un roman bibliographique consacré à Bertha ThompsonSister of the Road: The Autobiography of Boxcar Bertha, écrit par le Dr. Ben Reitman. L'histoire intéresse Scorsese qui accepte donc la proposition de Corman. Le réalisateur n'a qu'un seul long-métrage à son actif, Who's That Knocking at My Door réalisé en 1967. Boxcar Bertha sera donc le second film de sa longue et emblématique carrière et on y trouve déjà quelques éléments de son futur cinéma. Le personnage principal, Bertha Thompson donc, est superbement interprété par la peu farouche Barbara Hershey, qui se laissera filmer nue à plusieurs reprises dans le film, ce qui était une demande de Corman. C'est un personnage comme les aime Scorsese, une jeune paumée, mise de côté par la société, qui a assisté à la mort de son père lors d'un vol d'épandage alors que ce dernier avait dis à son employeur que le moteur de son avion avait des ratés. Présente sur les lieux du drame et ayant assisté à la discussion pré-accident, Bertha a donc une image déjà négative des hommes riches, qui asservissent les plus faibles qui n'ont pas le choix que de travailler dans les pires conditions pour gagner leur vie. Cette vision du monde du travail sera encore plus mise à mal quand elle fera la connaissance de Big Bill Shelly, un syndicaliste révolté, joué par David Carradine. Une romance naîtra entre les deux personnages et leur parcours va véritablement les souder, les unir, leur faire prendre des risques et les mener sur le chemin du banditisme et du braquage de trains. Un couple d'écorchés vifs, qui nous rappelle donc Bonnie & Clyde bien sûr. Les deux héros seront aidés dans leur entreprise par deux acolytes, Rake Brown, un joueur arnaqueur interprété par Barry Primus et un joueur d'harmonica noir, Von Morton, joué par l'acteur Bernie Casey. La petite bande refuse d'être des brutes sanguinaires, à contrario de la police, présentée comme des hommes violents et racistes. Ils vont tout faire pour braquer les trains et les passagers de manière douce et calme. Mais le road movie proposé par Scorsese va bien évidemment bifurquer vers une violence plus radicale, notamment lors d'un final explosif qui surprendra assurément le spectateur car proposant des scènes inattendues, comme une crucifixion par exemple. L'aspect politique du film est extrêmement présent de par son sujet, avec un certain manichéisme d'ailleurs (les patrons sont tous des méchants hommes d'affaires qui n'ont que faire du petit peuple, qu'ils exploitent pour leur profit et leur intérêt personnel, à l'image du patron d'une boite de chemin de fer, joué par l'illustre John Carradine, papa de David justement...) mais pas toujours, comme lorsque que Big Bill Shelly va apporter l'argent d'un braquage au bureau de son syndicat. Si Bertha est bien la protagoniste principale, Scorsese ne néglige pas ses autres personnages et leur donnent une réelle épaisseur, les entraînant peu à peu dans une spirale infernale qui semble ne pouvoir se terminer que dans la tragédie. La mise en scène est correcte, de facture assez classique mais elle se permet parfois des prises de risques, comme ces zooms ultra-rapides ou ces ellipses scénaristiques qui peuvent déstabiliser. En tout cas, pour un pur film de commande et d'exploitation, Martin Scorsese s'est bien démené et à élevé le niveau de l'oeuvre de par son implication totale dans le processus créatif. On sent une réelle motivation derrière chaque plan et on peut effectivement déceler dans Boxcar Bertha les prémices de ses futurs chef-d’œuvres ! 

* Disponible en COMBO DVD + BR chez -> RIMINI EDITIONS <-

     

mardi 16 février 2021

THE GATE

 

THE GATE
(The Gate)

Réalisateur : Tibor Takacs
Année : 1987
Scénariste Michael Nankin
Pays : Canada
Genre : Fantastique
Interdiction : /
Avec : Stephen Dorff, Christa Denton, Louis Tripp, Kelly Rowan, Jennifer Irwin...


L'HISTOIRE Profitant de l'absence de leurs parents lors d’un week-end, Alexandra organise une fête avec ses amis dans la maison familiale, tandis que son jeune frère Glen découvre avec son copain Terry un trou profond dans le jardin. Ils réalisent que celui-ci est un passage menant dans une autre dimension peuplée d’entités maléfiques. Les deux garçons vont alors tout mettre en œuvre afin de repousser les forces démoniaques avant que celles-ci ne transforment leur vie en véritable cauchemar...

MON AVIS : Réalisé en 1987 par Tibor Takacs, futur metteur en scène de Lectures Diaboliques, The Gate 2, d'une poignée de film d'action 90's puis de nombreux films d’agressions animales horrifiques tels Ice Spiders, Megasnake, Killer Rats ou Kraken, voici donc The Gate, petite série B qui a pas mal cartonnée à l'époque, notamment en VHS. C'est un film typique 80's, qui peut franchement servir de tremplin aux parents fans du genre qui voudraient former, en douceur, leur progéniture au cinéma fantastique et horrifique. Le film plaira, en effet, principalement aux jeunes enfants et adolescents puisqu'il met justement en vedette un trio d'ados, à savoir le jeune Glen (Stephen Dorff, alors âgé de 14 ans et totalement méconnaissable ici), sa grande sœur Alexandra (Christa Denton, qui n'a pas fait carrière dans le cinéma) et Terry, le camarade de Glen (Louis Tripp, qu'on reverra dans The Gate 2 et qui n'a pas fait carrière lui non plus dans le cinéma). Les amateurs, alléchés par les petites créatures présentes sur l'affiche française du film, devront néanmoins patienter plus de 45 minutes avant que ces dernières n'apparaissent à l'écran. C'est un peu le problème de The Gate, qui ne propose pas grand chose durant ses premières quarante-cinq minutes hormis des scènes assez banales entre nos ados. Se servant de l'absence de ses parents aux domicile familial, Alexandra organise une fête avec ses amis, pendant que son frère reste dans sa chambre avec Terry. Discussions entre filles, tentative de séduction d'un garçon et j'en passe, il n'y a pas grand chose de passionnant dans la première partie de The Gate, malgré l'apparition d'un trou béant au milieu du jardin suite à l'arrachage d'un arbre foudroyé. Un trou qui va se révéler être une porte inter-dimensionnelle, pouvant amener sur Terre un antique démon et ses petites créatures si un rituel est prononcé et que certaines conditions sont remplies. Ce rituel, Tibor Takacs à l'idée amusante de l'insérer à l'intérieur de la pochette d'un disque de hard-rock, Terry étant fan de ce genre musical comme en témoigne les nombreux posters dans sa chambre, à l'effigie d'Iron Maiden entre autres. On le sait, la musique métal est souvent considérée par ses détracteurs comme étant une musique sataniste et c'est avec ce gros cliché que joue le réalisateur dans The Gate. L'histoire emprunte aussi à Lovecraft avec ces espèces de gros météores que les deux garçons trouvent sous la terre et qui, une fois brisée, s'illuminent de manière étrange. Ce qu'il est intéressant de noter, c'est que les adultes sont totalement absents de l'histoire de The Gate. Ce sera bel et bien du côté de nos trois ados que le salut de la Terre se trouvera, ces derniers devant comprendre le mécanisme du rituel et réparer eux-mêmes les erreurs et les imprudences dont ils ont fait preuve et qui ont libéré les forces infernales. Le décor du film se concentre principalement sur la demeure familiale et le jardin, qui vont, à l'image de Poltergeist entre autres, devenir le centre d'attention de tous les événements surnaturels proposés à l'écran. Si toute la mise en place desdits événements pourra apparaître comme un peu trop longue pour le spectateur adulte, qui attend plus que de raison de voir se déclencher l'affrontement avec les forces du Mal, une fois les quarante-cinq passées, le film devient des plus divertissants et nous offre un florilège d'effets-spéciaux franchement bien foutus, avec, notamment, ces fameuses petites créatures conçues en animatronique et animées image par image. Les bestioles, petits démons au look vraiment sympa, vont intervenir à multiples reprises et seront l'attraction-phare de The Gate, qui fait aussi état d'une sorte de zombie sortant d'un des murs de la maison et qui participe à la meilleure scène du film de Tibor Takacs, celle où il s'écroule et laisse apparaître plusieurs petits démons ! Un effet spécial vraiment admirable, encore de nos jours. Comme on l'a dit, les petits démons en servent un nettement plus imposant, qui surgira lors du final, permettant à Glen, enfant timide et qui aimerait bien se rapprocher de sa sœur Alexandra, qui le met un peu de côté en grandissant, de devenir le héros du film et le sauveur de l'Humanité ! Une destinée attendue bien sûr, le scénario ne réservant quasiment aucune surprise en son sein. Hormis une séquence un peu gore, The Gate est un spectacle plutôt gentillet qui pourra réunir toute la famille devant l'écran. En 2021, le film se veut un peu kitsch évidemment mais il reste divertissant et amusant. On ne criera pas au génie, ce n'est pas non plus une oeuvre marquante du genre mais il possède ses fans et l'aspect nostalgique 80's joue encore en sa faveur si on n'en attend pas trop...

* Disponible en BR chez -> LE CHAT QUI FUME <- 
Comme d'habitude, une édition qui nous offre une superbe copie présentée dans un beau digipack trois volets et bardée de bonus :
- De l'enfer : créatures et démons de The Gate, avec Randall William Cook et Craig Reardon (effets spéciaux) (15 min)
- Venu de l'enfer, avec Andras Hamori (producteur) (13 min)
- Les gardiens de la porte, avec Michael Nankin (scénariste) et Tibor Takács (réalisateur) (16 min)
- Créer les Minions, avec Craig Reardon (effets spéciaux) (22 min 30)
- L'Ouvrier parle, avec Carl Kraines (12 min)
- Le passage ouvert, avec Randall William Cook (effets spéciaux) et Tibor Takács (réalisateur) (28 min)
- Made in Canada (28 min 30)
- Making-of de The Gate (23 min)
- Film annonce


dimanche 14 février 2021

JEANNE D'ARC (1935)

 

JEANNE D'ARC
(Das Mädchen Johanna)

Réalisateur Gustav Ucicky
Année : 1935
Scénariste Gerhard Menzel
Pays : Allemagne
Genre : Drame, Historique
Interdiction : /
Avec Angela Salloker, Gustaf Gründgens, Heinrich George, René Deltgen...


L'HISTOIRE A la fin de la Guerre de Cent ans, la France va de défaites en défaites face aux Anglais. Seule la ville d’Orléans résiste, défendue par La Trémoille, Dunois, et d’Alençon. A Domrémy, en Lorraine, une jeune fille de 17 ans, Jeanne, entend la voix de l’archange Michel. Il lui dit d’aller retrouver le dauphin Charles pour le faire couronner à Reims. Après le sacre, lui seul pourra bouter les Anglais hors de France...

MON AVIS : Personnage emblématique, Jeanne d'Arc a inspiré de nombreux cinéastes et ce, dès la naissance du cinéma. Méliès lui-même a réalisé Jeanne d'Arc en 1900 par exemple. Par la suite, on trouvera La Vie de Jeanne d'Arc (1909), Joan the Woman (1916), La Passion de Jeanne d'Arc (1928), Jeanne d'Arc (1948), Jeanne au Bûcher (1954), Sainte Jeanne (1957), Procès de Jeanne d'Arc (1962), Jeanne la Pucelle (1994), Jeanne d'Arc (1999) ou bien Jeanne (2019), cette liste étant loin d'être exhaustive. Plus étonnant sera Das Mädchen Johanna, réalisé en 1935 par Gustav Ucicky et qui est donc un film allemand. En 1935, le cinéma allemand est déjà totalement sous contrôle de Joseph Goebbels, qui n'hésite pas à se déplacer sur les tournages pour être sûr que les films ne contiennent rien d'anti-allemand ou ne font pas de propagande contre les nazis. Est-ce à dire que le Jeanne d'Arc de Gustav Ucicky est un film de propagande nazi ? On n'ira pas jusque là puisqu'on a plutôt affaire à un film de divertissement historique, qui va d'ailleurs pas mal broder ou modifier les faits véritables. Il n'empêche que la figure même de Jeanne d'Arc et ce qu'elle représente, à savoir un sauveur venu libérer le peuple des méchants assaillants étrangers, peut difficilement être détournée de comment le peuple allemand a considéré son Führer, qui, le concernant, a toujours eu de l'admiration pour les grandes figures historiques libératrices. Sans être clairement étiqueté film de propagande, Das Mädchen Johanna en a quelques relents en son sein, souvent présentés de manière allégorique. Au delà de ça, le film de Gustav Ucicky est avant tout un beau livre d'images, ayant dans son casting quelques grands acteurs allemands de l'époque, comme Gustaf Gründgens ou Henrich George par exemple. Si le film peut apparaître comme fort théâtral dans le jeu d'acteurs, notamment avec la séquence d'ouverture qui verse presque dans le burlesque à grand renfort de mimiques et de gestuelles amplifiées, le travail sur les décors est très bien mis en avant, de même que les costumes. L'actrice qui joue Jeanne, Angela Salloker, est dans une bonne moyenne, même si on lui préférera évidemment Ingrid Bergman. Le personnage de Jeanne est d'ailleurs légèrement mis à l'écart ici, n’apparaissant qu'au bout de trente minutes environ, et servant plus de faire-valoir au roi Charles VII, qui est la véritable vedette du film en fait. Un roi malin, fin stratège, qui a compris comment utiliser la foi de Jeanne pour donner l'envie au peuple et à l'armée de la suivre au combat. Il est également assez habile pour se défaire de l’influence néfaste de ses conseillers, tous présentés comme des personnages exubérants, alcooliques, tricheurs et peu fidèles à leur souverain, ce qui renforce à nouveau le côté théâtral de l'oeuvre, qui pourra déplaire à certain. Reste que visuellement, le film assure ce qu'il faut et c'est surtout pour son esthétisme pictural qu'il mérite d'être découvert. Les fans de cinéma allemand des années 30 seront en tout cas en territoire connu et devrait pleinement apprécier cette Jeanne d'Arc produite par l'UFA...

* Disponible en combo Mediabook DVD + BR chez ARTUS FILMS    
Diaporama d’affiches et de photos
- Livret 80 pages rédigé par David Didelot : J’ai nom Jeanne la pucelle



LE MIEL DU DIABLE

LE MIEL DU DIABLE
(Il Miele del Diavolo)

Réalisateur Lucio Fulci
Année : 1986
Scénariste Lucio Fulci, Jaime Jesús Balcázar, Ludovica Marineo, Vincenzo Salviani
Pays : Italie, Espagne
Genre : Drame, Thriller, Érotique
Interdiction : -16 ans
Avec : Brett Halsey, Corinne Cléry, Blanca Marsillach, Stefano Madia, Paula Molina...


L'HISTOIRE Cécilia et Gaetano vivent une relation amoureuse tumultueuse, basée sur la domination et le masochisme. Gaetano est un musicien, saxophoniste assez doué, qui aime par-dessus tout le sexe et qui n’hésite pas à obliger Cécilia à se soumettre à tous ses désirs pervers. Lors d’une virée à moto, le couple a un accident qui paraît sans gravité mais Gaetano tombe dans le coma peu de temps après. Le docteur Domenici tente de lui sauver la vie mais échoue. Lorsque Gaetano décède, Cécilia tient le docteur pour responsable et le kidnappe, bien décidée à le faire payer pour ne pas avoir réussi à sauver son amoureux…

MON AVIS : On sait que Lucio Fulci est un habile touche-à-tout et qu'il s'est illustré de bien belle manière dans les divers genres qu'il a approché, que ce soit la comédie avec On a demandé la main de ma sœur), le western avec Le Temps du Massacre), le giallo avec Le Venin de la peur, le film de machination avec Perversion Story, le drame historique avec Beatrice Cenci, le polar avec La Guerre des Gangs ou le film d'horreur avec Frayeurs ou  L'Au-Dela pour n'en citer que quelques-uns. Tombé gravement malade après le tournage de Murderock en 1984, ce qui l'éloigne pour un temps des plateaux de cinéma, Fulci, bien qu'encore affaibli, accepte de reprendre du service deux ans plus tard, pour une co-production italo-espagnole et dans un genre auquel il ne s'est pas encore essayé, à savoir le drame érotique. Ce film, ce sera donc Le Miel du Diable, oeuvre relativement méconnue du réalisateur, peu citée des fans mais qui est pourtant des plus intéressantes et qui s'avère plutôt bien maîtrisée qui plus est, l'histoire ne se privant pas d'intégrer des thématiques chères au metteur en scène, comme la notion de mort, de désespoir ou de fatalité. Interprété par un casting qui sied bien à l'univers malsain du film, porté par la performance de l'actrice Blanca Marsillach, qui joue le personnage psychologiquement instable de Cecilia, mais également par Brett Halsey (le docteur Domenici), Corinne Cléry (la femme frustrée de Domenici) ou Stefano Madia (le macho Gaetano), Le Miel du Diable met particulièrement bien en avant son argument érotique, avec de nombreuses scènes de sexe bien filmées et dans lesquelles Fulci sublime les corps parfaits de ses deux actrices. Mais ces séquences érotiques sont toutes parsemées d'un côté malsain, que ce soit la relation entre Gaetano et Cecilia, qui flirte dangereusement avec la sado-masochisme, ou la relation entre le docteur Domenici et sa femme, qui reste platonique et désespérante. Le fait que les personnages n'ont pas de véritable relation amoureuse tendre et reposante amplifie la part ténébreuse du Miel du Diable. L'emprise qu'exerce Gaetano sur Cecilia est à ce titre particulièrement destructrice, cette dernière ne se voyant que comme un vulgaire bout de viande que son compagnon peut malaxer et pétrir comme bon lui semble. Les penchants pervers de Gaetano, véritable libertin doublé d'un côté macho prononcé, font subir une réelle pression psychologique à la jeune femme, qui ne parvient pas à se détacher de cette relation toxique et cède à tous les désirs de son fiancé, quels qu'ils soient. C'est une relation toxique mais néanmoins fusionnelle tant les deux amants ne peuvent vivre l'un sans l'autre. A l'inverse, la relation de couple du docteur Domenici avec sa femme est en encéphalogramme plat. Totalement impuissant à faire l'amour à sa femme, le médecin doit combler cette perte de virilité avec des prostituées, ne se rendant même pas compte que sa femme est au courant de ses liaisons. On le voit, l'amour dans Le Miel du Diable est loin d'être gai, le film ne respirant jamais la joie de vivre, et son fatalisme, voire même son nihilisme, est assez perturbant. Fulci a réalisé un film de dépressif, dans lequel tous les personnages, masculins ou féminins, sont des pervers, des névrosés. Le film bascule ensuite dans une sorte de film de vengeance une fois le Dr Domenici kidnappé par Cécilia. Comme ce dernier, ne pensant qu'aux paroles de sa femme demandant le divorce, a raté l'opération du cerveau sur Gaetano, Cecilia le tient pour responsable et ne voit plus qu'en lui le meurtrier de son amour. On assiste alors à un huis clos troublant, dans lequel le syndrome de Stockholm trouve sa place de façon toujours aussi malsaine. La caméra de Fulci suit les courbes affriolantes de Blanca Marsillach, sonde le visage et l’âme de Brett Halsey, qui semble trouver dans cette nouvelle relation d’humiliation la solution à son impuissance. La dernière image, un pistolet, nous indique que cette liaison ne trouvera son issue que dans la mort. Bref, malgré quelques menus défauts et un aspect parfois téléfilm du rendu de l'image, Le Miel du Diable est une oeuvre à réévaluer à la hausse je pense, qui propose de bonnes idées (l'utilisation du saxophone comme objet phallique lors d'une scène érotique troublante entre autres) et qui bénéficie d'une ambiance défaitiste vraiment marquante. C'est en tout cas un film largement supérieur aux films à venir de Lucio Fulci, qui va sombrer dans une spirale infernale de décadence cinématographique bien éloignée des perles qu'il a su nous offrir auparavant...

* Disponible en combo Mediabook DVD + BR chez ARTUS FILMS
Proposé avec un nouveau master 2K et en version intégrale, Le Miel du Diable peut enfin être visionné dans de très bonnes conditions, ce qui amplifie le fait qu'il doit être réévalué séance tenante. Des bonus sont bien sûr proposés, comme des entretiens avec Claudio Natili, Vincenzo Salviani, Corinne Cléry ou Antonella Fulci. Un diaporama d’affiches et de photos, le générique français et un livret de 80 pages viennent s'ajouter à cette belle édition.


samedi 13 février 2021

ANTEBELLUM

 

ANTEBELLUM
(Antebellum)

Réalisateur Gerard Bush, Christopher Renz
Année : 2020
Scénariste Gerard Bush, Christopher Renz 
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec Janelle Monáe, Eric Lange, Jena Malone, Jack Huston, Robert Aramayo...


L'HISTOIRE : Au temps de la guerre de Sécession. Une garnison sudiste a élu refuge dans une plantation de coton. Les soldats maltraitent les noirs, véritables esclaves n'ayant pour seul droit que celui d'obéir à l'homme blanc sous peine de sévices voire de mort. Parmi ces esclaves se trouve Eden, une jeune femme qui a déjà tenté de s'échapper et qui vit dans la maison du général sudiste. A notre époque, la romancière noire Veronica Henley, qui a publié divers ouvrages sur la condition des noires dans l'Amérique et milite pour une reconnaissance du peuple noir en tant qu'égal du peuple blanc, fait de fréquents cauchemars dans lesquels elle se retrouve dans ce monde effroyable en tant qu'Eden. Un monde dont elle doit percer les mystères avant qu'il ne soit trop tard...

MON AVIS : Tiens, un nouveau film de Jordan Peele ? Ah non. Pourtant, ça aurait clairement pu être lui le réalisateur d'Antebellum, film qui se rapproche de Get Out ou de Us dans sa thématique et l'emploi d'acteurs noirs en tant que vedettes principales et qui réserve également au public un twist scénaristique en fin de parcours. Les films à twist, j'aime beaucoup ça car je ne les trouve jamais et je me fais toujours avoir. Pas la. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai deviné le twist d'Antebellum. Pourtant, les deux réalisateurs / scénaristes,  Gerard Bush et Christopher Renz, même s'ils ont disséminés des tas d'indices tout au long de la progression de l'histoire, ont bien bossé pour nous la cacher cette vérité, cette pirouette scénaristique et pour nous induire en erreur. La première partie du film, se déroulant dans une plantation de coton en terre sudiste durant la guerre de Sécession, est très travaillée et particulièrement maîtrisée, nous présentant la face sombre de l'homme blanc, se croyant supérieur à l'homme noir, qu'il traite comme un vulgaire bout de viande. Le racisme, la haine du noir, est bien mis en avant ici, et le sort réservé aux rebelles n'est guère enviable. Certes, on n'échappe pas au côté manichéen puisque dans cette garnison sudiste, aucun blanc n'est bon. Qu'il soit Général ou simple soldat, les blancs sont des ordures prenant un malin plaisir à humilier, violenter, frapper, fouetter les noirs, qu'ils soient homme ou femme. Cette partie nous permet également de faire connaissance avec Eden, une jeune femme noir qui a tenté de s'échapper mais qui a été rattrapé. On s'attend à ce qu'Antebellum en fasse son personnage principal lorsque, sans prévenir, l'histoire bifurque à notre époque, où l'actrice Janelle Monáe, qui joue Eden, interprète un nouveau personnage, celui de Veronica Henley, autrice politisée qui lutte pour le droit des noirs en Amérique, principalement celui des femmes, contre le suprématisme blanc et la racisme ordinaire. La juxtaposition d'image lors de cette transition d'époque assez abrupte nous mène à penser qu'Antebellum va nous la jouer fantôme du passé qui revient hanter l'héroïne ou personnalité réincarnée dans un nouveau corps (Eden dans Veronica donc) par exemple. Tout comme Veronica, victime de cauchemars mettant en scène Eden, le spectateur va devoir se creuser les méninges pour comprendre les rouages et les mécanismes du scénario tortueux du duo Gerard Bush / Christopher Renz et deviner là où ils veulent nous emmener. Un scénario assez malin et une idée astucieuse en fait. Sauf que cette fois, une fois l'histoire revenue au présent (et devenant par là même moins intéressante, avec ce restaurant entre copines qui s'éternisent entre autres), mon esprit a deviné le pot-aux-roses, que je ne vous dévoilerai pas bien sûr. Je vous rassure, deviner le twist ne gâche pas vraiment le film, qui est d'ailleurs plus un drame teinté de thriller qu'un film d'épouvante ou d'horreur, comme il nous a été vendu. On peut même le classer dans les films politiques puisqu'il dénonce, comme déjà dit, le racisme toujours bien présent parmi une bonne frange de la population américaine, entre autres. L'idée même du film fait d'ailleurs froid dans le dos et pourrait se retrouver dans la rubrique faits divers malheureusement. Avec une belle mise en scène, des plans léchés et travaillés, une violence qui met souvent mal à l'aise et qui nous rappelle certaines séquences de Django Unchained, ce premier film de Gerard Bush / Christopher Renz se montre original sans toutefois être parfait. La partie du film se déroulant à notre époque peut apparaître parfois ennuyeuse même si elle est nécessaire pour amplifier la thématique du film. A noter une bonne interprétation de la charmante Jena Malone, qu'on se plaît à détester dans la peau de son personnage qui n'est malheureusement pas assez exploité à mon avis. 

* Disponible en DVD et BR chez -> METROPOLITAN VIDEO <-



vendredi 12 février 2021

MAGIC

 

MAGIC
(Magic)

Réalisateur Richard Attenborough
Année : 1978
Scénariste : William Goldman 
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J. André...


L'HISTOIRE : Corky Withers veut percer dans le monde de la magie mais sa timidité l'empêche d'accéder au succès, malgré les conseils de son mentor. Une fois ce dernier décédé, Corky doit trouver une solution pour vaincre sa timidité et parvenir à captiver le public avec son numéro de cartes. Après avoir travaillé dur, Corky se fait remarquer par un célèbre agent qui voit dans son nouveau numéro un extraordinaire potentiel. Il faut dire que Corky a trouvé l'idée parfaite qui fait de lui le nouveau chouchou du public : il est désormais accompagné de Fats, une marionnette lui ressemblant et qui n'a pas sa langue dans sa poche. En mélangeant tour de cartes et ventriloquie, Corky peut exprimer toutes ses pensées refoulées grâce à Fats. Mais le succès prévu par son agent, qui veut l'emmener se produire à New York, le rend encore nerveux et Corky préfère tout plaquer. Il se rend dans la petite ville où il a grandit, espérant retrouver calme et sérénité, et surtout revoir son amour de jeunesse à qui il n'a jamais avoué sa flamme : Peg. Mais l'intrusion d'une nouvelle personne dans leur duo ne va pas être du goût de Fats...

MON AVIS : Après avoir vu l'un des sketchs du film Au Coeur de la Nuit, réalisé en 1945 et mettant en vedette un ventriloque et son pantin, William Goldman décide d'écrire un roman utilisant ces deux éléments : Magic. Goldman deviendra un célèbre scénariste pour le cinéma, adaptant d'ailleurs certains de ses écrits lui-même, comme pour Marathon Man en 1976, Magic en 1978 ou Princess Bride en 1987 par exemple. Avec Magic, réalisé par Richard Attenborough, Goldman nous propose une excellente histoire qui a pour originalité de ne pas mettre en avant une marionnette possédée par quelques forces obscures comme c'est souvent le cas. Ici, le film se veut plus un drame réaliste teinté de quelques éléments horrifiques mais qui ne sont jamais du ressort du fantastique. Car le thème principal de Magic n'est autre que la schizophrénie de son personnage principal, interprété avec magnificence par un Anthony Hopkins transcendé et qui nous offre déjà la pleine mesure de son talent d'acteur. Le personnage de Corky est très intéressant et admirablement bien travaillé. La première scène du film, nous le montrant raconter à son mentor son audition dans un bar à spectacle, nous fait prendre conscience de sa timidité maladive. Alors qu'il raconte que tout s'est merveilleusement bien passé et que l'audition fût un succès, nous voyons les images de ce qu'il s'est réellement passé : la timidité, associé aux comportements du public, qui n'en a clairement pas grand chose à faire des artistes venant se présenter devant eux, fait que l'audition est un véritable fiasco, Corky perdant tous ses moyens et sombrant dans une crise de violence verbale à l'égard du public. Déjà à ce stade du film, on ressent une certaine fragilité mentale chez le personnage qui nous est malgré tout sympathique. La fracture de l'esprit de Corky va nous être ensuite dévoilée peu à peu, par petites touches insidieuses et très habiles, fracture liée à sa trouvaille pour accéder au succès et vaincre sa timidité : Fats ! Ce pantin, dont le visage évoque celui de Corky, actionné par de petites manettes disposées dans son dos, permettant à Corky de faire bouger la bouche, les yeux, les sourcils et autres parties du visage de son alter-ego inanimé, va être pour le spectateur du film l'élément intrigant de celui-ci, qui fait qu'on est happé par l'histoire et qu'on veut en savoir plus sur cette marionnette. Fats permet à Corky de totalement se lâcher, de ne plus refouler son véritable Moi. Fats est irrévérencieux, malpoli, porté sur le sexe et il n'hésite jamais à balancer des vannes ou des réflexions sur le physique des gens pour faire rire, ce que ne ferait jamais Corky en temps normal. Grâce à son travail de ventriloque, Corky peut s'effacer devant son public et mettre en avant Fats, qui attire les regards et toute l'attention. Ce qui semble être une admirable trouvaille pour tous ceux qui approchent Corky, comme l'agent Ben Greene (excellent Burgess Meredith) ou son amour de jeunesse Peg (Ann-Margret), va vite se révéler un sérieux handicap, voire même un véritable danger pour la santé mentale de Corky. Le spectateur a accès à des informations que n'ont pas les autres personnages du film, à savoir que Corky parle continuellement à sa marionnette, et que celle-ci lui répond, comme si on était en présence de deux personnes bien vivantes sous le même toit. L’habileté de la mise en scène, sa retenue également, les angles de caméra choisis également, font constamment planer un doute sur la véritable nature de Fats : la poupée est-elle vivante ? est une question qu'on se pose à longueur de route, qui travaille notre esprit inlassablement, et ce, grâce à certaines scènes qui alourdissent ce doute. Pourtant, on conçoit aisément que Corky est une personne instable mentalement et psychologiquement, ses sautes d'humeur ne faisant quant à eux guère de doutes sur la dualité qui surnage en lui. Le choix d'utiliser le pantin comme arme destinée à tuer un des personnages importants du film est très astucieuse car encore une fois, Corky peut se "cacher" derrière Fats, lui faire endosser cette responsabilité, ce geste dramatique. On ressent vraiment bien l'influence de Fats sur l'esprit de Corky, on comprend que la barrière entre la réalité et la fantasme d'une poupée vivante imaginé par Corky se fissure de plus en plus en fonction des événements vécus par ce dernier. Encore plus malin, le réalisateur fait l'excellent choix d'habiller de manière totalement identique Corky et son pantin lors du final du film, nous faisant comprendre par la même occasion qu'ils ne font plus qu'un, que la barrière s'est brisée et que Corky est devenu Fats et Fats est devenu Corky. Qui dirige qui ? Qui domine l'autre ? Qui pense pour l'autre ? Qui agit pour l'autre ? Autant de question pertinente que vous vous poserez assurément durant la vision de ce très bon film, qui bénéficie, je l'ai déjà dit, d'une prestation magistrale d'Anthony Hopkins, qui a travaillé la ventriloquie et la dextérité de ses mains pour accomplir lui-même les tours de cartes. Un petit bijou du cinéma de genre, comme les 70's en sont bardés !

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS
Superbe édition collector de la part de Rimini Editions, qui propose le film dans une très belle copie et surtout avec de bons bonus d'époque, comme deux interviews d'Anthony Hopkins (télévisé et radiophonique), un interview du directeur de la photographie (2006), un essai du maquillage d'Ann-Margret (1978), le film annonce, des spots TV et radio, ainsi qu'un livret 24 pages écrits par Marc Toullec.