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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




lundi 31 août 2020

LA MORT PREND DES VACANCES

LA MORT PREND DES VACANCES
(Death Takes a Holiday)

Réalisateur : Mitchell Leisen
Année : 1934
Scénario : Maxwell Anderson, Gladys Lehman
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Comédie, Drame
Interdiction : /
Avec : Fredric March, Evelyn Venable, Guy Standing, Katharine Alexander, Kent Taylor...


L'HISTOIRE : Intrigué par la vie humaine et sur la crainte qu'elle inspire chez les vivants, la Mort décide de s'accorder trois jours de vacances et se rend au domicile du Duc Lambert, qui vient de frôler la mort lors d'un trajet en voiture le ramenant chez lui, afin de lui proposer de vivre parmi ses invités. Sous l'apparence du Prince Sirki, la Mort va étudier le comportement des personnes qui l'entourent, découvrir les plaisirs de la nourriture terrestre et même tomber amoureuse d'une belle jeune fille, Grazia...

MON AVIS : Si la production en matière de cinéma fantastique et d'épouvante est dominée par la firme Universal durant les années 30, les autres studios ne sont pas en reste non plus et tentent eux aussi de proposer des œuvres de qualité dans ce domaine. En 1934, la Paramount permet au réalisateur Mitchell Leisen d'adapter une pièce de théâtre à succès pour le troisième film de sa carrière. Ce sera donc La Mort prend des Vacances, qui propose un postulat assez amusant et original : la Grande Faucheuse veut en apprendre plus sur la vie terrienne et décide de s'accorder trois jours de vacances afin de vivre parmi nous ! Car la Mort considère nos vies, nos actions, comme étant bien futiles et guère intéressantes et ne comprend pas l'énergie qu'on déploie à vivre ainsi, que ce soit pour être à la recherche de plaisirs simples ou, à l'opposé, se faire la guerre et s'entre-tuer. On le voit, on nage en plein fantastique, en pleine fantasmagorie avec cette idée de départ et pourtant, plus le film avance, plus cet élément fantastique va se faire oublier pour laisser place à une comédie dramatique souvent philosophique, parfois satirique, mais toujours intéressante et divertissante. La séquence du trajet en voiture au début du film nous présente la Mort sous la forme d'une ombre qui suit les véhicules sur la route, voire même les dépasse pour les empêcher de voir un danger potentiel devant eux. Ayant évité de justesse l'accident mortel, tous les protagonistes de l'histoire, et ils sont nombreux, se retrouvent chez le Duc Lambert pour y passer quelques jours. Alors que ce dernier reste seul, la Mort lui apparaît dans une scène fort poétique et bénéficiant d'effets visuels simples mais efficaces puisque le réalisateur a réussi à lui donner un aspect intangible, translucide même. Pas de faux à la main mais vêtue d'un linceul noir qui nous empêche de voir son visage, cette représentation de la Mort telle qu'on se l'imagine est visuellement impeccable et fait son petit effet. Après une discussion enflammée, la Mort propose donc un marché au Duc : elle prendra apparence humaine pour vivre trois jours auprès de ses convives et comprendre le fonctionnement des êtres humains. Et c'est le grand acteur Fredric March qui va incarner cette célèbre entité crainte de tous, après avoir été le docteur Jekyll et son alter-ego Hyde dans le Dr. Jekyll & Mr. Hyde de Rouben Mamoulian en 1931. Habillé tel un prince oriental, Fredric March va donner à la Mort une personnification souvent jubilatoire, et ce, principalement grâce à des dialogues finement écrits, qui ont un double-sens que nous, spectateurs, comprenons et qui nous font bien sourire, à l'inverse des invités du Duc qui ne savent pas qui est réellement ce charmant Prince Sirki. Les quiproquos, les sous-entendus verbaux apportent une légèreté à La Mort prend des Vacances, oeuvre qui s'avère bien éloigné des autres films de cette époque, qui misaient principalement sur la peur et l'effroi à travers une galerie de monstres propres à terroriser le public qui en redemandait. L'humour des situations, enrichi par le texte et le jeu parfois théâtral du casting, font que le film de Mitchell Leisen fonctionne très bien et qu'on prend beaucoup de plaisir à suivre la vie terrestre de la Mort. Comment ne pas sourire lorsque les journaux font état de diverses catastrophes dans lesquelles personne n'a trouvé la mort ? Incendie d'école avec zéro victime, crash spectaculaire d'un bolide de course dont le chauffeur ressort totalement indemne et même guerre qui ne fait aucun dommage humain sont l'apanage des médias durant ces trois jours. Car oui, ne l'oublions pas, la Mort est en vacances ! Charismatique, notre fameux Prince Sirki attire même l'attention des trois jeunes femmes, qui prendraient sûrement leur jambe à leur cou si elles savaient avec qui elles sont en présence ! Et voilà que la Mort, qui trouvait bien futile les roucoulades humaines, se met à éprouver des sentiments, à ressentir une émotion quand les lèvres d'une des jeunes femmes se posent sur les siennes. La situation se complexifiera davantage avec la présence de Grazia (charmante Evelyn Venable) qui va carrément lui faire perdre la tête. L'Amour, plus fort que la Mort ? Film méconnu, La Mort prend des Vacances mérite largement le détour, fait preuve d'une certaine originalité dans le traitement de son histoire et se révèle une bonne découverte pour ma part. A noter que le film se fait aussi appeler Trois Jours chez les Vivants et qu'un remake a vu le jour en 1971, réalisé par Robert Butler...

* Disponible en combo DVD + BR chez ELEPHANT FILMS



dimanche 30 août 2020

GONE GIRL

GONE GIRL
(Gone Girl)

Réalisateur : David Fincher
Année : 2014
Scénario : Gillian Flynn
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris, Tyler Perry, Carrie Coon...


L'HISTOIRE : À l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?

MON AVIS : Réalisateur de clip vidéo de 1984 à 1994, David Fincher fait une entrée fracassante dans le monde du cinéma en 1995 avec un thriller sombre et implacable qui a électrisé le public : Seven. Dès lors, il se spécialise dans le genre avec d'autres excellents films comme The Game (1997), Fight Club (1999), Panic Room (2002), Zodiac (2007) ou Millénium: Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (2011) entre autres. Plus récemment, il est à l'origine de la très bonne série télévisée Mindhunters dont il a également réalisé quelques épisodes. En 2014, il met en scène le film dont je vais vous parler, Gone Girl. Adaptation du roman de Gillian Flynn, qui a d'ailleurs scénarisé le film, Gone Girl peut être vu comme le Liaison Fatale des années 2010. Le film nous présente en effet la relation du couple Nick Dunne / Amy Dunne, une relation qui semble être au beau fixe mais qui cache une multitude de zones d'ombre qui vont venir donner tout son intérêt à ce thriller qui va nous réserver bien des surprises. Interprétés respectivement par Ben Affleck et Rosamund Pike, Nick et Amy vont nous ballotter à loisir, et ce, pour notre plus grand plaisir, durant 2h29 environ, sans jamais que l'ennui ne vienne briser notre attention. Le but principal de Gone Girl est de savoir si oui ou non Nick Dunne a tué sa femme. On comprend dès la première phrase du film que l'apparente relation parfaite du couple n'est que cache-misère et que si le début de leur relation a été placé sous le signe de l'amour parfait, les années qui suivirent ont plutôt éteinte la flamme, notamment du côté de Nick d'ailleurs, qui semble ne plus supporter Amy et sa vie de couple. D'ailleurs, Gone Girl peut être vu comme une critique acerbe du mariage, de ses plaisirs mais aussi de ses contraintes. La disparition de la jeune femme va transformer la vie de Nick en Enfer, puisque, petit à petit, suite aux investigations de l'enquêtrice Rhonda Boney (Kim Dickens, vu dans la série Fear the Walking Dead), qui va aller de révélation en révélation, la culpabilité de ce mari un peu paumé va aller de pis en pis et faire les choux gras de la presse et des émissions télévisées, le comportement parfois à contre-courant de Nick en faisant un coupable idéal, Amy devenant un symbole de la femme battue et assassinée. Enfin, assassinée, encore faudrait-il avoir un cadavre sous la main pour le prouver. Dans un suspense tout Hitchcockien, David Fincher et Gone Girl jouent sur la notion des apparences trompeuses et assènent avec une minutie réglée comme une horloge suisse ses effets scénaristiques qui viennent remettre en cause nos idées et nos intuitions. A chaque nouveau détail révélé, le spectateur doit revoir sa copie, tel un inspecteur menant l'enquête. Et le pauvre Ben Affleck de s'enfoncer encore plus dans son purgatoire. L'habile montage du film, avec flashback, montage parallèle entre séquence sur Nick et séquence sur Amy, fait preuve de la maîtrise de Fincher sur son sujet et crée un film de machination impeccable doublé d'une lecture peu flatteuse sur l'engouement populaire des gens dès qu'un fait divers se présentent à eux. La rapidité avec laquelle Nick Dunne devient l'unique coupable possible aux yeux du public et des médias fait froid dans le dos. Et quand David Fincher fait bifurquer son film à la moitié de sa durée environ, le choc n'en est que plus grand pour le spectateur. On saluera la prestation de Rosamund Pike, qui porte littéralement le film sur ses épaules. Son personnage restera dans les mémoires bien après la vision du film. Souvent chahuté par le public sur ses capacités d'acteur, Ben Affleck livre ici une solide composition également, les "défauts" mis en avant par ses détracteurs devenant dans Gone Girl une force indéniable pour le personnage qu'il interprète. Ténébreux, manipulateur, surprenant, passionnant, Gone Girl est tout cela à la fois. Encore une belle réussite pour David Fincher.qui emmène son film là où on ne l'attendait pas forcément. Hitchcock et Brian de Palma ont bel et bien trouvé leur successeur.  


samedi 29 août 2020

J'Y CROIS ENCORE

J'Y CROIS ENCORE
(I Still Believe)

Réalisateur : Andrew Erwin, Jon Erwin
Année : 2020
Scénario : Jon Gunn, Jon Erwin
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Romance, Biographie
Interdiction : /
Avec : K.J. Apa, Britt Robertson, Nathan Parsons, Gary Sinise, Shania Twain...


L'HISTOIRE : Après qu'ils se soient rencontrés lors d'un concert, Jeremy et Melissa filent le parfait amour, jusqu'à ce qu'ils apprennent que la jeune femme est atteinte d’une maladie incurable. Malgré l'incompréhension de leurs proches, ils décident de se marier et de lutter ensemble pour affronter cette terrible épreuve, avec l'aide de Dieu… 

MON AVIS : Vous connaissez Jeremy Camp vous ? Moi pas du tout. Jamais entendu parler. Apparemment, ce film, J'y Crois Encore, est l'adaptation cinématographique de sa vie. Un biopic donc. Ma femme, qui voulait voir ce film, m'avait juste dit que c'était tiré d'une histoire vraie. Bon, OK. Etant très bon public, regarder un mélodrame ne me dérange pas plus que ça, entre deux films d'horreur, ça repose un peu. C'est donc parti pour la vision de J'y Crois Encore, réalisé par les frères Erwin. Niveau casting, Jeremy Camp est interprété par K.J. Apa, acteur de la série Riverdale entre autres. Sa future femme Melissa est jouée quant à elle par la charmante Britt Robertson, une jolie petite blonde vue dans Tomorrowland en 2015 ou dans la série For the People. Plus le film avance, plus j'ai du mal à accrocher. C'est bourré de cliché et rien ne me semble réaliste, notamment le comportement du héros pour faire tomber dans ses bras Melissa, qu'il a aperçu dans la foule lors d'un concert. C'est très fleur-bleue, je m'y attendais mais cette fois, je n'adhère pas vraiment. Poursuivons. Une fois Melissa atteinte d'un méchant cancer de l'ovaire, le film devient plus intéressant, moins cul-cul la praline, on ressent de l'empathie pour la jeune femme qui va se battre pour faire face à l'adversité. En filigrane, je me dit quand même qu'il y a un truc qui cloche : toutes ses allusions à Dieu, à la Foi chrétienne, c'est bizarre quand même mais pourquoi pas. Après avoir retrouvé du poil de la bête, Melissa sort de l'hôpital et part se marier avec Jeremy. Les amoureux passent une belle lune de miel jusqu'à ce que Melissa ressente de vives douleurs au ventre. Pas de bol, le cancer fait son retour, le film vire au mélodrame, c'est tout de même bien triste, surtout que Melissa n'a que 21 ans. Par contre, rebelote, et Dieu par-ci, et Dieu par-là. Personnellement, ça me sort du film et je trouve ça dommage que cet aspect chrétien soit s'y présent dans l'histoire. Une fois le film terminé, de façon dramatique pour Melissa malheureusement (elle est décédée le 5 février 2001), et après avoir vu quelques images d'archives durant le générique, je me renseigne un peu sur ce Jeremy Camp et là, je comprend mieux. Le scénario de J'y Crois Encore, titre d'une très belle chanson qu'il a écrite deux semaines après la mort de Melissa, est issu du livre I Still Believe: A Memoir, écrit par Jeremy Camp lui-même en 2003. Ce chanteur a fait des études de théologie et a été ordonné pasteur. Il est catalogué dans les chanteurs de rock chrétien, ce qui explique toutes ces allusions à Dieu durant le film. Chacun étant libre de croire à ce qu'il veut, je n'ai rien à dire sur les croyances de Jeremy Camp. Si j'avais su ce fait avant de voir J'y Crois Encore, peut-être que ma vision aurait été un peu différente et que j'aurai plus apprécié cette histoire dramatique à haute teneur religieuse. Mais vraiment, c'est cette insistance sur l'aspect religieux qui m'a dérangé et est venu ternir mon appréciation du film.  Donc sachez-le si vous voulez sortir votre boite de mouchoirs et vous plongez dans cette love-story mélodramatique  : J'y Crois Encore est un film chrétien, qui met en avant la Foi de façon assez appuyée et si on ne le sait pas, ça peut devenir assez déstabilisant voir irritant. Pour ma part, j'ai apprécié la prestation de Britt Robertson, qui se montre vraiment touchante et provoque de belles émotions. Le reste m'a moins convaincu même si ça reste une très belle histoire. 


   

vendredi 28 août 2020

LA BÊTE TUE DE SANG-FROID

LA BÊTE TUE DE SANG-FROID
(L'ultimo Treno della Notte / Night Train Murders)

Réalisateur : Aldo Lado
Année : 1975
Scénario : Aldo Lado, Renato Izzo, Roberto Infascelli
Pays : Italie, Allemagne, Autriche
Genre : Drame, Rape & Revenge
Interdiction : -16 ans
Avec : Irene Miracle, Laura D'Angelo, Macha Meril, Flavio Bucci, Enrico Maria Salerno...


L'HISTOIRE : Lisa Stradi et sa cousine Margaret Hoffenbach, âgées de seize ans, s'apprêtent à passer les fêtes de Noël à Vérone chez les parents de Lisa. Dans le train parti de Munich, elles croisent deux voyous en cavale et une bourgeoise nymphomane qui sèment le désordre. Lorsque le train est immobilisé de nuit dans une petite gare autrichienne, suite à une alerte à la bombe, les deux jeunes filles décident de changer de train et de fuir les importuns. Hélas, le trio maléfique croise à nouveau leur route. Isolées dans un wagon, Lisa et Margaret vont subir un véritable calvaire...

MON AVIS : Après avoir fait ses armes en tant qu'assistant-réalisateur sur divers films de 1967 à 1971, l'Italien Aldo Lado décide de mettre lui-même en scène les films qu'il a envie de tourner. Sa carrière de réalisateur débute donc dès cette année 1971, avec Je Suis Vivant puis Qui l'a vue Mourir ? en 1972, deux gialli très intéressant et apprécié des fans du genre. De l'aveu même d'Aldo Lado, il n'a jamais vu La Source de Ingmar Bergman ni La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven lorsqu'il réalise La Bête tue de Sang-Froid en 1975. On pourra évidemment trouver cela assez étonnant tant ce dernier a de nombreux points communs avec le film choc de Craven datant de 1972, lui-même inspiré du classique de Bergman datant de 1960. Le scénario de La Bête tue de Sang-Froid, écrit par Aldo Lado avec l'aide de Renato Izzo et de Roberto Infascelli, semble être en effet un clone de La Dernière Maison sur la Gauche, la principale différence étant le lieu où vont se dérouler les abominations subies par les deux victimes, à savoir les wagons d'un train de nuit. Mais hormis cette unité de lieu, qui apporte au film une touche anxiogène et claustrophobique qui sied très bien au drame présenté, tout est quasiment identique : dans ces deux Rape & Revenge, on a deux victimes féminines assez jeunes, un trio d'agresseurs composé de deux hommes et d'une femme, des sévices sexuelles non consenties, une ambiance malsaine et sordide, des meurtres graveleux qui choquent le spectateur, l'arrivée impromptue des agresseurs chez les parents de leurs victimes, un détail qui fait comprendre à ces derniers qui sont réellement leurs invités (un pendentif chez Craven, une cravate bleue chez Lado) et pour conclure la vengeance desdits parents, qui deviennent par la même occasion aussi monstrueux que les voyous qui ont tué leur progéniture. Ça fait quand même beaucoup d'éléments semblables pour être une simple coïncidence, surtout qu'on connaît bien l'amour des Italiens a surfer sur le succès des productions américaines qui ont rapporté de l'argent en tournant à la volée des copies quasi conformes. Bref, même si on accorde à Aldo Lado le bénéfice du doute, impossible de nier que son film passe son temps à subir, et en sa défaveur en ce qui me concerne, la comparaison avec le classique de Wes Craven. Divisé en trois parties, La Bête tue de Sang-Froid peine à trouver un rythme de croisière qui accroche réellement le public, qui se surprend parfois à regarder sa montre ou le compteur du lecteur vidéo pour voir où on en est sur les 92 minutes que dure le film. La première partie nous présente évidemment les principaux protagonistes du futur drame, à savoir Lisa (Laura D'Angelo) et Margaret (Irene Miracle), les deux jeunes filles qui vont avoir le malheur de prendre un train de nuit pour aller passer les fêtes de Noël chez les parents de Lisa et qui vont croiser le chemin de Blackie (Flavio Bucci) et Curly (Gianfranco De Grassi), deux paumés, deux drogués, qui passent leur journée ennuyeuse à commettre de menus larcins et à effrayer les gens dans la rue. Il faut les voir agresser un pauvre type déguisé en Père-Noël pour lui voler quelques centimes pour comprendre que ces deux-là ne sont que de petites frappes sans grand intérêt, des laissés pour compte, des rebuts de la société. Voyageant sans billet, ils vont croiser une étrange femme dans l'un des wagons (la troublante Macha Meril, qui interprète ici une véritable incarnation du Mal), cette dernière incarnant une certaine classe de la bourgeoisie. C'est bien cette rencontre qui va mener au drame, Aldo Lado dressant alors un constat âpre et dur sur la société italienne de l'époque, qui sous-entend que la violence est engendré par les riches qui laisse crever les pauvres et ne leur apporte aucune aide, aucune solution pour s'en sortir. Sous ses airs de femme distinguée, cette jolie blonde cache en fait une personnalité sadique, calculatrice, manipulatrice, qui va réussir, en usant de ses charmes, à mener les deux voyous par le bout du nez et à en faire ses sous-fifres sans que ceux-ci ne s'en rendent réellement compte. Alors que leur train est retenu sur les quais à cause d'une alerte à la bombe, Lisa et Margaret n'ont d'autres choix que de changer de train si elles veulent être arrivées à temps pour fêter Noël. Le triste hasard fait que c'est ce même train de nuit que les deux voyous et leur nouvelle amie ont choisi également. Bloquées à l'intérieur d'un wagon avec le trio diabolique, Lisa et Margaret, dans la seconde partie du film, vont alors subir moult outrages et humiliations de la part de Blacky et Curly, tous deux excités par la femme qui prend un plaisir évident à les voir malmener les deux pauvres amies. Comble de la perversion, un voyeur assiste aux exactions et se fait inviter par la femme à en profiter. Il n’hésitera pas à violer Margaret et à s'enfuir aussitôt, sans donner l'alerte aux contrôleurs. La lâcheté dans toute sa splendeur. Le sort le moins enviable sera réservé à Lisa, qui, encore vierge, se verra dépuceler à l'aide d'un couteau à cran d'arrêt. Filmées dans la pénombre du wagon, ces quelques séquences mettent mal à l'aise évidemment mais personnellement, elles ont eu sur moi un impact moins choquant que les humiliations subies par les victimes de La Dernière Maison sur la Gauche. Par contre, quand les voyous jettent le cadavre de Lisa par la fenêtre du train, on ressent un réel sentiment de malaise, cette image est très efficace et hisse le niveau de sordide un cran au-dessus du reste du film. Ne reste plus qu'à assister à la troisième partie et cette dernière ne sera guère mouvementée, et bien moins percutante que la partie vengeance du film de Wes Craven. Même si La Bête tue de Sang-Froid fait partie des classiques du genre Rape & Revenge, il ne fait pas partie de mes préférés pour autant, son aspect copié-collé, qu'on appellerait presque plagiat, de La Dernière Maison sur la Gauche l'empêchant de se montrer réellement original. Reste que la mise en scène d'Aldo Lado est bonne, que certaines trouvailles visuelles sont à mettre en avant, que les éclairages et la photographie sont travaillés comme il faut, que la bande originale est composée par Ennio Morricone, avec même une chanson de Demis Roussos, et qu'en filigrane, le réalisateur nous propose sa vision très nihiliste du genre humain. Des qualités certes, mais qui ne peuvent sauver totalement le film de sa dimension déjà vu et en mieux chez un autre ! Le film a bénéficié en France et en Belgique de plusieurs titres d'exploitations, comme Le Dernier Train de la Nuit, La Chienne du Train de Nuit, Dernier Arrêt du Train de NuitLe Train de l'EnferLe Train de la MortTrain de Nuit pour un Tueur et j'en passe...

* Disponible en Blu-Ray chez LE CHAT QUI FUME
Boitier trois volets sous fourreau, le Blu-Ray nous propose de voir le film avec une image sublime, qui permet d'assister aux sordides exactions commises dans la nuit dans ce wagon de l'Enfer. Sans la qualité du Blu-Ray, on n'y aurait pas vu grand chose sinon à mon avis. Niveau Bonus, on ira papoter avec Aldo Lado durant 77 minutes puis avec Irène Miracle durant 16 minutes environ. Des bonus très intéressants, comme toujours chez l'éditeur. 



jeudi 27 août 2020

LE JARDIN DES SUPPLICES

LE JARDIN DES SUPPLICES
(Le Jardin des Supplices)

Réalisateur : Christian Gion
Année : 1976
Scénario : Pascal Lainé
Pays : France
Genre : Horreur, Erotisme, Drame
Interdiction : -16 ans
Avec : Roger Van Hool, Jacqueline Kerry, Tony Taffin, Ysabelle Lacamp, Jean Rougeul...


L'HISTOIRE : 1926. À la suite de problèmes liés à la drogue, Antoine Durrieu, jeune médecin dévoyé, est contraint de quitter la France et embarque à bord d'un navire en route pour la Chine. Durant la traversée, il fait la connaissance de la belle et trouble Clara Greenhill, fille d'une riche et influente personnalité basée à Canton. Dès son arrivée, Antoine va pénétrer dans un monde au cadre étrangement idyllique vicié par la torture et les meurtres, tandis qu'au dehors couve une révolution populaire...

MON AVIS : Totalement méconnu de votre serviteur, c'est avec intérêt que j'ai enclenché le Blu-Ray de ce film français de 1976 réalisé par Christian Gion, Le Jardin des Supplices, dont le titre même lui donne évidemment un attrait supplémentaire. Certes, le mot français peut rebuter ou faire fuir l'amateur tant il est vrai que notre beau pays, par trop cartésien, n'est pas connu pour son amour du cinéma fantastique, malgré de jolies réussites au cours des diverses décennies et qui cartonnent généralement à l'étranger qui plus est. Dans les années 70, Jean Rollin dominait quasiment à lui seul la production française de cinéma de genre, rejoint de temps à autre par Michel Lemoine avec son Weeks-ends Maléfiques du Comte Zaroff en 1976. Une année à laquelle il faut désormais ajouter le film de Christian Gion, plus connu pour ses comédies telles Les diplômés du Dernier Rang, Le Bourreau des Cœurs ou Sup de Fric par exemple. Unique incursion dans le domaine de l'horreur pour Gion, Le Jardin des Supplices est l'adaptation du roman éponyme d'Octave Mirbeau, paru en 1899 et que l'auteur a dédié Aux Prêtres, aux Soldats, aux Juges, aux Hommes, qui éduquent, dirigent, gouvernent les hommes, je dédis ces pages de Meurtre et de Sang, dédicace reprise à la fin du film d'ailleurs. Ce roman de Mirbeau a fait forte sensation et a choqué plus d'un lecteur, de par sa construction littéraire même qui ne respecte pas le code des œuvres romanesques mais aussi par son contenu, mettant en avant la loi du meurtre vu comme un élément positif par les puissants, eux-mêmes n'étant pas épargné par l'auteur. Le personnage de Clara Greenhill, qui trouve sa jouissance dans la torture et le meurtre justement, est aussi un élément de controverse, tout comme le sous-texte sur les atrocités du colonialisme. Bref, un roman qui peut se ranger à côté de ceux du Marquis de Sade par exemple dans une bibliothèque. Le scénariste Pascal Lainé en a fait une adaptation qu'on nommerait de libre, puisqu'il déplace le contexte de l'histoire dans la Chine de 1926, période où la révolution entre nationalistes et communistes va plonger le pays dans le chaos et la guerre civile. Comme bien souvent dans le cinéma fantastique ou horrifique français des années 70/80, l'érotisme tient une place prépondérante et Le Jardin des Supplices n'échappe pas à la règle puisque nous assisterons à de multiples ébats ou séquences érotiques durant les 93 minutes proposées. Il y a d'ailleurs nettement plus d'érotisme que d'horreur dans le film, ce dernier élément étant relégué vers la dernière demi-heure. Au niveau du casting, on trouve le Belge Roger Van Hool qui interprète le docteur Antoine Durrieu, la charmante française Jacqueline Kerry qui joue Clara Greenhill, Ysabelle Lacamp, actrice française elle aussi mais au physique très asiatique ou bien encore Tony Taffin qui est monsieur Greenhill. Si certaines têtes peuvent être connues, elles me semblaient toutes étrangères en ce qui me concerne. Le jeu des acteurs se montre assez souvent théâtral, ce qui crée une ambiance assez bizarre, étrange. Les deux actrices, Jacqueline Kerry et Ysabelle Lacamp ne sont pas avares de leurs charmes et apparaissent bien souvent dans le plus simple appareil, en tenue d'Eve donc, se livrant à la masturbation ou au saphisme entre autres plaisirs. Il semble que Le Jardin des Supplices soit l'unique film de Jacqueline Kerry, ce qui est dommage, l'actrice ayant vraiment un physique et un visage intéressant. N'ayant pas lu le roman de Mirbeau, je ne sais pas si toutes ces scènes érotiques sont présentes ou si elles ont été ajoutées par le scénariste, peut être sur demande de la productrice Vera Belmont, qui, d'après les dires du réalisateur lui-même, voulait surfer sur le succès phénoménal du film de Just Jaeckin, Emmanuelle. En tout cas, amateurs d'érotisme suave et raffiné, vous en aurez pour votre argent à ce niveau. Pour ce qui est de l'horreur, on sera un peu plus déçu car on n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent mais la dernière demi-heure se rattrape un peu et nous propose enfin d'aller visiter ce fameux jardin des supplices, lieu enchanteur et bucolique, parsemé de fleurs, de plantes carnivores, de chauves-souris dans les arbres mais qui est en réalité l'antichambre de l'Enfer, permettant de laisser libre cours aux pulsions sadiques du maître des lieux et de ses petits camarades de jeu, dont la belle Clara qui cache bien son côté sadique et pervers, et qui n'hésitent pas à faire torturer, mutiler et assassiner de manière atroce des pauvres chinois, déclenchant une jouissance absolue chez ses nantis européens s'étant installés en Chine pour y faire fortune. Dans Le Jardin des Supplices, quasiment tous les personnages principaux sont nauséabonds. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, que ce soit le vendeur d'armes homosexuel, le prêtre qui a choppé la vérole à force d'aller voir les prostituées, le maître de maison qui veut se marier à une jeune chinoise de douze ans, notre Clara qui jouit de la souffrance des autres et j'en passe. La charge de Mirbeau contre les institutions est assez virulente et se montre parfaitement retranscrite dans le film. Reste que cette dernière demi-heure ne parvient pas à dissimuler l'ennui poli qu'on ressent durant la première heure. Très peu rythmé, pourvu d'un montage assez chaotique (on a parfois l'impression que la scène n'est pas finie et hop, ça passe à la suivante), il faut s'accrocher et avoir envie de découvrir cette étrangeté qui possède autant de défauts que de qualités. Certaines séquences sont très belles, très poétiques (la découverte du jardin) et contrastent avec d'autres nettement plus ordinaires. En tout cas, ce film dont on n'avait pas entendu parler depuis des lustres n'est pas inintéressant et nous montre encore que l'être humain peut s'avérer des plus abjects quand il le veut. Le Jardin des Supplices est un étrange voyage qui en laissera sûrement plus d'un sur le côté de la route. Ceux qui iront jusqu'au bout en apprécieront certainement certains aspects et auront l'impression d'avoir assisté à une projection vraiment insolite...

* Disponible en BR chez LE CHAT QUI FUME
Boitier trois volets sous fourreau ne contenant que le Blu-Ray cette fois-ci. Le Jardin des Supplices nous est présenté sur ce support en exclusivité mondiale par l'éditeur, qui nous propose une image splendide et une version intégrale. Les voix sur certains passages sont un peu faibles mais c'est le son du film qui est comme ça. Niveau bonus, Le Chat qui Fume a été retrouvé Christian Gion, qui revient sur sa carrière et sur Le Jardin des Supplices durant 28 minutes environ.




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mercredi 26 août 2020

NIGHTFALL - POURSUITES DANS LA NUIT

POURSUITES DANS LA NUIT
(Nightfall)

Réalisateur : Jacques Tourneur
Année : 1956
Scénario : Stirling Silliphant
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier
Interdiction : /
Avec : Aldo Ray, Anne Bancroft, Brian Keith, James Gregory, Rudy Bond...


L'HISTOIRE : James Vanning est un homme traqué : il est soupçonné par deux braqueurs de banque d’avoir volé leur butin, il est soupçonné par la police d'avoir tué un vieux docteur et il est également poursuivi par un employé de la compagnie d’assurance de la banque qui doit lever le mystère sur le vol d'argent. Sa vie étant plus que menacée, les braqueurs ayant retrouvés sa trace, il s’enfuit vers les montagnes enneigées du Wyoming en compagnie de Marie, une femme rencontrée dans un bar...

MON AVIS : Le talentueux réalisateur Jacques Tourneur, fils du non moins célèbre Maurice Tourneur, est bien connu des amateurs de cinéma fantastique pour le cycle de films qu'il a mis en scène pour le producteur Val Lewton dans les années 40, à savoir La Féline, Vaudou et L'Homme-Léopard, ou pour son excellent Rendez-vous avec la Peur par exemple. Mais Jacques Tourneur a aussi réalisé de très bons westerns et de très bons film noir également. Jamais de films à gros budgets mais des séries B stylisées, efficaces, travaillées, maîtrisées, à l'image de La Griffe du Passé ou Nick Carter, Master Detective entre autres. En 1956, il revient au film noir avec Nightfall, intitulé Poursuites dans la Nuit en France, qui va se révéler à nouveau être une série B plus que correcte et intéressante. Si Tourneur reprend évidemment les clichés du genre, avec scène dans un piano-bar, arrivée de la femme fatale (la troublante Anne Bancroft), impression de fatalité qui s'abat sans cesse sur le héros (Aldo Ray), présence de méchants bien méchants qui n'ont pas le cœur tendre (Brian Keith et surtout Rudy Bond, véritable pourriture sans foi ni loi qu'on va adorer détester), il va les mettre à la fois au service d'une mise en scène assez épurée, jamais grandiloquente mais souvent pertinente, et d'une histoire somme toute très classique, presque banale, mais qui, par une succession de non-dits, d'interrogations et de flashbacks, va s'avérer plus passionnante que prévue. Habile faiseur et conteur, Jacques Tourneur va nous prendre par la main et nous emmener à la suite de James Vanning, un beau blond costaud qui a bien des ennuis apparemment, il suffit de regarder l'étonnante séquence introductive pour s'en rendre compte. L'éclairage qui vient le surprendre en pleine rue de plein fouet nous fait de suite réaliser qu'il y a anguille sous roche et qu'il n'a pas envie d'être reconnu. De plus, il semble qu'une personne s'intéresse à lui de manière assez discrète. Intrigante introduction qui nous questionne sur ce personnage : qui est-il, qu'à-t-il fait, est-il du côté des bons ou des méchants ? Malin, Tourneur et son scénariste Stirling Silliphant, qui adapte pour l'occasion le roman La Nuit Tombe de l'auteur de polar David Goodis, va disséminer les indices de façon sporadique, ce qui a pour effet de créer l'attente du spectateur et un suspense bienvenu qui maintient notre intérêt. Le film alterne séquences de rues, de poursuites, d'intimidation qui se déroule au présent avec des flashbacks explicatifs des événements ayant amenés notre héros à être traqué par diverses personnes plus ou moins malveillantes. Ces séquences se déroulent dans un paysage enneigé et contraste de manière significative avec les scènes du présent. Tourneur a toujours aimé jouer sur les contrastes, sur la lumière et les jeux d'ombre et il le prouve encore avec Poursuites dans la Nuit. Plus on en apprend sur James Vanning et les deux braqueurs de banque, ainsi que sur le motif de la traque, plus on pense au Fargo des frères Coen, le paysage enneigé y étant bien sûr pour beaucoup. Les amateurs d'action seront peut-être un peu déçu à ce niveau par le film car Tourneur n'y cède vraiment jamais et préfère prendre son temps, travaillant plus l'ambiance et les dialogues que l'énergie de son oeuvre. La menace représentée par les deux voyous mais également par l'assureur qui semble faire cavalier seul est omniprésente dans chaque séquence et cela permet au réalisateur de développer une atmosphère des plus pesantes, même lors de séquences censées être relativement détendues, à l'image du défilé de mode, qui nous permet d'admirer Anne Bancroft dans de jolies tenues vestimentaires. Mais un simple regard de cette dernière parmi la foule crée aussitôt un malaise tangible et le film repart de plus belle dans le fatalisme. Avec un casting impeccable, une bonne direction d'acteur, une mise en scène concise, allant à l'essentiel, sans superflu, Poursuites dans la Nuit marque des points et sa courte durée, 78 minutes au compteur, fait que l'ennui ne pointe jamais son nez. Avec un style indéniable, Jacques Tourneur réalise un solide film noir qu'on prend plaisir à regarder et à suivre. Du bel ouvrage encore une fois.

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS (VOSTF)
Une belle édition, avec une image claire et précise, qui permet de découvrir ce film dans des conditions parfaites. VOSTF uniquement. En bonus, un entretien avec Mathieu Macheret, journaliste, qui analyse parfaitement le film.

mardi 25 août 2020

SECTA SINIESTRA

SECTA SINIESTRA
(Secta Siniestra / Bloody Sect)

Réalisateur : Ignacio F. Iquino
Année : 1982
Scénario : Ignacio F. Iquino, Juan Bosch, Juliana San José de la Fuente
Pays : Espagne
Genre : Horreur, Satanisme
Interdiction : -16 ans
Avec : Emma Quer, Carlos Martos, Concha Valero, Henry Ragoud, Diana Conca...


L'HISTOIRE : Frederick Payne garde son ex-femme Elizabeth enfermée dans le grenier, cette dernière n'ayant plus toute sa tête. Une nuit, elle parvient à s'échapper et découvre son ex-mari au lit avec Helen, sa nouvelle femme. Pour se venger, elle crève les yeux de son ex-mari et se fait interner à l'asile. Devenu aveugle, Frederick est dorloté par Helen, qui désire avoir un enfant. Obligée d'avoir recours à la fécondation in-vitro, Helen est inséminée par le docteur Gerard, sous l’œil attentif d'un infirmier au comportement curieux. Peu de temps après, ce dernier se présente au domicile d'Helen, accompagné d'un confrère. Les deux hommes font partie d'une secte satanique et apprennent à Helen qu'elle porte l'Antéchrist en son ventre. Ils dépêchent sur place un de leurs fidèles, Margaret, afin qu'elle veille sur Helen et sa grossesse...

MON AVIS : Si l'Italie est le pays emblématique du cinéma Bis outrancier et délirant, l'Espagne propose également quelques petites perles d'exploitation déviante, à l'image de la saga des templiers morts vivants d'Amando de Ossorio ou du Bossu de la Morgue de Javier Aguirre ou bien encore des films de loups-garous mettant en vedette l'acteur Paul Naschy ou ceux réalisés par Jess Franco entre autres. En 1982, Ignacio F. Iquino, qui a débuté sa carrière de metteur en scène en 1934, se lance à corps perdu dans le genre à l'âge de 72 ans avec Secta Siniestra et nous offre une pellicule bien barrée qui fera la joie des fans de ciné Bis foutraque. La lecture du résumé ci-dessus a du vous mettre la bave aux lèvres, à raison. Secta Siniestra, malgré son scénario un brin décousu parfois, est ponctué de scènes de meurtres bien sympathiques, qui font couler en abondance le précieux liquide rouge : crevaison des yeux, égorgement au rasoir, pendaison, strangulation, visage perforé par des débris de verre sont au rendez-vous, tout comme des scènes délirantes et franchement hallucinantes, à l'image de celle où une future victime des deux prêcheurs satanistes est attaquée par... un brancard ! Oui, oui, vous avez bien lu, un brancard ! L'objet est apparemment dirigé par la force mentale de l'infirmier sataniste (Henry Ragoud et son regard ténébreux), ce qui nous vaut donc une séquence pas piqués des hannetons ! Et il y en aura d'autres qui viendront égayer cette bande fauchée mais correctement mise en scène, qui nous refait Rosemary's Baby en mode bien plus trash ! Un peu tarabiscoté (qui a dit beaucoup ?), le scénario emprunte deux voies distinctes mais qui se rejoignent au final : d'une part, l'histoire se focalise sur Elizabeth, ex-femme du héros ayant une belle insuffisance mentale ce qui lui fera commettre quelques exactions sanglantes, dont cette belle perforation des yeux, et d'autre part sur la charmante Helen (Emma Quer), qui, en plus de nous montrer sa très jolie poitrine à de multiples reprises, se voit donc devenir le réceptacle du Diable lui-même suite à une insémination trafiquée par un adepte de Satan ! La pauvre jeune femme va en baver pas mal durant sa grossesse, souffrant de maux de ventre désagréables qui se verront apaiser par du sang de crapaud qui servira d'huile de massage ! Farfelu tout ça non ? Le mari aveugle a beau avoir une mauvaise intuition sur la nouvelle domestique, vu qu'il n'y voit rien, il ne peut pas faire grand chose malheureusement et de laisser sa femme au bon soin de cette Margaret (Concha Valero) qui porte sur elle qu'elle est du côté des forces obscures. Niveau effets-spéciaux, les meurtres tiennent la route même si la couleur et la consistance du sang peinent à être crédible mais qu'importe. On sera un peu moins tolérant sur la confection du bébé maléfique, qui n'est autre qu'une sorte de vilaine poupée sur laquelle on a placé deux petites cornes. Un effet plutôt risible mais qui sied bien au côté exploitation du film. Secta Siniestra est une curiosité hispanique assez méconnue mais qui gagne à être découverte par les fans du genre, qui n'hésiteront pas à la réhabiliter séance tenante aux yeux du monde entier !

* Disponible en combo DVD + BR (VO sous-titrée anglais) chez VINEGAR SYNDROME



lundi 24 août 2020

LA FIANCÉE DE RE-ANIMATOR

LA FIANCÉE DE RE-ANIMATOR
(Bride of Re-Animator)

- Visionné en version Unrated - 

Réalisateur : Brian Yuzna
Année : 1990
Scénario : Brian Yuzna, Rick Fry, Woody Keith
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Horreur, Gore
Interdiction : -12 ans
Avec : Jeffrey Combs, Bruce Abbott, Claude Earl Jones, Fabiana Udenio, Kathleen Kinmont...


L'HISTOIRE : Après leurs méfaits commis dans la ville d'Arkham, le docteur Herbert West et son complice, l'étudiant Dan Cain, se sont réfugiés en Amérique latine où ils profitent de la guerre pour poursuivre leurs expériences sur la vie et la mort. De retour dans leur pays avec un nouveau sérum particulièrement perfectionné, Herbert propose à Dan de créer un corps féminin à partir de divers morceaux de cadavres et d'y insérer le cœur de Meg, la fiancée de Dan morte lors du massacre d'Arkham, et dont ce dernier ne peut oublier la disparition, tout en se servant de la tête de Gloria, une patiente qu'aime beaucoup Dan et qui ne va pas tarder à mourir. Le résultat n'est pas tout à fait celui qu'ils attendaient, surtout pour la fiancée...

MON AVIS : En 1985, le réalisateur Stuart Gordon lance une bombe horrifique sur les écrans avec Re-Animator, film devenu culte, à raison, et qui nous proposait de suivre les expériences du Dr. Herbert West, inventeur d'un sérum capable de redonner la vie aux morts. Avec ses effets gores superbement réalisés, son ambiance délirante et ses acteurs charismatiques, dont l'excellent Jeffrey Combs dans le rôle du savant fou, Re-Animator s'est rapidement imposé comme un incontournable du genre et encore aujourd'hui, son aura brille de mille feux. Cinq ans plus tard, Brian Yuzna, producteur sur le film de Stuart Gordon, décide de nous offrir une suite avec La Fiancée de Re-Animator, titre qui fait évidemment référence au sublime La Fiancée de Frankenstein de James Whale. On le sait, bien souvent, les suites atteignent rarement le niveau des films originaux. Si La Fiancée de Re-Animator n'évite pas cette règle quasi immuable (sauf en de rares exceptions), ce n'est pas pour autant que ce n'est pas un bon film, bien au contraire. Les fans d'Herbert West adoreront retrouver leur savant fou préféré, ce dernier étant toujours aussi ravagé du ciboulot dans sa quête quasi mystique de battre la Mort sur son propre terrain. Petite nouveauté, plus encore que de réanimer des cadavres ambulants, avec tous les risques que cela comprend, le docteur West a une nouvelle ambition dans cette séquelle, qui emprunte plus à Mary Shelley qu'à Lovecraft cette fois-ci : créer la vie elle-même ! On s'en doute, cette ambition va bien sûr se concrétiser (quand il a une idée dans le tête le Herbert West, difficile de l'en faire changer !) pour le meilleur et surtout le pire ! Si dans le film de James Whale, la fiancée rejetait son fiancé qu'elle trouvait trop moche (pauvre Boris Karloff), dans le film de Brian Yuzna, c'est le pauvre Dan qui va la rejeter, alors qu'il est lui aussi à la base de ce projet farfelu. Pourtant, la fiancée est transi d'amour pour Dan, logique puisque le cœur de Meg bat à l'intérieur de ce corps il est vrai peu ragoutant. Composée de divers éléments cadavériques (pieds de danseuses, jambes de prostituées, corps de vierge, main d'avocate et j'en passe), le tout recousu et assemblé avec l'aide d'astucieux mécanismes permettant le mouvement, notre fiancée, interprétée par Kathleen Kinmont, tout en étant sexy, ne donne pas vraiment envie d'aller la câliner, la chair incomplète des divers parties de son corps exposant la fibre des muscles et autres éléments sanguinolents. On félicitera l'équipe des effets-spéciaux et de maquillage car le résultat est réellement d'une qualité impressionnante, le summum arrivant lors de la fameuse scène où la fiancée offre littéralement son cœur à Dan ! Tout ça se passe vers la fin du film, dans un final détonnant qui est quasiment au même niveau que le final hystérique du premier volet. La première heure de La Fiancée de Re-Animator est plus posée mais mélange avec un brio certain éléments de comédie et séquences gores du plus bel effet. Les tests menés par West et Dan sont souvent peu concluants et donnent lieu à la confection de créatures originales, Herbert West prenant un malin plaisir à associer des parties qui n'ont rien à faire entre-elles, comme un bras et une jambe par exemple ou à placer un œil au milieu de cinq bout de doigts rafistolés façon "araignée" entre autres ! Jeffrey Combs cabotine toujours autant et exprime parfaitement la folie qui contrôle son drôle de personnage. Chacune de ses apparitions à l'écran, et elles sont nombreuses, chacune de ses répliques, provoquent invariablement un sourire sur le visage du spectateur. Herbert West est cinglé, ce n'est un secret pour personne et ce n'est dans dans ce second volet qu'il va se calmer. Dan est toujours interprété par Bruce Abbott et l'acteur est fidèle à lui-même. Etant donné que Meg est morte dans le film de 1985, pas de Barbara Crampton ici. Pour la remplacer et apporter un petit atout charme au film, on a donc Kathleen Kinmont, déjà cité plus haut, mais aussi la charmante Fabiana Udenio. Les deux actrices nous offriront quelques plans sur leur poitrine dénudée, il est malin le Brian Yuzna ! On a aussi une réapparition qui fera plaisir aux fans de Re-Animator, celle du docteur Carl Hill, toujours joué par David Gale ! Notre tête coupée perverse, qui avait fait une petite gâterie à Barbara Crampton dans l'une des séquences cultes du premier volet, est donc de retour, bien décidée à se venger du docteur West, ce qui nous promet un duel original et forcément sanguinolent ! D'autres personnages viendront étoffer le scénario de par leur présence, comme celle de cet inspecteur de police (Claude Earl Jones) qui semble lui aussi avoir une dent contre le West et Dan. Franchement, La Fiancée de Re-Animator fait le job, bénéficie d'une bonne mise en scène, d'un casting adéquat et d'effets gores d'un très bon niveau. L'ambiance comico-horrifique est préservée, le délire parfois cartoonesque est au rendez-vous et le final envoie du steak ! Une suite de qualité qui ne rencontra pas un grand succès à l'époque de sa sortie mais qui mérite pourtant une nouvelle vision tant elle est de qualité. Qui plus est, l'édition collector d'Ecstasy of Films propose, outre une image sans défauts, la version Unrated, qui nous offre plus de plans gores que la version R-Rated, sans changement de durée ! De quoi profiter à fond de La Fiancée de Re-Animator !

* Disponible en combo DVD + BR chez THE ECSTASY OF FILMS

BONUS de cette édition indispensable :
- Film en version R-Rated et Unrated 
- Brian Yuzna Remembers Bride (1080p; 9min37)
- Splatter Masters (1080p; 14min39) focus sur les SFX, incluant des interviews avec Robert Kurtzman, Screaming Mad George, Tony Doublin and John Buechler.
- Getting Ahead in Horror (1080p; 23min50) Making of d'époque proposant des interventions de l’équipe de tournage et des images d’archives rares sur le tournage.
- Scènes coupées 
- Bande-annonce (1080p; 1min53)
- Commentaire audio avec le casting et l’équipe du film, Brian Yuzna, Jeffrey Combs, Howard Berger, Robert Kurtzman, Tom Rainone, Mike Deak, Screaming Mad George, John Buechler
- Commentaire audio avec les acteurs : Jeffrey Combs et Bruce Abbott
- Behind the Scenes Reel : Bout à bout de la préparation des SFX jusqu’au tournage des scènes de SFX. (1080i - 14min30)
- Livret de 40 pages par l’auteur/critique ancien rédacteur en chef de Mad Movies, Marc Toullec. Il revient sous forme de dossier sur la carrière du réalisateur/producteur Brian Yuzna.


dimanche 23 août 2020

3 FROM HELL

3 FROM HELL
(3 from Hell)

Réalisateur : Rob Zombie
Année : 2019
Scénario : Rob Zombie
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Thriller
Interdiction : -16 ans
Avec : Sheri Moon Zombie, Bill Moseley, Sid Haig, Richard Brake, Jeff Daniel Phillips...


L'HISTOIRE : Leur corps criblés de balles, les 3 "Devil's Rejects" sont transportés à l'hôpital et aussi incroyable que cela puisse paraître, parviennent à survivre à leurs blessures. Après être passés en jugement, ils sont tous les trois condamnés à la prison à perpétuité. Le Captain Spaulding est exécuté selon la loi. Baby, dont la santé mentale déraille de plus en plus, tente d'obtenir une libération conditionnelle, qui est rejetée à chaque examen. Otis, obligé de faire des travaux forcés, parvient à s'évader grâce à l'intervention de son demi-frère Winslow Foxworth Coltrane, surnommé Foxy, ce qui provoque la colère du directeur de la prison de haute sécurité Warden Virgil Harper. Ce dernier n'est pas au bout de ses peines quand Otis et Foxy débarque chez lui, séquestre son épouse ainsi que deux autres personnes et lui demande tout simplement de relâcher sa sœur Baby...

MON AVIS : Après l'excellent The House of 1000 Corpses et le culte The Devil's Rejects, Rob Zombie n'avait pas prévu de retrouver ses trois personnages déjantés dans un nouveau film mettant en scène leurs exactions. Depuis 2005, les fans de la famille Farefly attendaient donc désespéramment qu'un troisième volet voit le jour. Et c'est lorsque leurs espérances étaient tombées à l'eau que la nouvelle est sortie, au début de l'année 2018 : Rob Zombie a un scénario pour un troisième chapitre et le tournage devrait démarrer sous peu, sous le titre 3 from Hell. Un scénario qui a malheureusement dû être un peu remanié, l'état de santé de Sid Haig faisant comprendre au réalisateur que son ami ne pourra pas vraiment reprendre le rôle du Captain Spaulding, tant son état de fatigue et la maladie l'épuisent. Impossible toutefois pour Rob Zombie de ne pas avoir Sid Haig dans quelques séquences. L'acteur décédera le 21 septembre 2019 à l'âge de 80 ans. Reste à savoir pour Rob Zombie si le décès de son ami aura pour conséquence de mettre fin au tournage de 3 from Hell ou si une solution est envisageable. C'est ce second choix qui est retenu. Le scénario est à nouveau modifié afin d'utiliser les prises avec Sid Haig et de permettre l'ajout d'un nouveau membre à la famille Farefly : Foxy, le demi-frère d'Otis et Baby, ce qui permet de conserver le titre 3 from Hell. Les courtes apparitions de Sid Haig provoquent beaucoup d'émotion car on voit effectivement que son état de santé est profondément dégradé. L'annonce de la mort du Captain Spaulding dans les débuts du film nous laisse les mains moites et on appuie inconsciemment sur la touche pause de son lecteur vidéo pour lui rendre un petit hommage bien mérité et avoir une pensée pour lui. Que vaut 3 from Hell sans Sid Haig ? Les Devil's Rejects vont-ils en avoir assez sous le pied pour nous emmener avec eux et nous proposer des scènes barrés et ultra-violentes ? Rassurez-vous, la réponse est pour ma part un gros OUI. Ce troisième volet est un pur film Bis, déjanté, sordide, malsain, rock n'roll, et même s'il n'évite pas les écueils de la redite parfois, j'y ai pris un pied monstrueux et c'est avec un plaisir intact que j'ai retrouvé Otis et Baby et que j'ai fortement apprécié l'introduction de Foxy. Si le début du film se montre véritablement exemplaire, avec un aspect documentaire travaillé avec un soin indéniable, notamment lors du procès des trois tueurs, où Otis se montre magistral, nous rappelant évidemment Charles Manson, que ce soit dans sa gestuelle, ses répliques ou son regard qui fait froid dans le dos, la suite n'a pas à rougir non plus et nous entraîne à la fois dans un home invasion brutal (Otis et Foxy prennent en otage le directeur de la prison et sa famille) mais également dans un Women in Prison, avec Baby qui en bave bien suite aux châtiments qu'elle subit de la part de Greta, sa gardienne interprétée par Dee Wallace (E.T., Hurlements, Cujo, Critters). Sheri Moon Zombie en fait des tonnes pour notre plus grand plaisir, la folie de Baby n'ayant jamais atteint un tel niveau et même Otis dira qu'elle est devenue complètement cinglée, ce qui est bel et bien le cas ! La séquence dans laquelle elle poursuit sa victime, qui est entièrement nue, dans la rue, armée d'un énorme couteau qu'elle lui plantera dans le corps à de multiples reprises, est assez hallucinante. Bill Moseley n'est pas en reste et confère à Otis une aura diabolique toujours plus inquiétante. On aura la joie de le voir s'adonner à son petit plaisir personnel, à savoir prélever la peau du visage d'une malheureuse victime. On note toutefois que plus le film avance, plus la folie est incarnée par le personnage de Baby et qu'Otis, tout aussi cinglé qu'il est, a des réactions plus terre à terre, plus mâture, pour tenter de rester en vie. Quant à Foxy, il parvient sans difficulté à trouver sa place dans ce duo d'enfants terribles et nous offre également de belles scènes délirantes et malsaines. Bénéficiant d'un rythme assez nerveux, 3 from Hell se calme un peu une fois que notre trio infernal se retrouve au Mexique. Un accalmie qui sera de courte durée, puisqu'une nouvelle menace sera présente pour Otis, Baby et Foxy et la violence fera son retour de manière toujours aussi jubilatoire. Chapeautée d'une coiffe de chef indien et armée d'un arc et de flèches, Baby se la joue Pocahontas en colère et évolue dans un décor très westernien, décor qui est contrebalancé par la présence de multiples tueurs portant un masque de catch, le Mexique étant la terre du légendaire Santo et autres lutteurs masqués que les fans de cinéma Bis connaissent bien. Ce mélange des genres apportent une touche de fraîcheur au film et dynamise à nouveau l'action qui s'était un peu ralenti. Honnêtement, 3 from Hell a rempli parfaitement son contrat sur moi. Certes, l'évolution des personnages, leur écriture même, n'est pas aussi intéressante que dans les deux précédents volets, car tout a déjà été dit. Il n'empêche que ces retrouvailles avec Otis et Baby sont des plus savoureuses et que le film doit être apprécié pour ce qu'il est : un trip sanglant et immoral en compagnie des trois personnages hors normes, un trip qui ne se prend pas la tête et en donne pour son argent au public. J'ai du mal à comprendre les volées de bois vert que Rob Zombie et 3 from Hell se prend dans la gueule car elles sont totalement injustifiées pour ma part. Les adeptes de cinéma Bis deviendraient-ils trop exigeants ? Ne savent-ils plus prendre plaisir à suivre des péripéties issues d'un scénario qui ne remportera pas un Oscar ? La question est posée...

* Disponible en DVD et Blu-Ray chez METROPOLITAN VIDEO



samedi 22 août 2020

DOM HEMINGWAY

DOM HEMINGWAY
(Dom Hemingway)

Réalisateur : Richard Shepard
Année : 2013
Scénario : Richard Shepard
Pays : Etats-Unis, Angleterre
Genre : Comédie, Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Jude Law, Richard E. Grant, Emilia Clarke, Demián Bichir...


L'HISTOIRE : Après avoir passé 12 ans en prison pour avoir gardé le silence et refusé de dénoncer un parrain de la mafia, Dom Hemingway, célèbre pour savoir ouvrir le moindre coffre-fort, est de retour à Londres et a bien l'intention de récupérer ce qu'on lui doit. Il aimerait également renouer avec Evelyn, sa fille dont il ne s'est jamais vraiment occupé...

MON AVIS : Whouah, quelle scène d'introduction ! On peut dire que Dom Hemingway démarre très fort et annonce d'entrée de jeu la couleur : celle de la comédie trash qui n'a pas froid aux yeux et qui n'a pas peur d'en faire trop ! Jugez plutôt : Dom Hemingway, interprété par un Jude Law sous acide, est dans sa cellule, torse nu et se met à faire un monologue vantant la beauté de... sa bite ! Vu les mouvements de son corps, on comprend rapidement qu'il est en train de se faire sucer cette dernière. A la fin de ce monologue à se pisser dessus, on découvre que le suceur n'est pas une femme mais un co-détenu. Ah oui, quand même ! Tout le reste du film sera du même acabit, mélange de comédie enragée, de violence et de drame, le tout saupoudré d'une jolie pincée d'émotion, caractérisée à l'écran par la mignonne Emilia Clarke, qui interprète le personnage d'Evelyn, la fille du déjanté Dom Hemingway. Franchement, je ne sais pas ce que vaudrait le film de Richard Shepard sans Jude Law. L'acteur est ici transcendé, ne refuse aucune situation, qu'elle soit scabreuse ou non. Il faut se balader dans un parc entièrement à poil ? Pas de souci, Jude Law s'exécute. Il faut essayer de se montrer sensible, voire touchant lors des séquences avec Emilia Clarke ? Pas de souci, Jude Law s'exécute. Il faut jouer des points et devenir un vrai fou-furieux ? Pas de souci, Jude Law s'exécute. Il porte littéralement le film sur ses épaules et une fois celui-ci visionné, on aurait bien du mal à imaginer un autre acteur dans la peau de ce braqueur de banque qui peut devenir totalement hors de contrôle, ce qui nous vaut souvent des séquences vraiment hilarantes et destroy. Il faut dire que Dom Hemingway cumule tous les défauts : macho, bagarreur, obsédé, rancunier, mégalo, alcoolique à ses heures perdues, tout y passe. Mais s'il y a bien une chose qu'on ne peut pas lui enlever, c'est la loyauté ! Ayant refusé de dénoncer son patron, puissant parrain de la mafia, Dom Hemingway vient de passer douze ans en taule, ou son état ne s'est pas arrangé, bien au contraire. Quand il sort enfin de prison, il n'a qu'une obsession : se rendre chez son patron et réclamer sa part pour son silence. Aidé par son acolyte Dickie, lui aussi superbement interprété par l'acteur Richard E. Grant, Dom Hemingway s'en va donc retrouver Mr. Fontaine et entend bien amasser un bon paquet d'argent. Bien évidemment, le comportement imprévisible de notre héros anti-héros va semer la zizanie et va empêcher que tout se passe comme prévu, que tout se déroule sans accroc, et ce, pour notre plus grand plaisir. Il faut le voir insulter et se moquer de son patron sous l’œil effaré de Dickie qui sait qu'il ne faut pas plaisanter ou manquer de respect à Mr. Fontaine. Les répliques fusent à cent à l'heure, tout comme le rythme du film d'ailleurs, trépident et sans aucun temps mort, uniquement ponctué par des ralentissements dus aux scènes entre Dom Hemingway et sa fille Evelyn. On pourra même trouver le film éreintant, tant il semble survitaminé. Avec une mise en scène percutante, Richard Shepard se la joue un peu Guy Ritchie et honnêtement, l'ensemble fonctionne plutôt bien. On retiendra par exemple le spectaculaire accident de voiture, filmé de façon très originale. Malgré ses airs de film rock n' roll, Dom Hemingway n'est pas non plus dénué de sens et derrière ce maelström de grand n'importe quoi jouissif et festif se cache, tapis dans l'ombre, un message positif pour Dom Hemingway, qui semble plongé dans une spirale défaitiste qui ne paraît jamais vouloir s'arrêter. Car quoi qu'il fasse, il y a toujours un couac à un moment ou à un autre qui vient ruiner ses projets, ses plans ou ses bonnes intentions. Un véritable monsieur-pas-de-chance qui va rencontrer une gentille prostituée qui va venir changer la donne et l'aider à se reconstruire et à retrouver confiance en lui. Si on aurait aimé que l'histoire se focalise encore plus sur sa relation avec sa fille, ce qui nous aurait permis de voir plus longtemps Emilia Clarke (qui chante pour de vrai la chanson Fisherman's Blues), Dom Hemingway, sans être le film du siècle, loin s'en faut, assure le divertissement, provoque pas mal de fous rires et se montre souvent jubilatoire tant ses excès ne font pas dans la dentelle. A noter également une excellente bande originale, avec même un titre de Didier Wampas (Toujours) et un autre de Motorhead (Ace of Spades). Un film vraiment fun qui assume jusqu'au bout son délire et ça, ça fait plaisir à voir.


vendredi 21 août 2020

THE HOUSE ON BARE MOUTAIN

THE HOUSE ON BARE MOUTAIN
(House on Bare Moutain)

Réalisateur :  Lee Frost
Année : 1962
Scénario :  Denver Scott
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Erotique, Nudie
Interdiction : -16 ans
Avec : Bob Cresse, Laine Carlin, Leticia Cooper, Laura Eden, Ann Perry...


L'HISTOIRE : Granny Good tient une pension pour jeunes filles très réputée, mais qui est en fait une couverture lui permettant de se livrer au trafic d'alcool, le sous-sol du bâtiment contenant une distillerie gérée par son bras droit, Krakow, une sorte d'homme-loup à la pilosité abondante. Alors que la vieille dame prépare le bal d'Halloween, la police parvient à infiltrer l'école et place parmi les pensionnaires l'agent Prudence Bumgartner. Celle-ci va devoir prouver l'existence de l'activité clandestine de la directrice, sans éveiller les soupçons...

MON AVIS : En 1959, Russ Meyer invente le Nudie avec The Immoral Mr. Teas. Ce nouveau genre mêle éléments de comédie avec érotisme bon enfant, le casting féminin se retrouvant généralement totalement dévêtu pour le plus grand plaisir du public masculin, qui se rua dans les salles et fit du Nudie un genre très rentable durant les années 60. D'autres réalisateurs s'engouffrèrent dans la brèche ouverte par Russ Meyer, à l'image de Herschell Gordon Lewis par exemple, qui en réalisa pas mal avant d'inventer le genre Gore en 1963 avec Blood Feast. Totalement inoffensif en terme d'érotisme, ne montrant jamais de pratiques sexuelles avec moult détail, la majorité des Nudies se contentent d'enchaîner les petites séquences dans lesquelles des filles nues gambadent ou se baignent, le scénario étant relativement inexistant au sein de cette production. Le célèbre réalisateur de film d'exploitation Lee Frost, a qui on devra des classiques du genre comme The Defilers, Hot Spur, The ScavengersLove Camp 7, Black Gestapo ou bien encore The Thing with Two Heads, débute sa carrière en 1962 en mettant en scène des Nudies justement, l'investissement pour ce type de films étant on ne peut plus bas, avec Surftide 77 et The House on Bare Mountain dont je vais vous parler ici. Les diverses taglines du film pouvaient mettre l'eau à la bouche des amateurs de cinéma fantastique, jugez plutôt : Let us prove it to you when the monsters meet the girls! ou bien The nudies meet the nasties! ou bien See Frankenstein do the twist with Miss Hollywood! ou bien encore Everything's off when the horror boys meet Granny Good's girls! En clair, on nous vend un Nudie dans lequel les monstres classiques, tels Dracula, la créature de Frankenstein ou le Loup-Garou allaient être de la partie ! Cool ! Même si voir ces monstres légendaires se déhancher auprès de jeunes filles à poil peut faire hurler les puristes, l'idée en elle-même n'est pas inintéressante et promettait quelques scènes rigolotes et divertissantes. Qui plus est, le film de Lee Frost semblait avoir un scénario ou du moins un semblant de scénario, avec cette histoire de distillerie clandestine planquée au sein d'un pensionnat de filles. Bref, plusieurs éléments semblaient réunis pour assurer le spectacle et proposer un Nudie de qualité. Vous pouvez déjà faire redescendre la température, The House on Bare Mountain est un foutage de gueule total et s'avère des plus mensongers. En tant que Nudie, les amateurs ne seront pas dépaysés et le film recycle tout ce qui fait le charme de ces petites productions sans le sou : on y trouve tout un tas de jolies filles se déshabillant à la moindre occasion, faisant du sport, prenant une douche, étudiant un dictionnaire (mais oui, il faut avoir les seins nus pour apprendre le dictionnaire, vous ne le saviez pas ?) ou dansant et ce, en tenue d’Ève. Il y a même une des filles que Russ Meyer aurait pu embaucher si vous voyez ce que je veux dire (pour les incultes, traduisez par : elle a des gros seins !). Niveau humour, on navigue entre le style Benny Hill, avec des répliques parfois cocasses, et le style "humour pas très fin". C'est l'acteur Bob Creese qui interprète la vieille dame Granny Good, directrice du pensionnant. Pourquoi pas ? Ça donne une touche original au film d'entrée de jeu.  La durée n'est que de 61 minutes et des poussières, durée moyenne des Nudies de l'époque. Bref, The House on Bare Moutain coche les cases du cahier des charges, on ne peut pas lui reprocher ça. Là ou la bas blesse, c'est dans sa promesse de mettre en scène nos trois monstres ! Hormis le Loup-Garou (qui n'est en fait qu'un homme à la forte pilosité), quid de Dracula ou la créature de Frankenstein ? Ils sont bien présent pourtant, lors de la longue scène du bal d'Halloween ! Mais voilà, ce n'est en rien les monstres qu'on attendait mais juste deux garçons déguisés pour l'occasion ! Foutage de gueule  donc ! En plus, leur temps de présence à l'écran est tout bonnement ridicule et ils n'apportent rien à l'histoire ou au public, qui comprend qu'on l'a pris pour un gland. Pas sympa ça monsieur le scénariste ! Denver Scott qu'il s'appelle et ce sera d'ailleurs son unique participation dans le milieu du cinéma ! Tant mieux et bien fait pour lui ! Na ! Bref, si reluquez des jeunes et jolies filles offrant à nos regards leurs belles poitrines vous émoustillent, si vous êtes super bon public et que vous avez une heure à perdre, alors n'hésitez pas à visionner The House on Bare Moutain. Ceux qui veulent s'intéresser à la mise en scène, au placement de caméra ou au jeu d'acteurs, vous pouvez passez votre chemin séance tenante, il n'y a rien à voir. On aurait pu avoir un vrai Nudie scénarisé mais non, c'est raté. Dommage...

* Disponible en DVD chez BACH FILMS