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lundi 30 avril 2018

EMBRYO

EMBRYO
(Embryo)

Réalisateur : Ralph Nelson
Année : 1976
Scénariste : Anita Doohan, Jack W. Thomas
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Interdiction : -12 ans
Avec : Rock Hudson, Barbara Carrera, Diane Ladd, Roddy McDowall, Anne Schedeen...


L'HISTOIRE : Après le décès de sa femme dans un accident de voiture dont il était le conducteur, le scientifique Paul Holliston a abandonné ses recherches sur la manipulation génétique des embryons. Un soir, alors qu'il vient de renverser une chienne qui attend une portée, il décide de se remettre au travail. Il prélève les embryons canins et leur injecte un sérum de croissance. Seul un embryon survit. Au bout de deux ou trois jours, l'embryon s'est développé et à atteint sa taille adulte. Fort de ce succès, Holliston décide d'aller plus loin en testant le sérum de croissance sur un embryon humain. Avec l'aide d'un de ses amis qui travaille dans le milieu scientifique, il parvient à se procurer un fœtus provenant d'une femme enceinte qui vient de se suicider. Au bout de quelques jours, l'embryon atteint une taille adulte. C'est une séduisante jeune femme que Paul prénomme Victoria. Cette dernière possède des capacités d’apprentissage surprenantes. Mais le scientifique doit trouver pour Victoria un remède à un problème de vieillissement accéléré auquel il ne s'attendait pas...

MON AVIS : Dans les années 70, les films de science-fiction deviennent plus adultes, plus matures. Ils ne se focalisent plus uniquement sur les traditionnels récits d'invasion extra-terrestres ou de robots venus de l'espace mais se consacrent à des histoires plus réalistes, mettant en avant les interrogations que se posent le public sur l'écologie (ProphecySilent Running, Le Jour du Dauphin, Soleil Vert), les états totalitaire (THX 1138, Rollerball), l'avancée au niveau informatique (Le Cerveau d'Acier, Génération Proteus) ou bien encore le progrès scientifique mais aussi ses dangers : clonage (Ces Enfants qui venaient du Brésil, Les Femmes de Stepford, The Clonus Horror), expériences non autorisées (Frissons, Rage) ou manipulations génétiques (Chromosome 3). N'ayant pas bénéficié d'une sortie en salles, le film qui nous intéresse ici, à savoir Embryo de Ralph Nelson, fait partie de cette dernière catégorie. Il est d'ailleurs dommage que ce film soit peu connu car il possède des qualités indéniables malgré ses airs de téléfilm de luxe. La mise en scène est assez sobre et ne cherche pas à donner dans le sensationnel. Le rythme est plutôt lent, contemplatif et ne s'accélère réellement que lors des dix dernières minutes. Les décors, les costumes des acteurs semblent datés (normal pour un film de 1976 me direz-vous) et on sent que l'épreuve du temps ne joue pas toujours en faveur du film. Pourtant, malgré un aspect un peu vieillot il est vrai, impossible de ne pas être sensible à la thématique exposée, intrigante et terrifiante à la fois. L'une des grandes forces d'Embryo vient assurément de son casting. Dans le rôle du scientifique, on retrouve le célèbre acteur Rock Hudson, qui s'en sort vraiment bien et qui parvient à nous rester sympathique malgré ses curieuses expérimentations. Il faut dire que son personnage n'a rien du savant fou à la Frankenstein. Non, c'est un savant posé, réfléchi, qui oeuvre pour une belle cause en plus : permettre à tous les bébés prématurés de vivre, en accélérant leur croissance grâce à son sérum. Comment voulez-vous lui en vouloir ? Alors oui, ses expériences vont lui échapper, la cause à un facteur inattendu, et sa "créature" humaine va développer un instinct de survie qui l'obligera à commettre de vilaines choses, et ce, sans que notre gentil savant ne s'en aperçoive. Le spectateur, par contre, à un peu d'avance sur Rock Hudson car il a vu auparavant le comportement du chien génétiquement modifié et il sait que même si cette expérience canine a été une (apparente) réussite, il y a quelque chose qui cloche et que l'agressivité sournoise de l'animal va certainement être présente chez Victoria, notre fœtus qui a atteint une taille adulte en quelques jours. Cette anomalie de la nature, privée de toute sa jeunesse (comment se construire quand on commence à vivre à 24 ans environ ??) est interprétée par la charmante Barbara Carrera, vue dans L'île du docteur Moreau (1977), Condorman (1981), Jamais plus Jamais (1983) ou bien encore Les Oies Sauvages 2 (1985). D'origine nicaraguayenne, cette ravissante actrice, peu avare de ses charmes dans le film, va donc devoir s'adapter à son nouvel environnement et faire profil bas pour un temps, histoire de ne pas devenir une bête de foire à étudier. Si la mutation génétique l'a fait évoluer à vitesse grand V, elle lui a également donné une capacité de stockage d'informations considérable, devenant une véritable encyclopédie vivante ou une joueuse d'échec capable de battre Kasparov lui-même! Le pauvre Roddy McDowall en fera d'ailleurs les frais ! Bien sûr, pour créer un intérêt chez le spectateur, il fallait bien qu'un grain de sable vienne gripper l'expérience et notre jolie "fiancée de Frankenstein" de développer également un côté obscur qui en fera bien un monstre au final. Même si ses exactions ont pour seul but d'assurer sa survie, la pauvre étant victime d'un vieillissement prématuré, difficile pour son créateur d'avaler la pilule, surtout quand les victimes sont son fils, la femme de ce dernier et le bébé qu'ils attendent. Les dix dernières minutes sont intenses en émotion et en scènes chocs et viennent pimenter une action un peu faiblarde mais non dénué d'intérêt comme déjà dit. Les rares effets-spéciaux sont de qualité dans l'ensemble (les fœtus canins et humains sont superbement animés et très réalistes), avec un petit bémol pour l'effet de vieillissement dont on voit un peu trop le latex. Embryo a en tout cas des choses à dire et à raconter et il le fait plutôt bien. Il faut, comme toujours, se remettre dans le contexte de l'époque pour l'apprécier à sa juste valeur mais il mérite assurément le coup d'oeil ! 

* Disponible en DVD chez BACH FILMS

NOTE : 4/6




dimanche 29 avril 2018

LORD OF ILLUSIONS

LORD OF ILLUSIONS
(Lord of Illusions)

Réalisateur : Clive Barker
Année : 1995
Scénariste : Clive Barker
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Fantastique, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Scott Bakula, Famke Janssen, Kevin J. O'Connor, Joseph Latimore, Joel Swetow...


L'HISTOIRE : En 1982, Swann et trois de ses amis parviennent à sauver une petite fille des griffes de Nix, un gourou qui possède des pouvoirs magiques. Mis hors d'état de nuire, Nix est enterré afin que ses adeptes ne retrouvent pas l'emplacement de son tombeau. Treize ans plus tard, le détective privé Harry d'Amour se voit confier une enquête qui le mène à Los Angeles. Banale de prime abord, l'enquête se complique pour le détective. Il fait connaissance avec Dorothée, la compagne de Swann. Celui-ci est devenu le plus célèbre illusionniste au monde mais un de ses anciens amis vient de trouver la mort dans de curieuses circonstances. Dorothée demande à Harry d'élucider ce meurtre mystérieux et de protéger son mari. La situation se complexifie encore lorsque Swann trouve une mort atroce durant l'un de ses spectacles. Il semblerait que des puissances occultes se soient réveillées et que la résurrection de Nix soit prévue dans peu de temps...

MON AVIS : Romancier britannique à succès, encensé par Stephen King lui-même, Clive Barker avait été déçu des premières adaptations cinématographiques de ses histoires d'horreur (les films Transmutations et Rawhead Rex), si bien qu'il avait décidé de réaliser lui-même Hellraiser en 1987 puis Cabal en 1990. Les ennuis entre Barker et les studios de production ne sont pas nouveaux et il ne peut que constater l'étendu des dégâts avec Cabal, qui est remonté dans son dos et distribué tel quel, sans qu'il ne puisse intervenir. Le même scénario catastrophe se répète avec Lord of Illusions, qu'il met en scène en 1995, et que le studio MGM charcute de vingt bonnes minutes ! Dépité par toutes ces mauvaises expériences, Clive Barker n'est, à ce jour, jamais repassé derrière la caméra. Et c'est franchement dommage tant l'univers de Barker est intéressant et qu'il se montre assez doué en tant que réalisateur. Ce n'est pas Lord of Illusions qui viendra me contredire puisque c'est clairement l'un des meilleurs films fantastique/horreur de la décennie 90 ! Si certains effets spéciaux numériques sembleront un peu datés quand on revoit le film via l'excellent Blu-Ray sorti chez Le Chat qui Fume, les effets"à l'ancienne" ne sont par contre pas handicapés par le passage à la HD et se révèlent toujours aussi efficaces en 2018. La séquence d'introduction, dans la communauté de fanatiques dirigée par Nix, nous en met plein la vue d'entrée de jeu et laisse augurer du meilleur pour la suite. On admirera les détails des décors présents dans cette première scène et on félicitera le chef décorateur qui a fait un boulot extraordinaire. Barker nous plonge d'emblée dans une ambiance fantasmagorique, dans laquelle le fantastique et l'horreur crue se mélange dans un savoureux cocktail. Une fois passée cette mise en bouche spectaculaire, le film bifurque vers le thriller et le film noir, avec l'introduction du personnage d'Harry d'Amour, joué par Scott Bakula. Ce détective privé semble avoir une prédisposition pour le surnaturel et les enquêtes liées au paranormal. Ça tombe bien, il va être servi ici. D'une mission anodine qui l'envoie à Los Angeles, la vie d'Harry d'Amour va prendre une tournure des plus complexes une fois son intérêt pour le monde des illusionnistes découvert. Sa rencontre avec Dorothée, parfaite "femme fatale" des polars 50's, magnifiquement interprétée ici par la séduisante Famke Janssen, va le plonger à son tour dans un monde contrasté, où le réel va se télescoper avec l’irréel, l'illusion et la magie. L'étonnante séquence du spectacle de Swann, dans laquelle ce dernier va livrer au public médusé son nouveau numéro, est une merveille de mise en scène et d'inventivité, à l'image de tout ce qui compose Lord of Illusions d'ailleurs. Certaines scènes sont d'une beauté picturale folle, et on sent très bien Clive Barker, féru de peinture également, composé avec ses décors et ses acteurs à la manière d'un peintre, rendant ses images marquantes pour le spectateur. On retrouve d'ailleurs tout l'univers de Clive Barker dans Lord of Illusions. La violence, l'horreur pure et dure, le merveilleux, les personnages mystérieux, les costumes à connotation gay (Barker n'ayant jamais caché son homosexualité), la souffrance faite à la chair et j'en passe. Véritable thriller surnaturel, Lord of Illusions impressionne par son imagerie et sa créativité et on ne s'ennuie jamais durant les 120 minutes que dure cette version intégrale. Scott Bakula ne ménage pas ses efforts pour démêler le vrai du faux, s'en prend plein la gueule, s'envoie Famke Janssen pour compenser son dur labeur et va affronter la secte de Nix puis ce dernier, fraîchement ressuscité. Enfin fraîchement, il faut le dire vite vu son état. Son apparence pas très sexy il faut bien le reconnaître ne l'empêche en rien de posséder des pouvoirs terrifiants (lévitation et autres joyeusetés) qu'il mettra à profit dans une dernière demi-heure riche en rebondissement et en effets-spéciaux. Véritablement abouti, maîtrisé d'un bout à l'autre, Lord of Illusions est assurément un grand film fantastique qui mérite toute notre attention. De l'aveu même de Clive Barker, il l'a voulu comme étant un croisement entre Chinatown et L'Exorciste et a préféré laisser des zones d'ombres non explicitées (le tatouage d'Harry d'Amour, la relation (homosexuelle ?) entre Nix et ses deux hommes de main...) afin que chaque spectateur puisse se faire sa propre idée sur ces dernières. En tout cas, c'est une réussite formelle que ce voyage halluciné entre la vie et la mort, le réel et l'illusion, l'Enfer et le Paradis. 

* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME

NOTE : 5/6



samedi 28 avril 2018

THE UNDEAD

THE UNDEAD
(The Undead)

Réalisateur : Roger Corman
Année : 1957
Scénariste : Charles B. Griffith, Mark Hanna
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : /
Avec : Pamela Duncan, Richard Garland, Allison Hayes, Mel Welles, Richard Devon...


L'HISTOIRE : Diana Love, une jeune prostituée, devient le sujet d'expérience d'un docteur et de l'un de ses anciens élèves, ces derniers étant convaincus de pouvoir voir "l'Histoire" passée grâce à un patient mis sous hypnose. Diana est donc hypnotisée et après de longues heures de régression, elle se retrouve au moyen-âge dans la peau d'Hélène, une jeune femme accusée d'être une sorcière et condamnée à être décapitée au petit matin. Hélène parvient à s'enfuir de sa prison et retrouve Pendergon, son amant. Mais une autre sorcière, Lydia, aidé d'un lutin, va tout faire pour qu'Hélène soit reprise et condamnée, afin de séduire Pendergon, dont elle est également amoureuse...

MON AVIS Roger Corman adapte en 1957 un livre qui eut beaucoup de succès, "The Reincarnation of Diana Love". La Paramount acheta les droits du livre et du titre, ce qui fait que le studio AIP ne put l'utiliser. Le film de Corman fut donc baptisé The Undead, ce qui fait plus penser à un film de mort vivant ou de fantôme, ce qu'il n'est absolument pas. The Undead fut tourné en 10 jours, avec un budget de 70000$, ce qui n'étonnera pas les fans de ce réalisateur américain atypique. The Undead, petit film sans prétention réalisé par Roger Corman donc, est une bonne surprise. Avec une durée très modeste (68 min à tout casser), Corman parvient à nous livrer un film qui préfigure par de nombreux aspects sa future série d'adaptations des écrits d'Edgar Allan Poe. L'introduction est assez originale car l'histoire que l'on va découvrir nous est présentée par le... Diable lui-même ! Celui-ci nous prévient que nous allons assister à une histoire qui n'aurait pu se dérouler ainsi sans ses "prouesses". Le look de Satan est plutôt sympathique, armé de son trident maléfique. On assiste alors à l'histoire en elle-même, où une jeune femme, sous état hypnotique, se retrouve dans une de ses anciennes vies, au Moyen-Age. Les décors sont peu nombreux et reviennent assez souvent, le film ayant été tourné entièrement en studio. Mais ils sont néanmoins de qualité. La musique convient parfaitement à l'ambiance du film et certaines fois, on se croirait dans un film de la Universal des années 30. The Undead bénéficie en outre d'un scénario extravagant, qui nous fait penser à un conte de fée : en effet, on retrouve dans le film des chevaliers, des sorcières, des bourreaux, une jeune femme en péril qu'on doit sauver, de la magie, des transformations en animaux (chat, souris, chauve-souris...), bref, tout le panel des contes pour enfants, auquel vient se greffer la réalité, avec les séances d'hypnoses qui sont traitées avec sérieux. Corman se permet donc des délires, transforme une plantureuse sorcière en chat noir ou fait danser des mortes vivantes lors du sabbat (scène hallucinante, on se demande si Corman n'a pas pété les plombs !). Un film assez fou fou donc, renforcé par la présence du lutin, véritable numéro comique à lui tout seul. On retiendra surtout du film une réalisation soignée, où Corman cache son manque de moyen par l'utilisation d'un brouillard du plus bel effet, système D qu'il réutilisera dans ses adaptations de Poe, et qui confère au film une atmosphère surréaliste. Le film flirte allègrement avec la comédie, le fantastique mais aussi la science-fiction. En effet, afin de sauver Diana de son état, l'élève du docteur utilise une machine à "relier les ondes cérébrales", lui permettant de pouvoir ainsi se retrouver à la même époque qu'elle. Filmé entièrement de nuit, dans un beau noir et blanc, The Undead dispose d'un autre atout, majeur celui-ci ! La présence d'Allison Hayes, pulpeuse actrice qui préfigure les pin-up et Scream-Queens du cinéma fantastique. On la retrouvera d'ailleurs l'année suivante dans Attack of the 50 foot Woman de Nathan Juran. Allison campe une sorcière en proie au désir, n'hésitant pas à utiliser de ses charmes pour arriver à ses fins. Dur de résister dans son cas ! Pour conclure, n'hésitez pas à découvrir ce film, il mérite largement qu'on s'y attarde, surtout si vous aimez les petites séries B un brin déjanté et qui n'ont pas peur d'en faire trop !

* Disponible en DVD chez BACH FILMS (avec La Cité des Morts en film bonus)

NOTE : 4/6


TORMENTED

TORMENTED
(Tormented)

Réalisateur : Bert I. Gordon
Année : 1960
Scénariste : George Worthing Yates
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : /
Avec : Richard Carlson, Susan Gordon, Lugene Sanders, Juli Reding, Lillian Adams...


L'HISTOIRE : Tom Stewart va prochainement se marier avec la ravissante Meg. Il décide alors de mettre fin à sa relation avec Vi Mason mais cette dernière, folle amoureuse de lui, ne veut pas céder et menace de dévoiler cette liaison à la future mariée. Alors que les deux amants se trouvent tout en haut d'un phare, la barre de protection cède, menaçant de faire chuter Vi sur les rochers en pleine mer. Voyant une solution définitive pour mettre fin à cette liaison, Tom ne va pas secourir Vi qui chute mortellement. Les jours suivants le drame, Tom est assailli d'image de Vi et sent sa présence autour de lui. Tourmenté par son acte lâche, il en vient à se demander si Vi n'est pas revenue sous forme de fantôme pour faire rater son mariage...

MON AVIS : La mer semble attirer les scénaristes de films fantastiques en ce début de 60's puisque plusieurs d'entre-eux vont utiliser en partie ce cadre : Night Tide (1961), Carnival of Souls (1962), La Cité sous la Mer (1965) ou bien encore ce Tormented, réalisé par Bert I. Gordon en 1960. Ce réalisateur américain est bien connu des amateurs, qui l'ont surnommé "Mister B.I.G", en raison d'une thématique qu'il apprécie beaucoup et qu'il a mis en image à de nombreuses reprises : le gigantisme. On citera à titre d'exemple ses œuvres majeures dans le domaine, à savoir The Cyclops, Le Fantastique Homme Colosse, War of the Colossal Beast, The Spider, Village of the Giants, Soudain les Monstres ou L'Empire des Fourmis Géantes. Le film qui nous intéresse ici, Tormented donc, n'a rien à voir avec ce thème du gigantisme. C'est une classique histoire de fantôme revanchard, en l’occurrence celui de Vi Mason, une blonde plantureuse interprétée par Juli Reding, qui va venir tourmenter le héros (Richard Carlson) qui a refusé de lui sauver la vie afin d'éviter un chantage affectif. Pas très gentil  ça monsieur ! Normal donc que le spectre de la défunte vienne régler ses comptes et tente d'empêcher le mariage de l'homme qu'elle aime avec une autre ! En bon technicien d'effets visuels, Bert I. Gordon va s'amuser à provoquer la peur chez le héros, qui ne sait plus s'il devient fou du fait de son acte ou s'il est vraiment victime du fantôme de son ex-compagne. Empreintes de pied qui apparaissent dans le sable, main sans corps qui vient prendre possession de l'alliance de la future mariée, corps inanimé de Vi flottant à la surface de la mer et qui s'avérera n'être qu'un tas d'algues une fois ramené sur la plage, voix résonant dans le vide et autres manifestations paranormales vont faire de la vie de Tom Stewart un enfer. Surtout que lui seul semble voir ces manifestations spectrales, d'où son questionnement sur sa propre santé mentale. Filmé en noir et blanc, Tormented et les mésaventures de son héros auraient très bien pu être un épisode longue durée de La Quatrième Dimension ou bien faire partie d'un récit des célèbres bandes-dessinées EC Comic. Les acteurs jouent bien, paraissent crédibles, n'en font pas des tonnes. Même la petite Susan Gordon, la propre fille de Bert I. Gordon qui l'avait déjà fait joué dans son Attack of Puppet People en 1958, n'agace pas et livre une composition d'actrice bien en place malgré son jeune âge (11 ans). Baigné dans une atmosphère étrange et onirique, Tormented ne démérite en aucune façon face aux autres films du même genre. La mise en scène de Bert I. Gordon est soignée, inspirée et il a su tirer partie de son décor, et notamment du phare qui jouxte la plage, pour instaurer une ambiance oppressante à cette histoire, qui mêle thriller, paranoïa et fantastique. Le spectateur, tout comme le personnage principal, ne sait plus sur quel pied danser et se demande constamment si tout ne provient pas de l'imagination de ce dernier, totalement rongé par une culpabilité qu'il tente de minimiser. Une certaine folie semble s'emparer de tout son être et son comportement ne cesse d'évoluer vers la psychose, l'amenant à ne plus différencier la réalité de l'imagination. L'acteur Richard Carlson est particulièrement bon dans ce rôle et le film repose principalement sur ses épaules. Si on passera sur quelques effets visuels un peu raté (la tête coupée vivante de Vi, crédible de face grâce à une superposition d'image mais dont on voit qu'il s'agit clairement de la tête d'un mannequin de dos ou quand le héros la tient par les cheveux), on admettra sans difficulté aucune que Tormented est une petite série B rudement bien troussée dans son genre et qui ne mérite pas les mauvais avis qu'elle semble recueillir la plupart du temps. C'est vraiment un film différent de ce que Bert I. Gordon a l'habitude de nous proposer et le réalisateur s'en est vraiment bien sorti, avec un final qui vient, encore une fois, prouvé le dicton que "l'amour est éternel", laissant le spectateur sur une image marquante et totalement dans la tradition des épisodes de La Quatrième Dimension ou d'Alfred Hitchcock Présente...

* Disponible en DVD chez BACH FILMS (avec Carnival of Souls en film bonus)

NOTE : 4/6


SAN BABILA : UN CRIME INUTILE

SAN BABILA : UN CRIME INUTILE
(San Babila ore 20: un Delitto Inutile)

Réalisateur : Carlo Lizzani
Année : 1976
Scénariste : Mino Giarda, Carlo Lizzani, Ugo Pirro
Pays : Italie
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Daniele Asti, Brigitte Skay, Giuliano Cesareo, Pietro Brambilla, Pietro Giannuso ...


L'HISTOIRE : Milan, place San Babila, en 1975 durant les années de plomb. Un groupe de jeunes néo-fascistes, dont font partie Michele, Franco, Fabrizio et Alfredo, fait régner sa loi, importunant les passants, s’empoignant avec les gauchistes de passage, draguant les filles. Lors d’une journée classique, ce petit groupe d’amis va provoquer une série de drames croissant dans la violence, jusqu’au crime inutile...

MON AVIS : Avec sa jaquette intrigante, je pensais que San Babila : Un Crime Inutile, film dont je n'avais jamais entendu parler, était un poliziesco, un néo-polar à l'italienne façon Big Racket, Brigade Spéciale, La Rançon de la Peur, Échec au Gang ou autre Milan Calibre 9. J'avais tout faux. Le film a été mis en scène en 1976 par Carlo Lizzani. Ce réalisateur n'a rien d'un artisan du cinéma Bis. Assistant-réalisateur sur Allemagne Année Zéro (1948), scénariste sur Riz Amer (1949), c'est un réalisateur engagé, profondément de gauche, soutenant la cause des syndicalistes et qui a reçu un prix au Festival de Cannes avec son film La Chronique des pauvres amants. Il fait partie de la mouvance du cinéma néo-réaliste et son thème de prédilection est la résistance antifasciste italienne,qu'il a illustré avec des films comme Achtung! Banditi! (1951), Le Procès de Vérone (1963) ou Les Derniers Jours de Mussolini (1974) entre autres. Il s'est suicidé le 5 octobre 2013. Avec San Babila : Un Crime Inutile, Carlo Lizzani est fidèle à ses idéaux puisque son film s'inspire d'un sordide fait divers qui s'est déroulé le 25 mai 1975 à Milan, place San Babila : Un sympathisant de gauche, Alberto Brasili, qui se promène avec sa petite amie Lucie Corna, est pris à partie par cinq jeunes néo-fascistes, ce qui est assez classique à cette époque, les affrontements entre partisans d'extrême-droite et d'extrême-gauche étant monnaie courante. Brasili, ainsi que Lucie Corna, sont frappés à coups de couteau à plusieurs reprises. Le jeune homme succombera à ses blessures mortelles. Un an après les faits, Lizzani s'empare donc de cette tragédie pour la retranscrire au cinéma. Toujours féru de néo-réalisme, il engage des acteurs totalement inconnus pour interpréter le gang des quatre fascistes et ce choix s'avère payant car ils se révèlent particulièrement doués et possèdent un visage et un charisme qui sied parfaitement à leurs personnages antipathiques. Le film nous propose donc de suivre ce gang anti "rouges" durant toute une journée, du matin au soir de l'agression fatale. Dans un style proche du documentaire, très réaliste (un cinéma projette French Connection, ce n'est pas un hasard), Lizzani nous présente, sans compassion aucune, les quatre voyous et va nous faire suivre leurs exactions malsaines, sans fioritures ni effets de style. Des exactions qui progressent crescendo, allant du simple vandalisme de scooters appartenant à des gauchistes à la tentative ratée de placer une bombe artisanale dans un local syndicaliste pour se clôturer sur la traque de deux sympathisants de gauche, traque qui mènera à un crime inutile. Les quatre néo-fascistes ne sont en rien sublimés dans le film. Lizzani nous dresse juste le portrait d'une jeunesse désabusée, certaine de ses convictions nauséabondes, en manque de repère et d'amour familial. Des gamins manipulés par "les chefs", moutons qui suivent une voie qui ne mène à rien sinon à la case prison. Une jeunesse désœuvrée, clairement misogyne mais impuissante (la scène avec Lalla, jeune fille paumée, souffre-douleur de la bande qui ne la respecte pas et que l'un des voyous veut baiser mais qui n'y arrive pas, la pénétrant avec un ustensile en plastique), qui bénéficie de la clémence de la police à maintes reprises, cette dernière fermant les yeux même quand les incivilités se passent juste sous leurs yeux ! Lizzani se montre politiquement assez virulent dans son propos et dans la description des événements et n'épargne personne, tous les personnages sont détestables au possible, quelque soit leur bord politique. Son film est empreint d'un nihilisme total et ne possède pas une once d'humour, si ce n'est la scène dans laquelle les quatre voyous exhibent les godemichés qu'ils viennent d'acheter dans un sex-shop aux yeux des passants incrédules. Sinon, ce n'est que noirceur et violence, autant dans les images, les dialogues ou les situations proposées. San Babila : Un Crime Inutile est donc un drame politique important pour qui s'intéresse à cette période des années de plombs, où l'extrême droite et les Brigades Rouges commettaient moult attentats, affrontements, enlèvements et assassinats qui plongèrent l'Italie dans le chaos. Cette journée en Enfer se doit d'être découverte par le plus grand nombre, San Babila : Un Crime Inutile ne méritant pas de rester méconnu auprès du public. Sa sortie en combo BR + DVD, avec une image nette et précise et des bonus intéressants (dont le module avec l’assistant réalisateur Gilberto Squizzato qui nous livre de nombreuses informations sur cette période tragique) lui permettra sans aucun doute de ne pas rester dans l'anonymat et de toucher un public plus large.

* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME

NOTE : 4,5/6


mercredi 25 avril 2018

GIANT FROM THE UNKNOWN

GIANT FROM THE UNKNOWN
(Giant from the Unknown)

Réalisateur : Richard E. Cunha
Année : 1958
Scénariste : Frank Hart Taussig, Ralph Brooke
Pays : Etats-Unis
Genre : Epouvante
Interdiction : /
Avec : Ed Kemmer, Sally Fraser, Bob Steele, Morris Ankrum, Buddy Baer...


L'HISTOIRE : Les habitants de la petite ville de Pine Ridge sont inquiets depuis que du bétail a été retrouvé mutilé et que l'un des leurs, Harold Banks, a été retrouvé sauvagement assassiné. Les incidents ont lieu dans la région montagneuse baptisée Devil's Crag et le shérif ne veut plus que personne ne s'y rende pendant son enquête. Il soupçonne le géologiste Wayne Brooks, qui mène ses recherches à Devil's Crag. Ce dernier fait la connaissance du professeur Cleveland et de sa fille Janet. Cleveland est archéologue et il désire se rendre dans la région afin de retrouver les ossements d'anciens conquistadors espagnols, et notamment ceux du terrible Vargas, surnommé en son temps "le diable géant". Le shérif ne voit pas d'un bon œil cette expédition. Sur place, Cleveland, Janet et Wayne Brooks découvrent effectivement d'anciennes armures de conquistadors ainsi que des squelettes. Un violent orage les pousse à rentrer au campement. Ils ignorent que Vargas est toujours vivant quelques 500 ans après sa supposé mort. Le géant espagnol va récupérer son ancienne armure de conquistador et causer bien du souci aux trois chercheurs...

MON AVIS : Le réalisateur Richard E. Cunha n'est pas un nom inconnu pour qui s'intéresse au cinéma fantastique et en particulier aux "Craignos Monsters", ces petites séries B sans budget qui fleurissaient dans les années 50/60. On doit à Richard E. Cunha quelques perles du genre, comme She Demons, Missile to the Moon ou Frankenstein's Daughter par exemple. Giant from the Unknown est sa seconde réalisation. Datant de 1958, ce film peu connu aurait été tourné, selon les dires du réalisateur lui-même, en six jours et pour un budget avoisinant les 54,000$. Tout comme les trois autres films précités d'ailleurs. Un vrai "low-budget" donc, ce qui n'empêche pas le film, au final, de s'avérer plutôt agréable et divertissant. J'ai même été assez surpris par le soin apporté au jeu des acteurs, qui sont tous bons et tirent Giant from the Unknown vers le haut. Même s'il n'y a pas des dizaines de rebondissements à la minute, cette recherche de vestiges antiques est bien mise en scène, s'avère intéressante, et la relation qui se crée entre les trois personnages principaux participe à l'attrait de cette modeste production qui satisfera les nostalgiques et les aficionados de ces petites séries B 50's au charme suranné. Dans le rôle de Wayne Brooks, on trouve Ed Kemmer, qui interprète donc ce personnage sympathique, aimable et serviable. Sorte de gendre idéal, on a un peu de mal à comprendre pourquoi il est la cible du shérif qui n'a pas l'air de le porter dans son cœur. Ce brave géologue tombera évidemment amoureux de Janet, jolie blondinette jouée par Sally Fraser, qu'on a vu dans It Conquered the World, War of Colossal Beast ou The Spider. Elle est l'élément charme du film et son naturel sied parfaitement à son personnage. Comme dans tous films de monstres qui se respectent, elle deviendra "demoiselle en détresse" vers la fin du film, capturée par notre conquistador géant, et lancera à nos oreilles quelques doux cris de terreur assez efficaces. Dans le rôle du professeur Cleveland, on trouve Morris Ankrum, acteur à l'impressionnante filmographie (plus de 270 participations!), qui parvient à rendre crédible son personnage d'archéologue passionné par les conquistadors et par le terrible Vargas. Ce dernier, censé être la vedette de Giant from the Unknown, est joué par Buddy Baer. Acteur de grande taille (plus de 2m), il a souvent eu des rôles de géants, comme dans Quo Vadis (1951) ou Jack et le haricot magique (1952). Si le titre du film de Richard E. Cunha n'est pas mensonger, puisque Buddy Baer est effectivement bien plus grand que le reste du casting, il ne faut pas s'attendre non plus à un géant réellement géant, si vous voyez ce que je veux dire. Il n'y a aucun effet d'optique ou d'effet-spéciaux dans le film qui ferait de ce méchant conquistador un monstre de la taille de King Kong par exemple. Un détail qui pourra amener une petite déception chez le spectateur s'attendant à voir un monstre de la taille d'un immeuble. Par contre, le maquillage de notre géant, sommaire mais réussi, a été conçu par un certain Jack Pierce, vous savez, le monsieur qui a transformé Boris Karloff en créature de Frankenstein dans les années 30 ! Rien que ça ! Une fois son armure de conquistador retrouvé, Vargas va semer la terreur alentour, commettre quelques meurtres et devenir la proie du shérif et des habitants qui ne veulent pas de sa présence et on les comprend. Pour qui a suivi le film de manière consciencieuse, on notera un léger paradoxe dans le déroulement du récit, puisque dès le début, les natifs de la région se plaignent du massacre de leur bétail et de la mort d'un des leurs, incidents dramatiques qui, en toute logique, ont du être commis par Vargas le géant. Petit problème, celui-ci ne se réveille qu'au milieu du film ! Un petit souci de cohérence pas bien méchant mais qu'il faut tout de même signaler. A moins qu'il ne retourne pioncer dans son lit de roche calcaire entre chaque attaque ? Ça serait surprenant mais après tout, tout est possible dans l'univers des B-Movies  même si ce n'est jamais dit. En tout cas, une chose est sûre : contrairement à ce que proclame l'affiche originale du film, notre géant ne vient pas "d'un autre monde" ! Ah ces arguments publicitaires, ils n'ont jamais peur d'en faire trop pour attirer le spectateur ! Quoiqu'il en soit, Giant from the Unknown est un mélange de film d'aventure, de science-fiction et d'épouvante qui fonctionne bien. Sans être génial, innovant ou spectaculaire, il parvient à maintenir un intérêt constant et se regarde sans déplaisir aucun, rappelant à notre bon souvenir les films de "La Dernière Séance".... 

* Disponible en DVD chez BACH FILMS (avec La Bête de la Caverne Hantée en film bonus)

NOTE : 4/6




mardi 24 avril 2018

L'ASSASSIN A RÉSERVÉ NEUF FAUTEUILS

L'ASSASSIN A RÉSERVÉ NEUF FAUTEUILS
(L'assassino ha riservato Nove Poltrone)

Réalisateur : Giuseppe Bennati
Année : 1974
Scénariste : Giuseppe Bennati, Paolo Levi, Biagio Proietti
Pays : Italie
Genre : Giallo, Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Rosanna Schiaffino, Chris Avram, Eva Czemerys, Paola Senatore, Janet Agren...


L'HISTOIRE : Pour les neuf membres et proches de la famille Davenant, rassemblés à l'occasion de l'anniversaire de Patrick, la soirée du 14 février 1974 s'achève entre les murs d'un vieux théâtre, propriété familiale fermée depuis près d'un siècle. Étrange idée, dans la mesure où Patrick semble redouter cet édifice aux fastes majestueux. A raison, puisque les portes se referment bientôt comme par magie, piégeant les convives dans l'édifice, tandis qu'un homme mystérieux, glissé parmi eux, semble tirer les ficelles d'une tragédie à venir et qu'un assassin rôde, faisant tomber les invités un par un...

MON AVIS : Inédit en France, L'Assassin a réservé Neuf Fauteuils est un giallo datant de 1974 et réalisé par Giuseppe Bennati, metteur en scène peu prolifique puisque sa filmographie ne comporte que 9 films et six épisodes de la série-télévisée Marcovaldo. Pour son seul et unique giallo, ce réalisateur transalpin fait preuve d'un joli savoir-faire et a su mettre en image le scénario écrit à trois mains (Giuseppe Bennati, Paolo Levi et Biagio Proietti) qui a servi de support au film. Un scénario qui mêle plusieurs influences, facilement reconnaissables à la vision des images proposées : le giallo évidemment, avec son mystérieux assassin masqué, ganté et adepte du meurtre à l'arme blanche et ses jolies filles qui n'hésitent pas à dévoiler leurs charmes naturelles, nous y reviendrons. Le fait même de placer plusieurs personnes qui ne s'aiment pas dans un lieu clos rappelle au souvenir d'Agatha Christie et de ses "Dix petits Nègres", le scénariste Biagio Proietti ne s'en cache d'ailleurs pas. Le cadre de l'action, un splendide théâtre médiéval situé à Fabriano, et l’accoutrement du tueur (masque et cape) nous fait irrémédiablement penser au Fantôme de l'Opéra bien sûr. Le théâtre est également à l'honneur avec de nombreuses références à Shakespeare, que ce soit la scène dans laquelle Janet Agren joue un passage de Roméo et Juliette devant les invités ou certains dialogues qui évoquent des œuvres du célèbre poète dramaturge anglais. Le fantastique est aussi de la partie, on peut même parler d'ambiance gothique dans le cas présent. Antonio Margheriti aurait très bien pu être le réalisateur de L'Assassin a réservé Neuf Fauteuils, tant certaines séquences du film se rapprochent de son cinéma. L'habileté de Giuseppe Bennati est de nous questionner en permanence sur ce "possible" aspect fantastique dans son film. La légende du théâtre, vieille de plus de cent ans et portant sur le propriétaire qui a réunit neuf personnes pour les assassiner, est-elle en train de se répéter à cause d'une antique malédiction ou l'un des protagonistes s'en sert-il pour commettre ses méfaits dans un but purement intéressé ? Car l'actuel propriétaire des lieux est un homme très riche et l'obtention de son héritage pourrait pousser plusieurs personnes à verser dans le meurtre crapuleux. Il faut dire que les neuf personnages, issus de la famille du propriétaire du théâtre Patrick Davenant (sa fille Lynn et son compagnon Duncan, sa sœur Rebecca et sa petite amie Doris, Albert son meilleur ami, Vivian son ex-compagne, Kim sa future femme et Russell, l'amant de cette dernière) ne peuvent pas se sentir les uns les autres et la jalousie et la mesquinerie règnent en maître dans ce petit cercle familial. Chacun aurait une bonne raison d'éliminer Patrick Davenant, une raison d'ordre pécuniaire évidemment, un peu comme dans La Baie Sanglante réalisé trois ans plus tôt par Mario Bava. Le mystère s'épaissit encore avec la découverte d'un vieux tableau qui illustre les différents meurtres qui viennent d'avoir lieu. Copycat ou présence spectrale revenue d'outre-tombe ? C'est vraiment l'un des points les plus intéressants du film, mis en exergue avec ce curieux personnage habillé en hindou et que personne ne semble connaître. Qui est-il ? Outre ce suspense savamment entretenu, qui dit giallo dit bien sûr violence et érotisme. La plupart des assassinats se révèlent assez soft dans l'ensemble (couteau dans le dos, pendaison, strangulation...) mais l'un d'eux est particulièrement sadique et misogyne, peut-être un clin d'oeil à l'excellent Mais qu'avez-vous fait à Solange ? réalisé en 1972 : l'assassin va en effet enfoncé son poignard, et ce, à plusieurs reprises, dans le vagin de sa victime avant de lui crucifier la main. Une séquence choc, qui ne montre pas l'acte de pénétration mais notre esprit n'a pas besoin de voir pour se l'imaginer et les expressions de visage de la malheureuse Eva Czemerys suffisent à nous faire comprendre la douleur ressentie. On appréciera d'ailleurs la mise en scène théâtrale de ce meurtre lorsque les survivants le découvre, l'assassin ayant quasiment créé une oeuvre d'art mortuaire, mise en avant sur la jaquette française du film, un peu à la manière du tueur à la tête de hibou à la fin de Bloody Bird. Est-ce que Michele Soavi a vu L'Assassin a réservé Neuf Fauteuils et s'en est inspiré pour son film ? Possible. Niveau érotisme, lui aussi assez soft, le spectateur sera comblé puisque le casting féminin est des plus savoureux et ces demoiselles n'hésitent jamais à dévoiler leurs belles poitrines. Parmi les jolies créatures qui prennent part à ce giallo, on citera la ravissante Janet Agren (vue dans Atomic Cyborg, La Secte des Cannibales, Panic, Kalidor ou Frayeurs entre autres), la brune Rosanna Schiaffino, la rousse incendiaire Paola Senatore (quel corps sculptural !) ou encore la blonde Lucretia Love. Du beau monde donc, et ce n'est pas leur féminité qui viendra amoindrir les coups bas et autres mesquineries entre convives, bien au contraire. L'Assassin a réservé Neuf Fauteuils est franchement une sympathique découverte en ce qui me concerne. Ce n'est pas le meilleur giallo que j'ai vu, ce n'est pas un maître-étalon du genre, mais il se dégage de ce film un petit quelque chose qui fait qu'avec le soin apporté aux images, à l'ambiance et à la mise en scène, j'ai été embarqué jusqu'à la fin. Merci au Chat qui Fume de l'avoir sorti dans une belle édition combo BR + DVD, avec un packaging et une remasterisation de l'image aussi soignés que le film de Giuseppe Bennati

* Disponible chez LE CHAT QUI FUME

NOTE : 4/6



dimanche 22 avril 2018

STAR WARS 8 - LES DERNIERS JEDI

STAR WARS 8 - LES DERNIERS JEDI
(Star Wars 8 - The Last Jedi)

Réalisateur : Rian Johnson
Année : 2017
Scénariste : Rian Johnson
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Daisy Ridley, John Boyega, Mark Hamill, Adam Driver, Oscar Isaac...


L'HISTOIRE : Rattrapée par les forces du Premier Ordre, les résistants, emmenés par Leia Organa, se voient contraint de mener une attaque contre un puissant cuirassé. L'attaque est gérée par Poe Dameron, qui parvient à détruire le cuirassé, causant malheureusement de nombreuses pertes au sein de la Résistance. De son côté, Rey a retrouvé Luke Skywalker, qui vit en ermite sur l'île de la planète-océan Ahch-To. La réaction de ce dernier n'est pas celle espérée par la jeune femme. Luke ne veut rien entendre de la cause de la Résistance ou des Jedi. Face a la ténacité de Rey, Luke finit par céder et découvre que Rey possède la Force. Connectée à Kylo Ren, Rey va devoir faire face au côté obscur sans y sombrer. Le temps est compté pour la Resistance, qui voit la flotte du Premier Ordre, dirigée par le Suprême Leader Snoke, gagner du terrain...

MON AVIS : Deux ans après la sortie de Star Wars 7 - Le Réveil de la Force, épisode que j'ai adoré de par son fan-service et ses nouveaux personnages, voilà que débarque Star Wars 8 - Les Derniers Jedi, avec cette fois Rian Johnson à la réalisation. Le septième épisode s'étant terminé sur un cliffhanger bouleversant, avec l'apparition de Luke Skywalker, j'avais hâte de découvrir ce huitième chapitre et voir comment il allait réagir face à Rey qui lui a tendu son sabre-laser. Inutile de dire que sa réaction est des plus surprenantes et qu'elle risque de faire grincer des dents. Le personnage de Luke est certes un peu malmené par le scénario mais en fin de compte, c'est ce qui donne tout son intérêt au film et à ce héros emblématique. Ces situations inattendues, presque parodique parfois, qui le mettent en scène, permettent à Mark Hamill de livrer une très belle performance d'acteur. J'ai été très content pour lui de voir que cette évolution de son personnage, qu'on peut apprécier ou pas, lui a permis de jouer sur plusieurs registres émotionnels et de nous livrer une séquence absolument magnifique à la fin du film. L'acteur, qui n'a réellement jamais eu de rôle à sa hauteur en dehors des trois Star Wars il faut bien le reconnaître, est ici sublimé et l'aspect plus sombre, plus dramatique de ce huitième épisode, malgré quelques notes de comédie, lui sied à merveille. Niveau émerveillement, ce Star Wars 8 nous en met encore plein la vue, et ce, dès la spectaculaire séquence d'introduction, qui voit le X-Wing de Poe Dameron virevolter dans l'espace avec une fluidité inégalée. Les combats spatiaux sont extraordinaires de dynamisme, c'est réellement époustouflant. On retrouve bien sûr les personnages du Réveil de la Force, Rey et Kylo Ren en tête. Toujours interprétés par la charmante Daisy Ridley et le ténébreux Adam Driver, la relation entre Rey et Kylo Ren va donner de l'épaisseur à l'intrigue et ouvrir un vaste questionnement sur leur liaison psychique. Evidemment, je regrette amèrement que Kylo Ren ne porte pas son superbe casque dans ce film mais j'avoue qu'Adam Driver m'a plutôt bluffé dans cet épisode et qu'il s'en sort admirablement bien. Petit bémol par contre pour le personnage de Finn, à qui on a collé une camarade de jeu qui ne sert pas à grand chose au final. La séquence du casino est à l'avenant, je ne lui ai pas trouvé une grande utilité si ce n'est de nous présenter un bestiaire intéressant et de pouvoir mettre en avant un aspect politique. Mais bon, on aurait très bien pu s'en passer de cette longue séquence qui ralentit un peu le rythme du film. Heureusement, la suite vaut largement le coup d'oeil, et notamment l'attaque sur la planète de sel, avec cette couleur rouge qui apparaît en fonction du déplacement des vaisseaux et véhicules et qui donne à cette séquence un aspect pictural assez flamboyant, digne d'un tableau de maître. L'ultime image du film, quant à elle, est porteuse d'un espoir renouvelé et riche en émotion. S'il n'est pas exempt de quelques défauts (Leia Superman, je ne comprend toujours pas cette scène même après l'avoir revu), Les Derniers Jedi est une sacré réussite, visuellement splendide, possédant des scènes magistrales entremêlées d'autres plus anodines, mais qui participent toutes à faire de cette épopée un divertissement épique intelligent et enivrant, qui donne envie de voir comment va se conclure cette nouvelle trilogie. Et mention spéciale à la vision d'un personnage culte qui fait une petite apparition dans le film.

NOTE : 5/6


FRANKENSTEIN CONTRE LE MONSTRE DE L'ESPACE

FRANKENSTEIN CONTRE LE MONSTRE DE L'ESPACE
(Frankenstein meets the Spacemonster)

Réalisateur : Robert Gaffney
Année : 1965
Scénariste : George Garrett
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Marilyn Hanold, James Karen, Lou Cutell, Nancy Marshall...


L'HISTOIRE : Plusieurs fusées américaines sont détruites en plein vol de cause inconnue. Le gouvernement et l'armée décident de renouveler l'expérience mais en mettant cette fois à bord le pilote Frank Saunders. Ce dernier est en fait un cyborg crée par le docteur Steele. La fusée est à nouveau détruite mais le pilote parvient à s'éjecter avant. Dans le même temps, les survivants d'un peuple extra-terrestre, responsables de la destruction des fusées américaines, décident d'envahir la Terre afin de capturer des terriennes destinées à la reproduction et ce, dans le but de repeupler leur civilisation. De son côté, pourchassé et gravement blessé sur un côté du visage après avoir essuyé un tir laser qui a endommagé son cerveau électronique, Frank Saunders devient incontrôlable et sème la terreur alentour. Son créateur tente de le récupérer...

MON AVIS : Unique réalisation de Robert Gaffney, Frankenstein contre le Monstre de l'Espace possède un statut peu envié, à savoir celui de faire partie de la liste des plus mauvais films de science-fiction jamais réalisés (certains diront des plus mauvais films tout court), aux côtés de Plan 9 from Outer Space ou Robot Monster par exemple. Alors, mérite-t-il cette triste réputation ou serions-nous en présence d'un chef-d'oeuvre incompris ? Point de suspense, ce film appartient bien à la catégorie des mauvais films. Mais de ceux qui possèdent un capital sympathie qui fait que, même si on est très loin des classiques du genre, on ne s'y ennuie pas (trop) et on y prend même du plaisir au final. Il faut dire qu'il y a de quoi faire pour s'amuser ici : des extra-terrestres belliqueux à crâne chauve et oreilles à la "Monsieur Spock", un pilote qui est en fait un cyborg créé à partir de restes humains et qui va se comporter telle la créature de Frankenstein (d'où le titre du film), un monstre façon "craignos monster" qui répond au doux nom de "Mull", un savant et sa secrétaire qui vont tenter de récupérer leur cyborg tout en se promenant à scooter dans les rues de la ville (on se croirait dans Vacances Romaines avec Audrey Hepburn et Gregory Peck !), des tirs de pistolet-laser, de la séquestration de jolies terriennes par les extra-terrestres à des fins pas très catholiques (faut bien repeupler leur race et c'est pas avec des escargots que ça se fait hein...), des tas de stock-shots disséminés ici et là (principalement des images d'archives militaires), un vaisseau spatial martien un peu archaïque mais sympa comme tout et j'en passe. Tout ça durant la petite heure et quart que dure le film. Un programme attrayant donc, surtout pour l'amateur de nanar rigolo, qui s'amusera devant le faciès absolument incroyable du Dr. Nadir, interprété par Lou Cutell. Ce dernier est l'homme de main et le conseiller de la reine martienne, et son look, des plus improbables avec ce crâne chauve et ces oreilles de chauves-souris, dont on voit clairement les effets de maquillage, ne manquera pas de vous donner la banane devant votre écran. Avec son regard expressif et ses attitudes théâtrales, le Dr. Nadir vaut son pesant de cacahuètes et chacune de ses apparitions est un régal, tant l'acteur semble s'amuser et n'être pas conscient du ridicule des situations ou des dialogues prononcés. La reine martienne est interprétée par Marilyn  Hanold, qu'on a également vue dans Le Cerveau qui ne voulait pas Mourir en 1962. L'actrice, ex-miss Playboy 1959, ne gagnera aucun prix d'interprétation pour son rôle de Princesse Marcuzan dans le film de Robert Gaffney, tant sa prestation reste insignifiante et d'une banalité confondante. Celui qui s'en sort mieux, c'est Robert Reilly, qui joue le pilote cyborg. Je ne comprenais pas pourquoi il avait un visage figé lors de sa première apparition, puis son discours enjoué face à des journalistes avant qu'un rictus ne vienne se bloquer sur son visage m'a mis la puce à l'oreille. Banco, c'est un robot ! A l'instar de la créature de Frankenstein incarnée par Karloff, notre pilote, pas méchant pour un sou, va subir quelques ravages provoqués par un tir de pistolet-laser dont l'impact va lui cramer la moitié du visage, un peu à la manière de Double-Face dans Batman. Si on voit clairement le contour du masque de latex, l'effet est assez réussi et on comprend les hurlements de terreur des jeunes femmes qu'il croise. On est loin du look Brad Pitt il faut bien le reconnaître. Abandonné par son créateur (qui le cherche mais il ne le sait pas), avec ses circuits électriques endommagés, notre cyborg va errer comme un pauvre diable en peine dans les rues de Porto Rico et commettre, bien malgré lui, des exactions sur la population, ce qui ne va pas arranger ses affaires. Il va vivre mille péripéties (non, j'rigole...) avant de rencontrer l'affreux Mull, ce qui justifiera donc le titre du film. Il est d'ailleurs très chouette Mull, avec ses mains griffues, son corps hirsute et sa tête de vainqueur. Un gros monstre comme les fans de films de S-F 50's ou de la série Au-Delà du Réel adorent. On passera rapidement sur le kidnapping des terriennes par l'armée de la reine Marcuzan (trois ou quatre gars vêtus d'une combinaison en aluminium et d'un casque de motard) pour s'intéresser au processus de purification de cesdites demoiselles. Un processus ultra-sophistiqué puisque les terriennes sont allongées sur une table, recouvertes d'une sorte de housse et... c'est tout. Ils sont quand même sacrément en avance les Martiens d'un point de vue technologique, c'est peu de le dire. Bref, Frankenstein contre le Monstre de l'Espace est un petit nanar divertissant qui aurait très bien pu être réalisé par Ed Wood. Si vous êtes réfractaires à ce type de cinéma, fait de bric et de broc, sans budget, vous pouvez passer votre chemin. Les autres, ceux qui le regarderont en toute connaissance de cause ou qui sont sensibles aux mauvais films sympathiques, y trouveront forcément leur bonheur, noyé parmi les faux-raccords, stock-shots ou prestation du casting. 

* Disponible en DVD chez BACH FILMS

NOTE : 3/6



dimanche 15 avril 2018

HAPPY BIRTHDEAD

HAPPY BIRTHDEAD
(Happy Death Day)

Réalisateur : Christopher Landon
Année : 2017
Scénariste : Scott Lobdell
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Fantastique, Slasher
Interdiction : -12 ans
Avec : Jessica Rothe, Israel Broussard, Ruby Modine, Laura Clifton, Charles Aitken...


L'HISTOIRE : Prisonnière d’une boucle temporelle, Tree, étudiante, revit sans cesse le jour de son meurtre, qui a lieu le jour de son anniversaire. Une journée apparemment banale qui s’achève systématiquement par sa mort atroce, provoquée par un mystérieux tueur portant le masque de la mascotte de l'université. Finira-t-elle par découvrir l’identité de son tueur et à stopper la répétition infernale de cette journée ?

MON AVIS : Bon, je passe d'entrée de jeu sur l'absurdité de prendre le titre original (Happy Death Day) pour mettre un autre titre anglais pour la sortie française en salles (Happy Birthdead) et je vous donne mon modeste avis sur ce film réalisé par Christopher Landon, qui n'est autre que le fils du célèbre Michael "Charles Ingalls" Brandon. Vous l'aurez compris en lisant le slogan sur l'affiche et le résumé du scénario, Happy Birthdead utilise le principe de la célèbre comédie Un Jour sans Fin, film qui est d'ailleurs cité par l'un des héros du film ! Un principe qui a depuis été maintes fois utilisé (l'exemple le plus récent est la comédie romantique When we first met, avec Alexandra Daddario) mais qui possède un certain attrait et qui demande au scénariste et au réalisateur une certaine maîtrise technique et une certaine finesse pour ne pas ennuyer le spectateur en lui faisant voir et revoir ce qu'il a déjà vu au début du film. Choix de nouveaux angles de caméra, mise en avant de détails passés inaperçus au départ, changement du rythme de la séquence et autres astuces seront donc mis à contribution pour ne pas lasser le spectateur et l'inviter à participer, avec le personnage principal coincé dans une boucle temporelle, à faire ses propres déductions et à mener également son enquête. Dans Happy Birthdead, c'est la blondinette Tree (excellente Jessica Rothe qui nous offre toute une palette d'émotions diverses et variées) qui se voit vivre et revivre la même journée cauchemardesque, celle-ci se concluant systématiquement par... sa mort brutale ! Son meurtrier porte un masque assez curieux, tête de gros poupon à l'allure inquiétant qui est la mascotte de l'université. Comme dans Un Jour sans Fin, une fois que Tree a compris qu'elle avait, pour une raison inconnue, le droit de mourir autant de fois qu'elle le veut sans réelle incidence (bien que, comme elle le dit, elle se sent de plus en plus faible à chaque réapparition), elle va commencer à cogiter pour découvrir qui se cache derrière le masque de son assassin, pourquoi il s'en prend à elle spécifiquement et surtout, comment elle va pouvoir anticiper sur les événements de sa journée en les adaptant ou les modifiant pour tenter de rester en vie et espérer vivre la journée du lendemain. On le voit, Happy Birthdead joue avec les codes du slasher en les détournant à la manière du Scream de Wes Craven, l'aspect humoristique en plus poussé. Car on sourit régulièrement dans Happy Birthdead, amusé par les péripéties de la pauvre Tree, étudiante assez antipathique au départ, suffisante, égocentrique et hautaine, qu'on va progressivement apprendre à apprécier en fonction de sa propre évolution. Plus elle revit sa journée d'anniversaire, plus son comportement va évoluer dans le bon sens. Elle se permet même quelques extravagances qui n'auront aucun impact sur son entourage puisqu'une fois morte, sa réapparition le matin ne laisse aucun souvenir aux gens qui l'ont côtoyé dans la journée. Pourquoi ne pas en profiter pour se balader dans le campus entièrement nue, devant les yeux médusés de tous les garçons du coin ? S'il y a bien un terme qui définit Happy Birthdead, c'est "bonne humeur" (tiens, ça fait deux termes en fait !). Ce film est un pur divertissement qui ne se prend jamais la tête et se savoure d'une façon totalement décontractée. Les fans de slasher lambda regretteront peut-être que l'aspect violent ne soit pas plus mis en avant, le film ne possédant quasiment aucune scène sanglante, malgré les nombreuses morts, toutes différentes, de l'héroïne. Les apparitions du tueur masqué, accompagnées par une angoissante musique composée par Bear McCreary, s'amusent avec la notion de suspense de manière efficace mais ce dernier est régulièrement contrecarrer par l'attitude balourde du tueur, qui semble avoir deux pieds gauches, ce qui transforme ses agissements censés être effrayants en parodie, ajoutant à l'aspect fun du film. On appréciera également la reconstitution du campus et de ses confréries, lieu typique des nombreux slashers des 80's. Un univers vraiment à part, fait de superficialité (une des membres de la confrérie à laquelle appartient Tree se fait rabrouer par la présidente parce qu'elle déjeune le matin, ce qui risque de la faire grossir...) et qui permet au scénariste de multiplier les coupables possibles. Car du choix, on en a, tout comme Tree qui va devoir faire une liste des tueurs potentiels qui en voudraient à sa petite personne. Vu que son comportement au quotidien n'est pas des plus agréables, la liste des coupables supposés est loin d'être restreinte ! Serait-ce la présidente de la confrérie, qui lui reproche de se taper tous les mecs qu'elle-même voudrait avoir ? Est-ce sa colocataire, qui essaye d'être gentille sans grand succès ? Est-ce un ex-boyfriend, qui lui reproche de ne pas répondre à ses textos ? Ou bien encore ce professeur qui trompe sa femme avec elle ? Ou serait-ce la femme de ce dernier qui aurait découvert la relation adultère de son mari ? On peut même penser au père de Tree, dont les appels téléphoniques sont systématiquement zappés, à un criminel qui se trouve dans l'hôpital du coin ou bien encore à Carver, jeune étudiant chez qui Tree se réveille tous les matins après avoir trouvé la mort et qui semble trop gentil pour être honnête. Bref, il va bien falloir rayer des noms et les scènes dans lesquelles Tree va espionner chacune des personnes inscrites sur sa liste se révèlent fort drôles. Happy Birthdead nous réserve évidemment un twist final (voire deux) venant expliciter le pourquoi du comment. Aviez-vous vu juste ? Si l'aspect "répétitif" de l'ensemble, à savoir voir et revoir la même journée, pourra déplaire à certains (ma femme et mon fils pour les citer...), j'ai de mon côté bien apprécié cette nouvelle production Blumhouse, qui, après American Nightmare, Insidious, The Lords of Salem, Sinister et plus récemment The VisitSplit et Get Out, tente de produire des films de qualité et de dynamiser le paysage fantastico-horrifique. Pas le film du siècle, c'est sûr mais ça se laisse voir sans déplaisir aucun et c'est plutôt malin. Un teen movie horrifique dont la cible est essentiellement les ados mais qui trouvera aussi son public chez les adultes.

NOTE : 4/6




vendredi 13 avril 2018

ET MOURIR DE PLAISIR

ET MOURIR DE PLAISIR
(Et Mourir de Plaisir / Blood and Roses)

Réalisateur : Roger Vadim
Année : 1960
Scénariste : Roger Vadim, Roger Vailland
Pays : France, Italie
Genre : Fantastique
Interdiction : /
Avec : Mel Ferrer, Elsa Martinelli, Annette Stroyberg, Alberto Bonucci, René-Jean Chauffard...


L'HISTOIRE : Carmilla, cousine du comte Leopoldo von Karnstein, a été invité par ce dernier afin de célébrer ses noces prochaines avec Georgia Monteverdi. Carmilla n'est guère enchantée par le mariage de son cousin car elle est secrètement amoureuse de lui. Lors d'une réception donnée par Leopoldo, Carmilla raconte aux invités la légende des Karnstein, famille qui, quelques siècles auparavant, été suspectée d'être des vampires. Une seule aurait survécu à la violence des villageois : Millarca Karnstein, dont l'amant a fait disparaître le cercueil. La ressemblance entre Carmilla et un portrait de Millarca frappe l'assistance. Lors d'un grand bal costumé, Carmilla s'habille avec la même robe que porte Millarca sur son portrait. Les feux d'artifices qui illuminent le ciel provoquenr une explosion près du cimetière avoisinant, dévoilant à Carmilla la tombe cachée de Millarca. Le lendemain, la jeune femme se comporte étrangement...

MON AVIS : Les mésaventures de la famille Karnstein, inspirées du roman "Carmilla" de Sheridan Le Fanu, ont séduit les scénaristes dès 1932 puisque le Vampyr de Carl Theodor Dreyer s'en inspire déjà. En 1964, La Crypte du Vampire de Camillo Mastrocinque nous présente également une histoire qui fait référence à la nouvelle écrite en 1811. Bien sûr, les adaptations les plus célèbres restent celles de la firme Hammer, qui lui a consacré ce que les fans appellent "la trilogie des Karnstein" avec The Vampire Lovers (1970), Lust for a Vampire (1971) et Les Sévices de Dracula (1971). Même l'Espagne succombe aux charmes de Carmilla Karnstein en 1972 avec La Mariée Sanglante de Vicente Aranda. Depuis, d'autres films, moyen-métrage et court-métrage ont adapté la nouvelle de Le Fanu, et dernièrement, une série télévisée lui a été consacré (Carmilla, 60 épisodes entre 2014 et 2015). Et la France dans tout ça ? Il est toujours d'actualité de dire que notre beau pays n'a jamais eu de verve "fantastique" ou n'a jamais apprécié ce genre, par cartésianisme avancé peut-être. Pourtant, il y a des tas de films fantastiques français qui méritent d'être découvert. Eh bien figurez-vous que la France, avec le réalisateur Roger Vadim, a donné à l'histoire de Sheridan le Fanu une de ses plus belles adaptations, si ce n'est la plus belle ! Réalisé en 1960, Et Mourir de Plaisir est en effet un petit joyau du cinéma fantastique français, qui peut rivaliser aisément, au niveau esthétique entre autres, avec certains classiques de Terence Fisher ou même de Mario Bava, réalisateurs auxquels on pense indéniablement pendant la vision du film ! Visuellement parlant, Et Mourir de Plaisir est d'une magnificence rare, dans lequel chaque détail, chaque décor, chaque costume, chaque éclairage, chaque placement de caméra est soigné et proche de la perfection. Les scènes dans le cimetière, dans la crypte, lors du bal costumé sont majestueuses et flamboyantes. Les robes portées par le casting féminin, et notamment par la sublime Annette Stroyberg, qui était la femme de Roger Vadim à cette époque, et qui interprète Carmilla Karnstein. Le visage angélique de l'actrice, sa blondeur et ses jolis yeux contrastent avec l'étrangeté de son personnage, qui va curieusement évoluer vers la noirceur après avoir été dans le tombeau de son aïeule. Puisqu'on nous a raconté la légende des Karnstein auparavant, qu'on a vu la pierre tombale s'ouvrir lentement, on en vient à penser que la belle Carmilla s'est fait vampiriser par Millarca ou que cette dernière a pris possession de son corps. Bien malin, Roger Vadim laisse planer le doute durant tout le métrage, Carmilla ne possédant jamais de crocs de vampires pouvant dévoiler sa véritable identité. Même si une pauvre victime est retrouvée avec deux marques sanglantes au cou, ces marques ne ressemblent pas aux trous d'une morsure de vampire classique. De même, le personnage du docteur Verari donnera une explication plausible et réaliste à ce qu'il s'est passé, évoquant un dédoublement de personnalité et une schizophrénie développés par Carmilla à l'annonce du mariage de l'homme dont elle est amoureuse en secret. Vadim parsème pourtant son film de petits détails qui nous font penser qu'on est réellement en présence d'un vampire (la rose qui se fane ou la scène, sublime, du miroir, dans lequel Carmilla se voit avec une énorme tâche de sang au niveau de son cœur, comme si elle venait de recevoir un pieu alors que sa robe ne porte aucune trace ensanglantée). Le mystère demeure et participe à créer cette atmosphère quasi onirique qui donne tout son attrait au film. La performance d'Annette Stroyberg est à saluer, tout comme celle de Mel Ferrer (Leopoldo von Karnstein) ou d'Elsa Martinelli (Georgia Monteverdi). Ferrer campe avec grande classe le comte Karnstein, quant à Martinelli, elle est le second atout charme du film, opposant ses cheveux bruns à la blondeur de Carmilla. Les deux actrices s'offrent même un petit jeu de séduction intrigant, qui apporte au film une petite touche de sensualité bienvenue. Parmi les autres points forts du film, on citera la fabuleuse et inattendue scène de rêve d'Elsa Martinelli, avec des images alternant la couleur et le noir et blanc, faisant parfois coexister les deux de superbe manière (le sang rouge qui coule sur le corps en noir et blanc du personnage). Roger Vadim a vraiment été inspiré en réalisant Et Mourir de Plaisir. Même si le film est assez contemplatif, il n'ennuie jamais et son ambiance, à la limite de la fantasmagorie, vous prend immédiatement par la main pour ne plus vous lâcher. Une superbe découverte pour ma part.

* Disponible en DVD chez FILMCLUB EDITION

NOTE : 5/6