Légende pour la notation des films

Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




mardi 30 janvier 2018

ROBOT WARS

ROBOT WARS
(Robot Wars)

Réalisateur : Albert Band
Année : 1993
Scénariste : Jackson Barr  
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Interdiction : /
Avec : Don Michael Paul, Barbara Crampton, James Staley, Lisa Rinna, Danny Kamekona...


L'HISTOIRE : En l'an 2041, des voyages vers Crystal City, unique vestige des années 90 n'ayant pas été détruit, sont organisés avec pour moyen de transport le MRAS-2, un robot géant qui fait la fierté de l'Alliance du Nord. Des expéditions risquées car la zone est sous le joug des rebelles Centros. Pour promouvoir le MRAS-2, l'Alliance du Nord invite Wa-Lee, le dirigeant de l'Alliance de l'Est et ses hommes à voyager à bord du super-robot. Mais les intentions de ce dernier ne sont guère pacifiques et il parvient à prendre le contrôle du MRAS-2 afin de devenir le maître du monde. L'un des pilotes du MRAS-2, Drake, aidé par son mécanicien et une belle archéologue, va tout faire pour contrer Wa-Lee. Unique solution : retrouver le MEGA-1, premier prototype robotisé situé dans les décombres de Crystal City...

MON AVIS : Si ce résumé ne vous a pas donner envie de vous ruer sur Robot Wars, je ne peux plus rien pour vous ! Sauf vous préciser que l'archéologue est interprétée par la charmante Barbara Crampton, jolie blondinette dont la tête coupée de David Gale a pu admirer les charmes dans le culte Ré-Animator de Stuart Gordon entre autres. On se souviendra également de son apparition en tenue SM dans le From Beyond du même réalisateur. Ça ne suffit pas ? C'est peut-être le nom d'Albert Band à la réalisation ou le logo de la Full Moon qui vous retient ? Vous vous rendez quand même bien compte que cette firme indépendante spécialisée dans la série B à petit budget a 24 ans d'avance par rapport à Pacific Rim ? Car dès 1989 et le Robot Jox de Stuart Gordon, la Full Moon nous a déjà offert des combats de robots géants ! Elle a continué sur sa lancée en 1990 avec Crash and Burn puis en 1993 avec Robot Wars. Alors oui, Robot Wars est une série B au budget microscopique qui n'a rien d'un chef-d'oeuvre mais ça, on s'en doutait un peu. Par contre, c'est une série B divertissante, pas prise de tête et qui se laisse regarder sans déplaisir aucun, pour peu qu'on ne soit pas réfractaire à ce type de production. Film de science-fiction avant tout, on aura droit à des excursions à bord du MRAS-2 dans des paysages désertiques qui nous font comprendre que la Terre a certainement subi un holocauste nucléaire. Le MRAS-2, parlons-en d'ailleurs ! Ce robot géant a un look fort sympathique puisqu'il ressemble à un scorpion, avec pinces à l'avant et queue munie d'un rayon laser à son extrémité, portant sur le dos un espace réservé au transport des voyageurs, le tout positionné sur un corps muni de six pattes permettant son déplacement en territoire hostile. Ce robot gigantesque est animé en stop-motion et le rendu est plutôt pas mal. Mais là ou Albert Band et son équipe sont forts, c'est avec Crystal City ! Je vous l'ai dit au début, nous sommes en 2041, dans un monde post-apo et le budget du film ne permet évidemment pas de voir les choses en grand quand à la représentation du monde ravagé par le nucléaire ou autre incident ayant entraîné sa chute. Ils ont donc eu l'idée ingénieuse de dire qu'il reste une ville typique de 1993 qui n'a pas subit de dégâts. Et d'en avoir fait un lieu touristique dans lequel se situe une grande partie de l'action du film, ce qui évite toute création de décors coûteux ! Les voyageurs se baladent donc dans une ville tout à fait normale, passent devant un cinéma qui diffusait "Puppet Master 54" (!!) à l'époque. Seuls les voyageurs portent une tenue qui fait science-fiction. Ingénieux ! Barbara Crampton fait des recherches dans cette ville sans qu'on sache vraiment ce qu'elle cherche en fait mais on s'en fout parce qu'elle se fait attaquer par des rebelles lourdement armés de fusil ou pistolet laser, ce qui nous vaut quelques course-poursuite et scènes d'action pas très énergiques mais suffisamment distrayantes pour qu'on ne s'ennuie pas. Evidemment, notre belle blonde ne se bat pas toute seule, elle est épaulée par Drake, un anti-héros à l'attitude badass, qui ne supporte pas trop les directives autoritaires de ses supérieurs. Ce personnage haut en couleur, qui balance quelques punchlines bien senties, est interprété par Don Michael Paul, qui ne remportera jamais l'Oscar du meilleur acteur. Il est d'ailleurs dommage que son chef n'ai pas pris en compte son avis sur le représentant de l'Alliance de l'Est, ça aurait évité que ce dernier ne vole le MRAS-2 ! Il a beau avoir un look de beauf et être un brin macho, c'est qu'il en a dans le ciboulot le Drake ! Pensez-vous, des chinois qui pratiquent le kendo et qui n'auraient pas d'intention belliqueuses ? Très peu pour Drake qui sentait le coup fourré à plein nez. Son intuition se révèle exacte et le vilain asiatique Wa-Lee s'empare donc du MRAS-2 pour semer la terreur. Heureusement, le mécanicien de Drake connaît un endroit dans Crystal City où serait caché un vieux modèle de robot géant. Les trois comparses vont donc devoir se rendre sur place en évitant le MRAS-2 et les rebelles Centros afin de dépoussiérer le MEGA-1 et s'en servir contre le MRAS-2. Le combat final va donc voir les deux robots se foutre sur la gueule, le tout en stop-motion et pour notre plus grand plaisir d'amateur de nanar. Car oui, Robot Wars en est un, de nanar, mais il a la bonne idée de ne durer que 69 minutes ce qui fait que ces aventures kitsch à souhait, surtout vues en 2018, se savourent tranquillement et qu'au final, on passe un bon moment de détente devant son écran. De la petite série B fun et décomplexée, qui plaira aux nostalgiques de cette période.

* Disponible en DVD chez BACH FILMS

NOTE : 4/6



dimanche 28 janvier 2018

IN THE FADE

IN THE FADE
(Aus Dem Nichts)

Réalisateur : Fatih Akin
Année : 2017
Scénariste : Fatih Akin, Hark Bohm 
Pays : Allemagne, France
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Diane Kruger, Denis Moschitto, Numan Acar, Johannes Krisch...


L'HISTOIRE : Katja, pure allemande blonde aux yeux bleus, est mariée avec Nuri Sekerci, un kurde sorti de prison pour trafic de drogue et qui a arrêté tout activité frauduleuse depuis la naissance de son fils Rocco. Nuri a désormais sa propre société dans le quartier turc d'Hambourg. Tout se passe pour le mieux pour Katja mais lorsqu'elle apprend que la société de son mari a été victime d'un attentat à la bombe et que ce dernier et son fils sont mort à l'intérieur, sa vie bascule dans l'horreur. La police appréhende les coupables, deux jeunes néo-nazis ayant eu le soutien du groupe politique grecque d'extrême-droite Aube Dorée. Le procès va être difficile à vivre pour Katja, avec un verdict qui ne correspondra pas à ses attentes...

MON AVIS :  Quand me femme m'a dit "viens, on va voir un film dans lequel une femme veut venger la mort de son mari et de son fils", je pensais voir un Revenge Movie explosif et fun, façon Charles Bronson ! Tout l'inverse de ce qu'est In The Fade, pur film d'auteur réalisé par le Germano-Turc Fatih Akin dont je ne connais absolument pas l'oeuvre. Ce dernier a voulu mettre en avant les meurtres perpétrés en Allemagne contre des personnes étrangères par le groupuscule néo-nazi NSU. Le procès d'une des agresseurs est toujours en cours. Un procès qui a fait grand bruit dans l'opinion public puisque les victimes se sont quasiment retrouvées dans la position des coupables au vu de leur appartenance à la communauté turque. Pour mieux nous faire ressentir cette injustice, le cinéaste débute son film en prison, où Katja vient se marier avec Nuri, condamné pour trafic de drogue. Un passé qui collera à la peau du personnage, qui a pourtant réussi sa reconversion. Une fois l'attentat perpétré, la police ne peut s'empêcher de penser que la mafia est dans le coup et que Nuri a été la cible de trafiquants mécontents et qu'il devait continuer clandestinement ses activités de dealer. Une suspicion qui rend le deuil de Katja encore plus insupportable. Cette dernière est interprétée avec brio par une Diane Kruger totalement investit par son rôle et qui a bien mérité son Prix d'Interprétation à Cannes. L'actrice passe par toute sorte d'émotion et sa prestation est des plus crédibles. Présenté en trois actes, le film possède diverses influences et mêle plusieurs genre : la chronique familiale pour le premier acte, le film de procès pour le second, le film de vengeance pour le troisième. Le premier acte a pour but de nous faire prendre en empathie le personnage de Diane Kruger, mère de famille aimante qui s'occupe amoureusement de son mari et de son petit garçon. le drame qui va la frapper de plein fouet va lui faire vivre une véritable descente aux enfers, avec dépression, consommation de drogue, reproche de sa famille et de la famille de son mari, tentative de suicide. Un premier acte assez chargé émotionnellement, qui met mal à l'aise et qui plombe bien l'atmosphère. Le second acte se base sur le procès des deux jeunes terroristes néo-nazi. On assiste au réquisitoire, aux prises de paroles des avocats des deux parties, à l'apport de preuves qu'on pense irréfutable, aux contre-attaques de l'avocat représentant les meurtriers et à la décision du tribunal. Ce second acte joue sur les codes du thriller, se montre nerveux, tendu et on se met à la place de Diane Kruger qui se prend tout en pleine face et on se dit qu'on a justement pas envie un jour de se retrouver à sa place. La mise en scène de Fatih Akin est assez efficace, car elle se veut réaliste, collant au plus près des personnages, comme lors d'un documentaire. Le troisième acte sera celui consacré à la vengeance du personnage principal, une femme brisée qui n'a pas obtenu justice par la voie légale. Le film questionne sur la fameuse "loi du talion", sur les aberrations des tribunaux qui pousse un honnête citoyen à vouloir se faire justice lui-même. Cette partie est un peu plus clichée que le reste mais elle fonctionne bien quand même, avec une dernière scène assez puissante, qui montre bien que, quelque soit la couleur de peau, la religion ou le motif d'une personne, celle-ci peut devenir un terroriste en puissance dans un moment d'égarement ou de solitude. In the Fade n'est pas un film divertissant, c'est le moins que l'on puisse dire. On saluera la prestation à fleur de peau de Diane Kruger, qui force l'admiration. Un beau film, désespéré et émouvant, qui n'est pas sans nous rappeler des événements tragiques liés au terrorisme, qui traite du deuil et de la force de caractère, tourné dans la langue natale de l'actrice, et qui bénéficie d'une belle partition musicale composée par Josh Homme, leader du groupe Queen of the Stone Age. Apparemment, certains y voient un film raciste, irresponsable (on nous explique comment faire une bombe quand même), nauséabond dans ses idées. A vous de vous faire votre propre opinion.

NOTE : 4/6



samedi 27 janvier 2018

GOLEM, LE TUEUR DE LONDRES

GOLEM, LE TUEUR DE LONDRES
(The Limehouse Golem)

Réalisateur : Juan Carlos Medina
Année : 2016
Scénariste : Jane Goldman 
Pays : Angleterre
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Douglas Booth, Olivia Cooke, Sam Reid, Bill Nighy, María Valverden, Daniel Mays...


L'HISTOIRE : Un tueur en série surnommé Le Golem sème la terreur dans le quartier de Limehouse. Nouvellement chargé de l'enquête, le vieil inspecteur John Kildare va devoir faire la lumière sur les meurtres horribles du Golem tout en essayant de prouver l'innocence de Lizzie Cree, une actrice de cabaret soupçonnée d'avoir empoisonné son mari John Cree. Et si cette dernière avait intenté à la vie de son époux car elle pensait qu'il était Le Golem ? La quête de la vérité va s'avérer des plus complexes pour l'inspecteur Kildare...

MON AVIS : En 2012, le réalisateur Juan Carlos Medina avait frappé un grand coup avec le très bon Insensibles. Depuis, plus rien à l'horizon et il faudra attendre 2016 pour le voir revenir sur le devant de la scène avec Golem, le Tueur de Londres. Adaptation d'un roman de Peter Ackroyd, le film est un thriller victorien franchement réussi et qui comblera d'aise les fans du From Hell des frères Hughes. Exit Jack l'Eventreur, place au Golem, un tueur en série qui semble agir sans aucune logique, massacrant tout aussi bien des prostituées, des vieillards que des familles entières, sans mobile apparent. L'intrigue prend place dans l'univers du Music-Hall, à Londres dans les années 1880. Elle mêle fiction et réalité puisque certains personnages principaux ont réellement existé. L'inspecteur Kildare va en effet croiser Karl Marx, George Gissing ou Dan Leno au cours de son enquête. Si on ne présente plus le célèbre historien, journaliste, philosophe, sociologue, économiste, et essayiste allemand, on apprendra que George Gissing est un célèbre écrivain britannique et que Dan Leno peut être considéré comme l'ancêtre de Charlie Chaplin et qu'il était une véritable star des spectacles de cabaret de l'époque. Tous trois vont être mis sur la liste des suspects potentiels pouvant être Le Golem, ce qui donne un certain suspense à l'histoire. Si Karl Marx et George Gissing n'apparaissent que très peu de temps à l'écran, Dan Leno est au contraire au premier plan et l'acteur qui l'interprète, Douglas Booth, livre une composition saisissante et remarquable. Il en va de même pour l'acteur Bill Nighy, qui joue l'inspecteur Kildare avec un brio certain. Mais celle qui tire assurément son épingle, c'est Olivia Cooke, qui joue Lizzie Cree. L'actrice brille ici de mille feux et fait oublier son jeu sans saveur dans Ouija. Dans Golem, le Tueur de Londres, elle tient le haut du pavé et on sent tout l'amour du réalisateur pour ce personnage, qu'il met en lumière au détriment de l'enquête policière et des crimes du tueur en série. Si ces derniers sont tout de même présents au cour du récit, avec des scènes de meurtres assez graphiques et sanglantes, c'est bien la vie de Lizzie Cree qui est le centre d'intérêt principal du film et qui lui donne tout son potentiel. Jouant sur la misère des londoniens vivant dans les quartiers pauvres, faisant de Lizzie une héroïne tragique, avec une enfance pas rose du tout et une envie d'accéder à la popularité et de s'en sortir grâce au Music-Hall, Golem, le Tueur de Londres nous propose un étonnant jeu des apparences, dans lequel les garçons s'habillent en filles et les filles en garçons, et ou la frontière entre comédie et tragédie est des plus minces. La relation entre les personnages, et notamment le quatuor formé par Lizzie Cree, John Cree, Dan Leno et l'inspecteur Kildare, participe également à la réussite du film, tant elle questionne et interroge le spectateur, qui a bien du mal à décortiquer les indices trouvés par l'enquêteur et son adjoint. Ingénieux, le film nous assène de nombreux flashbacks, nous place dans la tête du tueur également (ce qui était une force du roman), et maintient la tension durant tout son déroulement. Autre point positif, la superbe reconstitution de l'époque victorienne et des quartiers mal famés de Londres. Le résultat à l'écran est vraiment bluffant de réalisme, que ce soit au niveau des décors ou  des costumes. C'est une bonne surprise que la découverte de ce Golem, le Tueur de Londres, un thriller de grande qualité, qui pourra dérouter ceux qui s'attendent à un pur film d'épouvante gothique. Mais il serait dommage de passer à côté car le film de Juan Carlos Medina vaut le coup d'oeil ! Les amateurs du genre auront sûrement deviné le twist final mais cela ne gâche en rien le spectacle proposé !

* Disponible en BR et DVD chez CONDOR ENTERTAINMENT

NOTE : 4/6


vendredi 26 janvier 2018

ORGY OF THE DEAD

ORGY OF THE DEAD
(Orgy of the Dead / Orgie Macabre)

Réalisateur : Stephen C. Apostolof 
Année : 1965
Scénariste : Edward D. Wood Jr. 
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, érotique
Interdiction : -16 ans
Avec : Criswell, Fawn Silver, Pat Barrington, William Bates, Louis Ojena...


L'HISTOIRE : Afin de trouver l'inspiration pour son nouveau recueil de nouvelles horrifiques, Bob emmène sa petite amie Shirley en pleine nuit à la recherche d'un cimetière. Victime d'un accident de la route, ils finissent par s'approcher d'un cimetière et vont découvrir un curieux spectacle : le Maître des Ténèbres et sa servante la Goule Noire ont organisé une soirée festive au beau milieu des tombes et vont se délecter de danses érotiques orchestrées par diverses créatures féminines, le tout sous le regard lubrique de la momie et du loup-garou. Bob et Shirley vont-ils réussir à passer inaperçu ?

MON AVIS : Amateurs de nanars, oserez-vous visionner Orgy of the Dead, le premier film en Sexycolor ? Vous auriez tort de refuser en tout cas ! Adaptation d'un roman du célèbre Ed Wood, qui a d'ailleurs signé le scénario du film, et réalisé par Stephen C. Apostolof, Orgy of the Dead est à ranger dans la catégorie des films inclassables tant il ne ressemble à... rien. L'histoire tient sur un timbre poste et n'est prétexte qu'à nous présenter des numéros de danses façon strip-tease, le tout dans un décor unique, à savoir le cimetière, ou du moins l'espace dans lequel on a placé deux tombes, une crypte et un caveau avec quelques toiles d'araignées pour faire "ambiance" ! Le budget d'Orgy of the Dead ne doit même pas représenter le budget nourriture de mon chien pour un mois à mon avis. En fait, il faut vous imaginer les Nudies du début des années 60 (genre créé par Russ Meyer avec The Immoral Mr. Teas en 1959), à savoir des petits films sans le sou dont l'histoire anecdotique ne servait qu'à dénuder le casting féminin à la moindre occasion, et de les transposer dans le genre fantastique, en faisant du Maître des Ténèbres un spectateur obsédé réclamant des numéros de danse sexy. Et comme on ne désobéit pas au Maître des Ténèbres, surtout quand ce dernier est interprété par Criswell, le narrateur de Plan 9 from Outer Space, les esclaves féminines ne se font pas prier pour dévoiler leurs charmes et surtout leurs poitrines, qu'elles ont fort jolies d'ailleurs. Orgy of the Dead va donc enchaîner durant 90 minutes plusieurs numéros de danse dénudée, exécutés par une indienne, une hawaïenne, une zombie, une mexicaine, une esclave, une fille de joie, une femme-chat, une mariée et son squelette de mari et j'en passe. Chaque demoiselle porte une belle tenue colorée qui évoque son origine ethnique, tenue qu'elle va rapidement faire tomber pour le plus grand plaisir de Criswell et des spectateurs masculins. Bénéficiant de chorégraphies qui feraient se pâmer les danseuses du Lido ou du Crazy Horse (comment, vous ne me croyez pas ??), exécutées de façon rythmée et absolument pas répétitives (comment, vous ne me croyez toujours pas ??), ces diverses scénettes viennent égayez notre vision et renvoie à la pure tradition de l'effeuillage burlesque apparu dès les  années 1910. Les numéros sont entrecoupés par quelques dialogues de Criswell, toujours très théâtral, qui donne ses consignes à la Goule Noire, une séduisante brune noir de jais, croisement entre Vampira et Elvira, interprétée par Fawn Silver. A un moment, une momie et un loup-garou font leur apparition, ce qui n'apportera absolument rien au film sinon quelques fous rires. Les deux compères vont capturer Bob et Shirley (mince, j'ai répondu à la question posée dans le résumé du film !) et les livrer en pâture au Maître des Ténèbres, qui, dans sa grande clémence, ne va pas les tuer mais juste les attacher pour qu'ils puissent se régaler des danses exotiques proposées. Sympa ! Tellement obnubilé par la vision des seins qui virevoltent devant lui, le Maître des Ténèbres ne voit pas l'aube qui approche, malgré les mises en garde de la Goule Noire. Ah, c'est fou comment les atouts mammaires peuvent rendre fou les hommes, qu'ils soient vivants ou morts d'ailleurs ! Véritable nullité en terme de cinéma, Orgy of the Dead se veut être avant tout un simple divertissement visuel, qu'on regarde en dilettante, en faisant le ménage ou la cuisine par exemple. On se laisse bercer par les musiques groovy et par les jolies danseuses et on finit même par prendre plaisir au spectacle. Si, si. Avouons tout de même que c'est carrément plus nul que les propres films d'Ed Wood, qui, eux, ne le sont pas nuls, malgré leur réputation. Orgy of the Dead est à ranger à côté de Mondo Topless ou House on Bare Mountain dans votre Dvdthèque. Il est d'ailleurs dommage que Bach Films n'ait pas mis ce dernier en film bonus, ça aurait été très judicieux. Orgy of the Dead est un Objet Filmique Non Identifié en tout cas, un Peep-Show fantasmagorique et non-sensique, qui peut assurément concourir pour le titre de nanar le plus nul de tous les temps ! Et mine de rien, ça se mérite un tel titre de gloire ! A noter que ce film est sorti en salle en France en 1968 sous le titre de Orgie Macabre.

* Disponible en DVD chez BACH FILMS

NOTE : 2/6 (mais franchement, ça ne veut rien dire cette note pour ce film)



jeudi 25 janvier 2018

SILENT NIGHT BLOODY NIGHT

SILENT NIGHT, BLOODY NIGHT
(Deathouse / Night of the Dark Full Moon)

Réalisateur : Theodore Gershuny
Année : 1972
Scénariste : Theodore Gershuny, Jeffrey Konvitz, Ira Teller
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Thriller
Interdiction : -16 ans
Avec : Patrick O'Neal, James Patterson, Mary Woronov, Astrid Heeren, John Carradine...


L'HISTOIRE : Wilford Butler a laissé un médecin transformer sa maison en asile psychiatrique, croyant que ce dernier allait pouvoir sauver sa fille malade. Plusieurs années plus tard, il revient dans sa demeure inhabitée et meurt dans d'étranges circonstances. Suicide ou meurtre, le mystère demeure. Son petit-fils Jeffrey Butler hérite de la demeure mais ne s'y intéresse pas durant de longues années, respectant par la même occasion les dernières volontés de son grand-père. Mais un besoin d'argent le pousse à vendre la demeure. Il engage un avocat, John Carter, pour s'occuper de la vente. Le maire de la ville, ainsi que d'autres citoyens, voudraient bien l'acquérir afin de la détruire, la maison n'ayant pas une très bonne réputation. En apprenant que la maison des Butler est mis en vente, un fou interné dans le nouvel asile psychiatrique de la région s'échappe et se rend sur les lieux. Il semblerait que ce dernier veuille accomplir une ancienne vengeance contre le maire, le shérif, la réceptionniste et un vieil homme muet. John Carter et sa maîtresse ont décidé de passer la soiré dans la sinistre maison en attendant de finaliser la vente, sans se douter qu'un psychopathe rôde alentour. Le massacre va débuter. Au même moment, Jeffrey Butler débarque en ville et va se lier d'amitié avec la fille du maire. Tous deux vont mener leur enquête sur la maison et ses secrets inavouables...

MON AVIS : Un résumé assez long pour ce Silent Night Bloody Night, petite série B fauchée qui date de 1972 mais sortit en 1974. Il faut dire que l'intrigue est assez confuse et qu'on aura un peu de mal à tout saisir,  du moins jusqu'à l'explication finale qui vient enfin nous délivrer de nos interrogations existentielles. Le film de Theodore Gershuny possède de nombreuses faiblesses et j'avoue que bien souvent, j'ai eu une furieuse envie d'appuyer sur la touche "avance rapide" de ma télécommande. La mise en scène est assez plate et sans grand relief, avec des scènes nocturnes dans lesquelles on ne distingue pas grand chose il faut bien l'avouer. Niveau casting, malgré la présence d'acteurs pourtant talentueux, tels Patrick O'Neal, Astrid Heeren ou John Carradine entre autres, on ne peut pas vraiment dire que les prestations soient de grande qualité. John Carradine, acteur légendaire qu'on ne présente plus, a ici un rôle muet et se contente d'actionner une sonnette en guise de phrase, à l'image d'un des personnages culte de Breaking Bad : Hector Salamanca. Les créateurs de cette série mythique ont-ils vu Silent Night Bloody Night ? Mystère ! Toujours est-il que John Carradine cabotine plus qu'autre chose et que sa prestation reste des plus anecdotiques. Seuls Patrick O'Neal et l'inquiétant James Patterson s'en tirent avec les honneurs. Le premier interprète un avocat qui doit gérer la vente de la sinistre demeure des Butler. Le second interprète quant à lui Jeffrey Butler, le seul héritier de la maison. Pourquoi se décide-t-il à vendre cette massive bâtisse après tant d'années ? Et surtout, pourquoi débarque-t-il dans les environs, pile-poil quand un aliéné s'évade de l'asile et se met à accomplir une vengeance à grand coup de hache ? Quel lien, quel rapport peut-il y avoir entre ce désaxé et Jeffrey Butler ? Serait-ce la même personne ? Du point de vu du suspense, le réalisateur Theodore Gershuny se montre plus à l'aise et parvient à créer une petite tension pas désagréable, avec une approche qui se veut parfois cousine du giallo (le tueur à la hache est ganté, vêtu de noir, on ne voit jamais son visage, il passe des coups de fil mystérieux à ses futures victimes et on a même droit à certains plans en caméra subjective) tout en ayant, à d'autre reprise, une orientation qui préfigure le slasher movie qui n'a pas encore connu son heure de gloire, notamment lors du massacre à la hache par exemple. Le film se déroule également durant la période de Noël, et son atmosphère n'est pas sans rappeler le Black Christmas de Bob Clark qui sera réalisé deux ans plus tard ou même le Halloween de John Carpenter. L'un des twists proposé vers la fin du film est très original et sera repris à plusieurs reprises dans le futur, dans des œuvres telles Madhouse (2004) par exemple. Quant à la séquence explicative, elle est filmée dans une couleur sépia du plus bel effet et s'avère vraiment efficace et parvient à provoquer un léger malaise chez le spectateur, la déambulations des aliénés nous rappelant les zombies de La Nuit des Morts Vivants. Il est franchement dommage que Silent Night Bloody Night pâtisse d'un manque de rythme flagrant, d'une intrigue fort décousue et qui, durant une bonne partie du film, ne nous passionne guère, car le film possède de bonnes idées en fait et propose des choses intéressantes, jouant sur plusieurs registres de genre (giallo, pré-slasher, maisons hantées...). Malheureusement, c'est bien l'ennui qui prédomine ici et malgré des efforts louables pour rendre l'ambiance suffocante et angoissante, Silent Night Bloody Night perd des points. Dommage...

* Disponible en DVD chez BACH FILMS

NOTE : 3/6


mardi 23 janvier 2018

BATWOMAN

BATWOMAN
(La Mujer Murcielago)

Réalisateur : René Cardona
Année : 1968
Scénariste : Alfredo Salazar
Pays : Mexique
Genre : Action, Aventure, Science-fiction
Interdiction :/
Avec : Maura Monti, Roberto Cañedo, Héctor Godoy, David Silva, Armando Silvestre...


L'HISTOIRE : Un savant fou décide ce créer un être mi-homme, mi-poisson, en se servant de la glande pinéale de lutteurs mexicains. Ces derniers sont retrouvés morts suite à l'opération et la police peine à remonter jusqu'au coupable. Sur place, Mario Robles décide d'appeler son amie justicière à la rescousse : Batwoman. Cette dernière va devoir affronter les hommes de main du docteur Eric Williams mais aussi sa curieuse créature...

MON AVIS : Entre 1966 et 1968, la série télévisée Batman, avec Adam West dans le rôle du justicier masqué, est très populaire. Il n'en fallait pas plus pour que des copies fleurissent sur les écrans et c'est au Mexique qu'on trouve la plus curieuse et divertissante variation des aventures de l'homme chauve-souris avec Batwoman de René Cardona. On pourrait penser que cette Batwoman mexicaine s'inspire également du personnage de Batgirl, qui apparaît dans la série télévisée en 1967 sous les traits d'Yvonne Craig. Mais les couleurs de son costume, notamment quand elle s'adonne à sa discipline favorite sur un ring ou en salle de sport, à savoir la lutte (ou le catch), ne trompe pas : costume gris, ceinture jaune, cape et masque bleu : tout l'attirail d'Adam West ! J'ai précisé "sur un ring ou en salle de sport" car la séduisante justicière oublie de mettre son costume gris quand elle part en mission et se retrouve uniquement affublé d'un slip, d'un soutien-gorge, d'une cape et d'un masque bleu, ce qui, vous vous en doutez, ne posera aucun souci à la gent masculine qu'elle croisera durant ses aventures, ni aux spectateurs d'ailleurs ! Il faut dire que cette drôle de Batwoman est interprétée par la charmante Maura Monti, ex-mannequin italien devenue actrice. Une brune sculpturale, qui a la particularité de se promener parfois sans son masque et de nous faire profiter de son joli visage, ce que ne font jamais les autres super-héros mexicains tels Santo, Blue Demon ou Mil Mascaras. Ce qui est très sympa dans Batwoman, c'est que ce film de René Cardona, réalisateur à la filmographie impressionnante de plus de 140 titres à son actif, mélange plusieurs genres : vous voulez de l'aventure, avec de jolis paysages et plein de séquences sous-marines ? Vous en aurez ! Vous voulez de l'action, avec des bagarres et des courses-poursuites en voitures ? Vous en aurez ! Vous voulez de l'espionnage, avec de l'infiltration dans le repaire des méchants et utilisation de quelques gadgets façon James Bond ? Vous en aurez ! Vous voulez de la science-fiction, avec un savant aussi fou que le docteur Frankenstein, un assistant prénommé Igor et des expériences médicales dont le but est de créer des monstres amphibies destinés à gouverner le monde ? Vous en aurez ! Vous voulez voir une charmante demoiselle en bikini bleu être au prise avec de méchants machos ou faire face à une créature monstrueuse ? Vous y aurez droit aussi ! Le tout dans une ambiance kitsch à souhait, fun et colorée ! Que demandez de plus ? Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à voir un chef-d'oeuvre du cinéma avec Batwoman mais ça, vous vous en seriez doutés. C'est un pur film Bis qui ne se prend jamais au sérieux et en donne pour son argent aux amateurs de films psychédéliques qui n'ont pas peur d'en faire trop. Si les scènes de bagarres sont un peu mollassonnes, il faut bien le reconnaître, l'aventure surréaliste proposée par René Cardona et Maura Monti vaut son pesant de cacahuètes. Si la tenue ultra sexy de Batwoman est pour beaucoup dans le plaisir ressenti à la vision du film, les expériences du scientifique fou ne sont pas en reste. Bien après L'étrange Créature du Lac Noir mais bien avant Le Continent des Hommes-Poissons, le "Mad Doctor" du film nous offre une bien jolie créature marine, certes pas mal caoutchouteuse puisqu'il s'agit d'un acteur dans une combinaison, mais au look très réussi, façon "homme-homard" sans les pinces mais avec pas mal d'écailles. La naissance de ce craignos monster ne s’embarrasse guère de réalisme, tout comme le reste du film d'ailleurs, et c'est bien ce qui fait tout le charme de cette production mexicaine. Il faudrait être sacrément difficile pour bouder son plaisir, mais je pourrais comprendre que ceux qui ne jurent que par les films d'auteurs soient un peu déstabilisés devant les exploits de Batwoman ! Pour les autres, n'hésitez pas à prendre part à cette aventure bien délirante.

* Dispo en DVD chez BACH FILMS

NOTE : 4/6






dimanche 21 janvier 2018

FLAGELLATIONS

FLAGELLATIONS
(House of Whipcord)

Réalisateur : Pete Walker
Année : 1974
Scénariste : Pete Walker, David McGillivray
Pays : Angleterre
Genre : Women In Prison
Interdiction : -16 ans
Avec : Ann Michelle, Barbara Markham, Sheila Keith, Dorothy Gordon, Robert Tayman, Ray Brooks


L'HISTOIRE : Ann-Marie, un jeune mannequin français qui a fait quelques clichés dénudées, se voit inviter lors d'une soirée par Mark, un inconnu, qui lui propose de l'emmener chez ses parents. Sous le charme du brun ténébreux, Ann-Marie accepte et se retrouve dans un gigantesque demeure qui semble inhabitée. Elle va bientôt découvrir le secret de cet endroit insolite et de sa présence ici : elle vient en réalité de se faire kidnapper et se retrouve devant une directrice, son mari aveugle et deux gardiennes sadiques qui vont lui inculquer le savoir-vivre, sous peine de lui faire subir quelques tortures dont la punition du fouet. La demeure, une ancienne prison abandonnée, est devenue un lieu de séquestration pour jeunes filles, dirigée par des individus prônant le retour de l'ordre moral et de la civilité...

MON AVIS : Sous-genre du cinéma Bis, le W.I.P. ou Women In Prison possède ses aficionados qui se délectent de voir des jeunes filles dénudées se faire malmener par des gardiens de prisons pervers et sadiques. Avec Flagellations, Pete Walker, cinéaste britannique indépendant à qui l'on doit des films comme Frightmare, Hallucinations, Mortelles Confessions ou Schizo par exemple, s'aventure donc en 1974 dans le domaine du film de femmes en prison, avec toutefois quelques différences notables par rapport aux classiques du genre, tels 99 Women de Jess Franco, Pénitencier de Femmes de Bruno Mattei, Les Anges du Mal de Paul Nicholas ou bien encore Red Heat de Robert Collector et Ernst Ritter von Theumer. Dans Flagellations, vous ne trouverez pas  de scènes de douche torrides ou de duo lesbien dans les cellules, séquences qui sont généralement les points forts des W.I.P. L'érotisme est d'ailleurs assez discret ici, même si l'héroïne, interprétée par la jolie Penny Irving, se retrouve en tenue d'Eve à plusieurs reprises. Par contre, niveau violence et sadisme, Pete Walker se laisse aller et nous offre quelques pendaisons et autres sévices au fouet qui provoque un certain malaise, sans réellement recourir à des effets visuels gore d'ailleurs, hormis la vision des plaies sur le dos de la pauvre. Il nous propose surtout une directrice de prison et une gardienne bien ravagées du ciboulot. Elles sont accompagnées par une seconde gardienne et par un "juge", à savoir le vieux mari aveugle de la directrice. Ces quatre protagonistes peu fréquentables agissent au nom de l'ordre moral au sein d'une ancienne prison abandonnée, un bâtiment imposant à qui ils font reprendre du service dans la plus totale clandestinité, préférant le terme de "maison de corrections" à "prison" d'ailleurs. Le personnage le plus antipathique est interprété par Sheila Keith, une habituée des films de Pete Walker. Grande, blonde, visage carré et regard menaçant, elle pourrait rivaliser sans peine avec la fameuse Ilsa, tant elle semble n'éprouver aucune compassion pour ses victimes. Il suffit de voir avec quelle puissance et quel sadisme elle punit les éléments rebelles à grands coups de fouet ! Dirigée avec une main de fer par la directrice (Barbara Markham), l'établissement entend bien remettre dans le droit chemin les pauvres jeunes filles égarées dans le monde du vice ou de la corruption. Et gare à celles qui désobéissent ! A la première incartade, c'est l'isolement. A la seconde, c'est la punition par le fouet. A la troisième, c'est l'exécution par pendaison. Inutile de dire que personne ne sort vivante de cette maison de corrections pour femmes, dont les tenanciers jouent le jeu jusqu'au bout, allant même jusqu'à reproduire des parodies de procès dont eux seuls détiennent les règles. Si le but avoué de Pete Walker était de faire un film de pur divertissement (!!) avec Flagellations, on note tout de même que ce dernier propose un second degré de lecture nettement plus ambitieux. Rien que le texte d'introduction nous met la puce à l'oreille. Walker prend au sérieux la montée de l'ordre moral en Angleterre, notamment à travers la National Viewers' and Listeners' Association, qui va surveiller de manière extrême les retransmissions télévisuelles et audiovisuelles du pays, voulant mettre en avant les valeurs morale et les valeurs religieuses. C'est également cette association qui fit le malheur des fans anglais de films d'horreurs avec l'apparition des Videos Nasties au début des 80's. Ce sous-texte de Pete Walker, qui apparaît clairement à travers les personnages antipathiques qu'il met en scène, apporte une réelle richesse à Flagellations, qui devient alors un Women in Prison traité avec sérieux et qui a quelque chose à dire. En plus, Pete Walker instaure une réelle ambiance angoissante pour nous faire vivre le clavaire subit par les pauvres jeunes filles retenues contre leur gré. Une approche qui permet au film de nous mettre mal à l'aise et s'avère bénéfique, Flagellations trouvant alors une vraie crédibilité dans son déroulement. En s'attaquant à ces extrémistes qui, sous couvert de l'ordre moral, commettent des actions bien plus répréhensibles que celles qu'ils reprochent à leurs victimes, Flagellations maque des points, surtout que le casting est solide et que la mise en scène est des plus correctes. La dernière demi-heure mélange humour noir et ambiance hystérique pour un effet efficace. Pete Walker est réellement un réalisateur attachant et dont les films méritent une plus grande reconnaissance.

* Disponible en combo DVD / BR chez ARTUS FILMS

NOTE : 4/6



samedi 20 janvier 2018

MORTELLES CONFESSIONS

MORTELLES CONFESSIONS
(House of Mortal Sin / The Confessional)

Réalisateur : Pete Walker
Année : 1976
Scénariste : David McGillivray
Pays : Angleterre
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Anthony Sharp, Susan Penhaligon, Stephanie Beacham, Norman Eshley, Sheila Keith...


L'HISTOIRE : Jenny Welch vit avec sa sœur Vanessa et mène une vie amoureuse instable après avoir été plaquée par son amant. Elle retrouve un vieil ami d’enfance, Bernard, qui est devenu prêtre. Un peu désemparée dans sa vie quotidienne, Jenny décide d'aller parler à Bernard dans l'Eglise où il officie. Ce dernier étant absent, elle se retrouve en confession avec le père Meldrum, un prêtre acariâtre et frustré, qui use et abuse de sa position d'homme de Foi pour mener un grand combat contre les péchés de ses ouailles. Jenny va découvrir qu'elle est devenue le centre d'intérêt du père Meldrum et qu'elle n'est plus en sécurité...

MON AVIS : Pete Walker est un réalisateur, scénariste et producteur anglais totalement indépendant, qui n'a jamais cédé à l'appel des grands studios. Né en 1939, il a débuté sa carrière dès 1959 en mettant en scène une vingtaine de courts-métrages sexy nous présentant de jolies demoiselles fort peu vêtues. Conscient de l'attrait du public pour le genre érotique bon enfant, il décide de passer au format long métrage dès 1969 en persévérant dans ce genre avec School for Sex ou The Dirtiest Girl I Ever Met entre autres. En 1972, il réalisera le premier film britannique en 3D avec Four Dimensions of Greta. Réalisateur peu connu du public, avec une courte filmographie de 15 films à son service, Pete Walker n'en est pas moins un personnage intéressant et la plupart des ses œuvres valent le coup d'oeil et mérite d'être découverte, à l'image de ce Mortelles Confessions, qu'il met en scène en 1976. Véritable brûlot anti-religion, Mortelles Confessions s'en prend en effet avec forte virulence aux hommes de Foi en mettant en scène un prêtre psychopathe qui utilise son confessionnal pour mener une guerre contre ceux qui s'écartent du droit chemin divin. Notre Saint-homme,  le père Meldrum donc, se sert de sa position au sein de l'Eglise pour soutirer des aveux à ses paroissiens, et plus particulièrement à ses jeunes paroissiennes lors de leurs confessions. Pire que tout, il se permet d'enregistrer les conversations pour faire du chantage, ce qui pousse certaines victimes au suicide, quand ce n'est pas lui-même qui se charge de les remettre dans le droit chemin de manière plutôt agressive, voire fatale. L'habit ne fait pas le moine dit-on et ce n'est pas Pete Walker qui dira le contraire. On imagine que l'Eglise catholique n'a pas dû apprécier ce film à l'époque, ni la façon qu'a le père Meldrum de se prendre pour Charles Bronson et de faire justice lui-même. Ce drôle de personnage est interprété avec brio par l'acteur Anthony Sharp, qui parvient très bien à retranscrire la folie extrémiste qui l'anime. Même s'il n'y a aucun suspense quand à l'identité du meurtrier du film, Pete Walker va s'amuser tout de même à essayer de brouiller les pistes durant la première demi-heure, en utilisant les codes du giallo italien, auquel Mortelles Confessions emprunte souvent : visage dissimulé, assassin vêtu de noir et ganté, meurtres graphiques sont en effet au programme, le tout dans une ambiance qui sent bon le gothique anglais. Si la violence est présente, elle est utilisée avec parcimonie et sans grande effusion de sang. L'amateur aura tout de même droit à un meurtre à l'eau bouillante ou à l'encensoir brûlant pour un résultat final assez efficace ! Mais au final, ce ne sont pas ces quelques meurtres qui viennent créer le malaise dans le film de Pete Walker. C'est bien la nature même du meurtrier qui rend le film malaisant, et qui vient expliciter la séquence d'introduction qui nous plonge rapidement dans l'ambiance. Outre l'aspect religieux mis en exergue dans Mortelles Confessions, Pete Walker rajoute des éléments bien connus des amateurs du genre : un psychopathe sous l'emprise de sa mère, une gouvernante sadique et blonde comme une aryenne, une héroïne en détresse qui a tout compris mais que personne ne croit. Autant d'éléments qui viennent pimenter l'intrigue et lui donner de la consistance. Film d'atmosphère avant tout, pourvu d'un rythme assez contemplatif, Mortelles Confessions se suit sans ennui et distille son angoisse en faisant vivre un calvaire à sa belle héroïne, la charmante actrice Susan Penhaligon, qui sera la vedette du film Patrick de Richard Franklin en 1978. Tout en étant un pur film d'exploitation, Mortelles Confessions traite de sujets sérieux en son sein, comme la modernisation de l'Eglise ou le droit  pour les prêtres d'avoir une relation amoureuse autre qu'avec Dieu. Des sujets tabous mais qui ont toutes leurs importances, encore de nos jours d'ailleurs. La tentation est présente partout sur Terre et même le père Meldrum en sera victime. On appréciera l'ultime séquence, qui ne vient pas clore le film sur un happy-end et augmente encore son caractère malsain. Bénéficiant d'une mise en scène classique mais qui fait le job, avec un soin apporté à la direction d'acteurs, Mortelles Confessions est un film à découvrir car il possède de nombreuses qualités qui en font un spectacle fort appréciable. La copie proposée par Artus Films est de plus impeccable, ce qui ne gâche rien ! 

* Dispo en combo DVD / BR chez ARTUS FILMS

NOTE : 4/6


lundi 15 janvier 2018

36-15 CODE PÈRE NOËL

36-15 CODE PÈRE NOËL
(36-15 Code Père-Noël)

Réalisateur : René Manzor
Année : 1989
Scénariste : René Manzor
Pays : France
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Brigitte Fossey, Louis Ducreux, Patrick Floersheim, Alain Lalanne, Stéphane Legros...


L'HISTOIRE : Il a 9 ans. Il s’appelle Thomas. Il croit au Père Noël. Il a 2 passions : l’informatique et les super-héros. Le 24 décembre, caché sous la table de la salle à manger, Thomas attend l’arrivée du Père Noël, bien décidé à le capturer. Mais, ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est sur le point de vivre la nuit la plus terrifiante de toute sa vie. Un duel sans merci va l’opposer à un psychopathe...

MON AVIS : Le cinéma de genre "fantastique" en France existe depuis l'invention du cinéma lui-même, puisque George Méliès n'est rien d'autre que l'inventeur de la science-fiction et des effets-spéciaux. Même si on pense souvent que le fantastique n'est pas un genre apprécié des réalisateurs de notre beau pays, nombre films de ce genre ont été réalisé pourtant. Le plus souvent, c'est bien de fantastique qu'il s'agit, voire même de poésie, avec des œuvres telles Les Visiteurs du Soir, La Belle et la Bête, Marguerite de la Nuit entre autres. Il faudra attendre 1959 et Les Yeux sans Visage de George Franju pour que le cinéma d'horreur fasse sont apparition en France. Par la suite, des metteurs en scène comme Jean Rollin (Les Raisons de la Mort) ou Raphael Delpard (La Nuit de la Mort) se sont essayé au genre horrifique dans les 80's. Mais il faut bien avouer que le public français a bien du mal à évaluer positivement les films de genre made in France, même les plus récents. Suite au succès de son premier film Le Passage, succès qui s'est d'ailleurs retourné contre lui, René Manzor a du attendre trois ans avant de pouvoir réaliser un second long métrage. Ce sera également un film de genre, intitulé 36-15 Code Père Noël. René Manzor, qui n'est autre que le frère de Francis Lalanne, décide d'employer à nouveau son propre fils pour en faire le héros de son film. Alain Lalanne avait fait ses débuts à l'écran dans Le Passage, au côté d'Alain Delon, excusez du peu ! Avec quelques années de plus, il interprète le jeune Thomas, un enfant surdoué qui veut absolument avoir une preuve de l'existence du Père Noël. Grâce à ses talents en informatique, Thomas a placé des caméras dans toute sa gigantesque maison, qui est également bardé de passages secrets. Un peu à la manière de Maman, j'ai raté l'avion, l'ingéniosité de Thomas va grandement lui servir lorsqu'il va se trouver confronter à un Père Noël psychotique. Assez mal accueilli lors de sa sortie en 1990, il est grand temps de réhabiliter 36-15 Code Père Noël, qui s'avère être un thriller nerveux, possédant une mise en scène de haut vol et faisant preuve de beaucoup d'imagination, tout en nous présentant un Père Noël tueur des plus perturbants. Avec une rare maîtrise de l'espace (tous les couloirs et pièces de la maison ont une utilité et permettent de maintenir un suspense constant), René Manzor s'amuse à flanquer la frousse à son fils-acteur et ne le ménage jamais à l'écran. Rôle très physique pour un enfant, le personnage de Thomas ne cesse jamais de courir, de lutter pour sa survie une fois la menace entrée par la cheminée. Une scène magnifique d'ailleurs, très poétique, et qui se clôturera sur le meurtre du chien de Thomas sous ses propres yeux, cette mort dramatique faisant définitivement basculer le conte de Noël en film de terreur et d'angoisse. Il faut dire que le Père Noël psychopathe est interprété par un Patrick Floersheim dont le regard halluciné font vraiment flipper et provoque un certain malaise. La séquence dans laquelle il se teint les cheveux et la barbe en blanc, pour "devenir" le Père Noël, est sans équivoque concernant la folie qui l'anime. Sans effet sanglant, 36-15 Code Père Noël se montre relativement violent et joue admirablement bien avec les codes du survival. On appréciera les références à Rambo, héros guerrier qui dans les années 80 a remplacé Mickey dans l'imaginaire des enfants. Thomas se maquille et s'habille comme Stallone, muni du célèbre couteau de survie, en plastique bien sûr ! D'une réelle modernité pour l'époque, le film de René Manzor se révèle à maint reprises très virtuose dans ses mouvements de caméra, dans le choix de ses angles de prise de vue, la plupart se faisant au raz du sol, comme pour mieux suivre le point de vue de son jeune héros qui n'est pas bien grand. On a vraiment bien du mal à comprendre comment ce film n'a pas eu les honneurs d'une édition DVD / BR avant, tant il recèle de qualités. On remerciera donc LE CHAT QUI FUME pour nous avoir offert une édition de qualité, que ce soit au niveau du master, parfait, ou des bonus. L'entretien de 88 minutes avec René Manzor est des plus intéressantes, et nous fait découvrir un réalisateur passionné, bourré d'idées et très talentueux. 36-15 Code Père Noël mérite vraiment d'avoir une seconde chance auprès du public qui l'a boudé en 1990. C'est désormais chose possible ! N'hésitez pas à vous plonger dans ce lugubre passage du monde de l'enfance à celui d'adulte en compagnie de Thomas et de son grand-père ! 

* Disponible en combo DVD / BR chez LE CHAT QUI FUME

NOTE : 5/6



dimanche 14 janvier 2018

HANGOVER SQUARE

HANGOVER SQUARE
(Hangover Square)

Réalisateur : John Brahm
Année : 1945
Scénariste : Barré Lyndon
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier
Interdiction : /
Avec : Laird Cregar, Linda Darnell, George Sanders, Glenn Langan, Faye Marlowe...


L'HISTOIRE : George Harvey Bone est un compositeur de musique classique qui a tout pour réussir. Il doit d'ailleurs finaliser un concerto qui devrait être un triomphe. Tout irait pour le mieux dans sa vie s'il n'était victime de troubles de la mémoire qui le perturbe, surtout quand il retrouve une dague ensanglantée dans la poche de son manteau et qu'un meurtre fait la une des journaux. Il se rend chez un médecin spécialisé dans l'esprit humain, le Dr. Middleton. Ce dernier lui conseille de prendre du repos, de mettre un peu de côté sa passion pour la musique et d'aller se divertir. Dans un bar, il rencontre la chanteuse de cabaret Netta Longdon et tombe sous son charme. Il lui compose une chanson qui devient un succès. Netta va alors se servir de Bone pour devenir célèbre, tout en jouant avec ses sentiments. Quand il découvre le pot-aux-roses, la folie insidieuse de Bone reprend le dessus...

MON AVIS : Un an après son Jack l'Eventreur (1944), le réalisateur John Brahm poursuit son parcours avec Hangover Square et monte la barre encore plus haut. D'une beauté plastique fulgurante, interprété avec passion par un magnifique trio d'acteurs (Laird Cregar, George Sanders et la divine Linda Darnell), Hangover Square est une perle vénéneuse et ténébreuse, doté d'une histoire captivante et intéressante, dans laquelle la psychanalyse et la psychiatrie jouent un rôle non négligeable. Les crises de folie du personnage principal, superbement interprété par Laird Cregar dont ce sera le dernier rôle (l'acteur de 31 ans est décédé peu de temps après le tournage, n'ayant même pas vu voir son dernier film), sont provoquées par des sonorités dissonantes qui le place dans un étant de transe meurtrière dont il n'a plus aucun souvenir une fois la crise passée. Victime d'une maladie mentale donc, le compositeur George Harvey Bone n'a rien d'un serial-killer froid et méthodique. Il n'a aucun contrôle sur ses actes, ce qu'expliquera le médecin à la police. Visuellement, le passage de la raison à la folie s'effectue à l'écran grâce à des gros plans sur le visage désincarné et en sueur de Laird Cregar mais aussi grâce à des plans floutés qui nous font comprendre que le personnage a vacillé dans la folie. Un procédé efficace et très stylisé, et qui, au fur et à mesure des crises au sein du déroulement de l'histoire, a tendance a s'estomper un peu et à nous laisser dans le doute : le personnage a-t-il retrouver la raison ou est-il encore perdu dans son esprit malade ? La mise en scène de John Brahm fait des merveilles à tous les niveaux, jouant avec les effets de lumière, les angles de caméra, ce qui confère au film une allure gothique-expressionniste du plus bel effet. Outre la prestation parfaite de Laird Cregar, qui jongle avec les émotions avec une maîtrise absolue, on appréciera fortement de voir la magnifique Linda Darnell qui compose ici un personnage de "vamp" parfaitement détestable, typique des films noirs dont Hangover Square se réclame également. Aguicheuse en diable, vêtue de tenues très sexy, elle incarne à merveille la séductrice égocentrique et prétentieuse qui va pousser le pauvre compositeur amoureux transit dans ses derniers retranchements et lui faire commettre l'irréparable. George Sanders est quant à lui toujours aussi classe et même s'il a un rôle plus anecdotique ici, sa prestance et son charisme fonctionnent toujours à plein régime. Certaines scènes de Hangover Square sont vraiment admirables, je pense notamment au bûcher géant organisé au beau milieu des rues ou au final, également très marqué par les flammes, et qui va faire vivre la passion de George Harvey Bone jusqu'au bout. Le tout sur une partition hallucinante de Bernard Herrmann, véritable personnage à part entière dans ce film. Hangover Square est véritablement un film à (re)découvrir, surtout que la copie présentée par Rimini Editions est de toute beauté ! 

* Disponible en DVD et BR chez RIMINI EDITIONS

NOTE : 5/6



vendredi 12 janvier 2018

LES CINQ SURVIVANTS

LES CINQ SURVIVANTS
(Five)

Réalisateur : Arch Oboler
Année : 1951
Scénariste : Arch Oboler
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Interdiction : /
Avec : William Phipps, Susan Douglas Rubes, James Anderson, Charles Lampkin, Earl Lee...


L'HISTOIRE : Dépeuplée par un holocauste nucléaire, la Terre n’est plus qu’un vaste cimetière. Seules cinq personnes semblent avoir miraculeusement survécu. Ils se retrouvent dans un site épargné par les retombées radioactives : une femme enceinte, un homme de couleur, un employé de banque, un philosophe et un alpiniste raciste. Vont–ils, malgré leurs différences, parvenir à coexister face au tragique de la situation ?

MON AVIS : Produit, scénarisé et réalisé en 1951 par Arch Oboler, qui réalisera l'année suivante Bwana Devil en 3D, Les Cinq Survivants est un film inédit en France qui met en scène cinq personnes se retrouvant seules sur Terre après une explosion nucléaire. Ce film peut être considéré comme l'un des premiers, si ce n'est le premier, à traiter de cette thématique, à savoir la vie après une apocalypse nucléaire. La décennie 50's a été des plus prolifiques pour la science-fiction au cinéma, nous présentant tout un tas d'invasion extra-terrestres ou de voyages spatiaux sur des planètes mystérieuses. Arch Oboler, avec un budget des plus minimes, ne peut se permettre de nous faire parcourir des planètes hostiles ou de faire débarquer des aliens agressifs. Avec Les Cinq Survivants, il va donc filmer à l'économie, avec, en tout et pour tout, cinq acteurs qu'il promène dans des paysages inhabités. Malgré le faible budget, Arch Oboler nous propose des visions de rues bardées de véhicules à l'arrêt, de maisons abandonnées de toute trace de vie, si ce n'est quelques squelettes éparpillés ci et là. Le rendu est plutôt efficace et l'impression de désolation totale est bien ressentie par le spectateur même si on aurait aimé voir des bâtiments détruits ou rasés pour plus de crédibilité. L'action du film a lieu principalement dans une petite maison côtière dans laquelle vit Michael. Se croyant seul au monde, sa rencontre avec Roseanne va changer sa vie. A nos deux héros viendra se joindre Charles et monsieur Barnstaple puis Eric, ancien alpiniste ayant gravit l'Everest. D'abord amicales, les relations entre les protagonistes vont vite devenir plus tendues, surtout à cause d'Eric, un macho raciste qui n'a que faire des autres. Se mettant clairement à l'écart du groupe, Eric va focaliser toutes les attentions et devenir petit à petit le grain de sable dans le rouage. De plus, la présence d'une femme parmi des hommes va vite attiser les jalousies, notamment entre Michael et Eric. Très contemplatif, très posé, Les Cinq Survivants distille son rythme lancinant entre deux réflexions philosophiques et se montre très nihiliste. Car ce film traite son sujet avec un sérieux indéfectible et nous montre que l'être humain, même dans une situation des plus alarmantes, ne cessera jamais de se comporter comme un monstre. Eric en est l'exemple le plus probant, affichant clairement son racisme anti-noir, ne se souciant que de sa petite personne, ne proposant jamais son aide aux autres survivants, détruisant même les quelques épis de maïs qu'ils ont réussi à faire pousser. Un constat bien pessimiste pour cette fable humaine en huis clos dont on retrouvera des idées dans La Nuit des Morts Vivants de George Romero. Peu d'action, beaucoup de dialogues au programme donc pour ce film intéressant et qui préfigure tout ce courant des films "après la bombe", tels Le Dernier Rivage, Le Monde la Chair et le Diable, La Jetée, Panique Année Zéro ou Je suis une légende entre autres.

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS

NOTE : 4/6


mercredi 3 janvier 2018

LE CARNAVAL DES ÂMES

LE CARNAVAL DES ÂMES
(Carnival of Souls)

Réalisateur : Herk Harvey
Année : 1962
Scénariste : John Clifford 
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : /
Avec : Candace Hilligoss, Frances Feist, Sidney Berger, Stan Levitt, Herk Harvey...


L'HISTOIRE : Une course de voitures improvisée se solde par un tragique accident au cours duquel un véhicule occupée par trois jeunes femmes chute dans un fleuve. Seule Mary échappe miraculeusement à la noyade. Traumatisée, la jeune femme emménage dans une autre ville et trouve un emploi d’organiste dans une église. Très vite des événements insolites surviennent, des personnages fantomatiques lui apparaissent et l’attirent irrésistiblement vers un gigantesque parc de jeu abandonné…

MON AVIS : Alors que Carnival of Souls était tombé dans un relatif oubli durant des décennies, alors que son influence sur divers réalisateurs ne peut être contestée (George Romero, David Lynch, M. Night Shyamalan entre autres...), sa mise en avant depuis quelques années a permis à de nombreux spectateurs de le découvrir. Etant libre de droits, plusieurs éditeurs américains l'ont sorti en DVD, dont Criterion qui le propose en double DVD avec un Director's Cut, un commentaire audio, un documentaire et un interview en bonus.  En France, trois éditeurs l'ont aussi proposé en DVD : Wild Side, Le Chat qui Fume (avec une présentation du film par Romain Le Vern et la BO en bonus) et Artus Films. C'est l'édition d'Artus qui a servi de support pour cette chronique, le film venant de s'ajouter à leur catalogue en fin d'années 2017. Il a bénéficié d'une nouvelle restauration et ça se voit à l'écran, le master étant très propre. De quoi profiter pleinement de ce curieux film fantastique, qui aurait très bien pu être une sorte de version longue d'un épisode de La Quatrième DimensionLe Carnaval des Âmes est donc l'unique long métrage de Herk Harvey, qu'il réalise en 1962 avec le budget riquiqui de 30 000$ environ. A l'arrivée, il nous livre une oeuvre atypique, dans laquelle le fantastique et l'épouvante viennent s'immiscer dans le quotidien d'une jeune femme, unique rescapée d'un terrible accident de voitures. Organiste de métier, Mary Henry décide de changer de ville après le drame qui a coûté la vie de ses deux amies. Elle est engagé par le prêtre d'une petite église qui est séduit par son talent, même s'il trouve qu'il manque un petit supplément d'âme aux interprétations de Mary. Cette dernière va alors avoir des visions d'êtres fantomatiques qui semblent la pousser à se rendre dans un ancien parc d'attraction abandonné. Qui sont ces fantômes à l'apparence inquiétantes et que veulent-ils ? Le mystère demeure entier et l'ambiance bon enfant devient de plus en plus lourde et angoissante. Mary serait-elle en train de devenir folle ? Pourquoi d'un coup son entourage semble ne plus la voir ? Pourquoi n'entend t-elle plus de son alors qu'elle est dans un grand magasin ou dans la rue ? Herk Harvey puise dans sa mise en scène pour nous plonger dans un cauchemar qui semble sans fin pour l'héroïne du film, superbement interprétée par Candace Hilligoss. Vous l'aurez compris, Le Carnaval des Âmes n'est en rien un film misant sur une action débridée. Le film de Herk Harvey est avant tout contemplatif et joue sur l'atmosphère insidieuse pour nous bercer de ses images poético-fantastiques, à l'image de ses fantômes sortant de la mer ou poursuivant hystériquement l'héroïne dans le parc d'attraction. Des images et des séquences saisissantes, qui marquent les esprits. Si on pourra trouver un peu longuette les scènes de dialogues entre Mary et son voisin de chambre qui veut la draguer sans grande finesse, le reste vaut assurément le visionnage pour ceux qui ne connaîtraient pas cette oeuvre devenue culte au fil des ans. L'environnement du parc d'attraction est quasiment un personnage à part entière, tout comme la musique, principalement jouée à l'orgue, et qui participe pleinement au rendu lugubre et étrange qu'on ressent tout au long du film. Bien sûr, l'étonnante (quoique prévisible pour le spectateur d'aujourd'hui) séquence finale fait aussi partie des points positifs à mettre en avant. Une scène finale qui en aura inspiré plus d'un, c'est certain ! Le Carnaval des Âmes est vraiment un film fascinant, un objet filmique non identifié qui mérite la plus grande attention de tous fantasticophiles qui se respectent. 

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS

NOTE : 5/6