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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




lundi 4 décembre 2023

DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT

 

DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT
(Silent Night, Deadly Night)


Réalisateur : Charles E. Sellier Jr.
Année : 1984
Scénariste : Paul Caimi, Michael Hickey
Pays : États-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Lilyan Chauvin, Robert Brian Wilson, Gilmer McCormick, Linnea Quigley...


L'HISTOIRE : Après avoir vu ses parents être assassinés par un voyou déguisé en Père-Noël, le petit Billy, ainsi que son tout jeune frère encore nourrisson à l'époque du drame, sont recueillis et élevés dans un orphelinat religieux, dirigé d'une main de fer par la Mère supérieure. A chaque Noël, le traumatisme de Billy refait surface, ce qui provoque la colère de la Mère supérieure. Désormais âgé de dix-hui ans, Billy est engagé dans un magasin de jouet et tout se déroule pour le mieux, jusqu'à ce que le mois de décembre ne revienne. Pour rendre service à son employeur, Billy accepte de se déguiser en Père-Noël mais son esprit malade ne le supporte pas et fait sombrer le jeune homme dans la folie meurtrière...

MON AVIS : Non, Douce Nuit Sanglante Nuit n'est pas le premier film à faire de la figure sacrée du Père-Noël un tueur psychopathe. En 1972, Freddie Francis en met déjà un en scène dans l'un des sketches de son film Histoires d'Outre-Tombe ;  dans Christmas Evil (1980), un jeune enfant, après avoir vu sa mère en pleine partie de jambe en l'air avec son père habillé en Père-Noël, sombre lui aussi dans la folie et décide de devenir le vrai Père-Noël à l'âge adulte, massacrant tous ceux qui se moquent de son accoutrement. Deux détournements du mythe de Noël qui ne feront pas vraiment parler d'eux, tout l'inverse du film dont il est question ici ! Réalisé par Charles E. Sellier Jr., Douce Nuit Sanglante Nuit provoquera en effet un véritable tollé aux Etats-Unis, provoquant même des manifestations devant les cinémas qui osent le diffuser ! Le public amoureux de Santa Claus se dresse contre ce film d'horreur qui a osé briser la figure sympathique du gros bonhomme barbu habillé en rouge ! Trop, c'est trop ! Un véritable scandale à l'époque de sa sortie, en novembre 1984, qui se soldera par le retrait du film des cinémas seulement deux semaines après son lancement ! Heureusement, les 15 premiers jours de projection ont été un véritable succès, et les recettes ont largement rentabilisé l'investissement initial. De plus, le film a fait un carton quand il fût disponible en VHS. En France, nous avons eu droit à une version censurée, ce qui fait que, lorsque je l'ai vu étant adolescent, il ne m'a pas réellement marqué, les coupes amoindrissant largement l'impact des séquences horrifiques. Grâce à l'éditeur Rimini Editions, j'ai enfin pu voir Douce Nuit Sanglante Nuit en version uncut et le film y gagne nettement en intérêt, c'est le moins que l'on puisse dire puisque cette fois, les scènes de meurtres sont vraiment bien violentes et sanglantes, ce qui est quand même la base d'un film d'horreur type slasher / film de tueur fou. Égorgement au couteau, strangulation à la guirlande de Noël, éventration, décapitation à la hache, coup de marteau perforant la boîte crânienne et autre joyeusetés vous attendent donc de manière bien plus graphique que dans la version cinéma cut, avec également, cerise sur le gâteau, la vision de la version intégrale de l'empalement de la charmante Linnea Quigley, fort peu vêtue comme à son habitude, par les cornes d'un trophée de cerf ! Rien que pour cette séquence culte, il faut regarder Douce Nuit Sanglante Nuit ! Mais cette nouvelle vision du film m'a également permis de le réévaluer de par sa caractérisation du personnage de Billy Chapman. On ne peut que ressentir de l'empathie pour ce petit garçon qui assiste, impuissant, au massacre de ses parents par son héros de Noël, un simple voyou déguisé bien sûr, et qui va subir le traitement sévère de la Mère supérieure et ce, malgré son traumatisme lié au drame hivernale. Quand cette dernière le force à aller s'asseoir sur le Père-Noël, on n'a qu'une envie : que Billy lui colle une bonne claque ! Je ne sais pas si cette virulente critique de l'enseignement catholique était voulue par les scénaristes mais elle ne passe pas inaperçue en tout cas. Heureusement que sœur Margaret (Gilmer McCormick) est là pour rééquilibrer la balance. On n'oubliera pas aussi cette visite chez son grand-père dans un asile psychiatrique, pour une rencontre assez traumatisante pour un petit garçon, bravo à l'acteur Will Hare qui est vraiment flippant ! Une fois l'âge de 18 ans atteint, Billy est interprété par l'acteur Robert Brian Wilson, qui a longtemps renié le film suite à la controverse américaine mais qui est depuis revenu sur sa position après avoir rencontré des fans lors d'une projection célébrant les 30 ans de Douce Nuit Sanglante Nuit. La faiblesse psychologique de son personnage est plutôt bien mis en avant, sa fragilité mentale face à la figure du Père-Noël bien retranscrite à l'écran par l'acteur. Quand on comprend que Billy va devoir s'habiller en Père-Noël, on sait que sa santé mentale va vaciller et le faire sombrer dans une folie homicide. Ce sera bien le cas. Notre gentil Père-Noël va donc s'acharner sur ses collègues de travail avant d'aller semer la mort au dehors pour au final se rendre à l'orphelinat pour se venger de la méchante Mère supérieure ! Les pérégrinations de Billy sont plutôt sympathiques et donnent un cachet pas désagréable à ce film de Noël qui ne risque pas d'être diffusé sur TF1 ou M6 en période de fêtes ! Efficace, sans réel temps morts, bien sanglant dans sa version intégrale, pourvu d'une bonne dose de nudité et avec une étude psychologique pas inintéressante en toile de fond, Douce Nuit Sanglante Nuit est un petit classique du film de tueur fou 80's, qui surclasse aisément sa séquelle tournée en 1987 et qui, elle, met en scène le petit frère de Billy !

* Disponible en combo DVD + BR + Livret chez RIMINI EDITIONS
Encore une chouette entrée dans la collection phare de l'éditeur, avec boitier trois volets sous fourreau, proposant 1 BR et 2 DVDs et donc le film en version cinéma et version intégrale (vostf pour cette dernière). Marc Toullec nous propose son traditionnel livret informatif (et il l'est !) sous le titre S.O.S. Père-Noël.





dimanche 12 novembre 2023

REPTILE

 

REPTILE
(Reptile)


Réalisateur : Grant Singer
Année : 2023
Scénariste : Grant Singer, Benjamin Brewer, Benicio Del Toro
Pays : États-Unis
Genre : Policier
Interdiction : -12 ans
Avec : Benicio Del Toro, Justin Timberlake, Alicia Silverstone, Matilda Lutz...


L'HISTOIRE : Lorsque Summer Elswick, agente immobilière, est retrouvée assassinée, l'inspecteur Tom Nichols porte ses soupçons sur Will Grady, le petit ami de la victime. Au fur et à mesure de ses investigations, de nouveaux suspects potentiels apparaissent et l'enquête va s'avérer bien plus complexe que prévue...

MON AVIS : Voici un polar de machination qui est dans la bonne moyenne du genre. Porté par un casting judicieux, Reptile fait la part belle à la prestation de Benicio Del Toro, parfait en enquêteur méticuleux et intègre, qui ne lâche jamais l'affaire. A ses côtés, on a Justin Timberlake dans le rôle du petit ami de la victime, Alicia Silverstone (47 ans désormais, il est loin le temps de Clueless) dans le rôle de la femme de l'inspecteur Nichols, Eric Bogosian dans le rôle du capitaine Allen, Domenick Lombardozzi dans le rôle d'un inspecteur des stups et tout un tas d'autres acteurs qui assurent et font parfaitement le job. Mon seul regret est que la victime assassinée soit la charmante Matilda Lutz, vue dans Revenge, A Classic Horror Story, Zone 44 ou Coupez! et que j'aurai aimé voir plus longtemps à l'écran. Sinon, ceux qui ont apprécié l'ambiance de la première saison de True Detective retrouveront cette atmosphère dans Reptile, même si l'action ne se déroule pas en Louisiane. L'enquête de l'inspecteur Nichols est menée de façon méthodique, sans privilégier une action trépidante mais malgré un rythme posé, on ne s'ennuie jamais car plus on avance dans ce meurtre crapuleux et plus de nouveaux éléments viennent relancer continuellement l'intérêt. Ce qui au départ ne semble qu'une affaire de meurtre à éclaircir va prendre des proportions et une direction plus inattendues, venant complexifier l'intrigue. Bon suspense, quelques moments de tension bien huilés et une mise en scène efficiente de Grant Singer. A découvrir !

  

dimanche 29 octobre 2023

SAW X

 

SAW X
(Saw X)


Réalisateur : Kevin Greutert
Année : 2023
Scénariste : Pete Goldfinger, Josh Stolberg
Pays : États-Unis, Mexique, Canada
Genre : Thriller, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnøve Macody Lund, Renata Vaca...


L'HISTOIRE : John Kramer, le tueur au puzzle, malade et désespéré, se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de guérir son cancer, mais il découvre que tout ceci n’est qu’une escroquerie visant des malades vulnérables et affligés. Animé d'un nouveau but, le célèbre tueur en série retourne à son œuvre et va prendre sa revanche sur ces escrocs dans un terrible jeu dont il a le secret, à travers des pièges toujours plus machiavéliques et ingénieux les uns que les autres...

MON AVIS : Après une tentative totalement ratée de renouveler la franchise en 2021 avec Spirale, l'héritage de Saw, pourtant mis en scène par le réalisateur de Saw 2, Saw 3 et Saw 4, on se demandait si la saga initiée par James Wan en 2004 allait pouvoir rebondir et revenir sur le devant de la scène. C'est chose faite en 2023 avec Saw X, qui voit le retour de Tobin Bell dans le rôle de l'iconique Jigsaw, le célèbre tueur au puzzle. On le sait, Saw X se déroule entre Saw et Saw 2, ce n'est pas un spoiler, cette timeline a été annoncée dès le départ. L'intrigue se focalise sur la maladie de John Kramer, cette tumeur au cerveau qui lui complique bien la vie, et qui pourrait se voir enlevée grâce à un nouveau procédé révolutionnaire qui semble avoir fait ses preuves sur plusieurs personnes. Kramer se rend donc dans un centre hospitalier sécurisé afin de recevoir traitement et opération. Malgré un prix assez conséquent, John veut tenter l'expérience et tout se déroule pour le mieux. Voulant aller remercier ses guérisseurs, dont le médecin Cecilia Pederson (Synnøve Macody Lund), il découvre que le centre a été totalement vidé et comprend qu'il vient de se faire arnaquer par une bande organisée et sans scrupules, qui volent l'argent et l'espoir des malades. Grâce à ses contacts, John Kramer parvient à retrouver les membres de cette organisation criminelle et va donc leur faire subir, tour à tour, ses petits jeux macabres et mortels. Avec une durée de 118 minutes, ce qui en fait le plus long film de la saga, Saw X prend le temps de développer son histoire, ses personnages et d'apporter une nouvelle profondeur à John Kramer, ce que certains semblent reprocher. Alors oui, on peut voir ici le tueur au puzzle être une sorte de vengeur-bienfaiteur qui s'en prend à une vilaine organisation qui arnaque des malades du cancer. Mais après tout, Kramer ne se considère-t-il pas comme un rédempteur vis à vis de ses nombreux cobayes qui jouent à ses jeux cruels depuis le début de la saga ? Franchement, cet aspect un peu plus prononcé ne m'a pas du tout dérangé, ça lui apporte même une petite sensibilité bienvenue je trouve et on fini même par apprécier les châtiments conçus pour cette équipe d'arnaqueurs. Toujours est-il que si on vient voir un Saw, c'est évidemment pour l'intrigue, pour le twist final bien sûr mais surtout pour les pièges machiavéliques issus de l'imagination des scénaristes ! Dans Saw X, réalisé par Kevin Greutert (Saw 6, Saw 3D) et scénarisé par Pete Goldfinger et Josh Stolberg, les pièges se montrent toujours aussi malsains et devraient parvenir, sans grande difficultés à faire détourner les yeux des spectateurs aux estomacs fragiles ! Le piège servant de visuel à l'affiche du film est particulièrement cruel, mais les autres jeux présentés ne sont pas en reste et ne lésinent pas sur l'aspect gore, répugnant et violent. Franchement, pas sûr que dans la réalité la victime ne tombe pas dans les pommes avant le châtiment final mais bon, les exagérations ont toujours fait partie de la saga. Le piège de la scie à fil est bien ignoble et fera monter la tension des fragiles. Sadique à souhait, ces nouveaux jeux hissent la torture à un niveau vraiment appréciable et les fans de la saga seront ravis. Voici donc un très bon épisode qui vient remettre la saga sur le devant de la scène de manière habile et respectueuse ! Content d'avoir retrouvé Tobin Bell ! Plus qu'à attendre de nouveaux chapitres maintenant !


lundi 23 octobre 2023

BUNKER PALACE HOTEL

 

BUNKER PALACE HOTEL
(Bunker Palace Hotel)


Réalisateur : Enki Bilal
Année : 1989
Scénariste : Enki Bilal, Pierre Christin
Pays : France
Genre : Insolite, science-fiction
Interdiction : /
Avec : Jean-Louis Trintignant, Carole Bouquet, Maria Schneider, Roger Dumas...


L'HISTOIRE : Dans un pays inconnu, dans un ville inconnue lors d’une guerre inconnue, s’agite sous terre l’élite d’un régime inconnu. Son quartier général : le Bunker Palace Hôtel, offrant confort et sécurité. Tout semble se dérouler pour le mieux pour les dignitaires du régime qui attendent leur président. Cependant, d’étranges bruits courent à la surface de la terre et les rebelles sont de plus en plus actifs malgré la vigilance du machiavélique Holm. Quant au personnel androïde, il donne de curieux signes de dysfonctionnement...

MON AVIS : Principalement connu dans l'univers de la bande-dessiné de science-fiction où il fait figure de référence, Enki Bilal a su développer un style graphique et un univers qui lui est propre. Passionné également par le cinéma dès son plus jeune âge, il désire réaliser un film ou un court-métrage et l'occasion lui est donnée à la fin des années 80, quand un producteur accepte de l'aider à monter ce projet. Il a un scénario déjà bien entamé sous le coude et la production s'occupe du reste, à savoir le choix du lieu de tournage (Belgrade, ville où a vécu Enki Bilal jusqu'à 9 ans avant de venir à Paris), le choix des techniciens, du casting et j'en passe. A l'arrivée, on obtient Bunker Palace Hotel, une oeuvre insolite dans le paysage français de l'époque et qui possède des thématiques qu'on retrouve dans les BD de Bilal, notamment la question de la dictature. Dans le film, nous avons donc un état dictatorial en fin de vie et qui subit la pression des résistants au point que les hauts dignitaires du régime se voient dans l'obligation de quitter la ville pour se réfugier dans un bunker faisant office d'hôtel de luxe. D'où le titre du film Bunker Palace Hotel. Après avoir assisté au déménagement du dignitaire Holm, joué par un Jean-Louis Trintignant complètement chauve, lors de séquences qui nous permettent d'admirer les jolis décors conçus pour le film - assurément l'un des points forts de ce dernier - on découvre une Carole Bouquet coiffée à la Mylène Farmer (courte courte et rousse) qui fait partie de la résistance et qui va devoir s'introduire dans le fameux bunker pour tenter d'atteindre "le Président" du régime. Une mission délicate pour la jeune femme, qui se retrouve là bien malgré elle, suite à l'assassinat de l'agent infiltré qui devait remplir cette mission. Comme dit plus haut, les décors et les couleurs utilisés pour les scènes d'extérieur nous placent d'emblée dans un univers particulier, inquiétant, anxiogène, où la pluie est d'une couleur blanche étrange par exemple. Une fois à l'intérieur du gigantesque bunker, Bunker Palace Hotel devient une sorte de huis-clos métaphorique qui nous fait assister à la décadence et à la chute de ce régime qu'on suppose fasciste. Des éléments science-fictionnels intègrent le récit puisque, hormis les dignitaires et leurs femmes réfugiés dans le bunker, tout le reste du personnel sont des androïdes qui subissent de nombreux bugs et dysfonctionnements, ajoutant à la symbolique de la chute du régime. Le bunker lui-même devient la proie de fissure, de bruits étranges, de craquements peu rassurants, allant même jusqu'à subir l'apparition du gel en son sein, rendant la vie des réfugiés bien plus compliquée que prévue. Dans cette ambiance kafkaïenne, les divers protagonistes évoluent donc dans l'attente de l'arrivée du Président, seul absent notoire et dont on ne sait rien de son absence. Bunker Palace Hotel est un film très contemplatif, qui distille son récit sans jamais recourir à l'action, tant est si bien qu'on finit parfois par se demander si le film a réellement quelque chose à raconter, une fois la métaphore comprise. Le terme insolite correspond parfaitement à cette oeuvre atypique, qui aura du mal à trouver un public parmi la jeune génération abreuvé aux blockbusters qui vont vite, très vite. Tout l'inverse du film d'Enki Bilal qui mise avant tout sur une atmosphère oppressante et qui joue admirablement bien avec le manque de temporalité. On ne sait pas à quelle époque on est, ni où on est d'ailleurs et cela rajoute à l'étrangeté du film. Son final n'est pas en reste non plus, nouvelle métaphore mais cette fois du "changement de régime", tant est qu'il puisse exister ici, les images proposées éliminant le moindre doute à ce sujet. Avec Bunker Palace Hotel, film assez difficile d'accès, Enki Bilal fait preuve d'un bel entrain afin de proposer un cinéma français différent, qui ne se complet pas uniquement dans la comédie franchouillarde. Il récidivera par la suite avec Tykho Moon en 1996 et Immortel (ad vitam) en 2004. Une proposition intéressante de cinéma autre, qui risque de dérouter la majorité des spectateurs, qui n'est pas dénué de défauts (de nombreux personnages ne servent finalement pas à grand chose) mais qui fourmille d'idées disséminées ici et là. Pas mal pour un premier film et ce, dans un genre qui n'est vraiment pas la panacée du cinéma français.

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS
Très belle édition pour ce premier film d'Enki Bilal, avec un BR et deux DVD ainsi que 4 cartes postales, le tout dans un boitier trois volets sous fourreau. La copie est belle; Niveau bonus, on trouve :
- Interview de Enki Bilal (Juin 2023)
- « Cinémonstre » : montage réalisé par Enki Bilal à partir des trois films qu’il a réalisé (75’)
- « Enki Bilal, souvenirs du futur » (2019, 52’)
- Images du tournage (archives INA, 1989, 4’)


samedi 30 septembre 2023

THE SLUMBER PARTY MASSACRE

 

THE SLUMBER PARTY MASSACRE
(The Slumber Party Massacre)


Réalisateur : Amy Holden Jones
Année : 1982
Scénariste : Rita Mae Brown, Amy Holden Jones
Pays : Usa
Genre : Slasher
Interdiction : -12 ans
Avec : Michelle Michaels, Robin Stille, Michael Villella, Brinke Stevens, Debra de Liso...


L'HISTOIRE : En l'absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket pour une soirée pyjama entre filles ! Ses deux voisines et leurs petits amis, n'étant pas conviés, observent jalousement les préparatifs de l'autre côté de la rue, et préparent une intrusion inopinée, histoire de leur causer une petite frayeur. Mais tout ce petit monde ignore qu'un évadé de l'hôpital psychiatrique a lui aussi l'intention de participer à sa manière à la petite partie, emmenant avec lui son infernale foreuse mécanique pour transformer cette nuit en fête sanglante...

MON AVIS : Activiste féministe à ses heures perdues, Amy Holden Jones a effectué plusieurs petits boulots dans l'industrie du cinéma avant de toquer à la porte du légendaire Roger Corman afin de lui proposer ses services, notamment au poste de montage. La jeune femme a ensuite envie de réaliser son propre film et Corman lui offre sa chance, lui permettant de choisir un scénario parmi de nombreux autres qui traînent en attente de trouver preneur. Elle choisit une histoire rédigée par Rita Mae Brown, remanie quelques éléments à sa sauce et obtient de Corman un financement de 220000$ pour ce qui sera le premier slasher de la firme New World Pictures. Un genre auquel la réalisatrice ne connaît absolument rien au passage. Elle doit également se plier aux exigences du studio, qui veut du sang, des jolies filles et de la nudité. Malgré sa défense du féminisme, Amy Holden Jones est bien obligé de se plier à cette dernière exigence, ce que beaucoup lui ont ensuite reproché. Mais bon, elle tourne un slasher et la nudité est quasiment un passage obligé de ce style de film donc ne lui faisons pas de procès d'intention. Surtout qu'elle donne tout de même les rôles principaux aux actrices et que les quelques protagonistes masculins présents dans le film sont plutôt du style "benêt". Bref, toujours est-il qu'à l'arrivée, The Slumber Party Massacre s'est avéré être très lucratif pour Roger Corman, qui a nettement rentabilisé son investissement initial. En 1982, le slasher movie est devenu le fer de lance du mouvement horrifique, suite au succès d'Halloween et de Vendredi 13 bien entendu. J'avoue que je préfère des films tels Carnage, Meurtres à la St-Valentin ou Rosemary's Killer à The Slumber Party Massacre car ils lui sont supérieurs en terme d'ambiance, de suspense, de mise en scène et de meurtres sanguinolents. Reste  que le film d'Amy Holden Jones fait néanmoins le taf et s'avère des plus corrects, et que pour une réalisatrice qui n'y connaissait rien au genre, la miss Holden s'est plutôt bien débrouillé et livre un film assez festif, qui ne se prend pas la tête et s'avère donc plaisant à regarder. Comme dit plus haut, niveau boobs, les amateurs seront aux anges puisque le casting féminin se désape régulièrement, que ce soit dans les douches du vestiaire, pour changer de tenue ou pour quelques rendez-vous galants. Parmi ces dernières, on reconnaîtra Brinke Stevens, qui deviendra une Scream Queen très réputée dans les années 80 et 90. On note d'ailleurs qu'elle ne se déshabille pas dans The Slumber Party Massacre et qu'elle est l'héroïne d'une des meilleures scènes du film, dans laquelle le suspense est vraiment bien troussé. Ce qui intéresse particulièrement les fans de slasher, ce sont les meurtres et le tueur bien sûr.  Ce dernier est campé par Michael Villella, qui était très investit sur le tournage, inventant même un passif à son personnage pour le rendre plus crédible dans ses actes, passif qui n'a malheureusement pas rejoint les lignes du scénario. Dommage. Si la majorité des scènes de meurtres sont filmées en hors-champ pour cause de budget faiblard, avec vision du rendu final tout de même, les effets de maquillage sont soignés, avec une mention spéciale au livreur de pizza dont les deux yeux ont été perforés par la mèche de la foreuse infernale. Une arme très cinématographique et pas choisit au hasard, puisque la longueur de la mèche et certains plans dans lesquels le tueur la tient entre ses jambes en font une arme "phallique" au rendu sans équivoque. Bénéficiant d'un rythme plutôt alerte, cette soirée pyjama qui n'est pas sans nous rappeler le Halloween de John Carpenter, se montre fun, distrayante et bien sûr sanguinolente ! Je pense même que The Slumber Party Massacre se bonifie avec le temps et l'effet nostalgie joue grandement en sa faveur. Pas de quoi bouder son plaisir donc ! A noter que le film d'Amy Holden a eu deux suites, en 1987 et 1990, ainsi qu'un remake en 2021. Et tous ces films ont été réalisés par une femme ! Il y a de la suite dans les idées donc...   

* Disponible en combo DVD + BR + Livret chez RIMINI EDITIONS
Copie vraiment très belle pour redécouvrir ce slasher sympa dans d'excellentes conditions. VF et VOSTF. Livret 24 pages de Marc Toullec.




dimanche 10 septembre 2023

I AM LISA

 

I AM LISA
(I am Lisa)


Réalisateur : Patrick réa
Année : 2020
Scénariste : Eric Winkler
Pays : Usa
Genre : Loups-garous
Interdiction : /
Avec : Kristen Vaganos, Jennifer Seward, Manon Halliburton, Carmen Anella...


L'HISTOIREAprès le décès de sa grand-mère, la jeune Lisa revient dans sa ville natale pour s'occuper de la boutique de livres d'occasion de la défunte. Elle redevient rapidement la cible des moqueries de Jessica, dont la mère et le frère sont shérif et shérif-adjoint et ont une drôle de façon de faire régner l'ordre, entre corruption, trafic de drogue et intimidation. Suite à une plainte de Lisa envers Jessica, la famille mafieuse séquestre la jeune libraire et la passe à tabac, la laissant pour morte au milieu de la forêt. Lisa, agonisante, est mordue par un loup puis est recueillie par Mary qui vit dans les bois. Rapidement remise sur pied, Lisa se sent différente suite à la morsure. Mary lui explique qu'elle a été mordue par un loup-garou...


MON AVIS : Le réalisateur Patrick Réa oeuvre depuis 2001 dans le cinéma indépendant, avec plus de 74 entrées dans sa filmographie en 2023. Nombreux courts-métrages et films se partagent l'affiche, dont Hell Week (2011), Nailbiter (2013), The Invoking 2 (2015), Monsterland 2 (2019), Monster Killer (2020), Strange Events 3 (2020) ou bien encore They Wait in the Dark (2022). En 2020, il tourne I am Lisa, un film qui joue dans le registre du film de loup-garou, ce qui ne manquera pas de m'intriguer, étant assez fan du monstre poilu que j'ai découvert au milieu des 80's avec Hurlements et Le Loup-Garou de Londres

Petite production indépendante à faible budget, I am Lisa ne rivalisera pas avec les deux titres précités, ni même avec d'autres werewolf movies, surtout en ce qui concerne ce qui doit logiquement être le clou du spectacle de ce genre de film, à savoir les effets de transformation. On se souvient du choc ressenti à la vision des transformations vues dans le classique de Joe Dante et dans celui de John Landis. Dans I am Lisa, l'actrice Kristen Vaganos se verra juste munie de lentilles de contact jaune, d'ongles plus long et plus aiguisés et d'une paire de canines acérées. Point barre. Vous me direz, au lieu de se ridiculiser avec des maquillages ou prothèses pourris, ne vaut-il mieux pas faire comme Patrick Réa et se contenter d'effets discrets mais corrects ? La question mérite d'être posée !

I am Lisa va donc se focaliser sur la jeune Lisa, une jeune fille sympa, qui doit gérer la bouquinerie tenue par sa grand-mère suite au décès de cette dernière. La boutique se trouve dans sa ville natale et son retour ne va pas provoquer que des réjouissances. Si elle peut compter sur le soutien de sa meilleure amie Sam, elle va devoir affronter de vieilles connaissances, à savoir Jessica et sa bande de pestes, qui semble ne pas la porter dans leur cœur. Le scénario en rajoute une couche puisque la mère et le frère de Jessica sont les chefs de la police et qu'ils ne se privent pas d'utiliser leur fonction pour pratiquer la corruption et laisser Jessica mener à bien bien son trafic de drogue entre autres. Lisa redevient donc le souffre-douleur de cette famille corrompue et le film prend des airs de teen-movie fantastique, la majorité du casting étant assez jeune. De plus, une fois Lisa mordue par un loup-garou, l'histoire va essayer de s'intéresser à ce que son nouveau statut de créature mythologique va provoquer en elle, un peu à la manière de Ginger Snaps par exemple. Sauf que dans I am Lisa, tout n'est que surligné et on est bien loin de la qualité d'écriture du film de John Fawcett réalisé en 2000. 

Le seul truc un tant soit peu sympa dans I am Lisa, c'est cette tentative de mêler film de loup-garou et rape & revenge. Car une fois laissée pour morte et mordue, notre charmante Lisa va pouvoir mener à bien sa vengeance envers ses agresseurs. Sauf que la aussi, ça tombe un peu à l'eau et qu'on aura pas grand-chose à se mettre sous la dent niveau meurtre, ce qui est un peu dommage pour un film de loup-garou, non ?

Que ce soit en tant que werewolf movie, que rape & revenge ou en tant qu'étude psychologique de son héroïne, I am Lisa rate le coche sur tous les tableaux et devrait décevoir bon nombre de spectateur au final. Si la prestation de Kristen Vaganos reste correcte, elle ne peut sauver le film à elle toute seule, ni dynamiser un rythme au abonné absent. 

Petit point à mettre en avant tout de même, les références cinéphiliques incluses dans le film, comme lorsque Lisa et Sam regardent The Last Man on Earth au cinéma ou Le Loup-Garou de Washington à la télé. A réserver aux néophytes du genre... et encore...

lundi 4 septembre 2023

THE POD GENERATION

 

THE POD GENERATION
(The Pod Generation)


Réalisateur : Sophie Barthes
Année : 2023
Scénariste : Sophie Barthes
Pays : Angleterre, France, Usa
Genre : Comédie, romance, science-fiction
Interdiction : /
Avec : Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…

MON AVIS : Ah le retour de la charmante Emilia Clarke au cinéma ! Absente des écrans depuis 2019 et le joli conte de Noël Last Christmas, impactée par la crise du COVID-19 évidemment, l'actrice a été l'une des héroïnes de la série Secret Invasion en 2023 et on la retrouve donc cette même année dans une comédie d'anticipation réalisée par Sophie Barthes et intitulée The Pod Generation. Anticipation donc car l'histoire se déroule dans un futur proche, où la technologie et l'intelligence artificielle a pris le pas sur tout le reste. La vie des humains est entièrement conditionnée par l'informatique, les maisons sont connectées à l'extrême et vous ne pouvez pas faire un pas sans que la voix d'une IA ne viennent vous questionner sur vos envies du jour ! Idem si vous allez voir un psy, ce sera une IA qui prendra en charge vos séances, sous la forme très curieuse d'un gros œil coloré ! Voici donc la vie que mène Rachel, business-woman, et son mari Alvy, professeur-botaniste. Le choix des métiers de deux personnages principaux n'est bien sûr pas anodin : Rachel vit continuellement avec la technologie (c'est son métier d'innover) alors que son mari est resté fidèle à des valeurs plus terre-à-terre, comme le respect de la nature, valeurs qu'il tente de communiquer à des fidèles par forcément réceptifs à ces vieux principes datés. Dans The Pod Generation, la technologie a été poussé très loin puisque désormais, il est proposé aux femmes de mener leur grossesse à l'aide d'un Pod, une capsule recréant l'environnement d'un utérus et dans laquelle l'embryon pourra se développer. Fini les migraines, les nausées, la prise de poids, tout se passe dans le Pod interactif, et vous pouvez l'emmener partout avec vous, et même le mettre dans un système d'attache qui vous donnera l'apparence d'une femme enceinte. Autre intérêt, le partage des tâches puisque le mari peut lui aussi s'occuper du Pod ! Un concept qui intéresse fortement Rachel mais qui ne trouve guère de résonance auprès d'Alvy, qui souhaite évidemment que sa femme ait une grossesse normale. Le film débute donc comme une comédie romantique avec une grosse pincée d'anticipation, les représentations des innovations technologiques bénéficiant d'effets spéciaux et visuels de qualité. Une fois le couple en possession d'un Pod, l'aspect comédie se renforce un peu plus puisque Alvy, réticent au départ, se prend de passion pour son futur bébé et donc pour cette drôle de capsule blanche dont il ne voulait pas entendre parler au départ. Le duo formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor fonctionne parfaitement bien et les situations proposées font souvent sourires de part leur aspect étrange et inattendu. On a parfois l'impression de regarder un épisode de la série Black Mirror, car plus la grossesse avance dans le Pod et plus des restrictions se mettent en marche vis à vis de ce dernier, provenant de la société fondatrice de cette technologie, dont le but principal bien sûr est de faire de l'argent malgré un discours empathique au départ pour inciter les couples à franchir le pas et à utiliser leur invention. On notera que le fait que le futur papa devienne gaga et se met à s'occuper plus du Pod que de sa femme se veut une petite critique cinglante de la réalité mais après, est-ce notre faute si nous n'avons pas d'utérus ? Ces petits pics vis à vis de la société sont amusants à défaut de soulever un vrai débat de fond mais ils donnent tout de même à réfléchir. Trop de technologie, trop de dérive informatique représente-t-il un danger pour la société, pour la vie naturelle elle-même ? Le film de Sophie Barthes se veut également une réflexion sur ce sujet ô combien actuel et l'évolution des personnages ainsi que la fin du film mettent en exergue cette réflexion. Certains auraient sûrement aimé que le film prenne une direction différente, encore plus anxiogène en montrant les dangers d'une grossesse par Pod interposé, avec un embryon devenant un Alien ou un monstre par exemple, le design du Pod faisant clairement allusion à aux Ovomorphs  du film de Ridley Scott et ses suites. Mais il n'en sera rien, on reste dans la comédie romantique futuriste qui ne s'éloigne jamais de cette ligne directrice. The Pod Generation est un joli film sur un avenir pas très réjouissant qui met de côté le principal, à savoir la nature, les relations humaines, au profit d'une technologie de plus en plus envahissante. Ça se laisse gentiment regarder, Emilia Clarke est rayonnante comme à son habitude et elle semble avoir repris quelques kilos, ce qui lui va beaucoup mieux. L'actrice a d'ailleurs reçu le 3 septembre 2023 le Prix Nouvel Hollywood au festival de Deauville !


 

samedi 2 septembre 2023

DOMINIQUE - LES YEUX DE L’ÉPOUVANTE

 

DOMINIQUE - LES YEUX DE L’ÉPOUVANTE
(Dominique)


Réalisateur : Michael Anderson
Année : 1979
Scénariste : Edward Abraham, Valerie Abraham, Harold Lawlor
Pays : Angleterre
Genre : Film de machination
Interdiction : -12 ans
Avec : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody...


L'HISTOIRE : À peine remise d’une grave chute, Dominique Ballard, femme d’un riche homme d’affaires, commence à être victime d’étranges et angoissantes visions. Est-elle en train de perdre la tête comme son mari le pense ? Est-elle victime d’une machination ? La demeure du couple est-elle réellement hantée ?


MON AVIS : Si vous êtes amateurs des thrillers psychologiques de la firme anglaise  Hammer, tels Hurler de Peur, Paranoïaque, Maniac, Meurtre par Procuration ou Fanatique, alors vous devriez appréciez le film de Michael Anderson, Dominique - Les Yeux de l'épouvante

Réalisé en 1979, et produit par un ancien de la firme Amicus, Dominique joue donc dans la catégorie du thriller et du film de machination. Une de ses grandes forces est son casting, qui nous permet de passer un bon moment en compagnie de Cliff Robertson, qui joue le mari peu sympathique David Ballard, de Jean Simmons qui interprète la pauvre Dominique Ballard, de la charmante Jenny Agutter qui joue la demi-soeur de Dominique et du bien connu blondinet Simon Ward, que les fans de cinéma de genre auront reconnu sans mal bien puisqu'ils ont pu l'admirer dans Le Retour de Frankenstein (1969), dans Dracula et ses Femmes Vampires (1974) ou dans Holocauste 2000 (1977) entre autres.

Les trente premières minutes de Dominique nous font irrémédiablement penser au classique du film de machination Hantise de George Cukor, dans lequel la sublime Ingrid Bergman subissait la torture psychologique de Charles Boyer qui tentait de la faire passer pour folle. On pense être dans le même cas de figure ici, malgré quelques doutes possibles. Il faut dire que Dominique Ballard entend des voix, à la mémoire qui flanche, ne se souvient pas de ce qu'elle a fait la veille, et ce, depuis une chute dans les escaliers qui semble avoir laissée des séquelles. Et on ne peut pas vraiment dire qu'elle reçoit de la compassion de la part de son mari, homme d'affaire sérieux et assez froid, qui ne la ménage pas vraiment, fait chambre à part et semble plus préoccupé par les soucis financiers de sa compagnie. Chaque nuit devient cauchemardesque pour la pauvre Dominique, qui tente de trouver de l'aide auprès de Tony, un chauffeur nouvellement embauché, mais sans succès. Des nuits de terreur qui pousse la pauvre femme à se suicider par pendaison. 

Fin de l'histoire pourrait-on dire ? Mais non puisque nous n'en sommes donc qu'à trente minutes de film approximativement. Et c'est maintenant que Dominique va se montrer des plus intrigants. Le sourire qui se dessine sur le visage de son mari après l'enterrement de sa femme ne laisse guère planer de doute quand au responsable du drame. Seulement voilà, c'est désormais à son tour d'être victime de visions angoissantes, spectrales, et d'être témoin d'événements troublants, comme ce piano qui se met à jouer tout seul ou ces bruits qui dérangent ses nuits et font peu à peu vaciller sa santé mentale. 

Le spectateur tente de démêler l'affaire, se questionne sans cesse (fantôme revanchard ? vengeance d'un(e) ami(e) de sa défunte épouse ? nouvelle manipulation ? autre ?) et se laisse bercer par le rythme lancinant et atmosphérique qui se dégage des images, dont certaines sont d'une réelle beauté picturale. Le travail sur les éclairages et le jeu de couleurs est assez admirables dans Dominique et les amateurs de Mario Bava ne seront pas dépaysés. Oui, je sais que c'est très cliché de citer Bava dès qu'on a de belles images mais très honnêtement, Dominique aurait très bien pu être inséré dans son film à sketches Les Trois Visages de la Peur s'il avait été au format court-métrage, tant l'ambiance et la composition visuelle n'auraient pas dépareillé. 

Certes, Dominique possède donc un rythme très posé, qui ne cède jamais à l'action débridée. Mais c'est justement par ce rythme contemplatif que le spectateur est immergé au sein de l'histoire - qui s'imprègne parfois des codes du film d'épouvante d'antan - et qu'il est happé par ce qui se déroule devant ses yeux et qu'il y trouve de l'intérêt. Assez hypnotique au final, Dominique - Les Yeux de l'épouvante (pourquoi ce sous-titre pour la sortie française ? Le prénom seul n'était pas assez vendeur ?) possède de belles qualités et vous embarquera sans difficulté dans ses nombreux retournements de situations qui en font son originalité. A noter que le film est basé sur une nouvelle de Harold Lawlor.

* Disponible en combo DVD + BR + Livret chez RIMINI EDITIONS


vendredi 1 septembre 2023

FORMULE POUR UN MEURTRE

 

FORMULE POUR UN MEURTRE
(7, Hyden Park : La Casa Maledetta)


Réalisateur : Alberto de Martino
Année : 1985
Scénariste : Alberto De Martino, Vincenzo Mannino
Pays : Italie
Genre : Giallo
Interdiction : -12 ans
Avec : Christina Nagy, David Warbeck, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi...


L'HISTOIRE : Boston, 1985. Ayant chuté, enfant, dans un escalier pour échapper à l'agression d'un homme habillé en prêtre, trauma qu'elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu'elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d'elle une sportive handisport accomplie. Alors qu'approche la date de signature d'une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l'entraîneur de Joanna, la pousse à l'épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire...

MON AVIS : Après avoir débuté dans le péplum, comme bon nombre de ses compatriotes, avec des films très sympathiques comme Le Gladiateur Invincible (1961), Persée l'Invincible (1963) ou La Révolte de Sparte (1964), Alberto de Martino bifurque ensuite dans le film d'épouvante (Le Manoir de la Terreur - 1963), le western (100,000 dollars pour Ringo - 1965), le film d'espionnage (Mission spéciale Lady Chaplin - 1966), le polar (Rome contre Chicago - 1968), le giallo (L'Uomo dagli Occhi di Ghiaccio - 1971) et bien sûr, le film fantastique et horrifique, avec deux beaux représentants du genre, à savoir L'Antéchrist en 1974 et Holocaust 2000 en 1977. C'est également à ce réalisateur qu'on doit L'incroyable Homme Puma en 1980. 

Dans les années 80, alors que les beaux jours du giallo ont depuis quelques années touchées à leur fin, il persévère et réalise Blood Link en 1982 et ce Formule pour un Meurtre en 1985. Un giallo tardif, qui est d'ailleurs plus à considérer comme un film de machination même si on a de nombreux éléments typique du giallo à se mettre sous la dent. Dès la scène introductive, on a un des grands classiques du genre, à savoir le trauma enfantin qui va venir poursuivre l'héroïne à l'âge adulte. Ici, une petite fille est approché par un prêtre qui va lui prendre sa poupée et la poursuivre dans des escaliers. La scène sera non aboutie mais à la place, on verra cette fameuse poupée dévaler les escaliers, nous faisant comprendre le triste sort réservé à la petite fille. Une petite fille prénommée Joanna et qu'on retrouve des années plus tard, interprétée par Christina Nagy

Son trauma psychologique, nous explique-t-on, elle l'a enfouie dans sa mémoire mais il ne faudrait pas grand chose pour qu'il resurgisse. Par contre, ses séquelles physiques, elle ne peut les enfouir puisqu'elle est paraplégique et ne se déplace qu'en fauteuil roulant. On apprend donc à connaître Joanna, on fait connaissance avec Ruth (Carroll Blumenberg), sa meilleure amie qui veille sur elle et qui ne voit pas d'un bon œil la relation amoureuse qu'entretient Joanna avec Craig, son éducateur, interprété par le bien connu David Warbeck, star de L'Au-delà de Lucio Fulci. Ce dernier souhaite l'épouser et il se montre plutôt insistant à ce sujet, semblant vouloir précipiter les choses. Est-il un amoureux transit ou y'a-t-il anguille sous roche ? Et pourquoi un prêtre s'est-il fait brutalement assassiné ?

Ces mystères n'intéressent pas du tout Alberto de Martino puisqu'au bout d'une demi-heure, le réalisateur de Formule pour un Meurtre nous donne déjà la solution. Point de suspense à couper au couteau donc, tout est dévoilé au spectateur de manière transparente et, comme dans La Baie Sanglante, c'est encore une affaire d'héritage qui motive les agissement du / des meurtrier(s) qui ont savamment préparé leur plan pour arriver à leur fin. 

Là où Alberto de Martino a plutôt réussi son film, c'est qu'en nous privant de tout suspense, il parvient tout de même à nous intéresser à la suite des événements et à ce qu'il va advenir de Joanna. Durant les cinquante dernière minutes, Formule pour un Meurtre rejoint la catégorie de thrillers mettant en scène une personne en situation de handicap, à l'image de Hurler de Peur de Seth Holt (1961), Seule dans la Nuit de Terence Young (1967) et bien sûr le Terreur Aveugle de Richard Fleischer (1971) entre autres. Agression, tentative de meurtre, course-poursuite vont se succéder dans la demeure de Joanna et la malheureuse paralytique devra avoir bien du courage et du sang froid pour rester en vie face à la menace bien tangible qui l'assaille, le tout sur un rythme nerveux et qui n'ennuie jamais. 

Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance puisque, à l'image du Simetierre de Mary Lambert, ce Formule pour un Meurtre est d'une linéarité à toute épreuve et ne réserve aucune surprise dans son déroulement. Une fois le pot-aux-roses dévoilé, tout s'enchaîne avec une prévisibilité totale, sans que rien ne vienne contrarier la progression de l'histoire. On s'attend à tout ce qui va arriver et qui arrive donc, dans le bon ordre ! Et pourtant, comme avec le film précité, ça fonctionne. Même si on n'échappe pas à certains stéréotypes qui peuvent faire un peu sourire (la réutilisation de la fameuse poupée, le méchant increvable...), Formule pour un Meurtre se regarde sans déplaisir et nous fait passer un bon moment devant notre écran. 

* Disponible chez LE CHAT QUI FUME
Comme toujours, rien à dire sur cette édition classieuse, copie impeccable, boitier trois volets et fourreau adéquat, bonus intéressant. Toujours du bel ouvrage.




lundi 28 août 2023

NINJA APOCALYPSE

 

NINJA APOCALYPSE
(Ninja Apocalypse)


Réalisateur : Lloyd Lee Barnett
Année : 2014
Scénariste : Ashely Scott Meyers
Pays : Etats-Unis
Genre : Post-nuke
Interdiction : /
Avec : Christian Oliver, Les Brandt, Tara Mocken, Cary-Hiroyuki Tagawa...


L'HISTOIRE : Après une guerre nucléaire, des clans se sont formés, composés principalement de guerriers et de ninjas. Le grand Maître Fumikata décide d'organiser une grande réunion afin d'unir tous les clans pour se protéger d'un puissant agresseur. Lors de la réunion, il est assassiné. Cage, leader du Clan Perdu, est accusé du meurtre. Tous les autres clans vont alors le prendre en chasse, lui et ses quatre compagnons...

MON AVIS : Un film Post-Nuke avec des Ninjas ? Cool ! Reste à voir si ce Ninja Apocalypse va bien nous offrir ce qu'on attend et tenir ses promesses. Le film date de 2014 et a été réalisé par Lloyd Lee Barnett, un spécialiste des effets visuels digitaux, qui a bossé sur Underworld 2, Mortuary, Speed Racer et même Avatar ! L'homme s'est essayé à la réalisation avec, en 2012, I Love you to Death puis ce Ninja Apocalypse en 2014 donc. Honnêtement, je pense qu'il doit être plus doué dans les effets visuels. A sa décharge, je suppose que Ninja Apocalypse n'a pas du bénéficier d'un gros budget, ce qui explique sûrement ses CGI bas de gamme la plupart du temps. Le lecture du résumé de l'histoire a certainement dû éveiller en vous un sentiment de déjà vu ou déjà lu. Bah oui, c'est la même histoire que celle du culte Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill. Des gangs, un leader qui fait une réunion pour les unifer et qui se fait assassiner et un chef de gang à qui on fait porter le chapeau et qui va se trouver traqué lui et ses hommes. OK. Niveau originalité, on repassera. Et si les emprunts ne se limitaient qu'à la base du scénario, ça irait encore mais non, comme vous allez le voir, Ninja Apocalypse brasse large au niveau de ses influences et pompe allègrement de-ci de-là dans d'autres films. Faute de budget, ne vous attendez pas à voir des Ninjas et autres guerriers s'affronter dans des décors post-apocalyptiques façon Mad Max 2. La réunion ayant lieu au sein d'un gigantesque bunker, le réalisateur va utiliser ce dernier comme lieu principal de l'action. Pratique puisqu'il y a plusieurs étages dans ce bunker, on va pouvoir traquer le gang du Clan Perdu à travers plusieurs niveaux, un peu à la manière du final du classique avec Bruce Lee, Le Jeu de la Mort. Et oui, il y aura bien quelques Ninjas habillés avec la tenue traditionnelle parmi les traqueurs. C'est un peu léger à ce niveau pour un film s'appelant Ninja Apocalypse mais bon, y'a des Ninjas, c'est déjà ça. Un truc sympa par contre, c'est que les radiations nucléaires ont développé des aptitudes extraordinaires chez les membres des différents clans. Ce n'est pas explicité tel quel mais on peut le penser. Par exemple, le gang du Clan perdu possède la faculté d'emmagasiner de l'énergie et de la restituer sous forme d'arc électrique. Un autre gang peut enflammer de la poudre et lancer ainsi des boules de feu. Des spécificités qui viennent dynamiser les combats et donnent un plus au travail des chorégraphes. Et là, vous me dites : mais ça ressemblerait pas un peu à Mortal Kombat par hasard ? Difficile de le nier, surtout que le leader assassiné n'est autre que l'acteur Cary-Hiroyuki Tagawa, alias Shang Tsung dans le Mortal Kombat de 1995 et le Mortal Kombat Legacy de 2013 ! Les Guerriers de la Nuit, Le Jeu de la Mort, Mortal Kombat, on en est déjà à trois influences repérées dans le film de Lloyd Lee Barnett. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin et signalons la présence de morts vivants au dernier étage du sous-sol du bunker. Bunker + morts vivants = Le Jour des Morts Vivants, bingo ! Et une référence de plus ! Le gore n'est évidemment pas autant au rendez-vous que dans le classique de George A. Romero mais les combats dans Ninja Apocalypse sont souvent ponctués de quelques éclaboussures sanguinolentes, malheureusement sous forme de CGI pas très convaincants. Dommage. Niveau casting, rien de transcendant, hormis l'acteur précité, on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. Cage est joué par le non-charismatique Christian Oliver, on a Isaac C. Singleton Jr. qui joue un grand noir musclé sourd et muet ou la charmante Antoinette Kalaj qui joue le gang des Sirènes à elle toute seule. Que des acteurs de seconde zone donc, qui font ce qu'ils peuvent pour apporter un semblant de crédibilité au film, ce qui n'est pas une mince affaire. Ninja Apocalypse sera perçu comme un gros nanar chez la majorité des spectateurs et on ne peut pas vraiment leur donner tort. Décors anémiques, casting peu séduisant, combats correctement chorégraphiés mais qui manquent tout de même de punch malgré l'ajout de super-pouvoirs, effets visuels qui ne font guère illusions, on a parfois l'impression de regarder un film d'action fantastique tourné entre potes.  Ça passe le temps si vous n'êtes pas trop exigeant mais sinon, c'est largement dispensable. Ah oui, lors du combat final, les deux adversaires ont chacun une épée spéciale, éclairée en bleu pour le gentil et en rouge pour le méchant. Vous avez dit Star Wars