Légende pour la notation des films

Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




mardi 30 juillet 2019

ALITA BATTLE ANGEL

ALITA BATTLE ANGEL
(Alita Battle Angel)

Réalisateur : Robert Rodriguez
Année : 2019
Scénariste : James Cameron, Laeta Kalogridis
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Interdiction : /
Avec : Rosa Salazar, Christoph Waltz, Keean Johnson, Jennifer Connelly...


L'HISTOIRE : Expert en neuro-cybernétique, le docteur Ido soigne gratuitement les cyborgs qui vivent à Iron City en trouvant des pièces de rechange à la Décharge, un dépotoir situé sous la ville flottante de Zalem. Lors d'une excursion à la Décharge, Ido découvre une partie de corps abandonnée d'un cyborg dont le cerveau est toujours en activité. Il reconstitue le corps du cyborg et la nomme Alita. Cette dernière n'a aucun souvenir de sa vie passée et à tout à découvrir à Iron City : la nourriture, les amis, l'amour, mais aussi les dangers qui y règnent, les meurtres, les cyborgs chasseurs de prime ou les compétitions de Motorball. Elle tombe sous le charme d'Hugo, un jeune garçon dont le rêve est d'aller sur Zalem. Lorsqu'elle soupçonne Ido d'être un meurtrier, elle le suit dans les rues nocturnes d'Iron City. Quand ce dernier est en danger, Alita développe instantanément des capacités au combat relevant d'une tradition martiale vieille de 300 ans. Qui est réellement Alita ?

MON AVIS : En 1990, le jeune Yukito Kishiro se lance dans la création d'un manga révolutionnaire : Gunnm. Son oeuvre, mondialement connue, nous fait pénétrer dans un monde futuriste, cyber-punk, totalement fascinant, très violent, dans lequel les humains côtoient des cyborgs au physique impressionnant. Bien sûr, le point fort de cette série est son héroïne. Impossible de ne pas éprouver d'empathie pour Gally qui possède un charisme assez hallucinant. Rebaptisé Alita dans la traduction américaine, de nombreuses questions nous assaillent lors de la lecture du manga : qui est-elle vraiment ? D'où vient-elle ? D'où lui viennent ses incroyables aptitudes au combat ? Yukito Kishiro explore des thématiques fortes à travers son oeuvre culte et veut prouver que les cyborgs peuvent avoir une vie, des émotions, des sentiments. Sur les conseils de Guillermo del Toro, James Cameron visionne le dessin-animé adapté du manga et tombe immédiatement amoureux d'Alita. Il découvre que ce personnage est l'héroïne d'une série de manga au contenu très riche et le projet de l'adapter au cinéma germe dans son esprit. Mais la technologie le permettant n'est pas encore prête. Il décide de mettre de côté Alita pour se consacrer à Avatar. Quelques années plus tard, lors d'une discussion avec son ami Robert Rodriguez, le projet Alita refait surface. Trop occupé sur Avatar 2, Cameron confie les rênes de l'adaptation du manga de Kishiro à Robert Rodriguez, non sans en avoir délimité les contours et les angles, rencontrant même le mangaka qui n'en revient pas d'un tel honneur de voir son héroïne devenir bien réelle sous la direction de deux réalisateurs qu'il admire. Car James Cameron ne veut pas trahir le manga de Yukito Kishiro et même si le scénario (utilisant les 4 premiers tomes de Gunnm) implique quelques modifications, comme l'ajout de personnages (Shiren, la femme du docteur Ido, n'existe pas dans le manga par exemple), une baisse drastique de l'aspect gore (très présent dans le manga et totalement absent du film), une romance plus marquée et une approche plus "américaine", plus grand spectacle familial, le mot d'ordre principal reste : respect de l'oeuvre originelle. Cameron va même jusqu'à surligner dans le manga les cases importantes qu'il veut voir recréer à l'identique dans l'adaptation. En 2019 sort donc Alita Battle Angel de Robert Rodriguez qui, très humble, confie qu'il a réalisé le Alita de James Cameron et pas le Alita de Robert Rodriguez et qu'il a filmé à la manière de James Cameron. Une amitié sans faille pour les deux hommes mais il faut toutefois rendre honneur à Rodriguez : il a fait un travail absolument époustouflant, que ce soit en terme de mise en scène, de gestion des effets spéciaux, de direction d'acteurs et de lisibilité des scènes d'action. C'est simple : Alita Battle Angel est le meilleur blockbuster de science-fiction vu depuis Mad Max Fury Road. Visuellement magnifique, proposant des images numériques d'une beauté fulgurante et qui bénéficient d'une intégration extraordinaire avec les personnages et éléments de décors réels, possédant des scènes d'action dantesques à la lisibilité exemplaire (chose de plus en plus rare dans les blockbusters), développant une romance touchante entre un humain et une cyborg qui ne se révèle jamais trop fleur bleue (le cri final d'Alita lors d'un événement dramatique m'a fait monter les larmes aux yeux), déployant un panel de créatures cyborgs aux détails hallucinants de réalisme, le tout sur une bande son admirable de Tom Holkenborg (alias Junkie Xl), Alita Battle Angel est un enchantement de tous les instants, doublé d'une adaptation plus que réussie des quatre premiers tomes du manga phare de Yukito Kishiro. Tout y est : la découverte du corps abîmé d'Alita dans la décharge, la tenue et l'arme de chasseur de primes d'Ido, la découverte du monde par les yeux d'Alita, ses premiers émois amoureux, ses brides de souvenirs sur Mars, l'apparition de ses aptitudes aux combats et la technique du Panzer Kunst, son corps de Berseker, la présence du chasseur Zapan et la double-vie d'Hugo, le terrifiant affrontement avec Makaku (rebaptisé ici Grewishka) dans les profonds souterrains d'Iron City, le docteur Desty Nova, le numéro 99, le Motorball bien sûr et j'en passe ! Alors oui, comme dit plus haut, quelques petites libertés ont été prises, quelques ajouts ou variations sont présents mais franchement, devant un tel spectacle, généreux et passionné, il faudrait vraiment faire la fine bouche pour ne retenir que ces petites modifications vis à vis du manga. Un petit mot enfin sur celle qui nous intéresse tous ici, à savoir Alita bien sûr ! Interprétée en performance-capture par l'actrice Rosa Salazar, celle-ci a su donner littéralement vie à ce personnage de papier et jamais un visage numérique n'a été aussi touchant. On en oublie le numérique pour se laisser porter par les diverses émotions que nous fait vivre Alita. Franchement, merci James Cameron, merci Robert Rodriguez et merci Rosa Salazar pour toute la passion que vous avez insufflé à cette adaptation magnifique.

* Disponible en DVD / BR / BR 4K + BR 3D + BR chez 20th Century Fox
Qualité d'image exceptionnelle, rendu sonore impressionnant en DTS avec un home cinéma, superbe 3D et des bonus passionnants nous révélant les coulisses du projet et de sa mise en création, avec moult interviews du réalisateur, de Cameron, des acteurs et même de Yukito Kishiro



dimanche 28 juillet 2019

BLACK PANTHER

BLACK PANTHER
(Black Panther)

Réalisateur : Ryan Coogler
Année : 2018
Scénariste : Ryan Coogler, Joe Robert Cole
Pays : Etats-Unis
Genre : Action, Super-héros
Interdiction : /
Avec : Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong'o, Danai Gurira...


L'HISTOIRE : T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…

MON AVIS : Avec Black Panther, personnage apparu dans Captain America : Civil War, les studios Marvel nous offre un héros original et le réalisateur Ryan Coogler assume complètement ce projet, nous livrant l'un des meilleurs titres de l'univers MCU. Bénéficiant de décors absolument époustouflants, Black Panther nous emmène dans un somptueux voyage visuel, qui nous procure un dépaysement total lors des nombreuses séquences se déroulant au Wakanda et qui mêlent habilement décors "réalistes" et décors "futuristes". Les effets spéciaux sont remarquables, les scènes d'action endiablées et lisibles la plupart du temps. Quant au  costume de ce super-héros noir, ultra badass, il en fait un personnage immédiatement iconique. Qui plus est, le scénario se révèle d'une grande maturité, enfin, plus élevée que la majorité des films Marvel en tout cas, mêlant aventure, action mais aussi contexte socio-politique et réflexion sur l'Afrique. La thématique de l'aide aux populations démunies et aux réfugiés est traitée de manière adulte, tout comme la notion de l'esclavage et du traitement des blancs envers les peuples noirs, exploitants les richesses d'une terre qui ne leur appartient pas sans en restituer le moindre pourcentage à la population locale. De ce fait, le méchant du film, superbement interprété par un Michael B. Jordan transcendé, est un condensé de tous ces stigmates, de toutes ces frustrations, tant est si bien que sa haine et son comportement en deviennent presque acceptables, voir compréhensibles. Un méchant qui n'en est pas vraiment un en fait, même si ses méthodes ou ses projets restent condamnables. Le reste du casting est également impeccable, que ce soit Chadwick Boseman, impérial en Black Panther (mais un peu lisse en T'Challa), Danai Gurira en chef de la garde rapprochée du roi du Wakanda ou Lupita Nyong'o en ex-petite amie de T'Challa. Letitia WrightAndy Serkis, Forest WhitakerAngela Bassett ou Martin Freeman complètent cette équipe dynamique, totalement dévouée à la mise en scène toute à la fois classieuse et spectaculaire de Ryan Coogler, réalisateur du déjà très bon Creed en 2015. Malgré quelques petits défauts, comme le personnage de l'agent Ross, pas franchement nécessaire pour ma part, ou une durée un peu longue (2h15 environ), Black Panther m'a convaincu dans ses grandes lignes et le spectacle proposé était de bonne qualité, avec une excellente partition musicale de Ludwig Göransson et, cerise sur le gâteau, une (quasi) absence d'humour balourd à la Avengers Endgame et ça, c'est vraiment un bon point ! Un Black Panther 2 est annoncé, je signe !



LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN

LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN
(The Revenge of Frankenstein)

Réalisateur : Terence Fisher
Année : 1958
Scénariste : Jimmy Sangster
Pays : Angleterre
Genre : Épouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Peter Cushing, Francis Matthews, Eunice Gayson, Michael Gwynn...


L'HISTOIRE : Le baron Frankenstein a échappé à l'échafaud. Il s'est fait engager dans un hôpital misérable sous le nom de Stein et profite de cette situation privilégiée pour poursuivre ses recherches. Il récupère des membres sur des cadavres frais et, assisté par le docteur Kleve, fabrique un nouveau corps pour son assistant, Karl. Une fois le cerveau transplanté, la créature ainsi créée se révèle extrêmement dangereuse...

MON AVIS : Devant le succès vertigineux de Frankenstein s'est échappé en 1957, le studio anglais de la Hammer décide d'embrayer directement sur une suite, qui sera donc réalisée dès 1958, toujours par Terence Fisher. La Revanche de Frankenstein reprend donc là ou le premier film s'est terminé : le baron Frankenstein est conduit à l'échafaud pour y être décapité. Par un habile tour de passe-passe, ce dernier échappe à son sort tragique et part s'installer dans une petite ville sous un nom d'emprunt (le docteur Stein). Toujours interprété par le génial Peter Cushing, notre brave savant fou semble s'être racheté une conduite puisqu'il est devenu le médecin le plus prisé de la population (ce qui provoque l'énervement de ses confrères qui perdent petit à petit leur clientèle) mais également le médecin qui ne compte pas ses heures et vient en aide aux plus démunis, aux plus défavorisés, les soignants gratuitement dans un hôpital de charité. Bien sûr, on se doute qu'il y a anguille sous roche et les véritables intentions du docteur ne tardent pas à nous être dévoilées. Car ce brave homme, du moins en apparence, n'a pas digéré son échec passé et il compte bien réussir à insuffler la vie au nouveau corps qu'il a construit lui-même. Mais cette fois, il se montre bien plus malin puisqu'il n'utilise pas de cadavres déterrés par des apprentis-fossoyeurs mais des membres qu'il ampute sur ses pauvres patients qui n'y voient que du feu. Sous son air de bon samaritain, le docteur Stein est en réalité encore plus monstrueux, encore plus déterminé qu'auparavant et le scénariste Jimmy Sangster lui a confectionné une histoire qui va le mettre en avant, bien plus que sa malheureuse créature. C'est d'ailleurs toute la différence entre la saga des Frankenstein des années 30/40 et la saga produite par la Hammer : faire du savant le protagoniste principal, là où les films précédents faisaient du monstre la vedette, créant d'ailleurs chez le public une confusion quand au nom même de Frankenstein. Car non, Frankenstein n'est pas le nom du monstre mais bel et bien celui de son créateur et il en a toujours été ainsi, même dans le roman de Mary Shelley. Si la prestation de Peter Cushing est évidemment de très grande qualité dans La Revanche de Frankenstein, celle du jeune Francis Matthews l'est également, interprétant le docteur Kleve, médecin débutant connaissant la véritable identité du docteur Stein et voulant enrichir ses connaissances médicales auprès de l'éminent savant n'ayant qu'un seul but dans sa vie : créer un homme mieux que Dieu lui-même. Car là est toute la contradiction du personnage culte : son but est louable finalement, seuls les moyens mis en oeuvre pour y parvenir s'avèrent répréhensibles, puisqu'ils peuvent aller jusqu'au meurtre, comme dans Frankenstein s'est échappé. Le fait que dans cette suite, le docteur Stein ne tue personne complexifie d'avantage cette dualité Bien / Mal et intensifie la psychologie de ce dernier. Un but que comprend donc le docteur Kleve, qui deviendra l'assistant privilégié du docteur et l'aidera à transplanter le cerveau du difforme et handicapé Karl dans un corps flambant neuf et sans défaut aucun. Cette nouvelle créature est totalement différente de celle incarnée par Christopher Lee dans Frankenstein s'est échappé. Là où ce dernier était monstrueux, la créature de La Revanche de Frankenstein est en effet parfaite, interprétée par Michael Gwynn, dont l'apparence est seulement marquée par une cicatrice autour de son crâne. Et l'opération est une pure réussite qui plus est, ce qui, pour le docteur Stein, est donc une belle revanche, ce qui explicite le titre du film. Evidemment, nous sommes dans un film d'épouvante et l'ombre va venir ternir cet exploit médical et ce, grâce à une idée qui a fait scandale à l'époque et imaginée par Jimmy Sangster : suite aux chocs sur sa boîte crânienne, le monstre, doux comme un agneau au départ, va développer un penchant pour le cannibalisme, reproduisant d'ailleurs ce qu'il se passe avec Otto, un singe qui s'est vu transplanter le cerveau d'un orang-outan et qui est devenu adepte de la consommation de viande ! Si on ne verra jamais le monstre mangé quelqu'un, son comportement va néanmoins changer au fil du déroulement de l'histoire et son instinct "carnassier" va prendre le dessus et lui faire commettre quelques atrocités, plongeant à nouveau le docteur Stein dans le désarroi. Autre bonne idée de Sangster, le fait que l'infirmité de Karl, dont le cerveau a donc été transplanté dans la créature pour ceux qui ne suivent pas, réapparaissent progressivement dans cette dernière, ce qui va également la rendre furieuse et peu reconnaissante envers le travail accompli. On le voit, le scénario de La Revanche de Frankenstein est plus abouti, plus riche que celui du premier film, qui se contentait la plupart du temps à reproduire la trame du roman de Mary Shelley (logique en même temps). Pour autant, j'apprécie plus Frankenstein s'est échappé que La Revanche de Frankenstein. Bien sûr, cette suite est de haute qualité, la mise en scène de Fisher est excellente, le travail sur les décors est excellent, surtout le laboratoire secret, et la photographie est magnifique, comme dans la majorité des films de la Hammer. Néanmoins, j'ai trouvé le rythme du film un peu mou parfois, l'ensemble manquant fortement de tension, le côté "épouvante" étant également moins présent que dans le premier film. La présence de l'actrice Eunice Gayson est assez anecdotique et même si elle est fort ravissante, on sent bien qu'elle n'est là que pour remplir le quota de présence féminine dans le film. Le succès de La Revanche de Frankenstein a été beaucoup moindre que celui de son prédécesseur en Angleterre, ce qui poussa la Hammer a ne pas enclenché de nouvelle suite dans l'immédiat. Il faudra attendre 1964 pour que ce cher docteur Frankenstein refasse son apparition chez le studio anglais, avec L'Empreinte de Frankenstein, qui sera suivi de trois autres films.

* Disponible en mediabook DVD + BR + Livret chez ESC DISTRIBUTION
BONUS :
- Présentation de la Hammer par Nicolas Stanzick
- Frankenstein ne meurt jamais par Gilles Penso
- Le matérialisme fantastique par Nicolas Stanzick
- Terence Fisher par-delà le bien et le mal par Noël Simsolo
- Livret de Marc Toullec




samedi 27 juillet 2019

LADYHAWKE - LA FEMME DE LA NUIT

LADYHAWKE - LA FEMME DE LA NUIT
(Ladyhawke)

Réalisateur : Richard Donner
Année : 1985
Scénariste : Edward Khmara, Tom Mankiewicz, Michael Thomas, David Peoples
Pays : Etats-Unis
Genre : Heroic Fantasy, Romance
Interdiction : /
Avec : Matthew Broderick, Rutger Hauer, Michelle Pfeiffer, Leo McKern...


L'HISTOIRE : Le jeune Philippe Gaston, surnommé "la souris", réussit à s'échapper du donjon d'Aquila. Il est poursuivi par les hommes de l’évêque Bishop mais ceux-ci sont mis en déroute par Etienne de Navarre, l'ex-capitaine de la garde qui voyage avec un aigle à ses côtés. Devenu ami, Gaston et Navarre s'arrêtent dans une grange tenue par deux paysans simplets. Durant la nuit, Philippe est sauvé du paysan qui voulait l'agresser par un énorme loup noir. Il découvre également dans la grange une superbe jeune femme, Isabeau. Le lendemain, Isabeau a disparu et Philippe en parle à Navarre, qui était absent durant la nuit. Petit à petit, Philippe découvre la terrible vérité : Navarre et Isabeau sont amants et victimes d'une terrible malédiction prononcée par l’évêque Bishop, qui est lui aussi amoureux d'Isabeau : le jour, Isabeau est un aigle, la nuit, Navarre est un loup. Une malédiction rendant leur amour impossible, le couple étant toujours ensemble mais éternellement séparé...

MON AVIS : Après le succès d'Excalibur en 1981 puis de Conan le Barbare en 1982, les films d'heroic fantasy vont avoir le vent en poupe dans les 80's, avec des titres de qualités diverses tels Dar l'Invincible, L’Épée Sauvage, Le Dragon du Lac de Feu, Dark Crystal, Hundra, Ator, Conquest, Krull, Legend, Kalidor, Les Barbarians et autre Willow par exemple. En 1985, Richard Donner, réalisateur de Superman, La Malédiction, Les Goonies ou de la saga L'Arme Fatale décide de s'essayer au genre avec un beau film qu'on peut qualifier de conte médiéval teinté de fantastique, j'ai nommé Ladyhawke la Femme de la Nuit. Niveau casting, il s'entoure de personnalités montantes du cinéma pour composer le trio de personnages principaux : Etienne de Navarre est interprété par Rutger Hauer, qui vient de se faire un nom grâce à Blade Runner entre autres ; Isabeau est jouée par Michelle Pfeiffer, qu'on vient de voir dans Scarface et Série noire pour une nuit blanche ; quant au jeune Philippe Gaston, il est interprété par Matthew Broderick, qui vient d'être le héros du film WarGames. Trois stars montantes qui vont donc évoluer dans de superbes décors réels évoquant l'époque médiévale à brio : auberge, village, forêt inquiétante, plaine immense, château et autres contrées enneigées vont venir défiler devant nos yeux et nous proposer de forts belles images. Oui Ladyhawke est avant tout un beau livre d'images en effet et Richard Donner a opté pour une approche différente de la plupart des autres films du genre, approche qui risque de déstabiliser le public venu voir des affrontements percutants entre chevaliers et monstres divers. Car Ladyhawke est l'anti-thèse totale de ce type de film d'heroic fantasy. Le film, hormis quelques courses-poursuites assez tranquilles entre Etienne de Navarre et les hommes de l'évêque, ne contient quasiment pas de scènes d'action et la violence est elle aussi aux abonnées absentes, si ce n'est lorsque qu'un chasseur de prime se retrouve le visage coincé dans son piège à loup. Pas de sang, quelques duels à l'épée peu dynamiques et pas de bestiaire fantastique au programme donc. Mais alors, que nous propose donc Ladyhawke ? Comme dit plus haut, on est en présence d'un conte médiéval qui prend son temps et refuse de jouer la carte de la surenchère ou du spectaculaire. C'est un film familial qui mise tout sur sa romance impossible et son casting. Même les effets-spéciaux nous présentant Rutger Hauer se changer en loup ou Michelle Pfeiffer devenir un aigle ne bénéficient pas d'un soin quelconque ou des procédés technologiques disponibles à cette époque. Mieux vaut revoir Manimal si vous en voulez pour votre argent dans ce domaine. Dans Ladyhawke, on a juste des superpositions d'images et des lentilles posées sur les yeux des acteurs, point. Encore une fois, on sent que Richard Donner n'a vraiment pas voulu miser sur le spectaculaire. Reste que Rutger Hauer assure ce qu'il faut en chevalier amoureux maudit ivre de vengeance, que Michelle Pfeiffer est ravissante en femme-aigle et que Matthew Broderick, élément comique de cette aventure fantastico-romantique, mais également élément porteur d'espoir pour le couple, nous fait souvent sourire avec ses répliques pleines d'humour. Certaines séquences sont fort réussies, comme celle se déroulant dans la forêt ou, plus encore, sur une étendue de glace qui donnera lieu à une scène forte en émotion. On pourra regretter que Richard Donner n'ait pas voulu donner une dimension plus épique à cette histoire, qui maque tout de même d'un peu de panache il faut bien l'avouer. Revu de nos jours, Ladyhawke a parfois du mal à supporter le poids des années et ses défauts nous apparaissent plus distinctement qu'en 1985. On aurait aimé par exemple que le personnage de l'évêque soit plus travaillé et mis en avant, que le fantastique soit encore plus présent et que le rythme de l'ensemble soit plus percutant. Surtout, on aurait aimé que la partition musicale qui accompagne les images soit totalement différente. Car ces sonorités électroniques, synthétiques, ne s'accordent pas du tout à l'ambiance du film et on rêve de le revoir accompagné d'une vraie orchestration symphonique et non pas de cette horrible B.O. qui relève pour ma part d'une véritable faute de goût. Cette belle histoire d'amour impossible est tout de même à voir, ne serait-ce que pour l'interprétation des trois acteurs principaux, qui tirent vraiment le film vers le haut. 


mardi 23 juillet 2019

L'EXORCISTE - LA SUITE

L'EXORCISTE - LA SUITE
(The Exorcist 3)

- Visionné dans sa version cinéma -

Réalisateur : William Peter Blatty
Année : 1990
Scénariste : William Peter Blatty
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : George C. Scott, Ed Flanders, Brad Dourif, Jason Miller, Nancy Fish...


L'HISTOIRE : Près de quinze ans se sont écoulés depuis les tragiques événements qui ont coûter la vie du prêtre Damien Karras, qui s'est défenestré de la chambre où il pratiquait un exorcisme sur la jeune Regan McNeil avec l'aide du père Merrin. Le lieutenant Kinderman, témoin privilégié de cette affaire terrifiante, est depuis toujours resté en éveil, non sans raison, car pour lui, le mal rôde toujours. D'ailleurs, il se voit confronté à plusieurs morts suspectes et brutales, et son enquête s'avère complexe car il s'aperçoit que ces nouveaux meurtres sont l'exacte réplique de ceux commis par Le Gémeau, un tueur fou mort quinze ans plus tôt sur la chaise électrique. Quel rapport entre Le Gémeau et l'affaire MacNeil ?

MON AVIS : Après Psychose en 1960, La Nuit des Morts Vivants en 1968 et La Dernière Maison sur la Gauche en 1972, le réalisateur William Friedkin poursuit la voie tracée par Alfred Hitchock, George A. Romero et Wes Craven et dynamite à nouveau les codes du film d'épouvante d'antan en faisant, comme ses trois prédécesseurs, entrer l'élément fantastique dans la vie d'une paisible famille vivant à Washington et ce, de manière on ne peut plus crédible. Exit les figures légendaires du vampire, du loup-garou, de la momie, exit les châteaux brumeux, les cimetières, les laboratoires de savants fous. L'Exorciste prend juste place dans une maison tout ce qu'il y a de plus normal et met en vedette Regan MacNeil, une adolescente de douze ans en proie à une possession démoniaque. Ce combat du Bien contre le Mal a marqué toutes les générations de spectateurs et continue de le faire, le film n'ayant jamais perdu une once de son aura de chef-d'oeuvre du genre. En 1977, John Boorman (Délivrance, Excalibur) tente de donner une suite à ce classique avec Exorciste 2 - l'Hérétique, toujours avec Linda Blair dans le rôle de Regan MacNeil. Le film fait un four, autant auprès du public que des fans de l'original. Même William Peter Blatty, l'auteur du roman qui a servi de base au film de 1973, n'a pas du tout accroché à cette suite. Il a alors dans l'idée de réaliser la vraie suite du film de Friedkin et il réalise son souhait en 1990, lorsqu'il adapte lui-même son propre roman Légion, qui a été publié en 1983. Son projet débute mal, puisque le studio souhaite le retour de certains acteurs du film de 1973. Problème, Lee J. Cobb, qui jouait le lieutenant Kinderman, est décédé en 1976 et William O'Malley, qui jouait le père Dyer, ne peut reprendre son rôle. Pas grave, on trouve deux acteurs de substitution et c'est finalement  George C. Scott qui jouera Kinderman et Ed Flanders le père Dyer. Jason Miller (le père Damien Karras) répond présent à l'appel par contre, même si son personnage n'apparaît pas dans le roman et qu'il est censé être mort à la fin de L'Exorciste. Autre souci, Légion ne comprend aucune scène d'exorcisme, hors le studio en veut une. William Peter Blatty modifie donc la trame de son roman pour en faire un scénario qui réponde autant à ses attentes qu'à celle du studio. Le résultat est L'Exorciste - la suite, un film qui ne sera pas non plus très bien accueilli par le public et les fans, qui, comme pour Exorcist 2, ne retrouvent pas ce qui leur a fait adorer le film de Friedkin, à savoir une multitude d'effets-spéciaux, de jets de vomi, de tête qui tourne à 360° et de langage ordurier. Car, à l'image de la suite réalisée par John Boorman, L'Exorciste - la suite joue aussi la carte de la suggestion, du hors-champ. On peut même dire que le film de William Peter Blatty est avant tout un thriller, une enquête sur les agissements d'un tueur en série logiquement décédé et dans laquelle le surnaturel va intervenir. Personnage principal du film, le lieutenant Kinderman (superbement interprété par un George C. Scott souvent impérial) est un homme en proie à ses doutes et à ses peurs et qui va devoir les affronter suite à la mort d'un jeune noir et deux prêtres, retrouvés massacrés, mutilés, décapités et crucifiés. Des meurtres rituels dont certains détails font penser à Kinderman qu'ils sont l'oeuvre du Gémeau, un serial-killer qui est pourtant décédé quinze ans plus tôt. Ce dernier nous fait irrémédiablement penser au tueur en série Le Zodiaque, qui a sévit au début des années 70. Une source d'inspiration pour Blatty assurément. L'enquête de Kinderman prend son temps, tout comme le film d'ailleurs, qui propose un rythme assez posé, ne précipitant pas les quelques réserves qu'il a sous le pied. Une enquête pas inintéressante d'ailleurs mais qui peine un peu à se montrer stressante jusqu'à ce que notre lieutenant débarque dans un hôpital psychiatrique et rencontre un curieux interné, interprété par Brad Dourif. A partir de ce moment, le film prend une autre tournure et le thriller sombre du début dévie vers le fantastique puisque l'interné n'est autre que le père Karras. A moins que l'individu dans cette cellule ne possède le pouvoir de faire voir ce qu'il veut à Kinderman ? Petit à petit, à travers de nombreuses joutes verbales, le mystère se dissipe, les éléments se mettent en place et Kinderman doit se rendre à l'évidence : le patient interné semble bel et bien possédé par un esprit démoniaque d'une réelle puissance puisqu'il parvient à dominer et prendre possession des personnes âgées de l'hôpital, les faisant tuer pour lui au dehors. Alors que depuis le début du film tout n'est que suggéré comme déjà dit,  William Peter Blatty se laisse aller un peu plus  dans le démonstratif, réussissant même à nous troubler lors de deux scènes assez mémorables, celle dans laquelle une infirmière fait le tour des cellules puis se fait attaquer soudainement (efficacité totale) ou celle dans laquelle une grand-mère, internée elle aussi, se met à marcher au plafond au dessus de Kinderman. Dommage que le film n'est pas multiplié ce type de séquences car au final, L'Exorciste - la Suite ne  fait jamais peur, ne se montre jamais véritablement anxiogène. Même la séquence d'exorcisme à la fin du film ne peut rivaliser avec celle du film original. Elle nous offre tout de même de belles images de l'Enfer, avec ces âmes torturées ou crucifiées qui sortent de terre. Reste qu'en l'état, le film de William Peter Blatty se montre régulièrement intéressant dans son approche "thriller" de l'histoire proposée, une histoire qui se veut assez compliquée d'ailleurs et qui pourra faire décrocher le simple spectateur venu se faire une dose de frisson. Proposant des images raffinées, très belles visuellement, L'Exorciste - la Suite risque de surprendre le public, en bien ou en mal, mais propose une approche du fantastique assez mature même si le résultat n'est pas toujours celui escompté. A ranger à côté de Hellraiser 5 - Inferno, autre film utilisant une mythologie infernale dans le cadre du thriller. 

* Disponible en DVD et BR chez ESC DISTRIBUTION



lundi 22 juillet 2019

LA FÉLINE

LA FÉLINE
(Cat People)

Réalisateur : Paul Schrader
Année : 1982
Scénariste : Alan Ormsby
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Nastassja Kinski, Malcolm McDowell, John Heard, Annette O'Toole, Ruby Dee...


L'HISTOIRE : Suite à la mort de ses parents, Irina Gallier a vécu dans un orphelinat durant son enfance. Devenue une séduisante jeune femme, elle débarque à la Nouvelle-Orléans pour y rencontrer son frère Paul qui a retrouvé sa trace. En se promenant dans la ville, Irina fait un arrêt au zoo et rencontre le conservateur Oliver Yates, qui ne tarde pas à tomber sous son charme. Oliver est appelé en renfort par la police car une prostituée vient d'être victime des attaques d'une panthère noire. Cette dernière est capturée et placée dans une cellule du zoo. Dans le même temps, Irina s'inquiète de la disparition de Paul, qui reste introuvable...

MON AVIS : En 1942, Jacques Tourneur réalise un authentique classique du cinéma fantastique avec La Féline, une oeuvre jouant habilement sur la suggestion et les jeux d'ombres et de lumières pour faire naître un climat d'étrangeté poétique qui marque les esprits. Quarante ans plus tard, en 1982 donc, le réalisateur Paul Schrader décide de réaliser un remake du film de Tourneur, la même année où John Carpenter réalise le remake de La Chose d'un Autre Monde avec The Thing. Point commun entre le remake de Schrader et celui de Carpenter : ils se servent intelligemment du matériau d'origine pour en proposer une vision radicalement différente dans la forme mais non moins intéressante et surtout particulièrement réussie. The Thing et La Féline version 1982 sont la quintessence de ce que devrait être tout bon remake, à la fois respectueux du film original tout en étant innovant, à l'image de La Mouche de David Cronenberg par exemple, magnifique remake de La Mouche Noire. Paul Schrader offre donc au public avec La Féline une oeuvre somptueuse et envoûtante, et ayant sa propre identité : il remplace Simone Simon par Nastassja Kinski dans le rôle principal ; invente le personnage de Paul, superbement joué par Malcolm McDowell ; met l'accent sur la mythologie des hommes-chats (le titre original du film est Cat People) avec une magnifique séquence introductive puis une scène de rêve visuellement splendide ; rend hommage au film de 1942 à travers la séquence de la piscine et surtout, il développe avec brio la principale thématique présente dans le film de Tourneur, à savoir la peur de la perte de la virginité, qui entraîne la transformation en panthère selon la légende. Une thématique qui prend une dimension encore plus puissante et profonde ici, puisque Schrader et son scénariste Alan Ormsby font également du sexe lui-même une malédiction, en plus de la perte de virginité. Le personnage de Paul met en exergue cette approche thématique nouvelle, devenant malgré lui une sorte de Jack l'Eventreur moderne, causant la mort de diverses prostituées, ces dernières succombant sous les griffes acérées d'une magnifique panthère noire, qui n'est autre que Paul évidemment. Malcolm Mc Dowell, le célèbre Alex d'Orange Mécanique, prête ses traits si particulier et adopte une démarche féline qui sied à ravir au personnage, tout à tour inquiétant ou émouvant. Car Paul n'a rien d'un tueur sadique ou pervers, il veut juste avoir la possibilité de vivre une expérience sexuelle comme tout être normal et cela lui est refusé, sauf à mettre à mort sa partenaire, la transformation étant inévitable après la consommation de l'acte. La seule solution, et c'est encore une bonne idée du film, est de vivre une liaison incestueuse avec un membre de sa race, et donc ici avec sa sœur ! Mais comme ce n'est pas du goût d'Irina, il n'a d'autres options que de se procurer des prostituées. Cette frustration sexuelle, on la retrouve également chez cette dernière, divinement interprétée par une Nastassja Kinski belle à se damner. L'actrice joue sur son potentiel de séduction d'une manière qui ne peut laisser aucun mâle indifférent et se met à nue, au propre comme au figuré, ce qui a valu des avis négatifs au film de la part de critiques bien pensants qui n'y ont vu qu'une façon pour Paul Schrader de placer de l'érotisme dans le film, sans en comprendre le but et la finalité. Les scènes entre Irina et son frère Paul, quand ce dernier lui fait comprendre son désir sexuel, provoquent d'ailleurs un certain malaise chez le spectateur. Même si Irina semble vouloir rester vierge et attendre de trouver un véritable amour pour passer à l'acte, tout son corps, tout son être ne semble vouloir que l'inverse, comme lors de sa rencontre avec le conservateur du zoo. Possédant un aspect érotique bien présent, La Féline marque aussi des points lors des séquences d'attaques mettant en vedette la panthère noire, qui sont à mettre au crédit du film tant elles sont puissantes et font leur petit effet. Schrader se laisse même aller à quelques déviances gores avec un bras arraché au niveau de l'épaule ou le meurtre de la prostituée. Sa mise en scène est quasi parfaite, sa direction d'acteur également. L'ambiance est savamment travaillée et les séquences chocs ne manquent pas, Schrader nous proposant même la scène de transformation que Tourneur a préféré suggéré. Le final du film, différent de celui de 1942, est fort émouvant et bien trouvé. Revu pour rédiger cette chronique, j'avoue que je ne me souvenais pas que La Féline de Paul Schrader était un film aussi magnifique, qui fait figure de perle du cinéma fantastique contemporain. C'est une oeuvre puissante, lyrique, cruelle, qui mérite d'être redécouverte séance tenante pour réveiller la bête qui sommeille en nous. A noter que la chanson qui sert de thème au film a été composé et chanté par David Bowie, ainsi que la présence d'Annette O'Toole, future maman de Superman dans la série Smallville.

* Disponible en DVD et BR chez ESC DISTRIBUTION 



dimanche 21 juillet 2019

BUFFY TUEUSE DE VAMPIRES

BUFFY TUEUSE DE VAMPIRES
(Buffy the Vampire Slayer)

Réalisateur : Fran Rubel Kuzui
Année : 1992
Scénariste : Joss Whedon
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Kristy Swanson, Luke Perry, Donald Sutherland, Paul Reubens, Rutger Hauer...


L'HISTOIRE : Pom-pom girl dans un lycée de Los Angeles, Buffy Summers ignorait qui elle était vraiment jusqu'au jour où elle rencontre Merrick Jamison-Smythe. Ce dernier lui apprend qu'elle est l’Élue, une tueuse de vampires. Après une formation accélérée, dans laquelle Merrick apprend à Buffy comment lutter contre les vampires, celle-ci va devoir mettre sa vie de lycéenne de côté car elle va devoir affronter Lothos, le plus féroce des descendants de Dracula, et son armée de vampires...

MON AVIS : Hein ? Mais elle est où Sarah Michelle Gellar sur la photo ? Et j'ai jamais vu Luke Perry dans la série, c'est quoi cette arnaque ? Ah, c'est pas la série ? Eh bien non, car la plus célèbre tueuse de vampires de l'univers n'a pas attendu 1997 pour manier le pieu et la croix sur les écrans ! En 1992, suite au succès du Dracula de Coppola, les vampires ont à nouveau la côte et un certain Joss Whedon se dit que c'est enfin l'occasion de concrétiser son projet concernant une jeune lycéenne qui apprendrait que son destin est d'être chasseuse de vampires. C'est ainsi que voit le jour Buffy Tueuse de Vampires, d'après un scénario du futur réalisateur des deux premiers films de la trilogie Avengers donc. Malheureusement pour lui, les producteurs, dont fait partie la réalisatrice Fran Rubel Kuzui, ne respecte pas le matériau d'origine proposé par Whedon et ce dernier, franchement pas content de ces divergences d'interprétation, décide de quitter le tournage. Il prendra sa revanche en 1997 avec Buffy contre les Vampires, une des séries-télévisées les plus importantes de cette période, devenue culte de par le monde. Toujours est-il que le film de 1992 existe et qu'il faut bien en parler. Pour interpréter la jolie Buffy, la production avait pensé au départ à Alyssa Milano mais c'est au final la blonde Kristy Swanson qui est retenue. Un choix que votre serviteur approuve à 110%, étant tombé sous son charme dès 1986, quand elle interprétait le rôle principal dans L'Amie Mortelle de Wes Craven. En tant que Buffy Summers, elle assure un max et son corps de rêve, associé à son visage angélique et son sourire à se damner font des merveilles. Franchement, même si j'adore Sarah Michelle Gellar évidemment, je trouve que Kristy Swanson aurait aussi été convaincante dans la série. Au début du film, elle interprète la blonde dans toute sa splendeur : superficielle, dépensière et pom-pom girl par dessus le marché ! Tous les stéréotypes, tous les clichés sont réunis dans Buffy, jusqu'à sa rencontre avec le vieux Merrick, interprété par Donald Sutherland. Ce dernier est l'équivalent de Rupert Giles dans la série. Une fois que son destin de Tueuse est accepté, le comportement de Buffy va changer petit à petit, la jeune fille délurée et frivole devant responsable et bien plus mature. Comme dans la série, on décèle déjà dans ce film les intentions de Joss Whedon : mettre en avant une vraie héroïne féministe, parler des difficultés rencontrées par les adolescent(e)s au collège ou au lycée, traiter de la responsabilité et j'en passe. Bien sûr, les thèmes récurrents de la série ne sont ici qu'effleurés, pas le temps en 86 minutes de les développer mais ils sont présents en tout cas, preuve que Joss Whedon savait déjà en 1992 parfaitement là où il voulait aller avec sa création. Alors oui, Buffy Tueuse de Vampires ne possède pas l'éclat ni la grâce de la série-télévisée. L'humour n'est pas très fin, l'aspect teen-movie est un peu trop mis en avant et de manière assez balourd en plus. Donald Sutherland a bien du mal à se montrer convaincant (il faut dire qu'il n'aimait pas ses dialogues, a tout réécrit et s'est donc pris la tête sur le tournage avec l'équipe dont Whedon), Rutger Hauer en maître-vampire n'est pas non plus à son aise dans son costume et cape et il frise même le ridicule, tout comme Paul Reubens d'ailleurs et sa coupe de cheveux hirsute. Les amies de Buffy (dont une toute jeune Hilary Swank) sont transparentes et cabotinent un peu trop, ce qui nous les rend assez vite insupportables. Quant au regretté Luke Perry, il ne s'en sort pas si mal en loser qui va tomber sous le charme de notre Tueuse en herbe, ce couple improbable nous donnant même une très jolie scène romantique lors du bal de fin d'années, mais on a connu l'acteur plus investit quand même. David Arquette, dont c'était l'un des premiers rôles, nous fera sourire sous son aspect de vampire mais on ne peut pas dire non plus que son rôle restera mémorable. Clairement étiqueté "comédie fantastique pour ados", Buffy Tueuse de Vampires est souvent considéré comme un nanar par ceux qui l'ont vu et c'est vrai qu'on ne peut pas tout à fait leur donner tort. Pourtant, on ne s'ennuie jamais face à ces péripéties vampiriques et on s'y amuse souvent, Buffy ayant déjà un caractère bien trempé et une répartie de tous les instants, ce qui nous vaut quelques dialogues bien sentis et savoureux. L'évolution du personnage est intéressante et il est impossible de ne pas ressentir de l'empathie envers elle, passant de petite peste à jeune fille solitaire abandonnée par ses amies car sa mission devient prioritaire sur l'achat de fringues ou de chaussures. C'est vrai que le charme de Kristy Swanson y est pour beaucoup et on lui pardonne aisément ses coups de poings et de pieds qui semblent être exécutés au ralenti, tout comme l'ensemble des scènes d'action d'ailleurs. La Buffy 1992 n'est pas John Wick, ça c'est sûr. Mais est-ce vraiment la faute de l'actrice si elle est mal dirigée ? Avec tous ces défauts pointés du doigt, comment expliquer que j'ai bien apprécié la vision du film ? Vous le savez, je suis super bon public et j'ai un seuil de tolérance assez élevé mais c'est vrai que Buffy Tueuse de Vampires est difficilement défendable sur bien des points. Pourtant, il s'en dégage au final un charme et une naïveté qui font que je l'ai pris en affection. Peut-être est-ce parce que je l'ai visionné en VOSTF et pas en VF. Car la version française est juste une horreur sans nom et ferait passer n'importe quel film pour un navet cinq étoiles. Vous vous rendez quand même compte que dans la VF, Buffy devient "Bichette la Terreur" et que Pike (Luke Perry) devient "Marcel" ! Faudrait que les doubleurs arrêtent la fumette aussi...

* Disponible en DVD et BR chez MOVINSIDE


samedi 20 juillet 2019

BATES MOTEL

BATES MOTEL
(Bates Motel)

Réalisateur : Richard Rothstein
Année : 1987
Scénariste : Richard Rothstein
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Bud Cort, Lori Petty, Moses Gunn, Gregg Henry, Khrystyne Haje...


L'HISTOIRE : Suite à son procès, le tueur en série Norman Bates est envoyé dans un asile psychiatrique. Là, il fait la connaissance du jeune Alex, interné pour avoir tué son père qui le maltraitait. Norman tient vite un rôle de père de substitution pour Alex qui lui voue une véritable admiration. Au décès de Norman, Alex hérite du motel familial de ce dernier, lieu où ont été perpétrés de nombreux crimes. Avec l’aide de Willie, une jeune fille en fugue, il décide de remettre la propriété sur pied et part habiter dans l’ancienne maison de la famille Bates. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu et des événements étranges vont se produire...

MON AVIS : Non, je ne vais pas vous parler de l'excellente série en cinq saisons baptisée elle aussi Bates Motel et datant de 2013. Mais je vais quand même vous parler d'une série-télévisée ou, du  moins, de ce qui aurait du devenir une série-télévisée. Car le Bates Motel qui nous intéresse ici date de 1987 et a été réalisé par Richard Rothstein, qu'on connaît plus en tant que producteur et scénariste. Ce monsieur a une idée pas plus bête qu'une autre : il veut créer une série-télévisée qui se déroulerait dans le célèbre motel de Norman Bates, immortalisé en 1960 dans le Psychose d'Alfred Hitchcock bien sûr. Le cadre du motel servirait donc à diverses histoires fantastiques et le Bates Motel qui nous intéresse ici est donc l'épisode pilote de cette série qui ne vit jamais le jour, en raison du rejet total de ce premier épisode justement. Car oui, l'accueil du public fut plus que glacial et, cerise sur la gâteau, enfin si on peut dire, même Anthony Perkins, Norman Bates en personne, s'est fendu de sa critique virulente sur cet épisode et sur l'idée même de la série, refusant catégoriquement de venir faire une apparition en tant que Norman au début de l'épisode. Bref, le projet a été tué dans l’œuf comme on dit, ce qui n'empêcha pas cet épisode pilote de débarquer en VHS en France et de connaître une relative reconnaissance lors des années vidéoclubs. Bates Motel version 1987 méritait-il la volée de bois vert qu'il a subi à l'époque de sa sortie ? Très honnêtement, je répondrais par la négative. Attention, on est à des années lumières de Psychose et à plusieurs milliers de kilomètres de Psychose 2 et Psychose 3. On se rapproche plus de Psychose 4 - Les Origines mais j'avoue que la vision de la création de Richard Rothstein m'a fait passer un moment agréable alors que je m'attendais à bien pire. Déjà, le fait de retrouver la célèbre demeure et les chambres d'hôtes sacralisées par Hitchcock procure un plaisir bien sympathique. Qui plus est, Richard Rothstein s'amuse à jouer avec les références et nous balance des tas de clins d'oeil, comme la lumière de la fenêtre de la chambre de la défunte madame Bates qui est allumée, nous faisant comprendre que l'ombre maléfique de cette dernière plane toujours dans ce lieu inquiétant et lugubre. Le réalisateur / scénariste possède également un bon sens de l'humour noir, n'hésitant pas, lors des travaux d'aménagement du domaine, à faire découvrir aux ouvriers le cercueil de ladite madame Bates contenant son corps squelettique et son visage momifié, lors d'un coup de pelleteuse par exemple. D'autres événements étranges se produisent et le passé de la maison semble prendre le dessus sur la réalité. Si Norman Bates est évoqué lors de la séquence introductive, il laisse rapidement la place à Alex West, jeune enfant interné dans le même asile psychiatrique que Norman, ce dernier devenant son meilleur ami. Interprété par Bud Cort, Alex est un personnage attachant, qui voue une admiration sans borne envers Norman, conserve précieusement l'urne funéraire contenant ses cendres et décide de redonner éclat et santé au motel Bates en sa mémoire. Pour l'aider, on trouvera une jeune fille délurée interprétée par la non moins déjantée Lori Petty. L'actrice apporte sa fraîcheur et sa bonne humeur au film et joue la carte de l'humour de manière très décontractée. Car il ne faut pas s'attendre à des scènes de suspense ou de meurtres dans Bates Motel. Format télé oblige, il n'y a quasiment pas de violence et si l'atmosphère est parfois un peu inquiétante, l'ensemble reste tout à fait grand public et ne fera même pas frémir les enfants. Pendant une bonne heure, on navigue donc au côté d'Alex West qui fait des mains et des pieds auprès des banquiers et autres chef de chantier pour redonner du cachet à son héritage et faire à nouveau marcher la rentabilité du motel. Rien de bien mémorable à se mettre sous la dent mais quand on sait que c'est le pilote d'une série-télévisée, ça passe tout de suite mieux et on se laisse prendre par la main, le spectacle n'étant pas extraordinaire mais pas non plus catastrophique, les touches d'humour et les références faisant le job. Et puis arrive les 30 dernières minutes. Et là, on ne comprend plus trop ce qui se passe. Enfin, si on sait que c'est l'épisode pilote d'une future série-télévisée et quelle était son but (proposer des histoires fantastiques dans l'univers du motel Bates), on finit par comprendre le concept qui aurait du être celui des prochains épisodes. En effet, voilà que débarque la première cliente suite à la réouverture du motel. Une jeune femme qui vient louer une chambre dans le seul but d'être tranquille pour se suicider, sa vie étant un échec. Au moment du passage à l'acte intervient une jeune fille qui tente de lui redonner espoir et l'invite à faire la fête avec la dizaine de ses amis qui viennent de s'installer au motel. L'histoire dévie donc vers une autre intrigue, dans laquelle on trouve toujours le personnage d'Alex West et dont on comprend que ce dernier aurait été l'hôte qui viendra nous présenter les histoires et accueillir les personnages dans les prochains épisodes de la série si celle-ci avait perduré. Cette seconde intrigue verse ouvertement dans le fantastique façon Quatrième Dimension et une fois terminée, on revient au sein du motel Bates pour le dernier coup de théâtre que n'aurait pas renié un épisode de Scooby-Doo. L'épisode se termine par Alex West nous invitant à revenir dans son motel. Je ne sais pas si cette hypothétique série allait être de qualité et si l'idée de base allait pouvoir la démarquer de la concurrence en la matière, sans que ça devienne une copie des Contes de la Crypte par exemple. On ne le saura jamais mais voilà, cet épisode pilote n'est pas aussi mauvais qu'on veut nous le faire croire, surtout si on le prend pour ce qu'il est vraiment. Après, c'est sûr qu'il ne soutient pas la comparaison avec l'excellente série de 2013. 

* Disponible en DVD chez ESC DISTRIBUTION (Uniquement en VO et VOSTF)


PLAY OR DIE

PLAY OR DIE
(Play or Die)

Réalisateur : Jacques Kluger
Année : 2019
Scénariste : Amiel Bartana, Jacques Kluger
Pays : Belgique
Genre : Thriller, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Charley Palmer Rothwell, Roxane Mesquida, Laetitia Chambon, Daphné Huynh...


L'HISTOIRE : Lucas et Chloé, deux joueurs passionnés, décident de participer à "Paranoia" un Escape Game, considéré comme le jeu ultime. Après avoir résolu une première énigme, ils se rendent dans un hôpital psychiatrique abandonné, perdu dans la forêt. C'est là que va se jouer la finale du jeu. Quatre autres participants les attendent. Ils se rendent vite compte qu'un seul en sortira vivant...

MON AVIS : Le romancier Franck Thilliez est l'une des valeurs sûres des amateurs de thrillers et de romans policiers. En 2007, son roman La Chambre des Morts a été adapté au cinéma par Alfred Lot. Depuis, on ne compte plus les adaptations de ses romans pour le cinéma ou la télévision. Il écrit en 2013 Puzzle, qui, fort de son succès auprès des lecteurs, se voit adapter en bande-dessinée en 2016 puis en film en 2019. Rebaptisé Play or Die, le film est mis en scène par Jacques Kluger, dont c'est la première réalisation. On trouve au casting pas mal d'inconnus, comme Charley Palmer RothwellDaphné HuynhHippolyte de PoucquesThomas Mustin ou Marie Zabukovec pour les personnages principaux. Petite exception, la jolie française Roxanne Mesquida, qui joue Chloé, et qu'on a vu dans Sheitan, Rubber ou le très bon film de vampires Kiss of the Damned entre autres. Comme vous l'avez lu dans le résumé du film, Play or Die surfe sur le phénomène des Escape Game, ces salles de jeu à taille humaine dans lesquelles les participants se retrouvent enfermés et doivent résoudre des énigmes afin de trouver des codes et autres indices leur permettant de poursuivre l'aventure et de trouver la porte de sortie. En 2018, on dénombre plus de 640 espaces de jeux sur notre territoire pour environ 1500 scénarios différents ! Le début du film nous présente Lucas (Charley Palmer Rothwell) qui reçoit la visite de son ex-petite amie Chloé. Cette dernière lui annonce que le jeu Paranoia arrive à son terme et que la grande finale va avoir lieu, avec pour récompense 1 millions d'euros pour le vainqueur. Un jeu responsable de leur séparation mais devant l'insistance de Chloé, Lucas cède et se replonge dans ce monde d'énigmes et de réflexion dont il est passé maître. Avec avoir résolu la première partie du jeu, qui les conduit à une rave party, Lucas et Chloé accèdent enfin au dernier lieu de Paranoïa : un gigantesque hôpital psychiatrique désaffecté, transformé pour l'occasion en un Escape Game géant. Avec d'autres candidats, Lucas et Chloé vont devoir se sortir de situations peu anodines, qui vont s'avérer même dangereuses, voire mortelles ! C'est tout l'intérêt de Play or Die d'ailleurs, d'avoir mélanger le concept de l'Escape Game avec celui de l'univers de la saga Saw ! Car les énigmes proposées ressemblent plus à des pièges qu'à un simple jeu : attachée à un lit, Chloé voit par exemple un plafond composé de couteaux aiguisés descendre vers elle et un compteur se déclencher, ne laissant donc que très peu de temps à Lucas pour trouver la clé de l'énigme et éviter à son amie de mourir transpercée de part et d'autre ! D'autres joyeusetés de la sorte attendent les participants, qui ne savent plus à quel sein se vouer et ne s'attendaient pas à mettre leur vie en jeu dans ce jeu qui n'a plus l'air d'en être un ! D'autant qu'une autre menace semble planer sur eux quand Lucas et Chloé découvre une des participantes avec un tournevis enfoncé dans le crâne ! En plus des énigmes tordues et funestes proposées dans l'Escape Game, il semble qu'un tueur se soit également invité à la partie ! Ou bien serait-ce un des participants qui s'amuse à éliminer ses petits adversaires pour être sûr de remporter la mise ? Play or Die mixe donc plusieurs influences, virant progressivement du thriller malsain au slasher jusqu'à son final dont on se doute qu'il sera composé d'un twist, d'un retournement de situation qui viendra remettre les pendules à l'heure et expliciter les indices fournis au spectateur au fur et à mesure de la progression du film. Un twist qu'on sent venir quand même à des kilomètres si on a l'habitude de voir des films de ce genre mais qui possède sa petite efficacité, surtout lors des ultimes images, bien glauques et référentielles. Pour son premier film derrière la caméra, Jacques Kluger fait de son mieux pour ne tenir en haleine et nous offrir des séquences fortes en émotions (l'horrible arrachage de dents par exemple). Sa mise en scène est correcte et fait le job la majeure partie du temps. Si on peut trouver que la résolution de certaines énigmes est parfois tirée par les cheveux (la partition de piano), l'explication finale apporte de la crédibilité à l'ensemble. Reste que tout n'est pas parfait dans Play or Die. Personnellement, j'ai eu du mal à accrocher à la prestation des acteurs, que j'ai trouvé un peu terne et sans grande consistance. Le suspense fonctionne mais il manque tout de même d'ampleur. Les personnages secondaires ne sont pas vraiment traités et ne semblent être là que pour devenir des victimes et apporter son petit lot de morts violentes. Le rythme n'est pas non des plus incisifs et ça pêche un peu à ce niveau parfois. Mais il y a tout de même de bonnes choses à retenir et en soit, Play or Die n'est pas déplaisant. N'ayant pas lu le roman de Franck Thilliez, je ne sais pas si Jacques Kluger en a fait une bonne adaptation. En tout cas, pour un premier film, Belge de surcroît, il n'y a rien de déshonorant, on est dans la moyenne pour cette oeuvre que son réalisateur décrit comme un croisement entre Shutter Island et Get Out !

* Disponible en VOD et DVD chez M6 VIDEO 


jeudi 18 juillet 2019

LE PUITS ET LE PENDULE

LE PUITS ET LE PENDULE
(The Pit and the Pendulum)

Réalisateur : Stuart Gordon
Année : 1991
Scénariste : Dennis Paoli
Pays : Etats-Unis, Italie
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Lance Henriksen, Rona De Ricci, Stephen Lee, Jeffrey Combs, Mark Margolis...


L'HISTOIRE : Espagne, 1492. L’Inquisition a instauré un sanglant règne de terreur, avec tortures et meurtres au nom de la religion. Prise dans la tourmente, la femme du boulanger, Maria, est accusée de sorcellerie. Elle comparaît nue devant le grand inquisiteur Torquemada. Subjugué par sa beauté, Maria devient le jouet des tortures sadiques de Torquemada, qui sombre peu à peu dans la folie...

MON AVIS : Ce n'est pas parce qu'on est à l'origine de trois excellents films qui ont marqué l'esprit des spectateurs des 80's que tout est rose dans la vie d'un réalisateur. Après Ré-Animator (1985), From Beyond (1986) et Dolls (1987), Stuart Gordon est considéré comme l'un des nouveaux maîtres de l'horreur et rien se semble empêcher son ascension. Pourtant, en 1989, il s'essaye à la science-fiction avec Robojox, sans grand succès. Il décide de revenir à l'horreur en 1991, et veut adapter, après Lovecraft, un autre écrivain de renom : Edgar Allan Poe. Il choisit la nouvelle Le Puits et le Pendule, publiée en 1842. Une courte nouvelle, qui doit être modifiée pour pouvoir devenir scénario. Fort de sa renommée, Stuart Gordon parvient à trouver les fonds nécessaires à la production de son film et a même choisi Peter O'Toole pour interpréter Torquemada, le maître inquisiteur. Sherilyn Fenn et Billy Dee Williams doivent également faire partie du casting. Avec un budget d'environ 6 millions de dollars, tout semble bien parti pour cette reconstitution historico-horrifique romancée. Et là, c'est le drame. Les principaux investisseurs font faillite et ne peuvent plus participer au projet. Stuart Gordon n'a alors d'autre choix que de se tourner vers ses amis, Charles et Albert Band, dirigeant de Full Moon Entertainment. Evidemment, cette petite société de production n'a pas de gros moyens financiers et le budget initial et les ambitions de Stuart Gordon doivent être revues à la baisse. Après avoir envisagé Peter O'Toole, puis Anthony Perkins, c'est finalement Lance Henriksen qui écope du rôle de Torquemada et c'est un bon choix, l'acteur ayant le physique et les expressions de visage adéquats pour interpréter cette figure légendaire de la terrible Inquisition espagnole. Et effectivement, Henriksen assure dans ce rôle, se donnant corps et âme dans les affres de la religion extrême, se faisant lui-même fouetter quand ses pensées vont vers le côté obscur ou envoyant à la torture et au bûcher les hérétiques et autres sorcières pointés du doigt par ses pseudos-experts, qui se livrent à une véritable mascarade médicale dont le seul but est d'admirer les courbes dévêtues des jeunes femmes susceptibles d'avoir foi en Satan. La séquence où la pauvre Maria, femme d'un boulanger et héroïne du film (interprétée par Rona De Ricci) est obligé de se dévêtir pour être soumis à un examen corporel afin de déterminer si, oui ou non, elle est une sorcière, en est un exemple flagrant. L'un des examinateurs, ne trouvant aucun trace de marque diabolique sur le corps de la jeune femme, envisage alors que lesdites marques soient "à l'intérieur de son corps", son regard lubrique ne laissant aucun soupçon quant à ses réelles intentions perverses de se servir de sa profession pour pratiquer des attouchements intimes non voulues par les victimes. On reconnaîtra d'ailleurs Jeffrey Combs parmi les acolytes de Lance Henriksen. Qui dit film sur l'Inquisition dit forcément scènes de tortures. Le Puits et le Pendule n'échappe donc pas à la règle et démarre d'ailleurs très fort avec sa surprenante séquence d'ouverture qui voit Torquemada et sa clique de cinglés exhumer un cadavre déjà réduit à l'état de squelette et prononcer un verdict d'hérésie à son encontre ! Le bourreau va donc fouetter le squelette devant sa famille, enfant compris ! De la cruauté comme on l'aime à l'écran, malheureusement amoindrie par quelques touches d'humour qui font perdre à cette séquence son plein potentiel malsain. Par la suite, d'autres joyeusetés nous seront offertes par Stuart Gordon, avec supplice de la Vierge de Fer, langue coupée au ciseau, coup de fouet en pagaille, chaise brûlante, strangulation et j'en passe. On aura également droit, bien évidemment, au fameux supplice du pendule cher à Edgar Allan Poe, qui intervient vers la fin du film et qui reste toujours aussi efficace visuellement parlant. Autre moment assez sympathique, l'arrivée de l'acteur Oliver Reed en tant que représentant du Pape, venu constater les débordements injustifiés de Torquemada. Le sort que réserve ce dernier à l'émissaire papal nous fera bien sourire et augmentera encore d'un cran le potentiel sadique du maître inquisiteur espagnol. Pas désagréable à regarder, Le Puits et le Pendule possède une mise en scène classique et un rythme satisfaisant qui fait qu'on ne s'y ennuie pas trop. Mais au final, je m'attendais à un film plus rentre-dedans, plus énergique, plus déluré de la part de Stuart Gordon. Certes, la production a connu des déboires, tout comme le tournage d'ailleurs, qui a duré trois semaines et des poussières et qui a été émaillé de quelques tensions entre Stuart Gordon et Lance Henriksen (qui prenait son personnage trop à cœur, finissant même par effrayer les membres de l'équipe). Reste que, tout en étant d'un niveau correct, avec une ambiance sordide assez bien retranscrite et de beaux costumes, Le Puits et le Pendule ne soutient pas la comparaison avec La Marque du Diable ou Le Grand Inquisiteur, les deux fleurons du genre.  

* Disponible en DVD et BR chez ESC DISTRIBUTION 


mercredi 17 juillet 2019

SSSNAKE LE COBRA

SSSNAKE LE COBRA
(Sssssss)

Réalisateur : Bernard L. Kowalski
Année : 1973
Scénariste : Hal Dresner
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Interdiction : -12 ans
Avec : Strother Martin, Dirk Benedict, Heather Menzies-Urich, Richard B. Shull...


L'HISTOIRE : Le docteur Carl Stoner, herpétologiste renommé, cherche un nouvel assistant pour l'aider à mener à bien ses travaux sur les venins. Il recrute le jeune étudiant David Blake, qui va désormais travailler dans le laboratoire du docteur, en compagnie des nombreux reptiles divers et variés que ce dernier possède, dont un majestueux cobra royal. David va également servir de cobaye au docteur, qui lui injecte du venin par petite quantité, pour l'immuniser contre les morsures d'après ses dires. Mais le projet du docteur Carl Stoner est tout autre : convaincu que lorsque la fin du monde aura lieu, il ne restera plus que des reptiles sur Terre, le médecin désire créé un homme-serpent grâce aux injections répétées de venins. Peu à peu, le corps de David subit des mutations... 

MON AVIS : Avec l'un des titres originaux les plus bizarres du cinéma (Sssssss !), le réalisateur Bernard L. Kowalski nous propose un étrange voyage en compagnie d'un savant fou qui a pour but de créer un homme-serpent, rien que ça ! Un descendant du fameux docteur Moreau en quelque sorte, qui a troqué son île pour une petite ferme isolée à l'intérieur de laquelle le savant a développé son laboratoire et son vivarium. Vivant seul avec sa fille Kristina, le docteur Stoner, superbement interprété par Strother Martin (second couteau de nombreuses productions cinématographiques ou télévisuelles et qui se retrouve ici en tête d'affiche) ne survit financièrement à ses besoins en terme de recherche que grâce aux bourses des facultés et aux séances ouvertes au public qu'il organise à la ferme, proposant aux spectateurs apeurés une rencontre avec un cobra royal ! Ce drôle de personnage ne semble pas avoir de mauvaises intentions de prime abord, il a même l'air tout à fait sain d'esprit, ne pique pas des colères noires ou n'a pas un regard de fou furieux comme certains savants fous vus à l'écran. Pourtant, son but ultime est loin de faire de lui un saint homme, comme va le découvrir le pauvre Dirk Benedict, qui joue David Blake. Un acteur dont le visage vous sera plus que familier, surtout si vous êtes fan de la série L'Agence Tous Risques (il jouait le rôle du lieutenant Templeton « Futé » Peck) ou de la série Galactica (il jouait le rôle du Lieutenant  Starbuck). Dans Sssnake le Cobra, il est un étudiant assez naïf, totalement assujetti au docteur Stoner, et qui va tomber amoureux de Kristina. Cette relation entre David et la fille du savant est assez originale et intéressante car il est impossible de ne pas penser au mythique duo Adam et Eve ici, notamment lors de la scène de la baignade entre autres. Qui plus est, la présence du serpent au sein du film ainsi que certains dialogues traitant de ce thème entre David et le docteur ne fait qu'accroître cette impression justifiée que le film de Bernard L. Kowalski est au final une sorte de nouvelle vision de la Génèse. On le sait, le serpent représente le péché et il est assez amusant de voir que la transformation de David en homme-serpent intervient une fois le péché de chair consommé avec Kristina. Un péché de chair dont le docteur Stoner a mis en garde sa fille, lui expliquant que cela pouvait avoir une conséquence dramatique pour David. Elle le sera effectivement. Avec ce sous-texte biblique, le scénario de Sssnake le Cobra se montre plus malin qu'on pourrait le croire. Car dans bien des films, le savant fou veut avant tout une chose : se prendre pour Dieu. Mais comme le dit l'affiche de Ré-Animator, "Dieu a horreur de la concurrence" et ce type d'expérimentations se soldent rarement par des succès. La superbe séquence de la fête foraine est la pour le prouver et vient expliquer la scène d'introduction du film, ce qui la rend encore plus dramatique. Car ce n'est pas la première fois que notre savant fou tente de créer un homme-serpent et les ratés finissent en monstres de foire Tod Browning aurait apprécié. Le maquillage dans cette scène phare du film est franchement très réussi, du à Daniel C. Striepeke et son équipe. C'est d'ailleurs à ce dernier que l'on doit également l'histoire du film, qui sera scénarisée par Hal Dresner. Reste que si l'aspect biblique, voire moralisateur (le sexe encore responsable du drame) vous échappe, ça ne vous empêchera pas d'apprécier Sssnake le Cobra. Bernard L. Kowalski, qui avait déjà tâté du cinéma fantastique avec Night of the Blood Beast en 1958 et L'Attaque des Sangsues Géantes en 1959, a en effet mis en scène un divertissement hautement recommandable et qui fera trembler les ophiophobes de tous poils car le film regorge de séquences mettant en vedette de véritables reptiles, que les courageux acteurs et actrices manipulent sans sourciller ! Python, boa, cobra royal, mamba noir et autres horreurs de Dame Nature (oui, je suis ophiophobe !) s'agitent devant nous, sortent les crochets à venins et procurent bien des frissons. Même si on peut déceler une ou deux images ou le cobra royal semble être en plastique, la quasi totalité du film a bel et bien été tourné avec de vrais serpents. Le plus impressionnant restant sans doute la scène dans laquelle un des reptiles avale la chaussure d'une victime humaine, suggérant que le reste du corps se trouve déjà à l'intérieur de son estomac ! Atroce ! On appréciera également la lente transformation de Dirk Benedict en homme-serpent, avec température corporel n'arrêtant pas de baisser, peau qui mue et se couvre d'écailles, change de couleur et j'en passe. Si la majorité de sa transformation est effectuée à l'ancienne, avec maquillage et prothèse, la dernière étape de sa métamorphose se montrera un peu moins efficace, le réalisateur ayant recours au procédé de la superposition d'image, avec un impact moindre. En tout cas, pas de quoi bouder son plaisir devant Sssnake le Cobra car dans l'ensemble, c'est une petite série B très réussie, au charme certain et à l'efficience prouvée. A noter que, curieusement, la VF présente sur le DVD et le BR disparaît pour laisser place à la VO lors des toutes dernières phrases du film. Rien de très gênant, Heather Menzies-Urich (Kristina Stoner) appelle son père, dit au policiers qu'il est mort et appelle David. Mais je préfère le signaler tout de même.

* Disponible en DVD et BR chez ESC DISTRIBUTION