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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




dimanche 31 juillet 2022

ARMAGUEDON

 

ARMAGUEDON
(Armaguedon)

Réalisateur : Alain Jessua
Année : 1977
Scénario : Alain Jessua
Pays : France, Italie, Belgique
Genre : Policier
Interdiction : /
Avec : Alain Delon, Jean Yanne, Renato Salvatori, Michel Duchaussoy, Robert Dalban...


L'HISTOIRE : Après avoir hérité d'une grosse somme d'argent, Louis Carrier, un modeste artisan, sombre dans la mégalomanie et estime qu'il est temps qu'on parle de lui. Se faisant surnommé Armaguedon, et aidé par un ami un peu simplet, il projette de faire exploser une bombe sur un plateau de télévision, moyen de chantage pour qu'on lui accorde du temps d'audience. La police est sur les dents et demande l'aide du docteur Michel Ambrose, un psychanalyste...

MON AVIS : Malgré le succès de Traitement de Choc en 1973 dans lequel il avait déjà dirigé Alain Delon, le réalisateur Alain Jessua peine à monter un nouveau projet. Il désire adapter un roman de David Lippincott mais les producteurs se montrent frileux, jusqu'au moment où Alain Delon lui-même s'intéresse au projet et accepte de jouer dedans. Ce qui semble être de bonne augure pour Alain Jessua va se révéler être un véritable cauchemar, du propre aveu du réalisateur lui-même. Quatre ans ont passé depuis leur première rencontre et Alain Delon est devenu une véritable star, à l'égo un peu démesuré. Pensant qu'il n'a plus rien à apprendre, il va refuser toutes les propositions d'Alain Jessua sur son jeu et s'embrouiller avec lui, ne lui parlant sur le tournage que par l'entremise de son agent. Une situation très difficile pour le metteur en scène, qui considère que Delon a agit à l'inverse de ce que doit être un acteur. Dans Armaguedon, Delon joue le docteur Ambrose, un psychanalyste renommé qui est sollicité par Interpol pour aider la police a trouver un mégalomane répondant au surnom d'Armaguedon et qui envoie des messages, des photos,  des vidéos sur lesquels il est au côté d'importantes personnalités médiatiques, menaçant de mettre à exécution un acte terroriste dans quelques jours. Avouons que dans ce film, Delon se montre assez effacé et ne brille guère par son jeu en effet, se contentant du minimum syndical. Il faut dire qu'il n'a pas vraiment le rôle principal, le film se concentrant d'avantage sur le personnage interprété par Jean Yanne. Ce dernier joue donc Louis Carrier, un monsieur-tout-le-monde qui passe totalement inaperçu dans la société mais qui, suite à un héritage, va décider de prendre sa revanche et de se faire sur-médiatisé dans un but au départ assez respectable en fait : devenir le porte-parole de ceux dont on n'entend jamais la voix. Evidemment, certains actes vont s'avérer plus répréhensibles, comme lorsqu'il décide de mettre en scène un couple faisant l'amour et qu'il les électrocute, histoire de prouver à la police qu'il ne plaisante pas et qu'il faut le prendre au sérieux. Ce qui risque de déstabiliser le spectateur avec Armaguedon, c'est qu'il n'y aura jamais de rencontre directe ou d'affrontement entre Louis Carrier et le docteur Ambrose, tout se fera souvent par discussion téléphonique, ce qui explique (peut-être ?) la mauvaise réception du film lors de sa sortie en salles, qui n'a pas déplacé les foules malgré la présence de Delon. Le rythme du film est aussi surprenant de prime abord, il n'y a quasiment jamais d'action, on est plus dans une sorte de thriller psychologique sociétal et au final, on se place du côté de Jean Yanne qui exprime un certain désarroi du peuple. Reste que moi aussi, je m'attendais à un véritable choc entre les deux acteurs, choc qui n'est jamais venu et qui pénalise un peu le film, qui reste intéressant et assez atypique tout de même. 

 * Disponible en DVD dans le coffret N°3 "Le Cinéma Français, c'est de la merde !"


LE VAMPIRE DE DUSSELDORF


LE VAMPIRE DE DUSSELDORF
(Le Vampire de Dusseldorf)

Réalisateur : Robert Hossein
Année : 1965
Scénario : Georges Tabet, André Tabet, Robert Hossein
Pays : France, Italie, Espagne
Genre : Drame, Policier
Interdiction : -12 ans
Avec : Robert Hossein, Marie-France Pisier, Roger Dutoit, Annie Anderson...


L'HISTOIRE : En Allemagne, durant la Grande dépression du début des années 30, Peter Kurten, un ouvrier qui voue une admiration sans borne à la chanteuse de cabaret Anna, se transforme la nuit en redoutable prédateur et accumule les meurtres de jeunes femmes...

MON AVIS : Le parcours du tueur en série allemand Peter Kurten, qui assassina neuf personnes et en agressa plusieurs autres en 1929 dans la ville de Dusseldorf, ce qui lui valut d'être surnommé le vampire de Dusseldorf, a déjà inspiré un célèbre réalisateur en la personne de Fritz Lang, son film M le Maudit avec Peter Lorre étant une adaptation non officielle des tristes exploits de Kurten. En 1965, c'est un Robert Hossein tout auréolé du succès de son personnage Jeoffrey de Peyrac dans Angélique Marquise des Anges tourné l'année précédente qui se montre intéressé par Kurten. Voulant rendre hommage au chef-d'oeuvre de Lang qu'il adore, il décide donc de réaliser lui-même le film et s'attribue au passage le rôle principal, qui va totalement dénoter avec celui de Jeoffrey de Peyrac. Filmé dans un magnifique noir et blanc, avec d'évidentes références à l'expressionnisme allemand (les jeux d'ombres par exemple), Le Vampire de Dusseldorf est assurément l'un des films les plus brillants de son auteur. Si le titre peut prêter à confusion et peut faire passer le film pour ce qu'il n'est pas (ce n'est pas un film d'épouvante avec un personnage aux grandes canines mais bien un drame policier), sa vision remet vite les pendules à l'heure et nous subjugue bel et bien. Sans grandes péripéties au niveau de son scénario, sans effet grandiloquent, Le Vampire de Dusseldorf bénéficie de plusieurs atouts qui en font un film brillant. Il dispose avant tout d'une mise en scène parfaite, assez austère et classique dans son traitement, mais qui remplit parfaitement sa fonction ici, celle de nous plonger dans un environnement épuré dans lequel une menace rôde. Une menace ? Pas seulement ! L'intelligence d'Hossein est également de mettre en avant la situation de l'Allemagne au début des années 30 et de montrer la montée du nazisme, avec quelques scènes de SA (la section d'assaut d'Hitler) agressant des gens la nuit ou brisant la vitrine d'un libraire pour incendier des livres en pleine rue. C'est dans cette ambiance insidieuse que Peter Kurten évolue, ce dernier étant donc interprété par Hossein lui-même et avec quel brio. L'acteur compose avec son environnement, ne fait jamais dans l'excès, c'est même tout l'inverse, utilise la sobriété, voire la neutralité pour mieux effrayer. Quand il se déplace à la suite d'une future proie, on a l'impression de voir Nosferatu lui-même se mouvoir, Hossein adoptant une démarche quasi robotique et... vampirique ! Les scènes de meurtres ne versent pas non plus dans le sensationnel, elles sont froides, cliniques, rapides. Elles contrastent avec les séquences dans lesquelles notre tueur est un simple ouvrier ou celles qui se déroulent dans son immeuble et dans lequel les autres habitantes lui disent qu'elles sont rassurées de le savoir présent. Ironique non ? Autre point fort du film, la présence dans le rôle d'Anna de l'actrice Marie-France Pisier. Elle joue donc une chanteuse de cabaret dont est fou amoureux Peter Kurten, qui vient la voir chanter le titre La Belle de Nuit, chanson composée pour le film par André Hossein, le père de Robert. Dans Le Vampire de Dusseldorf, Marie-France Pisier est juste incroyable de charme et de beauté, elle transcende littéralement chaque scène dans laquelle elle apparaît et sa relation avec le tueur nous fait presque prendre ce dernier en empathie, tant il est décontenancé par la présence radieuse de sa chanteuse d'amour, tel un enfant qui n'ose parler et se montre bien timide. Avec son rythme nonchalant, toujours en retenu, son jeu d'acteur, sa mise en scène sobre et élégante, Le Vampire de Dusseldorf déploie une sorte de fascination hypnotique chez le spectateur et marque les esprits. Un très beau film.

* Disponible en DVD dans le coffret N°3 "Le Cinéma Français, c'est de la merde !"


jeudi 28 juillet 2022

LANDRU

 

LANDRU
(Landru)

Réalisateur : Claude Chabrol
Année : 1963
Scénario : Françoise Sagan
Pays : France, Italie
Genre : Comédie, Policier
Interdiction : /
Avec : Charles Denner, Michèle Morgan, Danielle Darrieux, Hildegard Knef...


L'HISTOIRE : Ne gagnant pas assez d'argent pour faire vivre sa femme et ses quatre enfants, Henri Désiré Landru va, au cours de la Première guerre mondiale, séduire un grand nombre de femmes riches et leur faire signer une procuration lui donnant accès à leur argent. Une fois le précieux document en sa possession, il assassine ses conquêtes et les fait disparaître dans un fourneau...

MON AVIS : Assurément le tueur en série français le plus connu, de par son aspect physique (crâne chauve et barbe) mais aussi par sa répartie pleine d'humour noir, Landru a déjà été le personnage principal de quelques films célèbres, dont le Monsieur Verdoux de Chaplin (1948) ou La Dixième Femme de Barbe Bleue de W. Lee Wilder (1960) entre autres. En 1963, Claude Chabrol réalise Landru, un téléfilm de 115 minutes nous présentant divers éléments de la vie du criminel jusqu'à son procès. Devant le succès rencontré lors de sa diffusion, ce téléfilm sort finalement au cinéma durant la même année. Le tueur en série est ici interprété par un savoureux Charles Denner, magnifiquement grimé comme l'assassin. A ses côtés, on retrouve des actrices de renommée comme Michèle MorganDanielle Darrieux, Hildegard Knef ou Stéphane Audran par exemple. Le film est présenté comme une sorte de comédie policière biographique à l'humour noir bien entendu. Si Chabrol n'évoque jamais le passé ou l'enfance de Landru, il se focalise avant tout sur ses nombreuses liaisons et méthodes de séduction qui pousseront ses futures victimes à se laisser charmer avant de passer de vie à trépas. Le film a un aspect très théâtral, qui peut surprendre et décontenancer le spectateur, que ce soit dans les décors, la manière de s'exprimer ou de jouer des différents acteurs. Un aspect qui m'a fait un peu décrocher du film je l'avoue, qui ne m'a pas embarqué plus que ça. Le côté répétitif de l'action joue aussi en sa défaveur de mon point de vue, le rythme n'étant guère entraînant à la longue. Les petites touches d'humour fonctionnent assez bien par contre, que ce soit le langage très maniéré de Landru ou des gags de répétition, comme ce vieux couple qui trouve qu'une mauvaise odeur se propage dans l'air, leur maison étant situé juste à côté de la fameuse villa Tric de Gambais, dans les Yvelines, lieu dans lequel Landru faisait disparaître les corps de ses victimes dans un fourneau. Des perquisitions menées à l'époque ont fait état de découvertes macabres, comme plus de 4 kg de débris d'os calcinés dont 1,5 kg d'origine humaine, ainsi que 47 dents, correspondant à trois têtes, cinq pieds et six mains, ont été trouvés dans cette villa et son entourage.Une fois Landru arrêté par une police qui nous fait plus penser aux Pieds-Nickelés qu'à autre chose, le film se change en film de procès (le vrai procès dura plus de deux ans), avec des répliques du tueur en série pas piqués des hannetons. On trouve aussi de nombreux numéros chantés dans le film de Chabrol, ce qui rajoute au côté théâtral présenté plus haut. Pas véritablement passionnant, Landru vaut avant tout pour son casting et son humour macabre, mais dans l'ensemble, on s'y ennuie quand même pas mal. Reste un portrait de ce Barbe Bleue français assez intéressant et qui donne envie de se renseigner plus avant sur l'affaire Landru...

* Disponible en DVD dans le coffret N°3 "Le Cinéma Français, c'est de la merde !"

   


CRAN D'ARRÊT

 

CRAN D'ARRÊT
(Cran d'arrêt)

Réalisateur : Yves Boisset
Année : 1970
Scénario : Yves Boisset, Antoine Blondin, Francis Cosne
Pays : France, Italie
Genre : Thriller, giallo
Interdiction : -12 ans
Avec : Bruno Cremer, Renaud Verley, Marianne Comtell, Raffaella Carrà, Mario Adorf...


L'HISTOIRE : Après avoir purgé une peine de prison pour un acte d'euthanasie sur une patiente mourante, le docteur Duca Lamberti tente de reprendre sa vie en main et se voit confier par un de ses confrères le cas de David Auseri, un jeune homme qui sombre dans la dépression et l'alcoolisme. Lamberti emménage dans la demeure de David et tente de poser un diagnostic. Plus les journées avancent, plus David s'ouvre et le médecin découvre que la cause du problème est le suicide d'Alberta Radelli, une sublime jeune femme que le jeune homme avait rencontré depuis peu et qui lui avait confié se sentir menacée. Ne l'ayant pas écouté, David se sent responsable de sa mort. En cherchant à approfondir le sujet, Lamberti découvre qu'Alberta avait posé nue pour des photos sadomasochistes et qu'elle avait volé la pellicule au photographe malgré une rémunération solide. La thèse du suicide s'efface lentement contre celle de l'homicide. Les deux hommes, aidés par Livia, la meilleure amie d'Alberta, vont tenter de retrouver le photographe...

MON AVIS : Adaptation d'un roman de Giorgio Scerbanenco, spécialiste du polar qui a même vu un prix à son nom être créé en 1993 pour récompenser le meilleur roman policier italien chaque année. Ici, c'est Vénus Privée qui a été adapté par Yves Boisset, un roman qui fait partie des quatre qui composent la saga Duca Lamberti et qui a valu à Scerbanenco une renommée internationale. Cran d'arrêt est donc une co-production franco-italienne et la majorité des séquences a été tourné à Milan. Les décors naturels italiens mêlés à l'intrigue du film donnent la singulière impression de visionner un proto-giallo une fois que l'histoire se resserre sur le supposé suicide de la belle Alberta, interprétée par Raffaella Carrà.et que nos héros se lancent dans une enquête policière destinée à retrouver le mystérieux photographe blond, joué par Mario Adorf. On a vu ce dernier au début du film, faire une séance photo à base de chaînes tendance SM avec Alberta, allant même jusqu'à la menacer avec un rasoir pour pouvoir filmer la peur dans son regard, à la manière du célèbre Mark Lewis du film de Michael Powell, Le Voyeur. A sa sortie en salles, Cran d'Arrêt a d'ailleurs malmené le public avec cette thématique jouant sur les déviances sexuelles. Vers la fin du film, une seconde séance photo toute aussi malsaine aura lieu et jouera encore plus avec les codes du giallo puisqu'on aura en plus un joli travail sur la couleur durant cette scène qui verra cette fois l'actrice Marianne Comtell être au prise du photographe sadique. Pour interpréter Duca Lamberti, Yves Boisset, dont c'est ici le second film, a fait appel à Bruno Cremer, qui campe un médecin sur le retour, taciturne, un peu froid et qui va malmener son nouveau patient pour pouvoir sortir ce dernier de sa dépression à tendance suicidaire. Ce dernier est fort bien interprété par Renaud Verley, qui donne une réelle épaisseur à son personnage. Les trente premières minutes du film, tout en étant intéressantes vis à vis de la relation qui se crée entre le médecin et son patient, déroute tout de même le spectateur qui ne comprend pas toujours où veut l'emmener le récit. L'histoire prend ensuite une tournure bien plus intrigante et nous embarque avec elle sans difficulté. La mise en scène d'Yves Boisset se montre assez épurée, allant droit à l'essentiel, et s'avère assez dynamique, notamment lorsqu'il filme David au volant de sa voiture dans laquelle il roule avec une réelle imprudence. Il en va de même lors de la course-poursuite vers la fin du film, avec une caméra qui suit les véhicules au plus près. A noter que le titre même du film n'a rien à voir avec le célèbre couteau mais indique le moment, l'instant dans lequel un dépressif se met à vouloir rebondir au lieu de continuer à s'enfoncer dans la tourmente. Carré, efficace, bien filmé et avec un bon casting, Cran d'Arrêt mérite notre attention et les amateurs de giallo apprécieront d'en retrouver une certaine ambiance dans un film français.

* Disponible en DVD dans le coffret N°3 "Le Cinéma Français, c'est de la merde !"

  

lundi 25 juillet 2022

LES GASPARDS

 

LES GASPARDS
(Les Gaspards)

Réalisateur Pierre Tchernia
Année : 1974
Scénario Pierre Tchernia, René Goscinny
Pays : France
Genre : Comédie
Interdiction : /
AvecMichel Serrault, Philippe Noiret, Michel Galabru, Gérard Depardieu...


L'HISTOIRE : Jean-Paul Rondin, libraire et auteur d'un livre sur les sous-sols de Paris, n'en peut plus des nombreux travaux qui envahissent la capitale durant le mois d'août et qui crée un bruit infernal. Lorsque sa fille Marie-Hélène disparaît, il se rend au commissariat et découvre que d'autres mystérieuses disparitions ont eu lieu ces derniers temps. Face à l'inaction de la police, il décide de mener son enquête lui-même et s'aventure dans les sous-sols de Paris. Il va découvrir qu'un groupe d'individus surnommé par leur chef "les gaspards" y a élu domicile...

MON AVIS : En 1974, Pierre Tchernia réunit une belle brochette d'acteurs et d'actrices pour interpréter les personnages de son second film, une comédie intitulée Les Gaspards, un terme argotique qui signifie "les rats" et qui désigne non pas l'animal mais les personnes qui vivent dans les sous-sols de Paris. On retrouve donc au casting des noms célèbres tels Michel Serrault, Philippe Noiret, Michel Galabru, Gérard DepardieuCharles Denner ou bien encore Chantal Goya, Roger Carel, Jean Carmet ou Annie Cordy entre autres ! Du beau monde donc, qui va donner corps et âme à cette satire fort amusante tournée au début des 70's, quand plusieurs chantiers destinés à moderniser Paris avaient débuté. On imagine le brouhaha incessant qui rythmait la vie des parisiens et le film s'amuse avec ces faits, mettant en scène un groupe d'individus ne supportant plus le bruit et vivant désormais dans les sous-sols de Paris, ayant crée un véritable microcosme autogéré ! Ils sont surnommé les "Gaspards" par leur chef interprété par Philippe Noiret, une sorte d'aristocrate dandy qui kidnappe des touristes ou des citoyens afin d'alerter le ministre des travaux sur tous les désagréments qu'il fait subir à la population ! Ce dernier est joué par Charles Denner, qui se montre des plus savoureux ici, se montrant totalement mégalo ! Le personnage principal, à savoir Michel Serrault qui interprète un vieux libraire qui subit les affres bruyants des travaux, va découvrir l'existence des Gaspards en se rendant dans les sous-sols et les catacombes de Paris afin de retrouver sa fille disparue. Si on ne rigole pas à gorge déployée, on sourit néanmoins assez souvent devant les facéties proposées et certaines répliques fort drôles. Le film se veut original et cette dualité entre modernisme bruyant et tranquillité à l'ancienne fonctionne plutôt bien la plupart du temps. Vivant dans une certaine quiétude, les Gaspards se font témoins d'un mode de vie prônant la liberté et honnêtement, les scènes se déroulant "au-dessus", avec bulldozers et camions s'affairant non-stop dans les rues, donnent vraiment envie d'aller se terrer "en-dessous", au calme parmi les bons vivants. Le film est ponctué de nombreux gags et situations assez loufoques qui nous font passer un bon moment devant notre écran mais s’essouffle un peu dans sa seconde partie. Reste un spectacle plaisant en tout cas, plein de bonne humeur et aux idées anticonformistes assez étonnantes. Une bonne petite comédie satirique 70's, bardée de personnages exubérants qui amusent fort bien la galerie !  

* Disponible en DVD dans le coffret N°3 "Le Cinéma Français, c'est de la merde !"


dimanche 24 juillet 2022

MAX ET JÉRÉMIE

 

MAX ET JÉRÉMIE
(Max et Jérémie)

Réalisateur : Claire Devers
Année : 1992
Scénario : Claire Devers, Bernard Stora
Pays : France
Genre : Policier
Interdiction : /
Avec : Christophe Lambert, Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Karin Viard...


L'HISTOIRE : Jérémie est un petit voyou un peu benêt qui rend service à la pègre locale. Désirant gravir les échelons et devenir quelqu'un d'important, il rencontre le grand patron afin qu'il lui propose une affaire sérieuse et le prenne plus en considération. Jérémie reçoit la mission de liquider un certain Max, un vieux monsieur à la retraite. Jérémie va découvrir que Max était un ancien tueur à gages et va créer une relation d'amitié avec lui...

MON AVIS : Adaptation du roman noir Les lamentations de Jérémiah de l'écrivaine Teri White, Max et Jérémie joue dans la cour du polar dit de transmission de savoir ou quand un ancien tueur décide de former un petit jeunot pour qu'il prenne sa succession. On pense à des films comme Le Flingueur de Michael Winner, Cible émouvante de Pierre Salvadori, Wanted - Choisi ton Destin de Timur Bekmambetov ou Assassin(s) de Mathieu Kassovitz entre autres. Mis en scène par la réalisatrice Claire Devers, Max et Jérémie offre un beau rôle à Christophe Lambert, qui va interpréter ce jeune minable qui veut s'en sortir quitte à plonger dans l'univers de la Mafia, mais aussi à Philippe Noiret, excellent acteur qui joue ici Max, personnage qui lui permet de changer un peu de registre. Tout différencie ses deux protagonistes (Jérémie est bordélique quand Max est d'une méticulosité à toute épreuve) mais leur rencontre va rapidement se transformer en histoire d'amitié, ce qui va contrecarrer les plans de Jérémie, qui a pour mission de tuer son nouvel ami. Si le thème du passage de flambeau est bien présent dans le film, notamment lors de la superbe séquence de l'exécution d'un mafieux au bord d'une piscine, Claire Devers ne se focalise pas non plus dessus comme on pouvait s'y attendre, préférant, comme elle le dit elle-même, s'intéresser à la relation d'amitié entre les deux personnages et à leur psychologie, tout comme elle veut casser le cliché de cette transmission de savoir en questionnant le spectateur : et si il n'y avait pas de passation de savoir, la spirale meurtrière ne s'arrêterait-elle pas ? Le duo formé par Lambert / Noiret fonctionne bien et prend une belle dimension, le vieux Max voyant dans le fougueux Jérémie l'ami qu'il n'a jamais eu, voire même le fils qu'il n'a jamais eu. Le comportement très enfantin de Jérémie, qui est naïf et un peu benêt, tout en étant tout de même assez débrouillard, vient appuyer cette notion de relation père / fils et donne tout son intérêt au film. On appréciera également la participation d'un troisième personnage principal, à savoir un commissaire bientôt à la retraite et qui veut coûte que coûte arrêter Max, qu'il poursuit depuis des années sans succès. Joué par l'acteur Jean-Pierre Marielle, qui a été proposé à la réalisatrice par Noiret lui-même, notre policier se montre assez émouvant, car sentant que le poids des années sur ses os ne lui permettront pas de continuer longtemps à œuvrer dans son métier. Le thème du temps qui passe est également un des sujets principaux de Max et Jérémie. Film d'acteurs avant tout, servi par des dialogues bien écrits, Max et Jérémie se montre des plus classiques dans sa mise en scène, Claire Devers se montrant vraiment sage dans sa réalisation, ne cherchant jamais à faire dans le démonstratif ou le sensationnel. Voilà donc un polar français correctement charpenté et interprété, avec un scénario intéressant et un duo vraiment sympathique à suivre. 

* Disponible en DVD dans le coffret N°3 "Le Cinéma Français, c'est de la merde !"

 

samedi 23 juillet 2022

SOUDAIN DANS LA NUIT

 

SOUDAIN DANS LA NUIT
(Gipeun bam gabjagi)

Réalisateur Go Yeong-nam
Année : 1981
Scénario : Yoon Sam-Yook
Pays : Corée du sud
Genre : Drame, Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Kim Young-Ae, Yoon Il-Bong, Lee Gi-Seon, Hyun Hye-Ri, Kim Geun-Hee...


L'HISTOIRE Épouse comblée d’un professeur de biologie, mère d’une charmante petite fille, Seon-hee mène une vie de parfaite femme au foyer. Un jour, son mari revient accompagné de Mi-ok, une jeune orpheline qu’il souhaite engager comme domestique. Cette séduisante fille de chamane a pour seul bagage une étrange poupée en bois censée la protéger contre le mauvais sort. Mais Seon-hee est persuadée que Mi-ok s’en sert pour faire entrer des esprits maléfiques chez elle, prêts à tout pour détruire sa famille…

MON AVIS : C'est toujours très intéressant de découvrir des films de genre d'autres pays que les USA, l'Angleterre ou l'Italie entre autres. Soudain dans la nuit nous vient de Corée du sud et a été réalisé par un prolifique metteur en scène, Go Yeong-Nam (ou Ko Young-Nam), qui a à son actif plus de 105 films depuis ses débuts derrière la caméra en 1964 ! Sacré filmographie, principalement axée dans le drame et l'action ! En 1981, il s'aventure donc dans le film de fantôme et de possession avec Gipeun bam gabjagi, rebaptisé Soudain dans la Nuit en France. Sur un scénario assez classique (un couple voit l'arrivée d'une domestique au sein de leur foyer, cette dernière a en sa possession une curieuse poupée de bois et sa présence va fragiliser l'unité du couple...), le réalisateur va instiller une atmosphère sourde et malaisante à partir de petits détails de la vie de tous les jours, un peu à la manière des récits de Stephen King par exemple. La notion même de fantastique n'interviendra principalement que vers la fin du film, avec une longue séquence assez angoissante et fort bien mise en scène, comme tout le reste du film d'ailleurs. Tous les événements qui précèdent ce final intense laissent planer un doute quant à leur nature surnaturelle ou non. Car Soudain dans la Nuit se sert avant tout de cette intrusion au sein d'un foyer et de cette curieuse poupée de bois pour dresser un très beau portrait de femme, celui de Seon-Hee, superbement interprétée par l'actrice Kim Young-Ae. Ce épouse et mère de famille, malgré son apparente quiétude au sein de son foyer, sent que le poids des années est en train de lui tomber dessus et que son physique n'est plus aussi attirant pour son mari qu'auparavant. Surtout que ce dernier est constamment en voyage pour son travail de biologiste spécialisé en papillons et qu'il aurait tout le loisir d'avoir des maîtresses, comme lui explique sa meilleure amie venue lui rendre visite. Ce sera le début d'un trouble psychiatrique qui va progressivement altérer la nature même de Seon-Hee, l'emmenant dans l'enfer de la jalousie et de la paranoïa. La situation va empirer quand son mari lui amène une jeune orpheline de 19 ans, à la plastique fort séduisante, et lui propose qu'elle soit leur bonne à tout faire. D'abord enthousiasmée d'avoir du soutien pour les tâches ménagères, l'esprit de Seon-Hee va vite transformer cette aide inattendue en ennemi désirant prendre son mari dans ses filets, et ce, à l'aide de cette drôle de poupée de bois, un cadeau que la mère de cette belle orpheline, une chamane, a fait à sa fille avant de mourir dans un incendie. Avec cette lente psychose naissante et cette paranoïa inextricable qui s'emparent de l'héroïne et dont les effets dévastateurs sont excellemment bien retranscrites à l'écran par le jeu tout en subtilité de l'actrice, le réalisateur Go Yeong-Nam va nous décrire cette dérive dans la folie avec une mise en scène très inspirée et joliment colorée, ainsi qu'avec des effets de style vraiment efficaces, comme ces visions en kaléidoscope ou ces vues floutées qui créent un certain malaise. La présence de la poupée de bois vient aussi nous faire douter tout au long du film : l'héroïne sombre-t-elle dans la jalousie maladive ou est-elle réellement sous l'influence de ce bout de bois au look inquiétant, avec cette coiffure typique des spectres asiatiques ? Il en va de même pour cette supposée relation entre le mari et la domestique : Seon-Hee invente-t-elle toutes ses images ou y'a-t-il réellement relation adultère ? Le comportement de la jeune domestique, certains regards qu'elle lance ou sourire qu'elle esquisse laissent aussi planer ce doute insidieux qui envahit tout autant l'héroïne que le spectateur, qui ne sait plus qui ou quoi croire. Tout est amené de manière élégante, intelligente, par la mise en scène, mais aussi par le choix des cadres, la position de la caméra, le jeu des couleurs et le jeu des acteurs bien sûr. Quelques événements dramatiques vont survenir et épaissir le mystère, qui restera entier malgré cette longue séquence finale qui, cette fois, joue tout à fait avec les codes du film de fantôme asiatique. Film d'une qualité certaine, picturalement splendide, Soudain dans la Nuit est un grand drame humain, un excellent thriller psychologique, une sorte de croisement entre La Servante de Kim Ki-Young, dont il reprend l'intrigue principale, avec Rosemary's Baby pour ce climat anxiogène et cette paranoïa sous-jacente. Le réalisateur nous offre également quelques clins d'oeil à des films qu'il doit aimer, on pense par exemple à Shining quand la poupée devenue vivante (pour de vrai ?) fracasse une porte derrière laquelle se cache l'héroïne à l'aide d'une arme tranchante ou à Suspiria pour le jeu des couleurs et la scène dans laquelle l'héroïne se retrouve sous la pluie mais aussi cette vision du visage de la poupée tout ensanglanté. On note aussi un érotisme assez présent même s'il reste assez soft et une violence qui prend le temps d'intervenir, attendant le grand final pour éclater au visage du public. Vraiment séduisant et intrigant, Soudain dans la Nuit pourrait se résumer à une phrase prononcée par la meilleure amie de l'héroïne : "Il n'y a rien de plus effrayant que de douter de quelqu'un !

* Disponible en DVD et en BR chez -> CARLOTTA FILMS

Superbe qualité d'images pour ce film présenté en VOSTF uniquement.
Bonus : . 
- POSSESSION (28 mn)
« Seon-hee est possédée par cette déesse qui lui montre des choses à travers un autre regard [...]. Nous sommes dans un point de vue coréen où les esprits sont là pour montrer des illusions, créer des hallucinations. » Un entretien avec Antoine Coppola, historien et professeur de cinéma à l’université Sungkyunkwan de Séoul, auteur du Dictionnaire du cinéma coréen (Éd. Nouveau Monde).




dimanche 17 juillet 2022

FX 2 - EFFETS TRÈS SPÉCIAUX

 

F/X2 - EFFETS TRÈS SPÉCIAUX
(F/X2)

Réalisateur Richard Franklin
Année : 1991
Scénario : Bill Condon
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Action, Thriller
Interdiction : /
Avec : Bryan Brown, Brian Dennehy, Rachel Ticotin, Philip Bosco, John Walsh...


L'HISTOIRE Cinq ans après sa première aventure, Rollie Tyler a quitté le monde des effets spéciaux pour devenir créateur de jouets. Lorsque l'ex-mari de sa petite amie, un inspecteur de police, le persuade de l'aider à traquer un dangereux serial killer, Rollie replonge dans l'univers de l'illusion et des faux-semblants. Mais cette nouvelle mission ne se passe pas du tout comme prévu...

MON AVIS : On prend (presque) les mêmes et on recommence ! Tel pourrait être le slogan de F/X2 - Effets très spéciaux, réalisé cinq ans après F/X - Effet de choc, et qui bénéficie encore de la présence au casting de Bryan Brown et de Brian Dennehy, qui reprennent leur personnage respectif. Niveau réalisation, Robert Mandel a passé le relais à Richard Franklin, metteur en scène déjà bien connu des fans du genre puisqu'il a œuvré sur Patrick (1978), Déviation Mortelle (1981), Psychose 2 (1983) et Link (1986). Niveau structure, on ne change pas un concept qui gagne et ce F/X2 se veut très similaire à son prédécesseur, avec une séquence introductive qui fait la part belle aux effets-spéciaux puis le recrutement du héros pour remplir une mission nécessitant ses talents (ici, un flic lui demande de l'aide pour traquer et arrêter un tueur en série qui s'en prend à de jeunes femmes), mission qui ne va pas se dérouler comme prévu et qui va mettre à nouveau notre héros dans l'embarras, puisqu'il sera pris en chasse par un tueur méthodique. Le second personnage principal, à savoir l'ex-policier Léo McCarthy, va venir lui prêter main forte et tous deux vont tenter de démêler cette histoire de corruption qui cache peut-être d'autre chose. Comme vous le voyez, on a un quasi copié-collé du premier film dans cette suite, à la différence que le duo Tyler / McCarthy va cette fois participer ensemble à l'aventure. On retrouve tout ce qui faisait le charme et l'intérêt du premier film dans F/X2, à savoir de l'humour, de l'action, des cascades et bien sûr l'utilisation d'effets-spéciaux et de gadgets de la part de notre expert en la matière, toujours joué par le sympathique Bryan Brown. La séquence dans laquelle il doit faire croire à un voyeur pervers qu'une jolie fille prend une douche est franchement ingénieuse, avec projection d'image sur un écran astucieusement placé dans la salle de bain et j'en passe. Par la suite, pour se sortir d'affaire et compromettre les responsables de la mort de l'ex-mari de sa fiancée, Rollie Tyler va utiliser de tout un tas d'astuces qui vont le faire passer pour un clone de MacGyver ! C'est aussi une petite différence avec le film original d'ailleurs, qui misait plus sur des astuces liées à l'univers du cinéma. On appréciera l'utilisation d'une poupée de clown taille réelle, qui aura toute son importance lors de la scène finale et même si la crédibilité de certaines séquences n'est pas très efficiente, on ne peut s'empêcher de sourire devant ces situations rocambolesques qui parviennent à divertir sans grande difficulté. La présence d'un jeune acteur au sein de l'histoire ne dérange pas ici et permet au film d'être un grand spectacle familial. Si vous avez aimez F/X - Effet de Choc, nul doute que vous apprécierez tout autant F/X2 - Effets très spéciaux, Richard Franklin ayant accompli un travail plus que satisfaisant sur cette suite. 

* Disponible en coffret 2 DVD ou 2 BR chez -> L'ATELIER D'IMAGES <- 
SUPPLÉMENTS EXCLUSIFS
> Entretien avec l'acteur Bryan Brown (17 min.)
> "Comme au cinéma" par Alexandre Poncet, journaliste spécialiste des effets spéciaux et réalisateur (Le Complexe de Frankenstein) (29 min.)
> Livret photos de 24 pages

SUPPLÉMENTS ADDITIONNELS
> Entretien avec le réalisateur de F/X Effet de choc, Robert Mandel (2015) (14 min.)
> Making of d'époque (14 min.)
> Bandes-annonces originales




vendredi 15 juillet 2022

F/X EFFET DE CHOC


F/X EFFET DE CHOC
(F/X)

Réalisateur : Robert Mandel
Année : 1986
Scénario : Robert T. Megginson, Gregory Fleeman
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Action, Thriller
Interdiction : /
Avec : Bryan Brown, Brian Dennehy, Diane Venora, Cliff De Young, Mason Adams...


L'HISTOIRE : Roland Tyler, spécialiste des effets-spéciaux, est approché par une section du gouvernement dédiée à la protection des civiles afin d'orchestrer le faux meurtre de Nicholas DeFranco, un mafieux qui a accepté de tout balancer à la justice et qu'il faut protéger. Roland accepte et chorégraphie la mort de DeFranco dans un restaurant bondé. Après cet exploit, son commanditaire tente de le supprimer. Roland Tyler comprend qu'il s'est fait piéger et que son employeur doit l'éliminer afin de supprimer toute preuve de la machination. Dans le même temps, l'inspecteur Leo McCarthy tente de démêler l'affaire...

MON AVIS : Je n'avais encore jamais vu ce film pourtant assez connu, réalisé par Robert Mandel en 1986, qui fût suivi d'un second film (F/X2, effets très spéciaux en 1991) et même d'une série télévisée (F/X, effets spéciaux en 1996 - 1998). C'est donc chose faite grâce à sa sortie sur support numérique chez l'éditeur L'Atelier d'Images. Et c'est une bien sympathique découverte car le film se montre divertissant, correctement mis en scène, possède un rythme assez dynamique, pas mal d'humour, un casting bien en place, des scènes d'action rondement menées et surtout, il utilise un élément qui parlera à bon nombre de spectateur fan de cinéma fantastique, à savoir le domaine des effets-spéciaux. La scène introductive est à ce niveau un véritable feu d'artifices et nous place directement dans l'ambiance. On fait connaissance avec le héros, Roland Tyler, interprété par l'acteur australien Bryan Brown, qui sera le compère de Tom Cruise dans Cocktail en 1988 ou qui jouera avec Sigourney Weaver dans Gorilles dans la Brume la même année. Dans F/X Effet de Choc, il joue donc un spécialiste des effets-spéciaux, voire même le plus prisé d'Hollywood, celui que tous les producteurs s'arrachent. Doté d'une compétence relativement élevé dans ce domaine, il va être approché par un dénommé Lipton (Cliff de Young), un membre du gouvernement qui va lui proposer un marché assez original, à savoir mettre en scène un faux assassinat ! La scène dans laquelle Lipton se rend dans l'appartement du héros est vraiment amusante, avec des tas de références à des titres de films improbables sur lesquels a travaillé notre spécialiste en F/X. On pourra même voir une affiche de L'Enfer des Zombies de Lucio Fulci accrochée au mur ! Un homme de goût assurément ! L'humour sera d'ailleurs un des éléments-clés du film, qui prendra petit à petit l'allure d'une comédie policière d'action, avec chasse à l'homme et course-poursuite en voiture plutôt bien chorégraphiée en bonus. On appréciera particulièrement la préparation du faux assassinat puisqu'on y verra les techniques pour créer des prothèses faciales en latex par exemple. Les mésaventures de Roland Tyler vont ensuite prendre une tournure assez inattendue après 45 minutes de film puisque va entrer en scène un nouveau personnage, celui de l'inspecteur Leo McCarthy, interprété par Brian Dennehy lui-même ! Oui, oui, le shérif qui fait chier Sylvester Stallone dans le premier Rambo, c'est lui ! A partir de là, FX Effet de Choc semble se scinder en deux, avec d'un côté Roland qui cherche à se venger de ses commanditaires qui l'ont trahi et de l'autre, l'enquête de l'inspecteur McCarthy. J'avoue que cette impression de voir deux films se dérouler en même temps fait un peu baisser la qualité du spectacle proposé auparavant et amoindri l'impact positif que le film avait su construire. Il aurait peut-être fallu faire se rencontrer ces deux personnages avant la séquence finale, ça aurait fait un bon Buddy movie je pense ! Reste que malgré cette petite baisse de rythme en milieu de parcours, F/X Effet de Choc remplit son contrat la plupart du temps et on passe un bon moment devant notre écran, la connotation très 80's du film de Robert Mandel lui apportant un petit plus indéniable.

* Disponible en coffret 2 DVD ou 2 BR chez -> L'ATELIER D'IMAGES <- 
SUPPLÉMENTS EXCLUSIFS
> Entretien avec l'acteur Bryan Brown (17 min.)
> "Comme au cinéma" par Alexandre Poncet, journaliste spécialiste des effets spéciaux et réalisateur (Le Complexe de Frankenstein) (29 min.)
> Livret photos de 24 pages

SUPPLÉMENTS ADDITIONNELS
> Entretien avec le réalisateur de F/X Effet de choc, Robert Mandel (2015) (14 min.)
> Making of d'époque (14 min.)
> Bandes-annonces originales




mardi 12 juillet 2022

SLUMBER PARTY MASSACRE (2021)

 

SLUMBER PARTY MASSACRE
(Slumber Party Massacre)

Réalisateur : Danishka Esterhazy
Année : 2021
Scénario : Suzanne Keilly
Pays : Afrique du Sud
Genre : Comédie, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Hannah Gonera, Frances Sholto-Douglas, Mila Rayne, Alex McGregor...


L'HISTOIRE : Un groupe de quatre amies est prise en chasse par un tueur armé d'une perceuse. Seule Trish Devereaux parvient à s'en sortir, le tueur étant laissé pour mort au fond du lac. Des années plus tard, Dana, la fille de Trish, part en week-end avec trois de ses amies, Maeve, Bearnie et Ashley, pour une pyjama-party, laissant sa mère, encore traumatisée par les événements passés, dans l'angoisse. Pendant le trajet, les filles découvrent qu'Alix, la sœur de Maeve, s'est jointe à l'expédition sans autorisation. Une panne de voiture les oblige à changer leur projet et à louer un petit chalet perdu au beau milieu des bois et jouxtant un lac. Elles vont bientôt être la proie de l'homme à la perceuse. Et si ça n'était pas du au hasard ?

MON AVIS : Sorti en 1982 et déjà mis en scène par une réalisatrice, Amy Holden Jones en l’occurrence, Slumber Party Massacre, produit en partie par Roger Corman, mettait en vedette un tueur fou armé d'une perceuse qui s'amusait à venir gâcher la soirée pyjama d'une jolie lycéenne. Fort d'un honnête succès d'estime, deux suites virent le jour, en 1987 et en 1990. Trente-neuf ans après le film original, la réalisatrice Danishka Esterhazy décide de lui rendre hommage en réalisant Slumber Party Massacre, version 2021 donc ! Au programme, on a toujours une soirée pyjama qui va tourner au drame, on a toujours un casting féminin assez charmant, on a toujours un tueur fou au regard pervers, on a toujours une perceuse avec un foret qui fait au moins un mètre de long (!!), on a toujours des effets gores bien sympathiques et on a toujours quelques touches d'humour parodique à se mettre sous la dent. On retrouve aussi ce côté "girl power" qui était déjà présent dans le film de 1982, mais poussé ici à son paroxysme, lors d'une révélation inattendue et qui donne tout son intérêt au film de 2021. Après une très bonne séquence introductive, dans laquelle le tueur Russ Thorn (Rob van Vuuren) s'en donne à cœur joie avec son instrument phallique meurtrier, l'action du film fait un bond dans le futur et l'histoire qui va suivre se déroulera "de nos jours". Slasher oblige, on retrouve de jeunes adolescentes qui s'aventurent en territoire isolé pour passer un week-end d'éclate à la sauce pyjama-party donc. Parmi ces demoiselles, il y a Dana (Hannah Gonéra), fille de la seule survivante du massacre vu dans la scène d'introduction. On se dit que, bien sûr, elle va revivre le calvaire de sa mère en étant pourchassée par le même maniaque, qui avait été laissé pour mort dans la scène d'intro mais on ne nous la fait pas à nous, les fans du genre ! Bah oui, on s'en doute que Russ Thorn est toujours en vie et qu'il va encore venir semer la zizanie au sein de la soirée-pyjama ! Sinon, le titre du film ne voudrait rien dire, je dis ça en passant. Bingo en tout cas ! Le tueur à la llloonngguueee perceuse est de retour et il a bien envie de perforer toutes ces belles adolescentes. Sauf que. Sauf que quoi ? Bah sauf que la scénariste Suzanne Keilly (encore une femme), elle a de l'imagination à revendre et qu'elle nous a concocté un petit twist de milieu de parcours bien senti et qui va chambouler toutes nos prévisions. Je n'en dirais pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir quand vous regarder le film. Rassurez-vous tout de même hein, il va y avoir du meurtre à l'appel, pas de souci à ce niveau là, avec des effets de maquillage gore plutôt réussis. Outre le twist, ce qui est aussi très sympa dans cette nouvelle version de Slumber Party Massacre, c'est l'aspect parodique, qui prend à revers les codes du slasher, en inversant ce qu'on attend généralement des filles et des garçons dans ce genre très apprécié du cinéma d'horreur. Dans le film de Danishka Esterhazy, qui possède un côté très féministe comme déjà dit, ne vous attendez pas à voir des nanas à poil sous la douche par exemple. Non, ici, c'est les garçons d'un autre chalet qui vont se dévêtir, faire une bataille d'oreiller torse nu, prendre une douche avec la caméra qui fera un gros plan sur les fesses de l'acteur et j'en passe. La dévirilisation est bien mis en scène et provoque souvent de nombreux sourires chez le spectateur. Honnêtement, je ne m'attendais pas à grand chose avec ce nouveau Slumber Party Massacre mais au final, c'est fun, généreux, pas prise de tête, le sous-texte féministe est bien intégré, le tueur fou possède une gueule pas possible, les allusions sexuelles liées à la perceuse sont bien marrantes (autant visuellement que dans les dialogues d'ailleurs), le rythme est dynamique et très clairement, ça fait le job niveau film pop-corn du samedi soir. On a même un petit clin d'oeil au Slumber Party Massacre 2 de 1987 avec l'utilisation d'une guitare électrique à la forme originale, quasiment la même que celle qui servait de perceuse au tueur de ce second opus. Pas le slasher du siècle, certes, mais niveau divertissement, le contrat est réussi !

* Disponible en DVD et BR chez -> RIMINI EDITIONS <-



    

lundi 4 juillet 2022

LA MAISON ENSORCELÉE

LA MAISON ENSORCELÉE
(Curse of the Crimson Altar)


Réalisateur Vernon Sewell
Année : 1968
Scénario Mervyn Haisman, Henry Lincoln
Pays : Angleterre
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec :  Christopher Lee, Boris Karloff, Barbara Steele, Mark Eden, Michael Gough...


L'HISTOIRE : Robert Manning, antiquaire, part à la recherche de son frère Peter, qui ne donne plus de nouvelles depuis qu'il s'est rendu au manoir des Morley pour affaire. Sur place, il fait connaissance avec la jolie Eve Morley ainsi qu'avec le propriétaire du manoir, qui lui certifie ne pas connaître de Peter Manning. Morley propose à Robert de rester quelques jours au manoir le temps de ses recherches, ce qui donne satisfaction à Eve. Il lui présente également le professeur John Marsh, un expert en sciences occultes, qui s'intéresse à cette famille. Il faut dire que parmi les ascendants des Morley se trouve une certaine Lavinia, qui a été accusé de sorcellerie en 1650 et brûlée sur le bûcher. Durant la nuit, Robert est en proie à de violents cauchemars, qui le plonge au sein d'une messe noire que préside Lavinia...

MON AVIS : Whouah, quel casting à l'affiche de cette adaptation libre et non officieuse de la nouvelle La Maison de la Sorcière de H.P. Lovecraft, réalisé en 1968 par Vernon Sewell. On a quand même Christopher Lee, Boris Karloff, Barbara Steele et Michael Gough, rien que ça, qui sont accompagnés par Mark Eden et Virginia Wetherell. Alors calmons un peu les ardeurs en spécifiant que Barbara Steele ne croisera ni Lee, ni Karloff dans le film, contrairement à ces deux acteurs prestigieux qui, eux, vont avoir plusieurs scènes ensemble. Pas très grave en fait, car les séquences dans lesquelles est présente Barbara sont réellement hallucinantes et assurent le spectacle, avec des couleurs flashy à la Mario Bava, une ambiance onirico-érotico-fantasmagorique de premier ordre, avec messe noire, pacte avec le Mal, bourreau fringué façon S-M, un peu d'érotisme et un maquillage et un costume proprement incroyable pour notre Barbara, qui brille de mille feux ! On connait tous le look qu'elle arbore dans ce film, toute peinturlurée en bleu,look qui pourrait prêter à rire mais en fait, ça passe carrément bien et ça donne un aspect assez incroyable au film. On se demande d'ailleurs si les scènes avec Barbara, qui interprète donc la sorcière Lavinia Morley, sont réelles ou si elles se déroulent dans un autre monde, une autre dimension, cette dernière étant censée avoir été brûlée en 1650. De plus, le héros, Robert Manning, interprété par Mark Eden, se retrouve en présence de la sorcière lorsqu'il est endormi, ce qui nous laisse à penser que tout se passe dans ses cauchemars. Des cauchemars liés au passif de ce grand manoir et à la famille Morley elle-même. Dans la nouvelle de Lovecraft, c'est un étudiant en mathématique qui va être la proie de cauchemars récurrents le mettant en présence d'une sorcière. Dans La Maison Ensorcelée, c'est un antiquaire, fraîchement débarqué dans le manoir des Morley à la recherche de son frère, qui serait lui aussi venu dans cette immense demeure. La majeure partie de l'histoire se focalise sur cette enquête menée par le héros, enquête qui va s'avérer étrange et curieuse, tant il comprend que des choses bizarres se déroulent ici. La présence et surtout l'attitude du propriétaire du manoir, joué par Christopher Lee, nous questionne, nous intrigue. Cet homme dit-il la vérité ou cache-t-il quelques secrets inavouables ? Il en va de même pour les autres protagonistes du récit : le professeur Marsh (Boris Karloff, très malade et fatigué, qui ne se déplace qu'en fauteuil roulant mais qui en impose tout de même niveau charisme), de par ses connaissances en occultisme, a-t-il quelque chose à voir dans la disparition du frère du héros ou dans les cauchemars de ce dernier ? Le curieux majordome, joué par Michael Gough, est-il de mèche avec ses maîtres ou essaye-t-il vraiment d'alerter le héros sur les dangers qui pèsent sur lui ? La jolie Eve (Virginia Wetherell) n'en fait-elle pas un peu trop pour s'attirer les faveurs du héros alors qu'elle ne le connaît que depuis peu ? Autant de questions qui viennent happer le spectateur, curieux de comprendre ce qui se trame ici. Certes, l'enquête elle-même peut paraître très classique, un brin répétitive, sans réelle surprise ni gros rebondissements, si ce n'est la découverte de passages secrets dans le manoir ou la révélation finale. Pour autant, je ne me suis pas ennuyé et même si je reconnais que La Maison Ensorcelée ne peut être considéré comme une référence du genre, le film contient suffisamment d'atouts pour maintenir notre intérêt et faire qu'on se prend au jeu si on met son exigence de côté. Produit par la Tigon, firme anglaise concurrente de la Hammer, La Maison Ensorcelée fait preuve d'une certaine modernité vis à vis d'autres films de cette époque en ce qui concerne l'épouvante gothique : on a un peu d'érotisme, on a une fête très 60's, avec fumette et alcool au menu, et les séquences de sabbats avec Barbara Steele prennent une forme visuelle digne d'un trip au LSD. On note aussi un humour assez présent, le summum étant un dialogue entre Eve et Robert, cette dernière déclamant que le manoir ressemble aux vieux châteaux des films d'épouvante quand Robert lui répond "oui, on s'attend à voir surgir Boris Karloff !" Amusant non ? 

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ESC EDITIONS <- 
- Film en VF et VOSTF (très belle copie HD)
- Présentation du film par Nicolas Stanzick
- Livret 20 pages


  
 

dimanche 3 juillet 2022

SUCEURS DE SANG

 

SUCEURS DE SANG
(Incense for the Damned)


Réalisateur : Robert Hartford-Davis
Année : 1971
Scénariste : Julian More
Pays : Angleterre
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Patrick Macnee, Peter Cushing, Alexander Davion, Patrick Mower, Imogen Hassall...


L'HISTOIRE : Tony Seymour doit retrouver Richard Foutain, un brillant élève d'université parti en Grèce faire des recherches et qui semble être dans le pétrin car potentiellement lié à une affaire de meurtre. Il est accompagné par le meilleur ami de Richard, Bob Kirby, ainsi que par Pénélope, la future épouse du disparu. Sur place, le petit groupe découvre que Richard s'est entiché d'une jolie jeune femme, Chriseis, qui semble l'avoir totalement envoûté. Aidés par un attaché diplomatique anglais, Tony et ses compagnons vont aller de découverte en découverte au sujet de Richard et de la ténébreuse Chriseis...

MON AVIS : Au début des années 70, le cinéma d'épouvante gothique s'est pris un coup de vieux avec la sortie en 1968 de La Nuit des Morts Vivants et de Rosemary's Baby, deux films qui, faisant suite à Psychose et Les Yeux sans Visage, ont modernisé ce type de cinéma et l'ont ancré dans une réalité plus proche du spectateur, délaissant les vieux châteaux ou les laboratoires de savants fous ainsi que le bestiaire classique (vampire, loup-garou, monstre de Frankenstein) pour s'introduire dans la vie de tous les jours et dans des décors contemporains, afin d'avoir un impact encore plus grand au niveau de la terreur suscitée chez le public. Des studios comme la Hammer en Angleterre ont tenté cette modernisation avec des titres comme Dracula 73 par exemple, ce dernier faisant intervenir le comte Dracula au XXème siècle, au début des années 70 donc, comme le stipule le titre du film ! En 1971, un petit film assez méconnu de Robert Hartford-Davis allait lui aussi tenter de moderniser le mythe du vampire. Renié depuis par son réalisateur, qui a exigé d'apparaître sous le pseudo de Michael Burrowes au générique, Suceurs de Sang risque de surprendre et de désappointer le spectateur s'attendant à un film de vampire traditionnel. Le film était sorti en VHS en France dans la collection culte Fantastic Vidéo. Il a également été diffusé en salle en Province en juillet 1972 mais reste inédit sur Paris. Au casting, on retrouve quelques noms bien connus, comme ceux de Peter Cushing et Patrick McNee entre autres. Le premier, qu'on ne présente plus, n'a ici qu'un rôle assez anecdotique et on ne le voit qu'au début et à la fin du film. Le second, le fameux John Steed de la série Chapeau Melon et Bottes de Cuir évidemment, a un rôle nettement plus étoffé et sera présent durant la majeure partie de l'histoire. Il partage l'affiche avec Alexander Davion, qui joue Tony Seymour, ainsi qu'avec l'acteur noir Johnny Sekka (qui interprète Bob Kirby), l'actrice Madeleine Hinde (Pénélope), Patrick Mower (Richard Foutain) et la sexy Imogen Hassall (Chriseis). Tout ce petit monde va se retrouver dans une drôle d'aventure, à base de culte religieux, d'orgies sexuelles et de... vampires ! Mais des vampires modernes donc, qui n'ont pas de dents pointues, ne craignent ni les gousses d'ail ni les crucifix et peuvent flâner en plein soleil sans risquer de se désintégrer. Et c'est là qu'est l'originalité du film. Car nous n'avons pas affaire à des vampires en tant que tel mais plus à des humains pour qui la vampirisme s'apparente à une déviance sexuelle, au même titre que le sadomasochisme par exemple. Jouir, atteindre l'orgasme en se délectant du sang de son compagnon tel que le ferait un vampire, voici la modernité du propos de Suceurs de Sang, qui est l'adaptation du roman de Simon Raven, Doctors Wear Scarlet. Le personnage ambigu de Chriseis ne cessera de nous questionner : gourou féminine d'une secte sexuelle vampirique ou vraie vampire ? La première solution me semble la plus plausible. Ce qui est original également dans le film de Hartford-Davis, c'est que l'action se situe en Grèce, ce qui donne au film un petit cachet dépaysant et inquiétant pas déplaisant. Par certains aspects, le film préfigure avec deux ans d'avance le Wicker Man de Robin Hardy, puisqu'on a un groupe d'individus se retrouvant sur une île dont certains habitants pratiquent des rites païens assez obscurs, certes pas à un niveau aussi poussé que les adorateurs du Dieu d'osier du film précité mais on ne peut s'empêcher d'y voir une petite corrélation. Autre aspect intéressant, L'aspect sexuel déjà cité, qui est omniprésent puisqu'ici, on parle clairement d'utiliser le vampirisme comme dérive sexuelle permettant de vaincre l'impuissance masculine ou la non-jouissance féminine. Richard Foutain est en effet impuissant, on l'apprend de la bouche de son meilleur ami lui-même, qui n'hésite pas à dévoiler à Tony Seymour que Richard n'a jamais consommé sa relation avec Pénélope suite à ses problèmes d'impuissance. Visuellement, on a une longue séquence d'orgie vers le début du film, dans laquelle l'érotisme n'est pas que suggéré, avec des visions de femmes entièrement nues, s'adonnant à l'amour libre comme chez les hippies. Une séquence qui se termine par un meurtre, ce qui augmente le côté "secte" ou "rituel" de l'orgie. Imogen Hassall ne se fait pas prier pour se dévêtir et ce, pour notre plus grand plaisir de cinéphile déviant. Reste que malgré ses atouts, Suceurs de Sang ne convainc pas totalement. Le fait que l'aspect vampirique soit réduit au minimum et vu comme une perversion sexuelle est original certes, mais déstabilisant et, au final, un peu décevant tout de même. L'action et les rebondissements sont de facture très classique et manque d'envergure, l'ensemble provoquant un ennui poli. On appréciera par contre la séquence finale se déroulant sur les toits de l'académie, avec Richard vêtu de la tenue traditionnelle d'universitaire, ce qui lui donne un côté "Dracula", poursuivit par Tony. Une scène qui nous fait penser au final de certains film de vampires avec Christopher Lee entre autres. La dernière image est encore plus jubilatoire car cette fois, elle rattache clairement le film au récit traditionnel de vampires. Cette tentative de modernisation du film de vampire navigue donc entre qualités et défauts, ces derniers prenant parfois le dessus malheureusement. Mais on saluera l'effort du réalisateur et du scénariste d'avoir adapter ce roman pour livrer une oeuvre atypique dans le cinéma anglais de l'époque, qui sort assurément des sentiers battus en tout cas. A découvrir de toute façon !

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ESC EDITIONS <-   
- Film proposé en VF et VOSTF.
- Présentation du film par Nicolas Stanzick
- Livret 20 pages