Légende pour la notation des films

Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




jeudi 30 août 2018

BLIND WOMAN'S CURSE

BLIND WOMAN'S CURSE
(Hîchirimen bâkuto - Nôbarydu takahadâ)

Réalisateur : Teruo Ishii
Année : 1970
Scénariste : Teruo Ishii, Chûsei Sone
Pays : Japon
Genre : Action, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Meiko Kaji, Hoki Tokuda, Makoto Satô, Hideo Sunazuka, Shirô Ôtsuji...


L'HISTOIRE : Pour venger son père du clan Tachibana, Akemi devient chef de gang et va affronter la bande rivale responsable du décès de son paternel. Durant cette rixe meurtrière, Akemi donne involontairement un coup de sabre à une jeune femme qui devient aveugle, un chat noir venant lécher la blessure de cette dernière. Pour Akemi, ceci est le symbôle d'une malédiction qui vient de s'abattre sur elle. Arrêtée, Akemi est placée en prison et rejoint son clan trois ans plus tard. Elle ne désire plus vivre dans la violence et tente d'être une chef de gang qui prône l'apaisement. Mais un gang local, dirigé par Dobashi, ne l'entend pas de cette manière. Dans le même temps, Aiko Gouda, une femme aveugle, vient proposer ses services à Dobashi pour l'aider à anéantir les efforts d'Akemi...

MON AVIS : Le réalisateur japonais Teruo Ishii est principalement connu pour sa célèbre série des "Joy of Torture", parmi laquelle on trouve des titres cultes comme L'Enfer des Tortures, Vierges pour le Shogun ou Orgies Sadiques de l'ère Edo par exemple. Spécialisé dans ce qu'on appelle l'ero-guro, à savoir le film érotique grotesque, il va livrer en 1969 l'étonnant Horrors of Malformed Men. En 1970, il réalise ce Blind Woman's Curse, dans lequel il mélange le film de sabre, le film de yakuza, le grotesque, le tout saupoudré d'une toute petite pincée de fantastique, pour un résultat assez déconcertant. La séquence d'introduction met tout de suite dans le ton : au ralenti, on assiste au combat entre deux clans rivaux, l'un d'entre-eux étant mené par la belle Meiko Kaji, future star des sagas Lady Snowblood, Stray Cat Rock ou La Femme Scorpion entre autres. Joliment chorégraphié, cet affrontement va être le déclencheur d'un incident qui donne au film son titre : Akemi (Meiko Kaji) rend aveugle une fille qui tentait de s'interposer et qui se prend un coup de sabre qui ne lui était pas destiné au niveau des yeux. Un petit chat noir vient lécher le sang qui s'écoule, ce qui trouble le personnage interprétée par Meiko Kaji. En effet, c'est un très mauvais présage, qui annonce une malédiction. Personnellement, je m'attendais pour la suite du film à une réelle bifurcation dans le registre du fantastique pur. Honnêtement, Blind Woman's Curse n'est en rien de ce registre car la suite de l'intrigue reste tout à fait terre à terre. Pas de spectres, pas de fantômes revanchards à se mettre sous la dent mais une histoire de clan yakuza au temps médiéval, avec traître, combat de sabre, assassinats et quelques belles gerbes de sang rouge écarlate. Meiko Kaji partage l'affiche avec deux autres actrices, l'une interprétant la belle Chie Mitsui (Yôko Takagi), fille de l'oncle d'Akemi qui tombera amoureuse d'un beau chevalier servant qui rejoindra son clan (Makoto Sato), l'autre la sabreuse aveugle venu chercher vengeance (Hoki Tokuda) et proposant ses services à un chef de gang (Tôru Abe) qui désire créer la discorde entre deux clans rivaux pour en tirer partie. Ce dernier est particulièrement antipathique, se livrant à la prostitution et aux trafic de femmes, souvent pour son propre plaisir pervers. Si l'intrigue principale reste très ancrée dans le réalisme, les personnages secondaires et certaines situations ou comportements versent ouvertement dans le grotesque si cher à Teruo Ishii, donnant au film une connotation des plus étranges et effectivement, à la limite du fantastique. Le protagoniste le plus emblématique de cette recherche du grotesque reste sans conteste Ushimatsu, l'associé de la sabreuse aveugle. Bossu, sautant comme un chat à des hauteurs inaccessibles, empailleur  et découpeur de tatouage, ce drôle de numéro est interprété par l'artiste de théâtre Tatsumi Hijikata, l'inventeur de la danse Butoh. Possédant une troupe spécialisée dans le grotesque, il avait déjà fait sensation avec cette dernière dans Horrors of Malformed Men justement. Il récidive donc dans Blind Woman's Curse et apporte une réelle touche d'étrangeté au film. On pourra également citer l'un des yakuzas d'Akemi, au faciès déconcertant et au mimique risible. Cette dualité entre film de sabre classique et personnages ou situations grotesques déconcerteront assurément un public ne sachant pas trop à quoi s'attendre avec ce film. Toujours est-il que les fans de Meiko Kaji apprécieront de voir leur égérie dans son premier grand rôle, même si elle disparaît parfois durant de longues minutes avant de réapparaître à l'écran. La séquence finale est quant à elle sublime, revenant à la tradition de l'affrontement en duel, le tout filmé sous une peinture de ciel orageux du plus bel effet. Assez atypique dans sa réalisation et dans ce qu'il nous propose, Blind Woman's Curse possède pas mal de petits défauts mais ces derniers font aussi partie de son charme et ils sont souvent contrecarrés par de jolies trouvailles visuelles et quelques effets gores qui rendent le spectacle attachant dans son ensemble. Une curiosité.

* Disponible en combo DVD + BR chez BACH FILMS 



lundi 27 août 2018

EN EAUX TROUBLES

EN EAUX TROUBLES
(The Meg)

Réalisateur : Jon Turteltaub
Année : 2018
Scénariste : Dean Georgaris, Jon Hoeber, Erich Hoeber
Pays : Etats-Unis, Chine
Genre : Action, Aventure
Interdiction : /
Avec : Jason Statham, Bingbing Li, Rainn Wilson, Cliff Curtis, Ruby Rose...


L'HISTOIRE : Au cœur de l’océan Pacifique, le sous-marin d’une équipe de chercheurs a été attaqué par une créature gigantesque qu’on croyait disparue : le Megalodon, un requin préhistorique de 23 mètres de long. Le sauveteur-plongeur Jonas Taylor doit risquer sa vie pour sauver les hommes et les femmes prisonniers de l'embarcation et affronter le prédateur le plus terrible de tous les temps...

MON AVIS : Ah, un nouveau shark movie bénéficiant d'un budget plus que conséquent et qui va en plus sortir au cinéma en Imax 3D ! Voilà qui avait de quoi m'intéresser au plus haut point, étant friand de ce genre de spectacle mettant en vedette l'un des plus beau prédateur de la planète. Quant en plus, le squale présenté ici est un Megalodon, que demander de plus ? Un scénario béton digne d'une tragédie de Shakespeare ? Des acteurs méritant un Oscar pour leur prestation ? Des dialogues ciselés à la perfection ? C'est apparemment ce qu'aurait voulu certains spectateurs quand on lit les critiques négatives du film sur les forums ou autre conversation Facebookienne qui relève de la Quatrième Dimension. J'en ai absolument rien à battre de toutes ces conneries. Moi, ce que je veux quand je vais voir un film avec un requin plus que géant, c'est avant tout un divertissement cinq étoiles, des effets-spéciaux qui en jettent, de l'action, des séquences d'attaques dantesques, des scènes sous-marines et d'autres au bord de la plage avec plein de monde dans l'eau, un refus de tout rendre crédible et de se laisser aller au grand n'importe quoi, un héros badass, de l'humour et un petit peu de violence. Si je veux voir un film de requin "sérieux", je me regarde pour la trentième fois Les Dents de la Mer. En Eaux Troubles en est l'antithèse total et c'est tant mieux. Le film de Jon Turteltaub est en effet plus à rapprocher du Peur Bleue de Renny Harlin que du classique de Steven Spielberg. Et encore une fois, tant mieux. Du grand spectacle, En Eaux Troubles en a à revendre et possède absolument tous les ingrédients que j'ai cité juste avant. On jubile du début à la fin, et la première partie du film, situé dans la base sous-marine, est franchement excellente, même s'il n'y a pas le moindre Megalodon à l'horizon. Par contre, on a droit à des images sublimes des profondeurs et cette mission d'exploration des grands fonds est des plus séduisantes, surtout en 3D. Les personnages sont évidemment caricaturaux mais si y'en a qui n'ont toujours pas compris que c'est fait exprès et qui prenne ça au sérieux, je ne peux rien pour eux. Jason Statham fait du Jason Statham, c'est pour ça qu'on l'a embauché non ? Je trouve cet acteur charismatique, il ne se prend pas la tête et assure vraiment bien dans ce film, se la jouant héros (quasi) sans peur, qui n'hésitera pas à plonger en sachant qu'il y a un requin géant (mais vraiment géant hein !) sous l'eau. Honnêtement, personne n'irait plonger dans pareille situation, on se pisserait tous dessus et voilà. Bah pas Jason Statham ! Lui, il y va affronter le Megalodon ! Alors oui, les ronchons (ils sont malheureusement de plus en plus nombreux, ne prenant de plaisir à rien, analysant tout sur tout, oubliant le plaisir du simple spectateur pour mieux venir cracher leur fiel et se faire passer pour des supers cinéphiles de la mort qui tue qui ne peuvent prendre de plaisir à ce genre de spectacle décérébré) trouveront à redire et notamment que le personnage joué par Statham est très éloigné du héros du roman de Steve Alten qui a servi de base au scénario du film. C'est vrai qu'on ne s'en serait pas du tout douté hein. Jason Statham les gars. Tout est dit. On est dans un pur pop-corn movie sans autre prétention que celle de DIVERTIR. Et quand monsieur Megalodon fait son apparition, du divertissement, il y en. A foison. Ses attaques sont tellement puissantes que le son de la salle Imax en fait trembler les fauteuils ! Le caison de basse a du prendre très cher ! Le réalisateur prend le temps avant de nous dévoiler entièrement sa monstrueuse créature dotée d'un superbe aileron mais quand il le laisse se faire admirer des spectateurs, c'est pour y aller à fond la caisse. Et de sentir mon sourire grimper jusqu'aux oreilles, comme un gosse devant un nouveau jouet. La scène de la plage avec tous ces baigneurs et leurs bouées est juste titanesque et procure un sentiment de jubilation assez incroyable. Oui, je sais, y'a rien de vraiment crédible là-dedans. Mais je m'en fout totalement. Je prend un maxi plaisir à suivre ces aventures océaniques mouvementées et j'en redemande encore ! Le réalisateur a du m'entendre car il nous réserve une grosse surprise à laquelle on s'attendait, certes, mais qui nous procure à nouveau un immense bonheur de cinéphile amoureux de ces bandes déjantées qui ne se refusent rien. Ok, cette bande a coûté un max de thunes mais elle se voit à l'écran, c'est le moins que l'on puisse dire. Action tout azimut, effets spéciaux qui font le job et bien plus, vision de la jolie Bingbing Li, aventure, humour, tout est parfaitement dosé dans En eaux Troubles, qui est le parfait blockbuster estival à voir durant la canicule dans une salle bien fraîche. Un roller-coaster énergique et ultra jouissif.



samedi 25 août 2018

GHOSTLAND

GHOSTLAND
(Ghostland)

Réalisateur : Pascal Laugier
Année : 2018
Scénariste : Pascal Laugier
Pays : France, Canada
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Crystal Reed, Emilia Jones, Mylène Farmer, Anastasia Phillips, Rob Archer, Kevon Power...


L'HISTOIRE : Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles, Beth et Vera, héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque. Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des événements étranges vont alors commencer à se produire…

MON AVIS : Réalisateur hautement talentueux mais peu prolifique, Pascal Laugier, auteur de Saint Ange (2004), Martyrs (2008) et The Secret (2012), faisait son grand retour six ans après son dernier film avec Ghostland, qui était l'une de mes plus grosses attentes cinématographiques. Avec la surprise de découvrir que Mylène Farmer était l'une des actrices principales, je pensais que Ghostland allait s'éloigner du tétanisant Martyrs, LA référence absolue du cinéma d'horreur français en ce qui me concerne, voir même du cinéma d'horreur tout court avec Massacre à la Tronçonneuse, et nous offrir un film beaucoup plus fantastique qu'horrifique, qui allait lorgner vers le cinéma de Del Toro ou Neil Jordan par exemple. J'avais tout faux. Certes, Ghostland peut se voir comme un conte de fée pour adultes, avec des allusions à Hansel et Gretel, à l'ogre qui terrorisent les petites filles et à la méchante sorcière qui utilisent des bonbons pour les attirer dans ses filets. Mais ce conte de fée va virer dans un cauchemar total et dans une horreur réaliste, crue, imparable et qui laisse des marques. Honnêtement, Ghostland soutient largement la comparaison avec Martyrs en terme de violence psychologique et physique, même s'il se montre beaucoup moins gore. On souffre avec les personnages et on en ressort lessivé, touché, marqué. Une vraie performance, une vraie réussite qui ne laissera personne indifférent. Le succès du film, outre son ambiance anxiogène et malaisante, provient tout autant de la mise en scène parfaite de Laugier, de la puissance de ses images, de ses décors, de ses détails, de ses placements de caméra que du scénario et surtout de son casting. Tout comme Mylène Jampanoï et Morjana Alaoui se révélaient absolument divines dans Martyrs, Crystal Reed, Emilia Jones, Mylène Farmer et Anastasia Phillips sont d'une justesse parfaite et portent le film sur leur épaule. On imagine que le tournage n'a pas du être de tout repos pour les actrices, qui ont puisé dans leur force et leur réserve pour livrer un rôle de composition remarquable et remarqué. Des rôles physiques, exténuant sûrement, et mentalement très dur. Pascal Laugier adore les actrices, aucun de ses films ne met en vedette un acteur masculin. Mais dieu qu'il les fait souffrir ! Et dans Ghostland, elles prennent encore très cher. Mais cette violence n'est jamais gratuite et sert un scénario bien huilé, avec, comme dans The Secret, un twist qui intervient en milieu de film et qui permet au réalisateur de s'aventurer dans une dimension encore plus cauchemardesque, et ce, afin de clouer le spectateur à son fauteuil et de le déstabiliser émotionnellement. En utilisant de manière très originale la thématique de la poupée mais aussi du passage de l'enfance à l'âge adulte, Ghostland réserve son lot de surprises, joue avec les jump-scares avec efficacité mais surtout, ne s'offre aucune retenue et va au bout de son sujet, quitte à y perdre des spectateurs qui ne supporteront pas la violence malsaine et rentre-dedans qui nous est proposée. Visuellement magnifique, Ghostland n'est donc pas une promenade de tout repos. On est constamment malmené et la noirceur, mais aussi la mélancolie qui se dégage du film, nous touche profondément. Et que dire des deux psychopathes qui nous rappellent les personnages les plus noires des contes ? Incarnation du Mal absolu, "la femme aux bonbons" et le "Fat Man" devraient longtemps hanter votre esprit. Rêve ou cauchemar éveillé, Ghostland marque des points à tous les niveaux et s'impose d'emblée comme l'un des fleurons du cinéma d'horreur. Décidément, Pascal Laugier est un sacré réalisateur et son univers n'a pas fini de nous terroriser ou de nous hanter. Récompensé par le Grand Prix, le prix du Public et le prix SyFy lors du 25ème festival international du film fantastique de Gérardmer. Et ce n'est que justice. 

vendredi 24 août 2018

MANSON FAMILY VACATION

MANSON FAMILY VACATION
(Manson Family Vacation)

Réalisateur : J. Davis
Année : 2015
Scénariste : J. Davis
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Interdiction : /
Avec : Jay Duplass, Linas Phillips, Leonora Pitts, Tobin Bell, Davie-Blue...


L'HISTOIRE : Nick a tout pour être heureux : une belle maison, un travail d'avocat, une femme et un petit garçon qui l'aiment. Son frère Conrad n'a pas cette chance. Lorsque ce dernier décide de venir passer un week-end chez eux, Nick est loin de se douter de ce qui l'attend. N'ayant pas vu son frère adoptif depuis des années, il découvre que Conrad s'est pris de passion pour Charles Manson et que sa visite à Los Angeles a pour but d'aller visiter tous les lieux qui ont un rapport avec la Famille Manson. Les retrouvailles vont être assez tendues entre les deux frères...

MON AVIS : Film indépendant financé grâce à une campagne de crowdfunding qui a récolté 40,607$, Manson Family Vacation n'est ni un film d'horreur, ni un thriller. C'est un drame à l'humour léger, centré totalement sur la relation entre deux frères, l'un étant ce qu'on peut appeler "le mouton noir" de la famille. Ce paria, c'est bien sûr Conrad. Vagabond, artiste peintre raté, il a été adopté par les parents de son frère Nick et, en tant que "pièce rapportée", il n'a jamais été le principal intérêt de son père de substitution. D'où son absence lors de l'enterrement de ce dernier, ce que lui reproche Nick. Mais celui-ci reconnaîtra également à la fin du film ne pas avoir donné tout son amour à son frère adoptif, le mettant lui aussi de côté. Cette existence fragile, ce sentiment d'être mis à part, a façonné le caractère de Conrad, en éternel manque de reconnaissance, d'affection. Des manques qu'il a comblé en se focalisant sur les pensées de Charles Manson, qu'il s'est mis à vénérer après avoir lu "Helter Skelter". Emprisonné depuis 1969, Manson reçoit plus de 60000 lettres par an et il est devenu un élément récurrent de la "pop culture", qu'on le veuille ou non. Une lettre, Conrad en a écrit une à celui qu'il appelle "Charlie". Et ce dernier lui a répondu. Et a su trouver les mots que sa véritable famille n'a jamais su lui dire. La venue de Conrad chez Nick est préméditée. Certes, il désire voir son frère mais sa principale préoccupation est de faire un voyage initiatique en visitant les divers endroits où Manson a sévit. Il parvient à entraîner Nick dans cet étrange périple, qui met parfois mal à l'aise le spectateur. Visite de la maison de Leno et Rosemary LaBianca, vision du portail de l'ancienne maison de Sharon Tate, le road-trip de Conrad, portant fièrement un tee-shirt de Manson pour se prendre en selfie dans les divers endroits visités, prend des allures macabres qui ne plaisent guère à Nick, qui ne parvient pas à comprendre l'attirance morbide de son frère pour le gourou de la Famille. Bien sûr, ce voyage peu ragoutant permet au réalisateur de se focaliser sur la relation entre les deux frères. Ces derniers sont interprétés avec brio par Jay Duplass (Nick) et Linas Phillips (Conrad), qui donnent une réelle épaisseur à leur personnage et rendent très crédible cette relation fraternelle compliquée. L'affiche du film ci-dessus représente parfaitement bien cette relation et surtout le fossé qui sépare les deux frères. Et c'est bien Charles Manson qui va les rapprocher, les réunifier. Si on peut trouver ce concept un peu "puant", il n'en reste que Manson Family Vacation s'avère un petit film indépendant plutôt intéressant, bien mis en scène, bien interprété et qui réserve un twist final qu'on peut deviner mais qui participe pleinement à la réussite du film. Tobin "Jigsaw" Bell apporte son charisme lors de la dernière partie du film et lui permet d'avoir un acteur bien connu du public au casting, ce qui est toujours un plus pour se faire connaître. Bref, une bonne surprise et une utilisation assez originale de la mythologie Manson, qui refuse de jouer la carte de l'horreur ou de la surenchère à laquelle le cinéma l'a bien souvent trop cantonné.

* Disponible sur NETFLIX


dimanche 19 août 2018

THE NEST OF THE CUCKOO BIRDS

THE NEST OF THE CUCKOO BIRDS
(The Nest of the Cuckoo Birds)

Réalisateur : Bert Williams
Année : 1965
Scénariste : Bert Williams
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Interdiction :-12 ans
Avec : Bert Williams, Ann Long, Chuck Frankle, Jackie Scelza, Sherry Saxe...


L'HISTOIRE : Le détective Johnson parvient à s'infiltrer parmi les membres d'un réseau de contrebande de whisky qui agit dans les Everglades. Lorsque sa couverture tombe et qu'il est découvert, il tente de s'échapper à travers les marécages, échappant de justesse à ses poursuivants ainsi qu'aux attaques d'alligators. Après un long périple à la nage, il échoue sur une terre hostile et manque de peu de se faire poignarder par une femme entièrement nue et portant un masque qui prend la fuite. Fatigué, il erre jusqu'à être recueilli par Harold, un homme à tout faire qui vit dans une petite auberge miteuse avec la propriétaire madame Pratt. Celle-ci retient prisonnière sa fille Lisa dans le grenier, l'accusant d'être folle. Le séjour de Johnson à l'auberge va lui réserver bien des surprises...

MON AVIS : Réalisé, scénarisé, joué et produit par Bert Williams en 1965, The Nest of the Cuckoo Birds faisait partie des films totalement invisibles suite à la perte des copies existantes. Fort heureusement, en fouillant dans des cartons, un cinéma à mis la main sur une ultime copie de ce film et le réalisateur danois Nicolas Winding Refn a rendu possible sa restauration, nous proposant sur son site By NWR de pouvoir enfin visionner cette oeuvre atypique qu'on pensait définitivement perdu. Acteur qu'on a pu voir dans diverses séries télévisées ou dans des petits rôles dans des films tels L'homme du Clan, C'est arrivé entre midi et trois heures, Le Bison Blanc, Le Justicier de Minuit, Cobra, Le messager de la Mort ou bien encore Usual Suspects, Bert Williams a donc décidé de passer derrière la caméra en 1965 pour The Nest of the Cuckoo Birds. Ce sera son unique réalisation. Se déroulant dans les sud des USA, il reprend les codes du cinéma de rednecks pour un résultat assez hypnotique et non dénué d'intérêt. Débutant comme un film noir des 50's, il s'en éloigne assez rapidement dès que le héros, joué par Williams lui-même, doit s'échapper à travers des marécages. On assiste à de longues séquences dans lesquelles notre détective en cavale nage, s'accroche à des branchages, théâtralise son jeu pour nous faire comprendre qu'il est épuisé puis repart à la nage, le tout entrecoupé par des images d'alligators censé nous faire croire que le héros est en danger dans cet environnement hostile. Après ce long et lent périple, le réalisateur capte notre attention avec une séquence assez folle et hallucinée : le héros se fait attaqué au couteau par une blonde au corps sexy et surtout entièrement nue, portant un masque translucide sur le visage. Une séquence qui semble issue d'un cauchemar éveillé, avec une mise en scène fractionnée, qui nous laisse un peu incrédule devant notre écran, tant la soudaineté de l'attaque et le look de l'agresseur sont inattendus. Un bon point pour Bert Williams qui a su attiser notre curiosité. La suite des mésaventures du détective Johnson va nous embarquer dans une atmosphère moite et mystérieuse avec l'apparition de l'auberge des Cuckoo Birds et de ses résidents. Madame Pratt, une femme bigote et dévoué à Dieu, en est la propriétaire. Elle a un homme à tout faire, Harold, taxidermiste de son état. Le comportement de ces deux personnages est des plus étranges, ressenti amplifié par le jeu des acteurs, très théâtral dans leur façon de déclamer leur texte, voire de le réciter. On découvre également l'existence d'un troisième protagoniste, la jolie Lisa, jeune fille blonde qui est retenue prisonnière dans le grenier par sa mère, cette dernière n'hésitant pas à se montrer violente envers sa fille, la giflant, la battant et l'obligeant à prier pour se libérer du démon qui l'habite selon elle. Bref, trois personnages haut en couleurs, qui vivent reclus de toute civilisation, de tout contact. Johnson va mener sa propre enquête pour tenter de faire la lumière sur l'existence de ses hôtes et de leur mode de vie. Si le film se montre assez lancinant dans son rythme, il nous réserve quelques belles images et une seconde attaque de la fille au masque, encore plus perturbante que la première, nous évoquant même le Psychose d'Hitchcock. Le dernier quart-d'heure vire au malsain et au cauchemar avec les découvertes de notre héros, et cette curieuse famille nous renvoie à celle qu'on découvrira quelques neuf ans plus tard, dans le film culte d'un certain Tobe Hooper. La folie et le macabre font leur irruption au sein de ce film à petit budget qui mérite vraiment d'être découvert, ses faiblesses étant largement compensées par ses qualités certaines et surtout son ambiance enivrante et quasi psychédélique. Les amateurs d'étrangeté sur pellicule ne manqueront donc pas de s'aventurer dans l'auberge des Cuckoo Birds pour y découvrir madame Pratt, Lisa et Harold, le tout sur la musique de la chanson The Nest of the Cuckoo Birds composée par la femme de Bert Williams. A noter que l'aura de ce film réputé perdu à même marqué le groupe The Cramps qui en a fait le titre d'une de leur chanson. Encore une preuve de plus qu'il faut faire découvrir ce film au plus grand nombre et le sortir de son anonymat. Ce n'est en rien un chef-d'oeuvre ou un classique mais sa galerie de personnages azimutés, ses attaques de la femme nue et son final valent assurément qu'on s'intéresse de plus près à ce conte gothique du sud des USA !

* Disponible en VOSTF sur le site By NWR 


jeudi 16 août 2018

LAURIN

LAURIN
(Laurin)

Réalisateur : Robert Sigl
Année : 1989
Scénariste : Robert Sigl, Ádám Rozgonyi
Pays : Hongrie, Allemagne
Genre : Drame, Fantastique
Interdiction :-12 ans
Avec : Dóra Szinetár, Brigitte Karner, Károly Eperjes, Hédi Temessy...


L'HISTOIRE : Dans un village portuaire, la jeune Laurin vit la plupart de l'année avec sa mère. Son père, marin de profession, n'est pas souvent à la maison. Une nuit, Laurin a la vision d'un petit garçon terrifié. Le village vit dans la peur car de mystérieuses disparitions d'enfants ont lieu. La mère de Laurin trouve également la mort dans d'étranges circonstances. La petite fille croit qu'un homme vêtu de noir est responsable des malheurs qui s'abattent sur le village...

MON AVIS : Bien que ce film du réalisateur allemand Robert Sigl date de 1989, ce n'est que récemment que nous pouvons le découvrir en DVD et en BR. Un anonymat injustifié tant Laurin (prononcer "Laurine") s'avère une bien belle oeuvre, qui aurait mérité une notoriété bien plus grande que cette confidentialité dans laquelle a été enfermé le film. Long métrage hautement contemplatif, avec très peu d'action, Laurin mise avant tout sur son esthétisme raffiné, sa reconstruction de l'époque absolument parfaite, ses personnages travaillés, son histoire intrigante et sa musique somptueuse. C'est principalement un drame de l'enfance, celle de la jeune Laurin, magnifiquement interprétée par Dóra Szinetár qui porte le film sur ses frêles épaules. Une petite fille qui ne voit quasiment jamais son père, qui n'a que peu d'amis (le seul qu'on voit dans le film est Stefan), qui doit gérer seule la mort de sa mère et qui va devenir, bien malgré elle, le rouage grippé des agissements d'un tueur en série pédophile. Rien de bien joyeux donc. Robert Sigl joue à merveille avec les traditions du conte de fée (les images de l'ogre) en leur ajoutant les codes du film noir et quelques touches de fantastique pour un résultat envoûtant, poétique et macabre à la fois. Comme il l'avoue lui-même, Robert Sigl a été fortement marqué par deux grands classiques du cinéma : Les Innocents de Jack Clayton et La Nuit du Chasseur de Charles Laughton. Des influences qu'on retrouve effectivement dans Laurin, auxquelles on ajoutera quelques recherches sur les jeux de couleurs qui rappellent le travail de Mario Bava ou le Dario Argento d'Inferno. La mise en scène, sobre et classique, participe pleinement à créer cet univers dramatico-gothique à la retenue toute singulière, aidée en cela par des décors naturels de toute beauté. Les déambulations dans un cimetière, la mère de Laurin vêtue d'un manteau à capuche découvrant le tueur sur un pont, les rêves et les hallucinations tout en couleurs de Laurin et surtout son magnifique final, emprunt d'une poésie de haute volée, suffisent à nous embarquer dans l'univers de Robert Sigl, qui, de par son sujet et son cadre, n'est pas sans nous rappeler La longue Nuit de l'Exorcisme de Lucio Fulci. Evidemment, si vous êtes réfractaire au cinéma qui prend son temps, qui vous propose une lente promenade, tel Jean Rollin et son sublime La Rose de Fer, peut être ne serez-vous pas réceptif à la beauté fulgurante de Laurin, ni à son propos. Ce sera bien dommage tant cette balade picturale mérite le détour.


mercredi 15 août 2018

ASSASSIN'S CREED

ASSASSIN'S CREED
(Assassin's Creed)

Réalisateur : Justin Kurzel
Année : 2016
Scénariste : Michael Lesslie, Adam Cooper, Bill Collage
Pays : Etats-Unis, France, Angleterre, Hong Kong, Taiwan, Malte
Genre : Aventure, Action, Science-Fiction
Interdiction :-12 ans
Avec : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons, Brendan Gleeson...


L'HISTOIRE : Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers. Cette dernière veut que Callum récupère, via les souvenirs de son ancêtre, la pomme d'Eden...

MON AVIS : Tiens, encore une adaptation d'un jeu vidéo à succès. Ce qui, vous en conviendrez, ne veut pas forcément dire qu'à l'arrivée, on aura un bon film. Peu nombreuses sont les adaptations réussies d'un univers vidéo ludique. Assassin's Creed, je connais, j'ai les jeux chez moi. L'annonce de voir débarquer cette licence culte au cinéma m'a intrigué et c'est plutôt confiant que j'attendais les premières réactions du public, surtout que l'acteur principal, Michael Fassbender, s'est investi avec pas mal de passion sur le projet et que le réalisateur choisi, Justin Kurzel, m'avait surpris avec son premier film réalisé en 2011, Les Crimes de Snowtown. Je n'ai pas vu sa version de Macbeth avec justement Michael Fassbender et Marion Cotillard, qu'il dirige à nouveau dans Assassin's Creed. Les premiers échos étaient plutôt mitigés mais comme ma devise est de laisser sa chance à tout film sans me préoccuper de l'avis des autres, j'ai donc emprunter le film à mon neveu et j'ai pu le visionner, avec certes un an et demi environ de retard mais l'important, c'est de voir les films, qu'importe le moment. Bref, voilà, c'est fait, j'ai vu Assassin's Creed. Vous le savez si vous me suivez, je suis très bon public, ce qui, pour moi, est une grande qualité car je prend du plaisir à de nombreux film qui sont boudés par un public qui ne sait plus se laisser aller, être diverti simplement et analyse la moindre parcelle d'image pour y trouver des défauts servant leur critique acide et souvent infondée, si ce n'est par la mauvaise foi. Chacun son ressenti après tout. Si ce n'est pas le film de l'année, si je ne crierai pas à la réussite totale, loin de là, j'ai été agréablement surpris par cette adaptation, qui ne lésine pas à mettre en avant la mythologie de la série, surtout le premier jeu, et devrait satisfaire les fans du jeu vidéo justement, au risque de désorienter un peu les néophytes sur le sujet. Le film alterne en effet des séquences se déroulant à notre époque avec d'autres se déroulant en Andalousie, en 1492. Si vous avez déjà joué au jeu vidéo, vous connaissez le principe : un homme, dont un ancêtre faisait partie de la Confrérie des Assassins, est placé, à notre époque, dans un machine révolutionnaire, l'Animus, qui va lui permettre de revivre les souvenirs de cet ancêtre, à l'époque où il a vécu. D'une fidélité assez remarquable à l’univers vidéo ludique de la saga, le réalisateur nous offre donc tout ce qu'on attend d'un film qui s'appelle Assassin's Creed : l'entreprise Abstergo, dirigée par les templiers ; la machine Animus permettant de revivre le passé, au look plus cinématique par contre qu'un simple caisson ; des allers-retours entre présent et passé ; des assassins en costumes à capuche ; l'aigle qui suit les assassins et nous propose de jolis plans aériens ; la lame rétractable, arme préférée des assassins ; des sauts dans le vide à des hauteurs vertigineuses ; une reconstitution d'époque dans des paysages magnifiques, avec des tas de bâtiments à escalader pour les assassins ; des combats musclés où les capacités physiques des assassins sont bien mises à contribution ; un contraste total entre les scènes du présent (dans un laboratoire, avec des tonalité bleu, froide) et celles du passé (inquisition espagnole, désert, minarets et tonalité jaune, chaleureuse) et j'en passe. Difficile de faire la fine bouche et la réalisation de Justin Kurzel, pas vraiment spécialisé dans ce type de film d'action à gros budget, convient parfaitement à l'aventure. Les scènes d'action, parfois un peu "à la Matrix", avec quelques ralentis et chorégraphies bien senties, remplissent le cahier des charges et s'avèrent efficaces, sans en faire trop non plus et tout miser sur le spectaculaire. J'ai vraiment apprécié toutes les séquences se déroulant dans le passé et qui donnent tout son intérêt au film. Michael Fassbender dans le rôle du double-héros (passé et présent) s'en sort haut la main et accompli quelques prouesses physiques lors des combats, ce qui leur donne une bonne dynamique. Marion Cotillard, ravissante, interprète une scientifique à la solde de son père, ce dernier étant joué par un Jeremy Irons, assez transparent ici. Divertissant dans son ensemble, le film aurait pu durer plus longtemps, pour prendre le temps d'expliquer plus en détail les relations entre templiers et assassins. En 116 minutes, le scénario n'a pas pu être développé à ce niveau et c'est ce qui laissera sûrement sur le carreau le spectateur qui ne connaît pas l'univers des jeux vidéos. Le final laisse évidemment présager d'une suite et honnêtement, ça ne me dérangerait pas qu'elle voit le jour car je retournerai bien à la suite de Michael Fassbender et Marion Cotillard, pour explorer plus avant le mystère de la confrérie des assassins et leur Credo...


dimanche 12 août 2018

HOT THRILLS AND WARM CHILLS

HOT THRILLS AND WARM CHILLS
(Hot Thrills and Warm Chills)

Réalisateur : Dale Berry
Année : 1967
Scénariste : Herman Eldeweis 
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, érotique
Interdiction :-16 ans
Avec : Rita Alexander, Bubbles Cash, Lorna Maitland, Susan Branson, Jeane Manson...


L'HISTOIRE : Toni invite chez elle Dody et Kitten, deux de ses amies qu'elle n'a pas vu depuis des années. Après les avoir questionné sur leur mari respectif et leur vie conjugale, Toni leur expose le pourquoi de leur retrouvaille. Elle veut reformer le gang de braqueuses qu'elle avait créé avec ses deux amies pour monter un dernier coup : dérober la couronne d'une grande valeur qui va être remise au gagnant du carnaval de Rio...

MON AVIS : Réalisateur totalement inconnu du grand public et même des cinéphiles les plus pointus, Dale Berry est un texan, guitariste et chanteur dans un groupe de country. Dans les années 60, il découvre l'univers des clubs de strip-tease et des films de sexploitation. Il décidera alors d'en réaliser, avec pour actrices des strip-teaseuses rencontrées dans les clubs, comme Bubbles Cash ou Rita Alexander. Une carrière derrière la caméra de courte durée puisqu'il n'aura que quatre films à son actif : Passion in the Sun (1964), Hot Blooded Woman (1965), Hip Hot and 21 et ce fameux Hot Thrills and Warm Chills, tous deux réalisés en 1967. Des micros-budgets, tournés uniquement pour amasser un maximum d'argent, filmés en noir et blanc et qui ont la particularité de ne pas prêter grande attention au scénario ou à la linéarité de l'histoire. C'est effectivement le cas dans le film qui nous intéresse ici, à savoir Hot Thrills and Warm Chills. Vous allez avoir l'impression, à plusieurs reprises, qu'il manque des scènes ou que l’enchaînement n'a parfois ni queue ni tête. Rassurez-vous, vous ne vous êtes pas endormis et le film n'est pas cut. C'est juste que Dale Berry a une manière bien à lui de structurer ses films, aux antipodes de la normalité. Incompétence, méconnaissance des techniques de cinéma, je m'en foutisme total ou vision d'auteur, je ne sais pas. Toujours est-il qu'on a l'impression de regarder un film "autre", non-sensique, arthaudien comme dirait Lucio Fulci. Un des personnages (Kitten) nous racontent sa vie sentimentale ratée avec son mari et on a un flashback qui suit cette discussion. On s'attend évidemment à voir Kitten et ce dernier mais pas du tout. On aura droit au mari mais avec une autre actrice. Curieux. Il en sera de même dans la scène suivante, où c'est au tour de Dody de nous parler de sa vie qui ne lui convient pas avec son mari. On se dit qu'on va voir Dody et son mari dans un flashback mais encore une fois, on a tout faux, le réalisateur préférant filmer le trio d'amies se mettre à danser et zapper la discussion qui vient d'avoir lieu, le tout avec une caméra parfaitement statique, qui ne bouge même pas quand l'une des actrices vient se mettre pile devant l'objectif, nous masquant le reste de la séquence. On a un sentiment d'incompréhension et d'incrédulité qui germe en nous et on se demande si on va réussir à tenir comme ça durant les 68 minutes que dure le film. Heureusement, la star du film, Toni, est interprétée par la sculpturale Rita Alexander, star de l'effeuillage burlesque, surnommée "The Champagne Girl" pour son numéro dans lequel elle pose une coupe de champagne sur un de ses seins et la boit sans les mains. Généreusement pourvue au niveau du buste comme vous l'avez compris, elle aurait tout à fait eu sa place dans un film de Russ Meyer. Le film de Dale Berry est quasiment sa seule apparition au cinéma. On la reverra dans un épisode de la série Switch (1976), Charlie et ses drôles de dames (1978) et dans le film Fake-Out en 1982. Pourtant, son look et sa poitrine aurait pu intéresser Russ Meyer comme déjà dit mais aussi Doris Wishman ou Herschell Gordon Lewis par exemple. Elle est en tout cas une bonne raison de visionner Hot Thrills and Warm Chills, surtout qu'elle nous dévoile ses attributs mammaires durant une scène du film et nous propose son numéro de la coupe de champagne en cadeau ! Un érotisme gentillet pointe donc le bout de son nez pour nous tenir éveillé devant un tel "ofni" déstructuré. La suite de l'histoire (?) se focalise sur notre trio de demoiselles qui, comme George Clooney et ses potes, décident de réaliser un ultime braquage qui leur permettra d'aller se reposer dans les îles des Caraïbes. Evidemment, par manque de moyen ou inattention, Dale Berry oublie de nous montrer le braquage et envoie aux trousses des filles quelques policiers qui n'hésitent pas à tirer au beau milieu de la foule du carnaval de Rio (enfin je crois que c'est Rio, parce que c'est pas prouvé non plus au vu de certains dialogues contradictoires !). Arrive alors les dix dernières minutes qui sont franchement assez intéressantes et méritent notre attention. Le style du film se rapproche lors de ce final des roughies de Russ Meyer (Mudhoney, Lorna, Faster Pussycat...), avec un peu de violence et des femmes qui ne se laissent pas faire et qui frappent les policiers de manière virulente. Toni se retrouvera enfermée dans un caveau par inadvertance après une course poursuite dans un cimetière (on se croirait presque dans un film de Jean Rollin) et n'aura plus qu'une solution pour s'en sortir. Un final assez nihiliste et qui redonne un semblant d'intérêt à l'ensemble du film. Hot Thrills et Warm Chills est uniquement à réserver aux spectateurs curieux de découvrir un cinéma différent des standards imposés. Outre son manque de cohésion entre les séquences, il nous propose des scènes de danses, de la musique afro-cubaine bien rythmée, des filles à la poitrine généreuse, un faux viol, un peu d'érotisme, une scène assez drôle dans laquelle on croit que l'une des héroïnes se fait faire un cunnilingus, avec moult gémissements mais en fait, pas du tout, et surtout Rita Alexander. Pas un bon film, c'est clair, un casting amateur, une mise en scène quelconque mais c'est tellement intrigant qu'au final, je ne regrette pas ma vision de ce film, même si je ne pense pas le revoir une seconde fois.

* Disponible sur le site de Nicolas Winding Refn avec STF     

Extrait :

samedi 11 août 2018

L'AU-DELÀ

L'AU-DELÀ
(...E tu vivrai nel terrore! L'aldilà / The Beyond

Réalisateur : Lucio Fulci
Année : 1981
Scénariste : Dardano Sacchetti, Giorgio Mariuzzo, Lucio Fulci
Pays : Italie
Genre : Horreur, Fantastique, Gore
Interdiction :-16 ans
Avec : Catriona MacColl, David Warbeck, Cinzia Monreale, Antoine Saint-John...


L'HISTOIRE : Liza Merril hérite d'un vieil hôtel abandonné à la Nouvelle-Orléans. Elle décide de le faire rénover mais très vite, d'étranges incidents et accidents se produisent. Elle fait la rencontre d'Emily, une jeune fille aveugle qui la met en garde contre les dangers inhérents au passé de l'hôtel, et du docteur John McCabe, qui va tenter de l'aider à résoudre le mystère entourant cette vieille bâtisse et la chambre 36. Liza et John vont découvrir l'existence du livre d'Eibon, un ouvrage de sorcellerie qui prétend que sept portes menant aux Enfers seraient disséminées sur Terre. L'hôtel dont a hérité Liza serait l'une d'entre-elles...

MON AVIS : Après une carrière prolifique dans la comédie, le western, le film d'aventure ou le giallo, Lucio Fulci accède au stade supérieur de la popularité en 1979 avec L'Enfer des Zombies. Face au succès mondial de cet excellent film d'horreur, le réalisateur transalpin poursuit dans ce registre dès l'année suivante avec Frayeurs, puis en 1981 avec Le Chat Noir, L'Au-Delà et La Maison près du Cimetière. Pour beaucoup de fans du maestro italien, L'Au-Delà est son chef-d'oeuvre absolu. Un avis que je ne partage pas, lui préférant largement Frayeurs (qui est à mes yeux SON chef-d'oeuvre) et peut-être même La Maison près du Cimetière. Toutefois, impossible de nier pour votre serviteur les qualités évidentes de L'Au-Delà, qui n'en reste pas moins un pur classique du genre. Dès la scène d'introduction, Fulci frappe fort. Il surprend d'entrée de jeu le spectateur en réalisant cette séquence introductive dans un très beau noir et blanc / sépia, où un jeune peintre va subir les foudres des villageois qui l'accusent d'être un sorcier au vu des peintures qu'il réalise. D'abord fouetté par des chaînes qui lacèrent ses chairs, le peintre sera ensuite crucifié sur un mur avant d'avoir le visage recouvert de chaux brûlante. Une mise à mort éprouvante pour une première séquence, qui nous fait penser qu'on va avoir droit à un vrai film d'horreur sans concession par la suite. Ce qui sera effectivement le cas, les scènes gores de L'Au-Delà étant certainement ce qui se faisaient de plus horribles à l'époque de sa sortie. La suite du récit se situe au même endroit où le peintre a été lynché (un hôtel en Louisiane) mais des années plus tard. L'immeuble abandonné a une nouvelle propriétaire, Liza (ravissante Catriona MacColl), qui veut le rénover. Une équipe se charge des travaux. Des événements étranges vont alors se produire. Un des ouvriers découvre une entrée dans un mur et se fait tuer par une main aux doigts griffus. C'est le début d'une série de morts horribles et surnaturelles. Ayant été marqué par le Inferno de Dario Argento sorti l'année précédente et par la structure non-sensique de ce dernier, Fulci va faire de même dans L'Au-Delà : le film enchaîne en effet les séquences abominables sans véritable lien entre-elles. Les effets spéciaux et les maquillages sont dus aux talentueux Gianetto de Rossi et Maurizio Trani, qui se sont surpassés dans le domaine de l'horrible. Laissant libre court à leur imagination, les deux artistes nous révulsent avec deux énucléations, un visage totalement liquéfié par de l'acide liquide, une boîte crânienne qui explose, une gorge déchiquetée par un chien, une impressionnante attaque d'araignées dont les mandibules iront jusqu'à dévorer une langue (et ce, malgré le fait qu'on devine sans peine les deux araignées mécaniques dissimulées parmi quelques vraies tarentules) et un final cauchemardesque avec des zombies (figures imposées par le producteur), avec moult explosions de têtes et impacts de balles. Le rouge est donc à l'honneur dans L'au-Delà et les amateurs de gore seront aux anges. Comme dit précédemment, la structure narrative du film de Fulci est assez confuse et ne respecte pas un schéma classique. L'histoire est elle-même n'a pas de réelle logique et pourra apparaître comme fouillis ou décousue par les spectateurs n'ayant jamais vu le film. Une histoire qui emprunte de nombreuses références à une multitude de films (Shining, InfernoSuspiria, La sentinelle des Maudits, les Diaboliques et surtout Carnival of Souls, comme le dit très justement Lionel Grenier dans les bonus de la superbe édition d'Artus Films) ainsi qu'au célèbre écrivain Lovecraft avec le livre d'Eibon qui apparaît dans quatre nouvelles du maître de Providence. Quelques défauts sont à signaler, comme le héros qui a compris qu'il fallait tirer dans la tête des zombies pour les tuer mais qui continue néanmoins à mettre quelques balles dans leur ventre. Un détail qui peut même faire sourire lors de la sublime séquence finale. Mais qu'importe, le spectacle horrifique est bien là et on assiste à une œuvre baroque, où tout respire la pourriture et la mort. La mise en scène est classieuse, la photographie somptueuse. Certaines scènes sont surprenantes, comme l'apparition brutale de la jeune aveugle Emily au milieu d'un pont qui surplombe l'océan, le cadavre du peintre qui remonte à la surface de l'eau dans une baignoire et bien sûr la représentation "live" de "la mer des ténèbres", d'une beauté picturale indécente. Le tout magnifié une nouvelle fois par la musique de Fabio Frizzi. Reste que, en ce qui me concerne, l'absence de linéarité dans le scénario, ce côté décousu dans l'enchaînement des séquences, des transitions, le fait qu'on ne comprenne pas toujours pourquoi tel ou tel acte a lieu et pourquoi il a lieu, m'empêche de d'apprécier L'Au-Delà à 100%. Certes, ce manque de repère permet au film d'affirmer pleinement un côté onirique et fantastique dans lequel la rationalité n'a pas lieu d'être. Mais j'ai parfois l'impression de regarder un catalogue de séquences gores sans qu'une vraie ambiance palpable s'en dégage. L'Au-Delà ne fait jamais peur, à contrario de Frayeurs qui dégage une puissance morbide à nul autre pareil, que la partition tétanisante de Frizzi vient augmenter. Allez, je suis un peu tatillon car j'aime évidemment beaucoup L'Au-Delà, que je revois régulièrement. Mais ce n'est pas le chef-d'oeuvre de Fulci.

* Disponible en combo DVD + BR + LIVRE chez ARTUS FILMS

L'EDITION ARTUS FILMS :

Présenté en format Mediabook, L'Au-Delà sort donc chez Artus Films qui nous a offert L'Enfer des Zombies dans le même format. La polémique qui avait suivi cette sortie, concernant la méthode de rangement des disques dans ce médiabook, va peut-être resurgir car tout est à l'identique, on doit toujours faire glisser le DVD ou le BR de sa pochette cartonné pour l'extraire. MAIS l'éditeur a tout de même ajouté un petit film plastique de protection pour prévenir toute éventuelle rayure. Personnellement, je n'ai rien à redire sur cette méthode qui ne cause aucune rayure sur mes disques. Il y aura toujours des mécontents de toute façon. Toujours est-il que je n'avais jamais vu L'Au-Delà avec une telle qualité d'image. La copie est magnifique, les détails sont précis et le gore encore plus gore ! Au niveau des bonus vidéos, on trouve une interview de la belle Catriona MacColl qui nous parle avec une grande tendresse de Fulci, une interview de Cinzia Monreale (Emily), une interview de Michele Mirabella (l'homme qui se fait dévorer par les tarentules) et un module analytique très intéressant de Lionel Grenier sur L'Au-Delà. Le livre de 80 pages possède les mêmes qualités et le même "défaut" que le précédent. Sur les 80 pages proposées, seulement 23 sont consacrées au film de Fulci. Le reste est composé d'un excellent dossier sur l'utilisation du cadre de la Louisiane dans le cinéma fantastique par Gilles Vannier et d'une analyse sur le dernier film de Fulci (Le Porte del Silenzio). Le tout avec moult images et affiches de films. Ce n'est pas que ces deux sujets ne sont pas intéressants, bien au contraire, mais j'aurai préféré un ouvrage entièrement dédié à L'Au-Delà, avec jeux de photos de différents pays, affiches de diverses nationalités ou textes de divers auteurs sur le film, les effets spéciaux, etc. Mais en l'état, c'est un superbe objet que tout collectionneur se doit de posséder de toute façon.



jeudi 9 août 2018

REVENGE

REVENGE
(Revenge)

Réalisateur : Coralie Fargeat
Année : 2017
Scénariste : Coralie Fargeat
Pays : France
Genre : Horreur, Survival, Rape & Revenge
Interdiction :-12 ans
Avec : Matilda Anna Ingrid Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe, Guillaume Bouchède...


L'HISTOIRE : Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres... Les choses dérapent... Dans l'enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie... Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l'homme...

MON AVIS : Dieu que ça fait du bien. Après la méga-déception Grave de Julia Ducornau et son cinéma pseudo-intello auteurisant gore pour faire le buzz en festival, Coralie Fargeat nous offre une bouffée d'air frais avec son premier film, Revenge. OK, bouffée d'air frais, il faut le dire vite puisque le film joue dans la cour du film de Rape & Revenge et n'offre pas grand chose d'original dans ce genre ultra balisé et popularisé avec des titres phares comme La Dernière Maison sur la Gauche, I Spit on your Grave (1978 et 2010) ou L'Ange de la Vengeance par exemple. Mais ce que j'entends par là, c'est que Revenge est l'antithèse totale de Grave et c'est en ça qu'il m'a oxygéné durant ses 108 minutes. Le film de Julia Ducournau possède ses fans et c'est tant mieux. Toute tentative de faire du cinéma "de genre" en France est à saluer, voir à soutenir. Mais en ce qui me concerne, il représente tout ce que je déteste dans le cinéma que j'aime. Tout y est préfabriqué pour moi, il n'y a aucune sincérité dans Grave, qui, et ce n'est que mon avis, n'a été conçu que pour faire défaillir le public lambda des festivals "génériques" et non spécialisés. Tout l'inverse de Revenge. Coralie Fargeat n'a pas cherché à faire un film intello pour bobo parisien ou festivalier en manque de sensations fortes sur la Croisette. Elle nous offre un film brut de décoffrage , d'une simplicité confondante mais qui se révèle d'une réelle efficacité tant il n'y a pas d'artifices pré-réfléchis. L'histoire est certes classique, traditionnelle même pourrait-on dire : un homme riche, beau gosse, trompe sa femme avec une superbe poupée à l'anatomie parfaite dans une luxueuse villa perdue en plein désert. Il est rejoint par deux amis dont l'un n'a pas la notion du "consentement" en tête et va violer la jolie poupée. Pour ne pas créer de remous, l'homme riche et ses potes tentent de se débarrasser de la jolie poupée. Meurtrie et laissée pour morte, cette dernière n'entend pas se laisser malmener par ces trois machos et va leur faire payer cher leurs actes. Voilà, rien de neuf au pays du Rape & Revenge. Seulement, Coralie Fargeat connaît assurément ses classiques et va régurgiter ses influences dans ce brûlot féministe qui fait de la femme, éternelle victime des films d'horreurs, le prédateur à éviter. Magnifiquement filmé dans le superbe désert marocain, Revenge utilise au mieux ce paysage aride pour nous décrire cette traque à deux sens qui va s'avérer assez brutale pour les quatre protagonistes principaux. Sans prise de tête, sans chercher une réelle crédibilité dans ce qu'il nous propose (pas sûr qu'on tienne le choc aussi bien que l'héroïne si on subissait le même sort, à moins de s'appeler John Rambo) mais avec un esprit totalement Bis, Revenge s'autorise tous les excès, n'hésite pas à mettre ses acteurs à nu, au propre comme au figuré. Les spectateurs apprécieront la plastique de la bimbo Matilda Anna Ingrid Lutz (véritable révélation du film !) quand les spectatrices en auront pour leur argent avec le corps dénudé (et pas que de dos) de l'acteur Kevin Janssens. Les amateurs de violence apprécieront les effets gore à l'ancienne, une explosion de tête efficace, un retrait de bout de verre qui fait grincer les dents et un final grand-guignolesque, avec une héroïne au pose iconique, armée de son fusil de chasse à lunette. Revenge est une belle carte postale que vient repeindre en rouge le sang des acteurs. Simple, efficace. Et pas préformaté. Du cinéma français enragé comme je l'aime quoi...


dimanche 5 août 2018

WONDER

WONDER
(Wonder)

Réalisateur : Stephen Chbosky
Année : 2017
Scénariste : Stephen Chbosky, Steve Conrad
Pays : Etats-Unis, Hong Kong
Genre : Comédie, Drame
Interdiction :/
Avec : Jacob Tremblay, Owen Wilson, Izabela Vidovic, Julia Roberts...


L'HISTOIRE : August Pullman est un petit garçon né avec une malformation du visage qui l’a empêché jusqu’à présent d’aller normalement à l’école. Aujourd’hui, il rentre en CM2 à l’école de son quartier. C’est le début d’une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de cœur ou à son étroitesse d’esprit. L’aventure extraordinaire d’Auggie finira par unir les gens autour de lui...

MON AVIS : Vous vous souvenez du très beau film Mask de Peter Bogdanovich réalisé en 1985 ? Si vous l'avez apprécié, alors nul doute que vous adorerez Wonder et son petit garçon au visage disgracieux. Attention par contre, l'ensemble est assez "guimauve", très fleur bleue et blindé ad nauseam de bons sentiments. Ce n'est pas le pays des Bisounours mais on n'en est pas loin. Même les enfants, dont on sait très bien quel degré de cruauté ils peuvent s'infliger entre-eux à l'école, n'arrivent pas à se montrer vraiment méchants dans le film. Certes, le pauvre Auggie subit quelques moqueries pas franchement sympas de certains élèves mais comme tout se finira par un joyeux happy-end attendu, on ne s'en fait pas trop pour lui. Film sur la tolérance et l'impact du regard des autres, qu'il va falloir changer, Wonder séduit malgré tout grâce à sa jolie histoire et l'interprétation solide de son jeune acteur prodige. L'excellent Jacob Tremblay donne corps et âme à son personnage et il est bien difficile de ne pas se sentir touché ou ému par les mésaventures de ce petit héros à qui il faut faire comprendre que la vraie beauté se situe au fond de nous. Plus facile à dire qu'à faire quand on a une malformation au visage qui nous éloigne du stéréotype du beau petit garçon. Sensible derrière sa propension à tout faire pour nous arracher des larmes, le réalisateur Stephen Chbosky a la bonne idée de nous dresser le portrait de plusieurs personnages et de nous montrer l'impact qu'à Auggie dans leur vie. Les parents sont en première ligne évidemment (avec une larmoyante Julia Roberts et un transparent Owen Wilson), tout comme sa grande sœur, superbement interprétée par la lumineuse Izabela Vidovic. Cette dernière, malgré un visage particulièrement jolie, à elle aussi de nombreux souci à gérer et c'est ce qu'elle va tenter de faire comprendre à son petit frère, qu'elle surnomme "le soleil", car c'est évidemment lui qui accapare toute l'attention de ses parents qui finissent parfois par en oublier qu'ils ont aussi une fille à s'occuper. Drame de l'adolescence, amitié difficile, sentiment d'impuissance, don de soi, les personnages vont et viennent, évoluent, s'adaptent, changent de comportement au grès du temps passé au côté d'Auggie. Un bien joli film en tout cas, qui mélange rire et larme mais qui procure beaucoup de plaisir. A voir en famille.


samedi 4 août 2018

LA FORME DE L'EAU

LA FORME DE L'EAU
(The Shape of Water)

Réalisateur : Guillermo del Toro
Année : 2018
Scénariste : Guillermo del Toro, Vanessa Taylor
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Romance
Interdiction :/
Avec : Sally Hawkins, Octavia Spencer, Michael Shannon, Richard Jenkins, Doug Jones...


L'HISTOIRE : Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultra-secret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres : un être amphibien, trouvé en Amazonie, se voit devenir la source d'intérêt numéro 1 des USA et de la Russie, alors en pleine guerre froide. Elisa va prendre la créature en compassion...

MON AVIS : Avec ses quatre Oscars, dont celui du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur, le dernier film en date de Guillermo del Toro a su toucher autant les fans du réalisateur mexicain qu'un public plus lambda, plus "généraliste". La Forme de l'Eau, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est le dixième long métrage de Del Toro. Fidèle à ses aspirations, il nous propose un film fantastique d'une beauté picturale exemplaire, dans lequel le "héros" est un "monstre", une créature comme il les affectionne et qui se révélera bien plus humaine que les humains. Cette créature, croisement entre le Gill-Man de La Créature est parmi nous et le Abe Sapiens des deux Hellboy, est fort réussie et saura toucher le cœur des amateurs de romance inattendue et originale. Seulement voilà. Encore faut-il y croire à cette histoire d'amour entre une muette et un être amphibien. En ce qui me concerne, je suis mi-figue, mi-raisin. Bien sûr, je reconnais que cette fable, ce conte qui mêle féerie, fantastique, guerre froide et ode à la tolérance face à la différence est bien filmé, bien mis en scène. Le casting s'avère convaincant, notamment Michael Shannon, parfait dans le rôle du pourri de service dont on ne souhaite qu'une seule chose : qu'il crève dans d'atroces souffrances ! La reconstitution de l'époque est elle aussi assez remarquable dans le fourmillement de détails proposé par Del Toro et son équipe de décorateurs. Seulement, la beauté picturale de l'ensemble ne peut faire oublier les maigres enjeux du scénario, son manque de rebondissement, ses nombreuses scènes s'intéressants à des personnages secondaires faisant passer la romance hors-norme au second plan et son manque de réelle originalité. Cette version aquatique de La Belle et la Bête est un joli film, on est d'accord, mais qui se révèle assez niais la plupart du temps et surtout peu crédible. Sous prétexte que l'héroïne est muette et qu'elle se sent différente des gens depuis son enfance, Del Toro la fait tomber raide dingue d'une créature bizarroïde juste parce que cette dernière accepte de manger des œufs et qu'elle est sensible à la musique ? Je grossis un peu le trait mais j'ai trouvé ce coup de foudre un peu rapide, même pour Cupidon. La scène d'amour dans une salle de bain transformée en piscine est très fleur bleue, très  poétique un peu culotté même il est vrai mais ce sera bien la seule prise de risque du film. Il reste que La Forme de l'Eau est agréable à regarder mais je ne lui ai rien trouvé de transcendant non plus, à contrario d'un Labyrinthe de Pan autrement plus excitant et enivrant et qui, lui, pour le coup, aurait mérité les Oscars décerné à La Forme de l'Eau. Un joli conte, que j'ai pris plaisir à voir mais je ne pense pas y  revenir une seconde fois pour ma part.