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AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




jeudi 19 mars 2020

GAME OF THRONES SAISON 8

GAME OF THRONES SAISON 8
(Games of Thrones season 8)

Réalisateur : David Nutter, Miguel Sapochnik, David Benioff, D.B. Weiss
Année : 2019
Scénariste : David Benioff, D.B. Weiss, Bryan Cogman
Pays : Etats-Unis, Angleterre
Genre : Aventure, heroic fantasy
Interdiction : -16 ans
Avec : Emilia Clarke, Peter Dinklage, Kit Harington, Lena Headey, Sophie Turner...


L'HISTOIRE : La lutte pour le trône de fer touche à sa fin alors que le Roi de la Nuit et les marcheurs blancs ont franchi le mur et pénétré dans Westeros. La bataille de La Longue Nuit sera-t-elle gagné et si oui, se posera alors LA question : qui finira sur le trône de fer et régnera sur le Royaume des Sept Couronnes ?

MON AVIS : Dans le dernier épisode de cette saga mythique, Tyrion Lannister lance à Jon Snow une phrase lourde de sens : Personne ne sera content, ce qui semble un bon compromis, non ? Cette sentence résume parfaitement la réaction des fans à la fin de la saison 8 de Game of Thrones.et on se dit que les deux créateurs de la saga, David Benioff et D.B. Weiss, s'y attendaient et que le fait d'avoir fait prononcer à Tyrion une telle phrase n'est certainement pas anodin. A bien y réfléchir, comment aurait-il pu en être autrement de toute façon ? A moins de faire mourir tout le monde pour que chacun y trouve son compte, on se doutait avant même de la regarder que cette saison finale allait décevoir. Enfin, décevoir est un bien grand mot tant les six épisodes qui la composent sont de purs bijoux. Car oui, la saison 8 est une pure tuerie en fait, peut-être même la meilleure saison de toute la saga, que ce soit sur le plan visuel, avec des images à couper le souffle, que ce soit sur le plan de l'action, avec, entre autres, un épisode 3 phénoménal (quand on le regarde dans de bonnes conditions, c'est à dire via le Blu-ray et sur un écran de belle taille, l'image est effectivement bien moins sombre que lors de sa diffusion télévisée), ou que ce soit sur le plan de l'émotion, avec des scènes absolument sublimes, magnifiées une nouvelle fois par la musique parfaite de Ramin Djawadi. En fait, la déception vient seulement du fait que "la fin" ne correspond pas à ce qu'on s'en était fait dans notre esprit. La Team Targaryen voulait évidemment que la belle Daenerys accède au Trône de Fer et ne succombe pas à ses pulsions "Fire & Blood", que ses conseillers tentent de refréner depuis tant d'épisodes. Après tous les drames qu'elle a vécu, le comportement de Cercei a atomisé tous les espoirs et la mort de Missandei restera l'élément déclencheur de son comportement meurtrier lors de la prise de Port-Real. "Dracarys" est le dernier mot prononcé par Missandei avant sa mort. Daenerys a respecté les dernières paroles de sa seule amie. Qui plus est, la Mère des Dragons, malgré tous les sacrifices qu'elle a fait pour sauver le Nord, a bien compris que les habitants de cette région ne l'accueilleraient jamais comme une reine. Il ne s'agit pas ici de rejeter la faute sur les autres pour expliquer le comportement de Daenerys mais si on étudie son parcours depuis le premier épisode en 2011, on ne peut pas dire qu'elle a été épargné par les épreuves. La Team Stark voulait que Jon Snow devienne le roi des Sept Couronnes, la Team Tyrion voulait que le nain le plus célèbre au monde accède au Trône de Fer et même la Team Cercei aurait souhaité que le personne le plus détestable peut-être de la saga remporte la bataille du jeu des trônes. Comment faire plaisir à tout le monde ? C'est une mission évidemment impossible et il a bien fallu que les scénaristes fassent des choix, quitte à se mettre tout le monde à dos. Il s'agit donc bien de ces choix scénaristiques dont on parle quand on critique cette saison 8, en aucun cas sa mise en scène grandiose, ses morceaux de bravoure permanents qui renvoient plus bas que terre la quasi totalité des films de cinéma dans ce domaine et j'en passe. Pourtant, une fois qu'on a digéré la première vision de cette saison finale, qu'on a ruminé et pesté durant des semaines sur les choix scénaristiques justement, il semble bon de se poser un peu, de laisser retomber la sauce et de réfléchir tranquillement à ce qu'on nous a proposé. L'auteure Marianne Chaillan l'a d'ailleurs fait et a même écrit un livre passionnant, dans lequel elle analyse cette saison 8, le parcours des personnages depuis le début et elle en arrive à cette conclusion, alors qu'elle a ragé autant que nous devant son écran : cette saison 8 et les choix de scénarios sont en fait d'une logique implacable et il ne pouvait en être autrement. Je vous invite donc à lire Game of Thrones : une fin sombre et pleine de terreur, qui vous donnera de nombreuses clés de compréhension sur les actions de vos personnages favoris et vous éclairera dans le bon sens. Et une fois lu, je vous invite donc à revisionner la saison 8 (ou toute la saga, comme je viens de le faire), nourri de votre lecture du livre de Marianne Chaillan. Vous regarderez les six épisodes avec un œil neuf et vous réaliserez combien cette saison 8 est magistrale et somme toute... logique dans ses choix. Lors de cette seconde vision, dans des conditions plus calmes que lors de sa diffusion télévisée, j'ai effectivement apprécié tout ce que j'ai vu, sauf la mort de Daenerys bien sûr. Mais alors que j'avais trouvé la fin de Cercei très "fade", cette nouvelle vision m'a totalement transcendé et j'ai trouvé magnifique les retrouvailles, façon Romeo et Juliette, entre Cercei et Jaime par exemple. Je pense que lors de sa diffusion télévisée, quand on se levait à 5h du matin pour regarder les épisodes et être sûr qu'on n'allait pas être spolié, les conditions n'étaient pas bonnes, on attendait des choses qu'on pensait acquises en fonction des personnages qu'on soutenait et qui ne sont pas arrivées. Pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence : cette saison 8 est réellement EPOUSTOUFLANTE. Redonnez-lui sa chance ! 

LES ÉPISODES :

S08E01 - Winterfell

Accompagné par Daenerys Targaryen, Jon Snow est de retour à Winterfell. Des retrouvailles émouvantes l'y attendent. Sansa peine à montrer son allégeance à cette Reine étrangère. Et elle ne croit pas en une alliance avec Cersei Lannister...

S08E02 - A Knight of the Seven Kingdoms

Jaime Lannister est arrivé à Winterfell. Face à la menace des marcheurs blancs, il a choisi de rallier le camp de Jon Snow et de son frère Tyrion Lannister. Mais Daenerys se retrouve face à celui qui a tué son père et cela ne la laisse pas de marbre. Dehors, les morts se rapprochent...

S08E03 - The Long Night

Alors que l'armée du Roi de la Nuit est aux portes de Winterfell, la tension monte dans les rangs. Tout le monde attend le coup d'envoi d'affrontements qui s'anoncent terribles. Le Nord fera-t-il le poids conte les marcheurs blancs ?

S08E04 - The Last of the Starks

Après la bataille de Winterfell, les survivants pansent leurs plaies et honorent leurs morts. Daenerys pense déjà au prochain affrontement contre Cersei. A Port-Real, la reine Lannister est également déterminée à l'emporter, avec Euron à ses côtés...

S08E05 - The Bells

Trahie et endeuillée, Daenarys doit se ressaisir pour le nouveau combat qui l'attend. Aura-t-elle sa revanche ? Aux portes de Port-Réal, un terrible siège se prépare. Cersei compte sur la flotte d'Euron, la compagnie Dorée et les remparts de la ville pour stopper sa rivale et son dragon...

S08E06 - The Iron Throne

Alors que Daenerys appelle ses hommes à livrer bataille, Arya, Jon et Tyrion sont dépités par le spectacle qui s'offre à eux. Déçue par sa trahison, quel sort la Khaleesi va-t-elle réserver à sa Main ?









samedi 14 mars 2020

GAME OF THRONES SAISON 7

GAME OF THRONES SAISON 7
(Games of Thrones season 7)

Réalisateur : Jeremy Podeswa, Mark Mylod, Matt Shakman, Alan Taylor...
Année : 2017
Scénariste : David Benioff, D.B. Weiss, Bryan Cogman
Pays : Etats-Unis, Angleterre
Genre : Aventure, heroic fantasy
Interdiction : -16 ans
Avec : Emilia Clarke, Peter Dinklage, Kit Harington, Lena Headey, Sophie Turner...


L'HISTOIRE : Après un été qui a duré près de dix ans, l’hiver est arrivé. Daenerys Targaryen, accompagnée de son armée et de ses dragons, se dirige vers Westeros à la recherche de nouveaux alliés. De son côté, Jon Snow cherche à unifier les maisons du nord ainsi que les Sauvageons pour affronter l’armée des Marcheurs Blancs qui approche. A Port-Réal, Cersei Lannister, plus isolée que jamais, a repris le trône de fer et s’efforce de conserver le pouvoir. Pour s’opposer à la menace de l’armée des morts menée par le Roi de la Nuit, des alliances inattendues seront nécessaires...

MON AVIS : L'annonce est tombée peu de temps après la diffusion de la saison 6 : il ne restera plus que deux saisons pour clore cette magnifique et épique saga qu'est Game of Thrones ! Arghh l'étau se resserre ! Puis une seconde nouvelle : la saison 7 ne comportera seulement que 7 épisodes au lieu des 10 habituels ! Hein ??!! c'est quoi ce délire !! On se rassure en apprenant que l'épisode 7 aura une durée de 80 minutes mais bon, quand même. Bref, il n'y a plus de temps à perdre pour les showrunners de la série et c'est précisément ce qui explique ce dont les fans ont le plus reproché à cette saison : les anomalies de temps. Avant, dans les six saisons précédentes, pour aller d'un lieu à un autre, les personnages mettaient souvent plusieurs épisodes avant d'atteindre leur but. Sauf qu'on n'a plus le temps pour ça. Les fans connaissent la carte des Sept Couronnes par cœur désormais, ca fait soixante épisodes que leurs personnages favoris la parcourent en long et en travers. Ce qui semble alors être une anomalie devient en réalité une obligation qui répond à une réelle logique : il faut avancer et vite et tant pis pour les grincheux. Tout comme certaines saisons, certains épisodes, prenaient leur temps de mettre en place les intrigues, cette saison 7 a un objectif clairement différent : miser sur l'action, le rythme. Il n'y a que sept épisodes rappelez-vous ! Énergique et épique, voici les deux maître-mots des sept épisodes proposés et quels épisodes ! C'est bien simple, cette saison 7 est spectaculaire et ce, à plus d'un titre. Après un premier épisode qui pose les bases, chaque épisode suivant nous donne l'impression d'assister à un final season et nous offre un spectacle grandiose, majestueux, d'une puissance phénoménal, tout en conservant de l'émotion bien évidemment. On ne compte plus les morceaux de bravoure qui parsèment cette saison 7 : l'arrivée de Daenerys (qui n'a jamais été aussi belle), à Peyredragon ; l'attaque de sa flotte par la flotte d'Euron Greyjoy, nouveau méchant de la saga ; l'attaque de l'armée Lannister par Daenerys et ses dragons, qui bénéficient d'une modélisation 3D hallucinante de réalisme ; le fabuleux épisode 6 qui voit un groupe de personnages s'aventurer au-delà du mur  et affronter l'armée du Roi de la Nuit, épisode proprement dantesque et qui nous assène un dernier uppercut avec son twist sensationnel et j'en passe. Cette saison 7 est également marqué par le rapprochement des principaux protagonistes, tel Jon Snow allant à la rencontre de Daenerys (le feu et la glace) ou Arya retrouvant Sansa et Bran à Winterfell entre autres. Et que dire de l'épisode 7 et de cette réunion au sommet, dans un magnifique décor antique, des deux prétendantes au trône de fer, chacune entourée de leurs alliés ? Un passage mémorable, qui renoue avec les joutes verbales et donne l'occasion à Tyrion de s'imposer une nouvelle fois dans une séquence forte en émotion. Tout aussi mémorable sera l'attaque du mur par le Roi de la Nuit, disposant dorénavant d'un allié de taille et qui offre à nos yeux des images d'une beauté visuelle marquante. L'arrivée de Samwell Tarly à Winterfell et son discours face à Bran confirme ce qu'on avait évoqué dans la saison précédente et augmente encore l'intérêt de cette saison, d'une qualité exceptionnelle et ce, à tous les niveaux.

LES ÉPISODES

S07E01 - Peyredragon
L'hiver est bel et bien là. Inquiet, Jon Snow appelle le Nord au rassemblement pour faire face à l'arrivée prochaine des Marcheurs blancs et du Roi de la Nuit. Hommes, femmes et enfants doivent se préparer à combattre. Sansa prévient son frère qu'il ne doit pas négliger pour autant la menace que représente Cersei Lannister. La Reine autoproclamée du Royaume des Sept Couronnes espère d'ailleurs nouer de nouvelles alliances qui lui permettraient d'anéantir ses ennemis. A la Citadelle, Sam brûle d'envie d'accéder à la bibliothèque et à son précieux savoir...

S07E02 - Née du Typhon

Daenerys reçoit une visite inattendue. A Peyredragon, l'heure est à la politique et aux stratégies. La Khaleesi doit s'assurer le soutien de ses alliés. Jon Snow en fera-t-il partie ? Jurera-t-il allégeance à la Reine légitime comme elle le souhaite ? Dans le Nord, tout le monde s'oppose à ce rapprochement...

S07E03 - La Justice de la Reine

Jon Snow et Davos se rendent en terre ennemie où ils doivent rencontrer Daenerys Targaryen. Le face-à-face entre le Roi du Nord et la Reine légitime des Sept Couronnes promet d'être tendu... Euron est de retour à Port-Réal avec un cadeau pour Cersei. Quant à Jaime, il tire enfin enseignement de ses erreurs...

S07E04 - Les Butins de Guerre

L'émotion est à l'ordre du jour chez les Stark avec le retour d'Arya à Winterfell. Avec l'aval de Daenerys, Jon Snow entreprend d'extraire le verredragon qui permettra de combattre les Marcheurs Blancs. Furieuse des échecs successifs essuyés face à ses ennemis, la Khaleesi décide de riposter et passer à l'action. Quant à Jaime, il va devoir faire face à une situation inattendue...

S07E05 - Fort-Levant

L'armée de Jaime essuie une cuisante défaite face aux dothrakis et au dragon. Daenerys demande au prisonniers de choisir entre la mort ou lui juger loyauté. A la Citadelle, les mestres ont du mal à croire aux élucubrations de Bran Stark. au sujet des Marcheurs Blancs. Jon Snow, pour sa part, prend l'information très au sérieux. Il sait mieux que personne le danger que représente cette armée de morts.

S07E06 - Au-delà du Mur

Parti s'aventurer au-delà du Mur en compagnie du Limier, de Jorah Mormont ou encore du sauvageon Tormund, Jon Snow doit affronter la rudesse de l'hiver dans l'espoir de capturer un Marcheur Blanc. Cette preuve tangible serait en effet le seul moyen de convaincre Cersei de s'allier avec ses ennemis pour contrer la redoutable menace qui les attend... Du côté de Winterfell, Arya confronte sa soeur après sa récente découverte...

S07E07 - Le Dragon et le Loup

Après l'effroyable bataille face aux Marcheurs Blancs au-delà du Mur, Daenerys, Jon Snow et leurs alliés partent à la rencontre des Lannister dans l'espoir de négocier une trêve. Trouveront-ils les bons arguments ? La menace de l'armée des morts suffira-t-elle à motiver Cersei à trouver un terrain d'entente avec la Mère des Dragons et le Roi du Nord ? Plus que jamais, Tyrion va devoir se montrer convaincant face à une soeur qui ne veut qu'une chose : le voir mort ! Du côté de Winterfell, Littlefinger complote toujours pour monter les soeurs Stark l'une contre l'autre...










jeudi 12 mars 2020

HERCULE CONTRE ROME

HERCULE CONTRE ROME
(Ercole contro Roma)

Réalisateur : Piero Pierotti 
Année : 1964
Scénariste : Arpad DeRiso, Piero Pierotti
Pays : Italie, France
Genre : Peplum
Interdiction : /
Avec : Sergio Ciani, Wandisa Guida, Daniele Vargas, Carlo Tamberlani...


L'HISTOIRE : A Rome, Filippo Afro fait assassiner l’empereur Gordiano pour prendre sa place. De passage, Hercule parvient à sauver sa fille, Ulpia, mais tous deux sont capturés par les hommes de l’usurpateur. Ayant une dette envers Hercule, Quinto Traiano, le gouverneur de Pannonie, lance une armée sur Rome...

MON AVIS : Plus connu sous son pseudonyme américain d'Alan Steel, Sergio Ciani a débuté comme doublure de Steve Reeves dès 1959, dans les célèbres Hercule et la Reine de Lydie et La Bataille de Marathon, avant de réussir à imposer deux ans plus tard sa musculature aux producteurs italiens et de devenir lui-même une star du péplum, en interprétant les héros du genre, comme dans Samson contre Hercule (1961), Maciste contre Zorro (1963), Maciste contre les Hommes de Pierre (1964), Le Grand Défi (1964) ou bien encore Ursus l'invincible (1964) entre autres. C'est également en 1964 qu'on le verra en tant qu'Hercule dans Hercule contre Rome, réalisé par Piero Pierotti. Un péplum somme toute assez anecdotique, pas déplaisant mais qui ne se hisse pas au niveau des meilleurs représentants du genre. La faute n'en incombe pas à Sergio Ciani mais plutôt au scénario, qui oublie ses leçons de mythologie et fait du fils de Zeus un simple humain, un forgeron à la force certes plus développée que la normale mais qui ne possède quasiment aucune dimension semi-divine. Quasiment, car, comme le raconte l'un des personnages du film, chaque 100 ans naît un enfant qui possède une force et une gentillesse hors du commun et qui serait le descendant du puissant Hercule, fils de Zeus. Une pirouette scénaristique qui vaut ce qu'elle vaut, c'est à dire pas grand chose en ce qui me concerne. Autre souci du scénario, la faible envergure des enjeux. Ici, Hercule va devoir combattre Filippo Afro (Daniele Vargas), un vil usurpateur qui a fait assassiner l'empereur en place afin de prendre le pouvoir et, au passage, d'offrir la fille du défunt, la belle Ulpia (Wandisa Guida)  à son fils Rezio (Walter Licastro). Heureusement pour Ulpia, sa meilleure amie Arminia (Dina De Santis) connaît Hercule et lui demande de l'aide. Ce dernier, qui vit assez loin du lieu où se déroulent ces tragiques événements, doit déjà combattre une horde de pillards venue saccager le marché local de sa ville, ce qui nous vaut une bagarre correcte mais assez peu dynamique dans son ensemble. Un manque de dynamisme qui se maintiendra durant tout le film et durant toutes les scènes d'action d'ailleurs, qui se limitent en fait à de simples bastons entre Hercule et des soldats, avec quelques lancers de sac de farine ou de gros cailloux en prime pour faire trébucher ces derniers de leurs chevaux. On est très loin des exploits surhumains accomplis par Hercule lors de ses nombreuses aventures cinématographiques. L'intrigue du film elle-même, entre complot politique bas de gamme et jolie demoiselle en détresse à sauver, n'a rien de bien palpitante. Le casting masculin ne brille guère, avec des acteurs très peu charismatiques, notamment chez les méchants romains. Le casting féminin rehausse un peu le niveau, Wandisa Guida et Simonetta Simeoni étant assez charmantes. Pas de quoi se relever la nuit en tout cas avec Hercule contre Rome, titre qui nous laissait présager un affrontement titanesque entre Hercule et des milliers de soldats, scène qui ne viendra jamais nous ravir les yeux. Reste donc un petit péplum académique, sans réelle saveur, qu'on oubliera aussitôt visionné. A noter que dans la version française, Hercule devient Samson, par je ne sais quel mystère ! Le film est d'ailleurs sortit dans notre pays sous le titre hallucinant de Samson contre Tous ! Privilégiez donc la version originale italienne sous-titrée pour voir le film !

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS




mercredi 11 mars 2020

HERCULE CONTRE LES VAMPIRES

HERCULE CONTRE LES VAMPIRES
(Ercole al centro della Terra)

Réalisateur : Mario Bava 
Année : 1961
Scénariste : Sandro Continenza, Mario Bava, Francesco Prosperi, Duccio Tessari
Pays : Italie, Allemagne
Genre : Peplum, Fantastique, Epouvante
Interdiction : /
Avec : Reg Park, Christopher Lee, Leonora Ruffo, George Ardisson, Franco Giacobini...


L'HISTOIRE : Afin de s'emparer du trône d'Oechalie, Lycos envoûte la belle Déjanire pour ensuite la sacrifier aux forces des ténèbres. Voulant sauver sa fiancée, Hercule consulte l'oracle qui l'invite à aller chercher une pierre magique au royaume de Pluton. Mais pour s'y rendre, il devra d'abord ramener une pomme du jardin des Hespérides. Avec l'aide de Thésée et de Télémaque, le héros part à l aventure afin de se rendre aux Enfers...

MON AVIS : Après Le Masque du Démon, chef-d'oeuvre du cinéma gothique italien, Mario Bava ne change pas radicalement de genre avec son film suivant : Hercule contre les Vampires. Comme son titre l'indique, on va être en présence d'un péplum, genre phare à l'époque du muet puis revenu en grâce en Italie suite au succès des films Les Travaux d'Hercule, réalisé en 1958, et Hercule et la Reine de Lydie, qui date de 1959, tous deux réalisés par Pietro Francisci. Comme son titre l'indique encore, le film de Bava versera également dans le genre fantastique et épouvante, puisque le héros, Hercule, va donc affronter des vampires. Du moins, c'est ce que le titre français laisse suggérer, le titre original préférant nous indiquer qu'Hercule va se retrouver au centre de la Terre, comprendre ici aux Enfers ! De nombreux péplums des 60's vont s'amuser à mixer ces deux genres, on peut citer à titre d'exemple Le géant de MetropolisMaciste contre le cyclopeMaciste contre le FantômeHercule à la conquête de l'Atlantide, Maciste en EnferMaciste contre les monstresHercule contre MolochMaciste contre les Hommes de Pierre ou bien encore Ursus la terreur des Kirghiz. L'introduction de Hercule contre les Vampires place d'emblée le spectateur en territoire fantastique : Une sorte de prêtre, interprété par Christopher Lee en personne, se trouve dans un décor macabre, avec moult créatures d'épouvante qui vont aller s'enfermer dans leur tombe de pierre. Le discours de ce curieux personnage est sans ambiguïté : il est au service des ténèbres et du Mal. On voit également le corps d'une jolie femme blonde, inanimée, avec des traces de sang au cou. Si on est attentif, on remarque qu'on est plus en présence de griffures que des deux traditionnels trous provoqués par une morsure vampirique. Qu'importe, le décor est planté, et d'entrée de jeu, on est subjugué par le travail sur la photographie et les jeux de couleurs et autres filtres présents dans cette séquence introductive, qui a souvent disparu des copies mais qui est donc belle et bien présente dans l'édition d'Artus Films. La suite délaisse quelque peu le fantastique et l'épouvante et nous plonge dans un pur péplum, avec aventure, combats et prouesse physique de l'athlète Reg Park, qui joue Hercule bien sûr, aidé dans sa tâche par George Ardisson, qui interprète Thésée. Les deux compagnons de route vont devoir sauver leur peau d'un guet-apens dont on découvrira qu'il est du fait du personnage joué par Christopher Lee. Quelques dialogues plus tard, Hercule va devoir remplir une sacré mission s'il veut se marier avec Déjanire, ravissante jeune femme qui semble sous le coup d'une terrible malédiction. Et quelle mission ! Pour conjurer le sort qui frappe Déjanire, Hercule et Thésée vont devoir récupérer la pomme qui ouvre le passage des Enfers dans le jardin des Hespérides puis se rendre dans le territoire du Dieu des Enfers pour récupérer une pierre de vie, seul objet pouvant briser la malédiction et rendre sa liberté à Déjanire. Et c'est parti pour un voyage haut en couleur, qui mêle aventure, action, fantastique et même comédie, le personnage de Télémaque (Franco Giacobini) étant l'élément parodique du film. De décors naturels, on passe à de splendides décors de studios, mis au point avec une élégance et un raffinement visuel certain par Mario Bava, qui nous ravit les yeux avec ses éclairages travaillés et ses filtres de couleur bleu, rouge et vert, qui confèrent au film une dimension quasi onirique. Malgré un côté assez kitsch (quel péplum ne l'est pas et n'est-ce pas justement ce qui fait le charme de ce genre très apprécié des amateurs ?), les mésaventures d'Hercule et de Thésée aux Enfers s'avèrent hautement dépaysantes, avec la rencontre des Hespérides, le combat contre un monstre de pierre, la traversée du Styx via une corde tendue entre deux rochers, le plongeon de Thésée dans une eau bouillonnante, le voyage en bateau en pleine tempête provoquée par Pluton et j'en passe, le tout avec un peu de romance et la présence de jolies demoiselles à l'écran. La dernière partie du film fera la part belle à Christopher Lee et à ses hideuses créatures, qui ressemblent plus à des goules qu'à des vampires il faut bien le reconnaître. La nature même du personnage interprété par Christopher Lee n'est pas très clair, même si ce dernier dira à un moment que "même Hercule ne peut tuer celui qui est déjà mort" ou qu'il finira consumé par le soleil, après avoir reçu en pleine poire un rocher lancé par Hercule, qui en lancera beaucoup, de rochers, dans le film, allant même jusqu'à dire à son compagnon de voyage qu'il espère bien que ce sera le dernier qu'il lance ! Humour toujours ! Même s'il peut paraître comme un peu anecdotique dans la filmographie de Mario Bava, cet Hercule contre les Vampires est en tout cas un divertissement hautement sympathique, joliment filmé, remarquable visuellement parlant et qui nous fait passer un bon moment devant notre écran. Les amateurs de mec baraqué et de mythologie décalée apprécieront à n'en point douter !

* Disponible en Mediabook DVD + BR chez ARTUS FILMS

LE MEDIABOOK :
Inutile de dire qu'Artus Films nous offre une édition solide, c'est devenu monnaie courante. La copie du film est très bonne et rend justice au travail sur la photographie et les couleurs. La scène d'introduction avec Christopher Lee est présente. Le livret de 80 pages rédigé par Michel Eloy est on ne peut plus informatif et joliment illustré. Niveau bonus, on trouve un entretien avec George Ardisson et Fabio Melleli, une bande-annonce ainsi qu'un diaporama de photos. 



mardi 10 mars 2020

L'EXORCISTE

L'EXORCISTE
(The Exorcist)

- En hommage à Max von Sydow (10/4/1929 - 8/3/2020) -

Réalisateur : William Friedkin
Année : 1973
Scénariste : William Peter Blatty
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Horreur, Possession
Interdiction : -16 ans
Avec : Linda Blair, Max Von Siedow, Ellen Burstyn, Jason Miller, Lee J. Cobbs...


L'HISTOIRE : Irak du nord : Un chantier de fouilles archéologiques, dirigé par le père Merrin, met à jour une petite grotte dans laquelle on retrouve une statuette à la connotation diabolique évidente. Des événements étranges se produisent peu après cette découverte. Le père Merrin se rend dans le désert pour se dresser face à la statue du démon Pazuzu. Georgetown, USA : La jeune Regan est élevée par sa mère, la comédienne Chris McNeil. Un prêtre, Damien Karras, revient voir sa mère, fort malade. Karras a des doutes sur sa foi en Dieu et se remet sans cesse en question. Dans la maison de Regan, des bruits étranges se font entendre dans le grenier. Peu de temps après, le comportement de Regan change jour après jour, son lit est pris de violents spasmes, le froid envahi la chambre de l'adolescente. Sa mère l'emmène faire des examens médicaux mais les médecins ne découvrent rien. Regan change physiquement, son visage semble dépérir, elle profère des injures et fait des gestes obscènes, sous les yeux impuissants de sa mère. Des psychiatres viennent la voir à son domicile et Regan semble possédée par quelque chose, à l'intérieur même de son corps. Les médecins parlent alors à Chris de la possibilité d'engager un exorciste. Celle-ci demande conseil au père Karras…

MON AVIS : 15 janvier 1949. Dans le Maryland. Dans la maison d'un jeune garçon de 14 ans, des bruits étranges se font entendre. Son père, ne découvrant rien, conclut à la présence de rats. Ces bruits surviennent après la mort de la tante du jeune homme, ancienne médium, et qui avait initié son neveu à la pratique du ouija. Les événements inexpliqués ne cessent de s'intensifier dans la demeure, le lit du garçon bouge tout seul et les bruits se font de plus en plus présents. Un prêtre vient pratiquer un exorcisme simple mais cela n'a aucun résultat. Des mots apparaissent sur le corps du garçon. La famille, sur les conseils de leurs proches, décide de demander de l'aide aux autorités religieuses. Deux jésuites, Frère Raymond Bishop et Frère William Bowdern concluent que le garçon est possédé. Des séances révèlent la présence de l'esprit de la défunte tante. Les deux frères organisent un exorcisme, le 16 mars, pendant lequel le comportement du garçon change : il crache, urine dans son lit, se masturbe, injurie les personnes présentes. Les mots Hell et Go apparaissent sur son corps. L'exorcisme ne donne encore aucun résultat. Les prêtres intensifient alors leur travail, et plusieurs exorcismes intenses sont pratiqués. Ce n'est que le 18 avril 1949 que la possession du jeune garçon a cessé, après que celui-ci fût apparemment touché par un Saint et aurait crié au démon de quitter son corps. Aujourd'hui le garçon a bien grandi et il est devenu pilote d'avion. De nombreux médecins ont émis des hypothèses sur ce qui lui était arrivé mais aucun ne peut réellement affirmer qu'il n'était pas possédé. L'auteur Thomas Allen a écrit un livre relatant toute l'affaire, intitulé le possédé en 1993, basé sur les journaux que tenaient les deux prêtres. C'est l'ouvrage de référence sur ce cas. Un jeune étudiant de l'Université, s'appelant William Peter Blatty, découvre un article dans le Washington Report relatant cette histoire de possession. Ce cas le marquera à vie. Il écrit un article dessus et plusieurs années après, il décide d'écrire un roman basé sur ces incroyables événements. Son livre sortira en 1971. Il s'intitule L'exorciste. C'est un énorme best-seller, se vendant à plus de 13 millions d'exemplaires rien qu'aux Etats-Unis. Pour Blatty, le cas survenu au jeune garçon en 49 est un authentique cas de possession. Mais pour ne pas se rapprocher trop de la véritable histoire, il décide de transformer le garçon en une adolescente, Regan. Le succès du roman donne bien sûr l'idée aux studios de cinéma d'en faire une adaptation pour le grand écran. C'est Blatty lui-même qui écrira le scénario en 1973. La Warner a toute une liste de réalisateurs potentiels : Stanley Kubrick, Arthur Penn, Mike Nichols, John Cassavettes. Ce sera finalement William Friedkin qui sera choisi, l'incroyable succès de son French Connection n'y étant pas étranger. Des tensions naissent entre Friedkin et Blatty. Le réalisateur ne veut pas du premier scénario écrit par Blatty et décide de sucrer plusieurs scènes. Ce dernier lui en tiendra rigueur de nombreuses années, pour au final réussir à tomber d'accord en 2001, année du nouveau montage du film, réintégrant les séquences coupées, dont la fameuse scène du spider walk. Il n'empêche qu'en 73, Blatty décrochera l'Oscar du meilleur scénario pour son adaptation. Le film, première pour une œuvre d'horreur, sera nominé dix fois, même dans la catégorie du meilleur film, et repartira aussi avec l'Oscar du meilleur son. Succès également aux Golden Globes puisque L'Exorciste remportera les Golden Globes de la meilleure actrice, meilleur drame, meilleur réalisateur, meilleur second rôle féminin. Et deviendra l'un des films les plus terrifiants jamais réalisés ! Effectivement, ce film aura eu un impact dévastateur sur le public à l'époque de sa sortie. Il sort le lendemain de Noël et fera l'effet d'une bombe. Des spectateurs s'évanouissent, d'autres vomissent. On raconte même le cas d'un spectateur qui se serait jeté sur l'écran pour tenter d'attraper le démon. Les institutions chrétiennes en rajoutent une couche, un certain Billy Graham allant jusqu'à dire que le diable faisait parti intégrante de la pellicule de ce film satanique. Sa réputation s'étend dans toute l'Europe. Le réalisateur lui-même en joue, racontant que la jeune Linda Blair (12 ans) a joué toutes les scènes sans doublure (supercherie qui fût dévoilé peu de temps avant la cérémonie des Oscars, faisant perdre à l'adolescente la statuette de la meilleure actrice secondaire et provoqua le scandale Eileen Dietz, actrice doublure de Blair.) On évoque aussi les conditions de tournages particulières, conditions rappelant certaines méthodes utilisées par Tobe Hooper pour son futur chef d'œuvre Massacre a la Tronçonneuse. En effet, William Friedkin, pour parvenir à installer chez ses acteurs une tension palpable et durable, s'amusait à tirer des vrais coups de feu à l'improviste et se montrait parfois violent. Des méthodes qui ont en tout cas porté leurs fruits au vu du résultat à l'écran. Le formidable succès du film ne serait rien sans l'apport de deux autres éléments capitaux : le démon et l'ambiance sonore. Pour le premier, il faut rappeler aux lecteurs que la voix de Regan possédée n'est pas celle de Linda Blair. Elle résulte du travail acharné de l'actrice Mercedes Mc Cambridge. Ex alcoolique, Mercedes à prit son rôle de voix démoniaque très au sérieux, se remettant à boire et à fumer pour obtenir un grain de voix très grave. Pour ressentir la souffrance de Regan, elle a également demandé à être attaché à une chaise. Un travail mêlant efforts physiques et mentaux, qui permit d'obtenir cette voix inoubliable. Au niveau des maquillages, on trouve aux commandes l'excellent Dick Smith, responsable de la progressive transformation de Regan en être démoniaque. Des effets de maquillages qui tiennent encore parfaitement la route aujourd'hui. Associé aux effets spéciaux de Marcel Vercoutere, on peut dire que c'est sûrement le démon le plus terrifiant jamais vu au cinéma. Vomissements, tête pivotante à 180 degrés, masturbation sanglante, lit et meubles secoués ou volants dans les airs, corps en lévitation, l'équipe des FX et maquillages ont vraiment su donner toute l'ampleur de leurs talents au service du film de Friedkin. N'oublions pas non plus que la chambre de Regan a réellement été frigorifiée, et la température atteignait parfois des –20°C, -25°C. Point de trucage donc quand les acteurs soufflent de l'air froid par leurs bouches ! Autre élément participant amplement au succès, le travail sur l'ambiance sonore. Travail novateur qui reçu un Oscar en 73. Des sons, des cris, très amplifiés, qui amènent le spectateur au paroxysme de la terreur et du stress. A voir en version originale bien sur, pour mesurer toute l'étendue du travail de Robert Knudson et Christopher Newman, et pour profiter de la voix de Mercedes. Avec le son poussé assez fort bien sur ! Au travail sonore s'ajoute évidemment la partition musicale. Au départ, c'est Lalo Schifrin qui composa la bande originale du film mais celle-ci est rejetée par Friedkin, qui préfère utiliser de la musique symphonique. On retiendra surtout le Tubular Bells de Mike Oldfield, considéré dorénavant comme le thème principal de L'Exorciste. Mais on retrouve aussi des musiques des compositeurs Krzysztof Penderecki et Anton Werben. Bref, toute une équipe au top de sa forme, pour un réalisateur très pointu, et qui permit d'élever un simple film au panthéon des films d'horreurs. Bien sur, hormis tous ces techniciens du cinéma, un film n'existerait pas sans acteurs. Et ceux de L'Exorciste sont particulièrement bons ! Parmi les personnages principaux, on trouve Chris McNeil, interprétée par Ellen Burstyn. Chris est donc la mère de la jeune possédée. Divorcée, elle doit tout assumer, et, hormis son travail de comédienne, elle voue sa vie au bonheur de sa fille. Une tâche pas toujours évidente, surtout que le père est vraiment chez les abonnés absents, même le jour de l'anniversaire de sa fille. Une situation plausible, réelle, qui peut arriver à n'importe qui. Et c'est justement l'une des grandes forces du film, et sûrement l'élément capital qui a fait que le public se soit tant investi émotionnellement. Car voilà, l'histoire de L'Exorciste, même si elle relève du fantastique, est profondément ancrée dans la réalité ! Nous ne sommes pas en plein Moyen-Âge, ni dans des contrées inconnues des êtres humains. Non, nous sommes à Georgetown, Washington DC. Dans la maison d'une paisible famille américaine comme il y en a tant. Et c'est une adolescente qui va devenir la proie de l'inconnu. Et c'est le combat d'une mère pour sa fille auquel nous allons assister. Mais pas seulement. La jeune fille, Regan, est donc joué par Linda Blair. Un rôle qui restera SON rôle, SA performance. A l'époque du tournage, la jeune Linda avait du mal à comprendre toute cette effervescence autour du film, autour de son rôle. Pourquoi des personnes s'inquiétaient pour elle, pour son mental. Dotée d'une grande maturité pour son âge (une des raisons qui lui a fait décrocher la première place du casting), Linda avait bien compris que tout cela n'était qu'un jeu, un personnage pour le cinéma. Un personnage qui, comme le jeune garçon du cas réel qui a inspiré le film, s'amuse avec une planchette de ouija, parlant au "Capitaine sait tout". Une entité imaginaire, comme tous les enfants en inventent une au cours de leur vie. Regan semble être tout à fait à l'aise dans ses baskets, malgré l'absence de son père. Sa lente transformation, sa dégradation, est fort bien rendue par la jeune comédienne, qui nous renvoie de formidables émotions à travers l'écran. William Friedkin a véritablement fait le bon choix, c'est indiscutable ! Je vous disais un peu plus haut que le film n'était pas seulement le combat d'une mère pour sa fille. Effectivement, avec le personnage du Père Damien Karras, c'est également un combat pour soi, pour retrouver une foi perdue, une paix intérieure détruite par la maladie d'une personne qui nous est chère. Damien Karras a perdu la Foi. Pourquoi continuerait-il a louer un Dieu qui va lui prendre sa mère ? On assiste alors à un véritable parcours initiatique, à un retour aux sources. On en arrive à se demander ce qu'ont pu reprocher certaines entités religieuses au film, puisque, loin de vouer un culte au Diable (ce qu'il ne fait d'ailleurs jamais), le film de Friedkin est un véritable plaidoyer pour la foi religieuse. Le combat du bien contre le mal atteint dans L'Exorciste des sommets encore inégalés, et seule une foi inébranlable (celle du Père Merrin) et une foi retrouvée (celle du Père Karras) parviendront à vaincre le démon. Saluons la prestation de Jason Miller, qui nous fait véritablement pénétrer dans les méandres torturés de l'esprit de son personnage, torture parvenant à son apogée quand le démon prendra l'apparence et la voix de sa défunte mère. Quatrième personnage clé du film, le Père Merrin, joué par Max Von Sydow. Un prêtre fatigué, usé, mais qui ne connaît aucun répit lorsqu'il s'agit de lutter contre le Mal. La séquence en Irak est d'ailleurs annonciateur du combat final. Dès la découverte d'une amulette représentant ce démon, les événements semblent se tourner vers le mal. Merrin semble profondément perturbé par cette découverte, et les images qui suivent corroborent cette impression. On voit un borgne étrange, un femme au visage fixe, un combat de chien, le tout mis en image avec virtuosité, apportant un climat angoissant et semblant dire que ce sont les premiers signes d'une future apocalypse. Séquences qui se concluent sur Merrin, face à la statue du démon Pazuzu. Tout est là. La statue semble défier le prêtre, lui dire que leur affrontement ne va pas tarder à venir. Et quel affrontement ! L'Exorciste, c'est aussi un formidable livre d'images. Des séquences chocs qu'on n'oublie pas une fois qu'on les a vues. Personnellement, je n'ai jamais éprouvé de sensation de peur à la vision du film. Un certain stress, oui. Une tension nerveuse. Une attraction. Mais pas de la peur. Chacun réagit différemment devant un film. La séquence la plus traumatisante pour moi est incontestablement la première fois où les éléments se déchaînent dans la chambre de Regan. Une scène vraiment tétanisante, ponctuée des cris d'hystéries de Regan qui font monter la tension cardiaque à son paroxysme. Je ne vous parle pas des autres scènes cultes du film, certaines sont évoquées dans le paragraphe sur l'équipe des effets spéciaux. Mais elles participent toutes, de par leurs qualités, à faire du film un sommet du cinéma fantastique. Les plus terrifiantes étant celles qu'on ne voient pas, ou si peu, je parle bien sur des deux images quasi subliminales du démon. Des images décuplées dans le nouveau montage de 2001, ce qui, pour ma part, n'a pas l'effet voulu. Regardez le montage original de Friedkin, je le trouve bien plus stressant sans les scènes ajoutées, voulues par William Peter Blatty. L'Exorciste, une date clé dans le cinéma fantastique, jamais égalé ? Assurément !

Source pour cette chronique : Mad Movies, Film de Culte, sites américains




lundi 9 mars 2020

BEATRICE CENCI

BEATRICE CENCI
(Beatrice Cenci / Liens d'Amour et de Sang)

Réalisateur : Lucio Fulci
Année : 1969
Scénariste : Lucio Fulci, Roberto Gianviti
Pays : Italie
Genre : Drame, Historique
Interdiction : -16 ans
Avec : Tomas Milian, Adrienne Larussa, Georges Wilson, Antonio Casagrande...


L'HISTOIRE : À Rome en 1599, la jeune Béatrice attend dans une cellule le moment de son exécution. Son crime est d’avoir commandité l’assassinat de son père, Francesco Cenci, noble tyrannique et incestueux. La sentence provoque l’ire du peuple qui voit en la « Belle parricide » la martyre d’une société arrogante et hypocrite. Mais derrière l’icône se cache un personnage complexe qui a su manipuler les sentiments du serviteur Olimpio pour arriver à ses fins...

MON AVIS : Quand on évoque le nom de Lucio Fulci, on pense en premier lieu à ses nombreuses œuvres horrifiques, de L'Enfer des Zombies à Frayeurs, de L'Au-Delà à La Maison près du Cimetière entre autres, pour ne citer que les quatre plus célèbres. Les amateurs du réalisateur transalpin savent pourtant qu'il a touché à bien d'autre genre, tel la comédie, le western, le polar, l'heroic fantasy ou le film d'aventure par exemple. En 1969, il s'attaque même au drame historique, pour ce qui sera d'ailleurs son unique incursion dans ce genre, et réalise Beatrice Cenci, film à costumes qui mêle vérité et liberté historique, drame sordide, machination, amour destructeur et scènes de torture. A l'arrivée, un seul mot nous vient à l'esprit après visionnage du film : grandiose ! Sans contestation possible, on tient là le plus beau film de Lucio Fulci, avec La Maison près du Cimetière. Connu en France sous le titre de Liens d'Amour et de Sang, Beatrice Cenci est une oeuvre maîtrisée, visuellement magnifique, et qui n’hésite pas à égratigner de façon frontale la religion et le Pape lui-même, ce qui valut d’ailleurs au film quelques petits soucis avec le Vatican lors de sa sortie. L’insuccès du film déprima profondément Lucio Fulci qui s’était investi à fond dans le projet, disant même que c'est le film qui lui tient le plus à cœur de toute sa filmographie. Relatant un fait divers ayant eu lieu au XVIème siècle et qui demeure toujours présent dans les esprits en Italie, le personnage de Beatrice étant devenu l'icône du féminisme suite à sa décapitation pour "parricide", le film de Fulci est une oeuvre forte, chargée d’émotion et de scènes choc, puissantes. Le personnage de Francesco Cenci, interprété avec conviction par le français Georges Wilson (célèbre acteur, père de Lambert Wilson et réalisateur d'un unique film, La Vouivre en 1989) nous apparaît d’une cruauté sans égale, cupide, violent, se réjouissant de la mort de deux de ses fils car cela lui permet de ne plus dépenser d’argent pour eux, ou n’hésitant pas, sous l’emprise de l’alcool, de tenter d’avoir une relation sexuelle avec sa propre fille Béatrice. On comprend alors le désir morbide de cette jeune fille, qui se destine au couvent, à vouloir la mort de son paternel. Mais l’Inquisition, dans toute sa mauvaise foi, ne verra dans ce drame familial qu’un prétexte pour torturer et mettre à mort les membres de la famille Cenci, permettant alors à l’Église de récupérer toute la fortune et les biens amassés par Francesco Cenci. On comprend que le Vatican n’ait pas apprécié cette lourde charge de Lucio Fulci à son encontre, ce dernier étant pourtant croyant. Il n’hésite d’ailleurs pas à filmer de manière crue les tortures subies par le serviteur de Béatrice, personnage très bien interprété par Tomas Milian. Des séquences d’une rare intensité et superbement mises en scène, avec un souci de réalisme qui fait froid dans le dos. On n’est pas loin du terrible La Marque du Diable qui sortira l’année suivante. Mais plus que les attaques envers la religion et la soif d’argent et de pouvoir, Beatrice Cenci est avant tout un hymne à la condition féminine, une ode à la liberté des femmes, une attaque contre la patriarcat. Béatrice devient alors une sorte de martyr, ayant juste voulu s’échapper d’une vie qu’on a décidé pour elle, d'une vie placée sous le signe de la peur et de la violence, deux facteurs représentés par la figure du père. On peut trouver  hautaine et ingrate l'attitude de Beatrice face à son serviteur qui vient de se faire torturer et qui l'a aidé à mener à bien son parricide par amour, la jeune femme ne lui jetant jamais un seul regard quand elle quitte la salle d'audience. Une attitude qui montre que Beatrice a plusieurs facettes et que derrière son visage angélique peut se cacher un être froid et déterminé, voire même cruel, qui n'hésite pas à se montrer manipulatrice pour parvenir à ses fins. Impossible de ne pas mentionner son extraordinaire interprète, Adrienne Larussa, assurément l'une des plus belles actrices jamais vues sur un écran. Si l'entente entre l'actrice et son réalisateur n'était pas au beau fixe durant le tournage, Adrienne Larussa ayant tendance à se prendre pour une "diva" selon quelques autres acteurs (dont Mavie Bardanzellu qui joue la mère de Beatrice dans le film), impossible de rester insensible face à ce visage parfait, qui incarne tour à tour la détermination, l'abnégation, la peur, la haine, la souffrance. La jeune actrice américaine, qui n'a pas eu une grande carrière (on l'a vu dans Psychout for Murder en 69 ou dans L'Homme qui venait d'ailleurs en 76 par exemple, ainsi que dans des épisodes de séries-télévisées) s'en sort vraiment bien et irradie l'écran à chacune de ses apparitions. La musique de Angelo Francesco Lavagnino et Silvano Spadaccino accompagne merveilleusement bien les images et donne une touche poétique à des scènes pourtant bien cruelles. Sombre, âpre, très nihiliste et jusqu’au-boutiste, Beatrice Cenci est vraiment un film phare dans la filmographie de Fulci et il mérite réellement d'être reconnu en tant que tel.

* Disponible en Mediabook DVD + BR chez ARTUS FILMS

LE MEDIABOOK :
L'éditeur Artus Films poursuit donc sa collection dédié à Lucio Fulci et nous permet de visionner Beatrice Cenci dans des conditions optimales, en VF ou en VOSTF. La copie est très belle, bien définie, bien contrastée, avec un beau grain cinéma. Niveau bonus, outre un livret informatif de 64 pages qui revient autant sur le film que sur le fait historique lui-même, on trouve  une courte présentation du film par Lionel Grenier, une analyse du film par Lionel Grenier, un entretien avec Mavie Bardanzellu, un autre avec Antonio Casagrande ainsi qu'un petit module vidéo nous donnant la joie de revoir Adrienne LaRussa qui nous livre quelques anecdote sur le tournage et sa relation avec Fulci. Un diaporama et des affiches/photos complètent le tout. Du bel ouvrage, comme d'habitude.





POUR LES FANS DE LUCIO FULCI, LE FANZINE TOUTES LES COULEURS DU BIS QUI LUI ÉTAIT DÉDIÉ VIENT DE S'OFFRIR UN RETIRAGE ! 
FILMOGRAPHIE COMPLÈTE CHRONIQUÉE !
ON COMMANDE -> ICI <-


dimanche 8 mars 2020

THE DEMON INSIDE

THE DEMON INSIDE
(The Assent)

Réalisateur : Pearry Reginald Teo 
Année : 2019
Scénariste : Pearry Reginald Teo
Pays : Etats-Unis, Israel, Angleterre
Genre : Fantastique, Epouvante, Possession
Interdiction : -12 ans
Avec : Robert Kazinsky, Peter Jason, Florence Faivre, Caden Dragomer, Douglas Spain...


L'HISTOIRE : Après trois années passées en prison pour la mort d’un enfant lors d’une séance d’exorcisme qui a mal tournée, le Père Lambert cherche sa rédemption auprès de Joel, un jeune père de famille qui souffre de schizophrénie et qui soupçonne son jeune fils Mason d’être possédé...

MON AVIS : En 1973, un film révolutionna l'univers du cinéma fantastique et devient un classique instantané, j'ai nommé L'Exorciste bien sûr. Cette histoire de possession démoniaque a fait frémir le monde entier et on ne compte plus les copies s'en inspirant ou jouant sur le thème de la possession ou de l'exorcisme. En 2019, cette thématique est toujours d'actualité et notamment avec ce film de Pearry Reginald Teo, The Assent, rebaptisé en France en The Demon Inside. Un cas à part que ce réalisateur né à Singapour en 1978 et qui réalise  un premier court-métrage horrifique en 2002, Liberata Me, puis Children of the Arcana en 2003, qui, tous deux, remportent de nombreux prix dans des festivals prestigieux. En 2007, il tourne son premier long-métrage, The Gene Generation puis enchaîne avec Necromentia (2009), The Evil Inside (2011), Dracula: The Dark Prince (2013), The Curse of Sleeping Beauty (2016) ou bien encore Ghosthunters (2016). Comme on le voit, le cinéma fantastique et horrifique est l'univers qui intéresse Pearry Reginald Teo et ce sera donc à nouveau le cas avec The Demon Inside. L'introduction du film est assez efficace : à l'écran défilent des images de qualités médiocres semblant provenir d'une VHS et qui montrent clairement un jeune garçon en train de subir un exorcisme. Une voix-off nous explique que la possession d’un corps par un démon se déroule en trois phases. On appelle la première phase : la présence. Le démon, ou l’une de ses entités, commence à manifester sa présence à son hôte. La deuxième phase est : la détresse. L’entité commence à prendre possession et à agir avec le corps de son hôte.  Il prend son contrôle physique, mental et spirituelle. L’infecté commence à se sentir souillé, comme si une force obscène prenait le contrôle de son corps.  Mais le démon ne peut pas posséder une personne dans sa totalité avant la troisième phase. Cette troisième phase exige que la personne lâche prise, qu’elle consente à ce que le démon devienne une partie de son âme. On appelle cette phase : le consentement (d'où le titre original du film, The Assent). Une fois cette petite introduction terminée, on plonge dans la vie tourmentée de Joel (Robert Kazinsky), un papa qui a perdu sa femme dans un accident de voiture et qui a du mal à refaire surface, devant s'occuper de son jeune fils Mason (Caden Dragomer), gagner de l'argent et surtout, combattre sa maladie : la schizophrénie. Suivi de manière drastique par sa psychiatre, le docteur Maya (Florence Faivre), Joel doit par tous les moyens prouver qu'il se réinsère dans la société et ce, afin de conserver la garde de son fils. Un personnage écorché, qui semble sombrer dans une certaine folie parfois, étant victime de sorte d'hallucinations mettant en scène des créatures qui semblent issues de l'univers de Silent Hill. L'affaire se corse quand Mason est lui aussi troublé par des visions. Le thème de la schizophrénie est assez présent dans le film et cela permet au réalisateur de brouiller les pistes : est-ce que ces visions sont issues de l'imagination de Joel ? Mason souffrirait-il également de troubles schizophréniques héréditaires ? En parallèle de cet arc narratif, on trouve celui du Père Lambert (Peter Jason), exorciste fraîchement sorti de prison après un rituel qui s'est clôturé sur la mort de l'enfant possédé vu dans la séquence introductive. Ce dernier veut se racheter et poursuivre son combat du Bien contre le Mal. Il semble doté d'un sixième sens lui permettant de voir les présences démoniaques. Sa rencontre avec Joel et Mason va être pour lui comme une renaissance, un second départ. Pour lui, Mason est bel et bien possédé et le seul moyen de sauver l'enfant est de réaliser un exorcisme. La seconde partie du film va donc être consacré à la possession démoniaque du jeune garçon, avec tous les clichés du genre respectés à la lettre par Pearry Reginald Teo : yeux révulsés, paroles en latin, jet de vomi, montée d’escalier menant à la chambre de l’enfer (hommage à l’Exorciste bien sûr) et j'en passe. Conscient que le budget de son film ne lui permettra pas de présenter aux spectateurs un exorcisme aussi puissant que celui vu dans le chef-d'oeuvre de William Friedkin, le réalisateur de The Demon Inside a recours a quelques subterfuges assez malin pour biaiser le problème budgétaire, comme filmer le rituel à travers le trou de la serrure de la porte ou encore montrer l'exorcisme par les yeux de l'enfant possédé. Petit ajout intéressant, la présence d'une scientifique qui vient superviser le rituel et s'assurer que les deux prêtres exorcistes ne vont pas trop loin. La dualité science/religion – endoctrinement religieux/vérité scientifique est mise en avant, certes de manière pas assez développé mais c'est un bon point pour le film, tout comme le fait que le combat se joue dans la chambre de Mason mais aussi dans l’esprit de son père Joel. S'il est clair que The Demon Inside ne révolutionne pas le genre du film de possession ou d'exorcisme, les néophytes dans le domaine devraient néanmoins sursauter à quelques occasions. Les plus aguerris apprécieront la mise en scène maîtrisée et le twist final, classique mais qui fait son petit effet. Il y a eu tellement de proposition dans ce genre que, malgré ses bonnes intentions et ses qualités, The Demon Inside ne parvient pas à vraiment à tirer son épingle du jeu et à se différencier des concurrents. Mais si vous voulez faire peur à vos copines dans une salle de cinéma, ça devrait le faire...


samedi 7 mars 2020

PATRICK (1978)

PATRICK
(Patrick)

Réalisateur : Richard Franklin 
Année : 1978
Scénariste : Everett De Roche
Pays : Australie
Genre : Thriller, Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Susan Penhaligon, Robert Helpmann, Rod Mullinar, Bruce Barry, Julia Blake...


L'HISTOIRE : Embauchée dans une clinique privée, Kathy est fascinée par l'un de ses patients, Patrick. Plongé depuis plusieurs années dans un coma profond, il semble avoir d'étonnants et dangereux pouvoirs...

MON AVIS : Grand admirateur d'Alfred Hitchcock, le réalisateur australien Richard Franklin s'est rapidement spécialisé dans le genre du thriller afin de rendre hommage à réalisateur fétiche. On lui doit des films tels Déviation Mortelle (1981), Psychose 2 (1983), Jouer c'est tuer (1984), Link (1986) ou F/X2, effets très spéciaux (1991) entre autres. En 1978, alors qu'il a réalisé plusieurs épisodes de la série Homicide ainsi que deux longs-métrages, il est choisit pour mettre en image le scénario d'Everett De Roche pour ce qui deviendra Patrick. L'histoire relate l'étrange relation d'une jeune infirmière avec un curieux patient plongé dans le coma depuis trois ans et qui se révéler être doté de pouvoirs de télékinésie. Des pouvoirs dont on a pu voir la redoutable efficacité deux ans plus tôt dans le très bon Carrie au Bal du Diable de Brian de Palma. Ayant connu une très large diffusion internationale, Patrick a récolté un joli succès à travers le monde et a même raflé le Grand Prix au festival d'Avoriaz en 1979. Étrangement, c'est l'un des Grand Prix les plus contesté de ce prestigieux festival (avec Dream Lover en 1986), certains allant même jusqu'à dire que Patrick est le plus mauvais Grand Prix attribué à un film vu à Avoriaz. Il faut dire qu'en 1979, la compétition proposait également Halloween, La Nuit des Masques de John Carpenter, Long Weekend de Colin Eggleston, Phantasm de Don Coscarelli, L'Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman ou Le Piège - Tourist Trap de David Shmoeller par exemple. En revoyant Patrick pour cette chronique, j'avoue que le choix du jury de lui attribuer le Grand Prix face à ces autres concurrents prestigieux m'a questionné. Ce n'est pas que le film soit mauvais mais personnellement, je le place en dessous de tous les titres cités ci-avant. Si le scénario d'Everett De Roche est intéressant et intrigant, sa mise en scène et le rythme imposé par Richard Franklin posent plus de souci car il faut bien avouer que Patrick, dans son ensemble, se révèle assez ennuyeux. La faute à une durée bien trop longue de 112 minutes, à un éparpillement de l'arc narratif principal, à savoir la relation entre Patrick et sa charmante infirmière, pour laisser (trop) de place aux relations conjugales compliquées de cette dernière et à un manque flagrant de tension lors des (rares) séquences dans lesquelles Patrick utilise ses pouvoirs. Une tentative de noyade dans une piscine (hommage aux Dents de la Mer dixit le réalisateur lui-même), un plat brûlant pris entre les mains, une machine à écrire qui fonctionne toute seule, mue par la pensée de Patrick bien sûr, une électrocution en hors champ de la méchante infirmière en chef et ce sera à peu près tout ce qu'on aura à se mettre sous la dent durant 90 bonnes minutes. Ça s'agite un peu plus lors des dernières vingt-minutes, avec porte qui se ferme, meuble qui vole dans les airs, médecin projeté à travers la chambre et autres petits joyeusetés bienvenues. Mais pas de quoi se relever la nuit. Richard Franklin dit que le suspense, c'est tout ce qui se passe avant l'action et c'est surtout cette notion de suspense qui l'intéresse dans Patrick. Une intention louable de faire de son film une oeuvre qui cherche à faire peur, qui cherche à placer le spectateur dans une position inconfortable mais qui échoue la majorité du temps, et c'est bien dommage vu la maturité du scénario et de certains thèmes traités (l'euthanasie, la vie, la mort, la notion d'âme, l'inintérêt pour une clinique de garder un patient dans le coma durant des années...) Patrick a tout de même quelques atouts dans sa manche qui font que ce n'est pas un mauvais film malgré ses défauts. Son casting d'abord : Kathy est très bien interprétée par l'actrice Susan Penhaligon, qu'on a pu voir dans Le Sixième Continent en 1974 ou dans Soldier of Orange et The Uncanny en 1977 entre autres. Patrick est joué quant à lui par Robert Thompson, qui dû réussir à rester les paupières ouvertes durant toutes les scènes dans lesquelles il apparaît, ce qui n'est pas une mince affaire. Totalement immobile dans son lit d'hôpital, il parvient, grâce à son regard vide, à créer un petit sentiment de malaise. Plus théâtrale est la prestation de son médecin, joué par Robert Helpmann. Ce dernier se livre à des expériences sur Patrick et ira jusqu'à utiliser des électrochocs pour tenter d'atteindre son but : être présent lorsque Patrick passera de la vie à la mort. Le jeu de l'ex-mari de Kathy (Rod Mullinar), de son nouveau prétendant (Bruce Barry) et de l'infirmière en chef (Julia Blake) est également à mettre dans les points positifs. Impossible également de ne pas citer l'excellente séquence introductive, glauque et malsaine, et qui est dans un esprit totalement différent du reste du film. Un esprit que les italiens retrouveront dans la pseudo-suite réalisée en 1980 par Mario LandiPatrick Still Lives, nettement plus trash et déviante que le film de Richard Franklin. A noter que la même année que Patrick, 1978 donc, un autre film utilisait également un patient inerte dotait de pouvoirs de télékinésie : La Grande Menace de Jack Gold. En 2013, Mark Hartley réalisa un remake de Patrick, au titre éponyme, que je n'ai pas vu. 

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS

L'EDITION DVD + BR :  
La très belle collection de chez Rimini Editions poursuit son petit bout de chemin et nous offre donc le Patrick de Richard Franklin. Présenté dans un superbe digipack trois volets sous fourreau, avec un livret de 20 pages rédigé par Marc Toullec, Patrick bénéficie d'une belle copie et de bonus très intéressant puisqu'ils donnent la parole au réalisateur, au scénariste et aux acteurs, avec divers interviews et entretiens, donc un module de 61 minutes datant de 2008, exclusif au Blu-Ray.