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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




vendredi 8 février 2019

DJANGO UNCHAINED

DJANGO UNCHAINED
(Django Unchained)

Réalisateur : Quentin Tarantino
Année : 2012
Scénariste : Quentin Tarantino
Pays : Etats-Unis
Genre : Western
Interdiction : -12 ans
Avec : Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Samuel L. Jackson...


L'HISTOIRE : Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves. Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche. Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…

MON AVIS : On le sait, Quentin Tarantino se sert de sa fabuleuse connaissance cinématographique dans ses œuvres, rendant des hommages divers et variés à tous les films qu'il vénère, et Dieu sait qu'il y en a un paquet ! Plagiat pour certains, hommage pour d'autres, on ne peut en tous cas nier l'efficacité des films de Tarantino, que ce soit Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown, les deux Kill Bill, Boulevard de la Mort ou Inglorious Basterds. En 2012, il ajoute une nouvel pierre à son édifice avec Django Unchained, superbe western qui se classe pour ma part parmi ses plus belles réussites ! 165 minutes de pur plaisir, boostées par un casting cinq étoiles, avec un Jamie Foxx totalement transfiguré par son rôle, un Christoph Waltz truculent, un Samuel L. Jackson fidèle à lui-même et surtout, un Leonardo DiCaprio impérial, interprétant un véritable salaud dans un rôle à mille lieues du gentil Jack de Titanic. Une ordure de la pire espèce, n'ayant aucune compassion pour les Noirs, n'hésitant pas à envoyer ses chiens affamés déchiquetés un de ses esclaves qui a tenté de s'échapper ou proposant un discours nauséabond et révisionniste sur la supériorité des Blancs à travers l'étude d'un crâne de Noir. Une scène totalement abjecte, dans laquelle DiCaprio se lâche totalement, se blessant même à la main mais n'arrêtant pas pour autant de terminer sa scène, preuve de l'immense talent de cet acteur touché par la grâce. Les autres protagonistes sont à l'avenant, que ce soit Don Johnson, la belle Kerry Washington (un peu effacée, il est vrai) ou même Franco Nero qui vient faire un savoureux caméo, ce dernier étant bien évidemment l'interprète phare du Django de Sergio Corbucci, classique du western italien datant de 1966 et dont le thème principal chanté par Rocky Roberts est repris en introduction du film de Tarantino. Si Django Unchained joue avec les codes du western, avec chevauchée sauvage, gunfights de folie et paysage de toute beauté, il tâte également de la Blaxploitation (logique avec ce sujet), de la comédie, du film traitant de l'esclavagisme et même de ce qu'on appelle le Buddy movie, c'est à dire ces films dans lequel on fait côtoyé deux personnages au caractère différent, à l'image de 48 Heures, Double Détente ou Tango & Cash par exemple. Ici, c'est bien sûr le duo Jamie Foxx et Christoph Waltz qui a l'honneur d'être mis en avant et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça fonctionne à 1000% ! Les dialogues entre les deux hommes sont savoureux, très bien écrits, jamais ennuyeux (ce que je reprochais à Boulevard de la Mort). De même, le rythme du film est savamment dosé, les scènes d'action sont dynamiques, avec un final explosif et sanguinolent. Alors oui, il ne fait pas bon être Noir dans Django Unchained. Le film se passe dans le sud des Etats-Unis, quelques temps avant la Guerre de Sécession, et l'esclavage bat son plein, les Noirs n'étant que de la chair à fouetter ou à humilier. La lutte contre le racisme a pourtant démarré et le personnage joué par Christoph Waltz en est le parfait exemple. Un personnage emblématique et empathique, chasseur de prime qui va faire de Django son protégé, allant jusqu'à aider ce dernier à retrouver sa femme, retenue prisonnière dans les propriétés et plantations du méchant Leonardo DiCaprio ! Tarantino met aussi en avant le fait que certains Noirs étaient pire que les Blancs envers leur compatriotes, à l'image du personnage joué par Samuel L. Jackson, dont on ne souhaite qu'une chose : qu'il se prenne une balle entre les deux yeux ! Et des balles, il en pleut comme le déluge, avec un travail sur le son qui magnifie et amplifie chaque déflagration, faisant vrombir notre système Home Cinéma et rugir le caisson de basse ! Maîtrisé de bout en bout, malgré sa durée excessive, Django Unchained est une oeuvre réellement percutante et tonitruante, qui se sert de l'Histoire américaine pour nous proposer un spectacle à la fois généreux et sadique. L'archange de la mort, le pistolero vengeur joué par Jamie Foxx n'a pas fini de vous hanter, tout comme la prestation charmeuse et abjecte de Leonardo DiCaprio après la vision de ce qu'aucun considère comme le meilleur film de son auteur. Un très grand western, à la bande originale comme toujours parfaite. A ne pas rater !


PASSION PLAY

PASSION PLAY
(Passion Play)

Réalisateur : Mitch Glazer
Année : 2010
Scénariste : Mitch Glazer
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Fantastique, Romance
Interdiction : /
Avec : Mickey Rourke, Megan Fox, Bill Murray, Kelly Lynch, Rhys Ifans...


L'HISTOIRE : Célèbre joueur de trompette, Nate Pool est devenu un loser sans le sou après avoir sombré dans la drogue. Apprenant que sa femme l'a trompé avec Nate Pool, un caïd de la pègre, Happy Shannon, envoie un de ses tueurs le liquider. Nate se retrouve seul en plein désert avec l'homme de main venu accomplir sa mission mais ce dernier est tué par un groupe d'indiens qui abandonne Nate à son sort. Celui-ci erre dans le désert et tombe sur un cirque ambulant présentant divers numéros, dont un "freak show". Nate tombe sous le charme de Lily Luster, une femme possédant des ailes d'ange. Cette dernière décide de s'enfuir avec Nate, qui tombe des nues en découvrant que les ailes de Lily ne sont pas factices. Il va tout faire pour protéger Lily de son ancien patron mais aussi de Happy Shannon qui se montre fort intéressé par la jeune fille...

MON AVIS : Je serais honnête avec vous, je n'avais jamais entendu parler de ce film avant de le voir dans un bac à solde à DVD à 5 euros. Je ne l'aurai sûrement pas acheté si la sublime Megan Fox n'était pas présente sur la jaquette. Je l'aurai regretté car si Passion Play n'est pas le film du siècle, loin s'en faut, rien ne me laisser supposer que j'allais voir un vrai film fantastique alors que le résumé (bien moins explicite que le mien ci-dessus) et les images au verso de la jaquette laissés seulement supposer qu'on était en présence d'un thriller dramatique. Car oui, comme vous l'avez lu, le personnage interprété avec brio par Megan Fox possède de vraies ailes d'ange dans le dos ! On pense au début que ce n'est qu'une armature de métal et de plumes portée pour attirer le public dans la baraque à "freaks" de ce cirque ambulant. Mais non, les ailes sont bien réelles. Est-ce à dire que cette Lily Luster est un véritable ange venu du ciel ? Le patron du cirque explique à un moment qu'il a trouvé Lily abandonnée alors qu'elle n'était qu'un bébé. Une explication plausible donc pour une histoire bardée de symbolisme religieux et qui n'est rien d'autre que celle d'une rédemption, à savoir celle de Nate Pool, joué par un Mickey Rourke assez touchant malgré son visage qui semble toujours aussi figé. Ayant sombré au plus bas de la déchéance, Nate essaye tant bien que mal de remonter la pente, jouant de la trompette dans des bars miteux pour empocher quelques billets verts lui permettant de subvenir à ses besoins. Son incartade avec la femme d'un gros bonnet de la pègre (joué par Bill Murray) ne va pas arranger les choses puisqu'il va devoir être exécuté purement et simplement pour laver l'honneur bafoué du mari trompé. A partir du moment où Nate et le tueur se retrouvent dans le désert, le film bifurque dans le fantastique et laisse pas mal de question en suspend, comme par exemple, d'où vient ce groupe d'indiens tout habillés de blancs et qui vont sauver la vie de Nate ? Qu'est-ce que fait un cirque ambulant perdu en plein milieu de nulle part ? Qui est donc cette magnifique jeune femme belle comme un ange, c'est le cas de le dire ? Pourquoi le chirurgien esthétique qu'elle va consulter pour se faire retirer ses ailes ne semble pas plus perturbé que ça par la présence de ces dernières ? Autant de questions étranges qui trouveront une explication lors du final de Passion Play, qui est un très joli film au demeurant, nous offrant de superbes images de Megan Fox, vraiment troublante avec ses ailes dans le dos. La dure réalité de la vie de Nate trouve un échappatoire poétique avec la présence de Lily et lui apporte une nouvelle raison de vivre et de se battre. L'actrice fait preuve d'une belle sensibilité ici et parvient à donner une réelle épaisseur à son personnage qui tente, lui aussi, de survivre à sa différence. Réalisé et scénarisé par Mitch Glazer, Passion Play n'est pas exempt de quelques défauts et possède un rythme très lent, très contemplatif mais qui, pour ma part, lui permet d'instaurer son ambiance poético-fantastico-romantique avec élégance. Bill Murray, qu'on ne présente plus, semble un peu effacé, pas vraiment investit mais comme tous les personnages du film ne semblent pas très heureux de vivre, cherchant peut-être tout simplement un peu de joie ou de bonheur, sa prestation est raccord avec l'ambiance morne et triste de l'ensemble. Le final, qu'on peut voir venir à l'avance, reste un moment lyrique assez réussi et vient clore un film qui mérite d'être découvert et qui est loin d'être le navet annoncé ci et là. La bande originale est fort belle elle aussi et colle parfaitement aux images qu'elle illustre. Laissez-vous tenter par ce film original et souvent touché par la grâce...

* Disponible en DVD et BR chez METROPOLITAN VIDEO



jeudi 7 février 2019

TÉMOIN A CHARGE

TÉMOIN A CHARGE
(Witness for the Prosecution)

Réalisateur : Billy Wilder
Année : 1957
Scénariste : Billy Wilder, Harry Kurnitz
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, film de procès
Interdiction : /
Avec : Tyrone Power, Marlene Dietrich, Charles Laughton, Elsa Lanchester...


L'HISTOIRE : Après avoir fait un infarctus, Sir Wilfrid Roberts, ténor du barreau, rentre chez lui, accompagné de son infirmière Miss Plimsoll qui entend bien lui faire entendre raison quand à son état de santé précaire. Mais le célèbre avocat ne peut se résigner à prendre sa retraite et accepte, contre avis médical, de défendre Leonard Vole, une homme accusé du meurtre d'Emily Jane French, une veuve fortunée. Tous les éléments semblent désigner Vole comme étant le coupable idéal. Sir Wilfrid Roberts aimerait bien que Christine Helm, la femme de l'accusé, apporte des preuves pour disculper son mari. Mais à la surprise générale, elle va se révéler être un témoin à charge...

MON AVIS : Qu'est-ce que ça fait plaisir de se plonger dans un film de procès, genre que j'apprécie énormément et qui joue savamment sur le suspense à grand coup de joutes verbales entre les représentants de la défense et de l'accusation. Si Douze Hommes en Colère de Sidney Lumet (1957) est l'exemple le plus célèbre, d'autres classiques du genre sont à retenir, comme  Le Procès Paradine d'Alfred Hitchcock (1947), Autopsie d'un Meurtre d'Otto Preminger (1959),  Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer (1961), Le Procès d'Orson Welles (1962), Justice pour tous de Norman Jewison (1979), Le Verdict de Sidney Lumet (1982) ou Le Maître du Jeu de Gary Fleder (2003) entre autres. Réalisé la même année que Douze Hommes en Colère, le film dont je vais vous parler, Témoin à Charge de Billy Wilder, est évidemment à rajouter à cette petite liste non exhaustive car c'est sans conteste l'un des meilleurs du genre ! Déçu du peu de succès de son film précédent, Ariane (avec Gary Cooper et Audrey Hepburn), Billy Wilder choisit d'adapter une pièce de théâtre à succès de 1953 basée sur un court récit d'Agatha Christie datant de 1925. Une pièce de théâtre adaptée par la reine du suspense littéraire elle-même. L'histoire tirée de ce récit ("Traitor's Hands") avait déjà fait l'objet d'une adaptation pour la télévision en 1948. C'est donc en 1957 que Billy Wilder livre une nouvelle version de Witness for the Prosecution ou Témoin à Charge en France. Pour l'occasion, il s'alloue un casting prestigieux : Charles Laughton, réalisateur du culte La Nuit du Chasseur, joue Sir Wilfrid Roberts ; Tyrone Power joue l'accusé, Leonard Vole ;  Marlène Dietrich la femme de ce dernier ; Elsa Lanchester, femme de Laughton à la ville et célèbre pour avoir été La Fiancée de Frankenstein en 1935, interprète l'infirmière Plimsoll. Tout ce beau monde va se retrouver au tribunal pour tenter de faire la lumière sur le crime d'une veuve fortunée. Au public également d'écouter les plaidoiries de chaque partie et de se faire sa propre opinion sur Leonard Vole, que tout semble accuser. Avec un réel sens du rythme, Billy Wilder nous amuse autant qu'il nous tient en haleine. Car Témoin à Charge s'avère autant une comédie qu'un thriller sous tension. Le personnage joué par Charles Laughton est absolument truculent, ronchon, n'a pas sa langue dans sa poche et les scènes avec son infirmière donnent lieu à de savoureux dialogues ou situations qui font sourires et apportent une touche de bonne humeur communicative. Il en va de même lors des séquences se déroulant au tribunal car la prestation de Laughton fait encore une fois des merveilles et la méticulosité que son personnage déploie pour contrecarrer la partie adversaire se révèle rapidement jubilatoire. Si Sir Wilfrid Roberts est clairement le personnage principal du film, les autres acteurs ne sont pas en reste, à l'image de Marlène Dietrich qui campe un personnage ambigu et qui va venir déboussoler notre ténor du barreau par ses interventions imprévues. On appréciera aussi le flashback qui nous rappelle L'Ange Bleu ou plus encore La Scandaleuse de Berlin. Tyrone Power nous intrigue lui aussi car on ne sait pas sur quel pied danser en ce qui concerne son chef d'accusation. Est-il ou n'est-il pas coupable du meurtre ? Toute la question est là ! Avec des rebondissements, du suspense, des joutes verbales aux dialogues finement ciselés, Témoin à Charge est un petit bijou qui sait marier différents genres avec une réelle alchimie. Alchimie qu'on retrouve également au niveau du trio d'acteurs précités, et qui se sont tous très bien entendus durant le tournage, et ça se ressent. L'aspect parfois un peu théâtral du film (logique) ne vient en rien lui nuire et la mise en scène de Billy Wilder est très loin d'être du simple "théâtre filmé". Comme dit en début de texte, j'ai pris un réel plaisir à visionner ce film qui m'a fait passer un excellent moment. Je conseille à tous ceux qui voudront le (re)découvrir de le regarder en version originale sous-titrée ! A noter que Billy Wilder enchaînera sur un autre excellent film deux ans après, avec le classique Certains l'aiment Chaud !

* Disponible en DVD et BR chez RIMINI EDITIONS

mardi 5 février 2019

L'INTERNAT

L'INTERNAT
(Boarding School)

Réalisateur : Boaz Yakin
Année : 2018
Scénariste : Boaz Yakin
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Luke Prael, Sterling Jerins, Nadia Alexander, Samantha Mathis, David Aaron Baker...


L'HISTOIRE :  Il était une fois un garçon de 12 ans, Jacob, hanté par le souvenir d’une grand-mère qu’il n’a pas connue. Sa mère et son beau-père ne supportant plus ses cauchemars nocturnes ni son obsession de se travestir en femme, ils l’envoient se faire soigner dans une école spécialisée. L’établissement se révèle être un lieu maléfique et le terrifiant directeur leur  promet une purification prochaine...

MON AVIS : Boaz Yakin est peut-être un nom qui ne vous dis rien du tout. Pourtant, ce réalisateur américain, à qui l'on doit des films tels Fresh (1994), Le Plus Beau des Combats (2000), Max (2015) ou Death in Love (2008) est le scénariste du Punisher version Dolph Lundgren ! Bon, ok, faut le savoir ou être fan du film de Mark Goldblatt pour le savoir. Bref. Maintenant, vous le savez. Le voici donc de retour derrière la caméra avec L'Internat, film présenté avec un visuel et un titre français qui nous fait évidemment pensé à L'Orphelinat, chef-d'oeuvre de Juan Antonio Bayona. Alors attention, parce qu'en fait, le film de Boaz Yakin n'a absolument rien à voir avec le titre précité et pour ma part, je ne le classerai ni dans le genre fantastique, ni même dans le genre horrifique malgré quelques scènes sanguinolentes lors de la dernière demi-heure. Ou alors, il s'agit d'horreur psychologique. C'est avant tout un drame, qui nous présente une histoire assez déroutante et qui risque de laisser sur le carreaux bon nombre de spectateurs s'attendant à visionner un film de fantômes. En effet, L'Internat est un film assez difficile d'accès, qui aborde des thématiques aussi diverses que la Shoah, le conflit inter-générationnel, la difficulté d'être parents d'enfants handicapés ou différents entre autres. Le personnage principal du film est Jacob, superbement interprété par le jeune Luke Prael. Un garçon de douze ans, qui fait tout le temps des cauchemars la nuit, ce qui met les nerfs de sa mère et de son beau-père à rude épreuve. Il a aussi comme signe distinctif d'adorer se grimer en femme, tel le célèbre Ed Wood. Hormis cela, il est comme tous les enfants de son âge : il lit des comics, regarde des films d'horreur (Les Trois Visages de la Peur de Mario Bava est diffusé sur un écran de télévision lors d'une séquence), se fait parfois harceler au lycée à cause de sa démarche "féminine". Pas de quoi crier au scandale et pourtant, ses parents décident de le placer dans un internat spécialisé, dans lequel il côtoiera six autres enfants, dont certains ayant des troubles comportementaux assez importants. Petit à petit, le film prend une tournure assez étrange, tel un conte cruel dans lequel l'ogre serait représenté par le directeur de l'institut, joué avec brio par Will Patton. Honnêtement, j'ai eu assez de mal à comprendre où le réalisateur voulait nous amener, quel était son but ou ses intentions. Durant une heure et demi, on se questionne, on cherche à comprendre le pourquoi de la présence des enfants, pourquoi le réalisateur nous a parlé de la grand-mère décédée de Jacob en début de film, à quoi correspondent les scènes de rêve dans lesquelles on voit un officier nazi parler à une belle demoiselle, pourquoi l'intendante du directeur a-t-elle pris un faux nom et j'en passe. Autant de questions qui ne trouveront réponses que lors de la dernière demi-heure, dans laquelle tout s'accélère, les liens entre les divers éléments du film se mettant enfin en place, nous éclairant sur cette histoire que n'aurait pas renié David LynchPedro Almodovar ou Mario Bava, trois réalisateurs cités comme étant une source de référence par Boaz Yakin. Cet aspect à priori décousu, ce manque de repère, cette incompréhension narrative, le réalisateur de L'Internat l'a revendique, qui n'hésite pas à proclamer qu'il "trouve ennuyeux et frustrant la plupart des films américains modernes, parce qu'ils mettent l'accent sur la cohérence et la clarté des idées qui doivent être exposées au public. Cela élimine l'étrangeté et la spontanéité des idées, de l'expérimentation, tout ce qui rend le travail de création passionnant et permet de dépasser le simple divertissement." En clair, Boaz Yakin veut faire de son film une expérience intuitive, émotionnelle et ne souhaite pas donner toutes les clés de compréhension aux spectateurs. Reconnaissons que si tel était son but, il y est parvenu à 100% tant la vision de L'Internat est déconcertante de prime abord. Même si j'avoue avoir eu du mal à adhérer totalement au film, impossible de nier la maîtrise technique du réalisateur, ni le superbe travail du chef-opérateur Mike Simpson, qui renvoie encore une fois à Mario Bava dans le traitement des couleurs ou de certaines ambiances. Le final est également assez glaçant quand on a enfin compris les rouages du film et pourquoi les parents ont choisit cette internat pour leurs enfants. Bref, L'Internat est est effectivement une expérience cinématographique qui intrigue, brise les repères et nous malmène en nous proposant un récit exigeant qui mérite de fournir un effort d'acceptation. Même une fois le générique de fin terminé, on reste déstabilisé par les personnages, l'atmosphère, les rebondissements proposés. Un film qui va diviser à coup sûr.

* Disponible en DVD et BR chez METROPOLITAN VIDEO


dimanche 3 février 2019

SUSPIRIA

SUSPIRIA
(Suspiria)

Réalisateur : Dario Argento
Année : 1977
Scénariste : Dario Argento, Daria Nicolodi
Pays : Italie
Genre : Giallo
Interdiction : -16 ans
Avec : Jessica Harper, Stefania Casini, Flavio Bucci, Barbara Magnolfi, Alida Valli...


L'HISTOIRE : Jeune ballerine en devenir, Suzy arrive de nuit à la prestigieuse école de danse classique de Fribourg. Elle ne trouve personne pour lui ouvrir la porte mais croise une autre élève qui semble terrorisée et qui prend la fuite sous une pluie battante. Le lendemain, Suzy rencontre la directrice de l'école, qui lui apprend qu'un drame a eu lieu dans la nuit et qu'une élève a été assassiné. Peu à peu, la jeune femme trouve qu'il se passe des choses étranges dans cette académie de danse, ce que lui confirme son amie Sara, qui passe ses nuits a espionner les déambulations nocturnes des professeurs...

MON AVIS : Après avoir réalisé quatre gialli (L'Oiseau au Plumage de Cristal, Le Chat a Neuf Queues, Quatre Mouches de Velours Gris, Les Frissons de l'Angoisse) et un film historique en costume (Cinq Jours à Milan), ainsi que deux épisodes de l'anthologie horrifique La Porta sul Buio, Dario Argento change de registre en 1977 et s'oriente vers le film fantastique avec ce que nombre de ses fans considèrent comme son chef-d'oeuvre absolu : Suspiria. Difficile de les contredire car même si Les Frissons de l'Angoisse est souvent cité en tant qu'oeuvre de référence du maestro italien, on atteint avec Suspiria une autre dimension qui confine au génie. Rien que les vingt premières minutes du film méritent l'appellation de chef-d'oeuvre, avec l'arrivée de la belle Suzy (Jessica Harper, vue dans Phantom of the Paradise en 1974) à l'école de danse sous une pluie battante, arrivée qui se soldera par la mort d'une autre élève lors d'une scène de meurtre anthologique, le tout sous la musique inquiétante du groupe Goblin et sous des jeux de lumières et des effets de couleur proprement renversants. Suspiria est une oeuvre visuellement splendide, qui renvoie bien sûr au travail sur les couleurs effectué par Maria Bava. Avec ses éclairages rouges, verts, jaunes et j'en passe, Dario Argento a fait de son film un pur régal pour les rétines et l'expression "on s'en prend plein la vue" est parfaitement justifiée ici. Mais Suspiria, ce n'est pas qu'un prodige visuel ! C'est même avant tout un prodige sensoriel principalement auditif ! Car on a tendance à occulter l'incroyable travail, l'incroyable maîtrise des éléments sonores qui composent ce film parfait. Outre la musique des Goblin qui apparaît comme un personnage à part entière ici tant sa présence est importante et ne se contente pas de juste mettre en musique des images, on trouve tout un panel de sonorités diverses et variées (soupirs, respirations, murmures, voix lugubres, incantations, bruit de pas...) qui parviennent à créer une atmosphère angoissante de haute volée. La présence d'un pianiste aveugle vient renforcer cet état de fait car l'homme n'a plus que le son pour se guider, ce qui en fait d'ailleurs un véritable ennemi pour le Mal qui rôde dans l'académie de danse. Je ne dévoilerai aucun secret de polichinelle en disant que le Mal sus-nommé n'est autre qu'une confrérie de sorcières, la thématique de la sorcellerie étant clairement formulée sur l'affiche même du film. Car oui, Suspiria est un grand film de sorcellerie, qui mise tout sur son ambiance et sa mise en scène virtuose. La caméra de Dario Argento est mue par une puissance cinématographique hors du commun, avec ces plans à la symétrie parfaite (Kubrick, es-tu là ?) qui plonge le public dans un univers baroque flamboyant. Très peu nombreux, les meurtres sont tous mémorables de par leur mise en scène qui confine à l'oeuvre d'art. Le scénario n'est pas spécialement très étoffé, on y retrouve même des éléments du giallo, mais la puissance des images fait que tout passe comme une lettre à la poste et qu'on reste scotché dans notre fauteuil devant tant de sensations visuelles et auditives, qui font de Suspiria un vrai cauchemar éveillé, version macabre d'Alice au pays des Merveilles ou de Blanche Neige et les Sept Nains (une référence citée par Argento lui-même). Film fabuleux de part son esthétisme et sa réalisation, Suspiria est un incontournable du cinéma fantastique, voire du cinéma tout court.



samedi 2 février 2019

TÉNÈBRES

TÉNÈBRES
(Tenebre)

Réalisateur : Dario Argento
Année : 1982
Scénariste : Dario Argento
Pays : Italie
Genre : Giallo
Interdiction : -16 ans
Avec : Anthony Franciosa, Giuliano Gemma, Christian Borromeo, Veronica Lario...


L'HISTOIRE : Fort du succès de son dernier roman, "Ténèbres", l'écrivain Peter Neal se rend à Rome pour en assurer la promotion. Dès son arrivée, il est contacté par l'inspecteur Germani qui lui apprend qu'une jeune femme a été retrouvé assassiné à coup de rasoir, avec des pages de "Ténèbres" enfoncées dans sa bouche. Peter Neal est contacté au téléphone par le mystérieux assassin, qui poursuit sa virée meurtrière et reste insaisissable. La police tente de comprendre les motivations du tueur et son rapport avec le roman de Peter Neal. Ce dernier craint pour sa propre vie car les victimes continuent de se multiplier...

MON AVIS : Après une entrée fracassante dans le domaine du giallo dès 1970 avec L'Oiseau au Plumage de Cristal, Dario Argento a poursuivi avec brio dans ce genre avec Le Chat a Neuf Queues (1971), Quatre Mouches de Velours Gris (1971) et Les Frissons de l'Angoisse (1975) avant de s'en éloigner pour verser dans le fantastique avec Suspiria (1977) et Inferno (1980). Une bifurcation de courte durée puisque dès 1982, Dario Argento fait son grand retour dans le giallo avec Ténèbres, qui reste un de ses films préférés. Pour ce film, le réalisateur transalpin souhaite revenir aux bases du genre et demande à son directeur de la photographie, l'excellent Luciano Tovoli, de lui fournir un travail allant totalement à l'encontre de ce qu'il a effectué sur Suspiria, c'est à dire de lui fournir une image froide, débarrassée de tout effet de lumière et de couleur et ce, afin de gagner en réalisme. Une mission que remplira haut la main Tovoli qui fait prédominer le blanc et le noir dans Ténèbres, jouant avec les contrastes et la luminosité avec brio. Cette dominante noir et blanche, parfois bleutée, est seulement contrastée par les éclats de sang bien rouge qui ont lieu durant les nombreux meurtres proposés dans le film. Outre cette palette de couleur qui donne au film un effet moderne, les choix de décors de Dario Argento sont aussi à l'avenant et se montrent particulièrement inspirés ici. Du propre aveu du réalisateur, le choix d'une architecture résolument post-moderne est totalement délibéré, ce dernier voulant montrer au public une autre facette de Rome, l'exemptant de tout attribut antique, comme si le film se déroulait dans une époque quasi futuriste. Villa aux murs blancs perdue dans un immense jardin, immeuble carré ou rectangulaire, on est loin du Colisée ou des monuments gothiques ou baroques qu'on a l'habitude de voir dans les films se déroulant dans cette ville magnifique. La mise en scène d'Argento se montre également des plus virtuoses, que ce soit lors d'une longue course poursuite entre une jeune fille et un chien qui se soldera par la découverte du repaire de l'assassin par cette dernière ou lors des différents meurtres, à l'esthétisme raffiné et à l'inventivité certaine. Le meilleur exemple, qui réunit à la fois virtuosité et inventivité, est sans conteste le meurtre de deux lesbiennes. Cette scène bénéficie, pour la première fois dans un film italien, de l'utilisation de la Louma, invention française (cocorico !) qui permet de placer sur une grue articulée et commandable à distance une caméra, offrant au réalisateur la possibilité d'obtenir des plans absolument incroyables. Comme dans cette séquence donc, dans laquelle la caméra se déplace tout autour d'un immeuble avec une fluidité totale, explorant murs, fenêtres et toitures avec une souplesse inégalée, jusqu'à pénétrer dans l'appartement des deux futures victimes qui vont devenir la proie du tueur au rasoir. De la haute voltige pour un résultat saisissant. Bien sûr, le meurtre le plus célèbre de Ténèbres est celui de l'actrice Veronica Lario qui voit son bras être sectionné par un coup de hache, un geyser de sang venant alors repeindre en rouge le mur blanc de l'appartement. Impressionnant. Argento se montre toujours aussi à l'aise dans le giallo malgré son incartade dans le fantastique et n'a pas oublié les code du genre : assassin ganté, meurtres violents à l'arme blanche, trauma déclencheur de la folie homicide, pincée d'érotisme, nombreux coupables potentiels, enquête de police (l'inspecteur étant joué ici par Giuliano Gemma), rebondissements et victimes principalement féminines se télescopent tout au long des 101 minutes du film, qui n'est malheureusement pas exempt de quelques défauts. Il faut bien avouer que certaines scènes de Ténèbres traînent un peu en longueur et auraient pu être supprimé ou raccourci pour le dynamiser d'avantage. Si on est heureux de voir l'acteur John Saxon, les séquences le mettant au premier plan sont dans l'ensemble peu intéressantes. Certains personnages n'apportent pas grand chose à l'intrigue ou ne sont là que pour se faire occire par notre mystérieux tueur, aux motivation bien énigmatiques. Et que dire du final on ne peut plus grand-guignolesque, qui lorgne presque vers le ridicule ? J'avoue que j'ai un peu de mal avec ce rebondissement final quelque peu tiré par les cheveux. Reste que malgré ces petits défauts, Ténèbres fait incontestablement parti du haut du panier de la catégorie giallo et il reste toujours aussi plaisant à revisionner, l'excellente partition électronique du trio Simonetti-Morante-Pignatelli y étant pour beaucoup également. Et puis, quelle affiche magnifique !