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samedi 29 septembre 2018

FRAYEURS

FRAYEURS
(La Paura, Paura nella Citta dei Morti Viventi, The Gates of Hell, City of the Living Dead)


Réalisateur : Lucio Fulci
Année : 1980
Scénariste : Lucio Fulci, Dardano Sacchetti
Pays : Italie
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Catriona MacColl, Christopher George, Carlo de Mejo, Fabrizio Jovine, Giovanni Lombardo Radice, Antonella Interlenghi, Daniela Doria


L'HISTOIRE : Lors d'une séance de spiritisme, la jeune Mary Woodhouse voit durant sa transe le père Thomas se pendre dans le cimetière de la ville de Dunwich, ouvrant par son geste les portes de l'Enfer. La séance se termine tragiquement par la mort de Mary. Un journaliste, Peter Bell, découvre que la jeune femme n'était en fait que dans un profond coma et la sauve d'une mort effroyable, allant être enterrée vivante. Mary et son sauveur décident de trouver la ville de Dunwich pour aller refermer la porte de l'Enfer. Dans la ville maudite, des événements horribles sont déjà en train de se produire et le spectre du père Thomas n'en finit pas de provoquer des morts violentes. Le temps est compté car la Toussaint approche et si la porte n'est pas refermée, les morts ne trouveront pas le repos éternel et reviendront hanter le monde des vivants à jamais...

MON AVIS : Après le succès phénoménal de L'Enfer des Zombies en 1979, Lucio Fulci se tourne ensuite vers le polar bien violent avec La Guerre des Gangs. Durant le tournage de ce dernier, son désir de réaliser un nouveau film d'horreur le titille tellement qu'il enchaîne directement après cet excellent poliziottescho avec Fabio Testi le film que je considère comme son chef-d'oeuvre horrifique, le bien nommé Frayeurs. Avec une histoire et un scénario écrits par Dardano Sacchetti et Lucio Fulci lui-même, preuve de son implication dans ce projet, Frayeurs comblera d'aise tous les fans de films d'horreur qui ne versent pas dans l'humour et veulent avant tout créer une ambiance macabre propre à terrifier le public. Le film démarre très fort, avec ce cri strident sur lequel vient se greffer la musique de Fabio Frizzi qui est d'une puissance horrifique totale. La scène qu'elle illustre, à savoir la pendaison du père Thomas, ne laisse planer aucun doute sur ce qui va suivre : le film va envoyer du lourd, du très lourd même ! Cette séquence introductive dans un cimetière plonge instantanément le spectateur dans une atmosphère délétère qui ne le quittera plus jamais durant les 93 minutes que dure le film. Par un habile montage, la pendaison du père Thomas dans la ville de Dunwich, point de départ de tous les malheurs qui vont s'abattre sur les personnages principaux, est entremêlée avec une séance de spiritisme se déroulant à New York et dans laquelle l'héroïne de Frayeurs, la sublime Catriona MacColl (dont c'est la première participation à un film de Fulci), va être témoin de ce drame et de l'ouverture d'une porte de l'Enfer qui libérera les morts vivants. Un choc assez rude que cette vision puisque la pauvre jeune femme va tomber dans un état de mort apparente après avoir fait une crise d'hystérie assez perturbante. A partir de ces deux événements morbides, Frayeurs va enchaîner sans temps mort les scènes chocs et déployer la puissance de ses images, telles les ténèbres envahissant petit à petit la ville de Dunwich. Evidemment, ce nom n'est pas inconnu des fans de littérature d'épouvante puisqu'on le doit au célèbre H.P. Lovecraft, auquel Frayeurs rend donc hommage ici. Pour donner l'impression d'être dans une veille en proie aux forces du mal, Fulci peaufine les détails et joue avec le vent et le brouillard, qui seront présents dans toutes les séquences à venir. On a réellement l'impression que Dunwich est une sorte de ville-fantôme et rien ne respire la joie de vivre dans sa représentation à l'écran. Les protagonistes principaux de l'histoire sont : Mary la jeune médium (Catriona MacColl), le journaliste Peter Bell (Christopher George), le psychologue Gerry (Carlo de Mejo), l'artiste-peintre Sandra (Janet Agren), Bob le paumé (Giovanni Lombardo Radice) et la ravissante Emily (Antonella Interlenghi). Tout ce petit monde va vivre des journées éprouvantes, en particulier Emily, qui va devenir l'une des proies du père Thomas, et Mary, enterrée vivante avant d'être sauvée in extremis par Peter Bell lors d'une séquence à suspense assez prodigieuse. Par la suite, Mary, Peter, Gerry et Sandra vont faire route commune après leur rencontre à Dunwich pour tenter de stopper la puissance infernale qui s'abat sur cette ville. Le père Thomas (Fabrizio Jovine) devient donc le symbole du Mal à l'état pur, une sorte de spectre vengeur se manifestant dans la ville pour mener à bien sa mission et apporter l'apocalypse sur le monde. L'une de ses apparitions restera dans la mémoire de tous ceux qui ont vu le film, je parle bien sûr de la fabuleuse et écœurante séquence dans laquelle l'actrice Daniela Doria vomit littéralement ses entrailles devant le pauvre Michele Soavi, futur réalisateur de Bloody Bird, Sanctuaire, La Secte ou Dellamorte Dellamore. Autre célèbre scène gore, aussi culte que celle que je viens de vous décrire, la mort du pauvre Bob, dont le crane sera transpercé par une perceuse d'établi. Une pluie d'asticots, des crânes broyés à pleine main par les morts vivants et autres joyeusetés vous attendent également. On le voit, Lucio Fulci ne lésine pas sur les artifices pour en donner pour son argent aux spectateurs avides d'émotions fortes. Mais il n'en oublie pas la poésie pour autant, une poésie macabre et lugubre certes mais néanmoins bien présente, à l'image de la sublime descente des héros dans l'antre du Mal à la fin du film, le tout bénéficiant, comme déjà évoqué, de la superbe partition musicale de Fabio Frizzi, qui s'est ici surpassé. Les détracteurs de Frayeurs ont souvent dit que ce film n'avait pas de scénario et se contentait d'enchaîner les séquences gores. C'est tout à fait inexact, même s'il est souvent surréaliste. En tout cas, c'est à une réelle symphonie de l'horreur que nous convie Lucio Fulci avec Frayeurs, film d'une beauté picturale certaine. Si beaucoup plébiscitent L'Au-Delà comme oeuvre maîtresse de son réalisateur, je lui préfère réellement Frayeurs, qui fera toujours partie de mon Top 5 horrifique.

LE MEDIABOOK D'ARTUS FILMS
Comme pour L'Enfer des Zombies et L'Au-Delà, l'éditeur Artus Films nous offre un sublime mediabook contenant le Blu-Ray, le Dvd et un livre de 80 pages mettant en exergue le film de Fulci et l'influence de Lovecraft dans le cinéma fantastique. L'image du film est parfaite, aucun défaut à signaler. Parmi les bonus, Lionel Grenier du site luciofulci.fr nous livre son interprétation personnelle de FrayeursCatriona MacColl revient sur le tournage du film et sa relation avec Fulci. Encore plus à l'aise, Giovanni Lombardo Radice se fend lui aussi d'un long entretien avec moult anecdotes qu'on prend un réel plaisir à découvrir. Le chef décorateur Massimo Antonello Geleng nous parle de son travail sur le film. Enfin, une galerie d'affiches et de photos vient compéter le tout. Du bel ouvrage, comme d'habitude !

* Disponible en combo mediabook BR /DVD chez ARTUS FILMS




mercredi 26 septembre 2018

AMERICAN GUINEA PIG 2 : BLOODSHOCK

AMERICAN GUINEA PIG 2 : BLOODSHOCK
(American Guinea Pig 2 : Bloodshock)

Réalisateur : Marcus Koch
Année : 2015
Scénario : Stephen Biro
Pays : Etats-Unis
Genre : Gore, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Lillian McKinney, Dan Ellis, Andy Winton, Maureen Allisse, Norm J. Castellano...


L'HISTOIRE : Un homme se retrouve dans une cellule capitonnée de ce qui ressemble à un hôpital psychiatrique. Pour une raison qui lui est inconnue, il va subir de nombreux sévices corporels de la part du médecin. L'homme découvre que dans une cellule voisine se trouve une femme qui subit le même sort que lui...

MON AVIS : Après un premier chapitre ultra gore et qui a retourné pas mal d'estomac, Stephen Biro, initiateur du projet American Guinea Pig (nouvelle saga US rendant hommage à la série japonaise culte des années 80), décide d'offrir au talentueux spécialiste en effets spéciaux Marcus Koch, dont on a pu admirer le travail dans Bouquet of Guts & Gore justement, la possibilité de réaliser le chapitre suivant, baptisé Bloodshock. Si les spectateurs s'attendaient à une nouvelle variation du premier chapitre et à retrouver une ambiance de type snuff movie, Marcus Koch a surpris tout son monde en proposant quelque chose de totalement différent, voir même d'innovant et quelque peu déstabilisant. Pourquoi ça me demanderez-vous ? Tout simplement parce que le film est en quasi majorité en... noir et blanc ! Quelle idée saugrenue hurleront les fans de tripailles, habitués à voir la couleur rouge se répandre allègrement sur leur écran, aspergeant tout le casting et repeignant les décors jusqu'à ce qu'ils en deviennent écarlates. Marcus Koch a peut-être été séduit par ce choix similaire qu'avait fait Tom Six pour son Human Centipède 2 en 2011. Personnellement, j'ai plutôt apprécié cette prise de risque car je trouve qu'elle correspond bien à l'ambiance nihiliste qui se dégage de Bloodshock et surtout, l'option de convertir le film en noir et blanc (car il a été réalisé en couleur au départ) fait vraiment bien ressortir l'aspect malsain de ce décor d'hôpital psychiatrique, le rendant encore plus sombre, plus obscur, plus torturé. Autre volonté du réalisateur, ne pas refaire ce qui a été fait précédemment, ne pas faire de la surenchère. Il aurait été en effet très facile de doubler, tripler le nombres de victimes et de s'amuser à les mutiler à nouveau à grands renforts d'instruments divers et variés. Que nenni. Marcus Koch, conscient du niveau d'atrocité atteint avec Bouquet of Guts & Gore, décide de faire les choses différemment et de proposer des sévices plus minutieux, plus organiques, de ceux qui relèvent de nos peurs les plus profondes en matière de souffrance. Des jambes ou des têtes coupées à la scie, on a déjà vu ça. Mais le spectateur n'éprouvera-t-il pas une répulsion encore plus forte si on s'attaque aux dents, aux os et ce, d'une manière qui relève plus de la chirurgie que de la boucherie pure et simple ? Les scènes gores de Bloodshock sont donc nettement moins grand-guignolesques que celles de  Bouquet of Guts & Gore mais elles n'en restent pas moins choquantes car elles nous font ressentir une douleur intérieure qui nous met mal à l'aise : langue coupée, dents arrachées, incision au scalpel, broyage des os du genou à coup de marteau, écarteur chirurgical utilisé pour atteindre les os à divers endroits du corps, découpe des os au fil coupant et j'en passe, le tout exécuté par un médecin froid et méthodique, qui n'a aucun remords à pratiquer ces tortures sur ses deux cobayes. Un peu à la manière de Martyrs de Pascal Laugier, les séquences de sévices sur cet homme et sur cette femme se répètent, se ressemblent parfois, comme pour mieux briser leur esprit, leur force de résistance. Et l'absence de couleur rend ces tortures encore plus glauques. Une autre force du film est de ne jamais expliquer le pourquoi du comment. Des personnages, on ne saura (quasiment) rien. Des deux héros (L'homme et la femme) , on ignorera tout d'eux, ni pourquoi ils sont là, ni s'ils se connaissent, ni pourquoi on leur fait subir ce traitement inhumain. Seul l'ultime séquence nous en apprendra plus sur eux. Mais du début du film jusqu'à cette fin, le mystère demeure entier. Il en va de même pour le médecin et ses deux infirmiers : qui sont-ils, quel sont leur but, où travaillent-ils, pour qui travaillent-ils ? C'est au spectateur de se forger sa propre idée, de donner une direction, une intention au film. Il semblerait que le médecin cherche à amener ses "patients" dans un certain état mental grâce aux tortures et aux opérations de chirurgie auxquelles il les soumets. Mais ce ne sera jamais clairement défini dans le film, le scénario laissant libre cours à l'imagination et à la réflexion de celui qui le regarde. Bref, il y a autant d'interprétation possible que de spectateur. S'il est moins gerbatif que Bouquet of Guts & Gore, Bloodshock se réserve tout de même un morceau de choix vers la fin du film, et ce morceau est... en couleur ! Il est malin Marcus Koch quand même ! Cette séquence hallucinante, qui débute en noir et blanc, va en effet devenir de plus en plus coloré au fur et à mesure de la progression du rapport charnel entre l'homme et la femme qui sont parvenus à se rencontrer. S'ensuit alors un acte d'amour fou qui va jouer sur la notion d'attraction / répulsion, le spectateur étant confronté à l'exploration réciproque des blessures par les deux personnages. Les doigts s'insèrent dans les plaies, les mains fouillent les entrailles, les langues coupées tentent de se nouer, et le sang, bien rouge cette fois à l'écran, se répand et colore les deux corps qui s'imbriquent dans des mouvements passionnés mais aussi nauséeux pour le public / voyeur non averti. Cette séquence fulgurante, qui représente peut être l'aboutissement de ce que recherchait le médecin, à savoir un abandon total de ses patients, aussi bien physiquement que mentalement, est assez gratinée et contraste bien avec l'aspect quasi documentaire du reste du film. Avec très peu de dialogue, avec son ambiance mortifère et son cadre psychiatrique, American Guinea Pig 2 : Bloodshock se montre au final original dans son approche, efficace dans ses scènes gores et expérimental dans nombre de ses choix. Une bonne surprise en ce qui me concerne, l'équipe derrière cette saga n'ayant en aucun cas cédé sur l'autel de la facilité, quitte à surprendre, positivement ou négativement, les fans auquel ce film s'adresse  principalement.

* Disponible en DVD médiabook chez UNCUT MOVIES


lundi 24 septembre 2018

FORNACIS

FORNACIS
(Fornacis)

Réalisateur : Aurélia Mengin
Année : 2018
Scénario : Aurélia Mengin
Pays : France
Genre : Drame, Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Aurélia Mengin, Philippe Nahon, Emmanuel Bonami, Anna D'Annunzio...


L'HISTOIRE : Anya roule seule sur les routes, à bord de sa voiture rétro, une 1961 Facel Vega. Sur le siège passager, une urne, contenant les cendres de Frida, son amour partit trop tôt. Inconsolable, Anya ressent physiquement et psychologiquement la présence de Frida, ce qui la plonge dans un univers trouble, dans lequel se télescope souvenirs, rêves et fantasmes. Lors d'un arrêt dans un bar perdu, le Fornacis, elle croise Wolf, un jeune homme qui semble aussi perdu qu'elle. Cette rencontre parviendra-t-elle à lui faire oublier Frida ?

MON AVIS : Après avoir fait des études de mathématiques à la Sorbone, Aurélia Mengin, originaire de l'île de la Réunion, décide d'abandonner ce domaine de compétences pour se lancer dans le cinéma. Dès 2011, elle met en scène des courts-métrages, tels Macadam Transferts, Karma Koma, Autopsy des Délices ou bien encore Adam moins Eve. Suite au succès de Adam moins Eve en festival, Aurélia décide en 2018 de tenter l'expérience du long-métrage avec Fornacis, une oeuvre déstabilisante, expérimentale, parfois hermétique mais qui saura emmener dans un road-trip sensoriel et visuel le spectateur qui se laissera happer par son ambiance, ses images et son atmosphère sonore. Film sur l'amour absolu et la difficulté de faire le deuil d'un être cher, Fornacis étonne et surprend par ses choix radicaux, comme cette totale absence de dialogues entre les personnages par exemple. Seule une voix-off se fera entendre à intervalle régulier, correspondante aux pensées d'Anya, à son ressenti face à la perte de Frida. Un choix courageux pour un premier film, preuve que cette nouvelle génération de réalisatrices ose et tente des choses, gardant à l'esprit leur univers sans se soumettre aux codes de la rentabilité, quitte à provoquer le rejet ou un manque d'adhésion auprès du public. Car Fornacis est très loin des standards du genre et Aurélia Mengin n'a pas eu peur de déconcerter son audience pour mener à bien ce projet. Réalisatrice, scénariste et actrice de Fornacis, Aurélia Mengin (qui est aussi la créatrice du festival Même pas Peur qui se déroule à la Réunion) endosse plusieurs casquettes et la plupart lui vont plutôt bien. Comme réalisatrice, elle fait preuve d'une belle créativité et j'ai franchement été surpris par la beauté visuelle du film, avec un travail sur la lumière et les jeux de couleur absolument admirable, on pense souvent à Mario Bava (oui je sais, dès qu'il y a un travail sur les couleurs, on cite ce réalisateur mais franchement, c'est bien à lui et à Dario Argento que j'ai pensé lors de certaines scènes) et la composition des plans est assurément très travaillée. En tant qu'actrice, Aurélia s'en sort également fort bien et possède un réel charisme qui fait qu'on est comme hypnotisé par son jeu, son élégance, sa présence. Elle donne une réelle épaisseur au personnage d'Anya, lui offre sa fragilité mais aussi sa force. Hypnotique, le film l'est tout autant dans son ensemble d'ailleurs. Comme déjà évoqué, c'est un sorte de trip visuel et surtout sensoriel, le travail sur l'ambiance sonore étant d'une minutie assez incroyable : chuchotements, battements de cœur, respiration, cris stridents, silence total, autant d'éléments qui viennent nous plonger, comme le personnage principal, dans un entre-deux mondes envoûtant, dont on ne maîtrise pas toujours l'espace-temps. Le film débute comme une sorte de road movie pour bifurquer vers un univers étrange, croisement de ceux de David Lynch, d'Alejandro Jodorowski ou même de Gaspar Noé. Outre les éléments sonores déjà cités plus haut, la musique qui compose Fornacis amplifie également cette sensation d'étrangeté qu'on ressent tout au long du film. Le morceau joué à environ dix minutes du film, quand Anya roule au volant de sa voiture m'a même fait penser à du John Carpenter. Par petite touche, Fornacis déploie son élément fantastique en la présence du fantôme de Frida, interprétée par Anna D'Annunzio, actrice qu'on a pu voir dans L'étrange Couleur des Larmes de ton Corps. Ce spectre, cette présence qui refuse de quitter Anya, à moins que ce ne soit l'inverse, donne lieu à des scènes ensorcelantes, comme lors de la scène d'amour entre Aurélia Mengin et Emmanuel Bonami par exemple et dans laquelle vient s'inviter Frida. Autre idée puissante et assez fascinante à l'écran, le fait que ce refus de faire le deuil de Frida va littéralement contaminer Anya dans son esprit mais aussi dans sa propre chair. Le corps de la jeune femme est en effet marqué par des marques grisâtres, des sortes de blessures dans lesquelles se seraient incrustées les cendres du corps de Frida. Et ça ira crescendo, un peu à la manière du pourrisement du corps de l'héroïne du film d'Eric Falardeau Thanatomorphose. On le voit, Fornacis est un film tout en symbole et métaphore et c'est en ça qu'il malmène le spectateur, qu'il le sort de sa zone de confort. Poétique, onirique, Fornacis est un ovni dans le paysage français. Dommage qu'aucun distributeur ne prend le temps de s'y intéresser. Heureusement, le film est programmé dans quelques festivals mais on espère qu'il va connaître une meilleure mise en avant tant il possède des qualités indéniables qui en font une vraie expérience à part, qualités qui éclipsent quelques petits défauts de rythme (la scène dans le bar avec Philippe Nahon, un peu longue pour ma part). En tout cas, Aurélia Mengin peut être fier de son film et prouve avec Fornacis que les femmes ont désormais leur mot à dire dans le cinéma de genre. Elle rejoint Julia Ducorneau et Coralie Fargeat dans le cercle restreint des réalisatrices sur qui il faudra désormais compter. Trois styles totalement différents pour Grave, Revenge et Fornacis et c'est justement ça qui fait tout l'intérêt de la chose. Girl power !

dimanche 23 septembre 2018

AMERICAN GUINEA PIG : BOUQUET OF GUTS & GORE

AMERICAN GUINEA PIG : BOUQUET OF GUTS & GORE
(American Guinea Pig : Bouquet of Guts & Gore)

Réalisateur : Stephen Biro
Année : 2014
Scénario : Stephen Biro
Pays : Etats-Unis
Genre : Gore
Interdiction : -16 ans
Avec : Ashley Lynn Caputo, Cayt Feinics, Scott Gabbey, Eight The Chosen One...


L'HISTOIRE : Deux jeunes filles sont kidnappées par un gang spécialisé dans la réalisation de snuff movie. Elles sont musculairement anesthésiées et droguées, afin d'être toujours conscientes pendant le tournage cauchemardesque qui les attends. Le metteur en scène, assisté d'un cameraman, va filmer un acteur portant un masque de Baphomet, ce dernier ayant pour mission de torturer et démembrer les deux malheureuses victimes et ce, avec divers instruments...

MON AVIS : Attention aux âmes sensibles, voici l'infâme hommage du réalisateur américain Stephen Biro à la saga japonaise des Guinea Pig. Débutée en 1985, cette saga se compose de six moyens-métrages qui versent dans le gore outrancier et parfois délirant, surtout à partir de l'épisode 3. Seuls les deux premiers, Devil's Experiment et surtout Flowers and Flesh of Blood se raccrochent au courant du snuff movie, ces films qui mettent en scène des morts réelles et dont l'existence n'a jamais été prouvée mais vu ce que l'âme humaine est capable de faire, gratuitement ou moyennant finance, ça ne m'étonnerait pas que cette légende n'en soit pas vraiment une. Bref, c'est un autre sujet. Ces deux premiers moyens-métrages mettent juste en scène des bourreaux qui massacrent des victimes féminines. Le second possède des effets spéciaux tellement réalistes que l'acteur Charlie Sheen, après l'avoir visionné, a vraiment cru qu'il s'agissait d'un snuff movie et a été porté plainte auprès du F.B.I. ! Une anecdote célèbre, qui est d'ailleurs souligné dans le film qui nous intéresse ici, et qui montre bien à quel point Flowers and Flesh of Blood est un choc visuel à ne pas mettre entre toutes les mains. Vingt-neuf ans plus tard, Stephen Biro, le créateur du label Unearthed Films, éditeur spécialisé, entre autres, dans la sortie DVD / BR de films extrêmes, décide de rendre hommage à la saga japonaise en produisant une nouvelle série de films chocs, non plus au Japon mais bel et bien aux Etats-Unis, d'où le nom générique de American Guinea Pig. Pour mettre en scène le premier chapitre, intitulé Bouquet of Guts and Gore, et comme cette idée vient de lui, il se charge du scénario et décide de le réaliser lui-même. L'histoire est des plus simplistes : deux filles vont être torturées et massacrées par une équipe filmant un snuff movie. Point. Evidemment, le spectateur lambda se demandera quel est l'intérêt d'un tel film, qui repousse assez loin les limites de la barbarie à l'écran. Honnêtement, il n'y en a pas vraiment, si ce n'est d'assister à un spectacle répulsif, choquant, de voir jusqu'où notre sensibilité de spectateur peut supporter des scènes de démembrements totalement gratuites et surtout, d'être pantois devant le réalisme des effets spéciaux et de saluer les équipes artistiques qui ont rendu possible un tel étalage de barbaque et de tripailles et faire qu'on y croit dur comme fer. Des nausées, vous risquez fort d'en avoir dans Bouquet of Guts and Gore puisque rien ne vous sera épargnez : poignet, pied, jambes et mâchoire sciés, œil lacéré, cage thoracique broyé à la pince coupante, viscères extraits à la main d'une entaille au bas ventre et j'en passe, le tout en gros plan et avec un maximum d'hémoglobine déversé. Les effets sonores des os qui se brisent fond froid dans le dos et feront grincer les dents des spectateurs les plus endurcis. L'effet malsain, écœurant, du spectacle proposé est renforcé par le fait que Stephen Biro a placé deux caméras de résolution différente dans les mains de ses bourreaux, ce qui fait que les qualités d'image s'alternent à l'écran et donnent vraiment l'impression d'assister à un vrai snuff. On est loin du rendu 4k et le résultat s'avère plus que payant en tout cas. On notera que le directeur de la photographie du film n'est autre que Jim Van Bebber, réalisateur underground à qui l'on doit des titres phares comme Deadbeat at Dawn , My Sweet Satan ou The Manson Family. Le "star" du film, outre les effets gores, c'est bien sûr le "boucher", un homme à la corpulence imposante, portant un masque satanique du plus bel effet et qui prend un réel plaisir à réduire en bouillie les deux pauvres victimes, sous les ordres du réalisateur qui sait exactement ce qu'il veut. Glauque. L'ultime séquence, avant que le générique de fin ne vienne stopper ces débordements d'atrocités, est absolument géniale car cette fois, sans aucune violence, rien que par le pouvoir suggestif de l'image, Stephen Biro nous laisse bouche bée devant l'écran, les mains moites, la gorge sèche. Je laisse la surprise à ceux qui oseront se repaître de ce monument gore, à ne pas mettre devant tous les yeux. En 73 minutes, Bouquet of Guts and Gore remplit parfaitement le défi que s'était lancé son réalisateur, à savoir faire le film le plus scandaleux et dégueulasse de tous les temps ! Les estomacs fragiles passeront fortement leur chemin...

* Disponible en DVD médiabook chez UNCUT MOVIES


samedi 22 septembre 2018

LE FANTÔME DE L’OPÉRA (1989)

LE FANTÔME DE L’OPÉRA
(The Phantom of the Opera)

Réalisateur : Dwight H. Little
Année : 1989
Scénario : Gerry O'Hara, Duke Sandefur
Pays : Etats-Unis, Angleterre, Hongrie
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Robert Englund, Jill Schoelen, Alex Hyde-White, Stephanie Lawrence...


L'HISTOIRE : Jeune soprano voulant être reconnue pour ses talents vocaux, Christine Day trouve la partition d'un opéra inachevé dû au compositeur Erik Destler. Elle décide de chanter une chanson de cet opéra lors d'une audition. Lors de celle-ci, un machiniste provoque un accident par inattention et Christine, sous le choc, s'évanouit. Elle se retrouve alors à Londres, au 19ème siècle, en tant que chanteuse d'opéra secondaire. Rapidement, elle devient la protégée d'une homme mystérieux qui désire en faire la vedette de l'opéra. Ce dernier n'hésitera pas à provoquer des incidents et à tuer tous ceux qui se mettront en travers de son chemin et de celui de Christine...

MON AVIS : Roman légendaire de Gaston Leroux paru en 1910, Le Fantôme de l'Opéra n'a jamais cessé de déverser son aura à travers les décennies, que ce soit au théâtre, au cinéma (on compte au moins sept adaptations depuis le film de 1925 avec Lon Chaney dans le rôle du fantôme plus des variations non officielles...), à la télévision, en comédie musicale (dont le spectacle conçu par Andrew Lloyd Webber joué depuis 30 ans à Broadway...), en chanson (Iron Maiden, Lacrimosa, Nighwish et j'en passe) et même e,n bandes-dessinées. En 1989, le réalisateur Dwight H. Little, qui a mis en scène Halloween 4 - Le Retour de Michael Myers l'année précédente, décide de s'atteler à une nouvelle version de l'histoire, détournant le matériau d'origine (il délaisse Paris pour Londres par exemple) avec pour but d'accentuer le côté horrifique du récit. Pour ce faire, il emploie un acteur devenu célèbre dans la communauté des fans de cinéma fantastique du monde entier depuis qu'il a joué un certain Freddy Krueger en 1984. Robert Englund, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, est donc le nouveau interprète d'Erik, le fantôme bien tangible qui terrorise les membres de l'opéra afin de protéger et promouvoir sa muse Christine. Si on retrouve quelques passages obligés (la pièce de théâtre dans laquelle doit chanter Christine est bien le Faust de Gounod, le remplacement de la "Carlotta" par Christine, la loge N°5 réservé au fantôme, le bal avec le fantôme costumé en "mort rouge", le refuge de ce dernier se trouve dans les catacombes de l'opéra...), cette version 1989 prend également ses aises en faisant du personnage principal une sorte de psycho-killer qui n'hésite pas à écorcher ses victimes ou à les éventrer dans les ruelles sombres de Londres façon Jack l'éventreur. Le look même d'Erik quand il se promène dans les rues ou les bars de la ville rappelle le célèbre serial killer de Whitechapel. Les meurtres sont assez violents et les effets gores bien mis en avant, avec des cadavres écorchés de la tête au pied, des têtes coupées, des égorgements, des éventrations au scalpel ou couteau. L'aspect horrifique du film de Dwight H. Little devrait satisfaire les amateurs qui trouvaient les précédentes adaptations trop poétiques ou romantiques. Le mythe de Faust est également mis en avant de façon ingénieuse et vient se télescoper avec le récit classique du Fantôme de l'Opéra puisque Erik fait un pacte avec le Diable pour assurer sa notoriété. Mais en échange du succès, le Diable exige une contrepartie : la beauté du visage du compositeur ! Défiguré et brûlé sur une partie du visage, Erik n'a d'autre choix que de se coudre des morceaux de peau et d'appliquer du fond de teint pour masquer sa laideur. La séquence de reconstitution de son visage est assez horrible, avec Robert Englund cousant des bouts de chair sur ses cicatrices, le tout avec un certain réalisme. Exit donc le masque porté sur une moitié du visage, cette version 1989 se montre originale à ce niveau même si on comprend bien que ce visage recomposé qu'on peut arracher pour provoquer l'effroi et le dégoût a pour but de surfer sur le visage de Freddy Krueger bien sûr. Assez à l'aise dans le rôle d'Erik, Englund semble s'amuser à débiter des phrases sentencieuses et à se mouvoir telle une ombre dans les coulisses de l'opéra, façon tueur de slasher movie auquel le film emprunte d'ailleurs certains codes. Une bonne prestation de cet acteur charismatique, tout comme celle de Jill Schoelen qui interprète la pauvre Christine, devenue bien malgré elle le centre d'intérêt d'Erik. Elle apporte sa jeunesse et sa fragilité au personnage et contraste avec le côté rugueux et cruel de son mentor. Les morceaux chantés d'opéra, le décor du superbe théâtre, les catacombes, le cimetière participent pleinement à l'aspect gothique de ce Fantôme de l'Opéra 1989. Couplé à son ambiance horrifique, le résultat est pourtant en demi-teinte même s'il n'y a rien de déshonorant ou de foncièrement raté. En fait, le film brasse large dans ses intentions de séduire un public diversifié et, tout en faisant preuve d'originalité sur un terrain balisé, il manque parfois le coche. Mais rien de bien grave au final et on saluera la tentative de dynamiser le thème et le récit, de lui apporter une direction différente, quitte à s'attirer les foudres des fans du récit de Gaston Leroux. La dernière séquence, un peu surjoué et théâtral, nous ramène à nouveau au mythe de Faust et à la damnation éternelle. Bref, Le Fantôme de l'Opéra 1989 est une tentative de modernisation pas inintéressante, plus sombre, plus gore, bien mise en scène et bénéficiant de jolis décors et costumes. A redécouvrir car on a tendance à l'oublier dans la cohorte des adaptations des aventures d'Erik le fantôme. 


jeudi 20 septembre 2018

HUMONGOUS - LA MALÉDICTION DE L'ÎLE AUX CHIENS

HUMONGOUS - LA MALÉDICTION DE L'ÎLE AUX CHIENS
(Humongous)

Réalisateur : Paul Lynch
Année : 1982
Scénario : William Gray
Pays : Canada
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Janet Julian, David Wysocki, John Wildman, Joy Boushel, Garry Robbins...


L'HISTOIRE : Lors d'une soirée festive, Ida Parsons est violée. Elle se réfugie sur une île abandonnée, avec pour seule compagnie ses chiens dont l'un a déchiqueté son violeur. Trente ans plus tard, un groupe d'amis s'offre une balade à bord d'un bateau. Après avoir recueilli un naufragé qui leur somme d'éviter l'île que les habitants du coin surnomment "l'île aux chiens", Eric et son frère Nick ont une altercation qui provoque l'explosion de leur embarcation. Le petit groupe n'a d'autre choix que de rallier l'île à la nage. Pour se faire pardonner, Nick part seul pour tenter de trouver "la vieille femme et ses chiens" afin de lui demander de l'aide. Ne voyant pas son frère revenir et n'ayant pas retrouvé sa sœur Carla suite au naufrage, Eric décide d'explorer l'île avec sa petite amie Sandy. Le naufragé, ayant la jambe brisée, reste sur la plage avec Donna. Eric et Sandy découvrent de nombreuses carcasses de chiens morts sur le trajet. La tension augmente quand ils sentent une présence qui les observe...

MON AVIS : En 1980, le réalisateur Paul Lynch met en scène Le Bal de l'Horreur, slasher réputé qui utilisait les talents de Jamie Lee Curtis après que celle-ci se soit confrontée au redoutable Michael Myers dans Halloween La Nuit des Masques en 1978. Fort de ce succès, Paul Lynch poursuit dans la voie du film d'horreur en 1982 avec Humongous, mélange de slasher et de survival dont la jaquette VHS française, avec son slogan "ca rampe, ça hurle et ça a faim" avait suscité l'intérêt de nombreux vidéophiles des 80's / 90's. Le souci avec Humongous version VHS, c'est que le film est très sombre, la majorité de l'action se déroulant de nuit ou dans des endroits peu éclairés. C'est donc avec un vif intérêt que j'ai revu ce film via le DVD édité par Uncut Movies, grand dénicheur de films gores mais aussi de raretés 80's. Même si les scènes sombres sont toujours sombres (haha), la qualité d'image est largement supérieure à ma vieille VHS Embassy et l'expérience est donc nettement plus appréciable car ce DVD permet de discerner ce qui se passe à l'écran, ce qui est quand même la moindre des choses non ? Revu dans des conditions plus que correctes, Humongous m'a beaucoup plus séduit que par le passé. J'avertis de suite les férus de carnage et de meurtres violents, le film de Paul Lynch ne joue clairement pas dans cette catégorie, ne vous attendez donc pas à voir gicler du beau sang rouge partout sur l'écran, vous risqueriez d'être fortement déçus. Car hormis la scène de viol assez malsaine au début du film et qui se clôture sur le massacre du violeur par un chien, nous montrant sa gorge bien déchiquetée et ensanglantée, les quelques meurtres qui auront lieu par la suite seront plus que soft et ne risquent même pas de faire tourner de l’œil vos chérubins s'ils regardent ce film avec vous. A ce manque de violence frontale, Humongous répond par une ambiance macabre qui n'est pas sans nous rappeler celle du film Anthropophagous, oeuvre culte de Joe d'Amato réalisée en 1980, et avec qui le film de Paul Lynch entretient pas mal de similitudes, le gore en moins. On retrouve en effet le cadre de l'île abandonnée, un groupe de touristes et un "être" à la force impressionnante qui va décimer petit à petit ce groupe, le tout dans une atmosphère étouffante et un brin stressante. La nature même du "monstre" et le pourquoi de sa violence sont également traités de façon dramatique et triste, comme dans Anthropophagous encore, où l'explication du cannibalisme du meurtrier donnait lieu à une séquence mélancolique et touchante. Comment blâmer le meurtrier d'Humongous quand on a son bagage ? Né d'un viol, il est comme la créature de Frankenstein, vierge de toute notion du bien et du mal, ne connaissant rien du monde qui l'entoure à part sa mère, ses chiens et son île. Un parcours déjà pas bien gai auquel le scénariste a ajouté une maladie, l'acromégalie, qui le rend difforme physiquement, et, cerise sur le gâteau, une grosse déficience mentale pour couronner le tout ! Pas étonnant qu'il soit totalement déboussolé quand sa gentille maman qui s'est exilée pour le protéger décède, le laissant seul avec des chiens dont il ne sait même pas s'occuper et qui mourront de faim. Ce qui ne sera pas le cas de notre "monstre" qui devra bien se repaître avec ce qu'il a sous la main si vous voyez ce que je veux dire. La faim justifiant les moyens, tout visiteur débarquant sur l'île devient donc un repas potentiel, tout comme dans Anthropophagous encore une fois. Le réalisateur joue donc avec son "monstre" et le décor de l'île afin de faire frissonner ses personnages et le public en sus. Caméra subjective dans les bois nous faisant comprendre que quelqu'un rôde dans les parages, carcasses d'animaux et de chiens augmentant l'impression de malaise, visite de la maison d'Ida Parsons avec découverte de son cadavre décomposé depuis belle lurette, trouvaille d'une pièce servant de chambre froide au monstre et dans laquelle il pend ses victimes en vu d'un futur festin et j'en passe, tout est fait pour effrayer avec les moyens du bord et mettre protagonistes et spectateurs dans un état de stress permanent. Quelques petites touches d'érotisme gentillet sont également proposées, avec le personnage de Donna (Joy Boushel) qui nous fera profiter de son buste dénudé. Les fans de Vendredi 13 chapitre 2 hurleront peut-être au plagiat avec l'une des scènes finales, dans laquelle la survivante va s’habiller comme la mère du monstre et tenter de lui faire croire que cette dernière est donc toujours vivante pour s'en sortir. Pas de quoi crier au scandale pour ma part, le recyclage des idées des autres étant monnaie courante dans le genre. Conscient de son faible budget, Paul Lynch va également retarder au maximum la vision de l'apparence du tueur, qu'on n'apercevra que de manière très rapide en plus au bout de 80 minutes environ. Même s'il a quelque peu vieilli, Humongous est un fier représentant du cinéma d'exploitation horrifique 80's et parlera certainement aux nostalgiques de cette décennie qui lui trouveront assurément un certain charme et seront sensibles au travail sur l'ambiance déployé par Paul Lynch.

* Disponible en DVD chez UNCUT MOVIES


mardi 18 septembre 2018

MADHOUSE (1981)

MADHOUSE
(There was a Little Girl)

Réalisateur : Ovidio G. Assonitis 
Année : 1981
Scénario : Ovidio G. Assonitis, Stephen Blakely, Roberto Gandus, Peter Shepherd
Pays : Italie, Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Patricia Mickey, Michael MacRae, Dennis Robertson, Morgan Most, Allison Biggers...


L'HISTOIRE : Julie est éducatrice dans un institut spécialisé pour jeunes enfants sourds. Son oncle James, prêtre de profession, vient la trouver pour lui annoncer que Mary, sa sœur jumelle, est gravement malade et que ses jours sont comptés. Julie supporte mal le fait de devoir aller voir Mary car les relations entre les deux sœurs ont toujours été complexes, Julie déclarant depuis son enfance avoir été la souffre-douleur de Mary, notamment le jour de leur anniversaire. Effectivement, quand Julie va voir sa sœur à l'hôpital, cette dernière la menace et lui promet d'autres souffrances à venir. Peu de temps après, l'oncle James apprend à Julie que Mary s'est échappée de l'hôpital. La peur s'empare de Julie, surtout que son anniversaire est dans cinq jours...

MON AVIS : Étonnante petite série B horrifique que ce Madhouse, titre vidéo de There was a Little Girl, réalisé en 1981 par Ovidio G. Assonitis. Ce producteur d'origine égyptienne est principalement connu pour avoir été le metteur en scène de deux films surfant sur des succès américains, avec Le Démon aux Tripes (1974) qui s'inspire de L'Exorciste et Tentacules (1977) qui profite du succès des Dents de la Mer. Il aurait également participé au Piranha 2 de James Cameron en tant que réalisateur non crédité au générique. En 1981, il veut profiter du succès du Halloween de John Carpenter et du Vendredi 13 de Sean S Cunningham avec ce Madhouse qu'il ne faut pas confondre avec les films au titre homonyme de Jim Clark (1974), de Tom Ropelewski (1990), de Todd Sheets (1991), de William Butler (2004) ou de Brandon Tobatto (2018). Cette précision étant faite, passons donc au film de Assonitis que j'ai pris beaucoup de plaisir à visionner. Mettant en vedette une relation compliquée entre deux sœurs jumelles, Julie et Mary, Madhouse se concentre dans sa première partie sur l'ambiance, sur le suspense et il y réussi assez bien. Déjà, la scène d'introduction, avec ces deux petites filles, l'une debout, l'autre se balançant dans un fauteuil à bascule, parvient à créer un climat oppressant : la ressemblance entre les fillettes est frappante, on comprend qu'on a affaire à des jumelles. Celle qui est debout se met alors à fracasser le visage de sa sœur à coup de pierre. Ok. Ça commence fort. On apprend par la suite que l'une des deux sœurs, Julie (interprétée par Patricia Mickey), était sous l'emprise de la cruelle Mary (Allison Biggers), cette dernière prenant un malin plaisir à la torturer et à lui faire subir nombre de brimades, principalement le jour de leur anniversaire, Mary ne supportant pas de devoir tout partager en deux. Julie vit désormais une vie paisible, amoureuse du docteur Sam Edwards (Michael MacRae) et ayant totalement coupé les ponts avec sa sœur. Voulant tellement oublié son enfance difficile avec Mary, elle n'a d"ailleurs jamais évoqué l'existence de cette dernière à son fiancé. Malheureusement, le passé trouble de Julie va refaire surface quand son oncle lui apprend que Mary est à l'hôpital des suites d'une grave maladie. Les retrouvailles entre les deux frangines ne se passent pas vraiment bien et l'évasion de Mary démarre un compte à rebours meurtrier de cinq jours, aboutissement étant cet ultime et dernier jour, symbolisant l'anniversaire de julie et de Mary. Jouant habilement avec les codes du slasher et du film de psychokiller, Ovidio G. Assonitis nous pond une première partie efficace, avec caméra en vue subjective, bruits inquiétants dans l'immeuble où vit Julie, présence fantomatique qui peut frapper n'importe où, n'importe quand. On pense souvent à Halloween - La Nuit des Masques, même si Madhouse n'en a pas l'excellence et surfe plus volontiers dans le cinéma bis. Quelques meurtres viennent émailler les cinq jours qui sont décomptés à l'écran, dont un à l'arme blanche, avec une Mary défigurée et hystérique, et deux avec l'aide du chien de cette dernière, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de La Malédiction. Si on voit assez bien le passage du vrai chien à sa tête en animatronique quand il dévore le cou de ses victimes, ces deux scènes sont assez graphiques et ne lésinent pas sur l'hémoglobine. Notre brave toutou connaîtra par contre un sort peu enviable, se voyant forer le crâne à l'aide d'une perceuse ! Brigitte Bardot a du en avoir les yeux révulsés d'horreur et je ne parle même pas de la scène dans lequel un pauvre petit chat est pendu (mais ce n'est pas certain qu'elle a vu ce film). Si certains acteurs versent dans la théâtralité, notamment Edith Ivey qui joue la propriétaire excentrique de Julie, on note tout de même le soin apporté par le réalisateur a jouer avec la tension et le stress. La course-poursuite (interminable !) dans l'immeuble entre la propriétaire et l'assassin est bien mise en scène, même si assez surjouée, et rappelle certains gialli italiens. S'il y en a une qui s'en sort vraiment bien, c'est Patricia Mickey, qui joue donc Julie si vous avez suivi. Elle se montre touchante (dans sa relation avec les enfants sourds, dont Sacha, son petit protégé) et parvient à nous faire ressentir tout son désarroi et sa peur quand on évoque sa sœur Mary. Elle tient vraiment Madhouse sur ses épaules et le film doit beaucoup à sa prestation. Autre atout de poids en faveur du film d'Assonitis, outre son aspect malsain, c'est son final, ce fameux cinquième jour tant attendu et qui va s'avérer être totalement surréaliste et halluciné. Sans vous le dévoiler, on passe du thriller / giallo / slasher psychologique à un condensé de folie totale, avec un personnage de cinglé de la plus belle espèce, qui cabotine à n'en plus finir mais qui, compte tenu de cette non-retenue grand-guignolesque, parvient à emporter notre adhésion. Ce changement brutal d'ambiance dans cette dernière bobine surprend et étonne, certes, mais franchement, c'est assez jubilatoire et ça explique parfaitement le titre Madhouse en tout cas ! Bien sûr, vu en 2018, le film d'Ovidio G. Assonitis peine parfois à convaincre sur certains plans et sa violence, qui l'a fait mettre sur la fameuse liste des Videos Nasties en Angleterre, paraîtra un peu désuète pour l'amateur ayant vu moult films bien plus gores que lui. On apprécie pourtant son manque de complaisance vis à vis de cette violence, puisque enfant et animaux y passent, et avec cruauté et sadisme en plus ! Si les influences d'Halloween, de Vendredi 13, d'Alice Sweet Alice, de Sœurs de Sang, de Massacre à la tronçonneuse ou même de Happy birthday, souhaitez ne jamais être invité vous sauteront aux yeux si vous n'êtes pas des néophytes en la matière, cela ne vous empêchera pas d'apprécier Madhouse, son climat angoissant, son ambiance parfois poisseuse et surtout son final théâtral et déjanté qui mérite à lui seul le coup d'oeil ! En tout cas, c'est très largement supérieur à Tentacules

* Disponible en DVD chez UNCUT MOVIES 


lundi 17 septembre 2018

LE BATEAU DE LA MORT

LE BATEAU DE LA MORT
(Death Ship / Cauchemar Nazi)

Réalisateur : Alvin Rakoff
Année : 1980
Scénario : John Robins
Pays : Angleterre, Canada, Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Victoria Burgoyne...


L'HISTOIRE : Le capitaine Ashland et son équipage effectue son dernier voyage aux commandes d'un paquebot de croisière, l'heure de la retraite ayant sonnée. Alors qu'il s'en va participer à contre-cœur à la fête des passagers, son second vient l'avertir qu'un navire fonce droit sur eux. Le capitaine ne peut éviter la collision et le paquebot sombre aux fond des eaux. Seul neuf passagers survivent au drame, dont la capitaine Ashland, l'officier Trevor Marshall, la femme et les deux enfants de ce dernier ainsi que Lori, Sylvia et deux membres de l'équipage. Ils parviennent à se hisser sur le navire qui les a percuté. Ils découvrent qu'il n'y a pas âme qui vive sur ce bateau d'apparence ancienne. Pourtant, ce dernier se met en marche et des incidents mortels commencent à avoir lieu. Les rescapés doivent se rendre à l'évidence : les histoires de vaisseau fantôme ne sont pas un simple mythe et ce bateau cache un terrible secret, hérité de la seconde guerre mondiale...

MON AVIS : Avec sa superbe affiche qui fît rêver bon nombre de personnes ayant vécu la période bénie des vidéoclubs, Le Bateau de la Mort possède une certaine aura parmi la communauté des aficionados du cinéma fantastique, surtout chez ceux qui ne l'ont pas vu d'ailleurs ! Réalisé en 1980 par Alvin Rakoff, metteur en scène spécialisé dans les épisodes de séries-télévisées et totalement novice dans le genre fantastique / horreur, Le Bateau de la Mort est un petit budget dont l'histoire a été imaginée par Jack Hill (scénariste de The Terror, Spider Baby, The Big Bird Cage, Coffy, Foxy Brown...) puis scénarisée par John Robins. Pour donner un cachet à son film, Alvin Rakoff fait appel à plusieurs acteurs dont la carrière ne brille plus vraiment, à l'image de George Kennedy, Richard Crenna (qui relancera sa carrière deux ans plus tard avec le personnage du colonel Trautman bien sûr), Nick MancusoSally Ann Howes ou Kate Reid par exemple. Des têtes bien connues du public, qui se retrouvent donc prises au piège dans un bateau vivant ! Le début du film nous fait irrémédiablement penser à la série La Croisière s'amuse (si, si) avant de bifurquer vers l'épouvante une fois le bateau fantôme entrant en scène et envoyant par les fonds le paquebot de croisière. L'ambiance se fait plus pesante et le look du bateau fantôme, vieux et décrépi, fait son petit effet quand il apparaît juste derrière le canot de sauvetage contenant les rescapés. Une fois montés à bord de ce navire peu accueillant, ces derniers vont vite s'apercevoir que quelque chose cloche : personne à l'horizon, de la poussière et des toiles d'araignées à foison, l'eau des robinets à une couleur rouille, bref, ça sent le bateau abandonné et pourtant, il avance ! La salle des machines nous est montrée à l'écran à de nombreuses reprises, avec ces roulements et ces pistons qui fonctionnent à plein régime, sans aucune intervention humaine ! Bruits étranges, cliquetis, voix spectrales en allemand et incidents se mettent alors à avoir lieu, ce qui permet au réalisateur de distiller ses effets et d'instaurer une atmosphère lugubre assez réussie mais qui ne va malheureusement pas empêcher le film de tourner en rond. En effet, Le Bateau de la Mort devient un huis-clos mais aussi un film de couloir (bah oui, on est dans un navire en pleine mer hein), l'impression que l'histoire ne progresse pas énormément s'empare de nous, tout comme une certaine lassitude à voir et revoir ces plans de la salle des machines. De plus, les personnages sont à peine esquissés et on ne s'intéresse franchement pas à eux, si bien que lorsque la mort frappe, on s'en fout un peu. Toutefois, les acteurs semblent assez investit pour la plupart, surtout Richard Crenna, qui court partout pour trouver une échappatoire, et la jolie Victoria Burgoyne qui nous offrira la meilleure scène du film : voulant prendre une douche, elle se retrouve nue (un bon point pour le film !) et se voit arroser de la tête au pied avec du sang qui s'échappe du pommeau de douche. L'actrice gigote dans tous les sens et hurle tout ce qu'elle peut, la porte de la cabine de douche restant inlassablement fermée. Elle connaîtra juste après une fin peu enviable. Les autres manifestations mortelles, façon Destination Finale avec vingt ans d'avance, sont également assez sympathiques, voire même cruelles et sadiques comme ce pauvre homme attaché par les pieds à un cordage lui-même relié à un système de poulie et qui va être lentement plongé tête la première dans la mer ! Sympa comme torture non ? Plus le film avance, plus le capitaine interprété par George Kennedy semble sombrer dans la folie, le bateau voulant apparemment qu'il devienne le nouveau chef de bord. Une idée déjà vue mais avec le contexte nazi, ça marche pas trop mal, dommage que l'acteur se contente de faire une tête bizarre et ne se soit pas plus impliqué dans le rôle. Rassurez-vous, je ne vous dévoile en rien un pot-aux-roses, on le sait depuis belle lurette que le bateau est un ancien navire nazi qui écumait les mers dans les années 40. C'est d'ailleurs ce contexte qui fait tout le sel du film et lui donne son intérêt. La découverte d'une caméra projetant des images de défilés nazis, d'un poste radio diffusant de vieilles chansons militaires allemandes, d'une salle entièrement dédiée à la gloire d'Adolf Hitler, d'une chambre froide contenant les cadavres de prisonniers pendus au croc de boucher ou d'une cale dont le filet est rempli de squelettes, dont on imagine qu'ils ont été victimes des expériences morbides des officiers nazis, augmentent l'aspect malsain du film et rehaussent notre attention et notre attrait pour cette petite production au rythme peu enlevé et à la mise en scène assez passive. Très honnêtement, Le Bateau de la Mort n'est pas dénué d'intérêt mais son côté un peu cheap fait qu'à mon avis, il était déjà daté en 1980 ! De plus, il a un rendu très téléfilm et je pense qu'il aurait bien mieux fait d'en être un, on aurait pu le ranger à côté du classique Le Triangle du Diable de Sutton Roley, avec lequel il partage pas mal de point commun en terme de mise en scène et de rendu. Toujours est-il que ceux qui désirent voir Le Bateau de la Mort peuvent acheter le DVD édité par Nucleus Films (vost-anglais), qui possède un bonus d'environ 40 minutes avec interview du réalisateur et de quelques acteurs, plus 3 scènes inédites, la version non dénudée de la scène de la douche, un commentaire audio, des trailers, une sélection de pages du premier scénario de Jack Hill et une galerie photo ! A noter que Le Vaisseau de l'Angoisse est un pseudo-remake de ce film, en plus grand-guignolesque et spectaculaire.

* Disponible en DVD chez NUCLEUS FILMS


dimanche 16 septembre 2018

GRADUATION DAY

GRADUATION DAY
(Graduation day)

Réalisateur : Herb Freed
Année : 1981
Scénario : Anne Marisse, Herb Freed
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Slasher
Interdiction : -16 ans
Avec : Christopher George, Patch Mackenzie, E. Danny Murphy, Linnea Quigley...


L'HISTOIRE : Acclamée par ses camarades de classe et encouragée plus que de raison par son entraîneur, Laura gagne une course inter-campus mais décède suite à cet effort intensif, juste après avoir passée la ligne d'arrivée. Plusieurs mois après le drame, Anne revient au domicile familiale pour assister à la remise des diplômes et récupérer celui de sa défunte sœur Laura à titre posthume. Les élèves qui étaient membres de l'équipe sportive de Laura se préparent à célébrer la fin des études mais la fête va rapidement virer au cauchemar quand un tueur mystérieux entreprend de décimer un à un ces derniers...

MON AVIS : Après avoir mis en scène des tas de spots publicitaires, Herb Freed décide de devenir réalisateur. En 1972, il tourne son premier film, A.W.O.L., puis patientera jusqu'en 1976 pour enchaîner des longs-métrages horrifiques tels Haunts, Beyond Evil ou Graduation Day. C'est avec ces deux derniers titres qu'il reste connu des amateurs de cinéma de genre, Graduation Day étant certainement son plus gros succès, puisque, avec un budget de 250 000$ environ, le film récolta sur le seul territoire des USA la modique somme de 23 000 000$ et des poussières, somme à laquelle il faudra rajouter l'argent amassé grâce à son exploitation en VHS ! Si ça ce n'est pas de la rentabilité, je ne m'y connais pas ! Comme vous l'aurez compris à la lecture de l'histoire, Graduation Day, qui date de 1981, est un slasher qui va profiter du succès phénoménal de son illustre aîné sorti l'année précédente, je parle bien sûr de Vendredi 13. Herb Freed a bien retenu la leçon et nous propose un slasher de bonne facture, certes beaucoup moins sanglant que le film de Sean S. Cunningham mais qui fait preuve d'une belle originalité dans la mise en scène des différents meurtres qui vont troubler la tranquillité du campus. Le film se concentrant sur les membres d'une équipe sportive, les assassinats ont évidemment un rapport avec cet univers. Au programme du carnage : un joggeuse égorgée, un ballon de football américain sur lequel a été greffé un pic qui vient transpercer le ventre de son propriétaire, la lame d'une épée effilée qui transpercera le cou d'une pauvre jeune fille, un adepte du saut à la perche qui atterrira sur un matelas bardé de pointes acérés ou la décapitation de la sexy Linnea Quigley nous seront proposés, entre autres réjouissances. Sympa. A chaque meurtre, le tueur mystérieux rayera la tête de la victime sur une ancienne photo de groupe sur laquelle on peut voir la pauvre Laura. L'amateur de slasher l'aura compris dès le décès de cette dernière au début du film, c'est ce drame qui va être le déclencheur des méfaits du tueur revanchard qui n'y va pas avec le dos de la cuillère. Comme dans tout bon film de ce genre, la liste des meurtriers potentiels est assez longue et à pour but de perdre le spectateur ou de lui faire prendre la mauvaise direction, à grand coup de petit détail nous mettant sur la bonne ou la mauvaise piste. L'arrivée de la sœur de Laura (la brune Patch Mackenzie) coïncide avec le début des meurtres, coïncidence ? Le petit ami de Laura, inconsolable, serait-il en cause ? L'entraîneur de cette dernière (joué par Christopher George, vu dans Grizzly le Monstre de la forêt, Exterminator, Frayeurs, Le Sadique à la Tronçonneuse...) n'a-t-il pas supporté de perdre son élève et est-il devenu fou après le drame ? Ou bien serait-ce un autre élève, au masculin comme au féminin, qui se cacherait derrière l'identité du tueur ? Ou même le beau-père de Laura, alcoolique et ronchon ? On a l'embarras du choix, ce qui permet au réalisateur de tenir la distance sur la longueur (normal pour un film se déroulant dans le milieu du sport...) et de ne pas trop ennuyer le spectateur. Qui dit slasher dit souvent "plan nichons" et la présence de Linnea Quigley dans un rôle secondaire (la célèbre Scream Queen est présente au générique de Graduation Day car remplaçant une actrice ayant refusé de montrer ses seins) est évidemment l'atout charme du film, cette dernière exhibant sa poitrine sans grande difficulté pour récolter de bonnes notes auprès de ses professeurs !  Quelle bonne élève ! L'actrice nous gratifiera d'ailleurs de l'une des meilleures scènes du film, à savoir une course-poursuite entre elle et le tueur habillé façon escrimeur, le tout en alternance avec des séquences de la fête du lycée, avec prestation du groupe Felony qui interprète trois chansons dans le film. On retrouve dans cette scène toute l'ambiance 80's qu'on apprécie dans les slashers de cette décennie. Encore plus jubilatoire sera le final grand-guignolesque du film, qui n'a pas peur d'en faire trop et se révèle joyeusement macabre. Un final qui mérite à lui seul qu'on visionne ce Graduation Day, slasher parfois un peu mou il faut bien le reconnaître, mais qui tient la route dans l'ensemble et se montre plutôt agréable à suivre. Ce n'est peut être pas une référence du genre au même titre que Carnage ou Meurtres à la St-Valentin par exemple, mais en tout cas, j'ai trouvé qu'il remplissait assez bien le cahier des charges et j'ai apprécié de le découvrir via la très belle édition de nos camarades d'Uncut Movies, qui, outre une belle remasterisation de l'image, présente le film dans un luxueux mediabook, avec livret 32 pages, poster et bonus à la clé. 

* Disponible en DVD chez UNCUT MOVIES


samedi 15 septembre 2018

GIVE US TOMORROW

GIVE US TOMORROW
(Give Us Tomorrow)

Réalisateur : Donovan Winter
Année : 1978
Scénario : Donovan Winter
Pays : Angleterre
Genre : Drame, Home Invasion
Interdiction : -16 ans
Avec : Sylvia Syms, Derren Nesbitt, James Kerry, Donna Evans, Alan Guy...


L'HISTOIRE : La famille Hammond est victime de l'intrusion de deux voyous qui vont les prendre en otage. Au même moment, Martin Hammond, directeur de banque, voit un groupe de braqueurs pénétrer dans son établissement. Ces derniers lui expliquent que sa famille est retenue en otage par leurs associés. Une fois leur butin dérobé, non sans avoir tué un employé qui tentait de déclencher l'alarme, les braqueurs s'enfuient. Martin Hammond retourne rapidement à son domicile et se retrouve lui aussi pris en otage par Ron et "le garçon". La tension entre la famille Hammond et les deux voyous s'intensifient quand la police comprend ce qui se trame à l'intérieur du domicile de Martin Hammond...

MON AVIS : Réalisateur d'origine britannique, Donovan Winter fait partie de ces metteurs en scène spécialisés dans les petits budgets et qui sont quasiment inconnus du grand public. Il est décédé en 2015 et laisse derrière lui une petite filmographie de sept longs-métrages et deux courts-métrages. On lui doit entre autres le nudie World without Shame en 1962 puis la comédie sexy Some Like it Sexy en 1969, le drame érotique Escort Girls en 1974 et le film d'action The Deadly Females en1976. Sa carrière se clôturera en 1978, avec ce Give Us Tomorrow qui mélange drame, film policier et home invasion. Manque de budget oblige, le réalisateur a la bonne idée de mettre en scène un quasi huis-clos, la majorité du film, hormis le passage dans la banque, se déroulant dans la maison de la famille Hammond. Cette dernière est composée du père (Martin), de la mère (Wendy), de leur fille de seize ans (Nicola) et de leur petit dernier (Jamie). Ils vont vivre une journée qui va virer au cauchemar quand deux complices d'une bande de braqueurs de banque vont s'introduire sans permission chez eux et les prendre en otage. Le film joue donc sur le thème du home invasion, qui sera popularisé à outrance quelques décennies plus tard. La conduite des deux voyous, Ron et "le garçon", respectivement interprétés par Derren Nesbitt et Alan Guy, n'est pas très violente par contre, je m'attendais à plus de méchanceté de leur part, plus de sadisme même mais force est de reconnaître qu'à ce niveau, Give Us Tomorrow est assez light et ne fais pas dans l'excès. Les deux braqueurs se contentent la plupart du temps de tenir en joue la famille avec leurs armes, Ron forçant juste la mère de famille à lui cuisiner un bon petit plat pour remplir son ventre qui crie famine. Les quatre otages se conduisent eux-mêmes de façon correcte, ne tentant jamais de s'enfuir ou de se rebeller, à l'exception du petit Jamie qui réussira à piquer le pistolet du "garçon" pendant que celui-ci est occupé à satisfaire la jeune Nicola. Malgré ce prénom masculin, Nicola est une jeune fille diablement sexy, à la chevelure blonde et aux jolis yeux qui ne laisseront personne indifférent. C'est le personnage le plus intéressant du film et elle est interprétée par Donna Evans. Pour l'anecdote, cette dernière est devenue l'une des femmes cascadeuses les plus réputées et les plus demandées d'Hollywood ! Elle a fait la doublure de nombreuses stars féminines dans des films tels Basic Instinct, Speed, Total Recall, Starship Troopers et j'en passe. Dans Give Us Tomorrow, elle a un rôle assez particulier puisqu'elle va s'avérer bien moins prude et bien moins terrorisée que ce qu'on pouvait penser. On peut même dire qu'elle est victime du syndrome de Stockholm puisqu'elle va tomber amoureuse du "garçon", auquel elle va dévoiler sa poitrine sans sourciller avant de lui offrir carrément sa virginité et ce, malgré les protestations de ses parents. Notre cascadeuse en herbe, qui ne l'était pas encore lors de ce tournage en 1978, va donc égayer la vision du film de sa nudité et donner un petit aspect malsain à cette histoire somme toute assez classique, aussi bien dans le fond que dans la forme. On notera tout de même que le réalisateur, qui est également le scénariste ici, tente d'apporter un peu de fond en expliquant que si "le garçon" a sombré dans le braquage de banque, c'est tout simplement parce que notre monde ne lui a pas offert une chance de réussir dans la vie. Ron le répétera à plusieurs reprises, si "le garçon" est passé dans le côté obscur, c'est que personne n'a voulu lui offrir un vrai travail et qu'il fallait bien qu'il subvienne à ses besoins. Si on peut trouver un peu douteux cette façon de voir les choses, avec ce commentaire social qui tendrait à justifier le vol et la violence, toujours est-il que cette révélation va faire fondre encore plus le cœur de midinette de Nicola pour son gentil preneur d'otage. Assez peu nerveux dans l'ensemble, Give Us Tomorrow ne fait pas beaucoup illusion et peine à se montrer convaincant. la mise en scène de Donovan Winter est assez paresseuse, sans grande idée apportée pour dynamiser son huis-clos. Le jeu des différents acteurs et actrices est lui-même assez laborieux, trop théâtral pour être vraiment crédible aux yeux des spectateurs et ce, malgré la présence de deux vétérans, Sylvia Syms et Derren Nesbitt. Avec son ambiance policière qui fait très téléfilm 70's, Give Us Tomorrow s'avère moins détonnant et choquant que ce que la jaquette promettait. Reste une petite série B à découvrir, proposée à l'époque en double-programme avec le Home Before Midnight  de Peter Walker, assez rare à dénicher depuis jusqu'à ce que l'éditeur Nucleus Films corrige ce problème en l'exhumant en DVD avec des bonus sympas et une copie très agréable à regarder. Pour les amateurs de petit budget 70's...

* Disponible en DVD chez NUCLEUS FILMS  

jeudi 13 septembre 2018

HERCULE CONTRE LES FILS DU SOLEIL

HERCULE CONTRE LES FILS DU SOLEIL
(Ercole contro i figli del sole)

Réalisateur : Osvaldo Civirani
Année : 1964
Scénario : Osvaldo Civirani, Franco Tannuzzini
Pays : Italie, Espagne
Genre : Péplum, Aventure
Interdiction : /
Avec : Mark Forest, Anna-Maria Pace, Giuliano Gemma, Franco Fantasia...


L'HISTOIRE : Après que son bateau se soit échoué sur une terre inconnue, Hercule se lie d'amitié avec le prince Maytha, un Inca qui vit dans l'espoir de faire reprendre à son père le trône qui lui a été dérobé par le cruel Ata Hualpa. Ce dernier a enlevé Hamara, la soeur de Maytha, dans le but de l'offrir en sacrifice au Dieu soleil. Hercule va apporter son aide et sa force aux guerriers de Maytha et va tenter de sauver Hamara de son triste sort...

MON AVIS : Le légendaire Hercule au pays des Incas, voilà l'aventure que nous propose le réalisateur italien  Osvaldo Civirani en 1964, avec le bien nommé Hercule contre les Fils du Soleil. Des fils du soleil qui ont déjà été mis en avant l'année précédente dans le très sympathique Les Rois du Soleil de J. Lee Thompson, avec Yul Brynner en vedette. Normal donc que l'Italie se glisse dans le filon et, fidèle à son sens du délire, ne se gène pas pour y envoyer un héros antique comme Hercule. Après tout, c'est aussi ça la magie du cinéma populaire dont le seul but est de divertir son public, sans se soucier réellement de la véracité historique des scénarios mis en image. Avec Hercule contre les Fils du Soleil, Osvaldo Civirani, principalement connu pour quelques westerns et son giallo Le diable a sept visages, nous offre une aventure très colorée et divertissante, mais qui laisse un petit goût d'inachevé au final. Le film est en effet plus à ranger dans le cinéma d'aventure que dans le registre péplum, ce qui n'est en rien un reproche. Là où j'ai été un peu déçu, c'est au niveau des exploits de sa vedette, Hercule bien sûr. Interprété par Mark Forest, un spécialiste bien connu de tous les amateurs, notre fils de Zeus n'est pas vraiment mis en valeur ici, du moins au niveau de sa force herculéenne. Contrairement à Hercule l'Invincible qui est aussi sorti chez nos amis d'Artus Films, et qui, lui, faisait affronter à notre héros lion, dragon, éléphants et méchants guerriers, Hercule contre les Fils du Soleil ne propose rien de bien spectaculaire au final. Hercule soulève un rocher, fait tomber une colonne de pierre, s'oppose avec le guerrier le plus fort de Maytha, se bat contre les guerriers d'Ata Hualpa et... c'est tout. On en attend plus dans un film censé mettre en avant un être à la force divine. Mais hormis ce manque de folie et de puissance dans les interventions d'Hercule, le film se suit toutefois avec plaisir. Mark Forest, toujours prêt à aider la veuve et l'orphelin avec ses muscles, ne va pas hésiter une seconde pour aider son nouvel ami, le prince Maytha. Ce dernier est joué par Giuliano Gemma, qui nous dévoile ici une musculature assez impressionnante. Les deux acteurs semblent bien s'amuser à jouer ensemble et leur bonne humeur est communicative. On pourrait même croire qu'ils en pince l'un pour l'autre parfois. La jolie fille en détresse qu'Hercule doit sauver est jouée quant à elle par la charmante Anna-Maria Pace, qui a eu une carrière cinématographique assez courte puisqu'elle n'a que cinq films à son actif. La séquence dans laquelle elle veut panser la blessure d'Hercule pour mieux pouvoir toucher les muscles de son sauveur, avec, dans le regard, un désir intense et passionné qui ne passe pas inaperçu, est assez amusante car le fils de Zeus ne semble pas comprendre le message ou fait semblant de ne pas le comprendre. On a connu héros bien plus entreprenant envers la gent féminine ! Rassurez-vous, la belle finira par avoir son bisou fougueux ! Il faut dire aussi qu'Hercule n'a pas trop le temps de batifoler puisque le prince Maytha doit aussi aller sauver son père retenu dans les geôles du palais d'Ata Hualpa. Pour aider son ami, Hercule va enseigner à ses guerriers l'art de la guerre, leur apprendre à construire des roues et des engins de combat roulant. Forcément, avec un tel attirail, totalement inconnu du peuple Inca, il est normal que la victoire se fasse dans le camp de notre héros. La bataille finale sera assez énergique, avec quelques flèches ou lances venant se planter violemment dans le corps des guerriers. Une bataille qui nous sort un peu de la torpeur qui nous avait étreint lors de la fameuse séquence de la danse rituelle : une séquence avec des costumes à plumes sublimes et flamboyants mais qui s'éternise quelque peu et vient plomber un rythme déjà pas très relevé. Au final, Hercule contre les Fils du Soleil est un spectacle plaisant mais il ne rivalise pas avec ses illustres ancêtres, c'est certain. Les amateurs se laisseront tout de même tenter à coup sûr, surtout que la copie proposée par l'éditeur est de toute beauté...

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS