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dimanche 29 novembre 2020

NYMPHA

 

NYMPHA
(Nympha)


Réalisateur : Ivan Zuccon
Année : 2007
Scénario : Ivo Gazzarrini, Ivan Zuccon
Pays : Italie
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec Tiffany Shepis, Allan McKenna, Caroline De Cristofaro, Alessandra Guerzoni, Michael Segal...


L'HISTOIRE : Sarah, une jeune américaine, arrive en Italie pour rejoindre un couvent et devenir nonne. Dès son arrivée, Sarah comprend que les règles sont très strictes. La Mère supérieure va faire subir à Sarah toutes sortes de tortures physiques afin qu'elle se rapproche de Dieu. Au fur et à mesure du temps qui passe et des sévices qu'elle subit, Sarah va avoir de multiples visions du passé, visions concernant un vieux monsieur fanatique et une petite fille prénommée Ninfa...

MON AVIS : Après des débuts derrière la caméra consacré à l'univers de H.P. Lovecraft (The Darkness Beyond en 2000, Unknown Beyond en 2001 et The Shunned House en 2003), Ivan Zuccon commence à explorer d'autres univers dès 2006 avec Bad Brains et ses deux tueurs en série bien dérangés du ciboulot. Comme je l'ai dis dans la chronique de ce dernier, la progression du réalisateur italien à chaque nouveau film se voit, se ressent. Et se confirme avec son film suivant, Nympha, réalisé en 2007, et qui est, en ce qui me concerne, son meilleur avec Colour from the Dark (2008). Que ce soit en terme de mise en scène, de trouvailles visuelles, de direction d'acteurs ou d'ambiance, Nympha se montre clairement au dessus des autres films d'Ivan Zuccon et ce, même si le film est à nouveau tourné au format vidéo. Et surtout, Nympha développe une histoire très bien conçue, qui nous emmène aux confins du fanatisme religieux et nous réserve plusieurs surprises, plusieurs révélations inattendues qui participent pleinement à la réussite du film. On le sait, la dévotion extrême à un quelconque Dieu entraîne souvent l'être humain aux pires exactions, on se rappelle la terrible période de l'Inquisition ou plus récemment les crimes commis au nom de l'Islam par des fanatiques qui bafouent la religion elle-même. Dans Nympha, cet extrémisme religieux est représenté par deux entités bien distinctes, puisque n'intervenant pas à la même époque. Pour le présent, nous avons la Mère supérieure d'un curieux couvent qui va faire vivre à Sarah, une nouvelle nonne bien décidée à vivre dans la sagesse divine, une série de sévices et de tortures afin de la rapprocher de Dieu. Le but étant de débarrasser Sarah de ses sens (l’ouïe, la vue, le toucher...) afin que sa communion avec Dieu ne se fasse que par l'âme. La souffrance extrême pour arriver à la béatitude, voici qui nous rappelle bien sûr le fabuleux Martyrs de Pascal Laugier, pourtant réalisé l'année suivante ! La pauvre Sarah va donc se voir infliger divers sévices sans qu'elle comprenne pourquoi on la traite ainsi, voyant ses tympans crevés, ses yeux brûlés à l'acide, sa langue coupée ou ses mains plongées dans de l'eau bouillante. On a connu plus sympa comme moyen de parler à Dieu ! La scène de l'acide dans l’œil m'a fait grincer des dents, l'effet étant tout simple mais terriblement efficace. Si on ressent autant d'empathie pour Sarah, c'est qu'elle est interprétée par la sublime Tiffany Shepis, scream queen renommée du cinéma Bis et Z, et qui s'avère très bonne actrice ici. Elle se donne à 100% et offre une réelle substance à son personnage de supplicié qui va se mettre à avoir des visions du passé suite aux tortures qu'elle subit. Ces visions, ces flashback du passé d'une autre femme, nous présente donc l'autre élément incarnant l'extrémisme religieux, à savoir Geremia, un vieillard encore bien portant, totalement sous l'emprise de Dieu, passant ses longues journées à prier et à offrir à manger à quelque chose qu'il garde enfermé dans le grenier de sa modeste maison. Ce quelque chose ne sera révélé qu'à la fin du film et cela donne un vrai intérêt à l'histoire ! Serait-ce une puissance maléfique intangible ou un démon retenu prisonnier ? Le mystère demeure entier jusqu'à la révélation, qui sera plus malsaine que ce qu'on s'était imaginé. On pense parfois au premier Hellraiser lors des séquences avec Geremia, puisque ce dernier offre des victimes de passage (un voisin, le médecin du village) en pâture à ce qui se trouve derrière la porte, victimes qui finissent dans un sale état si vous voyez ce que je veux dire. Notre grand-père dévot va devoir élever seul sa petite fille, baptisé Ninfa, après que la mère soit morte en couches et c'est donc les visions de Ninfa que ressent Sarah dans son couvent. Une éducation ultra religieuse bien entendue, Geremia ayant des desseins précis concernant Ninfa, qui, tout en grandissant, verra sa vie entièrement soumise à la puissance divine. Les souvenirs du passé vont donc interagir avec le présent à travers Sarah pour finir par s'interpénétrer totalement lors d'une scène érotique, onirique et métaphorique plutôt bien vue si on a tout suivi. L'acteur interprétant Geremia est excellent, il s'agit de Allan McKenna et il livre une solide composition qui rehausse encore la qualité du film. Ninfa enfant est jouée quant à elle par Miriam Zuccon et Ninfa adulte par Caroline De Cristofaro. Toutes deux se montrent également très à l'aise dans ce rôle ambigu et intrigant, dont la vie nous est dévoilée par flashback successifs. La fin apportera les réponses aux nombreuses questions posées par le récit et peut également se voir comme une version antérieur de ce que proposera Ari Aster avec le final de Midsommar ou plus encore d'Hérédité. Si Nympha nous propose de nombreuses scènes de violence graphique, c'est avant tout un film d'ambiance au rythme lent qui nous prend par la main pour nous entraîner à sa suite, tentant de nous perdre pour mieux nous rapprocher de la vérité. Avec de très beaux plans, des effets de lumière travaillés, une imagination visuelle efficiente, des twists ingénieux et un casting servant vraiment l'histoire, Nympha et Tiffany Shepis m'ont plus que surpris et j'ai vraiment pris un vrai plaisir à visionner ce film. Bravo à Ivan Zuccon pour ça !

 * Disponible en DVD chez ->DIGIT MOVIES <- (vendu en France via Uncut Movies, avec sous-titres français)  



vendredi 27 novembre 2020

BAD BRAINS

 

BAD BRAINS
(Bad Brains)


Réalisateur : Ivan Zuccon
Année : 2006
Scénario : Ivo Gazzarrini, Ivan Zuccon
Pays : Italie
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec Emanuele Cerman, Valeria Sannino, Matteo Tosi, Kristina Cepraga, Liliana Letterese...


L'HISTOIRE : Davide et sa fiancée Alice kidnappent et assassinent leurs proies dans un but précis : ils cherchent quelque chose dans les cadavres et s'assurent avant les meurtres que leurs victimes ressentent la sensation de peur. Leur petit monde macabre va être perturbé lorsqu'un certain Mirco fait irruption dans leur maison de l'horreur. Ce dernier ne semble pas ressentir la moindre peur à leur contact et semble en savoir beaucoup sur eux et sur leur passé...

MON AVIS : Passionné par les récits de H.P. Lovecraft, le réalisateur italien Ivan Zuccon s'est lancé dans une série d'adaptation dès les années 2000, avec des titres tels The Darkness Beyond, Unknown Beyond ou The Shunned House. Des films à petits budgets, réalisés en vidéo, avec les moyens du bord mais surtout de la passion. En 2006, il tente de s'éloigner de son maître à penser avec Bad Brains, tout en lui faisant un clin d'oeil à travers la vision à de multiples reprises d'un ouvrage du maître de Providence. Toujours filmé au format vidéo, Bad Brains nous emmène à la suite de Davide et Alice, deux tueurs en série qui ne font pas dans la dentelle et massacrent à tour de bras de nombreuses victimes. Si de prime abord, les meurtres semblent gratuits, il n'en est rien car Davide semble chercher quelque chose de bien précis à l'intérieur des nombreux cadavres qui s'entassent dans leur maison isolée, transformée en véritable refuge de l'horreur dans lequel seul un esprit totalement dérangé pourrait vivre. Ça tombe bien, Davide semble totalement cinglé et il en va de même pour sa fiancée Alice, qui n'est autre que sa sœur ! Un couple incestueux et fusionnel, dont les nombreux flashback nous font comprendre que leur folie meurtrière ne date pas d'aujourd'hui, puisque, à l'époque où ils n'étaient que des enfants, ils ont déjà manier du couteau en assassinant leur père et leur mère, tout comme il semblerait qu'ils aient fait mu-muse avec une poussette et son petit occupant, en la poussant dans les escaliers. Sympa ! La question qui nous interroge ici est donc de savoir ce que cherche Davide dans les corps qu'ils charcutent sans remords aucun. Il apparaît clairement que cette quête est le fait de Davide et qu'Alice ne fait que l'aider à trouver ce mystérieux graal, ce qui ne retire en rien la folie qui habite également la jeune femme. Cette dernière garde en effet une femme prisonnière dans cette lugubre maison, femme qu'elle considère comme sa poupée et à qui elle témoigne une légère affection. Ce portrait des deux psychopathes et cette recherche dont nous sommes les témoins nous rappellent parfois Martyrs de Pascal Laugier, Davide insistant fortement sur le fait qu'avant de tuer une victime, il faut que celle-ci ressente la peur, la vraie sinon, il ne faut pas encore la tuer. Étrange et intrigant. Si cet aspect quelque peu métaphysique donne son intérêt à Bad Brains, ce n'est pas le seul point positif à mettre à son crédit. Même si le format vidéo peut dérouter et donner une impression d'amateurisme au film, on sent qu'Ivan Zuccon se donne du mal pour apporter de l'ampleur à sa mise en scène, avec de nombreux mouvements de caméra, travelling et autre techniques propres  à la réalisation. Le montage est également à mettre en avant, ne respectant pour une traditionnelle linéarité mais faisant de perpétuels aller-retour entre le présent et le passé. L'arrivée du mystérieux Mirco apporte également une nouvelle source de questionnement car il semble en savoir beaucoup sur les deux tueurs et annonce ouvertement être connecté à Davide, proclamant même à Alice que si il meurt, Davide mourra également ! Comment, pourquoi, qui est-il réellement, pourquoi semble-t-il avoir des stigmates au creux des mains ? Autant de questions qui trouveront bien sûr une résolution à la fin du film. Niveau casting, les acteurs font le job correctement pour ce type de petites productions, notamment Emanuele Cerman qui joue Davide. Valeria Sannino se montre également à l'aise avec le personnage d'Alice, sombrant parfois dans une certaine théâtralité mais rien de dommageable. Bad Brains se montre assez violent et sanglant, et il bénéficie d'effets-spéciaux assez réussis et bien travaillés. Le décor de la maison, son intérieur délabré et bariolé d'effusions sanguinolentes, apporte une touche malsaine bienvenue. Le film est aussi bardé d'éléments symboliques et le scénario est bien plus complexe qu'il n'y paraît, bien plus tortueux, bien plus psychologique, un peu comme les récits de Lovecraft ! Bref, Bad Brains se montre intéressant à bien des égards et pour son quatrième film, Ivan Zuccon nous offre un bon film d'horreur italien et prouve qu'il a des choses à raconter. Si vous suivez ce réalisateur, impossible de nier qu'il progresse film après film et qu'il est un de ces nouveaux réalisateurs sur qui il faut compter dans le paysage du cinéma bis horrifique italien. 

* Disponible en DVD chez ->DIGIT MOVIES <- (vendu en France via Uncut Movies, avec sous-titres français)  

  

dimanche 22 novembre 2020

MONSTROSITY

MONSTROSITY
(Monstrosity / The Atomic Brain)


Réalisateur : Joseph V. Mascelli, Jack Pollexfen
Année : 1963
Scénario : Vy Russell, Sue Dwiggins, Dean Dillman Jr.
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction, épouvante
Interdiction : /
Avec : Marjorie Eaton, Frank Gerstle, Frank Fowler, Erika Peters, Judy Bamber, Lisa Lang...


L'HISTOIRE : Afin de lutter contre la vieillesse, la riche madame March offre son argent au docteur Frank, un savant qui travaille sur la transplantation de cerveau. Le scientifique a déjà réussi certaines de ses expériences, en transplantant le cerveau d'animaux dans des cadavres qu'il va voler dans le cimetière avoisinant et qu'il a réussi à faire revivre grâce à l'énergie atomique. Mais pour réussir la transplantation du cerveau de madame March dans un corps jeune, il doit encore faire des tests. Pour ce faire, la vieille dame recrute de jolies jeunes filles qui vont devenir les cobayes du docteur Frank...

MON AVIS : Que voici une petite série B bien sympa et qui vaut mieux que la réputation calamiteuse qui lui colle à la peau. Attention, il n'y a rien de vraiment mémorable ou de transcendant, on sent que le budget n'est pas très élevé, la réutilisation à profusion des décors, tels le laboratoire, peut paraître un peu redondant, mais l'histoire est cool, avec des influences multiples, allant de Frankenstein bien sûr (le docteur s'appelle Frank et il va piller le cimetière pour avoir des sujets pour ses expériences) en passant par L'Île du docteur Moreau (en transplantant le cerveau d'animaux dans les corps humains, les cobayes se comportent ensuite comme les animaux dont ils ont reçu le cerveau, développant même chez certains une apparence mi-homme, mi-bête). Réalisé en 1958 (mais diffusé seulement en 1963 suite à la faillite de la société de production) par Joseph V. Mascelli, apparemment secondé par Jack Pollexfen sans que ce dernier ne soit crédité au générique, Monstrosity, également appelé The Atomic Brain, porte donc bien son nom puisque le terme désigne le résultat des expériences de ce bon docteur Frank ! Et comme il utilise pour ce faire l'énergie atomique, le second titre colle aussi parfaitement au sujet ! La principale intéressée qui s'octroie les services de notre savant fou, c'est la vieille madame March, interprétée par Marjorie Eaton. Une vieille dame très riche, pas aimable pour un sou, et qui n'a qu'un seul but dans la vie : voir son cerveau être transplanté dans un corps jeune et frais afin de repousser la mort qu'elle sent arriver. Pour ce faire, il lui faut évidemment des corps jeunes et frais (logique !) et la maligne recrute donc de jeunes filles toutes mignonnes pour les livrer en pâture au docteur Frank. Dans le film, il y aura trois victimes potentielles : Anita (Lisa Lang), Nina (Erika Peters) et Bea (Judy Bamber), qui vont vite se rendre compte que quelque chose cloche dans cette maison et que leur employeur cache un secret les concernant. L'une de ces trois filles deviendra une femme-chat, miaulant et griffant comme le petit animal dont elle a reçu le cerveau. Les deux autres tenteront par tous les moyens de s'échapper du laboratoire des horreurs mais ce ne sera pas chose facile, madame March veillant au grain malgré ses rhumatismes et ses déplacements en fauteuil roulant. Il faut dire qu'elle est aussi aidé par un serviteur mi-homme, mi-bête assez imposant et au faciès repoussant. Tout le début du film pourra surprendre car il n'y a aucun dialogue, tout nous est présenté par une voix-off qui ressemble à s'y méprendre à celle de Vincent Price mais non, c'est celle de Bradford Dillman. Toujours est-il que cette voix-off enfonce le film dans un kitsch assumé et pas déplaisant, surtout si vous êtes fans des films de Ed Wood par exemple. Sans réelle explication, les dialogues réapparaissent subitement et le reste du film se déroule "normalement" à ce niveau, nous réservant quelques séquences un peu répétitives mais qui n'ennuient pas vraiment en fait, surtout que le film ne dure que 65 minutes. Plus étonnant, on trouve un aspect érotique dans Monstrosity, rien de bien méchant puisqu'on ne verra jamais de seins dénudés ou autre, mais il n'empêche que certains sujets d'expériences sont entièrement nues, leurs parties charnues étant cachées par les liens en métal les retenant prisonnières. L'actrice Judy Bamber est quant à elle plutôt jolie, blonde avec une poitrine des plus correctes et assure l'élément charme du film également. On avait pu la voir en 1959 dans A Bucket of Blood de Roger Corman. Tout en se montrant relativement divertissant, Monstrosity nous offre un final assez savoureux, plein d'humour noir, et qui n'aurait pas fait tâche dans un épisode de La Quatrième Dimension ou dans un conte d'Edgar Allan Poe, je vous laisse la surprise. Si vous prenez Monstrosity pour ce qu'il est, vous passerez un moment agréable devant votre écran, ce petit film de science-fiction et d'épouvante n'ayant pas d'autre but. Même s'il est souvent classé dans la rubrique des mauvais films, il possède tout de même sa horde de fans, ces derniers ayant permis d'obtenir une restauration 4K du négatif original pour une sortie Blu-ray chez Moth Inc. rendue possible grâce à une plate-forme participative qui s'est soldée par un succès. Comme quoi...


 

samedi 21 novembre 2020

DIRTY LOVE

 

DIRTY LOVE
(Dirty Love)


Réalisateur : Patricio Valladares
Année : 2009
Scénario : Patricio Valladares
Pays : Chili
Genre : Horreur, Extrême, film à sketchs
Interdiction : -16 ans
Avec : Evelyn Belmar, George Belmar, Yuri Caceres, Eva Morgana, Patricio Valladares...


L'HISTOIRE : Le cowboy tueur surnommé Toro Loco poursuit ses méfaits et va encore faire trois nouvelles victimes. Mais avant de les tuer, il leur raconte une histoire...

MON AVIS : Le réalisateur chilien Patricio Valladares aime le cinéma de genre et en particulier le cinéma horrifique extrême. Dès 2001, il met en scène deux courts-métrages avant de s'attaquer au format long en 2006 avec Curriculum puis en 2009 avec La Creacion et Dirty Love. Il acquière une certaine notoriété en 2012 grâce à son film Hidden in the Woods, dont il signe également le remake en 2014, avec l'acteur Michael Biehn et William Forsythe au générique. Concernant Dirty Love, c'est un film à sketch, disposant de trois segments et d'un fil rouge, en la personne d'un cowboy serial-killer nommé Toro Loco, personnage qui sera la vedette de deux films de Valladares, Toro Loco en 2011 et Toro Loco Bloodthirsty en 2015. Un cowboy qui se balade avec un crâne de taureau attaché à une chaîne et qui, dans Dirty Love, va avoir comme mission principale de jouer le présentateur des trois segments mis à l'honneur, à savoir Eat me Tender, No Ordinary Love et You Like This. Ce qui est amusant, c'est que les victimes à qui il présente ces trois histoires jouent dans ces histoires justement. Les trois segments sont principalement basés sur le sexe et la mort et œuvrent dans le domaine du cinéma extrême, avec des visions peu ragoutantes à réserver à un public de connaisseurs. Si le film est tourné avec les moyens du bord et avec relativement peu de budget, on sent que Patricio Valladares fait des efforts pour lui donner un aspect professionnel mais aussi grindhouse, comme en témoigne les effets de griffures sur l'image, comme si le film avait été tourné dans les années 70. On pourra lui reprocher un montage un peu abrupte parfois, ou quelques tics récurrents dans la façon d'enchaîner les plans, mais dans l'ensemble, ça reste correct. Le premier segment, Eat me Tender, se montre assez gore puisqu'on y suit un tueur cannibale qui va séquestrer puis tenter de violer sa jolie victime (Evelyn Belmar) avant de se rendre compte que cette dernière a de nombreux points communs avec lui, comme un goût prononcé pour la chair humaine. Cette relation glauque et malsaine est entrecoupée par des scènes nous présentant les inspecteurs de police travaillant sur l'affaire ainsi que les équipes de police scientifiques qui analysent les morceaux de cadavres retrouvés deci-delà. L'humour est assez présent lors de ces séquences avec la police, qui n'a pas l'air bien débrouillarde. Fusionnelle, tel pourrait être le terme approprié par contre  à la relation entre le cannibale et sa nouvelle dulcinée puisque ces deux là vont s'aimer à s'en dévorer, avec un final qu'aurait apprécié l'anthropophage de Joe d'Amato, les connaisseurs saisiront l'allusion. Un segment bien trash, un poil trop long néanmoins, les scènes avec les experts scientifiques auraient gagné à être raccourcis pour dynamiser le rythme. Le second segment, No Ordinary Love, verse aussi dans le trash et le scabreux avec ce mari qui loue une chambre d'hôtel pour un déplacement professionnel, appelle sa femme et son enfant, pour ensuite recevoir les faveurs d'une prostitué vraiment très jolie et ultra sexy (Eva Morgana) mais qui aura bien du mal à faire durcir son client qui semble avoir un petit problème psychologique. On se doute que le mari n'a pas toute sa tête et qu'il est adepte de certaines pratiques que lui refusent sa femme, à savoir le bondage entre autres. Une fois qu'il a attaché à plusieurs endroits la prostitué, le mari se met enfin à bander et à l'honorer mais cela ne lui suffit apparemment pas puisqu'il va décider de rendre hommage à  une scène de Cannibal Holocaust, celle ou le mari cocu met des épines et des cailloux dans une boule de terre glaise et l'enfourne dans le vagin de son épouse adultère pour la punir. Dans Dirty Love, notre mari infidèle préfère déposer des morceaux de verre brisé sur son préservatif avant de pénétrer la pauvre prostitué qui n'a aucun échappatoire et se voit déchirer de l'intérieur. Toute ensanglantée, elle aura néanmoins le droit de se venger sur son bourreau, d'une manière assez ignoble, malheureusement gâchée par quelques images de synthèses ridicules, Valladares aurait mieux fait de s'abstenir et de laisser notre imagination faire le reste. En tout cas, No Ordinary Love est un segment bien pervers qui plaira aux fans de cinéma extrême. Le troisième et dernier segment du film est donc You Like This. C'est peut-être le segment le plus maîtrisé d'un point de vue cinématographique. Il nous présente un homme marié qui mène une vie sans réelle saveur avec sa femme, qui a clairement l'ascendant sur lui. N'en pouvant plus de cette situation, l'homme avoue enfin à son épouse son secret : il aime les hommes. Mais devant la poigne de son épouse, il cède et décide de mettre un terme à sa relation homosexuelle, ce que refuse l'amant, bien décidé à le garder pour lui. Ce segment à une ambiance plus dramatique que le reste et réserve également un final assez violent et choc. Entre ces trois histoires, on retrouve donc le dément Toro Loco qui va réserver un sort funeste à ses trois victimes. Il est clair que Dirty Love s'adresse vraiment à un public spécifique, et en aucun cas à un public lambda qui sera certainement consterné de découvrir ce type de films. Si on sent la réelle passion qui anime Patricio Valladares, on n'ira pas jusqu'à revoir ce film de nombreuses fois mais dans la catégorie film à sketchs extrêmes, il est plutôt pas mal...

* Disponible en DVD chez -> TETRO VIDEO <-

jeudi 19 novembre 2020

SHARK EXORCIST

 

SHARK EXORCIST
(Shark Exorcist)


Réalisateur : Donald Farmer
Année : 2015
Scénario : Donald Farmer
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : /
Avec : Angela Kerecz, Bobby Kerecz, Channing Dodson, Madison Carney, Alaine Huntington...


L'HISTOIRE : Une nonne assassine une femme au bord d'un lac et invoque la puissance de Satan. Ce dernier investit le corps d'un requin qui va faire du lac son garde-manger. Le démon va également s'emparer de l'esprit d'Ali, une jeune femme venue se détendre avec ses deux copines Lauren et Emilie. Ayant eu vent des curieux événement se déroulant dans le village jouxtant le lac, le Père Michael, prêtre exorciste, va tenter d'intervenir pour conjurer le Mal...

MON AVIS : Vous le savez si vous me suivez sur ce blog ou sur Horreur.com, j'ai la chance d'être extrêmement bon public et d'apprécier la grande majorité des films que je regarde, trouvant du plaisir là où d'autres s'ennuient, voire pire. Le réalisateur de Shark Exorcist, Donald Farmer pour le nommer, je le connais un peu car on lui doit dans les années 80, en 1987 pour être précis, deux films horrifiques de série Z qui sont sorties en VHS en France, à savoir Demon Queen et Cannibal Hookers. Deux films à budget microscopique qui mélangent le gore et l'érotisme et qui n'ont pas une très bonne réputation. Donald Farmer n'a jamais cédé aux joies des budgets plus conséquents et il a continué, contre vents et marées, à produire et tourner des films sans le sou, pour son plaisir et pour le plaisir de ses fans dévoués. Il est toujours en activité à l'heure actuelle puisqu'il a même réalisé un remake de Cannibal Hookers en 2019 et qu'il a d'autres projets en cours, dont Debbie Does Demons, le petit dernier en date, actuellement en pré-production. C'est en 2015 qu'il nous offre donc ce Shark Exorcist, présenté comme la rencontre entre Les Dents de la Mer et L'Exorciste, rien que ça ! J'avoue que l'affiche ci-dessus m'a fait saliver et que le scénario, à savoir Satan prenant possession d'un requin blanc pour commettre ses méfaits sur Terre et devant lutter contre un prêtre exorciste, avait de quoi donner une furieuse envie de voir le film. C'est donc chose faite en ce qui me concerne. Comme je l'ai écrit en début de texte, je suis extrêmement bon public. Mais j'ai des limites quand même. Et franchement, malgré toute ma bonne volonté, je ne vois pas ce qu'il y aurait à sauver dans Shark Exorcist, probablement l'un des plus mauvais films jamais vu en ce qui me concerne. Il y a peut-être l'actrice Channing Dodson qui n'est pas trop mal mais à part ça, il n'y a rien, mais vraiment rien de positif dans ce film. Tout confine au ridicule le plus éhonté, l'histoire n'a absolument aucun sens, les scènes s'enchaînent sans logique, ça passe du coq à l'âne dans la plus totale incohérence et l'ensemble est tout simplement consternant de nullité. La séquence introductive nous présentant une nonne commettant un meurtre pour appeler Satan est peut-être ce qu'il y a de mieux dans le film en fait. Après, on sombre dans les affres de la série Z bas de gamme, même pas drôle, même pas sexy (aucun plan nichons dans Shark Exorcist, c'est sérieux ?) et surtout même pas gore ! Le requin, parlons-en puisqu'il est censé être la vedette du film, n'est rien d'autre qu'une image de synthèse qui se ballade devant un fond bleu et qu'on ne verra jamais en présence d'un acteur de chair et d'os. Il ouvre grand sa gueule, comme s'il passait à l'attaque et on enchaîne direct avec la vision de la victime faisant semblant d'avoir mal ou de se noyer dans les eaux du lac ! Déjà, un lac pour un requin blanc, on voit de suite le sérieux de l'entreprise mais bon, vu qu'il est possédé par Satan lui-même, pourquoi pas après tout, on n'est plus à une aberration près. On va donc revoir cette mauvaise image de synthèse plusieurs fois et on en vient rapidement  à comprendre qu'on se fout royalement de notre gueule. A un moment, l'actrice qui va aussi être possédée par le démon se fait mordre par le requin et en guise de blessure, elle a un peu de ketchup sur la jambe ! C'est tout ! Mon dieu, même une mauvaise prothèse en plastique représentant une blessure aurait fait l'affaire mais on n'a même pas droit à ça ! Du kecthup ! Aie, aie, aie. Par contre, si vous aimez voir des demoiselles se rouler par terre en faisant croire qu'elles sont possédées par le Diable, vous apprécierez peut-être le film car on y a droit au moins quatre fois et vu que Shark Exorcist ne dure que 70 minutes, bah ça fait beaucoup de fois en fait ! Alors oui, on a notre prêtre exorciste, ne l'oublions pas, qui ne sait pas trop ce qu'il vient faire dans cette galère, et qui va se prendre des jets de vomi vert dans la gueule, fallait bien caser une référence à L'Exorciste quelque part. On a aussi une reporter spécialisée dans les émissions paranormales qui nous fait le coup de la possédée qui se roule par terre comme une forcenée mais qui n'apporte rien à l'histoire en fin de compte. Et comme la scène se passe en extérieur et qu'il y a du vent, eh bien on entend le vent dans la caméra bien sûr, comme si vous filmiez vos potes avec un caméscope familial. OK, le film n'a pas de budget, mais quand même, faut pas pousser. En plus, on annonce que le film a coûté 300,000 $ sur IMDB, il doit y avoir une erreur, c'est 3000$ sûrement. Franchement, j'essaye toujours d'être gentil avec les films à petit budget, ou de trouver des points positifs à mettre en avant car taper sur un film ne sert pas à grand chose mais force est de reconnaître que c'est impossible avec Shark Exorcist. C'est une déception totale qui nous promettait au moins de se marrer un bon coup mais qui n'y arrive même pas tant tout est... nul. Je tenterai quand même le remake de Cannibal Hookers de Donald Farmer ou peut-être même d'autres films de ce réalisateur pour voir si Shark Exorcist est une erreur de parcours ou pas. Désolé Donald Farmer, mais là, votre film ne vaut pas tripette et il est clairement indéfendable. Zéro pointé et dans mon cas, c'est ultra rare !


mercredi 18 novembre 2020

LA DAME ROUGE TUA 7 FOIS

 

LA DAME ROUGE TUA 7 FOIS
(La Dama rossa uccide sette volte)


Réalisateur : Emilio Miraglia
Année : 1972
Scénario : Emilio Miraglia, Fabio Pittorru
Pays : Italie, Allemagne, Monaco
Genre : Giallo
Interdiction : -12 ans
Avec : Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Pia Giancaro, Sybil Danning, Marino Masé...


L'HISTOIRE : Selon une ancienne légende, la dynastie Wildenbrück serait maudite depuis de nombreuses générations. En effet, tous les cent ans, une habitante du château Wildenbrück serait possédée par celle que l'on nomme "la Dame rouge", et se verrait contrainte d'assassiner sept personnes pour prolonger la malédiction. La légende veut que sa dernière victime soit "la Dame noire", c'est-à-dire la propre sœur de la possédée. En 1972, Kitty Wildenbrück, photographe de mode à l'agence Springe, se dispute violemment avec sa sœur Evelyn, dans le jardin du château familial. S'ensuit un affrontement au cours duquel Kitty tue accidentellement sa sœur. Quelque temps plus tard, des proches de la jeune femme sont tués sous les coups de poignard d'une étrange silhouette vêtue de rouge...

MON AVIS : Suite au succès de L'Oiseau au Plumage de Cristal de Dario Argento en 1970, le giallo, ou thriller italien, devient l'un des genres les plus populaires du pays des spaghettis et on ne compte plus les films relevant de ce courant qui inondèrent les salles de cinéma. En 1972, le réalisateur Emilio Miraglia tourne ce qui sera son sixième et dernier film, à savoir La Dame Rouge Tua 7 Fois, avec la superbe Barbara Bouchet. Un giallo évidemment, qui va se montrer bien plus original qu'il n'y paraît, notamment de par son aspect profondément gothique. La trame principale se montre assez classique dans son ensemble, avec tout ce qu'il faut d'ingrédients giallesques savamment mixés par Miraglia : légende familiale représenté par un tableau inquiétant, trauma lié à l'enfance, incident dramatique non désiré et camouflé qui va resurgir, histoire d'héritage qui attise les convoitises, personnages ambigus, enquête policière, musique adaptée aux images qu'elle illustre, une touche d'érotisme et bien sûr de la violence, avec des meurtres sanglants commis par un mystérieux tueur habillé de noir et portant la fameuse cape rouge, copiant à la perfection la dame rouge du tableau familial, et qui conclut chaque crime par un ricanement qui nous évoque la folie. Lorsqu'on apprend assez rapidement dans le film que la blonde Kitty (Barbara Bouchet) a tué accidentellement sa sœur brune Evelyn, on se dit que le tueur ou plutôt la tueuse n'est autre que cette dernière, qui n'est sûrement pas morte en réalité et qui accomplie sa sinistre vengeance. Cette interrogation nous poursuivra tout au long des 99 minutes que dure La Dame Rouge Tua 7 Fois, essayant tant bien que mal à faire la lumière sur ces meurtres horrifiques et de mettre à jour la vraie personnalité des nombreux personnages de l'histoire, qui ne sont sûrement pas ce qu'ils semblent être, c'est l'apanage du giallo et des thrillers en général. L'histoire se déroule dans le monde de la mode et nous rappelle le sublime 6 Femmes pour l'Assassin, en moins coloré ici. Les femmes sont d'ailleurs en nombre supérieur aux hommes dans le film de Miraglia et comme souvent dans le giallo, elles sont majoritairement ravissantes : la sublime Barbara Bouchet qu'on ne présente plus, est à son aise en femme apeurée qui sent bien que la mort se rapproche d'elle à grand pas, car selon la légende familiale, le septième meurtre sera celui de la dame noir qui a tué sa sœur et ici, la dame noir, c'est elle ! Parmi les autres beautés qui égayent la vision du film, on trouve Marina MalfattiSybil Danning et surtout Pia Giancaro qui aurait mérité de faire une plus longue carrière. Déception messieurs les spectateurs, Emilio Miraglia est largement plus intéressé à développer son scénario et à créer une vraie ambiance qu'à dévêtir ses actrices et même si on aura droit à quelques visions de femmes nues, l'érotisme est clairement vu à la baisse dans ce giallo. Franchement, ce n'est pas très grave car la mise en scène et la progression de l'histoire font le job et maintiennent un intérêt constant, rehaussé par de nombreux rebondissements, un bon suspense et des meurtres violents. Mais là où La Dame Rouge Tua 7 Fois marque de nombreux points et offre une vraie originalité au public, c'est dans son traitement gothique. C'est véritablement la marque de fabrique du film, de parvenir à mélanger le giallo et le film d'épouvante gothique avec une réelle maestria. Déjà, le look du tueur, avec sa chevelure brune noir de jais et sa cape rouge sang évoque une apparition quasi fantomatique, notamment quand elle courre vers ses proies et s'enfuit avec ce rire de cinglée. Ensuite, l'un des lieux de l'action est un grand château, avec présence de porte camouflée menant à une longue crypte mal éclairée et inquiétante, contenant des secrets du passé. On a même des scènes dans lesquelles les personnages doivent s'éclairer à la bougie, une scène de cauchemar et bien sûr, l'étonnant final se déroulant dans la crypte, avec inondation et présence de rats à profusion. Le fantastique n'est pas loin, l'épouvante gothique bien présente. C'est vraiment une belle plus-value dans l'univers plus terre-à-terre des nombreux gialli existants et c'est vraiment cet aspect qui donne tout son intérêt à La Dame Rouge Tua 7 Fois. Ah oui, je ne sais pas si Emilio Miraglia est amoureux d'une Evelyn mais c'était déjà le prénom utilisé dans son précédent giallo, The Night Evelyn Came Out of the Grave (1971). En tout cas, ruez-vous sur La Dame Rouge Tua 7 Fois, c'est vraiment un excellent giallo pour ma part, qui fait honneur à la trilogie animale de Dario Argento, que Miraglia a toujours revendiqué comme étant sa source d'inspiration.

* Disponible en BR chez -> ARROW VIDEO <-avec une édition bardée de bonus et une image remasterisée. VOSTA.




LES CENT CAVALIERS

 

LES CENT CAVALIERS
(I cento cavalieri)


Réalisateur : Vittorio Cottafavi
Année : 1964
Scénario : Vittorio Cottafavi, José María Otero, Giorgio Prosperi, Enrico Ribulsi
Pays :Italie, Espagne, Allemagne
Genre : Aventure, comédie
Interdiction : /
Avec Mark Damon, Antonella Lualdi, Rafael Alonso, Wolfgang Preiss, Salvatore Furnari...


L'HISTOIRE : L'an 1000 après Jésus-Christ. Alors que les Maures se sont installés en Espagne, un cheikh, Abdelgalbon, et ses cent cavaliers demandent asile dans un petit village isolé et tranquille de Castille en échange de cadeaux offerts au maire. Mais, rapidement, ils deviennent des occupants tyranniques après avoir fait croire au vol d'un chargement de blé, détourné par eux-mêmes, et après avoir tué le gouverneur de la région. Les habitants sont terrorisés, le village est pillé et la répression s'installe. La résistance s'organise autour du brave et charismatique Fernando, un jeune marchand et enfant d'un ancien combattant des Maures, le tueur de Maures Don Gonzalo. Le père et le fils s'allient pour protéger les villageois et se débarrasser des Maures...

MON AVIS : La reconquête d'un petit village espagnol, soumis à la dictature d'un cheikh musulman et de ses cavaliers, par les villageois et les rebelles, voilà ce que nous propose Vittorio Cottafavi avec Les Cent Cavaliers, film d'aventure réalisé en 1964 et qui se révèle être une coproduction entre l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, d'où la présence de comédiens issus de ces trois pays dans le film. Si le film joue avec quelques événements historiques réels, il s'agit avant tout d'un divertissement grand public, et qui bénéficie de beaucoup d'humour. Trop même. Je m'attendais à un film sérieux, une épopée mêlant aventure, romance et action. Si ces trois éléments sont bien présents, avec des scènes de batailles, un duel à la lance, des pillages et même de la torture, l'élément qui prend le dessus sur tous les autres reste l'humour et j'avoue avoir été assez déstabilisé. De l'aveu même de Cottafavi, dans le film de cape et d'épée on frôle souvent le comique. Je m'y jetai carrément. J'ai voulu montrer que parfois des hommes peuvent mener d'une manière très drôle une action horriblement dramatique. Dès la scène d'introduction, dans lequel un peintre qui peint une fresque s'adresse directement aux spectateurs, on comprend que Les Cent Cavaliers sera en effet placé sous le signe de l'humour. Plus encore quand on découvre les deux héros, Don Fernando (Mark Damon) et surtout son père Don Gonzalo (Arnoldo Foà) qui peut être comparé à une sorte de Don Quichotte de par son exubérance et son inaptitude à commander et à mener la lutte contre les Maures. Certains passages le mettant en scène sont amusants, comme lorsqu'il tente d'inculquer la notion de combat à ses hommes. Son fils n'est pas en reste et chacune de ses actions se soldent par un effet comique, voire burlesque, même quand il tente de créer une romance avec la belle Sancha (Antonella Lualdi), fille du maire qui doit gérer l'occupation musulmane dans le village. Ce qui est appréciable dans Les Cent Cavaliers, c'est que le film évite d'être trop manichéen, avec les gentils chrétiens d'un côté et les méchants arabes de l'autre. Les deux camps possèdent des traîtres, des fanatiques et des personnes ayant le sens de l'honneur. Un bon point, surtout en ces temps actuels troublés où il est courant de mettre tout le monde dans le même panier. Car Les Cent Cavaliers pourra apparaître comme étant d'une actualité très contemporaine pour certains extrêmes, les musulmans arrivant dans le village au départ comme amis avant de révéler leurs véritables intentions, celles d'asseoir leur domination et de placer leur religion avant celle du peuple espagnol. Les raccourcis étant faciles, ne tombons pas dans le piège même si une attention de tous les instants est nécessaires à notre époque. Autre point positif, la photographie du film, très belle, ainsi que son aspect très coloré qui provoque un ravissement pour les yeux. La tenue bleue des Maures contrastent avec les habits blancs des chrétiens et avec les tenues des autres habitants et cela participe au spectacle proposé. On appréciera également l'originalité de la bataille finale, qui, pour le coup, perd toutes ses couleurs pour se clôturer en noir et blanc (ou en sépia). Comme déjà dit, le côté burlesque est omniprésent, on citera pour autre exemple le chef d'une bande de pilleurs qui n'est autre qu'un... nain ! La séquence avec la présentation d'une armure complète fonctionne bien et fait sourire, surtout quand l'homme qui se trouve dedans tombe sur le dos et ne parvient plus à se relever. Mais derrière cet humour volontaire, le film parle aussi de choses plus graves, comme la pauvreté des paysans, l'augmentation des charges et des impôts qui appauvrissent encore plus le peuple et j'en passe. Certaines scènes sont plus dramatiques, comme la mort d'un producteur de fromage qui avait caché une partie de ses biens et que le cheikh torturera en le faisant chuter à plusieurs reprises au fond d'un puits. Aussi connu sous le titre Le Fils du Cid (référence au succès du film Le Cid d'Antony Mann), Les Cent Cavaliers n'est pas un film déplaisant, loin de là, mais en ce qui me concerne, son côté burlesque m'a fait décroché car je ne m'y attendais pas et j'ai trouvé ça un peu lourd en fin de compte. C'est peut être le ressenti des spectateurs de l'époque, qui ont boudé le film, ce qui causa une grande déception chez Vittorio Cottafavi, qui quitta définitivement le monde du cinéma pour se consacrer à la télévision. On félicitera l'éditeur en tout cas de nous présenter la version intégrale du film dans une très belle copie.

* Disponible en combo DVD + BR + Livret chez -> ARTUS FILMS <-
Très belle édition pour Les Cent Cavaliers, avec ce combo digipack sous fourreau DVD + BR. Niveau bonus, on trouve une présentation de François Amy de la Bretèque, qui revient sur la carrière de Cottafavi avant d'analyser Les Cent Cavaliers du point de vu du divertissement puis en remettant le film dans son contexte historique. Un joli livret de 60 pages est également présent dans cette édition, qui reprend les éléments de cette présentation vidéo en détaillant encore plus les aspectes historiques. Une longue bande-annonce et un diaporama vient clore la section supplément.