Légende pour la notation des films

Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




dimanche 27 janvier 2019

LE VILLAGE DES DAMNES

LE VILLAGE DES DAMNES
(Village of the Damned)

Réalisateur : Wolf Rilla
Année : 1960
Scénariste : Wolf Rilla, Stirling Silliphant, Ronald Kinnoch
Pays : Angleterre
Genre : Science-fiction
Interdiction : -16 ans
Avec : George Sanders, Barbara Shelley, Michael Gwynn, Martin Stephens...


L'HISTOIRE : Un curieux phénomène a lieu dans le petit village de Midwich : tous les habitants sombrent dans un profond sommeil artificiel et se réveillent plusieurs heures après, sans aucun trouble apparent. Le médecin découvre tout de même que les douze femmes du village pouvant procréer se retrouvent enceinte en même temps et que leurs fœtus se développent de manière extrêmement rapide. Elles accouchent toutes le même jour, donnant naissance à douze enfants blonds qui ont une croissance accélérée. L'armée surveille de près la situation car les douze enfants semblent posséder des pouvoirs hors du commun, comme la faculté de lire dans l'esprit des gens ou d'influencer le comportement des habitants. Bientôt, deux drames ont lieu dans le village et il semble bien que les enfants soient responsables de ces tragédies...

MON AVIS : Mais que voici une excellente série B de science-fiction réalisée par Wolf Rilla en 1960 ! Le Village des Damnés est un petit bijou en provenance d'Angleterre qui joue savamment sur la paranoïa tout en mettant en scène de façon métaphorique le grand thème de prédilection des films de S-F des 50's : la peur de l'envahisseur communiste ! Car oui, les douze enfants représentent de manière imagée "la menace rouge" qui tente d'envahir le monde, que ce soit dans les villes ou les campagnes. Adaptation d'un roman de John WyndhamThe Midwich Cuckoos, Le Village des Damnés fait forte sensation en faisant de la menace de simples enfants à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Bien sûr, les conditions de leur naissance est des plus étranges et les événements qui précédent leur venue au monde sont superbement mises en scène dès les premières images du film. Tous les habitants de ce petit village tranquille se mettent à tomber comme des mouches, pris d'une subite crise de sommeil profond. Et ce, dans une zone bien définie, comme le découvrira le major Alan Bernard (Michael Gwynn), venu rendre visite à son frère le scientifique Gordon Zellaby (George Sanders, excellent ici). L'irrationnel n'attend pas pour pointer le bout de son nez et le spectateur est embarqué dans cette ambiance étrange d'entrée de jeu, ce qui a pour effet de titiller notre intérêt et de nous passionner pour l'histoire qu'on nous présente. La naissance des douze enfants le même jour vient augmenter l'effet percutant de la mise en bouche proposée par le réalisateur et petit à petit, l'étrangeté et la fascination qu'on ressent envers ces douze chérubins, tous blonds comme les blés, fait place à une sourde angoisse quand leurs yeux se mettent à devenir translucides et qu'on comprend qu'ils possèdent divers pouvoirs comme la télépathie, la possibilité de lire dans les pensées et pire encore, de pouvoir contrôler le comportement d'une personne, quitte à l'envoyer se crasher au volant d'une voiture dans un mur. Les jeunes acteurs sont tous épatants et en particulier Martin Stephens qui joue le rôle du petit David Zellaby. Réussissant à n'avoir quasiment aucune expression de visage, il incarne parfaitement l'expression "mi-ange, mi-démon" et livre une solide composition pour son âge. Une composition reconnue, qui lui vaudra d'être choisit par Jack Clayton pour jouer le rôle de Miles dans le chef-d'oeuvre Les Innocents l'année suivante. Avec une thématique forte, Wolf Rilla impose des images qu'on n’oublie pas et qui peuvent même choquer ! On imagine la tête des spectateurs de l'époque quand ils découvrent que le seul moyen pour les héros du film de se débarrasser de la menace qui pèse sur eux, c'est de tuer ces douze enfants ! Un pari osé pour le réalisateur mais qui s'avère payant, le final, avec George Sanders qui ne doit penser qu'à un mur de briques pour ne pas que David et ses copains ne découvrent ce qu'il cache dans sa mallette étant tout bonnement excellent ! Franchement, difficile de trouver des défauts au Village des Damnés : histoire intrigante, casting excellent (on y trouve la jolie Barbara Shelley, star de la Hammer Films entre autres), mise en scène soignée, ambiance angoissante, effets-spéciaux sobres mais parfaitement intégrés et très efficaces. Si bémol il y a, je dirais qu'il ne peut s'agir que de la durée du film, un peu courte avec ses 74 minutes au compteur. Mais à part ce détail, Le Village des Damnés mérite bien son statut de petit classique de l'épouvante et de la science-fiction. Un pur régal pour les amateurs donc, qui trouveront bien fade le remake de John Carpenter  réalisé en 1995 avec Christopher Reeves en personnage principal. Une suite au film de Wolf Rilla verra le jour en 1964 sous le titre Les Enfants des Damnés.

* Disponible en DVD chez WARNER


samedi 26 janvier 2019

DEATH WISH

DEATH WISH
(Death Wish)

Réalisateur : Eli Roth
Année : 2018
Scénariste : Joe Carnahan
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Action
Interdiction : -12 ans
Avec : Bruce Willis, Vincent D'Onofrio, Elisabeth Shue, Camila Morrone, Dean Norris...


L'HISTOIRE : Quand il ne sauve pas des vies, Paul Kersey, chirurgien urgentiste, mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago. Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal et sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, il se lance dans une chasse à l’homme sans merci...

MON AVIS : On se souvient tous du film de Michael Winner, Un Justicier dans la Ville, réalisé en 1974 avec un Charles Bronson iconique qui se laissait aller à de vils instincts afin de venger sa femme et sa fille, déambulant des les rues de New York pour abattre divers malfrats. En 2018, Eli Roth, réalisateur de Cabin Fever, Hostel 1 & 2, The Green Inferno et Knock, Knock envisage de tourner un remake de ce petit classique du vigilante movie et de faire jouer le rôle du docteur Paul Kersey à Bruce Willis. Une idée que d'aucun auront trouvé saugrenue, le film de Michael Winner bénéficiant déjà de 4 séquelles dans les années 80 et 90. Personnellement, ce projet de remake ne m'inspirait guère non plus, seul le nom d'Eli Roth derrière la caméra me donnait envie de m'y intéresser un tant soit peu, vu que j'aime beaucoup les films de ce réalisateur. J'ai enfin visionné ce Death Wish version 2018 et en toute franchise, même si ce n'est pas le film du siècle et que je le trouve inférieur à l'original de 1974, j'avoue que j'ai passé un bon moment en compagnie d'un Bruce Willis qui campe un bon Paul Kersey, apportant au personnage son charisme tout en n'en faisant pas un "John McLane" bis, si ce n'est lors de la scène finale. L'acteur parvient être crédible dans ce rôle de père de famille qui voit sa petite vie tranquille être brisée par la violence urbaine. Le réalisateur insiste bien sur le fait que Paul Kersey n'est, au départ, pas du tout un adepte de la gâchette. Après la tragédie ayant causée la mort de sa femme (Elisabeth Sue, la jolie blondinette amoureuse de Ralph Macchio dans Karaté Kid entre autres) et plongée sa fille dans le coma (Camila Morrone), il laisse faire la justice, attend patiemment que la police appréhende les voyous auteurs du drame et tente de se reconstruire, ce qui nous permet de voir une autre facette de Bruce Willis, celle d'un homme qui a tout perdu, qui a des failles et qui ne sait plus comment agir. Ça change des rôles dont il a l'habitude de jouer même si le naturel va évidemment revenir au galop lors de la suite des événements. Comme le film de Michael Winner, Death Wish aborde la question de la loi du talion et place le spectateur dans une position ambiguë : celle de savoir s'il faut cautionner les actes de Paul Kersey, qui se montre bien plus efficaces que la police, ou s'il faut les condamner et attendre que la justice fasse son travail. Ce débat passionnant et passionné est d'ailleurs intelligemment traité dans le film à travers de courtes séquences dans lesquelles des animateurs radios se positionnent d'une part et d'autre, faisant de Kersey un "héros ou un zéro". Baptisé par la population le "Grim Reaper" (celui qui apporte la mort), Paul Kersey découvre lui aussi ce qu'on pense de ses actions à travers la télévision ou des articles de journaux et même si on voit qu'il en ressent une certaine fierté, on sent aussi qu'il se pose des questions quant à la légitimité de la mise en oeuvre de sa vengeance. Bien malin, Eli Roth prend son temps avant d'envoyer son justicier dans la ville, lui fait visiter un magasin de vente d'armes, l'entraîne à tirer et lui fait connaître un petit revers de médaille lors de sa première sortie. Plus le film avance, plus l'action devient présente et plus la violence s'intensifie, jusqu'à nous réserver quelques petits plans gores bien sympathiques. La scène du cric de voiture est assez jubilatoire par exemple. Mais on remarque qu'ici, le réalisateur ne s'attarde pas sur de longs plans contemplatifs lors de ces séquences mais préfère filmer une violence crue, brutale et assez directe, ce qui a pour effet de dynamiser l'action et de présenter la violence d'une manière plus froide, plus réaliste. Autre élément appréciable, la présence de Dean Norris dans le rôle de l'inspecteur de police chargé de l'affaire Kersey. L'acteur, excellent dans la série Breaking Bad, fait le job et on peut dire que ce type de rôle lui correspond tout à fait. La mise en scène d'Eli Roth se montre percutante et convient parfaitement à ce vigilante movie des années 2010, lui apportant à la fois une certaine modernité tout en gardant un certain classicisme propre à ce style de film. Les fans de Charles Bronson apprécieront la dernière image de Bruce Willis, qui reprend l'une des poses emblématiques du film de 1974. Loin d'être décevant, ce Death Wish 2018 s'avère un spectacle correct, pas inoubliable, loin de là, mais qu'on apprécie le temps de sa vision.

* Disponible en DVD et BR chez TF1 VIDEO


vendredi 25 janvier 2019

EMMANUELLE ET FRANÇOISE

EMMANUELLE ET FRANÇOISE
(Emmanuelle e Françoise - le Sorelline / Emanuelle's Revenge)

Réalisateur : Joe D'Amato
Année : 1975
Scénariste : Joe D'Amato, Bruno Mattei
Pays : Italie
Genre : Thriller, Drame, Horreur, Erotique
Interdiction : -16 ans
Avec : George Eastman, Rosemarie Lindt, Annie Carol Edel, Patrizia Gori...


L'HISTOIRE : Emmanuelle apprend que sa sœur Françoise s'est suicidée en se jetant sous un train. Elle découvre que Françoise était sous l'emprise totale de Carlo, son compagnon, qui l'a poussé à faire des choses inavouables par amour et qui a fini par la rejeter, entraînant la jeune femme dans une dépression sentimentale qui s'est soldée par ce drame. Emmanuelle, bien décidée à se venger de Carlo, se met à séduire ce dernier, pour mieux lui faire subir son plan machiavélique...

MON AVIS : Chef opérateur talentueux et reconnu, Aristide Massaccesi, surnommé l'homme aux mille pseudonymes, se lance dans la réalisation dès 1972 et va connaître une carrière hors norme, avec plus de 190 films à son actif, auxquels il faut ajouter tous ceux dont il a été le chef opérateur, le producteur ou le scénariste entre autres ! Son pseudonyme le plus célèbre est celui de Joe d'Amato et c'est sous ce dernier qu'il réalise en 1975 le malsain Emmanuelle et Françoise, sur un scénario écrit par lui-même mais aussi par le non moins célèbre Bruno Mattei. Les deux hommes s'inspirent de l'histoire vue dans un film grec, The Wild Pussycat (1969) de Dimis Dadiras et proposent à George EastmanRosemarie Lindt, Annie Carol Edel et Patrizia Gori de faire partie du casting. A l'arrivée, Emmanuelle et Françoise (qui n'a rien à voir avec la série des Emmanuelle avec Laura Gemser ni avec ceux de Sylvia Kristel) nous propose un mélange de genre, allant du thriller au drame, en passant par l'érotisme et l'horreur. C'est un film profondément pessimiste, qui ne respire pas la joie de vivre, on peut le dire. C'est principalement le cas durant le premier quart d'heure, qui nous dévoile le destin tragique de la malheureuse Françoise, superbement interprétée par une Patrizia Gori assez touchante dans ce rôle de femme adulant son compagnon et l'autorisant à lui faire subir les pires sévices par amour. D'Amato filme durant cette présentation du personnage, puis lors de quelques flashbacks, des scènes très dures d'humiliations et de brutalités sexuelles, toujours emprunt d'un voyeurisme pervers qui met mal à l'aise le spectateur. George Eastman, célèbre pour avoir été la star de deux autres films de D'Amato au début des années 80 (Anthropophagous et Horrible) joue Carlo, ce salaud de la pire espèce, ce macho sans cœur qui considère les femmes comme des kleenex jetables. Son attitude révoltante envers Françoise nous le fait détester et on aimerait bien qu'il endure lui aussi quelques tourments indésirables. Coup de bol, les scénaristes nous ont entendu puisqu'ils vont lui envoyer un ange de la vengeance en la personne d'Emmanuelle, la sœur de Françoise. Interprétée par  la blonde Rosemarie Lindt, cette dernière va jouer au même niveau que l'infâme Carlo et va même dépasser le maître qui ne s'attendait pas à se faire prendre au piège. D'Amato s'amuse avec ses deux personnages, apaise un peu le climat délétère qu'il a installé depuis le début du film en les faisant se courtiser, danser dans une discothèque ou prendre un peu de détente à la plage. De simples préliminaires, parfois amusants, qui vont aboutir à la fameuse vengeance mitonnée avec soin par Emmanuelle. Drogué par cette dernière, le vilain Carlo va se retrouver enfermée dans une pièce secrète de l'appartement d'Emmanuelle, pièce entièrement capitonnée, insonorisée et qui bénéficie d'un grand miroir sans tain lui permettant de voir celle qui l'a séquestré s'adonner exprès aux plaisirs de la chair sans que lui-même ne puisse y participer. La frustration change de camp et le début de la torture mentale et physique de Carlo peut débuter. Avec un vrai sadisme, Emmanuelle se donne sans retenue à un mécanicien ou se livre à des strip-teases torrides devant ce fameux miroir, bien consciente de l'effet prodigué à sa victime. Comble du délice, elle administre également à Carlo une drogue qui va provoquer chez ce dernier des hallucinations, l'entraînant dans une folie mentale de premier ordre ! A ce titre, la scène du repas est juste hallucinante, c'est le cas de le dire ! Je laisse la surprise à ceux qui découvriront le film. Petit à petit, l'horreur se mêle à l'érotisme et au drame et le sang fait son apparition, certes de manière assez cheap mais qui correspond bien à l'atmosphère un peu onirique voulue par le réalisateur lors des délires de Carlo. Les scènes érotiques restent soft mais efficaces et contribuent à intensifier l'aspect glauque, malsain du film. Avec un mauvais goût totalement assumé, Emmanuelle et Françoise est une perversion filmique à la mise en scène des plus correctes et à la photographie inspirée. Un film Bis sulfureux, qui devrait ravir tous les mouvements féministes actuels qui prendront un vrai plaisir à savourer goulûment le traitement peu ragoutant infligé à Carlo par Emmanuelle ! Un des très bons films de Joe D'Amato

LE COMBO BR / DVD DU CHAT QUI FUME
Bénéficiant d'un superbe visuel, le combo DVD / BR édité par Le Chat qui Fume, limité à 1000 exemplaires, est encore une fois d'un grand raffinement. Un fourreau classieux renferme le digipack trois volets contenant le BR, le DVD du film et le DVD des bonus.Parmi ceux-ci, un interview de George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori) qui revient sur le film et sa relation avec Joe D'Amato, regrettant sincèrement que ce dernier n'ait jamais eu l'ambition de réaliser des films au budget plus conséquent (24 minutes). L'actrice Maria Rosaria Riuzzi nous parle aussi du film (15 minutes), tout comme l'auteur du livre Joe D'Amato le réalisateur fantôme, Sebastien Gayraud (49 minutes). Cerise sur le gâteau, un très long interview de Joe D'Amato, issu du Joe D'Amato totally Uncut de Roger A. Fratter (1999). Une édition prestigieuse, comme d'habitude.

* Disponible en combo DVD / BR chez LE CHAT QUI FUME



lundi 21 janvier 2019

DOWNRANGE

DOWNRANGE
(Downrange)

Réalisateur : Ryûhei Kitamura
Année : 2017
Scénariste : Ryûhei Kitamura, Joey O'Bryan
Pays : Etats-Unis, Japon
Genre : Thriller, Survival
Interdiction : -12 ans
Avec : Kelly Connaire, Stephanie Pearson, Rod Hernandez, Anthony Kirlew...


L'HISTOIRE : Victimes d'une crevaison, six étudiants en covoiturage sont contraints d'arrêter leur véhicule au milieu de nulle part. Mais le pneu n'a pas crevé par accident... Et soudain les balles pleuvent : un mystérieux sniper les a pris pour cible. Ils sont seuls. Sans défense. Un terrible jeu du chat et de la souris commence...

MON AVIS : En 2000, le réalisateur japonais Ryûhei Kitamura faisait forte sensation avec Versus, L'ultime Guerrier qui mélangeait action, film de sabre et gore dans un cocktail assez percutant. Il enchaîna avec des titres soignés et intéressants, comme Alive (2002), Azumi (2003), Godzilla Final Wars (2004) et surtout Midnight Meat Train (2008) qui lui permettait d'adapter la célèbre nouvelle de Clive Barker. En 2017, on le retrouve aux commandes de Downrange, un survival âpre et violent présenté dans divers festivals internationaux mais aussi français, tels le festival de Gerardmer ou le PIFFF. Le scénario est des plus basiques : 6 ados en covoiturage se retrouvent avec un pneu crevé au beau milieu de nulle  part et vont devenir la cible d'un redoutable sniper qui a bien l'intention d'éradiquer tout le petit groupe par pur plaisir sadique. Voilà. On a déjà vu plus compliqué. Mais à cette simplicité scénaristique, Ryûhei Kitamura apporte toute sa fougue et son énergie pour qu'on ne voit pas le temps passé et transforme son huis-clos en extérieur et en plein soleil en film bien stressant et à la violence décomplexée. Stressant parce qu'on ne sait pas quand le sniper va tirer et nos malheureux ados non plus. Mais quand ça se produit, le son des balles qui fusent ou qui atteignent leur cible (que ce soit une portière de voiture ou une victime) fait son petit effet et augmente la tension des survivants mais aussi celle du spectateur. Franchement, on n'a pas du tout envie d'être à la place des protagonistes du film, planqués derrière leur voiture et pouvant se prendre une balle à la moindre erreur d’inattention. Le sniper fait preuve d'un réel sadisme, s'amusant à tirer au moindre mouvement ou au contraire ne donnant plus signe de vie alors qu'il pourrait toucher une cible facilement, ce qui déconcerte les potentielles victimes qui ne savent plus trop comment agir. Cela permet de dynamiser l'action et de jouer savamment sur le suspense. Bénéficiant d'un rythme alerte la plupart du temps, Downrange se permet quelques moments de pause lors de dialogues entre protagonistes, histoire de calmer le jeu avant de mieux repartir. L'action étant quasiment filmée en temps réel, on ressent parfaitement les émotions des personnages, leur fatigue, leur stress, leur ras-le-bol, leur détresse. Une détresse bien réelle puisque rien ne semble pouvoir les sortir de leur situation. Bloqués sur une route désertique, les survivants ne voient aucune autre voiture daignant apparaître et quand ce sera enfin le cas, notre sniper prendra un malin plaisir à venir contrecarrer cette lueur d'espoir, lors d'une séquence d'accident franchement percutante. La caméra du réalisateur est fluide et nous place au cœur de l'action, virevoltant autour des personnages pour mieux nous immerger. Les amateurs de violence en auront pour leur argent car Ryûhei Kitamura n'a rien perdu de sa fougue et de sa sauvagerie à ce niveau et nous offre des effets gores qui ne font pas dans la demi-mesure : trou béant dans un crâne, balle explosant une main, doigts qui pendouillent, impact dans diverses parties du corps, roue de voiture qui écrabouille la tête d'un mort, décapitation lors d'un accident et autres joyeusetés sont mises en avant, avec moult litres de sang répandus avec joie et allégresse. Le sniper n'a aucune pitié, même si la victime est une petite fille qui vient de perdre ses parents. Il n'y va pas avec le dos de la cuillère Ryûhei Kitamura et ça fait plaisir à voir, même si les ronchons trouveront ces effusions de sang parfois peu crédibles ou un peu trop gratuites. Pour ma part, j'ai trouvé ce spectacle bien furieux, bien méchant et donc bien jouissif ! Virtuose, la caméra de Ryûhei Kitamura nous fait admirer de superbes paysages et s'autorise quelques plans hallucinants qui parachève de faire de Downrange une très bonne surprise, qui vient se clôturer sur un final plein d'humour noir !

* Disponible en DVD et BR chez WILD SIDE VIDEO



dimanche 20 janvier 2019

RAMPAGE - HORS DE CONTRÔLE

RAMPAGE - HORS DE CONTRÔLE 
(Rampage)

Réalisateur : Brad Peyton
Année : 2018
Scénariste : Ryan Engle, Carlton Cuse, Ryan J. Condal, Adam Sztykiel
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Action
Interdiction : /
Avec : Dwayne Johnson, Naomie Harris, Malin Akerman, Jeffrey Dean Morgan ...


L'HISTOIRE : Primatologue de profession, David Okoye a plus de mal à nouer des liens avec ses semblables qu'avec les singes. Pas étonnant qu'il se soit pris d'affection pour George, adorable gorille d'une intelligence hors du commun, dont il s'occupe depuis sa naissance. Mais suite à une expérience génétique catastrophique, George se métamorphose en monstre incontrôlable. Et il n'est pas le seul puisque deux autres animaux, un loup et un crocodile, se transforment en prédateurs enragés aux quatre coins du pays, détruisant tout sur leur passage. Okoye décide alors de travailler d'arrache-pied avec une généticienne pour mettre au point un antidote. Pourront-ils à temps empêcher la planète d'être ravagée ?

MON AVIS : Quelle drôle d'idée que de vouloir adapter au cinéma un jeu vidéo culte de 1986, dans lequel trois monstres détruisaient tout sur leur passage, annihilant des bâtiments et mangeant toutes personnes passant à leurs portées avec une bonne humeur communicative ! Pourtant, cette idée a pris forme en 2018 sous la direction du réalisateur Brad Peyton, qui retrouve pour l'occasion le sympathique Dwayne Johnson, qu'il a déjà dirigé dans Voyage au centre de la Terre 2 et San Andreas. Avec une telle idée comme base scénaristique, on se doute bien qu'à l'arrivée, on va avoir droit à un "pop-corn movie" décérébré, à un blockbuster qui ne se prend pas la tête et qui va se payer le luxe de nous offrir des scènes de destructions massives comme seuls les Américains savent le faire. Bingo ! L'affaire est dans le sac et Rampage - Hors de Contrôle s'avère en effet un pur "monsters movie" qui n'a pour unique but que celui de divertir et de nous détendre durant 107 minutes. Allez, on a bien un petit peu de réflexion quand même niveau scénario puisqu'on nous parle encore des dangers de la manipulation génétique, surtout quand celle-ci est exécutée par une entreprise peu regardante au protocole de sécurité et dont le seul souci est de s'en mettre plein les poches. Mais pour le reste, on est dans le pur divertissement, avec de l'humour, de l'action à gogo, des situations improbables, téléphonées à l'avance et surtout trois beaux monstres aux dimensions plus que respectables qui vont, comme dans le jeu vidéo, s'amuser à tout faire péter, à détruire tous les décors mis à leur disposition. Au programme de ce joyeux défouloir donc : un gorille albinos, un loup et un crocodile qui vont grandir de façon démesurée et qui vont plus avoir d'autres "pouvoirs" liés à la manipulation génétique, comme par exemple la capacité pour le loup de voler grâce à ses ailes rétractables issues de la chauve-souris. Bah oui, autant ne pas s’embarrasser avec une quelconque crédibilité scientifique (quoique, le système CRISPR évoqué dans le film existe bel et bien, permettant de modifier le code génétique d'un organisme pour soigner des maladies graves) et y aller à fond dans le délire ! Pourvu d'effets-spéciaux franchement au top, mélange de CGI et de performance-capture (principalement pour George le gorille), Rampage - Hors de Contrôle assure le grand spectacle et parvient même à nous faire éprouver de l'empathie pour son gorille géant, qui, à l'instar du roi Kong, n'a pas demandé à devenir ce qu'il est devenu. Sa relation avec le personnage interprété par Dwayne Johnson est touchante et je me suis même pris à m'écrier un gros "non !!" quand il se fait traverser par une barre de fer ! Avec son faciès d'un réalisme étonnant, proche de celui de César dans la trilogie La Planète des Singes, George marque des points et prouve encore une fois qu'on peut être ému ou touché par des images de synthèses. Quant à Dwayne Johnson, il est comme à son habitude : il se donne à 100% et emporte l'adhésion par sa simplicité et son charisme indéniable. On aurait juste aimé que son personnage soit un plus "élaboré" psychologiquement  mais bon, c'est un détail. Il a pour partenaire de jeu l'actrice Naomie Harris mais surtout l'acteur Jeffrey Dean Morgan, le célèbre Negan de la série The Walking Dead. Si les personnages humains existent et ne sont pas mis à l'écart de l'histoire, il est clair que notre attente se situe évidemment dans l'affrontement des trois créatures gigantesques et à ce niveau, on est servi lors d'un final apocalyptique. Mais toutes les autres apparitions des monstres géants procurent un véritable plaisir de cinéphile déviant, comme la traque du loup par un groupe de mercenaires aguerris par exemple. Cerise sur le gâteau, le gore festif s'invite à la fête, et on s'étonne parfois de voir des membres arrachés, tranchées et ensanglantés venir s'étaler sur l'écran ou éclabousser le pellicule ! Un film que je reverrai avec grand plaisir en tout cas, qui m'a offert tout ce que j'en attendais. Et s'il y avait une suite de prévu avec encore plus de monstres, ça ne serait pas de refus hein...


lundi 14 janvier 2019

MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2

MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2 
(The Texas Chainsaw Massacre 2)

Réalisateur : Tobe Hooper
Année : 1986
Scénariste : L.M. Kit Carson, Tobe Hooper
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Dennis Hopper, Caroline Williams, Jim Siedow, Bill Moseley, Bill Johnson...


L'HISTOIRE : Stretch est animatrice radio. Un soir, elle reçoit un appel de deux jeunes fêtards qui vont être massacrés en direct par un psychopathe armé d’une tronçonneuse. L’enregistrement audio du drame sanglant va intéresser le lieutenant Lefty Enright, qui pourchasse depuis quatorze ans la famille de bouchers responsable de la mort de son frère Franklyn et de l’internement en hôpital psychiatrique de sa sœur Sally Hardesty. Sûr et certain d’avoir retrouvé la trace de Leatherface et du reste du clan, le lieutenant va leur tendre un piège et se servir de Stretch comme appât…

MON AVIS : 1974. Tobe Hooper réalise Massacre à la tronçonneuse, le plus grand film d’horreur de tous les temps malgré la quasi absence d’effets gore. Ce manque de sang est compensé par une ambiance hallucinée et par un final qui plonge protagonistes et spectateurs dans une représentation de la folie humaine encore inégalée à ce jour. 1986. Tobe Hooper réalise Massacre à la tronçonneuse 2. Douze ans après son chef-d’œuvre, le réalisateur texan se voit offrir par la firme Cannon l’opportunité d’en réaliser une suite. D'abord réticent, il accepte finalement. Après quelques soucis au niveau du casting, Hooper voulant reprendre les acteurs de l’original, ce qui n’aboutira pas à l’exception de Jim Siedow, le voilà qui se lance à corps et à cris dans le tournage du film. Déçu que le public du film de 1974 n’ait pas perçu l’humour noir qui se dégageait de nombreuses séquences, il va alors jouer de la surenchère en ce qui concerne les éléments de comédie, tout comme il va prendre à revers l’aspect suggestif qui faisait toute la force de Massacre à la tronçonneuse. Voulant avoir des effets gore qui ne lésinent pas à déverser le précieux liquide rouge, les effets-spéciaux sont confiés au spécialiste en la matière, le génial Tom Savini, qui va se faire plaisir et nous faire plaisir mais qui, du coup, va provoquer les foudres de la censure. Bref, le tournage du film, la phase de montage et la distribution se révèlent être un véritable calvaire pour le réalisateur. À l’arrivée, que reste-t-il de Massacre à la tronçonneuse 2 ? On se trouve en présence d’un film qui prend le contre-pied total du film de 1974. Une vraie comédie horrifico-gore, voilà à quoi il faut s'attendre ! Un gros foutoir grand-guignolesque, digne d’un dessin-animé de Tex Avery ! C’est simple, Massacre à la tronçonneuse 2, c’est comme un tour de train fantôme : on alterne entre le rire et l’horreur, quand ces deux genres ne sont pas tout simplement réunis la plupart du temps. Hooper et son scénariste L. M. Kit Carson ne se sont fixés aucune limite : faisant tomber Leatherface amoureux de Stretch, romance qui trouve sa plus belle représentation quand notre tronçonneur fou offre à sa dulcinée un visage de peau humaine qu’il vient fraîchement de prélever en guise de cadeau romantique ; intégrant le personnage de Lefty Enright, admirablement interprété par un Dennis Hopper (qui déteste le film au passage) qui se révélera encore plus dingue que la famille tronçonneuse elle-même ; chorégraphiant un duel entre Leatherface et Lefty, les colts des westerns ayant fait place aux tronçonneuses ; plaçant sa famille de dingues dans le décor d’une ancienne fête foraine abandonnée, ce qui contraste totalement avec la maison vue dans le premier film. Bref, on nage en plein délire et ceux qui s’attendaient à retrouver l’ambiance malsaine et glauque du Massacre original en seront pour leur frais. Pourtant, Hooper ne nous prend pas en traître : l'affiche du film est déjà un énorme clin d'oeil à celle de Breakfast Club. Et dès la première séquence avec les deux yuppies qui vont se faire malmener par un Leatherface perché sur le toit d’un van et agitant sa tronçonneuse comme un dément, le corps empaillé de son frère l’auto-stoppeur accroché à lui, on sait que le film va nous emmener très loin dans la frénésie visuelle. En clair, Massacre à la tronçonneuse 2 s’avère être le parfait spectacle à savourer entre potes : délirant, fun, déjanté. Ou comment douze ans plus tard, Tobe Hooper nous livre, dans une autre ambiance, le film d'horreur le plus fou des 80’s ! Jouissif et culte évidemment !

* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME

Pour les fans de Massacre à la Tronçonneuse 2, le Chat qui Fume propose une superbe édition qui permettra de revoir ce film de fous furieux avec une qualité d'image qui enterre évidemment celle de nos vieilles VHS et même de nos DVD. VOSTF et VF sont proposés, ainsi que de multiples bonus dont :
- un commentaire audio de Tobe Hooper
- un commentaire audio de Bill Moseley, Caroline Williams et Tom Savini
- "Le Texas de Tobe" par Julien Sévéon
- le documentaire "La maison de la douleur" (42')
- des scènes inédites
- le scénario du Massacre du Texas
- divers modules dont "l'art du grabuge", "une série de personnages", "Viande de premier choix : sur le plateau avec Tom Savini", "Père de la Tronçonneuse", "Requiem pour une suite"
- des bandes-annonces.




 

dimanche 13 janvier 2019

DANS LA BRUME

DANS LA BRUME
(Dans la Brume)

Réalisateur : Daniel Roby
Année : 2018
Scénariste : Guillaume Lemans, Jimmy Bemon, Mathieu Delozier
Pays : France
Genre : Science-Fiction
Interdiction : /
Avec : Romain Duris, Olga Kurylenko, Fantine Harduin, Michel Robin ...


L'HISTOIRE : Le jour où une étrange brume mortelle submerge Paris, des survivants trouvent refuge dans les derniers étages des immeubles et sur les toits de la capitale. Sans informations, sans électricité, sans eau ni nourriture, une petite famille tente de survivre à cette catastrophe... Mais les heures passent et un constat s'impose : les secours ne viendront pas et il faudra, pour espérer s’en sortir, tenter sa chance dans la brume...

MON AVIS : Tiens, un film de science-fiction français, ça ne court pas les rues en ces temps où les comédies balourdes ou les drames larmoyants semblent n'être que le seul intérêt des réalisateurs dans notre pays, à quelques exceptions près bien sûr (Xavier Gens, Pascal Laugier, Coralie Fargeat, Daniel Moreau, Julia Ducournau...). Mais combien de projet sortant des sentiers battus ou ne faisant pas partie des deux genres sus-nommés voit le jour en France ? Très peu, trop peu. Dans la Brume mérite donc toute notre attention et se doit d'être visionné par nous, oui, nous, qui se disons défenseurs du cinéma "de genre", ou du cinéma fantastique si on veut ciblé un peu plus. Qu'on aime ou pas le film de Daniel Roby, l'effort reste à saluer, se veut méritant dans sa démarche de se démarquer et d'oser se confronter au domaine de la science-fiction. Certes, la France est l'inventeur du genre (George Méliès, ça date hein...) mais on l'a vite oublié. Alors, ça donne quoi Dans la Brume au final ? Eh bien franchement, c'est une bonne surprise et pour un film français, ça a de la gueule, c'est clair ! Voir la ville de Paris entièrement recouverte d'une brume épaisse dont nous ne saurons jamais l'origine, hormis qu'elle semble provenir des profondeurs de la terre suite à des secousses sismiques, donne lieu a de très belles images et cette vision de la capitale vue des toits parisiens est originale et intrigante. La brume s'étant pour le moment arrêtée au niveau des derniers étages des immeubles, les rares survivants se sont donc réfugiés dans les appartements les plus hauts ou carrément sur les toits, ce qui permet au réalisateur de nous offrir ces séquences visuellement superbes, tout en se servant de ce décor pour dynamiser l'action, notamment quand le personnage principal, très bien campé par un Romain Duris totalement investit par son rôle, va devoir se frayer un chemin de toits et toits, manquant de tomber ou de glisser sur ce parcours sinueux et plutôt dangereux. Car la brume n'est pas le seul danger qui guette les protagonistes principaux. Si cette dernière se révèle effectivement mortelle et que s'y plonger sans masque à oxygène est une vaine tentative, ceux qui ont un équipement adéquat ne sont pas sauvés pour autant. Si on ne saura pas non plus pourquoi certains chiens survivent dans cette brume par rapport à d'autres qui sont raides morts, Romain Duris et sa femme (jouée par Olga Kurylenko) devront en tout cas échapper à l'un d'eux, devenu particulièrement agressif, ce qui viendra pimenter un rythme assez contemplatif. Car Dans la Brume est avant tout un film d'ambiance, qui possède un côté réaliste et qui ne verse pas dans une surenchère d'action. Les personnages principaux n'agissent pas sans réfléchir, prennent le temps d'analyser la situation et ne se jettent pas à corps perdu dans l'inconnu. Pourtant, il y a urgence pour eux. Car la bonne idée du film est de leur avoir adjoint une fille, Sarah (Fantine Harduin), victime d'une maladie génétique rare et qui est obligée de vivre continuellement dans une bulle. Seulement, cette bulle a besoin d'énergie et suite à une coupure d'électricité, elle fonctionne désormais sur batterie, batterie qui ne dure pas éternellement et qu'il va falloir changer pour assurer la survie de la jeune fille. C'est la mission principale qui va puiser toute la force du couple Duris / Kurylenko et leur faire affronter la brume et ses dangers. Les séquences se déroulant à même le sol, dans des rues recouvertes de brume et dans lesquelles des tas de cadavres jonchent le sol, sont assez saisissantes et très bien mises en scène. Le silence qui règnent dans les rues bardées de voitures laissées à l'abandon est assez anxiogène et nous fait prendre conscience du fléau dévastateur qui a surgit d'un coup, lors d'une impressionnante séquence qui n'a rien à envier aux films américains. L'histoire de cette bulle stérile dont il faut remplacer les batteries donne un but crédible à ce couple dont on se sent proche et en totale empathie. Le personnage du vieux monsieur joué par Michel Robin est extrêmement attachant lui aussi. Alors oui, Dans la Brume peut laisser un peu perplexe sur divers points : pourquoi certains animaux survivent à la brume et d'autres non ? Quelle est l'origine de cette dernière ? Pourquoi n'esquisser que très légèrement le fait que des survivants se regroupent à Montmartre et que la loi de la survie semble se manifester, avec des départs de feu qu'on voit quelques instants et qui nous laisse à penser que la situation dégénère ? Pourquoi le réalisateur ne nous donne aucune explication et termine son film en "queue de poisson", avec un final qui fait très épisode de La Quatrième Dimension certes, mais qui nous laisse tout de même sur notre faim ? Malgré ces quelques défauts et parfois un manque de logique, j'ai néanmoins été happé par l'atmosphère qui se dégage du film, par sa photographie soignée, par le jeu des acteurs et par le pessimisme ambiant qui règne en maître. Dans la Brume demeure pour ma part une belle tentative de science-fiction à la française, qui mise avant tout sur le comportement humain de ses personnages. Le réalisateur aurait pu plagier The Mist de Frank Darabond mais a eu le bon sens de ne pas le faire. Bien vu de sa part ! Ça fait bien plaisir de voir quelques prises de risque dans le paysage du cinéma français actuel en tout cas ! 


  

jeudi 10 janvier 2019

LE LAC DE DRACULA

LE LAC DE DRACULA
(Noroi no yakata : chi o su me / Lake of Dracula)

Réalisateur : Michio Yamamoto
Année : 1971
Scénariste : Ei Ogawa, Masaru Takesue
Pays : Japon
Genre : Epouvante
Interdiction : /
Avec : Midori Fujita, Chôei Takahashi, Sanae Emi, Shin Kishida...


L'HISTOIRE : Akiko, une petite fille, court après son chien qui s'est enfui et se retrouve dans une étrange demeure. Elle a la peur de sa vie en découvrant un homme avec la bouche en sang et deux canines proéminentes. Dix-huit ans plus tard, Akiko est devenue une belle jeune femme et vit dans une maison jouxtant un lac, en compagnie de sa sœur Natsuko. Le docteur Takashi Saeki, l'ami des deux femmes, est sous le charme d'Akiko, qui continue de faire des cauchemars dans lesquels elle revoit l'homme à la bouche ensanglantée. Peu de temps après qu'une voiture ait déposé un cercueil auprès de Kyûsaku, l'homme à tout faire du village, ce dernier se met à agir de curieuse manière. A l'hôpital où travaille le docteur Saeki, une femme décédée est amenée, totalement vidée de son sang. Des événements étranges semblent se dérouler près de la demeure d'Akiko. Même Natsuko, qui a le teint de plus en plus pâle, se met à avoir un comportement différent de d'habitude... 

MON AVIS : Après l'excellent The Vampire Doll, réalisé en 1970, le metteur en scène Michio Yamamoto continue sur sa lancée et tourne dès l'année suivante, toujours pour le compte de la firme japonaise Toho, Le Lac de Dracula. Tout en étant des plus agréables à suivre, j'ai trouvé cette seconde tentative d'épouvante à la japonaise de la part de Yamamoto inférieure à la première. Le Lac de Dracula s'avère plus classique dans son approche, moins surprenant, moins beau que The Vampire Doll même si le travail sur les décors et la photographie n'a pas été mis de côté, loin de là. Mais il manque un petit je ne sais quoi à ce film que possédais The Vampire Doll pour ma part et j'ai moins été envoûté. Attention, ça ne veut pas dire que Le Lac de Dracula soit un mauvais film, pas du tout même ! Il mérite largement d'être regardé car ce n'est pas tous les jours qu'on peut admirer un vampire japonais à l'écran. Encore une fois, on y trouve tout ce qui fait le charme des films d'épouvante façon Hammer Films : un manoir lugubre, une jeune femme en danger, des événements mystérieux, des victimes que le spectateur identifie clairement comme étant celles d'un vampire puisque possédant à la base du cou les deux trous symptomatiques de la morsure d'un suceur de sang, des flash-back joliment mis en scène et une ambiance travaillée qui retient notre attention. L'histoire en elle-même est assez basique, il n'y a rien de nouveau ou de franchement innovant dans ce scénario écrit par Ei Ogawa et Masaru Takesue. Il reprend les bases du récit vampirique classique tel qu'on pouvait en trouver dans le cinéma européen. L'originalité, pour le public européen justement, c'est bien évidemment de pouvoir admirer un vampire japonais ! Ce dernier est interprété par Shin Kishida qui, malgré son implication, peine tout de même à nous faire oublier Christopher Lee ou Bela Lugosi. Avouons que voir un acteur japonais jouer un vampire fait plus sourire qu'il n'effraie. Les deux actrices Midori Fujita (Akiko) et Sanae Emi (Natsuko) s'en sortent bien mieux et portent le film sur leurs épaules, parvenant à jouer les femmes en danger ou vampirisées de manière crédible. L'idée du trauma enfantin chez Akiko n'est pas mauvaise car elle permet de douter de la véracité de la présence d'un vampire dans les environs et de mettre en doute la santé mentale de cette dernière, même si nous, public, savons très bien de quoi il en retourne vraiment. A ce titre, le final est franchement sympa, le réalisateur jouant parfaitement avec l'imagerie gothique des grands classiques du genre. Reste que malgré ses points forts, Le Lac de Dracula n'est pas exempt de quelques défauts qui amoindrissent son impact. Le rythme n'est pas très enlevé, ce qui n'est pas forcément négatif quand il s'agit d'un film misant avant tout sur l'ambiance, l'atmosphère, mais néanmoins, on peut trouver le temps un peu long parfois. Le film ne procure jamais de frissons ni de stress et certaines situations sont un peu répétitives. Reste que le fait même que ce soit un film de vampire japonais s'avère intéressant et permet de découvrir cette créature mythique dans un autre contexte que celui qu'on a l'habitude de voir. De quoi séduire l'amateur d'étrangeté filmique.

* Disponible en BR chez ARROW  



lundi 7 janvier 2019

THE VAMPIRE DOLL

THE VAMPIRE DOLL
(Yûrei yashiki no kyôfu: Chi wo sû ningyô / The Legacy of Dracula)

Réalisateur : Michio Yamamoto
Année : 1970
Scénariste : Hiroshi Nagano, Ei Ogawa
Pays : Japon
Genre : Epouvante
Interdiction : /
Avec : Yukiko Kobayashi, Kayo Matsuo, Akira Nakao, Atsuo Nakamura...


L'HISTOIRE : Kazuhiko Sagawa fait un long voyage pour retrouver Yuko, sa fiancée qu'il n'a pas vu depuis quelques mois. En arrivant dans la demeure familiale de cette dernière, Kazuhiko fait la connaissance de la mère de Yuko, qui lui apprend une bien triste nouvelle : Yuko est morte dans un accident de voiture. Dévasté, Kazuhiko croit voir durant la nuit Yuko gambader dans le jardin. Il se rue à sa poursuite et tombe nez à nez avec sa fiancée, apparemment bien vivante. Six jours après ces événements, Keiko Sagawa s'inquiète de ne plus avoir de nouvelles de son frère. Avec Hiroshi, son fiancé, elle se rend chez la mère de Yuko qui lui annonce que Kazuhiko est repartit sitôt qu'il a appris le décès de Yuko. Keiko trouve l'attitude de la mère de Yuko étrange et, prétextant une panne de voiture, elle et Hiroshi parviennent à se faire héberger pour la nuit. Des plaintes et des gémissements semblent provenir des murs de la maison, perturbant le sommeil de Keiko et Hiroshi. Quel secret se cache dans cette lugubre demeure ?

MON AVIS :  En terme de cinéma d'épouvante, vous ne jurez que par les classiques américains des années 30 de la Universal, les films anglais de la Hammer et les films gothiques italiens de Mario Bava ou Antonio Margheriti ? Et bien n'hésitez pas une seconde à vous ouvrir à d'autres horizons, à partir vers l'Espagne, le Mexique ou même le Japon ! Oui, oui, le Japon ! Je sais ce que vous vous dîtes, des vampires ou des monstres avec des yeux bridés, ça va plus faire sourire qu'autre chose. Bon, déjà, ce serait malvenu de penser ça et puis ça se voit que vous n'avez jamais vu The Vampire Doll de Michio Yamamoto, film de 1970 produit par la firme Toho. Parce que ce film est un petit bijou d'atmosphère, de mise en scène et d'images marquantes. Toute la longue séquence introductive emmenant un jeune amoureux retrouver sa fiancée Yuko est digne des meilleures films d'épouvante gothique européens. On y trouve tout : une nuit d'orage, une somptueuse demeure à l'aspect inquiétante, un majordome bossu, muet et au faciès peu engageant, un mystère, une apparition fantomatique et une musique jouée au clavecin qui plonge de suite le spectateur dans l'ambiance. C'est vraiment une entrée en matière très efficace et qui nous donne envie de continuer le film. Coup de bol, le reste sera à l'avenant et on n'a jamais envie de détourner les yeux ou de faire pause pour aller pisser, tant on est envoûté par l'atmosphère qui se dégage et par les somptueuses images qui nous sont proposées. Bien sûr, avec un titre comme The Vampire Doll, on pense évidemment être en présence d'un film de... vampire ! Bravo, vous suivez bien. Sauf que ce n'est pas si évident que ça quand on regarde le film et c'est ce qui lui donne un intérêt supplémentaire. Car la belle Yuko, interprétée par la ravissante Yukiko Kobayashi, semble, certes, être attirée par le sang, possède un teint blafard et des pupilles étranges et luisantes, qui en font une magnifique créature de la nuit. Mais point de canines acérées par contre, Yuko semble plus être attirée par le maniement d'un poignard. De plus, sa gestuelle, sa tenue vaporeuse nous ferait plutôt penser à un spectre, à un fantôme dont l'esprit ne veut pas quitter notre monde suite à la tragédie ayant entraînée sa mort. Le mystère sur ce qu'est réellement Yuko reste entier et va nous interroger, nous faire douter jusqu'à la révélation finale, qu'on trouvera peut-être un peu tarabiscotée et qui pourrait apparaître comme étant le seul point faible de ce film magnifique. Outre Yukiko Kobayashi, le reste du casting est franchement bon, à commencer par Kayo Matsuo qui joue Keiko. L'actrice joue les femmes inquiètes et apeurées avec brio et s'en sort vraiment très bien. Son fiancé Hiroshi, joué par Akira Nakao, détonne un peu par contre car son physique et son visage le placerait plutôt dans le registre de la comédie. Il apporte d'ailleurs un peu d'humour au film. La mère de Yuko (Yôko Minakaze) est par contre un personnage important et intrigant, de par son comportement, ses mensonges et sa troublante cicatrice qu'elle porte au niveau du cou. Il en va de même pour le médecin du village, en sait peut-être plus qu'il ne le dit. Le scénario joue donc avec tous ces personnages pour plonger le spectateur dans une étrange histoire dont il lui faudra dénouer les nombreux rouages. Une fois la séquence d'introduction passée, on a donc deux personnages qui vont enquêter sur une disparition et se rendre dans une demeure dans laquelle semble planer un terrible secret. Une structure qui nous fait irrémédiablement penser au Psychose d'Hitchcock. On trouve même, vers la fin, une scène qui, à mon avis, est plus qu'un simple clin d'oeil au chef-d'oeuvre du maître du suspense. The Vampire Doll s'avère vraiment surprenant et n'ennuie jamais, de par sa courte durée (71 minutes) et ses nombreux rebondissements. Michio Yamamoto manie la caméra avec dextérité, nous fait sursauter avec quelques jump-scares classiques mais bien en place, dirige ses acteurs correctement, utilise ses décors efficacement et peaufine son ambiance, ses éclairages pour, au final, faire de The Vampire Doll une oeuvre raffinée qu'on prend grand plaisir à découvrir. Michio Yamamoto et la Toho poursuivront dans le domaine de l'épouvante l'année suivante avec Le Lac de Dracula puis Evil of Dracula en 1974.

* Disponible en Blu-Ray avec sous-titres anglais chez l'éditeur ARROW

PS : mon Blu-Ray de The Vampire Doll se bloque de la minute 58 à 1h09 environ (les dix dernières minutes du film à peu près). Je l'ai testé sur plusieurs lecteurs BR, rien à faire. Si d'autres ont le même souci ? Heureusement que j'avais ce film dans un autre format pour pouvoir voir la fin.



dimanche 6 janvier 2019

DOUBLE DÉTENTE

DOUBLE DÉTENTE
(Red Heat)

Réalisateur : Walter Hill
Année : 1988
Scénariste : Walter Hill, Harry Kleiner, Troy Kennedy-Martin
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Action
Interdiction : /
Avec : Arnold Schwarzenegger, Jim Belushi, Peter Boyle, Ed O'Ross...


L'HISTOIRE : Le capitaine Ivan Danko, un policier russe, est envoyé à Chicago pour ramener Rostavili, le trafiquant de drogue responsable de la mort de son coéquipier. Le criminel, tombé aux mains de la police américaine dès son arrivée, attend d'être extradé. Mais, durant le transfert, il s'échappe et Danko doit, par la force des choses, s'associer à la police locale pour retrouver le fugitif. Il fait équipe avec Art Ridzik, un policier qui connaît Chicago sur le bout des doigts. Malgré toutes leurs différences, les deux hommes vont devoir se serrer les coudes pour récupérer le criminel et empêcher une transaction de drogue faramineuse...

MON AVIS : Spécialiste du film d'action, le réalisateur Walter Hill (à qui l'on doit des hits en puissance tels Les Guerriers de la Nuit, Sans Retour, 48 heures, Extrême Préjudice ou bien encore Les Rues de Feu) se retrouve à la tête de Double Détente en 1988 et va devoir diriger l'immense Arnold Schwarzenegger, star n°1 du cinéma d'action suite au succès de Terminator, Commando, Le Contrat, Running Man ou Predator. Une mission que va remplir haut la main le réalisateur californien, en lui associant l'acteur Jim Belushi et en cosignant un scénario qui utilise à la fois les ficelles du comique de situation mélangées aux codes du Buddy movie et à des scènes d'action percutantes. Le Buddy movie, c'est un genre cinématographique à part, qui consiste à faire cohabiter deux protagonistes principaux aux comportements totalement différents, ce qui donnent lieu à des séquences comiques, dues aux dialogues ou aux situations improbables proposées. Ce genre de duo de choc, on le trouvait principalement dans des comédies justement, avant que le cinéma d'action ne s'en empare, avec des films comme 48 heures (de Walter Hill justement !) ou, exemple le plus significatif, L'Arme Fatale, réalisé en 1987 et qui lança une véritable mode, avec Double Détente, Midnight Run, Tango et Cash, La Relève, Le Dernier Samaritain, Bad Boys et j'en passe. Walter Hill applique donc à la lettre les principes du Buddy movie dans son film, faisant de Schwarzenegger un flic russe, froid et méthodique, et de Jim Belushi un flic décontracté, cool et assez bougon. Ou quand L'Ouest rencontre l'Est ! Mais cette fois, cette rencontre ne donnera pas lieu à un affrontement entre les deux pays. Rocky 4 a déjà fait le job en 1985 à ce niveau. Non, Walter Hill a la bonne idée (et, dixit Arnold lui-même, c'est la première fois dans un film) de faire du flic russe un personnage sympathique, qu'on va prendre en empathie et qui va lutter en héros au côté de son homologue américain ! Et ça fonctionne ! A plein régime même, tant est si bien que Walter Hill aura l'autorisation de filmer des scènes sur la Place Rouge. Arnold est très bon dans ce rôle, monobloc, taciturne, avec quasiment toujours la même expression de visage, froide et déterminée. Belushi est son exact opposé et ce tandem hors norme nous fera bien marrer avec des dialogues souvent drôles ("qui c'est ce Clint ?") ou des situations amusantes (l'interrogatoire avec le code Miranda). Mais l'aspect comédie, bien présent, ne fait pas oublier à Walter Hill qu'il doit avant tout mettre en scène un film d'action. A ce niveau, pas de souci, vous en aurez pour votre argent. Dans la grande tradition des films des 80's et 90's, les bagarres et les coups de feu sont légion dans Double Détente, et on trouve évidemment une course-poursuite mémorable, ici entre deux bus lancés à vive allure. La scène d'introduction, se déroulant en Russie, vaut le coup d'oeil, et les amateurs de corps body-buildés seront aux anges. Bien sûr, les scènes d'action de Double Détente pourront apparaître un peu vieillottes par rapport à ce qui se fait de nos jours mais j'ai trouvé que ce film avait plutôt bien vieilli et il reste de toute façon franchement très sympathique. Ce n'est pas le meilleur Schwarzenegger, loin de là, mais il offre un bon moment de détente (ça tombe bien vu le titre !). Mention pour l'acteur Ed O'Ross qui campe un très bon méchant...


samedi 5 janvier 2019

COLD GROUND

COLD GROUND
(Cold Ground)

Réalisateur : Fabien Delage
Année : 2017
Scénariste : Fabien Delage
Pays : France
Genre : Horreur, Found footage
Interdiction : -12 ans
Avec : Doug Rand, Gala Besson, Philip Schurer, Maura Tillay, Fabrice Pierre...


L'HISTOIRE : En 1976, un couple de journalistes se rend à la frontière franco-suisse pour tourner son premier reportage : une enquête sur d’étranges cas de mutilations de bétail. Une fois sur place, l’équipe de chercheurs qui devait les accueillir manque à l’appel. Accompagnés d’un secouriste, d’une biologiste britannique et d’un enquêteur de police américain, Melissa et David vont partir à la recherche du groupe de disparus, au cœur de la montagne. Eux aussi ne donneront plus aucun signe de vie.
40 ans plus tard, on retrouve les enregistrements de David et Melissa. Les images qu'ils ont filmé sont présentées pour la première fois au public...

MON AVIS : J'ai déjà écrit pas mal de louanges à propos du jeune réalisateur français Fabien Delage, notamment après avoir visionné La Rage du Démon, cette superbe déclaration d'amour au cinéma muet et à Georges Méliès en particulier. Fabien a débuté sa carrière de réalisateur en 2012, avec la série télévisée Dead Crossroads qui relevait déjà du domaine du documenteur et du found footage, sous-genre du cinéma fantastique initié avec Cannibal Holocaust et mondialement popularisé avec Le Projet Blair Witch bien sûr. Un procédé cinématographique qui plaît beaucoup à Fabien Delage, qui remettra le couvert en 2015 avec Dead Crossroads : The Forbidden Files puis en 2016 avec le fameux La Rage du Démon, déjà cité. Les rouages du found footage, notre réalisateur en herbe les connaît parfaitement, en a assimilé toutes les techniques, toutes les astuces. Il le prouve dans son nouveau film, Cold Ground, qu'il a mis en scène en 2017, avec un tournage de dix jours seulement et avec un budget plus que modeste. Je ne suis pas spécialement fan de found footage, même si j'ai adoré [Rec] et The Bay, deux exemples que j'ai trouvé très efficace. Avec Cold Ground, encore une fois, Fabien Delage m'a bluffé ! Franchement, dire que ce réalisateur est extrêmement doué n'est pas exagéré. Outre qu'il sait manier une caméra, qu'il a des idées et de l'énergie à  revendre, ce qui ressort le plus de son cinéma, c'est la passion et la sincérité, l'amour du genre. On n'ose imaginer ce qu'il accomplirait avec un budget conséquent. Toujours est-il que si vous êtes fan de found footage, alors ruez-vous sur Cold Ground. En l'état, ce film ne révolutionne pas le genre dans lequel il s'inscrit. On y retrouve tout ce qui en fait son charme ou qui peut rebuter ceux qui ne l'apprécie pas : caméra qui bouge quand les personnages courent ou effectuent des mouvements, scènes nocturnes éclairées à la lampe torche ou à l'aide du projecteur de la caméra, pas beaucoup d'action, pas mal de dialogues et une menace invisible qui va venir foutre la pétoche aux personnages du film et aux spectateurs. Le tout tentant de nous faire croire qu'il s'agit d’événements ayant réellement eut lieu et qui ont été filmé en direct par une équipe de journalistes disparue, dont on n'a juste retrouvé les bandes ou la caméra. Bref, rien de nouveau à l'ouest dans le domaine du found footage mais la maîtrise de Fabien Delage, associé à un casting qui s'en sort vraiment bien (Doug RandGala Besson, Philip Schurer, Maura Tillay ou Fabrice Pierre livrent une composition solide et franchement crédible), à des dialogues intéressants et qui participent bien à faire monter l'angoisse (l'histoire du cas Snippy par exemple), à des situations peu rassurantes (la découverte de carcasses d'animaux dévorés de curieuses manières, puis d'ossements humains...) font de Cold Ground est modèle d'efficacité qui n'ennuie jamais et dont les influences sont à aller chercher, dixit Fabien Delage lui-même, dans les films des années 70 dans lesquels la nature reprend ses droits sur l'humain (Frogs, Long Weekend...) mais aussi sur les films basés sur la légende de Bigfoot, comme The Legend of Boggy CreekSnowbeast ou Creature from Black Lake par exemple. Car oui, il y a une véritable menace dans Cold Ground et les créatures du film, réalisées à l'ancienne, comme les effets de maquillage d'ailleurs (on ne trouve quasiment aucun effet numérique dans le film, hormis l'avalanche), font froid dans le dos même si, found footage oblige, on ne les verra pas énormément. On ne saura pas non plus ce qu'elles sont réellement mais dans ce type de film, garder une part de mystère n'est pas un mal et participe même à l'intérêt général. Au niveau des effets-spéciaux, Fabien Delage a fait appel au talentueux David Scherer, qui a réussi l'exploit de me faire grincer des dents lors de l'abominable séquence de la cheville. J'ai pourtant vu American Guinea Pig et autres atrocités sur pellicule mais j'avoue que cette scène m'a fait viscéralement mal ! Bravo monsieur Scherer ! Une chose est sure en tout cas, c'est que Cold Ground ne donne pas du tout envie d'aller faire une excursion dans les forêts enneigées de la frontière franco-suisse, surtout la nuit ! Tout comme Les Dents de la Mer nous a donné une appréhension du milieu maritime, Le Projet Blair Witch nous a fait voir d'un autre regard la balade en forêt. Cold Ground participe lui aussi à nous faire réfléchir à ce type d'escapade entre amis et lors de mon prochain séjour au ski, il est certain que je réfléchirai à deux fois avant d'accepter de faire une randonnée nocturne dans les bois ! Je félicite donc Fabien Delage et toute son équipe pour sa nouvelle réalisation mêlant found footage, film de monstre et survival. Un film qui n'a pas à rougir face à la concurrence, bien au contraire ! Vraiment un réalisateur à suivre...

* Disponible en DVD (avec The Legend of Boggy Creek en bonus) chez CINE2GENRE 



vendredi 4 janvier 2019

TOXIC AVENGER 4 - CITIZEN TOXIE

TOXIC AVENGER 4 - CITIZEN TOXIE
(The Toxic Avenger 4 - Citizen Toxie)

Réalisateur : Lloyd Kaufman
Année : 2000
Scénariste : Lloyd Kaufman, Trent Haaga, Patrick Cassidy, Gabriel Friedman
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Gore
Interdiction : -16 ans
Avec : David Mattey, Heidi Sjursen, Paul Kyrmse, Joe Fleishaker, Debbie Rochon...


L'HISTOIRE : Toxie et son compagnon Gras du Cul vont tenter de stopper le gang de la mafia des couches culottes qui vient de prendre en otage une classe d'élèves attardés. Afin d'éviter de voir une bombe exploser, Grad du Cul va manger cette dernière mais l'explosion aura tout de même lieu, ce qui va entraîner la création d'un univers parallèle à Tromaville : Amortville. Toxie est précipité dans ce nouvel univers inversé dans lequel son alter-ego maléfique Noxie fait régner le mal et la corruption avec l'aide des autorités et du sergent Kabukiman, adepte à la cocaïne. Noxie se retrouve quant à lui à Tromaville et va commettre bien des méfaits aux yeux de la population qui croit avoir affaire au gentil Toxie et qui ne comprend pas l'attitude de son super-héros. Ce dernier va tout faire pour réintégrer sa dimension et retourner à Tromaville...

MON AVIS : Après l'excellent Toxic Avenger réalisé en 1984, Lloyd Kaufman et son associé Michael Herz décide de donner deux suites aux aventures comico-gore de Toxie en  1989, avec Toxic Avenger 2 et Toxic Avenger 3. Deux films qui déçoivent les fans du vengeur toxique et qui ne réjouissent pas non plus Lloyd Kaufman au final. Ce dernier attendra donc onze ans avant de remettre sur le devant de la scène le super-héros du New Jersey à qui il a donné vie. En 2000 débarque alors l'incroyable et hallucinant Toxic Avenger 4, sous-titré Citizen Toxie, tout un programme qui a pour but d'en mettre plein les yeux à Orson Welles. Bon, ok, il est mort en 1985 mais ce n'est pas grave, c'est l'intention qui compte. Dès le début du film, Kaufman se montre cash et nous dit clairement qu'il n'est pas fan de Toxic 2 & 3 et que Citizen Toxie est la véritable suite du film de 1984 ! Une fois passée cette note d'intention, c'est partie pour 109 minutes de folie furieuse, de politiquement incorrect, de gore qui éclabousse, de filles aux gros seins dénudés, de blagues scatologiques douteuses et d'un je-m'en-foutisme total vis à vis des conventions et de la bienséance. Citizen Toxie ne se refuse aucun délire et assume à 1000% son côté trash irrévérencieux, comme si Lloyd Kaufman voulait réaliser le film Troma ultime après le non moins explosif et décadent Terror Firmer réalisé en 1999. Les amateurs de gore, déçus de la retenue des deux épisodes précédents (Toxic Avenger 3 n'étant pas aidé par sa version cut nous privant de la seule scène réellement bien gore du film, version cut malheureusement présente dans le beau coffret édité par Bach Films), seront aux anges avec Citizen Toxie, le vengeur toxique et les autres personnages se livrant à des débordements sanglants ultra jouissif qui semblent ne connaître aucune limite. Impossible d'énumérer toutes les scènes gores du film tant elles sont nombreuses. Vous allez en avoir pour votre argent à ce niveau, c'est moi qui vous le dit ! Ça gicle, ça explose, ça charcle, ça étripe, ça éventre, ça décapite, ça démembre à tour de bras et dans une bonne humeur plus que communicative. Véritable comédie gore jusqu'au-boutiste, Citizen Toxie étonne dans son désir d'aller toujours plus loin, toujours plus fort dans le scabreux et nul doute que le film ne plaira pas à tout le monde ! Rien que la scène d'introduction se déroulant dans une classe d'handicapés mentaux et moteurs risque de faire grincer des dents ! Mais rassurez-vous, il n'y a pas que les handicapés qui sont visés, tout le monde en prend pour son grade dans Citizen Toxie : les politiciens, les forces de l'ordre, les Mexicains, les noirs, Stephen Hawkins, le KKK, les néo-nazis, Dieu lui-même et j'en passe. Je vous le disais, Lloyd Kaufman ne s'est imposé aucun carcan ici, quitte à scandaliser le public néophyte de son univers qui voudra certainement jeter dans les toilettes son film. Une place qui lui irait à ravir de toute façon, le caca étant l'un des éléments majeurs de cette quatrième aventure, je ne vous en dis pas plus mais les estomacs fragiles vont prendre chers ! Dans ce capharnaüm gore et d'une débilité totalement assumé, on retrouve pas mal de références à d'autres films mais aussi quelques têtes bien connues, comme celle de Ron Jeremy, célèbre acteur porno qui joue le maire de Tromaville ; Lemmy Kilmister, célèbre chanteur de Motorhead Debbie Rochon, célèbre scream queen aux formes généreuses ; Corey Feldman, célèbre acteur qu'on ne présente plus, vu dans Gremlins, Les Goonies, Génération Perdue, Stand by Me entre autres et qui interprète ici le gynécologue de la petite amie aveugle de Toxie ; James Gunn, célèbre réalisateur de Horribilis, Super ou des Gardiens de la Galaxie ; Julie Strain, autre scream queen à la poitrine volcanique... la liste serait trop longue pour tous les citer mais cerise sur le gâteau, le final du film voit le retour de Mark Torgl, le premier Melvin dans le film de 1984 !  Généreux, entièrement dédié aux amoureux des films de la Troma, Citizen Toxie est franchement une pure réussite pour qui apprécie les films indépendants totalement décomplexés du bulbe et qui se moquent de tout, sauf de son public. Citizen Toxie est l'une des productions Troma qui a bénéficié d'un budget plutôt confortable (environ 500 000$) et cette histoire délirante d'univers parallèle dans lequel sévit un méchant Toxie, du nom de Noxie, s'avère clairement l'un des meilleurs films de cette sympathique société. On prend plaisir à revoir le Sergent Kabukiman (qui a aussi un alter-ego maléfique à Amortville), la petite amie de Toxie (Heidi Sjursen) s'appelle enfin Sara comme dans le premier film et en clin d'oeil à Toxic 2 et 3 qui avait zappé ce prénom au profit de Claire, son alter-ego à Amortville s'appelle justement... Claire ! Lloyd Kaufman a bien retenue la leçon et il s'est fait un plaisir monstre avec Citizen Toxie ! Plaisir amplement partagé pour ma part, j'ai juste halluciné devant ce refus du conformiste et cette liberté créatrice totale sans tabou aucun. Ça fait du bien par où ça passe ! Jubilatoire, à savourer séance tenante ! 

* Disponible en DVD et BR chez BACH FILMS