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dimanche 23 mai 2021

FRISSONS D'HORREUR

 

FRISSONS D'HORREUR
(Macchie Solari / Autopsy)

Réalisateur : Armando Crispino
Année : 1975
Scénariste : Lucio Battistrada, Armando Crispino
Pays : Italie
Genre : Thriller, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Mimsy Farmer, Barry Primus, Ray Lovelock, Gaby Wagner, Massimo Serato...

L'HISTOIRE : En Italie, durant la canicule, une série de suicides endeuille le pays et donne bien du travail aux agents funéraires. A la morgue, Simona Sansa est épuisée, enchaînant les autopsies et travaillant sur sa thèse, qui cherche à faire la lumière entre les vrais suicides et les suicides maquillés. Son état de fatigue mentale et physique lui fait avoir des visions macabres. Un jour, elle reconnaît parmi les cadavres Betty Lenox, une jeune femme qu'elle avait rencontré peu de temps auparavant. Un cas de suicide confirmé par le médecin légiste mais réfuté par Paul Lenox, un prêtre, frère de la victime. Ce dernier en vient même à accuser le père de Simona. Tous deux vont tenter de démêler cette affaire, ce qui va encore compliquer la vie de la jeune femme, qui a des soucis de frigidité que son petit ami Riccardo ne parvient pas à désinhiber...  

MON AVIS : Après avoir vu Le Parfum de la Dame en Noir récemment, j'ai eu envie de me refaire ce Frissons d'Horreur, qui a également pour vedette la charmante Mimsy Farmer. Le film est réalisé par Armando Crispino en 1975, dont le fait d'arme le plus notable reste la comédie balourde Plus Moche que Frankenstein, tu Meurs, avec Aldo Maccione. Frissons d'Horreur est largement supérieur à ce dernier, sans toutefois être un incontournable, malgré sa très belle affiche française. Pourtant, ça démarrait plutôt bien. Très bien même. On assiste à une série de suicides d'entrée de jeu, ce qui crée déjà un petit climat malsain, avec insertions d'image du soleil brûlant à la manière du générique de Massacre à la Tronçonneuse. Un climat qui va s'amplifier quand l'action se déplace à la morgue et qu'on découvre le personnage de Simona, interprétée par Mimsy Farmer donc. La caméra s'approche au plus près des corps, le collègue de travail de Simona semble être un gros pervers et cette dernière, épuisée, se met à avoir des visions macabres, voyant les corps des défunts la regarder, lui sourire puis se lever pour aller forniquer avec d'autres cadavres ! Une sacrée entrée en matière, qui laisse rêveur pour la suite. Dommage, ce ne sera pas du même niveau et l'intrigue va partir un peu dans tous les sens, tentant de mélanger des éléments du film d'horreur avec une ambiance giallo et saupoudrant le tout d'une étude psychologique du personnage principal. Le film est souvent catégorisé dans le giallo en effet mais on ne peut pas vraiment dire que c’en est un. Au niveau de l'ambiance peut être mais sinon, point de tueur ganté, point de meurtres à l'arme blanche. On a un peu d'érotisme par contre, les fans de Mimsy Farmer seront heureux de la voir se dénuder à plusieurs reprises. Il y a pourtant bien une intrigue policière puisque le frère d'une victime, prêtre de son état, pense que sa sœur ne s'est pas suicidée mais qu'elle a été assassinée. Et il accuse le père de l'héroïne car sa sœur entretenait une liaison avec ce dernier. Seulement voilà, cette intrigue se montre assez confuse la plupart du temps et embrouille le spectateur, qui se demande où le réalisateur et le scénariste veulent l'emmener. Petit à petit, on se rend compte que l'aspect policier n'est pas vraiment ce qui intéresse Armando Crispino, qui préfère s'attarder sur le trouble psychologique présent chez son héroïne. Car celle-ci est frigide, elle n'arrive pas à éprouver un vrai désir et toutes ses tentatives se soldent pas un échec. Son petit ami la surnomme mon petit glaçon, ce qui ne participe pas vraiment à l'aider. Mimsy Farmer se montre encore une fois parfaitement à l'aise dans un rôle pas si facile que ça et parvient à exprimer toute la frustration sexuelle de son personnage. C'est vraiment une actrice épatante je trouve. Quand bien même Frissons d'Horreur se retrouve pris au piège de son intrigue un peu décousue et, avouons-le, guère palpitante, le film recèle quelques séquences bien morbides et dérangeantes, comme celle de l'exposition de photos de cadavres suicidés ou celle dans un musée de cire présentant également des scènes de suicides. Glauque. Hormis cela, force est d'avouer qu'on s'ennuie la plupart du temps et ce n'est pas la faute du casting, qui est plutôt bon, car outre Mimsy Farmer, on a Ray Lovelock et Barry Primus qui livre une composition assez solide. Le film bénéficie également de la composition musicale d'un certain Ennio Morricone, excusez du peu. Il est vraiment dommage que l'intrigue policière soit si peu intéressante et pas vraiment bien mise en scène. La réalisation d'Armando Crispino est peu avenante, paresseuse même et ne brille pas vraiment pour son originalité. Oui, il y a plusieurs personnages assez louches, et qui feraient de très bons suspects. Mais ce n'est pas suffisant pour maintenir un intérêt constant chez le spectateur. Quant au mélange des genres, il ne fonctionne pas vraiment ici. Reste donc une actrice charismatique et quelques visions malsaines à se mettre sous la dent. Un film mineur donc, qui se termine d'une façon assez classique et sans réelle surprise. 


LA VENGEANCE EST UN PLAT QUI SE MANGE FROID

 

LA VENGEANCE EST UN PLAT QUI SE MANGE FROID
(La vendetta è un piatto che si serve freddo)

Réalisateur : Pasquale Squitieri
Année : 1971
Scénariste : Pasquale Squitieri, Monica Venturini
Pays : Italie
Genre : Western
Interdiction : -12 ans
Avec : Klaus Kinski, Leonard Mann, Ivan Rassimov, Elizabeth Eversfield, Steffen Zacharias...

L'HISTOIRE : Le jeune Jeremiah voit toute sa famille être massacrée par des indiens. Unique survivant du drame, le jeune garçon devient en grandissant un redoutable tueur d'indiens, se faisant appeler Jim, qui n'hésite pas à scalper ces derniers. Un jour, après s'en être pris à une bande d'indiens, il n'arrive pas à tuer une indienne, Tune, et l'emmène à la ville en tant que prisonnière. Les hommes de main de propriétaire terrien Perkins veulent emmener Tune à leur maître mais Jim s'y oppose, provoquant un duel qui le laisse pour mort. Recueilli par Doc, un vieil homme qui possède des connaissances en médecine, il se remet sur pied et veut retrouver Tune tout en se vengeant des hommes de Perkins. Sa quête vengeresse va l'amener à rencontrer ce dernier et à découvrir une vérité sur le massacre de sa famille auquel il ne s'attendait pas...

MON AVIS : Ayant débuté sa carrière au tout début des 70's, le réalisateur italien Pasquale Squitieri s'est illustré dans le western spaghetti, avec des films comme Django défie Sartana par exemple, avant de bifurquer dans le polar puis le drame. C'est un réalisateur assez peu connu, qui n'a pas une filmographie très importante, avec seulement une vingtaine de films à son actif. Il a néanmoins dirigé des stars tels Fabio Testi, Franco Nero, Klaus Kinski, Claudia Cardinale, Charles Vanel, Jean Seberg ou Paul Muller entre autres. Pour son troisième film, réalisé en 1971, il aborde à nouveau le genre du western spaghetti avec La Vengeance est un plat qui se mange froid, titre à rallonge dans lequel on trouve Ivan Rassimov, Klaus Kinski ou Leonard Mann. C'est un petit western de série B, comme on en trouve aux quatre coins de la rue à cette époque. Il ne rivalise pas avec les classiques du genre mais il n'est pas désagréable à visionner. Il contient en tout cas pas mal d'ingrédients permettant d'assurer un divertissement de qualité, sans être exceptionnel : de la violence (avec même des morts d'enfants), des gunfights à foison, des attaques d'indiens, un peu de sadisme (la jeune indienne se fera fouetter en guise de punition), un pistolero à la dextérité sans pareille et un méchant sans honneur et arriviste, qui a mis au point un stratagème assez cruel pour pouvoir voler les terres de ses propres concitoyens et asseoir son pouvoir sur le reste de la population. Le héros est interprété par un assez fade Leonard Mann, qui campe un pistolero taciturne, avec peu d'expression. Sa quête de vengeance envers le peuple indien semble être sa seule raison de vivre et il n'éprouve aucune pitié à exterminer ces derniers, jusqu'à sa rencontre avec une belle indienne (Elizabeth Eversfield) qu'il ne parviendra pas à tuer et envers qui il va un peu s'attacher. Cette petite évolution dans ses rapports avec les indiens sert au récit, qui n'est pas manichéen malgré les apparences. Si on peut comprendre son désir de vengeance au vu de l'effroyable scène introductive, notre tueur d'indiens va être pris à rebrousse-poil lors de la découverte d'un élément qu'il ne connaissait pas et qui va tout remettre en cause. Pour adoucir un peu l'ambiance, l'histoire va adjoindre à notre héros le personnage de Doc (Steffen Zacharias), qui va apporter une petite touche d'humour au film, qui ne m'a pas vraiment paru nécessaire en fait. Celui qui s'en tire le mieux reste sans conteste Ivan Rassimov, que les fans de cinéma Bis connaissent bien. Il interprète le méchant du film, une véritable ordure qui ne souhaite que s'enrichir et faire la peau aux indiens, par quel procédé que ce soit. Il peut compter sur l'appui d'un journaliste véreux, joué par Klaus Kinski, qui n'hésites pas à faire paraître de fausses informations dans le journal local. L'acteur allemand a un petit rôle et n'apparaît pas souvent à l'écran mais il fait le job. Il semblerait que son comportement ait quelque peu provoqué des tensions lors du tournage avec le réalisateur. Ah bon ? Étonnant ! Si vous appréciez le genre, n'hésitez pas à jeter un œil sur La Vengeance est un plat qui se mange froid, petite production assez classique qui n'ennuie pas et fera office d'un bon amuse-bouche avant d'attaquer des films plus prestigieux.


samedi 22 mai 2021

WONDER WOMAN 84

 

WONDER WOMAN 84
(Wonder Woman 84)

Réalisateur : Patty Jenkins
Année : 2020
Scénariste : Patty Jenkins, Geoff Johns, Dave Callaham
Pays : Etats-Unis, Angleterre, Espagne
Genre : Action, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Gal Gadot, Chris Pine, Kristen Wiig, Pedro Pascal, Robin Wright...

L'HISTOIRE : La découverte d'un antique artefact permettant d'exaucer les souhaits va faire basculer la destinée de ses possesseurs et en premier lieu, celle de Barbara Minerva, professeur dans diverses spécialités archéologiques que tout le monde ignore comme si elle était invisible puis celle de Max Lord, un loser qui s'est lancé dans le business du pétrole et qui sombre vers la faillite. Leur souhait de ne plus rester dans l'anonymat et de devenir des personnes importantes, qu'on remarque, va avoir des répercussions désastreuses sur la Terre, ainsi que sur eux-mêmes, un souhait exaucé entraînant toujours une contre-partie plus malicieuse. Même Diana Prince va se laisser séduire par l'artefact, souhaitant retrouver son amour de toujours, le pilote Steve Trevor. La mégalomanie de Max Lord, qui a souhaité devenir l'artefact lui-même pour ne plus avoir de limites de pouvoir, va proposer à Wonder Woman un défi de taille, impliquant la survie de tous les habitants de la Terre...

MON AVIS : Victime d'un bashing exacerbé, je ne savais pas trop à quoi m'attendre à la vision de ce Wonder Woman 84, qui fait suite au film de 2017 qui mettait en vedette la superbe actrice israélienne Gal Gadot dans la peau de cette super-héroïne, jadis incarnée à l'écran par Lynda Carter. Comme je dis souvent : toujours se faire son propre avis personnel et ne jamais se laisser influencer par les haters de tout bord, qui assènent leur vérité en la faisant passer pour une vérité universelle. Bien m'en a donc pris puisque Wonder Woman 84 est film hautement appréciable, supérieur au premier chapitre pour ma part, même si il m'a assez surpris de par la direction choisie par sa réalisatrice, Patty Jenkins. Dans la grande majorité des cas, faire une suite à un film de super-héros équivaut à proposer au public toujours plus d'action, de scènes de batailles titanesques et à tout miser sur les effets-spéciaux, pour en mettre plein la vue aux spectateurs, qui ne demandent que ça en fait. Avec Wonder Woman 84, Patty Jenkins prend le contre-pied de cette affirmation, déjouant les attentes du public dans ces domaines justement, et c'est certainement cette prise de risque et ce choix qui ont déplu. Les dix premières minutes nous rappellent la scène d'introduction du film de 2017 puisqu'on se retrouve à nouveau sur l'île des amazones, avec une Diana Prince encore enfant qui va tenter de remporter une compétition face à des concurrentes plus matures. Alors que tout se passe bien pour la jeune fille, une erreur d'inattention la fait trébucher et elle se fait dépasser par ses concurrentes. Maligne, elle emprunte un passage secret qui lui permet de rattraper son retard et d'entrer la première dans l'arène. La victoire n'est plus qu'à un tir de javelot. Mais Antiope (Robin Wright) l'empêche de lancer le javelot car elle sait que Diana a triché. Et de lui faire un joli discours sur la notion du mensonge, de la vérité et de la vraie grandeur. Une séquence introductive qui nous envoie en pleine face la morale du film, morale qui viendra s'imposer lors du final quelques deux heures plus tard. Passée cette première séquence, on se retrouve dans les années 80, en 1984 pour être précis, et nous allons pouvoir admirer Wonder Woman en costume et en action, dans une séquence diablement jouissive, avec serre-tête boomerang, lancer du fouet de la vérité, saut prodigieux, sauvetage d'enfant et tout le toutim. Gal Gadot porte toujours aussi bien le fameux costume de justicière rouge et bleu et on prend un vrai plaisir à la retrouver dans ce rôle. Et puis, vient la suite. Surprenante. Inattendue. Déstabilisante. Car point de Wonder Woman à l'écran. Il faudra arriver à la durée d'1h22 de film pour la revoir dans son costume. Pas étonnant que le public de bourrin, qui ne jure que par l'action, se soit exprimé haineusement sur les réseaux sociaux. On leur a volé le film dynamique et percutant qu'ils étaient venus voir. Mince alors. Plus grave encore, le méchant dans Wonder Woman 84 n'a rien d'un super-méchant à l'image d'Arès le dieu de la guerre du précédent film. Ici, on a une sorte de clone de Donald Trump, un homme sans renommée, sans classe, qui veut juste exister et avoir du pouvoir pour se sortir de sa situation de loser. Quitte à faire courir le plus grand danger sur le reste de l'humanité pour y parvenir et faire briller les yeux de son jeune fils, afin que ce dernier soit fier de la réussite sociale de son papa. Vlan, encore un partie-pris radical de Patty Jenkins, dont on peut se demander si elle n'a pas tout fait sciemment pour se faire rejeter, elle et son film. Pourtant, ce refus du formatage, ce refus d'aller toujours plus haut, toujours plus loin dans la surenchère est des plus respectables. Et des plus courageux. Car Wonder Woman 84 est avant tout un film sur des personnages avant d'être un film de super-héros. Un trio de personnages même. Diana Prince / Barbara Minerva / Max Lord. Leur destin va être scellé par l'utilisation d'un artefact que personne, à part Max Lord, ne pensait magique. Une vulgaire pierre, qui possède pourtant le don d'exaucer les souhaits, comme la lampe magique d'Aladdin ou la patte de singe. Si Max Lord recherche cette pierre depuis des années, conscient de son pouvoir, c'est sans aucune arrière-pensée que Diana et Barbara vont exprimer un souhait. Pour la première, revoir son amour perdu, Steve Trevor. Pour la seconde, être comme Diana, avoir du charisme, de la prestance, de la classe. Deux vœux à priori anodin mais qui vont se concrétiser. L'âme de Steve Trevor va se réincarner dans le corps d'un inconnu mais Diana verra bien l'acteur Chris Pine à travers ses yeux, aveuglée par son amour pour lui. La scène du miroir est à ce titre excellente. Quant à Barbara, elle va effectivement sortir de l'anonymat le plus total, devenant une séduisante jeune femme, sexy, charismatique. Mais sans le vouloir, elle acquière également la force et la puissance de Wonder Woman. Max Lord, lui, en veut toujours plus et, bien malin, a pour souhait de devenir l'artefact lui-même, pouvant alors démultiplier les souhaits à loisir. Pas de super-méchant donc, juste une homme et une femme malheureux de n'être que des inconnus se fondant dans la masse. La convoitise, le désir de posséder, d'avoir du pouvoir, tel est le véritable ennemi dans le film. Et bien sûr, quand on commence à avoir du pouvoir, on en veut toujours plus. Quitte a refuser de voir la vérité en face, quitte a renier ses idéaux. Dans tout conte, il y a un prix à payer quand un souhait se réalise. La saga horrifique Wishmaster est d'ailleurs clair avec ce point. Max Lord devient de plus en plus malade au fur et à mesure que sa puissance et sa médiatisation évolue ; Barbara perd sa gentillesse, son côté profondément humain ; quant à Diana, elle perd tout simplement une partie de ses pouvoirs, devenant plus faibles et pouvant même être blessée. Avoir ce qu'on désire le plus est-il la solution à ses problèmes ? Le final du film, remarquable et émouvant, viendra répondre à cette question. La destinée des trois personnages prend donc une grande partie du film, le privant d'action pour se concentrer sur un aspect plus romantique pour Diana Prince, plus calculateur pour Max Lord et plus joyeux pour Barbara. Avec en contre-partie, des émeutes, des conflits mondiaux qui viennent perturber le monde tel qu'on le connaît, à l'équilibre déjà bien fragile. Oui, on est très loin de films comme ceux de la saga Avengers en terme de spectaculaire. Même la dernière-heure, qui voit le retour de Wonder Woman, ne propose pas de scènes dantesques qui en mettent plein la vue. Il y a plus d'action bien sûr, mais on reste à échelle quasi humaine en fait. Car c'est bien de ses personnages humains auxquels s'intéresse Patty Jenkins. Et c'est pour moi la grande réussite du film. J'ai vraiment apprécié le développement des personnages, la mise en scène qui leur permet d'exister au-delà de ce qu'ils représentent, notamment pour Diana Prince. Plus d'émotion, moins d'action. Le tout porté par une très belle partition de Hans Zimmer. La scène de l'avion invisible qui passe au milieu des feux d'artifices est magnifique pour ce qu'elle représente pour le personnage de Diana. Wonder Woman 84 est au final une joli fable, jamais niaise, bien moins kitsch que ce que laissait suggérer la bande-annonce. Un beau spectacle, qui bouscule les conventions et les attentes mais qui en ressort gagnant pour ma part. La dernière scène, sous une pluie de neige, associée aux paroles de Diana quelques instants plus tôt, m'a fait penser à La Vie est Belle de Frank Capra. Le monde offre parfois une seconde chance, il faut savoir la saisir sans vouloir la provoquer par des mensonges. A noter une petite séquence post-générique, avec la charmante Lynda Carter qui fait un caméo très sympathique et appréciable.

 

vendredi 21 mai 2021

LA GUERRE DES MONDES (2019)

 

LA GUERRE DES MONDES
(The War of the Worlds)

Réalisateur : Craig Viveiros
Année : 2019
Scénariste : Peter Harness
Pays : Angleterre
Genre : Science-fiction, série-télé
Interdiction : /
Avec : Eleanor Tomlinson, Rafe Spall, Robert Carlyle, Rupert Graves, Woody Norman, Jonathan Aris...

L'HISTOIRE : Woking, 1905, en Angleterre. Intelligente et en avance sur son temps, Amy étudie les sciences naturelles à l’université. La jeune femme entretient une relation qui fait scandale avec le passionné George, un homme marié. Lorsque la population doit faire face à une invasion martienne, les deux amants n’hésitent pas à se mettre en danger pour venir en aide à leurs proches...

MON AVIS : Le roman culte de H.G. Wells, La Guerre des Mondes, paru en 1898, n'en finit plus de se voir adapter au cinéma ou en série-télévisée, et même sur d'autres supports, comme la bande-dessinée par exemple. On se souvient tous de l'incroyable choc vécu par la population américaine en 1938 quand Orson Welles lui-même décide d'en faire une adaptation radiophonique sur l'antenne de CBS, adaptation tellement réaliste que le peuple américain a réellement cru qu'une invasion martienne était en train de se produire ! Au cinéma, il faut attendre 1953 et le réalisateur Byron Haskin pour voir La Guerre des Mondes sur un écran. Ensuite, c'est en 2005 que les Tripods font leur réapparition et ce, trois fois cette année là, avec le film de Steven Spielberg bien sûr mais aussi celui de Timothy Hines et celui de David Michael Latt. D'autres versions voient le jour en 2008, 2012 et 2014. La télévision n'est pas en reste, avec trois adaptations : une en 1988 (War of the Worlds) et deux en 2019 : une série-télévisée produite par Canal+ et la Fox et qui comprend pour le moment deux saisons et une mini-série de trois épisodes produite par la BBC. C'est de cette dernière que nous allons parler ici. Trois épisodes d'une cinquantaine de minutes environ donc, pour retranscrire le roman de Wells, voilà ce que les Britanniques nous proposent. Avec Craig Viveiros à la réalisation et Peter Harness au scénario, avec un casting prestigieux dont Eleanor Tomlinson, Rafe Spall, Robert Carlyle, Rupert Graves, Woody Norman ou Jonathan Aris, cette mini-série remplit parfaitement son contrat et tient largement la route, même face au mastodonte de Steven Spielberg par exemple. Bien sûr, le budget n'est pas le même mais la qualité est bel et bien là, avec quelques séquences spectaculaires qui bénéficient d'effets-spéciaux visuels vraiment bluffants. L'apparition des Tripods est efficace, de même que leur look. Certes, il y en a un moins que dans le film de 2005, les attaques sont un peu moins grand-spectacle mais honnêtement, le travail accompli par les équipes techniques mérite d'être salué car on est très loin au-dessus d'une production Nu Image par exemple. L'intégration avec les personnages réels et les décors est assez épatante, de même que la vision d'une créature se mouvant "hors habitacle" dans l'épisode 3 et qui attaque les héros de l'histoire, avec un joli réalisme. Les amateurs devraient largement apprécier cette mini-série sur un plan visuel car elle est très réussie à ce niveau. L'histoire est assez bien respectée mais l'originalité de cette mini-série vient du personnage principal lui-même, à savoir... une femme ! Cette fois, on est en présence d'une héroïne, ce qui change un peu des adaptations précédentes. Interprété par une excellente Eleanor Tomlinson, le personnage d'Amy est donc celui par qui on va voir l'histoire à travers ses yeux. Habitant dans la campagne du Surrey, en Angleterre, Amy vit avec le journaliste George. Le couple semble avoir des difficultés d'intégration auprès de la population, on découvrira le pourquoi un peu plus tard. Un des points forts de cette mini-série est d'avoir située l'action au début des années 1900, soit quasiment comme le roman de Wells. La reconstitution de l'époque est minutieuse et participe à créer une ambiance très british et très appréciable. Le premier épisode nous présente donc les divers personnages que l'on va suivre ainsi que la premier contact avec un objet martien, à savoir une grosse météorite venue s'écraser dans le Surrey. Devenant le centre d'intérêt de la population, cette météorite va s'avérer bien dangereuse une fois en action. S'ensuivra l'apparition des Tripods donc, qui va apporter une bonne dynamique au récit. Mais les extraterrestres et la réelle menace qu'ils font peser sur la Terre ne prend pas le dessus sur les relations entre les personnages humains et c'est bel et bien la lutte pour la survie qui va primer ainsi que les relations entre personnages. Une autre bonne idée de cette mini-série est d'intégrer à la mise en forme du récit des passages se situant dans le futur. On devine assez rapidement que ces visions d'une terre entièrement dévastée et pourvue d'une couleur rougeâtre n'est autre que notre monde après l'invasion martienne. Les humains semblent avoir remporté la bataille mais à quel prix ? Un univers quasi post-apocalyptique vient donc s'inviter à diverses occasions à l'intérieur du récit présent et ces séquences prennent de plus en plus d'importance au fil des trois épisodes. Certes, l'ambiance n'est pas très optimiste et le film livre des pistes de réflexions déjà connues mais toujours intéressantes dans un récit de science-fiction : les humains ne passent-ils pas leur temps à faire comme ce qu'on fait les Martiens en fin de compte ? Comme le dit très bien le mari d'Amy à son frère, haut placé dans l'administration anglaise, les hommes veulent toujours étendre leur territoire et prennent les terres par la force, utilisant parfois d'armes sophistiquées contre des peuplades plus primitives. Ce qui ressemble fort à cette invasion martienne sauf que cette fois, les hommes sont du mauvais côté de la barrière. Amateurs de S-F, ne boudez pas votre plaisir et n'hésitez donc pas à vous procurer cette mini-série de grande qualité, à l'interprétation sans faille et aux effets-spéciaux remarquables.

* Disponible en DVD et BR chez ELEPHANT FILMS




LE SERPENT

 

LE SERPENT
(The Serpent)

Réalisateur : Hans Herbots, Tom Shankland
Année : 2021
Scénariste : Richard Warlow, Toby Finlay
Pays : Angleterre
Genre : Thriller, série-télé
Interdiction : -12 ans
Avec : Tahar Rahim, Billy Howle, Jenna Coleman, Ellie Bamber, Mathilde Warnier ...

L'HISTOIRE : L'histoire de l’escroc Charles Sobhraj et les tentatives remarquables du diplomate néerlandais Herman Knippenberg pour le traduire en justice. Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, Charles Sobhraj et sa compagne Marie-Andrée Leclerc voyagent à travers la Thaïlande, le Népal et l’Inde entre 1975 et 1976, commettant sur leur passage une série de crimes sur le « Hippie Trail» asiatique...

MON AVIS : Une mini-série de huit épisodes de très bonne qualité en provenance d'Angleterre et qui retrace l'incroyable parcours de Charles Sobhraj, un escroc et un tueur en série français, qui a commis 18 meurtres en Inde, principalement de jeunes touristes. Charmeur, beau-parleur, Sobhraj avait une faculté pour manipuler son auditoire et berner ses victimes, tout comme ses compagnons de route, à l'image de Marie-Andrée Leclerc, sa fiancée durant son périple macabre. Il savait repérer ses futures proies parmi les plus fragiles psychologiquement et parvenait sans peine à se faire apprécier d'eux, avant de mettre en pratique son modus operandi, à savoir les rendre malades à l'aide de drogue pour ensuite les dépouiller de leur argent, passeports et les faire disparaître, avec l'aide d'Ajay Chowdhury, le troisième larron du trio diabolique. Très intelligent, rusé et manipulateur, Sobhraj s'est attribué plusieurs identités pour échapper à la police et camoufler ses arnaques et ses crimes, d'où son surnom de Le serpent. Il adorait également se faire arrêter pour mieux s'évader par la suite. En huit épisodes, la mini-série Le Serpent nous dévoile donc tout sur cette affaire, que ce soit les arnaques, les crimes, les manipulations, la traque menée sans relâche par un attaché diplomatique, les méthodes employées par Sobhraj et j'en passe. Le casting est épatant, que ce soit Tahar Rahim, époustouflant dans le rôle de Sobhraj, Jenna Coleman (Marie-Andrée Leclerc), Billy Howle (Knippenberg), Ellie Bamber (Angela), la française Mathilde Warnier (Nadine) et les autres. La structure des épisodes se fait par allers-retours dans le temps et il ne faut pas faire autre-chose que bien suivre l'écran si on ne veut pas être perdu. Cette mise en scène en flashback perpétuel est très intéressante, parfois déroutante, mais elle dynamise le récit, maintient un suspense omniprésent et accroche le spectateur. Vraiment captivante, Le Serpent bénéficie également d'un look très 70's (logique étant donné que l'action se déroule durant cette décennie) et le travail sur l'ambiance, les décors, les costumes concourent à lui faire gagner des points. Tout le côté magnétisme animal du tueur en série est parfaitement retranscrit à l'écran par Tahar Rahim, impérial comme déjà dit, et qui livre une composition vraiment solide. Amateurs de thriller et de serial-killer, n'hésitez pas à visionner Le Serpent !  

mardi 18 mai 2021

LA FEMME A LA FENÊTRE

LA FEMME A LA FENÊTRE
(The Woman in the Window)

Réalisateur : Joe Wright
Année : 2021
Scénariste : Tracy Letts
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Amy Adams, Gary Oldman, Anthony Mackie, Julianne Moore...

L'HISTOIRE : Anna Fox, une psychologue pour enfants agoraphobe vivant cloîtrée dans sa demeure new-yorkaise, se met à espionner par la fenêtre la famille d'allure parfaite qui s'est installée de l'autre côté de la rue. Sa vie bascule quand elle assiste par hasard à un crime épouvantable...

MON AVIS : Production Netflix qui a vu sa sortie repoussée de nombreuses fois pour cause de pandémie mais également parce que les projections tests n'ont pas été bonnes, ce qui a entraîné le tournage de nouvelles scènes, La Femme à la Fenêtre est l'adaptation d'un roman à succès de A.J. Finn, qui est le pseudonyme de  Daniel Mallory, roman acclamé par Stephen King lui-même ! Très clairement, c'est un thriller qu'on qualifiera d'Hitchockien, et qui peut se voir comme le mélange de Fenêtre sur Cour bien sûr mais aussi du Copycat de Jon Amiel ou du Body Double de Brian de Palma entre autres. Réalisé par Joe Wright, La Femme à la Fenêtre possède un casting solide, jugez-en plutôt : on trouve Amy Adams dans le rôle d'Anna Fox, Gary Oldman dans le rôle du père de la famille Russell, qui vit dans l'appartement situé en face de celui d'Anna, Anthony Mackie dans le rôle du jeune Ethan Russell, Julianne Moore qui joue la mère d'Ethan ou Jennifer Jason Leigh qui joue aussi la mère d'Ethan ! Très clairement, c'est bien Amy Adams qui tire son épingle du jeu : peu maquillée, portant des vêtements de tous les jours, elle interprète avec un certain brio Anna Fox, cette femme victime d'agoraphobie sévère, qui n'arrive pas à s'aventurer au dehors de son immeuble sans perdre complètement les pédales et sombrer dans un stress handicapant. Sa rencontre avec le fils de la famille Russell, nouvellement installée en face de chez elle, va mettre Anna dans une situation complexe : psychologue de son état, elle comprend rapidement que le jeune adolescent en a gros sur le cœur et que la rigidité de son père ne l'aide guère à s'épanouir. Il en ira de même lorsqu'elle fera connaissance de Jane Russell, qui semble, elle aussi, avoir des souci à vivre au sein de sa famille et plus particulièrement avec son mari. Petit à petit, les événements se mettent en place, on prend le temps de faire connaissance avec les personnages, on ressent la fragilité psychologique d'Anna tout comme celle d'Ethan, un ado paumé, mal dans sa peau, qui a besoin de se confier vu sa situation familiale vis à vis de son père. Le film bifurque dans le pur thriller lors du meurtre au couteau de Julianne Moore, qu'Anna voit derrière sa fenêtre. Un meurtre filmé de manière à ce qu'on ne voit jamais l'assaillant bien sûr, dans la pure tradition du genre. Les choses se compliquent encore plus pour Anna lorsque monsieur Russell débarque chez Anna avec... sa femme, toujours bien en vie, sauf qu'elle a les traits de Jennifer Jason Leigh. La raison d'Anna vacille, persuadée de ce qu'elle pense avoir vu mais qui ne reçoit aucun soutien, même de la part d'Ethan. La situation se complexifie, et le spectateur ne sait plus trop quoi penser, la prise de nombreux médicaments pour son traitement par Anna, qui peuvent pour effets secondaires les hallucinations, faisant qu'on ne sait plus non plus qui croire. Ce meurtre s'est-il réellement produit ? Est-ce l'état mental trouble d'Anna associé aux médicaments et à la prise d'alcool qui l'a provoqué dans son esprit ? Correctement mis en scène, La Femme à la Fenêtre avance dans des zones d'ombre et interroge, jouant sur le jeu des apparences, qui, on le sait, peuvent être trompeuses. Une révélation à mi-parcours concernant Anna venant accabler encore plus le personnage et augmente notre ressenti envers elle pour nous mener sur des pistes de réflexion dont on ne sait plus si elles sont plausibles ou non. Si vous êtes fans des trois films précités plus haut, vous aurez peut-être trouvé le pot-aux-roses avant le second twist intervenant à la fin du film, et qui plonge le film de Joe Wright dans un grand-guignol sanglant pas franchement nécessaire pour ma part, et qui amoindrit tout le travail de mise en scène du réalisateur, qui s'était, très honnêtement, plutôt bien débrouillé pour créer une ambiance oppressante et parfois stressante, de par ses cadrages et le jeu d'Amy Adams et du reste du casting. Hormis ce final qui plombe un peu le film, La Femme à la Fenêtre s'avère un thriller assez bien troussé, qui ne révolutionne pas grand chose, certes, mais qui se laisse regarder sans déplaisir. Il est dans la bonne moyenne du genre, ni plus, ni moins, peut-être victime de toutes ses influences passées.


 

dimanche 16 mai 2021

L'ATTAQUE DES TITANS - LE FILM (PARTIE 2)

 

L'ATTAQUE DES TITANS - LE FILM (PARTIE 2)
(Shingeki no kyojin 2 - The Movie : End of the World)

Réalisateur : Shinji Higuchi
Année : 2015
Scénariste : Tomohiro Machiyama, Yûsuke Watanabe
Pays : Japon, Singapour
Genre : Science-fiction, Action
Interdiction : -12 ans
Avec : Haruma Miura, Kiko Mizuhara, Kanata Hongô, Nanami Sakuraba, Hiroki Hasegawa...

L'HISTOIRE : Après avoir découvert qu'Eren avait le pouvoir de se transformer en Titan, le commandant du bataillon d'exploration le retient prisonnier et veut le tuer, ce qui conduit les amis du jeune homme à se rebeller. C'est alors qu'un autre Titan, dont le corps est recouvert d'une cuirasse protectrice, fait irruption et emmène avec lui Eren. Mikasa, Armin, Hansi et les autres membres du bataillon, ne sachant où est Eren, décident d'aller reboucher le trou dans le mur à l'aide d'un vieux missile a demi-enseveli qui n'a jamais explosé...

MON AVIS : Suite de l'adaptation en live-action du manga L'Attaque des Titans. Comme dit dans ma chronique de la partie 1 du film, c'est une adaptation libre, une variation de l'histoire du manga et de la série-télévisée, retravaillée, remaniée pour correspondre au format cinéma, étant donné qu'il était impossible de tout retranscrire fidèlement en aussi peu de temps, les deux films durant respectivement 98 minutes et 88 minutes. La première partie se concluait sur la découverte du corps d'Eren à l'intérieur d'un Titan. La seconde partie, baptisé End of the World, démarre à cet instant précis, tout en nous ayant montré un court flashback juste avant, nous expliquant pourquoi Eren a le pouvoir de se transformer en Titan. Suite à ce flashback explicatif, nous retrouvons donc Eren (Haruma Miura) enchaîné et retenu prisonnier. Le commandant du bataillon d'exploration n'a pas confiance en lui et veut le tuer, provoquant un acte de rébellion de la part de Mikasa (Kiko Mizuhara), Armin (Kanata Hongô) et de ses autres amis. La confrontation tourne court puisque le Titan Cuirassé fait son apparition ! Honnêtement, son rendu visuel est vraiment très bon et on le reconnaît sans aucun souci. Une fois Eren kidnappé par le Titan Cuirassé, le film, toujours réalisé par Shinji Higuchi, va se révéler nettement moins rythmé que son prédécesseur, mettant plus l'accent sur l'histoire que sur les combats, même s'il y en a, rassurez-vous. Mais les Titans primaires sont quasiment absents de cette seconde partie et ne constituent plus vraiment la grande menace pour nos héros. Comme dans le manga, les humains se montrent bien plus dangereux que les Titans eux-mêmes, et le passage se déroulant dans un lieu secret, entre Eren et le capitaine Shikishima (Hiroki Hasegawa), dont on devine rapidement l'identité secrète, est des plus intéressantes, nous livrant des informations sur la naissance des Titans et le pourquoi de leur existence. Le film se pare d'un discours présent dans le matériau d'origine, à savoir le conflit entre les puissants et les pauvres, entre l'ordre militaire et les simples habitants. Mieux amenée, mieux développée, l'histoire fonctionne mieux dans cette seconde partie et donne de la consistance aux personnages. Les questions qui restaient sans réponses à la fin de la partie 1 trouvent des explications et apportent une vraie cohérence à l'ensemble. Il y a plus d'enjeux scénaristiques, plus de rebondissements et retournements de situation et le film gagne en intensité, même si ça se fait à défaut des scènes d'action. Mais la première partie nous en a déjà donné pour notre argent à ce niveau, il est bien que cette seconde partie ne prenne pas le même chemin et évite la simple redite. Surtout que de l'action, il y en aura tout de même durant une bonne partie du film, avec l'affrontement tant attendu entre Eren transformé en Titan et le Titan cuirassé bien sûr, puis avec la réapparition du Titan colossal pour un final explosif ! Le jeu des acteurs s'est même amélioré je trouve, et le fait qu'il y ait moins de Titans primaires à l'écran réduit le nombre de CGI, qui sont plus concentré sur les trois Titans spéciaux et assurent le spectacle. L'histoire trouve sa conclusion dans une scène nous rappelant la fin de la saison 3 de la série animée. Une séquence post-générique laisse quant à elle planer le doute quand à une éventuelle mise en chantier d'un troisième film, qui n'a toujours pas vu le jour en 2021. J'ai appris que l'acteur qui joue Eren, Haruma Miura, s'est suicidé en juillet 2020, à l'âge de 30 ans. Triste.

  

samedi 15 mai 2021

L'ATTAQUE DES TITANS - LE FILM (PARTIE 1)

 

L'ATTAQUE DES TITANS - LE FILM (PARTIE 1)
(Shingeki no kyojin - The Movie part 1)

Réalisateur : Shinji Higuchi
Année : 2015
Scénariste : Tomohiro Machiyama, Yûsuke Watanabe
Pays : Japon
Genre : Science-fiction, Action
Interdiction : -12 ans
Avec : Haruma Miura, Kiko Mizuhara, Kanata Hongô, Nanami Sakuraba, Hiroki Hasegawa...

L'HISTOIRE : Dans un monde ravagé par la guerre, Eren et ses amis Mikasa et Armin rêvent de liberté. Ils vivent enfermés dans la ville, protégée par un mur gigantesque, censé être un rempart contre les Titans, des créatures immenses et dévoreuses d'humains, qui seraient apparus il y a plus de cent ans. Depuis, plus aucun Titans n'a été vu mais les habitants ont ordre de ne pas sortir au-delà du mur. C'est alors qu'un Titan colossal, plus grand que le mur, fait son apparition et parvient à créer une brèche dans ce dernier, laissant pénétrer de nombreux Titans qui massacrent la population. Deux ans plus tard, afin de lutter contre les Titans, Eren et Armin, pour venger la mort de Mikasa, se sont engagés dans le bataillon d'exploration. Munis d'un système de combat tri-dimensionnel, ils vont avec le bataillon faire une sortie en dehors du mur pour tenter d'éradiquer les Titans et rejoindre le capitaine Shikishima et une mystérieuse tueuse de Titans...

MON AVIS : Le manga culte de Hajime Isayama, L'Attaque des Titans, a donné lieu à une série d'animation d'une qualité exceptionnelle, tant par ses animations, ses personnages, ses combats virtuoses et surtout son scénario, très poussé et complexe. L'idée de faire un film en live-action de ce matériau de base époustouflant est-elle une bonne idée ? On se doute que développer ce manga ou cette série avec des personnages de chair et de sang va nécessiter des moyens financiers colossaux si on veut que le rendu soit crédible et ne sombre pas dans le nanar. Un budget qui serait sûrement l'équivalent des films de la saga Avengers par exemple. Problème, le réalisateur Shinji Higuchi ne dispose pas d'un tel budget. Loin de là même. Il va pourtant tout faire pour que son film ne soit pas un nanar avec les moyens dont il dispose. Niveau scénario, de nombreux changements vont avoir lieu par rapport au matériau de base, ce qui risquent de faire rager les fans du manga et de la série. Néanmoins, il semble que ces changements, assez radicaux parfois, soit de l'initiative du mangaka lui-même, Hajime Isayama, qui souhaitait apporter de la nouveauté au public et ne pas simplement leur proposer la même chose juste filmée en live-action. C'est donc dans cet état d'esprit qu'il faut se lancer dans le visionnage de L'Attaque des Titans - le film. Il faut avoir conscience que ce n'est pas une adaptation fidèle du manga ou de la série animée. Sous peine d'avoir de sérieuses désillusions. C'est une variation, une adaptation libre qui s'écarte plus ou moins de ce que vous connaissez. Une fois ce fait ancré dans votre esprit, il n'y a plus que se laisser porter par le film. Un film qui sera composé de deux parties. Attardons-nous donc sur la partie 1, qui est sortie le 1 août 2015 au Japon. Comme déjà dit, le budget n'a pas été celui d'un blockbuster hollywoodien. Pourtant, au niveau des décors, le film assure et fait amplement le job. Contrairement au manga, on est quasiment ici en présence d'un film post-apocalyptique, puisque nous avons des carcasses d'avions, de voitures, d'hélicoptères ou de missiles a demi-enterré qui sont présents dans le décor, comme si il y avait eu une explosion nucléaire dans le passé. Les personnages ne se déplacent pas à chevaux non plus mais utilisent des véhicules motorisées telles voitures et camions militaires au look futuriste. Les fameux murs qui encerclent les différents quartiers de la ville sont bel et bien là et leur rendu est également de qualité. Bien sûr, les décors et les effets en CGI sont légion et leur intégration avec les éléments réels sont de qualité diverses. Parfois, ça passe, parfois ça passe moins bien et ça se voit beaucoup. Concernant les fameux Titans, franchement, ils sont plutôt bien faits, puisqu'il s'agit d'acteurs maquillés et post-synchronisés avec l'aide du numérique. Leur visage tordu, leur mâchoire disproportionnée, leur regard bizarre et leur démarche atypique, tout est parfaitement respecté dans le film, de même que leur appétit féroce envers les humains. Le gore (numérique) s'invite souvent à la fête lors des dégustations non végane, fort nombreuses et assez jubilatoire. Le célèbre Titan colossal est lui aussi assez impressionnant et son apparition donne le sourire. Les combats entre les membres du bataillon d'exploration et les Titans, à l'aide du système de combat tri-dimensionnel qui est souvent mis en valeur lors des affrontements, font plutôt bien le job et assurent le spectacle, avec toujours des faiblesses concernant les incrustations numériques mais encore une fois, le budget n'est pas celui des superproductions Marvel et on félicitera les équipes techniques de s'en être pas trop mal tirées à ce niveau, malgré que ça risque de piquer les yeux de certains, surtout si vous êtes réfractaires à la profusion de CGI. Le grand final de cette première partie, très proche du manga, est assez spectaculaire et j'ai vraiment trouvé que ça le faisait, avec ce nouveau Titan agressif qui vient aider le bataillon a éradiquer les Titans primaires, le tout dans de grandes gerbes de sang numérique. Des points positifs, il y en a donc dans cette version live de L'Attaque des Titans. Les bémols seraient à inclure dans l'histoire elle-même, bien plus allégée que son homologue de papier ou animé, avec moins d'enjeux scénaristiques importants. Reste que nous sommes dans un film de divertissement avant tout et que le scénariste, aidé du mangaka, a sûrement préféré se focaliser sur l'action et proposer une histoire moins complexe, plus nerveuse en terme de rythme immédiat, surtout que le film ne dure que 98 minutes. En l'état, il est effectivement impossible de développer toute la richesse de l'histoire originale de même que de faire ressortir toute la complexité des relations entre personnages. Les personnages sont aussi à mettre dans les points plus faibles de cette adaptation. Si le look d'Eren (Haruma Miura) et de Mikasa (Kiko Mizuharaest des plus corrects par rapport à ce qu'on connaît d'eux, plus dur est d'apporter son soutien au choix retenu pour Armin (Kanata Hongô). Où est passé la blondeur de ses cheveux ? C'est ce qui faisait partie du charme de ce personnage, en plus de sa grande intelligence. Quid du caporal-chef Rivaille (ou Livaï) ? Pourquoi avoir remplacer ce personnage emblématique de la série et du manga par le capitaine Shikishima (Hiroki Hasegawa) qui n'existe pas dans le matériau d'origine ? Surtout que c'est une copie de Rivaille en fait ? Un choix curieux, et assez déstabilisant pour ma part. Même si on a accepté que le film soit une variation libre, impossible de ne pas avoir à l'esprit certains détails et leur absence a une conséquence négative au final sur notre jugement. Le comportement de Mikasa vis à vis d'Eren a lui aussi subit de lourd changement et pas forcément en bien. Bien sûr, la petite durée du film ne permettait pas de développer toutes les relations comme déjà dit. Il faut avancer et vite, on ne peut pas tout condenser en 98 minutes, c'est une réalité à prendre en compte. Si certaines séquences m'ont paru superflu (la scène d'amour entre deux membres du bataillon, inutile et ralentissant le rythme pour pas grand chose tout comme la scène de drague entre Eren et une fille du bataillon également...), j'avoue que dans l'ensemble, L'Attaque des Titans - le film n'est pas aussi mauvais que ce que j'en avais lu sur le web. Certains le trouveront hideux visuellement peut-être, la faute à l'utilisation massive de CGI mais comment faire autrement pour retranscrire à l'écran cet univers ? Pour ma part, le film est en effet très loin d'atteindre la qualité de la série-animée, que ce soit d'un point du vu scénaristique ou visuellement parlant. Mais j'ai éprouvé un certain plaisir à voir mes héros animés prendre vie pour de vrai, se battre à l'identique, utiliser le système de combat tri-dimensionnel, taillader le cou des Titans avec les lames et voir ces derniers en action, avec toute leur monstruosité protéiforme. Il manquait tout de même la musique de Hiroyuki Sawano pour embellir le tout et rendre plus épique les scènes de combat. En tout cas, cette première partie m'a donné envie de voir la suite. Je reviens vous en parler très prochainement donc...


vendredi 14 mai 2021

L'ATTAQUE DES TITANS SAISON 4 - PARTIE 1

 

L'ATTAQUE DES TITANS SAISON 4 - PARTIE 1
(Shingeki no kyojin season final - part 1)

Réalisateur : Masashi Koizuka et divers
Année : 2020
Scénariste : Hajime Isayama, Yasuko Kobayashi et divers
Pays : Japon
Genre : Animation, Science-fiction, Action
Interdiction : -12 ans
Avec : /

L'HISTOIRE : Quatre ans après son départ de Paradis, Reiner s'impose en soldat d'élite aux côtés des futures réceptacles des titans primordiaux. Mais son passé le hante toujours et la menace d'une vengeance de la part d'Eren et de ses camarades plane...

MON AVIS : Après 3 saisons d'une qualité exceptionnelle, voici donc la première partie de la Saison finale. 16 épisodes pour se mettre en appétit, en attendant la partie 2 qui viendra conclure cette saga incroyable. Plusieurs changements s'opèrent avec cette saison 4 - partie 1 puisque le studio de dessinateur original, Wit Studio, se voit remplacé par le studio Mappa par exemple. Le compositeur Hiroyuki Sawano cède également sa place à Kohta Yamamoto. Rassurez-vous, ces changements n'ont aucun impact sur la qualité de l'animé, le studio Mappa parvenant même à surpasser son prédécesseur en terme de détail, notamment au niveau des visages des personnages. Personnellement, l'utilisation de CGI ne m'a pas choqué plus que ça et je ne comprend pas trop les polémiques faites à ce sujet. Quand aux musiques, elles restent impériales. Le début de cette saison 4 est assez original puisque, durant trois épisodes, nous ne verrons aucun de nos personnages favoris ! Un choix surprenant mais des plus intéressants, et qui nous emmène au delà de la mer. Nous découvrons enfin ce qu'il y a de l'autre côté de l'océan, loin de Paradis. Nous retrouvons une tête bien connue par contre, celle de Reiner, le fameux Titan cuirassé. Et on fait la connaissance avec de nouveaux personnages, de jeunes adolescents, destinés à devenir de futurs Titans. La rancœur entre Eldiens et habitants de Mahr est bien mise en avant et l'aspect politique prend le pas sur l'action, dévoilant des enjeux scénaristiques encore plus élaborés que dans les saisons précédentes. L'histoire de cette guerre des Titans qui semblent ne jamais connaître de repos est réellement captivante, complexe bien sûr, pas passionnante. Le personnage de la jeune Gaby Braun est particulièrement bien développé, tout comme celui de Falco, autre ado devant devenir un réceptacle à Titan. Sieg, le Titan bestial, est lui aussi de la partie et il prendra une importance incroyable au cours du récit. Les erreurs et les absurdités de la guerre sont mises en avant de façon convaincante et crédible. Que ce soit sur Paradis ou de l'autre côté de la mer, la guerre ne fait que des victimes et il n'y a pas vraiment de véritables héros en fin de compte. Les retrouvailles avec Eren, Mikasa, Armin, Livaï se font d'une manière juste incroyable et surprenante, nous laissant souvent bouche bée devant notre écran. On va de surprise en surprise, de rebondissements en rebondissements et ces 16 premiers épisodes de la saison finale sont prodigieux en terme émotionnel. Les révélations sur les Titans et l'histoire de certains personnages-clés, le pourquoi de leur choix, passés et à venir, le comportement radicalement différent de certain, qui questionne et remet pas mal de choses en compte, les scènes d'action, époustouflantes, tragiques et épiques, tout concoure à rendre cette première partie de saison 4 réellement fabuleuse et haletante. Avec ces complots, trahisons, renversements de situations, conspirations et j'en passe, on se croirait dans le machiavélisme de Game of Thrones à de nombreuses reprises. Bref, pas de ramollissement ici, on est toujours dans le haut du panier qualitativement parlant. On en est même triste de se dire que la saison 4 - partie 2 sera la dernière. On a hâte de découvrir ce qu'elle va nous réserver comme surprise de taille. 

 

DEVILMAN LE DIABOLIQUE

DEVILMAN LE DIABOLIQUE
(Devilman Story)

Réalisateur : Paolo Bianchini
Année : 1967
Scénariste :  Paolo Bianchini, Max Caret
Pays : Italie
Genre : Action, Aventure, Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Guy Madison, Luisa Baratto, Diana Lorys, Luciano Pigozzi, Giovanni Cianfriglia...

L'HISTOIRE : En visite à Rome pour un congrès scientifique avec sa fille Christine, le neurochirurgien Becker est kidnappé en allant rendre visite à son ami le professeur Bloch. Christine retrouve se dernier mort dans son laboratoire et reste sans nouvelle de son père disparu. Elle fait connaissance avec le journaliste Mike Harway, qui devait récupérer des documents chez Bloch. En voulant aider Christine à retrouver son père, Mike Harway et cette dernière vont se retrouver au Maroc et découvrir cachée sous le sable du désert une base secrète appartenant à Devilman, un génie du crime qui veut profiter des talents du docteur Becker pour se greffer un cerveau artificiel et devenir le maître du monde...

MON AVIS : Vous aimez les changements d'ambiance au sein du même film ? Alors soyez les bienvenus dans Devilman le Diabolique de Paolo Bianchini ! Réalisé en 1967 sur demande d'un producteur qui voulait recycler une scène d'attaque de touaregs dans le désert, Devilman Story, de son titre original, est en effet une petite série B bien curieuse, qui vous embarque donc dans trois ambiances différentes durant 84 minutes et des poussières. La première partie nous fait découvrir les personnages principaux, à savoir le neurochirurgien Becker, sa ravissante fille Christine (Luisa Baratto) et le journaliste Mike Harway (Guy Madison). Ce premier acte, situé à Rome, lorgne clairement dans le registre de l'Euro-spy, avec un assassinat et un kidnapping, une tentative d'enlèvement de Christine, des bagarres et une intrigue policière qui fait planer le mystère. Le journaliste en costard se la joue viril devant sa nouvelle protégée, charmeur aussi, et use d'astuces pour se sortir du pétrin. La mise en scène est est assez habile, avec des plans et des idées qui renforcent l'aspect policier et inquiétant de l'histoire, tels ces hommes de main s'injectant un poison rapide quand ils échouent à leur mission et qui se retrouvent avec des yeux d'aveugle suite à l'injection. Curieux. Les investigations de Mike pour aider Christine à retrouver son père disparu sans laisser de trace vont amener nos deux héros au Maroc. Place donc au second acte, qui, lui, s'oriente clairement dans le film d'aventure. Paysage désertique, visite d'un souk pour retrouver un informateur, balade en jeep dans le désert, attaque musclée de touaregs et enlèvement de Christine seront au programme des réjouissances, le tout sur un rythme relativement correct et agréable. Pas de quoi sauter au plafond mais le dépaysement est bien là et ça se suit sans trop de souci. Reste que nous approchons les 50 minutes de film et que nous n'avons toujours pas vu ce fameux Devilman qui semble terroriser les habitants du désert, convaincus que "le diable et ses hommes en noir" réside sous le sable. Heureusement, 50 minutes, c'est justement cette durée qui fait bifurquer le film dans son troisième acte et donc dans sa troisième ambiance ! Nous allons enfin faire connaissance avec Devilman et découvrir son repaire souterrain. Avec cette fois une approche très science-fictionnelle et BDèsque. Les décors de la base secrète se parent de jolies couleurs et de lumière qui font en effet très film de S-F. Le méchant du film est tout aussi dans le style, avec son masque d'argent dissimulant son identité (il aurait très bien pu jouer dans une adaptation d'un récit de Fantômette pour les connaisseurs) et sa mégalomanie pure et dure. On pense bien sûr à Fantômas au niveau du look également mais Devilman est nettement moins porté sur l'humour. Son surnom de diabolique est justifié puisque ce monsieur étrange désire ni plus ni moins asservir les habitants de la terre, grâce à une transplantation cérébrale de son invention. Son assistant, interprété par le bien connu Luciano Pigozzi, en aurait même des sueurs froides, lui qui a pourtant participé à l'élaboration de ce projet maléfique. Notre journaliste va donc se retrouver pris au piège dans le repaire de ce fou furieux égocentrique, et va devoir se démener pour tenter de sauver la vie de la belle Christine, qui se voit attribuer l'honneur infime de devenir la première candidate à l'expérience de transplantation ! Il serait quand même bien dommage d'abîmer une si jolie femme, qu'on avait découvert dans le culte Vierges pour le bourreau en 1965. Le final nous réserve quelques scènes d'action bien filmées et des explosions en pagaille. Bref, voici là une série B qui fait le job, sans éclat certes, mais qui est loin d'être désagréable. Assez rare, il était disponible en VHS sous le titre Le Diabolique, avant qu'Artus Films ne le sorte en DVD.

* Disponible en DVD chez -> ARTUS FILMS <-
Belle copie présentée en VF et VOSTF. Christian Lucas nous donne des informations sur le film, sa conception et ses influences.


jeudi 13 mai 2021

SUPERSONIC MAN


SUPERSONIC MAN
(Supersonic Man / Sonic Man)

Réalisateur Juan Piquer Simón
Année : 1979
Scénariste Juan Piquer Simón, Sebastian Moi
Pays : Espagne
Genre : Action, Science-fiction, Super-héros
Interdiction : /
Avec : Antonio Cantafora, Cameron Mitchell, José Luis Ayestarán, Diana Polakov, Frank Braña...

L'HISTOIRE Depuis le fin fond de l’espace, l’extraterrestre Kronos est envoyé sur la Terre avec pour mission de rétablir l’ordre. Il s’installe à New York et devient le super héros Supersonic Man. Il va avoir fort à faire en affrontant le Docteur Gulk, le chef d’une organisation secrète voulant dominer le monde. Ce dernier a kidnappé un éminent scientifique, le professeur Morgan, afin qu'il lui livre une formule secrète permettant la création d'un laser surpuissant. Le professeur refusant de dévoiler sa formule, Gulk envoie ses hommes de main kidnapper Patricia, la fille du professeur. Supersonic Man va devoir aider la jeune fille à rester en vie et à sauver son père...

MON AVIS : Réalisateur espagnol qui n'a tourné que des films à tout petit budget, Juan Piquer Simón est assez connu des fans de cinéma Bis. On lui doit entre autres des films tels Le continent fantastique en 77, Escalofrío - La nuit de l'Enfer en 78, Le Mystère de l'île aux monstres en 81, Slugs en 88, L'abîme en 90 ou Cthulhu Mansion en 92, son fait d'arme le plus notoire restant bien évidemment Le Sadique à la Tronçonneuse, réalisé en 1982. En 1978, la sortie et le succès retentissant du Superman de Richard Donner au cinéma allait inspirer des vocations et donner des idées aux producteurs pour surfer sur la rançon de la gloire et proposer au public d'autres super-héros en collant. Juan Piquer Simón se voit confier la tâche de mettre en oeuvre un film de super-héros en Espagne, avec un budget tout riquiqui bien sûr. Ce sera donc Supersonic Man, qui sortira en 1979, et qui bénéficie de diverses affiches de toute beauté pour la sortie dans les divers pays du monde. Des affiches aux visuels flamboyants, qui sont de bien meilleure qualité que le film lui-même malheureusement. Même si on aime les nanars, il faut bien avouer que la vision de Supersonic Man est assez difficile à supporter, tant le film n'a pas grand chose pour lui. Pourtant, ça démarrait plutôt bien, avec cette histoire d'extra-terrestre envoyé sur Terre pour tenter d'aider les humains et le cambriolage d'une usine de produits radioactifs, avec des tirs de pistolets-lasers et surtout la présence d'un gros robot au look assez sympa. OK, les effets-spéciaux et les incrustations via des écrans verts se voient comme le nez au milieu de la figure mais en étant indulgent et bon public, ça passe et cet aspect ultra-kitsch peut même amuser et faire gentiment sourire. Comme dans tous bons films de super-héros, il faut un méchant très méchant et nous l'avons ici, en la personne du docteur Gulk, interprété par Cameron Mitchell. Totalement mégalo, irritable, colérique à souhait, Gulk ne veut pas seulement conquérir la Terre, il veut réduire à l'esclavage les 6 milliards d'êtres humains qui la peuplent ! Un projet fou mais qu'il compte bien réussir à mettre en oeuvre ! Cameron Mitchell livre une solide composition et donne corps et âme à ce génie criminel digne de Lex Luthor ! Ce qui est aussi appréciable, c'est que Supersonic Man ne met pas trois plombes pour intervenir sous son joli costume rouge et bleu. On le voit agir d'entrée de jeu, interprété par le culturiste José Luis Ayestarán. Un bon point. La scène dans laquelle il soulève un engin des travaux publics pour laisser passer la pauvre Patricia, poursuivie en voiture par les hommes de main de Gulk, est à se pisser dessus, l'engin de travaux publics étant... en bois ou en contre-plaqué si ma vue ne m'a pas fait défaut ! Forcément, c'est moins lourd que l'acier. Impayable. Bref, un début plutôt attrayant, kitsch à mort comme déjà dit (les images du super-héros survolant New York) mais si on a gardé notre âme d'enfant de moins de 10 ans, ça peut faire le job. Dommage que la suite ne suive pas. Sous son apparence terrestre, Supersonic Man, appelé Paul, est joué par Antonio Cantafora. Ce dernier se fait passer pour un détective privé et va donc aider la belle Patricia (Diana Polakov) à retrouver son père et à se sortir de situations dangereuses, tout en la draguant ouvertement. Il faut peu de temps pour se rendre compte que le rythme commence à faiblir et que l'ennui pointe le bout de son nez, un sentiment renforcé par les touches d'humour qui parsèment le film et qui ne fonctionnent pas vraiment, à l'image de cet homme alcoolique qui promène son chien et qu'on retrouvera plusieurs fois dans le film. On aura bien quelques bagarres et interventions de Supersonic Man, mais rien de bien transcendant au final ou qui provoque des "oh" d'admiration. Pourtant, notre super-héros est doté de bien des pouvoirs quand il aborde son flamboyant costume. Il peut voler, arrêter les balles et les renvoyer sur ses adversaires, peut entendre et voir à travers les murs, il peut même traverser la matière et soulever des charges très lourdes. Il ne semble avoir aucun contre-pouvoir, comme la Kryptonite pour Superman par exemple. En clair, il est invincible, indestructible. Ah oui, sans aucune explication, il peut aussi transformer les pistolets de ses ennemis en... banane ! Allez savoir pourquoi, comment ? Aucune explication à ce curieux phénomène. Pour se métamorphoser, il suffit à Paul de prononcer les mots magiques et de laisser agir sa montre spéciale, en liaison avec l'espace : Que les forces suprêmes des neuf galaxies soient avec moi et hop, la transformation s'opère en un clin d'oeil. On se demande pourquoi Paul mène parfois ses actions sous son apparence humaine, étant privé de tout pouvoir et donc potentiellement attaquable, comme il le sera d'ailleurs, se retrouvant enfermé dans un sac de toile et balancé en pleine mer, un stock-shot de requin venant nous faire craindre pour sa vie. Heureusement pour l'humanité, même sous l'eau, Paul arrivera à prononcer les mots magiques. Ouf, on a failli avoir peur pour Supersonic Man ! Autre point positif, comme quoi il y en a en fait, on notera l'emploi de maquettes d'assez bonne qualité, comme la base souterraine de Gulk, le sous-marin ou la fusée libérant un module solo par exemple, animé image par image bien sûr. Le fameux robot-tueur fera sa réapparition et ça, c'est bien aussi ! Surtout qu'il dispose de lance-roquettes et d'un lance-flamme intégrés et qu'il va en user et abuser pour notre plus grand plaisir. Tout n'est donc pas à jeter dans Supersonic Man, malgré des périples assez peu entraînants ou même percutants. Le docteur Gulk vole assurément la vedette à notre super-héros de pacotille, qui, pourtant, aura un certain succès puisqu'il sera à l'origine de la création de bande-dessinée à son effigie ! D'habitude, c'est souvent l'inverse qui se produit mais pas ici. Comme quoi, certains avaient décelé un vrai potentiel dans le personnage de Supersonic Man. Dommage que le manque de budget n'ait pas permis à Juan Piquer Simón de livrer un film plus abouti, plus épique, moins cul-cul la praline, moins nanaresque en somme. On a sûrement vu pire dans le genre mais on a surtout vu beaucoup mieux. A réserver aux enfants en bas âge peut-être...

* Disponible en DVD chez -> ARTUS FILMS <-   
Le film est proposé en VF et en VOSTF. A noter que la bande son est différente et que des scènes ont été retiré du montage français lors de son exploitation au cinéma et qu'elles sont proposées en vostf si vous regardez le film en VF. Niveau bonus, Christian Lucas revient sur les conditions de tournage du film et propose également une filmographie commentée de Juan Piquer Simón, très instructive. Un diaporama d'affiches et photos et la bande annonce sont également présents sur cette belle édition en digipack.




mercredi 12 mai 2021

LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR (1974)

 

LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR
(Il Profumo della Signora in Nero)

Réalisateur : Francesco Barilli
Année : 1974
Scénariste : Francesco Barilli, Massimo D'Avak
Pays : Italie
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Mimsy Farmer, Maurizio Bonuglia, Mario Scaccia, Nike Arrighi, Lara Wendel...

L'HISTOIRE : Silvia, une jeune scientifique, se consacre exclusivement à son travail, délaissant son fiancé Roberto. Lors d’une soirée, elle rencontre un confrère africain qui va lui faire découvrir l’occultisme. Bientôt, des visions sur sa petite enfance vont resurgir, des images érotiques avec sa mère, et tout ce qu’elle avait tenté de refouler au plus profond de son être...

MON AVIS : J'ai toujours cru que Le Parfum de la Dame en Noir était un giallo. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas non plus une adaptation du célèbre roman de Gaston Leroux, qui fait suite au Mystère de la Chambre Jaune. Le film est réalisé par Francesco Barilli, dont la filmographie ne comprend que deux films, le reste étant des documentaires, des épisodes de séries-télévisées ou des courts-métrages. Le Parfum de la Dame en Noir est son premier film et date de 1974. Le second est Pensione Paura qui date de 1978. Il est fort dommage que Barilli n'ait pas poursuivi sa carrière de metteur en scène car il démontre une réelle maîtrise de la caméra avec Le Parfum de la Dame en Noir, un film insolite, d'une beauté visuelle frappante, pourvu d'un esthétisme solide et raffiné. Le scénario nous fait plonger dans la psyché de l'héroïne principale, Silvia, merveilleusement interprétée par l'actrice Mimsy Farmer. On a vu cette dernière dans La Route de Salina de Georges Lautner en 1970, dans 4 Mouches de Velour Gris de Dario Argento en 1971, dans Le Maître et Marguerite d'Aleksandar Petrovic en 1972, dans Corpo d'amore de Fabio Carpi en 1973 et on la reverra dans Frissons d'Horreur d'Armando Crispino et La Traque de Serge Leroy en 1975 entre autres. Dans le film de Barilli, elle va jouer un rôle assez complexe, qui n'est pas sans nous rappeler celui de Mia Farrow dans Rosemary's Baby ou celui de Catherine Deneuve dans Répulsion, tous deux de Roman Polanski. Deux films dont on retrouve des influences notables dans Le Parfum de la Dame en Noir. Le décor de l'action, un grand immeuble, ainsi que les curieux voisins qui y habitent, ne sont pas sans nous rappeler le premier film cité, quand la perte de repères et le basculement dans la folie progressive du personnage central nous évoque le second. C'est un peu en ça que le film peut parfois se voir classer dans la catégorie du giallo, les histoires présentées dans ce genre ultra-codifié mettant souvent en scène des personnages ayant subit un trauma durant l'enfance, trauma qui vient impacter leur vie de tous les jours jusqu'au drame. De même, l'intrigue du film se révèle assez complexe, labyrinthique même, jouant avec la frontière qui sépare réalité et illusion, faisant se questionner constamment le spectateur sur ce qu'il voit. De nombreuses questions restent en suspens durant la vision du film, qui nous embrouille l'esprit et nous fait imaginer mille et un ressort scénaristique. La pauvre Silvia est-elle victime d'une machination incluant ses voisins, son petit ami et les amis de ce dernier, comme le laisse à penser certaines séquences ? Est-ce que tout ce qu'elle voit est réel ou bien est-ce une vision fantasmatique de son esprit perturbé ? La petite fille qui s'invite chez elle existe-t-elle réellement ou est-ce Silvia qui se revoit enfant et n'arrive plus à discerner le vrai du faux ? Les allusions au Alice au pays des Merveilles de Lewis Caroll sont-elles anodines ou nous aiguillent-elles sur la signification et les rouages de l'histoire ? Autant de question qui ne trouveront pas nécessairement de réponse, le réalisateur semblant préférer laisser le public se faire son propre avis, quitte à revoir le film une seconde fois pour démêler tout ça. J'avoue que je me suis senti totalement perdu une fois que le générique de fin se met à défiler. Il faut dire que l'ultime séquence du film, aussi inattendue qu'horrible, ne va pas nous aider à y voir plus clair, bien au contraire ! Un final assez hallucinant, qui est peut-être métaphorique en fait. Ou pas. Toujours est-il que la prestation de Mimsy Farmer est absolument remarquable, apportant une fragilité crédible à son personnage qui navigue en eaux troubles. Elle est de plus particulièrement ravissante dans ce film et il faudra que je me penche un peu plus sur ses autres films car je pense qu'elle fait partie de ces actrices un peu sous-cotées, ou auxquelles on n'accorde pas assez d'intérêt. Outre son casting particulièrement bien choisi, outre une photographie éblouissante, qui donne au film un petit aspect film d'épouvante très travaillé, Le Parfum de la Dame en Noir bénéficie surtout d'une partition musicale de Nicola Piovani, qui a fait ici un travail de grande qualité, alternant entre des morceaux de violons aux sonorités criardes qui créent une atmosphère macabre et inquiétante, stressante même, et des parties plus calmes, plus retenues, qui nous font naviguer avec l'héroïne dans le dédale de son esprit. C'est vraiment un voyage original, insolite et onirique, auquel nous convie Francesco Barilli avec Le Parfum de la Dame en Noir. Il faut parfois accepter de se perdre dans les déambulations de son scénario, qui brasse autant avec le spiritisme que la sorcellerie africaine, et dont on ne saisit pas toujours là où il veut nous emmener. C'est en tout cas une oeuvre formellement superbe et intrigante, un des films préférés de Christophe Gans et Pascal Laugier et qui était resté inédit en France. L'erreur est réparée grâce à Artus Films et c'est tant mieux !

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ARTUS FILMS <-
Copie magnifique, sans défaut. VOSTF seulement étant donné que le film n'a jamais été distribué en France. En bonus, on trouve une présentation de 20 minutes par Emmanuel Le Gagne, le générique anglais du film, un diaporama d'affiches et de photos, la bande-annonce. Et aussi le court-métrage "Plus loin encore" de Stéphane Derderian, qui fait parfois des bonus pour l'éditeur.