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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




mardi 14 décembre 2021

FEAR AND DESIRE

 

FEAR AND DESIRE
(Fear and Desire)

Réalisateur : Stanley Kubrick
Année : 1953
Scénariste : Howard Sackler
Pays : Etats-Unis
Genre : Guerre, Drame
Interdiction : /
Avec : Frank Silvera, Kenneth Harp, Paul Mazursky, Virginia Leith, Stephen Coit...


L'HISTOIRE : Lors d’un conflit non nommé, dans un pays inconnu, 4 militaires se retrouvent coincés derrière les lignes ennemies. Après avoir massacré deux soldats, ils se rendent compte qu’une jeune femme a été témoin de la scène. Ils l’attachent à un arbre par peur d’être dénoncés…

MON AVIS : Passionné par la photographie, le jeune Stanley Kubrick est rapidement embauché par le prestigieux magazine Look, ébloui par les talents du jeune homme. Âgé de 24 ans en 1952, Kubrick décide de réaliser son premier film en indépendant, réunissant de l'argent via son oncle et engageant des acteurs inconnus. Il demande à son ami Howard Sackler de rédiger un scénario et s'en va donc filmer Fear and Desire, qui s’appela au départ The Trap puis The Shapes of Fear. Un premier film que le prestigieux réalisateur renia par la suite, cherchant même à détruire toutes les copies afin que personne ne puisse le voir. Pourtant, on apprendra qu'il en avait conservé une dans sa salle de projection privée, ce qui laisse à penser qu'il avait quand même un peu d'affection pour cette oeuvre effectivement pas dénuée de quelques défauts mais qui a son importance dans sa filmographie. Déjà, on note que visuellement, Fear and Desire est loin d'être anodin et que la qualité est au rendez-vous. Les images sont soignées, il y a un sens du cadrage, de la mise en place. Bien sûr, tout n'est pas parfait, Kubrick apprenant sur le tas avec ce film. On peut donc apercevoir lors de certains plans une sorte de contour autour du cadre, probablement dû à un objectif pas entièrement dédié à la caméra qu'il utilisait lors du tournage. Quand on connaît sa minutie et son degré de perfection, on peut comprendre qu'il voulait renier ce film à cause de ces erreurs de jeunesse, qui, pourtant, ne constituent pas un réel élément justifiant sa mise au rebut. L'élément qui fera que Fear and Desire apparaîtra plus compliqué pour le spectateur provient du scénario lui-même, qui ne propose pas beaucoup de pistes de compréhension et nous laisse un peu dans l'expectative. Cette histoire de quatre soldats coincées derrière une ligne ennemi nous laisse en effet dans un certain flou réflexif, que la voix off du narrateur ne fait qu'accentuer, et notamment lors de l’introduction. . Assistons-nous à quelque chose de réel ? Est-ce un rêve ? Une métaphore ? Les personnages sont-ils vivants ou dans des limbes, cherchant à traverser un fleuve qui pourrait être le Styx, pourquoi pas ? La guerre et ses folies sont également au cœur du film, et on assiste à la dérive mentale des soldats et notamment du plus jeune, qui devient totalement fou après les horreurs qu'il a vu, folie qui s'exprime nettement lors de la longue scène avec la prisonnière féminine (Virginia Leith) qui voit notre soldat perdre la raison et s'imaginer des sentiments amoureux réciproques qui n'existent que dans son esprit perturbé. L'acteur Frank Silvera, qui joue le personnage de Mac et que Kubrick engagera à nouveau dans son film suivant, Le Baiser du Tueur en 1955, n'est pas en reste, devenant totalement obnubilé par son désir de tuer un général qu'il a vu résider dans une petite maison protégée par divers soldats ennemis. Le final du film ne donnera pas plus d'indices sur tous les événements qui se sont déroulés devant nos yeux, avec plusieurs séquences sans dialogues mais où la voix off est présente pour représenter les pensées des quatre protagonistes principaux. Objet assez curieux, d'une courte durée de 63 minutes environ, Fear and Desire nous met en tout cas en présence d'un jeune réalisateur que l'on sent très talentueux. L'avenir viendra le confirmer !

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ELEPHANT FILMS <-




dimanche 12 décembre 2021

LE VAMPIRE ET LE SANG DES VIERGES

 

LE VAMPIRE ET LE SANG DES VIERGES
(Die Schlangengrube und das Pendel)

Réalisateur : Harald Reinl
Année : 1967
Scénariste : Manfred R. Köhler
Pays : Allemagne
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Lex Baxter, Christopher Lee, Karin Dor, Carl Lange, Vladimir Medar...


L'HISTOIRE : En 1801, pour avoir assassiné douze jeunes femmes, la treizième, Béatrice de Brabant s’étant échappée, le comte Regula est condamné à être écartelé en place publique. Avant son supplice, il promet de revenir se venger. 35 ans plus tard, l’avocat Roger de Mont-Elise reçoit une invitation au château d’Andomai, demeure de la famille Regula. En chemin, il sauve une jeune femme d’une attaque de bandits : Lilian de Brabant, elle aussi invitée au château...

MON AVIS : Réalisateur phare de Krimi, ces polars allemands dérivés des fameux gialli italiens, Harald Reinl décide de se lancer dans le cinéma d'épouvante gothique en 1967, quand ce genre popularisé avec les films de la Hammer en Angleterre tombe en décrépitude. Il est conscient que l'horreur gothique rameute encore les foules malgré une nette baisse de la qualité ces derniers temps et comme l'Allemagne ne s'est pas vraiment engagé dans cette voie, pourquoi ne pas y aller franco ! A partir de la célèbre nouvelle d'Edgar Allan Poe, Le Puits et le Pendule, dont Roger Corman a livré une adaptation en 1961, Harald Reinl et le scénariste Manfred R. Köhler mettent en place les éléments qui vont donner Le Vampire et le Sang des Vierges. Alors attention, même si on est bien en présence d'épouvante gothique, Reinl a mixé des éléments qu'on pourrait quasiment définir comme parodiques avec ceux qui relèvent typiquement de l'épouvante. Ce qui donne au final une oeuvre assez atypique, qui surprendra les fans croyant avoir à faire à un film sérieux et qui ravira les purs amateurs de films bis déjantés, tels Vierges pour le Bourreau par exemple ! Il faudra néanmoins passer les 30 premières minutes, assez laborieuses de mon propre avis, pour assister à un véritable florilège de scènes exubérantes qui donnent tout son sel au film. L'introduction, avec Christopher Lee interprétant le comte Regula et se voyant écartelé est très sympa mais ensuite, le rythme peine à se développer et ce n'est pas le monolithique Lex Baxter qui va venir changer la donne. L'acteur est particulièrement inexpressif et les séquences s'enlisent un peu dans un ennui poli, malgré la présence radieuse de la belle Karin Dor. Et puis, arrive la longue chevauchée en calèche devant emmener les deux protagonistes principaux, accompagnés par un curieux prêtre (Vladimir Medar), au château d'Andomai, ancienne résidence du comte Regula. Et là, le film commence à prendre une vraie dynamique et surtout, les décors et le jeu de lumières et de couleur lui donnent une patine digne d'un Mario Bava ! La forêt qu'ils vont devoir traverser, parsemé d'arbres sur lesquels se trouvent des bouts de corps humains ou d'innombrables pendus, est annonciatrice du spectacle qui nous attend par la suite. Et une fois arrivée au château d'Andomai, l'esprit du cinéma bis et des bandes-dessinées pour adultes s'approprient totalement l'histoire et l'ambiance. Certes, on n'aura aucune trace d'érotisme dans Le Vampire et le Sang des Vierges, ni même de réel vampire d'ailleurs ! Mais les amateurs d'excentricités en auront pour leur argent, reste juste à être sensible à la tournure des événements, qui, parfois, donnent même au film un petit aspect nanaresque. Nanaresque mais jamais désagréable, ni ridicule ! Il faut dire que Reinl a mis le paquet, avec un château lugubre et macabre à souhait, présence de vautours, de rats, de serpents, de pièges mortels, d'une chambre des tortures avec tout ce qu'il faut à l'intérieur (vierge de fer et j'en passe), des trappes cachées dans le sol, des passages secrets dans les murs, de vin se révélant être de l'acide, d'une belle héroïne qui passe son temps à hurler de peur dans sa superbe robe, d'un majordome mort vivant qui place des répliques fort amusantes et qui a tout compris du vrai esprit du film (Carl Lange, qui s'amuse comme un fou) et bien sûr, d'un Christopher Lee qui s'adapte à la tonalité Bis du film et qui en rajoute des tonnes dans ses expressions et son désir de vengeance ! Cerise sur le gâteau, on aura bien sûr droit à la séquence mettant en scène le terrifiant pendule menaçant de couper en deux le pauvre Lex Baxter ! Le tout sur une musique tout aussi déconcertante de Peter Thomas, qui donne un côté guilleret et totalement décalé au film, même lors de certaines scènes jouant sur le registre de l'épouvante. Franchement, impossible de ne pas jubiler de plaisir une fois les protagonistes au sein du château ! Ça n'arrête plus une minute, et même si invraisemblances il y a certaines fois, on jubile devant tant d'extravagances, qui nous rappelle un tour en train fantôme. Et on s'amuse tout autant à voir recyclé les idées des autres, comme lors de la scène introductive où Christopher Lee se voit affublé d'un masque du démon aux pointes acérées entre autres ! Et puis, esthétiquement, quel splendeur ! Lumières colorées, couleur aux teintes diverses, le tout sublimé par des peintures impressionnantes, qui servent soit d'arrière-plan soit de décors au sein des différentes pièces du château. Bref, aussi original qu'imprévu, Le Vampire et le Sang des Vierges est une expérience autre, un véritable Pulp épouvanto-parodique qui mérite d'être découvert !

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ARTUS FILMS <- 

Encore une très belle édition de la part d'Artus Films pour ce film bis à la folie non dissimulée. Image de haute qualité, Version française, anglaise ou allemande sous-titrée et moult bonus dont :
- Présentation par Christian Lucas et Stéphane Derderian, bourrée d'anecdotes et d'informations intéressantes.
- Sur les lieux du tournage
- Versions Super 8
- Diaporama d’affiches et photos
- Film-annonce original
- Livret 80 pages de Christophe Bier sur le cinéma populaire allemand et Harald Reinl



samedi 11 décembre 2021

LES SORCIÈRES D'AKELARRE


LES SORCIÈRES D'AKELARRE
(Akelarre)

Réalisateur : Pablo Agüero
Année : 2020
Scénariste : Pablo Agüero, Katell Guillou
Pays : Argentine, Espagne, France
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Amaia Aberasturi, Alex Brendemühl, Daniel Fanego, Jone Laspiur...


L'HISTOIRE : Pays basque, 1609. Six jeunes femmes sont arrêtées et accusées d’avoir participé à une cérémonie diabolique, le Sabbat. Quoi qu’elles disent, quoi qu’elles fassent, elles seront considérées comme des sorcières par le juge Rosteguy de Lancre. Pour gagner du temps avant leur exécution, l'une d'entre-elles, Ana, a une idée : jouer le jeu, faire croire qu'elle est véritablement une sorcière et tenter d'utiliser les fantasmes du juge pour y parvenir...

MON AVIS : C'est en lisant le livre La Sorcière de Jules Michelet, ouvrage qui fût longtemps interdit, ainsi qu'en faisant des recherches sur l'inquisiteur Pierre de Rosteguy de Lancre, magistrat français connu pour avoir participé à un épisode de chasse aux sorcières dans le Labourd, au Pays basque au XVIIème siècle, que Pablo Agüero a eu l'idée de mettre en scène Les Sorcières d'Alelarre. Un projet qui remonte à 2008 / 2009 mais qui, par manque de moyen financier et manque d'intérêt des producteurs (un film qui se passe au 17ème siècles ? pas très vendeur...) n'a finalement vu le jour qu'en 2020. Un retard énorme donc mais qui, au final, n'a pas été préjudiciable au film, bien au contraire. L'affaire Weinstein, le mouvement #MeToo, le mouvement féministe ont trouvé un écho au sein de l'histoire proposée par Pablo Agüero et le film est devenu une sorte d'emblème, d'étendard pour ces mouvements, prouvant que ce qui s'est passé au temps de l'obscurantisme religieux catholique est malheureusement toujours d'actualité, ce qui a fait la fierté du réalisateur. Ce dernier explique qu'il a avant tout voulu faire un film qui traite de la femme et des humiliations qu'elles ont subi face à la gent masculine, comment les hommes, au nom de Dieu, les ont malmené, les ont désigné comme étant la source du Mal, pervertissant le monde de par leur charme, leur jeunesse, leur sexualité dépravée. Des boucs émissaires qui ne faisaient, en réalité, rien de mal mais permettaient aux fantasmes masculins réprimés par l'ordre religieux de pouvoir s'exprimer. On ne compte plus le nombre d'exécution ordonnée par la Sainte Inquisition en ces temps terribles, où le simple fait de danser et d'être dénoncé pouvait vous envoyer au bûcher ! Les Sorcières d'Akelarre n'est rien d'autre que ça : ni pamphlet antireligieux, ni brûlot politique, même s'il en a néanmoins le goût et le fait à bon escient, il démontre juste comment six jeunes filles ne faisant que danser et chanter un chant traditionnel de marins (elles habitent dans un village de pêcheurs) se voient accusées d'être des sorcières et d'avoir pratiquer un Sabbat ! Ou comment la folie religieuse falsifie ou invente des preuves, des faits de sorcellerie qui n'existent pas, dans le seul et unique but de satisfaire les pulsions sexuelles refrénées des inquisiteurs. Le réalisateur l'explique d'ailleurs très bien : "Pierre de Lancre est en quelque sorte le créateur du mythe du sabbat des sorcières tel qu’on le connaît aujourd’hui. De tous les juges de l’époque, c’est le seul qui admet explicitement que ces jeunes filles, trop belles, trop libres, « l’ensorcellent ». Le cliché voudrait que ce soient de vieilles guérisseuses. Or l’ouvrage de Pierre de Lancre montre à quel point la chasse aux sorcières, comme tant de régimes totalitaires qui en sont les héritiers, s’est acharnée à réprimer la jeunesse, attribuant une origine diabolique à la beauté et à la sensualité des femmes."  Les films traitant de l'Inquisition sont nombreux, notamment dans le genre horrifique, où les exactions des juges et des bourreaux sont prétexte à montrer toutes sortes d'atrocités perpétrées sur de pauvres femmes innocentes; On pense bien aux grands classiques du genre, tels Le Grand Inquisiteur ou le cruel La Marque du Diable. Si on trouve une séquence de torture dans Les Sorcières d'Akelarre, le véritable propos du film n'est pas de jouer sur cet aspect répulsif mais bel et bien de montrer que le fantasme masculin est bien à l'origine de ces exactions. Et il le fait de manière intelligente, à travers le personnage du juge, très bien interprété par l'acteur Alex Brendemühl. On voit ainsi toute la dualité du personnage, se prétendant justicier de Dieu mais ne désirant qu'une chose : que la jeune Ana (sublime Amaia Aberasturi, une révélation) lui décrive dans les moindres détails le fameux Sabbat et les accouplements avec Lucifer, ce qui ne manque pas de l'émoustiller. Comprenant cela, la jeune fille va alors réussir à gagner du temps avant la sentence finale et jouer le jeu d'être une sorcière, répondant aux désirs implicites du juge en matière de descriptions et d'allusions sexuelles. Le rapport de force s'inverse alors, Ana prenant le pouvoir face au machisme du juge et de ses partenaires. Le spectateur sait très bien que les six jeunes accusées ne sont en rien des sorcières. Il comprend donc très bien que le Mal véritable est du côté de la religion, véritable fléau des sociétés passées, présentes et à venir. La chasse aux sorcières trouvent donc ici un véritable écho à notre époque tourmentée et on constate avec tristesse que rien n'a changé, que tout se répète, encore et encore et que la condition de la femme n'a guère évolué face au diktat de la religion. Si le film se montre relativement contemplatif, il n'ennuie jamais et monte en puissance au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. Visuellement, Pablo Agüero nous propose de très belles images, avec un travail sur l'éclairage naturel vraiment superbe. Le final, avec la reconstitution du Sabbat, est un travail d'orfèvre. Ne cédant jamais au fantastique, Les Sorcières d'Akelarre reste ancré dans un réalisme cru, ce qui sert parfaitement son propos, et propose des images fortes et marquantes. Un très beau film, qui a récolté 5 Goya et de nombreux autres prix. Mérité.

* Disponible en DVD et BR chez -> BLAQ OUT <-





mercredi 8 décembre 2021

MEURTRES EN VHS

 

MEURTRES EN V.H.S.
(Remote Control)

Réalisateur : Jeff Lieberman
Année : 1988
Scénariste : Jeff Lieberman
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction, comédie
Interdiction : /
Avec : Kevin Dillon, Deborah Goodrich, Frank Beddor, Jennifer Tilly, Christopher Wynne...


L'HISTOIRE : Cosmo, employé d’un vidéo-club dans le quartier de San Pedro, à Los Angeles, découvre que l’une des cassettes en location dans le magasin – un film de science-fiction intitulé Remote Control – provoque des pulsions meurtrières chez tous ceux qui la visionnent. Avec l’aide de son ami Georgie, Cosmo mène alors son enquête, et finit par mettre au jour un complot d’origine extraterrestre...

MON AVIS : Le réalisateur Jeff Liberman est principalement connu pour son film répugnant La Nuit des Vers Géants mais aussi pour Blue Sunshine et Survivance. Grâce à l'éditeur Le Chat qui Fume, on pourra désormais rajouter cette petite série B 80's, qui était disponible en VHS à l'époque mais qui est tombée dans l'oubli depuis : Meurtres en V.H.S. Une comédie de science-fiction qui réjouira les fans de films atypiques et les amateurs de nanars rigolos puisque ce film de Lieberman pourrait très bien être classé dans cette catégorie. Réalisé en 1988, Meurtres en V.H.S est en effet un ovni assez déconcertant, qui n'a qu'un seul but : divertir sans se prendre la tête ! Et il y réussit fort bien d'ailleurs. Il faut dire que le réalisateur a mis le paquet pour arriver à ce résultat. Tout d'abord, un scénario assez hallucinant : une cassette vidéo proposant un vieux film de S-F en noir et blanc provoque des accès de colère chez les spectateurs, qui se mettent à commettre meurtres et autres actions violentes. On apprendra en cours de route que cette cassette provient d'extra-terrestres qui veulent contrôler les humains et envahir la Terre. Le fameux Plan 9 du bien nommé Plan 9 from Outer Space n'a qu'à bien se tenir, on lui a trouvé un sacré rival ! La vision du film en noir et blanc, intitulé Remote Control, ce qui a donné au film son titre original, renvoie aux films de S-F des années 50 et fera sourire les amateurs du genre. Mais sa particularité est que le spectateur va se voir "intégré" au film à un moment et ce faisant, il sera sous contrôle et verra son agressivité décuplée, ce qui nous donne quelques séquences pas piquées des hannetons dans lesquelles un homme ou une femme lambda va devenir un / une véritable fou / folle à lier qui va se mettre à attaquer toutes personnes se trouvant en sa présence. Fun et bien déjanté non ? Et quoi de mieux qu'une VHS pour mener à bien ce plan infernal ? Car Jeff Liberman y va de sa petite critique de la société et de cette soif de technologie qui envahit chaque maison. En effet, le magnétoscope devient dans les années 80 l'objet incontournable des foyers, la propagation du plan infernal est donc voué au succès ! Mais c'est sans compter sur le jeune Cosmo, interprété par Kevin Dillon, frère de Matt Dillon évidemment, qu'on verra la même année dans Le Blob de Chuck Russell.. Employé d'un vidéo-club, Cosmo va, par l'entremise d'un coup de foudre auprès d'une jolie cliente (la blondinette Deborah Goodrich) devenir malgré lui le potentiel sauveur de l'Humanité, celui qui a compris que le danger provient de cette fameuse VHS ! Notre héros va être pris dans un tourbillon de péripéties et d'événements étranges, souvent amusants et totalement kitsch ! Kitsch, un terme qui correspond parfaitement bien au film, car il faut en effet voir les différentes tenues que portent les personnages, vêtements aux couleurs flashy typiques 80's, tout comme les coupes de cheveux extravagantes du plus bel effet et qui donnent à l'ensemble un côté science-fictionnel à mourir de rire ! Sûr que Cyndi Lauper aurait apprécié ce type de tenues ! Encore plus drôle, nos extra-terrestres sont dirigés par un chef suprême qui est un clone du Ming du film Flash Gordon ! Impayable ! Niveau casting, on trouve aussi une toute jeune Jennifer Tilly et la blonde Deborah Goodrich déjà citée et vue dans Week-end de Terreur. Quelques dix ans avant Ring, Jeff Lieberman nous offrait déjà le concept de la vidéo qui tue avec ce Meurtres en V.H.S. qui a la patine d'un petit film culte et totalement foufou. Une bonne soirée en perspective pour les amateurs de bizarreries ! 

* Disponible en BR chez LE CHAT QUI FUME


mardi 7 décembre 2021

LINK

 

LINK
(Link)

Réalisateur : Richard Franklin
Année : 1986
Scénariste : Everett De Roche
Pays : Angleterre
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Terence Stamp, Elisabeth Shue, Steven Finch, Kevin Lloyd, Richard Garnett...


L'HISTOIRE : Etudiante américaine en zoologie, Jane Chase persuade le Dr. Steven Phillip de l'engager durant les vacances d'été comme assistante dans le vaste manoir de style victorien où il vit seul, au pied d'une falaise du nord de l'Angleterre. S'il enseigne à l'Université des Sciences de Londres, l'anthropologue travaille aussi en secret sur le fameux chaînon manquant entre l'Homme et le singe. Une fois arrivée, Jane fait la connaissance des chimpanzés Imp et Voodoo, et de l'intrigant Link, un orang-outan vêtu d'une livrée de majordome. Un jour, elle apprend par hasard que Phillip compte vendre Link et Voodoo. Peu de temps après, Phillip disparaît. Jane tente alors de quitter la maison. Mais Link l'en empêche... et la retient prisonnière...

MON AVIS : Principalement connu pour avoir réalisé Patrick (1978), Déviation Mortelle (1981) et Psychose 2 (1983), Richard Franklin compte également à son actif ce très bon thriller animalier, Link, qu'il a mis en scène en 1986 et qui reçut le Prix Spécial du Jury au festival d'Avoriaz en cette même année. Quand on parle de films de genre avec des singes, on pense de suite à King Kong bien sûr mais les primates sont apparus dans bons nombres d'autres films, dont certains qui les ont utilisé en taille normale qui plus est. On citera pour les plus connus de cette catégorie Shakma, Incidents de Parcours, Congo ou la récente trilogie de La Planète des Singes. Avec Link, Richard Franklin peut s'enorgueillir d'avoir réalisé l'un des meilleurs films de ce registre simiesque. Parmi les bons points, on peut déjà citer le casting humain : le docteur Phillip est joué par Terence Stamp (faut-il  le présenter ?) et Jane Chase par la ravissante Elisabeth Sue, celle dont tous les ados sont tombés amoureux après l'avoir vu dans le premier Karaté Kid en 1984 puis dans Retour vers le Futur 2 & 3. Cette charmante blondinette est donc la vedette féminine de Link et elle va avoir pour compagnon de jeu deux chimpanzés et surtout un étonnant orang-outan baptisé Locke et qui va donc interpréter ce fameux Link, dont le nom renvoi évidemment au chaînon manquant. Est-ce lui qui va être le lien entre l'Homme et le singe ? Avec ses expressions de visage, son comportement, sa réactivité et son jeu d'acteur (si, si !), Locke est absolument extraordinaire à l'écran et permet à Richard Franklin de mettre en place des scènes fortes, parfois troublantes (la séquence de du bain, assez malaisante), parfois amusantes (l'arrivé de Jane, accueillie par Link habillé en majordome) et souvent stressantes, notamment lors d'une longue séquence finale qui joue à fond la carte de la tension et de l'action. On ressent véritablement la puissance physique de l'animal, tout comme son intelligence et sa détermination. Connaissant chaque recoin de la demeure de son propriétaire, il n'est pas aisé d'échapper à Link et nul n'est réellement à l'abri de ses attaques. La caméra de Franklin est fluide, se met parfois en vue suggestive ou suit les acrobaties de Link avec une réelle virtuosité, nous plaçant au cœur de l'action et de la traque. Le suspense est bien dosé et si le début du film s'amusait avec ces drôles de protagonistes poilus, on n'a plus vraiment envie d'en adopter un une fois sa colère déclenchée. Si la montée de la tension se fait lentement, Franklin mettant tranquillement en place son histoire et préférant ponctuer son récit de petits événements nous faisant comprendre que quelque chose cloche, on ne s'ennuie jamais durant la vision de Link. Cette apparente lenteur sert en fait totalement le propos du film, nous permet de s'attacher aux singes et de faire rétrécir cette frontière entre l'Homme et l'animal. Malin le père Franklin.Le slogan sur l'affiche française du film clame "Malin comme un singe. Meurtrier comme un homme." Un slogan judicieusement choisit, qui correspond bien au film qu'on veut nous vendre. J'avais déjà beaucoup apprécié Link à l'époque de sa sortie, le revoir aujourd'hui, qui plus est dans une superbe édition proposant une image superbe, ne fait que corroborer mon avis : Link est et restera l'un des meilleurs films de singes tueurs ! A noter une très bonne partition musicale de Jerry Goldsmith, avec un thème qui reste en mémoire.

* Disponible en combo BR + UHD chez LE CHAT QUI FUME
Comme d'habitude, rien à dire sur cette édition. Image superbe, son DTS 2.0 en VF ou VOSTF. On notera la présence d'un module concernant des scènes coupées, de qualité SD, ainsi qu'une version longue de 125 minutes (au lieu des 108 minutes du montage français), qui réintègre lesdites scènes coupées au sein du film. Eric Peretti nous propose son analyse du film et on trouve un interview audio du réalisateur.  
Une édition qui est déjà SOLD-OUT !     


dimanche 5 décembre 2021

FOR THE SAKE OF VICIOUS

 

FOR THE SAKE OF VICIOUS
(For the Sake of Vicious)

Réalisateur : Gabriel Carrer, Reese Eveneshen
Année : 2020
Scénariste : Reese Eveneshen
Pays : Canada
Genre : Thriller, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Lora Burke, Nick Smyth, Colin Paradine, James Fler, T.J. Kenndy...


L'HISTOIRE : Après avoir bossé une moitié de la nuit d'Halloween, Romina, infirmière, rentre tranquillement chez elle. Elle est alors prise à partie par un homme qui semble la connaître et qui lui demande de venir soigner un homme. L'agresseur qui n'en est pas un s'appelle Chris, il est le père de Charlotte, une petite fille victime d'un viol que Romina a soigné 5 ans plus tôt. L'homme a soigné est considéré par Chris comme étant le violeur de sa fille. Ce dernier continue de nier et subit les accès de colère et de violence de Chris. Face à la situation, Romina tente de tempérer Chris et de laisser une chance au potentiel violeur, qui n'est autre que le propriétaire de Romina. La situation va empirer au cours de la nuit quand un gang de motards fait également irruption chez la jeune infirmière...

MON AVIS : Amateurs de home invasion ultra-violent, For the Sake of Vicious devrait vous satisfaire. On ne peut pas dire, en effet, que ce film du duo Gabriel Carrer / Reese Eveneshen n'est pas radical et riche en scènes de violence brut de décoffrage. Mais avant d'assister à ce déferlement d'agressivité, il faut déjà assister à la première partie du film qui, lui, lorgne plus vers le film de vengeance, à l'image de Big Bad Wolves ou Les 7 Jours du Talion entre autres. Ce qui n'empêche pas que les images proposées dans cette première partie de l'histoire d'être également assez crues. Si vous avez lu le résumé ci-dessus, vous avez compris qu'il s'agit de la vengeance du dénommé Chris (Nick Smyth) envers un homme, Alan (Colin Paradine), qui est soupçonné par le premier d'être le violeur de sa fille Charlotte. Un événement qui s'est déroulé il y a cinq ans déjà mais qui est toujours dans la mémoire du père revanchard. Comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs ? Il y a pourtant bien eu procès mais face au manque de preuve, Alan a été disculpé. Mais pour Chris, il n'y a pas à tergiverser : Alan est coupable. Le scénario reste assez flou sur certains actes de Chris, comme pourquoi a-t-il attendu cinq ans avant de passer à l'action et surtout, pourquoi a-t-il choisi d'agir dans la maison de l'infirmière qui s'était occupée de sa fille. Lui fallait-il un témoin pour justifier ses actes ? Des questions qui resteront sans réelles réponses, même si le personnage de Romina, notre infirmière, sert bien de tampon entre Chris et Alan. Les quarante premières minutes de For the Sake of Vicious nous interroge donc sur le fait de faire sa propre justice puisqu'on a des doutes quand à la véritable implication d'Alan dans le viol de la petite Charlotte, les preuves avancées par Chris semblant peu convaincantes. Ce qui n'empêche pas ce dernier de se montrer particulièrement violent envers Alan. Les choses vont encore évoluer avec l'arrivée d'un gang de motards et de personnages masqués, apparemment sous le contrôle d'un quatrième individu dont on ne saura pas grand chose non plus. Qui est-il ? Qui sont ces hommes masqués ? Quel est le rapport entre lui et Alan ? Tout autant de question qui resteront également sans réelles réponses, ce qui s'avère assez frustrant pour le spectateur. Reste que ce dernier va donc avoir droit à un vrai carnage à l'écran, Chris et Romina devant agir ensemble pour survivre à cet assaut d'une brutalité totale. Les deux réalisateurs ne lésinent pas sur les impacts de balles, de poings, de marteau, de barre de fer et les coups se montrent très réalistes et donc font assez mal. On serre les dents à plusieurs reprises, les chorégraphies étant parfaitement huilées et particulièrement frappantes. Certes, on se dit qu'à la place des protagonistes, il y a bien longtemps qu'on serait K.O. au sol face aux nombre de coups reçus. Mais bon, ça fait partie de la magie du cinéma, cette faculté des héros à encaisser plus que de raison. For the Sake of Vicious se montre radical, sans fioriture vis à vis de la violence visuelle. On aimerait aimé un scénario peut-être plus développé, avec plus de réponses aux questions posées par le film et ses divers personnages. Mais si vous voulez une bonne dose d'ultra-violence, comme dirait un certain Alex DeLarge, alors n'hésitez pas... 


mardi 30 novembre 2021

M.A.L. - MUTANT AQUATIQUE EN LIBERTÉ

 

M.A.L. - MUTANT AQUATIQUE EN LIBERTÉ
(Deepstar Six)

Réalisateur : Sean S. Cunningham
Année : 1989
Scénariste : Geof Miller
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction, film catastrophe
Interdiction : /
Avec : Greg Evigan, Nancy Everhard, Miguel Ferrer, Nia Peeples, Matt McCoy...


L'HISTOIRE : L'équipe d'une plate-forme sous-marine doit installer une centrale nucléaire au fond de l'océan. La phase de sondage du sol révèle la présence d'une grosse cavité sous le terrain où doit être installée la centrale. Le dynamitage de la cavité entraîne un incident et une partie de l'équipage doit aller sauver les dynamiteurs, coincés dans leur engin. Malheureusement pour eux, le dynamitage a également laissé sortir une créature aquatique cauchemardesque, qui, attirée par la lumière, va venir s'en prendre à la station et aux membres de l'équipe...

MON AVIS : Célèbre pour avoir réalisé en 1980 le premier Vendredi 13, qui connût un énorme succès en salles et en vidéo, Sean S. Cunningham n'a jamais développé sa carrière de réalisateur par la suite, puisque sa filmographie ne comporte que 16 entrées. Certes, il est également scénariste et producteur mais on aurait pu penser que le succès mondial du film précité allait lui donner des ailes et en faire un maître de l'horreur au cinéma. Ce n'est donc pas le cas. Néanmoins, on lui doit également une petite série B assez sympa, qu'il met en scène en 1989 et dont le but avoué est d'être un Alien-like sous-marin : M.A.L. - Mutant Aquatique en Liberté. Bon, disons-le de suite, on est très loin de la réussite du Alien de Ridley Scott évidemment. Reste un mélange divertissant de film catastrophe et de film de monstre, qui pourra néanmoins décevoir les spectateurs s'attendant à voir de nombreuses attaques de ladite créature. Car cette dernière met énormément de temps avant d'apparaître et même quand elle est là, ses apparitions restent disséminées dans la dernière partie du film. La grosse majorité de M.A.L. est en fait du domaine du film catastrophe dont l'action se situe en milieu aquatique. On a tous les éléments scénaristiques-clés de ce type de film, avec une explosion qui provoque un incident et met en péril la vie d'une partie de l'équipe, l'équipe restante qui va tenter d'aller secourir celle en danger et qui va évidemment se mettre elle aussi en danger, les tensions entre équipiers dues à la vie difficile en milieu clos, les pétages de plombs, l'oxygène qui diminue et donc, pour corser le tout, la présence d'un gros monstre pas gentil. Un huis clos sous-marin donc, avec, au casting, des acteurs bien en place, dont Miguel Ferrer ou la jolie Nia Peeples entre autres. Les prises de vues sous-marines sont assez réussies et les diverses maquettes des engins aquatiques font le job, tout comme les décors intérieurs, que ce soient ceux de l'intérieur de la station ou ceux des capsules de sauvetage. Dommage alors que le réalisateur est plus misé sur l'action et les péripéties plutôt que de jouer sur le suspense, le sentiment de claustrophobie et la peur représentée par la présence de son monstre, qu'il relègue donc au troisième plan. Bon, après, il faut dire que cette fameuse créature n'a pas vraiment un look passe-partout, vu sa taille, on se demande même comment elle a pu entrer dans la station par le sas !! Honnêtement, ça m'étonnerait bien qu'elle passe par ce trou entre nous mais bon, passons sur ce détail ! Parfois considéré comme un nanar, M.A.L. - Mutant Aquatique en Liberté ne mérite pas cette appellation pour ma part. Ce n'est pas non plus un grand film de genre, ça c'est sûr, mais ça fait gentiment le job.

   

HOLOCAUST 2000

 

HOLOCAUST 2000
(Holocaust 2000)

Réalisateur : Alberto de Martino
Année : 1977
Scénariste : Sergio Donati, Alberto De Martino, Michael Robson
Pays : Italie, Angleterre
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Kirk Douglas, Agostina Belli, Simon Ward, Anthony Quayle, Alexander Knox...


L'HISTOIRE : Londres, années 1970 – L'ingénieur américain Robert Caine projette de construire en Cisjordanie une centrale thermonucléaire dont l'énergie produite serait capable de nourrir une grande partie du tiers-monde. Malgré l'aide précieuse de son fils Angel, Caine voit son projet contesté par de nombreuses sommités. Mais, plus grave encore, les opposants les plus farouches à la construction de cette centrale meurent dans d'étranges circonstances. Avec le soutien d'une journaliste, Sara Golan, Caine réalise peu à peu que son invention pourrait conduire à la plus gigantesque catastrophe que le monde ait connu, semblable à l'apocalypse décrite dans le Nouveau Testament !

MON AVIS : Moins célèbre que ses homologues italiens, Alberto de Martino possède tout de même une filmographie intéressante, peuplée de péplums 60's, de polars, de films de guerre, de comédies et bien sûr de films fantastiques ou horrifiques. Ces deux œuvres les plus connues des fans sont L'Homme Puma (1980) et L'Antéchrist (1974), auxquels on pourra ajouter sans sourciller ce très sympathique Holocaust 2000, réalisé en 1977. Très clairement, Holocaust 2000 a pour objectif de surfer sur le succès de La Malédiction de Richard Donner, excellent film sortit l'année précédente, en 1976 donc. On y retrouve ce mélange entre réalisme et fantastique, utilisation de la religion de façon métaphorique, annonce de la venue de l'Antéchrist sur Terre et quelques morts violentes, qui peuvent toujours s'expliquer de manière rationnelle même si nous, spectateurs ayant une longueur d'avance sur les protagonistes du film, savons très bien à quoi s'en tenir. La petite originalité du film de de Martino est son aspect écologique puisque ici, on nous met en garde contre les avancées du progrès, contre les centrales thermonucléaires dont l'implantation détruit des sites splendides sans que la population locale puisse y trouver à redire. Dans Holocaust 2000, c'est donc Kirk Douglas lui-même qui est à la tête d'un gigantesque projet de centrale thermonucléaire et qui se voit diaboliser par les farouches défenseurs de la nature et de l'écologie. De manière métaphorique, la religion, et principalement le passage de l'Apocalypse de la Bible, vient donc s'immiscer dans le récit, avec de gros sabots certes, mais ça reste pas mal efficace. Une inscription IESUS sur le mur d'une grotte, le récit d'une bête à sept têtes sortant des mers pour venir détruire le monde mis en parallèle avec la centrale nucléaire qui possédera, comme par hasard sept turbines et j'en passe font rapidement comprendre au spectateurs de quoi il en retourne. Mais le Diable est très malin et avec l'aide des trois scénaristes, il arrive à déjouer nos pronostiques durant un temps mais si pas mal d'indices pouvaient nous faire deviner qui allait être le véritable antéchrist de l'histoire. Comme dit précédemment, les divers meurtres (dont une décapitation aux pales d'hélicoptère façon Dawn of the Dead bien bis  et gore !) nous sont toujours présentés de manière crédible, comme s'il s'agissait purement et simplement d'accidents dus à un défaut technique ou à une erreur humaine. Le personnage joué par Kirk Douglas, très rationnel, perd peu à peu les pédales et son cartésianisme est remis en cause continuellement par ces divers événements troublants. Il est assisté par son fils, Angel, joué par le blond Simon Ward, l'assistant de Peter Cushing dans le film de la Hammer Le retour de Frankenstein (1969). Toujours vêtu de blanc, contrairement à son père souvent habillé avec des vêtements sombres, Angel se voit attristé par le comportement et les défaillances de son père vieillissant. Heureusement, il trouvera de l'aide auprès d'une jolie journaliste dont son père s'est amouraché, et qui est interprétée par la sublime Agostina Belli, dont chaque apparition à l'écran nous met en émoi. Le scénario prend alors quelques petites influences dans Rosemary's Baby, puisque Agostina va tomber enceinte. L'antéchrist annoncé serait-il dans son ventre ? Mystère ! Avec l'ajout de la musique d'Ennio Morricone, avec son casting bien en place, avec sa naïveté souvent touchante, avec ses fulgurances très bis (Douglas qui courre nu sur la plage), avec ses petites touches sanglantes, Holocaust 2000 marque des points et s'avère un divertissement vraiment agréable à suivre, ce qui est étonnant en fait car le scénario est vraiment très nihiliste en fin de compte et ne ménage pas le pauvre Kirk Douglas qui ne sait plus à quel saint se vouer, perdant peu à peu tout ceux qui le soutenait dans son projet. A redécouvrir sans hésitation...

* Disponible en Blu-Ray chez -> LE CHAT QUI FUME <-

BONUS:
• L'Antéchrist nucléaire avec Alberto de Martino (16mn30)
• Holocaust 2020 avec Massimo Foschi (22 minutes)
• Fin alternative u montage américain (6 min)
• Film Annonce
• Inclus la musique du film en CD par Ennio Morricone



lundi 22 novembre 2021

SATOR


SATOR
(Sator)

Réalisateur : Jordan Graham
Année : 2019
Scénariste : Jordan Graham
Pays : Etats-Unis
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Gabriel Nicholson, Michael Daniel, Rachel Johnson, Aurora Lowe...


L'HISTOIRE : Vivant isolé dans une cabane perdue au milieu de la forêt, Adam tente de percer le mystère qui entoure sa famille, dont certains membres, comme sa grand-mère, croient à l'existence du Sator, une créature fantastique qui semble les traquer génération après génération pour en faire ses disciples...

MON AVIS : Parcours atypique pour Jordan Graham et son film Sator ! Sept années ont été nécessaire pour que le film puisse être montré au public ! Il faut dire que Jordan Graham a tout fait tout seul, que ce soit la réalisation, le scénario, l'éclairage, le montage, la post-production, le son, l'étalonnage et j'en passe, et qu'il ne maîtrisait pas tout ces aspects, qu'il a du apprendre sur le tas, ce qui explique ces sept longues années pour lesquelles il a été totalement dévoué à son oeuvre, mettant de côté sa vie, ses amis. Il faut dire que Sator est un projet on ne peut plus personnel pour le réalisateur puisque cette histoire de créature voulant faire des membres d'une même famille ses disciples est en grande partie inspirée de la vie de sa grand-mère, qui joue d'ailleurs l'un des rôles principaux du film et qui a accepté qu'une grande partie du tournage se déroule dans sa propre maison. Une grand-mère qui, un jour de 1968, a rapporté une planche de Ouija dont elle s'est servie pour invoquer une divinité du nom de Sator. Une séance qui a laissé des traces puisqu'elle s'est mise ensuite à entendre des voix dans sa tête et à être persuadé que le Sator existait, ce qui l'a conduit en hôpital psychiatrique. C'est en découvrant ce curieux passé de sa grand-mère que l'histoire du film s'est lentement mise en place. Très clairement, Sator ne plaira pas à la majorité. C'est avant tout un film très contemplatif, dans lequel il ne se passe pas grand chose, qui nous fait un peu penser au Projet Blair Witch de par son décor, son ambiance, son travail sur les sons et les silences. Visuellement, c'est à un travail d'orfèvre auquel on assiste, chaque plan étant savamment pensé, agencé, le réalisateur ayant également attendu que la lumière ou les conditions météorologiques soient celles qu'il voulait pour filmer ses images, vraiment superbes. On pense à Ari Aster d'un point de vue esthétique. Reste que le spectateur doit réellement s'impliquer et patienter, s'imprégner du mystère proposé et ne pas s'attendre à du spectaculaire s'il veut apprécier ce film qui nous questionne : le Sator existe-t-il vraiment ou est-ce un syndrome de démence mentale qui serait héréditaire au sein de cette famille ? Le film met en avant le personnage d'Adam, un rôle quasi muet pour l'acteur Gabriel Nicholson, qui va donc chercher à comprendre ce qu'est le Sator et pourquoi les membres de sa famille sont tellement affectés par cette soit-disant créature fantasmagorique. Le film alterne image en couleurs et format 16/9 avec des scènes en noir et blanc et format 4/3, nous indiquant qu'on est en présence de flash-back. L'ambiance se développe petit à petit, les scènes nocturnes provoquent quelques doux frissons de temps à autre, sans réellement se montrer terrifiantes. Le rythme est très lent, et je peux comprendre que la plupart ressentent de l'ennui car c'est vraiment du fantastique exigeant, sans jump-scares ou effets de mode, et qui reste difficile d'accès. On pourrait même parler de prétention tant la forme l'emporte sur le fond, tant l'histoire se révèle assez hermétique. J'avoue avoir apprécié l'aspect visuel du film, vraiment splendide, mais être resté sur ma faim au niveau de l'histoire en elle-même. On en vient même à se dire qu'un moyen-métrage aurait été plus satisfaisant. Bref, à réserver aux amateurs de film qui prenne leur temps, et qui mise sur l'ambiance au détriment d'une quelconque action. Un essai intrigant mais qui aura du mal à trouver son public. En tout cas, bravo à Jordan Graham pour son travail sur l'image et le son, deux points sur lesquels on ne peut qu'être positif.   


dimanche 21 novembre 2021

I LOVE SNUFF

 

I LOVE SNUFF
(I Love Snuff)

Réalisateur : Jean-Louis Costes, Yves Pierog
Année : 1996
Scénariste : Jean-Louis Costes, Yves Pierog
Pays : France
Genre : Trash, Extrême, Porno
Interdiction : -18 ans
Avec : Jean-Louis Costes, Rose, Pascal Keller, Anne Van Der Linden...


L'HISTOIRE : Ne parvenant plus à bander, le branleur impuissant a une violente dispute avec Rose, sa fiancée. Dans l'appartement d'en face, une maîtresse SM et son esclave croulent sous les factures. Ce dernier a alors l'idée de kidnapper Rose, de la torturer et d'envoyer les vidéos à son fiancé pour que celui-ci paye une rançon. Mais devant le spectacle des violences subies par Rose, la réaction du fiancé n'est pas celle escomptée...

MON AVIS : Personnalité et performer le plus connu des fans d'underground et de spectacle déviant en France, Jean-Louis Costes, célèbre pour ses spectacles scatophiles à ne pas mettre devant tous les yeux décide de réaliser un moyen-métrage en 1996, sous le titre de I Love Snuff. 51 minutes d'excès en tout genre, filmés sans trucage aucun, et qui vous plonge dans l'univers décadent et abjecte de Costes. Le réalisateur, acteur, compositeur, scénariste et j'en passe a réuni quelques amis à lui et va donc se mettre en scène avec eux au sein de ce scénario amusant qui voit donc un homme avec des problèmes d'érection être guéri lorsqu'il regarde des vidéos de sa fiancée se faire malmener sexuellement et violemment par ses ravisseurs. Au lieu de payer la rançon pour la sauver des griffes de ses tortionnaires, l'homme préfère attendre, afin de recevoir de nouvelles VHS et ainsi retrouver la raideur et la dureté de son sexe ! Trash et décomplexé non ? Le résultat à l'écran n'est pas en reste puisque Costes, véritable punk n'ayant aucune limite, aucun tabou, va offrir à son public tout ce que ces derniers attendent de lui : scènes pornos filmées en gros plan, sodomie masculine avec des godes ou un concombre, urologie, fist, défécation et humiliation. Un spectacle grossier, très amateur, avec une vraie maîtresse SM (la charmante Anne Van Der Linden surnommé Anzagoth) et bien sûr Jean-Louis Costes qui donne de sa personne, fidèle à lui-même. Maintenant, outre les excès présentés ici, et une certaine dose d'humour, j'avoue que je ne suis clairement pas fan de ce type de performance underground et que tout ça me paraît bien vain au final. Certes, on ne peut nier la totale liberté artistique de Costes, qui fait ce qui lui plaît, sans aucune contrainte. I Love Snuff a-t-il un autre but que celui de choquer son auditoire ? Je ne pense pas mais je me trompe peut-être. La partie snuff nous rappelle des titres comme August Underground Mordum, avec une qualité d'image similaire et une violence moins explicite tout de même, si ce n'est un gavage à la moutarde, une utilisation de pince-à-linge sur des tétons ou de l'huile de friture déversée sur un corps. La réalisation se contente du minimum syndicale, l'acting est à l'avenant. On est dans le micro-budget bien sûr, dans la production Do It Yourself amateur, française qui plus est. Que retenir donc de I Love Snuff ? C'est à voir une fois, pour pouvoir vous situer par rapport à ce type de performance. Les âmes sensibles ou chastes ne trouveront rien de positif dans ce moyen-métrage, les amateurs d’œuvres sans concession y trouveront sûrement leur compte. Pour ma part, je l'ai vu, je n'y reviendrai sûrement jamais car ce n'est pas du tout ma tasse de thé. Mais on ne peut remettre en cause son identité, son refus du politiquement correct et son existence même.

* Disponible en DVD chez -> TETRO VIDEO <-   

HITMAN & BODYGUARD 2

 

HITMAN & BODYGUARD 2
(Hitman Wife's Bodyguard)

Réalisateur : Patrick Hughes
Année : 2021
Scénariste : Phillip Murphy, Brandon Murphy
Pays : Etats-Unis, Angleterre
Genre : Comédie, Action
Interdiction : /
Avec : Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson, Salma Hayek, Antonio Banderas...


L'HISTOIRE : Après tout ce qu’il a vécu de difficile, Michael Bryce, l’ancien garde du corps déchu, avait bien besoin d’une pause. C’est ainsi qu’il se retrouve en séjour thérapeutique sur la côte italienne, avec pour instruction de se tenir éloigné de toute violence et de n’approcher aucune arme. C’était compter sans Darius Kincaid, le tueur à gages qui a dynamité sa vie, et Sonia, sa délicieuse épouse lourdement armée, qui vont l’entraîner dans un nouveau plan foireux peuplé de mafieux, de tueurs, d’explosions, de bagarres et de complots, avec en prime un redoutable virus informatique et un milliardaire ivre de vengeance...

MON AVIS : Je n'ai pas vu le premier Hitman & Bodyguard, réalisé en 2017 par le même réalisateur, Patrick Hughes. Un film qui jouait dans la cour des buddy movie, ces fameuses comédie d'action où deux personnes radicalement différentes dans leur tempérament et comportement vont devoir s'associer pour vivre des aventures périlleuses. Dans ce premier volet, c'est donc le garde du corps Michael Bryce, interprété par Ryan Reynolds, qui devait faire équipe avec Darius Kincaïd, un tueur à gages joué par Samuel L. Jackson. Le personnage de Sonia, joué par la volcanique Salma Hayek était également présente au casting mais dans un petit rôle apparemment. Pour ce second volet, Patrick Hughes a décidé de faire de son duo de choc un vrai trio en accordant un rôle nettement plus conséquent à Salma Hayek, qui devient le troisième personnage principal de ce Hitman & Bodyguard 2, dont le titre original, Hitman Wife's Bodyguard, nous mettait déjà la puce à l'oreille. On retrouve donc un Ryan Reynolds usé de son aventure précédente, qui se voit obligé par sa psychanalyste de prendre un congé sabbatique pour se ressourcer, loin de toute violence ou arme à feu. Si son séjour débute bien, un grain de sable du nom de Sonia Kincaïd va vite gripper la machine, lors d'une séquence fort drôle et qui ne laisse aucun doute sur ce qui va suivre : ça va envoyer du lourd niveau action ! Le scénario mélange l'histoire d'un dangereux virus informatique ayant le pouvoir de détruire toute l'Europe et détenu par un Grec, joué par un Antonio Banderas savoureux dans ce rôle, qui veut réaffirmer la suprématie de son pays et la mission de sauvetage de Darius Kincaïd entreprise par sa femme Sonia, qui a besoin des talents de Michael Bryce pour la réussir. Bien sûr, les deux sous-intrigues vont finir par se télescoper pour ne former plus qu'une histoire, riche en action donc ! La première heure est un festival d'explosions, de gunfights en tout genre, de courses-poursuites, de cascades en veux-tu, en voilà, le tout sur un rythme endiablé qui ne laisse pas le temps au spectateur de souffler, et ponctué d'un humeur qui fait mouche et de dialogues assez trash et grossiers. Les situations proposées sont abracadabrantesques, parfois peu réalistes, mais dans ce type de films, on s'en fout clairement tant c'est l'aspect divertissement total qui prime. On passe donc un bon moment avec ce trio hautement dynamique, au verbe fleuri (j'ai arrêté de comptabiliser les FUCK dans la version originale !) et à la gâchette facile. Le film s'autorise même quelques petits effets sanglants bien sympathiques lors des impacts de balles. On prend également plaisir à voir Morgan Freeman dans un rôle qui laisse Darius Kincaïd lui-même sans voix, je ne vous gâche pas la surprise ! Idéal pour se divertir avec une journée de dur labeur !

* Disponible en DVD et BR chez -> METROPOLITAN VIDEO <-    


    

jeudi 18 novembre 2021

GRAN TORINO

 

GRAN TORINO
(Gran Torino)

Réalisateur : Clint Eastwood
Année : 2008
Scénariste : Nick Schenk
Pays : Etats-Unis, Allemagne
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Christopher Carley, Doua Moua...


L'HISTOIRE : Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le voeu qu'il aille à confesse, mais Walt n'a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu'à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l'usage. Ses anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains "qui croient faire la loi", de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino. Walt tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que le jour où il la vit sortir de la chaîne. Lorsque le jeune et timide Thao tente de la lui voler sous la pression d'un gang, Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des "travaux d'intérêt général" au profit du voisinage. C'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie. Grâce à Thao et sa gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence... comme lui, qui croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu'il enfermait au garage sa précieuse Gran Torino...

MON AVIS : Trente-cinquième film du géant Clint Eastwood en tant que réalisateur et soixante-huitième en tant qu'acteur. Avec Gran Torino, Eastwood nous livre une sorte de mélange entre L'Inspecteur Harry et Sur la Route de Madison. Un grand écart qui prend en compte une bonne partie de sa filmographie et qui témoigne du temps qui passe. Car Eastwood vieillit, il le sait, on le voit. Le personnage qu'il interprète dans Gran Torino est à ce titre parfaitement emblématique de cet état de fait. Walt Kowalski pourrait très bien être un Harry Calahan à la retraite, qui assiste, quasiment impuissant, à la transformation de l'Amérique qu'il a connu. Certes, l'Amérique n'a jamais été une terre de Bisounours, il y a toujours eu de la délinquance, des crimes, des incivilités. Mais la délinquance a pris un nouveau visage, avec le phénomène des gangs de plus en plus brutaux qui gangrènent les quartiers et  pourrissent la vie des citoyens. A première vue, on pourrait penser que Gran Torino est une oeuvre raciste, qui ne s’embarrasse pas de nuancer son propos et s'en prend ouvertement aux immigrés asiatiques ou d'autres pays, via le langage on ne peut plus fleurit de son personnage principal, ex-militaire de la guerre de Corée, qui ne comprend pas comment une telle invasion a pu avoir lieu dans son pays. Son épouse vient de mourir, ses anciens amis ont déménagé ou sont également morts et le nouveau voisinage à un goût qui ne lui plait guère. Un personnage brut de décoffrage, qui n'est plus à sa place dans cette époque nouvelle et incertaine. Et pourtant. Il va voir ses préjugés raciaux être profondément remis en cause grâce à ses nouveaux voisins, une famille asiatique dont fait partie le jeune Thao ainsi que sa sœur aînée Sue, deux résidus de rizière comme il les appelle, qui vont s'apprivoiser et finir par s'apprécier, bien plus qu'il n’aurait pu l'imaginer. Car il va découvrir que les immigrés veulent également fuir la violence et vivre paisiblement dans le paysage. Avec une grande intelligence et une retenue toute en subtilité, Gran Torino ne fait pas de Clint Eastwood un archétype du justicier dans la ville. A son âge, ça aurait été un peu ridicule. Le film est bien plus intelligent que ça, joue brillamment  avec l'humour et l'émotion, et utilise son scénario, assez simpliste en fait, pour magnifier son sujet et offrir à Eastwood l'un de ses plus beaux rôles. Du grand cinéma.



      

VIOLATION

 

VIOLATION
(Violation)

Réalisateur : Dusty Mancinelli, Madeleine Sims-Fewer
Année : 2018
Scénariste : Dusty Mancinelli, Madeleine Sims-Fewer
Pays : Canada
Genre : Drame, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Madeleine Sims-Fewer, Anna Maguire, Jesse LaVercombe, Obi Abili...


L'HISTOIRE : Psychologiquement fragile, Miriam vit une relation compliquée avec son mari Caleb. Le couple se rend chez la soeur de Miriam, qu'elle n'a pas vu depuis des années, et qui vit dans une belle maison avec son mari Dylan au beau milieu de la nature. Malgré des tensions palpables, le week-end se déroule tranquillement. Restée avec Dylan au coin du feu, Miriam se sent attirée par le mari de sa sœur et réciproquement. Durant la nuit, Dylan ne résiste pas à ses pulsions sexuelles, ce qui va entraîner une fracture mentale chez Miriam, qui va plonger dans une extrême violence...

MON AVIS : Pour leur premier long métrage en tant que réalisateur, Dusty Mancinelli et l'actrice Madeleine Sims-Fewer ont choisi la thématique du rape & revenge, mais en essayant de proposer une vision différente des classiques du genre, et en optant pour une approche plus auteurisante que tournée vers le pur film d'exploitation graveleux façon 70's. Un parti-pris qui se respecte, certes, mais qui, pour ma part en tout cas, alourdi terriblement l'impact du film, et le rend assez ennuyeux la plupart du temps. Construit de manière non-linéaire, avec de nombreux retours en arrière, blindé de dialogues pompeux qui ralentissent un rythme déjà pas bien enlevé et qui s'avèrent souvent superflus et non font guère progresser l'intrigue, Violation a bien du mal à séduire et ses quelques excès s'avèrent de mon point de vue plutôt vain. De drame familial (les deux sœurs ne peuvent pas vraiment se blairer) à l'étude de mœurs (le couple Miriam / Caleb au bord de la rupture), le film met en place les quatre protagonistes de manière assez ambiguë, avec des tensions sexuelles, des sous-entendus, des non-dits, principalement entre Miriam et Dylan, qui vont le faire basculer dans le film de vengeance. Là où les deux réalisateurs ont voulu s'éloigner des clichés, des codes du rape & revenge classique, c'est justement dans la caractérisation de l'acte du viol, qui est censé être la scène la plus dure du film pour l'héroïne, afin de nous la faire prendre en empathie et de nous rallier à sa quête vengeresse. Le problème dans Violation, c'est que cette scène est précédée par un rapprochement entre la future violée et son futur violeur. Pire que tout, c'est même Miriam qui déclenche les hostilités en embrassant Dylan la première. Bien sûr, le fait qu'il profite que Miriam soit endormie pour la pénétrer est répréhensible mais il y a un flou assez gênant au niveau de cette séquence, la jeune femme se réveillant et ne repoussant pas vraiment son agresseur. De plus, le fait qu'elle soit un peu fragile psychologiquement vient augmenter notre sensation que ce viol reste presque "consenti", ce qui crée une sensation de malaise auprès du public. Bien souvent dans le rape & revenge, le viol s'accompagne de violences physiques et verbales, de coups portés à l'agressée. Ici, rien de tout ça. Dylan se montre même tendre, agit sans aucune animosité ni violence envers Miriam, pour qui il ressent de vrais sentiments. On se retrouve donc avec une partie rape assez étrange, déstabilisante même car on en vient presque à se dire que la vengeance de Miriam sur Dylan est totalement disproportionnée, tant on a un doute sur les réelles intentions de la jeune femme et si elle n'a pas cherché à faire tomber Dylan dans ses filets par rivalité envers sa sœur, qu'elle semble jalouser comme on pourrait le supposer avec certains dialogues entre les deux jeunes femmes. Curieuse impression donc, voulue par les réalisateurs d'ailleurs ("Nous voulions explorer cette idée de traumatisme et d'agression sexuelle d'un point de vue différent. Souvent, vous voyez cette attaque violente, ou ce viol violent, avec une femme tenue au sol et le visage dans la boue. Nous voulions en fait explorer ce que c'est que lorsque l'autre personne ne réalise pas ou est tellement emportée en ce moment que c'est presque tendre et affectueux et que cela peut être tout aussi traumatisant d'une manière différente") qui s'accentuera avec la partie revenge, qui, elle, semble donc trop extrême et propose des images qui semble être là uniquement pour choquer, avec de la nudité frontale masculine et une mise à mort qui verse dans le cinéma horrifique. Mais tout ça sonne faux, je ne sais pas, je n'ai pas été convaincu outre mesure. C'est quand même chiant que dans ce type de films, on en viendrait presque à plaindre le violeur pour une fois alors que logiquement, on veut qu'il souffre le plus possible. D'après Dusty Mancinelli et Madeleine Sims-Fewer (qui interprète Miriam à l'écran), "Violation est une sorte de film anti-vengeance. La plupart des films de vengeance ont ce genre de moment cathartique où le public encourage en quelque sorte le protagoniste alors qu'il réussit à se venger et cela conduit à cette libération émotionnelle. Pour nous, nous étions plus intéressés par la façon dont un fait horrible peut vraiment défaire et éroder votre moralité. Ce film agit de manière à vous faire peur de vouloir vous venger". Comme déjà dit, je n'ai pas été embarqué par ce film, ni par l'histoire, je me suis plutôt ennuyé et je n'ai pas ressenti de réel malaise, tout comme la brutalité de certains séquences ne m'a pas impacté car je n'étais pas à fond dans le film. Reste donc une oeuvre à découvrir pour vous faire votre propre avis, qui divisera le public à coup sûr, mais qui aura sûrement autant de fans que de détracteurs. Je suis peut-être passé à côté du film. 

mercredi 17 novembre 2021

THE POOL

 

THE POOL
(The Pool)

Réalisateur : Ping Lumpraploeng
Année : 2018
Scénariste : Ping Lumpraploeng
Pays : Thaïlande
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Theeradej Wongpuapan, Ratnamon Ratchiratham...


L'HISTOIRE : Après le tournage d'un film publicitaire dans une piscine, Day, un technicien, reste sur le plateau pour profiter de la baignade. Il s'endort en oubliant que la piscine est en train d'être vidée. A son réveil, le niveau de l'eau a déjà trop descendu pour qu'il puisse remonter au bord et l'absence d'échelle complique l'affaire. Pire que tout, un crocodile femelle débarque par inadvertance et vient s'immiscer dans l'eau. La situation devient encore plus critique quand Koy, la fiancée de Day, se cogne la tête au plongeoir alors qu'elle voulait lui faire une surprise. Day et Koy, inconsciente, vont devoir survivre à cette situation dramatique ainsi qu'au assaut du crocodile...

MON AVIS : Les crocodiles movies ont toujours eu le vent en poupe et reviennent fréquemment assaillir les spectateurs. On pense bien sûr à la franchise Lake Placid ou au récent Crawl entre autres. En 2018, le réalisateur thaïlandais Ping Lumpraploeng se prend au jeu et place ce monstrueux reptile au fond d'une piscine vide, uniquement occupée par deux humains à chair tendre, dans The Pool, qui a bénéficié d'une diffusion dans divers festivals ainsi que sur la chaîne Shadowz. Il a même eu droit à une édition sur support numérique via cette dernière. Honnêtement, le réalisateur, qui est aussi le scénariste du film, est un véritable enfoiré ! Entendez par là qu'il ne se montre guère tendre avec son héros, interprété par Theeradej Wongpuapan, qu'il place dans des situations inextricables et qu'il accable de tous les maux ! Le film pourrait s'appeler Spirale infernale tant les événements s’enchaînent, telle une symphonie de la défaite qui semble sans fin pour notre protagoniste principal. C'est bien simple, à chaque fois q'une lueur d'espoir semble s'allumer, hop, un événement vient assombrir cette lueur d'espoir et replonge le héros dans le drame. Cette accumulation du mauvais sort en deviendrait presque surréaliste, on en arrive à se dire "bah purée, quand ça veut pas, ça veut pas !", tant l'histoire s'acharne à faire perdre toute notion d'espoir au pauvre Day, qui, en plus de devoir gérer sa fiancée inconsciente et notre crocodile, doit également gérer son propre développement personnel, son propre parcours initiatique. Avec une unité de lieu quasi unique, deux personnages principaux et un crocodile, on se dit qu'il n'est pas évident de maintenir l'intérêt du public durant 84 minutes. Néanmoins, le choix justement de Ping Lumpraploeng d'accumuler les mauvaises surprises et les retours de médaille vis à vis de son héros permet de réussir la plupart du temps cette mission périlleuse. Il y a en effet suffisamment de retournements de situation pour qu'on ne s'ennuie pas et la gestion de l'espace et du décor y est pour beaucoup. La modélisation du crocodile est également réussie et notre monstre aux longues dents a un comportement assez crédible je trouve, n'étant pas une machine à tuer agissant tel un robot mais s'accordant des pauses pour dormir, ne devenant vraiment agressif que lorsque la faim le tenaille ou que le héros vient le titiller. Certaines séquences font preuve d'un bon équilibre entre tension et action, le suspense est bien présent, ça manque peut-être d'un peu plus de frisson pour ma part mais dans l'ensemble, The Pool est dans la bonne moyenne du genre et devrait satisfaire les amateurs de film d'attaques animales. Certaines situations peuvent paraître moins crédibles que d'autres, notamment vers la fin, qui tire un peu dans l'exagération tout en restant sur la corde raide. Série B de qualité, The Pool est une bonne surprise dans le paysage du crocodile movie, qui possède également un léger ton humoristique qui fonctionne bien, à l'image du nom du chien du héros par exemple, vous comprendrez un regardant le film...