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AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




mercredi 23 février 2022

EVIL DEAD TRAP 2


EVIL DEAD TRAP 2
(Shiryô no wana 2: Hideki)

Réalisateur : Izô Hashimoto
Année : 1992
Scénariste :Izô Hashimoto, Chiaki Konaka
Pays : Japon
Genre : Drame, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Shoko Nakajima, Rie Kondoh, Shirô Sano,Kazue Tsunogae...


L'HISTOIRE : Aki est une jeune femme qui travaille en tant que projectionniste dans un cinéma. Souffrant d'obésité, elle s'enferme dans la solitude et a fréquemment des visions d'un petit garçon. Sa seule amie, Emi Kageyama, une journaliste qui enquête sur une série de crimes endeuillant la région, lui présente Kurahashi, son nouveau boyfriend. Ce dernier, qui est déjà marié, va tomber sous le charme d'Aki. Mais celle-ci cache un secret qui la fragilise psychologiquement...

MON AVIS : Suite au succès d'Evil Dead Trap en 1988, les producteurs demandent au réalisateur Toshiharu Ikeda de tourner une suite à son film. Un début de scénario reprenant des éléments du premier film est rédigé mais Ikeda quitte le projet. Un contretemps qui laisse la place à Izô Hashimoto derrière la caméra. Ce dernier est principalement connu en France pour avoir écrit le scénario de la version animé d'Akira en 1988. La première mouture du scénario est mise de côté et tout est repris par Izô Hashimoto et Chiaki Konaka, qui accoucheront d'une histoire radicalement différente et qui risque de déstabiliser les amateurs du premier film, tant ce N°2 porte mal ce numéro. Il faut vraiment prendre Evil Dead Trap 2 comme étant un film à part et qui n'entretient aucun lien avec le premier pour pleinement l'apprécier. Si Evil Dead Trap versait dans le giallo italien, le slasher US et l'horreur nippone, Evil Dead Trap 2 serait plutôt à voir comme un drame qui va bifurquer dans l'horreur. Le personnage d'Aki, superbement interprété par Shoko Nakajima, est l'élément central du récit. Une jeune femme un brin obèse, vivant dans la solitude de sa salle de projection, n'entretenant que peu de rapport avec les autres. Timide, sexuellement frustrée, ayant besoin d'un peu d'amour et de compassion, elle a vécu un terrible événement qui l'a fragilisé psychologiquement. Le monde triste et morne d'Aki plonge le film dans une atmosphère de décrépitude et de tristesse. Un monde dans lequel évolue un tueur en série qui s'en prend à de jeunes victimes en les éviscérant. Il ne faudra pas bien longtemps pour qu'on découvre qui est ce fameux tueur et cela augmente encore le côté malsain du film. La relation ambiguë qui se noue entre Aki, son amie Emi et Kurahashi, l'amant de cette dernière, participera également à renforcer l'aspect glauque et pessimiste d'Evil Dead Trap 2. Certaines séquences un peu scabreuses, comme celle dans laquelle Aki se donne à des hommes dans la rue, mettent mal à l'aise. Le spectateur se questionne quant à lui pour savoir ce que veulent dire les visions qu'a Aki d'un petit garçon qui s’appellerait Hideki : est-ce un fantôme ? Une matérialisation de quelque chose de refoulé, de plus profond ? Le récit nous égare un peu, semble prendre une certaine direction pour mieux la contourner par la suite, si bien qu'on ne sait plus trop sur quel pied danser. On assiste à quelques flashs horrifiques lors de la mise en lumière des victimes du tueur en série mais la première heure ne verse vraiment pas dans le film d'horreur lambda et s'apparente, comme déjà dit, à un drame de la vie version CATIII, avec un peu de sang, de l'érotisme malaisant et des séquences un peu trash. Quand on commence à avoir des explications sur les tenants et aboutissants du récit, il ne reste qu'une vingtaine de minutes avant que le générique de fin ne débute. Si jusqu'ici, le rythme du film se montrait assez lent et posé, il va alors s’accélérer d'un coup d'un seul lors de ces vingt dernières minutes, devenant proprement hystérique. Vingt minutes qui versent cette fois dans une horreur visuelle totalement foutraque et gore, proposant au public un vrai bain de sang, qu'on pense même purement gratuit. Ce n'est qu'une fois terminé qu'Evil Dead Trap 2 nous happe le cerveau et nous fait réflechir à ce qu'on vient de voir, pour essayer de donner un sens à tout ça. Et si tout le film n'était qu'une perception de l'esprit dérangé d'Aki ? Le drame qu'elle a vécu est à l'origine de l'effondrement de sa santé mentale et il est fort possible que tout ce qu'on voit, que ce soit la relation entre Emi et Kurahashi, voire même les tentatives de dragues de ce dernier vers Aki, ne soit que des images issues de l'imagination torturée de celle-ci. Kurahashi la désire-t-il vraiment ou bien est-ce le fantasme d'Aki qui prend forme et qui lui fait croire qu'il est intéressé par elle ? Autant de questions qui méritent une seconde vision tant le film de Izô Hashimoto est bardé de métaphores. Déconcertant, Evil Dead Trap 2 l'est assurément. La mise en scène, la photographie sont très travaillées et apportent même une petite touche poétique à l'ensemble. Le film fourmille d'idées qui doivent être décryptées pour leur donner un sens. Et la fulgurance horrifique des vingt dernières minutes saura être apprécier à sa juste valeur par les fans de violence graphique. Tout comme le premier film, Evil Dead Trap 2 est une expérience à part.

* Dispo en BR chez -> LE CHAT QUI FUME <-  



EGŌ

 

EGŌ
(Pahanhautoja)

Réalisateur : Hanna Bergholm
Année : 2022
Scénariste :Ilja Rautsi
Pays : Finlande, Suède
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Siiri Solalinna, Sophia Heikkilä, Jani Volanen, Reino Nordin, Oiva Ollila...


L'HISTOIRE : Tinja, 12 ans, vit dans une belle maison en compagnie de son père, de son petit frère Matias et de sa mère. Cette dernière est bloggeuse et présente sur les réseaux sociaux sa famille comme ayant une vie parfaite, en postant de nombreuses vidéos. En réalité, c'est une femme très exigeante, qui veut faire de Tinja une gymnaste accomplie. La jeune adolescente tente de faire de son mieux pour plaire à sa mère. Après un incident domestique, Tinja découvre dans les bois avoisinant un étrange œuf. Elle le rapporte dans sa chambre, le couve et en prend grand soin. La créature qui va éclore de cet œuf va bouleverser sa vie...

MON AVIS : Première réalisation de Hanna Bergholm, Egō est un film finlandais, dont le titre original, Pahanhautoja, veut dire "éclosion". Un premier film salué par la critique et par les jurys des divers festivals dans lesquels il a été montré, raflant par exemple le Grand Prix et le prix du jury jeunes lors du 29ème festival de Gérardmer. Une oeuvre originale, bien éloignée des films un peu formaté qu'on nous propose à longueur d'années. Jouant savamment avec la métaphore, Egō nous propose de suivre la vie de la jeune Tinja, une ado de 12 ans qui semble vivre dans une famille parfaite et dans un cadre de vie idéale. Une vie constamment filmée par sa mère, qui met sur les réseaux sociaux lesdites vidéos pour son activité de bloggeuse. Bien sûr, la perfection n'existe pas et ce beau verni brillant va commencer à s'effriter et à se briser avec le passage de l'enfance à l'adolescence de Tinja. Certes, cette thématique n'est pas nouvelle dans le cinéma fantastique, on pense entre autres à Ginger Snaps qui utilisait la figure du loup-garou pour symboliser cette transition douloureuse chez un enfant ou au plus récent Grave, qui, lui, utilisait la symbolique du cannibalisme. Dans Egō, ce sera... un œuf ! Cet objet, anodin de prime abord, va donc devenir l'élément central de l'histoire, concentrant toutes  les pulsions refoulées, tous les non-dits, toutes les questions existentielles de Tinja. Il faut dire que la jeune fille a de quoi être instable psychologiquement : derrière son beau sourire enjôleur, sa mère est un véritable tyran, qui veut transférer sa carrière ratée de patineuse sur sa fille en la faisant devenir une gymnaste de haut niveau, sans se soucier de son avis, lui imposant un régime drastique et un entraînement qui l'est tout autant ; son petit frère Matias est un teigne qui veut s'accaparer toute l'attention de ses parents ; quant à son père, il est tel un fantôme dans cette maison, subissant la force de caractère de sa femme et n'accordant que très peu de temps à Tinja. On le voit, la vie rêvée de Tinja n'est qu'une simple façade et la jeune adolescente ressent un réel manque d'amour et d'affection. Trouver cet œuf étrange va changer son comportement : en le couvant et en le protégeant comme elle le fait, elle prend le rôle d'une mère qui aime son futur enfant à naître. La créature qui va en éclore, elle aussi d'apparence bien curieuse mais pas tant que ça au final, puisque conditionnée par un incident domestique récent qui a beaucoup perturbé Tinja, va nouer une relation psychique avec sa nouvelle "maman", ressentant les frustrations de cette dernière, qui se voit grandir bien trop vite suite à quelques découvertes sur sa mère qui la fragilise encore plus. Une créature qui incarne aussi le fameux "monstre du placard" de notre enfance, symbolise également les problèmes d'anorexie dont sont malheureusement victimes bon nombres d'adolescentes, mais qui va prendre une autre tournure au fur et à mesure de l'avancée des événements, devenant "le monstre intérieur qui sommeille en chacun de nous". Je vous laisse la surprise bien sûr, mais l'ombre de la saga des Body Snatchers devrait résonner à vos esprits et cette déviation apporte encore plus d'intérêt à Egō. Si l'histoire est solide et particulièrement intrigante, la mise en scène d'Hanna Bergholm est elle aussi très maîtrisée, réussissant à faire naître une tension palpable lors de certaines séquences jouant sur le suspense. L'interprétation est aussi à mettre en avant, et notamment le jeu de la jeune actrice Siiri Solalinna, une petite révélation tant elle se montre à l'aise face à la caméra et parvient à donner une vraie profondeur à son personnage, pouvant changer d'émotion en une seconde. Une belle performance à saluer et qui tire littéralement le film vers le haut. Les amateurs d'animatronique apprécieront de voir la créature à son premier stade réalisée de la sorte, avant que des effets-spéciaux plus modernes ne viennent s'insérer dans le film. Attention, malgré la présence de cette créature, il ne faut pas considérer Egō comme un film de monstre lambda. C'est une oeuvre plus profonde, plus mature, qui bénéficie d'un rythme souvent posé et ne se contente pas d'enchaîner des scènes chocs. Egō a une histoire à raconter avant tout et ne se fourvoie jamais dans le spectaculaire en tant que tel. Du fantastique raffiné qui plaira aux amateurs de cinéma insolite.

* Disponible dès le 27 avril en Blu-Ray, DVD et VOD





 

mardi 22 février 2022

MORT OU VIF


MORT OU VIF
(The Quick and the Dead)

Réalisateur : Sam Raimi
Année : 1995
Scénariste : Simon Moore
Pays : Etats-Unis, Japon
Genre : Western
Interdiction : /
Avec : Sharon Stone, Gene Hackman, Leonardo DiCaprio, Russell Crowe...


L'HISTOIRE : Chaque année, dans la petite ville de Rédemption, Herod, le tyrannique maître des lieux, organise un grand tournoi de duels de pistoleros, avec, à la clé, une forte somme d'argent à gagner. Parmi les inscrits de ce nouveau tournoi se trouvent Kid, son propre fils, ainsi que Cort, son ancien homme de main virtuose du tir au pistolet. Toujours invaincu, Herod va également voir une nouvelle venue, Ellen, faire partie des participants...

MON AVIS : Quel brillant exercice de style virtuose nous propose Sam Raimi avec ce western atypique ! Le réalisateur nous avait déjà fait part de son sens de la mise en scène et de son habileté à manier une caméra dès son premier film, le culte Evil Dead en 1981, avant de passer à la vitesse supérieure avec Mort sur le Gril en 1985 puis Evil Dead 2 en 1987. S'ensuivra Darkman et L'Armée des Ténèbres en 1990 et 1992. C'est suite à la vision de ce dernier que l'actrice Sharon Stone, devenue une star grâce au succès de Basic Instinct, décide d'imposer Sam Raimi en tant que réalisateur de Mort ou Vif, film qu'elle co-produira, ce qui lui donne l'option d'être présente dans les choix du casting. C'est également elle qui impose à la production les acteurs Russell Crowe et le jeune Leonardo DiCaprio. Des choix payants pour deux futures stars qui prendront un bel envol dans leur carrière respective après ce film, malgré un accueil plus que mitigé à l'époque de sa sortie. Incompréhensible d'ailleurs tant Mort ou Vif est un objet cinématographique jubilatoire, maîtrisé de bout en bout et qui possède un casting de dingue : outre Sharon Stone, Russell Crowe et Leonardo DiCaprio déjà cités, on trouve également : Gene Hackman, Tobin Bell, Lance Henriksen, Woody Strode ou Pat Hingle entre autres, excusez du peu ! Tout ce petit monde va donc se retrouver dans les beaux décors de la petite ville de Redemption, à l'heure du festival de duel de pistolero annuel, orchestré par le maître tyrannique de la ville, Herod, interprété par un Gene Hackman impérial et détestable. Durant 98 minutes, Sam Raimi va donc nous offrir de nombreux duels qu'il parvient à rendre tous aussi intéressants les uns que les autres de par sa mise en scène justement, qui évite la redite et propose des chorégraphies toutes différentes et nous offre une galerie de personnages haut en couleur, avec bien sûr tous les éléments typique du western, qu'il soit américain ou italien. Les influences de Sergio Leone se ressentent, il en va de même pour le pourquoi de la présence du personnage joué par Sharon Stone, qui ne sera pas sans nous rappeler Il était une fois dans l'Ouest. Sharon Stone en ange de la vengeance est parfaite dans ce rôle qui emprunte aussi à l'homme sans nom popularisé par Clint Eastwood. Entre les nombreuses scènes de duels s'intègre parfaitement l'histoire principale, dont les tenants et aboutissants se dessinent tranquillement au fur et à mesure de l'avancée du film, qui dissémine des indices de temps à autre pour mieux nous préparer à la révélation finale, très touchante et qui joue avec les émotions. Jamais parodique malgré une certaine bonne humeur communicative qui s'empare du spectateur, Mort ou Vif respecte le genre même du western et lui rend un vibrant hommage. Ce genre majeur, tombé en désuétude depuis des années et qui a été remis au goût du jour avec le Impitoyable d'Eastwood en 1992, trouve avec Sam Raimi une nouvelle référence qui n'a cessé, depuis sa sortie mitigée, d'être réévaluée. Du beau cinéma qui procure un plaisir immédiat et l'un des meilleurs films de son réalisateur à n'en point douter, qui transcende chaque scène par sa technique et dirige merveilleusement bien son incroyable casting. 

* Disponible en UHD 4K, BR et DVD chez -> L'ATELIER D'IMAGES <-
  SUPPLÉMENTS EXCLUSIFS
* L'Ange de la vengeance (50 min.) * 
Après avoir rappelé la genèse de Mort ou vif et le contexte de l'époque, Stéphane Moïssakis et Julien Dupuy reviennent sur la production, la stylisation, la revisite du genre western, le casting, la symbolique du film et sa réhabilitation au fur et à mesure des années.
* Analyse de séquence : le duel entre Kid et John Herod (9 min.), par Stéphane Moïssakis et Julien Dupuy 
* Simon Moore : l'écriture de Mort ou vif (19 min.)
Le scénariste Simon Moore, interviewé en 2021 pour L'Atelier d'images, se remémore sans langue de bois son expérience du film.

SUPPLÉMENTS INÉDITS
* Making of (6 min.)
* Scènes coupées (5 min.)
* Bande annonce



dimanche 20 février 2022

AMERICAN NIGHTMARE 5 - SANS LIMITES

 

AMERICAN NIGHTMARE 5 - SANS LIMITES
(The Forever Purge)

Réalisateur : Everardo Gout
Année : 2021
Scénariste : James DeMonaco
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas, Leven Rambin...


L'HISTOIRE : Adela et son mari Juan habitent au Texas, où Juan travaille dans le ranch de la très aisée famille Tucker. Juan gagne l’estime du patriarche Caleb Tucker, ce qui déclenche la jalousie de Dylan, son fils. La matinée suivant le déchaînement nocturne de violence annuelle, un groupe masqué attaque la famille Tucker, dont la femme de Dylan, et sa sœur, forçant les deux familles à s’unir et organiser une riposte alors que le pays entier sombre dans la spirale du chaos et que les États-Unis se désagrègent petit à petit autour d’eux...

MON AVIS : Cinquième volet d'une saga de très bonne qualité, American Nightmare 5 est réalisé par Everardo Gout, toujours sous la supervision du créateur de la franchise, James DeMonaco, qui signe ici le scénario, comme ce fût le cas pour American Nightmare 4. La fameuse purge, qui prenait la forme d'un huis-clos assez tendu dans le premier chapitre et qui se propageait au dehors au fur et à mesure que sortaient les suites prend encore une nouvelle ampleur ici puisque l'action se déroule cette fois au Texas et, petite nouveautés, ne va pas s'arrêter avec le retentissement de la sirène matinale faisant office de fin des hostilités. D'où le Sans Limites accolé au titre principal ! Cette saga a toujours eu un fond politique, dénonçant des inégalités et ce cinquième chapitre n'échappe pas à la règle, avec, cette fois, une virulente critique de la politique de Donald Trump et de son fameux mur anti-migrant qu'il a voulu construire à la frontière mexicaine. Tout comme le jeu vidéo Far Cry 5 a fait polémique auprès des suprémacistes blancs américains, American Nightmare 5 ne devrait pas non plus s'attirer la bénédiction de ces derniers. Le film se focalise donc sur les rivalités et animosités qui règnent entre le peuple américain et les migrants mexicains, à travers l'histoire de Adela et de son mari Juan, qui, au début du film, traversent clandestinement la frontière pour venir aux USA pour échapper aux narco-trafiquants. Embauchés dans le ranch de la famille Tucker, les deux héros trouvent rapidement leur place, Adela (Ana de la Reguera) en tant que chef cuisinière et Juan (Tenoch Huerta) en tant que cowboy. De quoi réveiller la jalousie de Dylan (Josh Lucas), le fils de monsieur Tucker, qui ne porte pas vraiment les Mexicains dans son cœur. On se dit que ce dernier va profiter de la nuit de la purge pour faire le ménage et s'en prendre à Adela et Juan. Mais le scénario se montre bien plus malin que ça et va s'orienter dans une direction inattendue. Barricadé dans son ranch, Dylan et sa famille attendent patiemment la fin de la purge. Adela et Juan, quant à eux, ont reçu une prime de la part de monsieur Tucker pour pouvoir se réfugier dans un bunker protégé par des mercenaires. Une fois la nuit de terreur et de violence terminée, c'est le retour à la vie normale. Sauf qu'il va y avoir un couac. Les suprémacistes blancs ont décidé que la purge ne s'arrêterait pas et ils vont donc poursuivre leur exaction, mettant le Texas puis l'ensemble des Etats-Unis à feu et à sang. On pense bien sûr à l'intrusion dans le capitole de ces fous furieux refusant de se contraindre à l'ordre public. Et c'est là que l'originalité du scénario se fait ressentir : la famille Tucker va devoir s'allier avec les Mexicains pour tenter de survivre. Exit les rancœurs, la jalousie, la haine. Dylan et Juan, ensemble face à une même menace. Un joli message de fraternité et un véritable pamphlet politique sont donc à mettre au crédit de cet épisode 5, qui parvient donc à renouveler le concept initié en 2013. Bien sûr, tout film de la saga se doit de nous montrer les violences urbaines et des tarés se baladant avec des masques sur le visage. American Nightmare 5 remplit ce cahier des charges avec des affrontements réalistes et une milice d'extrême-droite circulant dans des véhicules blindés et dispatchant un message enregistré proclamant que les vrais américains traqueront sans répit les migrants. Effrayant. Le film joue même avec les codes du film post-apocalyptique dans sa dernière partie, notamment en utilisant le décor désertique mexicain et en filmant ladite milice pourchasser nos héros, qui vont devoir répondre par la force pour s'en sortir. L'originalité du film vient également du fait que cette fois, l'action est présentée en plein jour dans sa majeure partie. Les ultimes images font froid dans le dos et montrent bien quelle dérive pourrait arriver si une telle nuit de la purge existait réellement. Résultat : on ne dirait pas non à un sixième volet.

  

samedi 19 février 2022

MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE (2022)


MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE
(Texas Chainsaw Massacre)

Réalisateur : David Blue Garcia
Année : 2022
Scénariste : Chris Thomas Devlin
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Sarah Yarkin, Elsie Fisher, Mark Burnham, Jacob Latimore, Olwen Fouéré...


L'HISTOIRE : Un groupe d'influenceurs composé de Dante, de sa future épouse Ruth et de deux soeurs, Melody et Lila, se rendent dans la ville fantôme de Harlow, qu'ils viennent d'acheter. Ils souhaitent vendre les habitations à rénover ç un groupe d'acheteurs qui viennent d'arriver et créer une ville paisible, sans violence. Après avoir dû expulser une vieille dame et son fils de l'ancien orphelinat, les choses se compliquent quand cette dernière meure d'une crise cardiaque. Car son fils n'est autre que le terrifiant Leatherface, tueur qui a marqué la région de son empreinte il y a une cinquantaine d'année. Le décès de sa mère va le refaire sombrer dans la violence et c'est masque de peau humaine sur le visage et tronçonneuse à la main qu'il va aller décimer les nouveaux habitants d'Harlow. Mais une de ses anciennes victimes, qui a survécu au massacre de 1973, compte bien ne pas le laisser faire...

MON AVIS : A chaque nouveau épisode de la saga Massacre à la Tronçonneuse, c'est reparti pour les conflits entre fans. Conflit stérile la plupart du temps, entre ceux qui crient au scandale si le film n'est pas assez violent, voulant que le titre emblématique soit enfin justifié, et ceux qui crient au scandale si le film est trop violent, voulant retrouver la touche suggestive du chef-d'oeuvre de Tobe Hooper. Ces derniers oublient d'ailleurs un peu vite que le réalisateur a fait un grand écart total entre le premier film de 1974 et sa suite de 1986. Bref, passons. Après deux films vraiment pas formidables (le N° 3 et le N°4), on a eu droit à un remake de bonne facture en 2003, un prequel de ce remake en 2006 encore supérieur à ce dernier pour ma part, puis une nouvelle suite / remake en 3D en 2013 qui zappé toutes les suites et remakes, puis un film qui remontait aux origines de Leatherface en 2017. Une saga très inégale donc mais dont chaque épisode tentait de respecter le matériau d'origine tout en voulant proposer des choses nouvelles. Une bonne chose puisqu'il est impossible de rivaliser avec le film de 1974 et que tenter d'en retrouver la puissance et l'atmosphère est peine perdue. Voici donc que débarque ce nouveau chapitre à la saga en 2022, qui, tout comme Texas Chainsaw 3D, zappe toutes les suites et remakes réalisés jusqu'à aujourd'hui et se déclare donc comme étant la vraie suite du film de 1974. Concept assez amusant qui est baptisé "requel". On n'est plus à un terme près. Le film, réalisé par David Blue Garcia, va nous proposer des événements se déroulant une cinquantaine d'années plus tard. Ok. Quel âge pouvait avoir les personnages dans le film de Hooper ? Imaginons que Sally avait entre 18 et 20 ans, ça lui fait donc un petit 70 ans au compteur. L'actrice Olwen Fouéré qui l'interprète, avec cheveux blancs et rides au visage, s'avère donc crédible. Plus dérangeant, notre cher Leatherface. Difficile de lui donner un âge dans le Hooper mais on peut partir sur un petit 75/80 ans dans le film de 2022. Je pense que tout le monde aimerait bien être aussi bien portant à cet âge que le tronçonneur fou. Interprété par Mark Burnham, et malgré pas mal de cheveux blancs lui aussi, on n'a pas vraiment l'impression qu'il est prêt à entrer dans un EHPAD vu sa condition physique. C'est là que le bat blesse niveau scénario et cohérence. Après, on n'est plus à une approximation prête dans un film d'horreur et à moins de vouloir se prendre la tête, on zappera assez vite cette invraisemblance pour se laisser aller au divertissement proposé. Moi, ce qui m'a le plus dérangé, c'est cette volonté de vouloir donner une mère à Leatherface. Totalement absente du film de 1974, comme son père d'ailleurs, pourquoi en inclure une ici ? Il aurait très bien pu survivre et se cacher dans l'orphelinat, en être solitaire qu'il est, ça n'aurait pas changé grand chose. Bref. Hormis ces quelques détails, qu'à donc dans le ventre ce nouveau Massacre à la Tronçonneuse ? Il correspond bien aux standards des films d'horreurs des années 2010 / 2020 : casting de jeunes dont on se fout de savoir s'ils vont y passer ou pas, mise en scène efficace et stylisée, utilisation des composantes de l'époque (les accrocs au téléphone portable, les influenceurs...) et évidemment, plus de gore et de violence. Clairement, on se retrouve avec un film très proche de Texas Chainsaw 3D en terme d'imagerie et d'ambiance je trouve, avec une approche encore plus moderne peut-être, façon Halloween 2018. Curieusement, le film prend néanmoins son temps avant de déclencher les hostilités et la fameuse tronçonneuse jaune patientera également avant de vrombir et de taillader les victimes en pièces. Niveau violence, on en aura pour notre argent, avec un fracassage de crane au maillet bien sadique et c'est sûrement le volet qui justifie le plus son titre, avec en point d'orgue un véritable massacre à la tronçonneuse dans un bus qui m'a bien fait jubiler. Le film possède également une durée quasi calquée sur celle du film de 1974 et n'a pas le temps d'ennuyer. On a quelques petits clins d'oeil sympathiques au film de 1974, comme la photo de Pam, Jerry, Kirk et Franklyn ou la fameuse danse de la tronçonneuse, que le Leatherface 2022 exécute le temps de quelques plans. Au final, cette nouvelle mouture fait passer un bon moment pour qui n'en attend pas trop et se révèle clairement un film qui possède des qualités, mais aussi des défauts on est d'accord. Mais rien de honteux ou de déshonorant en tout cas. 

      

mercredi 16 février 2022

AU CŒUR DE LA NUIT

 

AU CŒUR DE LA NUIT
(Dead of Night)

Réalisateur : Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden, Robert Hamer
Année : 1945
Scénariste : John Baines, Angus MacPhail
Pays : Angleterre
Genre : Fantastique, film à sketches
Interdiction : /
Avec : Mervyn Johns, Michael Redgrave, Roland Culver, Mary Merall, Frederick Valk...


L'HISTOIRE : Walter Craig, un architecte, se rend chez Eliot Foley pour discuter des nouveaux aménagements du cottage de ce dernier. Arrivé sur place, il découvre avec stupeur et une sensation de déjà-vu que le cottage comme ses occupants du week-end sont ceux-là même qui hantent ses nuits de façon récurrente. Parmi les invités se trouve un psychanalyste, le docteur Van Straaten, qui va tenter de prouver à Walter Craig ainsi qu'aux autres personnes présentes que ce type de ressenti peut s'expliquer scientifiquement. Tout à tour, les invités se mettent à raconter au psychanalyste les curieuses expériences qu'ils ont vécu... 

MON AVIS : Si le cinéma fantastique a connu une de ses heures de gloire en Angleterre entre 1955 et 1976, grâce aux productions de la Hammer Films bien sûr, il serait fort dommageable pour l'amateur d'omettre un petit classique anglo-saxon qui, lui, date de 1945 ! Le fantastique dans les années 40 est plutôt l'apanage des Etats-Unis, voire même de la France, avec des œuvres plus poétiques et envoûtantes pour notre beau pays. Pourtant, en 1945 nous vient d'Angleterre Au Cœur de la Nuit, ou Dead of Night pour son titre original. Un film réalisé à quatre mains, par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hamer. Les amateurs de fantastique feutré et raffiné seront largement comblés par le rendu et l'atmosphère présents dans Au Cœur de la Nuit. La visite d'un architecte à l'intérieur d'un cottage comprenant cinq personnes va permettre d'insérer dans l'histoire des éléments fantastique au réel. Quand Walter Craig (Mervyn Johns) se met à révéler aux habitants du cottage qu'il les voit chaque nuit en rêve, l'ambiance commence à bifurquer vers le fantastique et le spectateur de se questionner : les habitants sont-ils vivants ? Sont-ils des fantômes ? La présence d'un psychanalyste dans l'assemblée nous ramène un peu dans la réalité puisque ce dernier va donner des explications plausibles et scientifiques au ressenti et au sentiment de déjà-vu de Walter Craig. Commence alors ce qui peut-être perçu comme étant le fil conducteur d'un film à sketchs, puisque, tout à tour, les personnes présentes dans le salon vont raconter une expérience qu'ils ont vécu et que le psychanalyste va devoir écouter et placer sous le signe de la rationalité. Nous allons donc avoir droit à cinq récits, de durée différente, qui vont donner tout son intérêt à l'histoire et au film. Le premier récit s'intitule Le chauffeur de corbillard et préfigure, avec 55 ans d'avance, l'intrigue de Destination Finale ! Fou ! Un récit assez court mais efficace. Plus intéressant sera le second récit, baptisé Un conte de Noël et dans lequel une jeune fille contemporaine va croiser le fantôme d'un petit garçon assassiné par sa sœur il y a un siècle. Une histoire de fantôme astucieusement mise en scène et joliment filmé. Troisième histoire et l'une des meilleures : Le miroir hanté. Un récit qui joue dans le registre de l'épouvante et qui ne manque pas de mystère, jouant habilement avec l'angoisse, et ce, avec un simple miroir donc, qui ne renvoie pas exactement le reflet qu'il est censé renvoyer justement ! A moins que les différences avec la réalité ne soient dues au cerveau dérangé de celui qui contemple son reflet ? Mystère, mystère ! L'histoire du golf, quatrième récit, se montre nettement plus humoristique et n'aurait pas dépareillé dans les pages des bandes-dessinées EC Comic qui seront publiées dans les années 50. L'idée de cette histoire provient de H.G. Wells, le papa de La Guerre des Mondes ! Quant au cinquième et dernier récit, c'est très certainement le plus connu quand on parle d'Au Coeur de la Nuit avec les amateurs du genre. Il faut dire que Le Ventriloque (ou La Poupée du Ventriloque) est une pure réussite et que la vision de cette poupée qui semble dotée de la vie ne manquera pas d'incruster ses images dans votre esprit. Son aura est telle que l'histoire sera reprise par l'écrivain William Goldman, dont le livre Magic sera adapté au cinéma sous le titre éponyme par Richard Attenborough en 1977, avec un Anthony Hopkins magistral et une poupée toute aussi inquiétante et charismatique que celle présentée dans Au Cœur de la Nuit. Le film se clôturera avec un final du fil conducteur très original, qui nous laisse avec un beau sourire sur le visage. A la manière de La Quatrième Dimension, série culte de la fin des années 50, Au Cœur de la Nuit réserve bien des surprises au public, avec ses twists bien pensés et qui fonctionne admirablement bien. La photographie et le noir et blanc du film dont superbes, le casting parfaitement en place et on se laisse facilement envoûter par le(s) récit(s). C'est assurément un très beau film fantastique qui nous est offert ici, intelligent, épuré, subtil, très soigné dans son traitement. A redécouvrir sans hésitation. 

* Disponible dans un très beau coffret DVD + BR chez -> TAMASA <- 
Image remasterisée d'excellente facture, VF + VOSTF
Bonus : 
- Livret 16 pages : Autour de Dead of night et de Georges Auric...
- "Dead of night, à bien y regarder..." par Erwan Le Gac, 28'
- "Retour aux sources", document UK, 1h15
- "Une restauration respectueuse", 3'30




lundi 14 février 2022

ULTIME VIOLENCE (1977)

 

ULTIME VIOLENCE
(La Belva col Mitra)

Réalisateur : Sergio Grieco
Année : 1977
Scénariste : Sergio Grieco
Pays : Italie
Genre : Policier
Interdiction : -12 ans
Avec : Helmut Berger, Richard Harrison, Marisa Mell, Marina Giordana, Luigi Bonos...


L'HISTOIRE : Le tueur sadique Nanni Vitali s'évade de prison avec trois complices. Il se lance dans une folie meurtrière, remplie de vols, viols, assassinats, et prises d'otages. L'inspecteur Giulio Santini se met à sa poursuite avec force moyens...

MON AVIS : Pour son dernier film en tant que réalisateur, Sergio Grieco a fait fort ! Car Ultime Violence porte décidément bien son titre français ! Un titre à ne pas confondre avec le film de ninja produit par la Cannon en 1983 avec Shô Kosugi ! Non, ici, nous sommes en 1977, en Italie, et on va parler polar rital donc ! Et du polar qui verse dans la complaisance totale, dans l'ignominie et la non-retenue en terme de violence. Et c'est Helmut Berger qui s'y colle, en interprétant Nanni Vitali, un voyou totalement azimuté, un psychopathe de la pire espèce, pour qui donner la mort est un réel plaisir. Venant de s'échapper de prison avec ses acolytes, il va semer la mort sur sa route, tout en cherchant à se venger de ceux qui l'ont envoyé en prison. De la violence purement gratuite, comme lors d'un simple arrêt dans une station-service, où Nanni Vitali va molester le pauvre pompiste et son fils qui n'en demandaient pas tant. Quiconque croise son chemin peut être assurer de ne pas repartir sans coups et blessures. Il parvient à retrouver l'homme qui l'a dénoncé et le kidnappe, ainsi que sa compagne, Giuliana Caroli, interprétée par Marisa Mell. Cette dernière devant regarder son mari être assassiné, enterré et recouvert de chaux vive, avant de se faire violer par Vitali ! Je vous le disais, Ultime Violence n'est pas un titre mensonger. La cavalcade d'Helmut Berger est sanglante et ne laisse guère le temps aux spectateurs de se reposer. Poursuivi par l'inspecteur Santini (Richard Harrison), Vitali, qui tyrannise Giuliana et la force à être sa nouvelle amante, va tenter un braquage qui va mal se terminer, la jeune femme ayant averti la police du projet du bandit. Tout s'enchaîne à grande vitesse, Berger nous fait un sacré numéro de cinglé et la mise en scène de Sergio Grieco fait le job. On se doute que le final fera s'affronter l'inspecteur Santini et Nanni Vitali et ce sera bien le cas. On a droit à une petite touche d'érotisme de temps à autre, Vitali aimant dénuder ses proies. Dans le cas de la sœur de l'inspecteur, interprétée par Marina Giordana, ce sera un peu plus douloureux puisque notre psychopathe en herbe va s'amuser à la taillader de quelques coups de rasoir au niveau de la poitrine. Alors oui, peut être que cette accumulation de séquences violentes pourra paraître un brin répétitive ou lassante au final mais ce polar italien en a sous le capot et même si Richard Harrison est comme à son habitude un peu mollasson et qu'Helmut Berger en fait des tonnes, le rythme est suffisamment nerveux pour qu'on passe outre quelques invraisemblances et qu'on suive ce périple meurtrier sans déplaisir aucun.

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ARTUS FILMS <-  
Digipack deux volets sous fourreau, VF + VOSTF
- Présentation du film par Curd Ridel
- Diaporama d’affiches et de photos
- Film-annonce original




EXÉCUTIONS

 

EXÉCUTIONS
(Un Détective)

Réalisateur : Romolo Guerrieri
Année : 1969
Scénariste : Franco Verucci, Alberto Silvestri, Massimo D'Avak
Pays : Italie
Genre : Policier
Interdiction : -12 ans
Avec : Franco Nero, Florinda Bolkan, Delia Boccardo, Susanna Martinkova...


L'HISTOIRE : Inspecteur à l'immigration, Stefano Belli est mandaté par l'avocat Fontana afin de retirer le titre de séjour de la petite amie du fils de ce dernier, une certaine Sandy Bronson. Fontana veut également que Belli se renseigne sur un certain Romanis, patron d'une nouvelle maison de disque chez qui la femme de Fontana doit investir une grosse somme d'argent. En arrivant chez Romanis, l'inspecteur Belli découvre ce dernier raide mort, assassiné par deux balles de revolver. Son enquête va l'amener à rencontrer plusieurs personnes qui gravitait autour de Romanis. Mais la tâche pour découvrir l'assassin n'est guère aisée...

MON AVIS : Après avoir fait ses preuves en tant qu'assistant directeur, Romolo Guerrieri passe derrière la caméra et réalise une petite comédie en 1961, puis trois westerns, dont Les sept colts du tonnerre en 1966 et Le temps des vautours en 1967. Il enchaîne ensuite avec le giallo L'Adorable Corps de Deborah en 1968 et se tourne vers le polar avec son film suivant : Un Détective, qu'on connaît en France sous le titre Exécutions. Je ne connaissais pas du tout ce film, c'est donc vierge de toute information que je me lançais dans sa vision, pensant au départ avoir affaire à un polar musclé et violent comme les Italiens savent si bien le faire. Raté à ce niveau, car malgré son titre, Exécutions n'a rien d'un film policier survitaminé. Nous sommes en fait en présence d'une complexe histoire criminelle à démêler et le film de Guerrieri se tourne plus vers le film de machination donc, ce qui n'est clairement pas un défaut en ce qui me concerne. J'ai toujours adoré suivre les enquêtes d'Hercule Poirot, attendant avec impatience le grand final où le célèbre détective moustachu va tout expliquer dans les moindres détails. Dans Exécutions, l'inspecteur qui va devoir faire travailler ses méninges n'a pas de moustache mais cela ne l'empêche pas d'avoir du charisme, puisqu'il est interprété par Franco Nero et ses beaux yeux bleus. D'ailleurs, cet inspecteur Belli, issu des romans de Ludovico Dentice, fera une seconde apparition en 1973, toujours sous les traits de Franco Nero, dans Le Témoin à Abattre d'Enzo G. Castellari. Mais attention, notre inspecteur est loin d'être un saint. Corrompu jusqu'à l'os, il n'hésites pas à se faire payer très grassement ses services, voire même son silence, auprès de ses clients. Qui plus est, le recours à la violence fait partie de ses méthodes de travail, ce qui lui vaut une certaine défiance vis à vis des policiers travaillant dans d'autres services que le sien. Moitié flic, moitié voyou notre inspecteur Belli ? Il y a de ça dans son comportement, surtout quand il peut s'en mettre plein les poches. Franco Nero assure dans ce rôle de gentil / méchant flic et il donc devoir se démener pour résoudre une sombre affaire de crime dont plusieurs intervenants pourraient bien être l'assassin. Parmi les coupables potentiels, on trouve trois charmantes créatures qui ont toutes un comportement suspect et de liens troubles avec le cadavre : Florinda Bolkan, vue dans La Longue Nuit de l'Exorcisme de Fulci entre autres, joue la femme de l'avocat qui a engagé l'inspecteur Belli ; Delia Boccardo ensuite, qui joue Sandy, la petite amie du fils de l'avocat ; la sexy Susanna Martinková pour finir, qui interprète une chanteuse à succès accroc à la drogue. Les trois actrices apportent, chacune différemment, une petite touche sensuelle, parfois érotique, à l'ensemble et le scénario s'amusent à brouiller les pistes, pour notre plus grand plaisir. Autre coupable possible, le photographe Claudio (Roberto Bisacco) qui a lui aussi quelque chose à voir avec le cadavre. Mino, le fils de l'avocat (Maurizio Bonuglia) n'est pas en reste et aurait lui aussi de bonnes raisons d'être le meurtrier. Tout ce petit monde va donc cohabiter et virevolter autour de l'inspecteur Belli, les fausses pistes vont se multiplier, tout comme les intrigues secondaires, uniquement destinées à nous embrouiller l'esprit et celui de Belli dans le même temps. Cette photographie d'une jeune femme nue dont on a sciemment déchiré le visage a-t-il un rapport avec l'affaire ? La forte somme d'argent que devait dépenser la femme de l'avocat pourrait-t-elle avoir un rôle à jouer également ? Sans scènes d'action trépidantes, hormis une drôle de manière de jouer à la roulette russe à bord d'une voiture, sans bagarres ou règlements de compte à coup de flingues, Exécutions tient la route et n'ennuie jamais, le casting, la mise en scène de Romolo Guerrieri, assez dynamique malgré un rythme très posé, et les nombreux rebondissements venant pimenter l'histoire faisant qu'on est entraîné à la suite de Franco Nero et qu'on se retrouve happé dans cette machination dont on aimerait bien comprendre tous les rouages. Un film d'enquête solide donc, qu'on prend plaisir à visionner.

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ARTUS FILMS <-  
Très belle copie et superbe digipack deux volets sous fourreau. VF (avec quelques passages en vo) et VOSTF.
Bonus : 
- Présentation du film par Curd Ridel
- Diaporama d’affiches et de photos
- Film-annonce original



jeudi 10 février 2022

EVIL DEAD TRAP

 

EVIL DEAD TRAP
(Shiryô no wana)

Réalisateur : Toshiharu Ikeda
Année : 1988
Scénariste : Takashi Ishii
Pays : Japon
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Miyuki Ono, Aya Katsuragi, Hitomi Kobayashi, Eriko Nakagawa, Masahiko Abe...


L'HISTOIRE : Nami Tsuchiya, présentatrice d'une émission TV de nuit, reçoit un jour la cassette vidéo d'un snuff movie tourné dans une base militaire désaffectée. Avec son équipe, elle décide de se rendre sur les lieux pour prouver la véracité des images visionnées. Là, elle et son équipe deviennent la cible d'un tueur qui entreprend de les décimer les uns après les autres...

MON AVIS : Pour commencer, je précise d'entrée que le titre Evil Dead Trap est un leurre et que vous ne trouverez aucun rapport avec le chef-d'oeuvre de Sam Raimi, si ce n'est certains mouvements de caméra assez virtuoses. Mais pas de Necronomicon, ni de démons, ni de cabane dans les bois à l'horizon. Cela étant dit, attardons-nous sur ce film emblématique du cinéma d'horreur japonais réalisé en 1988 par Toshiharu Ikeda, sur un scénario de Takashi Ishii. Le réalisateur n'a jamais été un fan de cinéma d'horreur, ce n'est pas du tout un genre qu'il affectionne. Selon ses propres dires, le tournage d'Evil Dead Trap lui a d'ailleurs donné des cauchemars, ne se sentant pas à l'aise avec le sujet, ni avec la technique des effets-spéciaux. Heureusement pour lui, il a pu travailler avec une équipe totalement investit et qui s'y connaissait plutôt bien dans le domaine, ce qui lui a permit de livrer une oeuvre hors-norme, assez inclassable, petit ovni au scénario alambiqué et à l'ambiance digne d'un giallo italien croisé avec celle d'un slasher américain. Pourtant, Toshiharu Ikeda a toujours dit qu'il n'y connaissait rien en cinéma d'horreur européen, comme il avoue n'avoir jamais vu aucun film de Dario Argento. On le croit, même si on se dit, au vu du résultat final, qu'il pourrait bien nous mentir, le gaillard ! Parce que si l'influence japonaise est bien présente, difficile de ne pas penser au cinéma italien quand on visionne Evil Dead Trap ! Rien que l'excellente bande sonore, composée par Tomohiko Kira, aurait pu être l'oeuvre des Goblin et insérée dans n'importe quel giallo pour en sublimer les images ! Certains plans, certains placements de caméra, les utilisations de diverses jeux de couleur nous font irrémédiablement penser au cinéma transalpin également. Le look du tueur, avec son masque au couleur militaire qui dissimule son visage, son imperméable, sa capuche, nous rappelle quant à lui les serial-killers des slashers US. Les meurtres se montrent également très graphiques et font preuve d'une belle originalité, on a même parfois l'impression que certain pourrait être d'ordre surnaturel, comme celui où une jeune femme se voit transpercer de part et d'autre par des espèces de pieux gigantesques qui traversent murs et planchers pour venir s'enficher dans son corps. Les armes utilisées sont diverses et variées, assurant le spectacle sans toutefois verser dans une surenchère gore. Par contre, la cassette vidéo que reçoit l'héroïne du film, Nami (Miyuki Ono), au début de l'histoire, offre des images assez cruelles et fétichistes, notamment sur les yeux, une spécialité du cinéma italien encore. De prime abord, le scénario d'Evil Dead Trap pourra apparaître comme assez décousu, voir non-sensique. Pendant une bonne partie du film, on se demande où le réalisateur et son scénariste veulent en venir, car on n'y comprend pas grand-chose en fin de compte, si ce n'est que l'ensemble du casting est en train d'y passer. Le décor de l'usine désaffectée est savamment utilisé, et les couloirs et nombreuses pièces offrent de nombreuses surprises, et pas forcément des bonnes pour les protagonistes du film ! On pense même à la saga Saw parfois, avec ces pièges disséminés de-ci de-là, comme cette arbalète qui n'attend que l'ouverture d'une porte pour se déclencher ! La présence d'un homme dans cette usine vient nous questionner et apporte aussi son lot de mystère. Qui est-il ? Que fait-il là ? Pourquoi aide-t-il l'héroïne ? Il semble connaître le psychopathe qui hante les lieux mais quel rapport entretient-il avec lui ? Et d'où proviennent ces voix fantomatiques qu'on croiraient être celles d'un enfant ? Autant de questions qui donnent tout son intérêt à ce petit jeu de massacre plutôt bien mis en scène pour quelqu'un qui n'y connaît rien au cinéma d'horreur ! Le final, bien déjanté, comme souvent avec le cinéma japonais, nous en donnera pour notre argent et nous laissera sur une bonne impression. Malgré quelques petites baisses de rythme de temps à autre, Evil Dead Trap est bel et bien le film fou, étonnant et insolite qu'on nous a vanté depuis sa découverte dans les années 90 et le (re)découvrir dans cette superbe édition BR de chez Le Chat qui Fume fera qu'on appréciera encore davantage cet O.F.N.I. made in Japan !

* Disponible en BR chez -> LE CHAT QUI FUME <-
- Evil Dead Trap en VO Jap sous-titré français
- Evil Dead Trap 2 en VO Jap sous-titré français
- Excellent bonus de Julien Sévéon qui nous fait partager sa passion et ses connaissances du cinéma asiatique et d'Evil Dead Trap 1 & 2
- Film annonce



mercredi 9 février 2022

TERREUR SUR LA VILLE (1976)

 

TERREUR SUR LA VILLE
(The Town that Dreaded Sundown)

Réalisateur : Charles B. Pierce
Année : 1976
Scénariste : Earl E. Smith
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Ben Johnson, Andrew Prine, Dawn Wells, Jimmy Clem, Cindy Butler...


L'HISTOIRE : Texakarna, Texas, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les derniers soldats sont rentrés, les années de rationnement et de pénurie s’éloignent. La ville s’apprête à retrouver calme et prospérité mais un mystérieux tueur va s’en prendre aux habitants de la ville...

MON AVIS : En 1972, Charles B. Pierce se lance dans le milieu du cinéma et réalise The Legend of Boggy Creek, un film d'horreur sur la légende du Bigfoot. Il enchaîne sur trois autres films de genres divers (policier, western) avant de vouloir mettre en avant un fait divers qui défraya la chronique dans la petite ville de Texakarna dans les années 40 : les meurtres du tueur fantôme ! A l'arrivée, on obtient ce que Charles B. Pierce lui-même considère comme son meilleur film parmi les 13 qu'il a réalisé : Terreur sur la Ville. Si le visuel présenté sur les affiches font penser qu'on va être en présence d'un proto-slasher, avec ce mystérieux tueur masqué, ce ne sera pas vraiment le cas en fin de compte. Trente-et-un an avant le Zodiac de David Fincher, Terreur sur la Ville va se livrer au périlleux exercice de la reconstitution quasi documentaire d'un fait divers mettant en vedette un tueur en série qui n'a, lui aussi, jamais été appréhendé et qui a disparu comme il était venu, sans que son identité ne soit dévoilé. Le Phantom Killer a donc sévit dans une petite ville du Texas, entre le 22 février et le 3 mai 1946. Il a fait 5 victimes et en a blessé trois autres qui survécurent, principalement de jeunes amoureux qui venaient roucouler tranquillement à l'abri des regards. Le meurtrier portait une cagoule composée avec un sac de toile de jute percé au niveau des yeux mais aussi des chaussures de l'armée comme le démontra ses empreintes et frappait tous les 21 jours. Par ailleurs, il utilisait une lampe torche fixée sur son arme à feu afin d'aveugler ses victimes. Il fit régner peur et paranoïa à Texarkana, provoquant une véritable panique parmi les habitants, qui barricadèrent leurs maisons pour se protéger. Pour le coincer, les autorités firent appel à un célèbre texas ranger, le capitaine J.D. Morales. Tous ces événements, que ce soient les agressions ou la traque du tueur sont donc relatées de manière réaliste dans Terreur sur la Ville. Niveau casting, on retrouve de très bons acteurs, comme Ben Johnson dans le rôle de Morales ou Andrew Prine dans le rôle de Norman Ramsey, l'adjoint du shérif. Avec une voix-off nous mettant constamment dans l'ambiance de l'époque, nous allons donc suivre les agissements du Phantom Killer, dont le masque en toile de jute sera repris en 1981 dans Vendredi 13 chapitre 2 pour masquer le visage de Jason Voorhees avant que celui-ci n'obtienne son fameux masque de hockey dans le film suivant. Les fans du genre penseront quant à eux au look du maniaque vu dans le Torso de Sergio Martino, réalisé en 1973. Les attaques du tueur en série se montrent assez violentes, ce dernier frappant ses victimes avec des objets lourds ou leur tirant dessus à l'aide d'un pistolet qu'il munira par la suite d'un silencieux. Si la violence visuelle du film reste assez sage et évite les débordements sanglants, elle renforce l'aspect réaliste et malsain du film et des meurtres. Celui qui restera en mémoire s'effectuera à l'aide d'un instrument de musique, le trombone dont joue la victime, sur lequel le tueur va venir fixer un couteau. Efficace. Il semble que Terreur sur la ville soit d'une très grande fidélité à ce qu'il s'est réellement passé dans cette petite ville et c'est vraiment le point qui lui donne tout son intérêt. Charles B. Pierce n'a pas brodé ou sur-amplifié les faits et c'est tout à son honneur. Seul la scène finale, avec le train et le marais, a été inventé pour apporter une conclusion au film, vu que le fait divers n'en a pas. L'idée est venue de l'acteur Andrew Prine lui-même, comme il l'explique dans le bonus de cette belle édition concoctée par Rimini Editions. Si toutes les séquences mettant en vedette le tueur sont réussies, prenantes et jouent savamment avec le suspense, il est dommageable, à mon avis, d'avoir pourvu Terreur sur la Ville d'une dimension humoristique, qui vient désamorcer le travail sur l'ambiance. En effet, on a parfois l'impression d'assister à un épisode de Shérif fais-moi peur parfois, avec le personnage assez loufoque de l'agent A.C. Benson, interprété par Charles B. Pierce lui-même. Un pitre qui oublie les clés de voiture, conduit comme un dératé, fait même une cascade qui entraîne la voiture de police au beau milieu d'un marécage en pleine course-poursuite ! Est-ce pour dédramatiser le fait divers ou pour augmenter la durée du film que le réalisateur a eu recours à ce type de scènes quasi parodiques ? J'en suis même venu à penser que c'était pour camoufler le fait que le tueur était cet agent rigolo ! Dommage, car l'impression que le film ne sait plus trop sur quel pied danser vient un peu amoindrir son impact. Toutefois, les parties plus sérieuses l'emportent et nous laissent sur une bonne impression finale. La photographie, magnifique, est aussi à mettre dans les points positifs. Le pré-générique, avec cette voix-off nous apprenant ce que sont devenus les protagonistes de l'histoire, participe encore à donner ce côté réaliste au film. Terreur sur la Ville est donc un thriller nanti d'une approche documentaire très intéressant, qui préfigure bon nombre de thrillers à venir. Il ne faut pas s'attendre à voir un slasher lambda pur jus par contre, sous peine d'en ressortir un brin déçu. Un remake a été réalisé en 2014 par Alfonso Gomez-Rejon.

* Disponible en combo DVD + BR chez -> RIMINI EDITIONS <-
Nouveau titre de l'excellente collection de chez Rimini, Terreur sur la ville est proposé en combo DVD + BR, VF et VOSTF, dans une belle copie. 
Niveau bonus, on trouve :
- Interview de l'acteur Andrew Prine
- Interview de l'actrice Dawn Wells
- Interview du directeur de la photographie James Roberson
- Livret 20 pages rédigé par Marc Toullec