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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




jeudi 31 octobre 2019

PLAY DEAD

PLAY DEAD
(Play Dead)

Réalisateur : Peter Wittman
Année : 1982
Scénariste : Lothrop W. Jordan
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Sorcellerie
Interdiction : -12 ans
Avec : Yvonne De Carlo, Stephanie Dunnam, David Cullinane...


L'HISTOIRE : Audrey et Stephen viennent de perdre leur mère et se retrouvent désormais seuls, leur père étant mort il y a déjà quelques années. Hester, leur tante, était amoureuse de ce dernier et a toujours voué une haine farouche envers son épouse mais aussi envers son neveu et sa nièce. Adepte de la sorcellerie, elle est parvenue à posséder l'esprit de sa chienne Greta et elle va s'en servir pour éliminer Stephen mais aussi Audrey et son fiancé. A la mort de Stephen, renversé par une voiture après avoir été effrayé par Greta, deux inspecteurs de police vont mener une enquête, soupçonnant Audrey, qui devient la dernière héritière de la fortune de ses parents...

MON AVIS : Le réalisateur Peter Wittman n'a pas une grosse filmographie puisqu'il n'a réalisé que deux longs métrages, à savoir Play Dead en 1981 et la comédie Ellie en 1984. Pour son premier film, il se lance donc dans l'univers du fantastique et de l'horreur avec cette histoire de chien possédé et de sorcellerie. Play Dead met en effet en vedette un gentil rottweiler dont la maîtresse pratique des rituels sataniques afin de liquider son neveu et sa nièce ! Sympa la tante ! L'utilisation d'un rottweiler et du satanisme ne sera pas sans nous rappeler l'excellent La Malédiction de Richard Donner dans lequel le petit Damien Thorn avait un tel chien pour le protéger. Play Dead se fait d'ailleurs également appeler Satan's Dog, pour bien mettre l'accent sur cette filiation. Le succès du film de Richard Donner a d'ailleurs profité aux scénaristes qui ont multiplié les histoires à base de chien tueur par la suite. La méchante tante Hester du film est interprétée par Yvonne de Carlo, célèbre actrice ayant débutée dans les années 40 et qui est principalement connue des amateurs de cinéma fantastique pour avoir été la fameuse Lily Munster de la série culte des 60's The Munsters. Âgée de 59 ans dans Play Dead, la vieille dame fait ce qu'elle peut pour se montrer crédible et si elle y parvient la plupart du temps, force est d'avouer que les scènes dans lesquelles elle parle à Satan ou pratique des messes noires sont plutôt à mourir de rire. Néanmoins, elle est peut-être ce qu'il y a à retenir du film parce que le reste atteint de sacré sommet dans le grand n'importe quoi. Pas nerveux pour un sou, Play Dead se la joue plus téléfilm que film et ne vous réservera que peu de frisson. Par contre, niveau rigolade, il se tient là. L'enquête des deux inspecteurs est d'un ennui à mourir, et leur talent de déduction ferait hérisser les poils de Derrick ! La prestation de la chienne Greta est par contre à saluer (si, si) et elle nous régale de séquences bien Bis qui font bifurquer le film dans le nanar improbable : enroulant sa laisse autour d'un arbre et du cou du fiancé d'Audrey pour le stranguler ; matant un couple faire l'amour derrière la porte vitrée de la douche ; prenant dans sa gueule un fer à cheveu qu'elle laissera tomber dans une baignoire, provoquant l'électrocution d'une amie d'Audrey ou, cerise sur le gâteau, attrapera une boite de débouche-chiotte qu'elle parviendra, en se hissant sur ses pattes de derrière, à verser dans le verre d'un inspecteur de police, provoquant la mort de ce dernier ! Hallucinant ! Les gros plans sur les yeux ensorcelés du chien sont nombreuses et nous font bien comprendre que l'esprit de tante Hester habite la pauvre créature à quatre pattes. Brrrr, ça fait froid dans le dos ! Non, j'rigole. On n'a pas peur du tout et on se dit qu'on s'est encore fait avoir par l'affiche alléchante de la jaquette. Play Dead ne restera pas dans les mémoires et dans le genre "chien tueur", on lui préférera bon nombre d'homologues bien plus intéressants. A voir pour les "complétistes" des 80's.



mercredi 30 octobre 2019

VIGILANTE

VIGILANTE
(Vigilante)

Réalisateur : William Lustig
Année : 1982
Scénariste : Richard Vetere
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier
Interdiction : -16 ans
Avec : Robert Forster, Fred Williamson, Richard Bright, Don Blakely, Woody Strode...


L'HISTOIRE : Face à la violence des gangs et du crime organisé qui font régner la terreur dans les rues de New York, les habitants d'un quartier décident de former une milice pour accomplir le sale boulot que la police refuse de faire. Lorsque sa femme est violemment agressée et son jeune fils abattu, Eddie Marino va tenter d'obtenir justice de façon légale, en passant par les tribunaux. Devant le verdict rendu par un juge corrompu, Eddie pète les plombs et se retrouve trente jours en prison. A sa sortie, il va rejoindre la milice du quartier et va faire sa propre justice envers ceux qui lui ont pris son fils et malmener sa femme...

MON AVIS : Après avoir réaliser deux films pornographiques, en 1977 et 1978, William Lustig offre aux spectateurs médusés un sommet de la violence horrifique avec le culte Maniac en 1980. Deux ans plus tard, il replonge dans l'enfer de la violence new-yorkaise avec un film d'auto-défense, Vigilante, qui rend autant hommage aux films de Charles Bronson et de Clint Eastwood traitant de cette brûlante thématique qu'aux polars italiens des 70's. Violent, Vigilante l'est assurément. A ce titre, la scène où l'un des voyous tire au fusil à pompe sur un jeune enfant caché derrière un rideau de douche est juste insupportable et provoque un réel malaise. Cette scène participe également à questionner le spectateur sur la notion tabou de l'auto-défense, surtout quand la justice ne répond pas aux attentes des victimes ou des familles de victimes. Même si on sait que faire sa propre justice est interdit, que celui qui cède à l'appel de la violence deviendra aussi coupable que les auteurs des violences qu'il veut combattre, comment réagir face au verdict de certains juges, que Lustig nous présente comme corrompu par la voyoucratie ? Dans les années 70 et 80, la ville de New York, que Lustig connaît comme sa poche, était l'une des plus dangereuses au monde, avec des crimes et des viols ayant lieu tous les jours, avec une police qui acceptait des pots-de-vin et fermait les yeux, avec des avocats et des juges corrompus qui minimisaient les peines des criminels, ce qui poussa certains habitants à former une milice "légale, les Guardians Angels. Ces faits historiques réels servent de base à Vigilante et Lustig y va franco, avec ses politiciens et ses juges véreux, épargnant tout de même la police mais pas les gardiens de prison. L'annonce du verdict concernant le chef du gang a de quoi nous faire sauter au plafond, comme il provoque l'indignation de l'avocate du héros du film et le pétage de plomb de ce dernier, qui, c'est un comble, devra passer trente jours en prison pour insubordination quand ledit chef de gang, responsable de l'agression de sa femme, s'en sort avec du sursis ! C'est le monde à l'envers et on peut comprendre la rage et l'envie de certains habitants à se faire leur propre justice. Ce qui est intéressant dans Vigilante, c'est que le héros, joué par l'excellent Robert Forster, refuse depuis le début du film de rejoindre la milice composée de quelques hommes de son quartier qu'il connaît pourtant bien. Mais devant la réalité du terrain, face à la corruption des tribunaux, et suite à son passage compliqué en prison, avec des scènes qui jouent avec les clichés de films de prison justement (bagarre, violence dans les douches, soudoiement des gardiens...) et qui nous permettent de revoir le célèbre acteur Woody Strode d'ailleurs, sa façon de voir les choses évolue et honnêtement, même si moralement ce n'est pas bien, on ne peut qu'éprouver de l'empathie pour ce personnage et respecter sa décision de prendre les armes et de venger lui-même son fils. Si on pourra regretter que William Lustig n'ait pas travaillé un peu plus l'aspect psychologique de ses personnages-clés, si son héros n'a pas l'air autant effondré après le drame qu'il a vécu qu'on aurait pu le penser, force est de reconnaître que Vigilante est tout de même bien efficace et qu'il remplit son contrat, nous proposant des scènes de violence brute de décoffrage et des dialogues savoureux, comme ceux prononcés par le charismatique Fred Williamson au début du film et qui valent leur pesant de cacahuètes dans le domaine ! Nerveux, dynamique, complaisant, parfois caricatural, crapoteux, poisseux, provocateur, immoral, Vigilante est tout cela et reste un fleuron du film d'auto-défense, qui ne transforme jamais sa milice en super-héros auxquels on voudrait ressembler et qui ne fait jamais l'apologie de ces actes nécessaires mais répréhensibles. Le tout sur une musique géniale de Jay Chattaway, qui nous offre une partition aux synthétiseurs emblématique, dont un Main Title démentiel, qui sera repris de manière encore plus percutant lors de la scène ou Robert Forster sort de prison et s'en va rejoindre la milice. Franchement, cette musique donne à notre héros une aura quasi divine, avec sa démarche déterminée et son regard froid et glacial et on n'a qu'une envie : qu'il prenne les armes et aille défourailler toutes les ordures qui pullulent dans les rues ! Un western-urbain de grande qualité et un très bon film de William Lustig, à ranger à côté du Justicier de New York et d'Exterminator 2 !  

* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME

LE COMBO
Toujours rien à dire sur cette sortie du Chat qui Fume : Digipack avec fourreau esthétiquement superbe, remasterisation de l'image impeccable permettant de revoir le film dans les meilleures conditions possibles, avec une piste française en DTS 2.0 quand la VOSTF se pare de pistes DTS 2.0, 5.1 et même 7.1 ! Les bonus sont intéressants, dont un entretien avec le scénariste Fathi Beddiar qui revient sur la définition même du terme "Vigilante", sur le contexte politique du New York des années 70 et 80, sur l'apparition des Guardians Angels et sur le film évidemment, de façon très détaillée. Un commentaire audio du réalisateur William Lustig et de Robert Forster, de Fred Williamson et de Frank Pesce est également proposé, ainsi que des tas de bandes-annonces de Vigilante de nationalité différente. Une édition soignée qui viendra aisément rejoindre les autres titres de cet excellent éditeur.




LE THÈME MUSICAL DE FOLIE:

mardi 29 octobre 2019

ECHOES

ECHOES
(Echoes / Living Nightmare)

Réalisateur : Arthur Allan Seidelman
Année : 1982
Scénariste : Richard Alfieri, Richard J. Anthony
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Richard Alfieri, Gale Sondergaard, Ruth Roman, Nathalie Nell...


L'HISTOIRE : Michael Durant est un artiste peintre qui tente de percer et de faire connaître ses œuvres. Alors qu'il vient d'assister à un ballet, il fait connaissance avec Christine, la danseuse étoile de la troupe et entame une relation amoureuse avec elle. Tout irait pour le mieux s'il n'était victime de cauchemars récurrents qui perturbe son sommeil et le rendent très irritable. Il commence a ne plus différencier rêve et réalité, se croyant poursuivi par un homme qu'il ne connaît pas mais qui est présent dans chacun de ses rêves. Un de ses amis lui conseille d'aller consulter une médium. Cette dernière va tenter d'analyser les cauchemars de Michael...

MON AVIS : Avec un sous-titre comme "J'ai vécu deux fois", on comprend de suite que Echoes, petite rareté des 80's, va flirter avec le thème de la réincarnation. Un thème peu usité au cinéma, qui flirte avec la frontière du film de possession, et dont l'un des meilleurs représentants est l'angoissant Audrey Rose de Robert Wise. La magnifique jaquette illustrant cette chronique remplit parfaitement son rôle : donner envie de visionner le film ! Même si on remarquera une faute d’orthographe au mot "cauchemar", le visuel est aguicheur et m'avait fait bien saliver quand je le voyais dans les rayonnages de mon vidéo-club fétiche. Mais ceux qui ont connus les 80's savent bien qu'un superbe visuel peut cacher une grosse daube ! Combien se font fait avoir en croyant détenir une pépite à cause de l'illustration ? Vous m'aurez compris je pense, cette petite dissertation sur l'impact d'un visuel me fait gagner un peu de temps et me permet de remplir cette page tout en esquivant le sujet principal, à savoir le film lui-même ! Dire que Echoes est une énorme déception serait lui faire encore trop d'honneur. Soporifique à souhait, ce film est effectivement un cauchemar dans son genre. C'est bien simple, on a l'impression de mater un pauvre téléfilm bas de gamme, qui ne parvient jamais à nous prendre par la main ni à se montrer intéressant. L'intrigue est quasi incompréhensible, on ne capte en effet pas grand chose à toute cette histoire et franchement, on s'en fout un peu. Michael, un peintre assez doué, rêve d'un couple se faisant surprendre par un type plutôt louche et moustachu, et cela le perturbe vraiment car il ne dort plus la nuit, ça lui déclenche de crises d'asthme et il devient de plus en plus agressif et colérique. Entre deux cauchemars, on le suit dans ses aventures rocambolesques à travers la ville (je plaisante...) : se rendant chez sa patronne, allant zieuter un ballet de danse, s'accouplant avec la danseuse, lui gueulant dessus quand elle le contrarie, puis se rabibochant pour mieux l'envoyer chier ensuite, se prenant la tête avec son meilleur ami et j'en passe. Des tas de longueur et de scènes inutiles, servies par un casting médiocre et une mise en scène balourde et anémique. Les séquences chez la médium sont à mourir de rire et je ne vous parle même pas de celle dans laquelle un pauvre chat se défenestre lui-même, effrayé par un halo bleuté qui apparaît derrière lui. Une séquence capitale puisqu'on comprend qu'un esprit ou quelque chose de démoniaque est apparu dans notre monde. Oui, oui, oui, mais c'est bien sûr ! D'ailleurs, l'affichiste l'a mis sur son dessin, ce pauvre chat, preuve de son importance. D'ailleurs, autant vous avertir aussi, Echoes n'est en rien un film d'horreur. Pas de violence, pas de sang, pas de frisson, rien ! Le néant. Aucune ambiance digne de ce nom. Le film flirte tout de même avec le fantastique, puisqu'on nous balance le grand classique en guise de pot-aux-roses : [Spoilers au cas où les cinglés que vous êtes avaient tout de même envie de voir ce navet] le héros avait un frère jumeau mais ce dernier est mort avant la naissance et son âme meurtrie tente de reproduire ce qu'un des ses aînés du temps jadis a fait, à savoir tuer son frère pour une histoire d'amour. Ou un truc dans le genre, on n'y comprend rien de toute façon. [fin du spoiler de la mort qui tue] Honnêtement, ne perdez pas votre temps avec Echoes, y'a franchement d'autre chose à voir avant ce très mauvais film.



lundi 28 octobre 2019

LES AVENTURES DE BUCKAROO BANZAÏ

LES AVENTURES DE BUCKAROO BANZAÏ
(The Adventures of Buckaroo Banzai Across the 8th Dimension)

Réalisateur : W.D. Richter
Année : 1984
Scénariste : Earl Mac Rauch
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Peter Weller, John Lithgow, Ellen Barkin, Jeff Goldblum, Christopher Lloyd...


L'HISTOIRE : En 1936, le docteur Emilio Lizardo et le professeur Hikita travaillent sur un rayon à particule capable d'ouvrir une porte dans la matière afin de rejoindre la huitième dimension. Une tentative se solde par un semi-succès, entraînant la folie du docteur Lizardo qui sera interné et la découverte d'un monde extra-terrestres par Hikita. Des années plus tard, Hikita travaille toujours sur son rayon et s'est mis au service de Buckaroo Banzaï, un homme multi-casquettes qui parvient, à bord d'une voiture-jet et à l'aide du rayon à particule, à traverser la structure moléculaire d'une montagne. Une prouesse qui réveille la folie du docteur Lizardo, qui est en lien avec une race extra-terrestre voulant conquérir la Terre. Heureusement, il existe au sein de cette race un groupe œuvrant pour la paix. Les dirigeants extra-terrestres pacifistes, les Lectroïds noirs, demandent l'aide de Buckaroo Banzaï et de ses amis pour enrayer la future invasion des Lectroïds rouges...

MON AVIS : Lors de certains interviews, l'acteur Peter Weller et quelques autres membres du casting qui ont pris part au tournage de ce film, déclarent sans sourciller qu'ils n'ont pas vraiment compris le scénario d'Earl Mac Rauch et qu'ils ne savaient pas toujours à quoi correspondait ce qu'ils étaient en train de jouer ! Je veux bien les croire car honnêtement, Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension n'a ni queue ni tête. L'affiche française du film, très Mad Maxienne, ne reflète franchement pas le spectacle décérébré auquel on va avoir droit. Certes, la voiture futuriste sera bien de la partie, et ce, dès le début du film, nous permettant de faire connaissance avec notre héros, le bien nommé Buckaroo Banzaï, joué par Peter Weller donc. Un héros qui possède tellement d'aptitudes que ça en devient presque gênant. Notre homme est quand même : neurochirurgien, scientifique de renom, guitariste / pianiste / chanteur dans un groupe au succès phénoménal, héros d'un comic, membre d'une agence de défense mondiale et il reçoit même des appels téléphoniques personnels du président des Etats-Unis ! Rien que ça ! Un véritable super-héros des temps modernes, qui bosse avec toute une équipe d'amis qui font ses quatre volontés, chacun étant doué dans un domaine. Qui plus est, en cas de grande nécessité ou menace importante, il peut même demander l'aide de la population avoisinante, comme ce sera le cas à un moment du film. Bref, en clair, Buckaroo Banzaï, c'est l'espoir de l'Humanité, celui vers qui on se tourne pour régler les affaires graves, comme une possible invasion extra-terrestres par exemple. Ça tombe bien, il y en a justement une qui se prépare ! Les habitants de la Planète 10, suite aux expériences concluantes de Buckaroo Banzaï et son ami le scientifique Hikita, ont en effet décidé de venir conquérir notre planète et pour se faire, ils prennent une apparence humaine, leur but étant de dérober le sur-propulseur permettant d'accéder à la 8ème dimension. Tout ça est assez compliqué mais ne comptez pas sur le scénario pour vous donner des réponses ou des précisions, je crois que tout le monde devait être perdu à un moment ou à un autre sur le tournage ! Je ne sais pas si John Carpenter a vu ce film, toujours est-il que Buckaroo Banzaï va recevoir le don de double-vue et, sans aucune paire de lunettes, contrairement aux héros de Invasion Los Angeles, il va pouvoir mettre à jour le véritable aspect des envahisseurs quand le commun des mortels ne verra qu'un simple humain. Les méchants aliens s'appellent tous John en plus, sûrement un signe ! Leur look est plutôt sympa, avec leur tête toute rouge assez rigolote. Les gentils E.T. ont la même tête mais de couleur noir. Allez savoir pourquoi. Ça explique en tout cas pourquoi les gentils E.T. ont l'aspect d'un rasta noir quand ils ont une forme humaine. Non, en fait, ça n'explique rien du tout mais en fait, je m'en fout, ça fait longtemps que j'ai arrêté d'essayer de comprendre quelque chose à l'intrigue. Ce qui est décevant quand on se penche sur le cas Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension, c'est que ce film aurait pu être une franche réussite de la comédie de science-fiction, si la mise en scène et le rythme avaient suivi. Même si le scénario est relativement débile la plupart du temps, ça pouvait donner quelque chose d'extravagant et de délirant au final. Sauf que là, les bonnes intentions du réalisateur, à savoir offrir au public un film divertissant, bah elles tombent à l'eau tellement le film est ennuyeux et laborieux. Voir John Lithgow cabotiner et gesticuler à outrance est agréable cinq minutes mais le voir faire son numéro durant tout le film, ça devient vite épuisant. Et surtout, y'a rien de drôle, que ce soit dans les situations proposées ou les dialogues, tout tombe à plat. Les séquences passent du coq à l'âne de manière abrupte, sans réel lien entre-elles et on a une réelle impression de voir un film totalement décousu qui ne sait pas où aller ni quoi faire pour s'en sortir. Dommage car les maquillages des aliens tiennent la route, la scène de la voiture traversant la montagne est bien faite, tout comme le vaisseau extra-terrestre plutôt bien incrusté et réalisé. Le film est bardé d'idées pas inintéressantes mais aucune n'est vraiment aboutie et l'ensemble tire plus vers le nanar que vers autre chose. Il en va de même pour la pseudo-romance entre Peter Weller et la potiche Ellen Barkin, qui n'amène ou n'apporte absolument rien à l'histoire. La présence de Jeff Goldblum fringué en cow-boy est amusante mais à part ça, il ne sert pas non plus à grand chose. Je ne sais pas si les enfants ou les jeunes adolescents peuvent encore trouver un intérêt à Buckaroo Banzaï, mais en l'état, le film a super mal vieilli pour ma part, et je suis très bon public pourtant. Il m'a fait penser au film Super Mario Bros si vous voyez ce que je veux dire. Preuve du manque de consistance du film, le (sympathique) générique de fin nous promet une suite des aventures de notre héros, suite qui ne verra jamais le jour. Qui a dit malheureusement ?  

* Disponible en mediabook DVD + BR chez BACH FILMS
Bonus
- Présentation sympa du film par Claude Gaillard.
- Livret 24 pages : dossier de presse, revue de presse, photos.
- Bande-annonce.


dimanche 27 octobre 2019

LA GORGONE

LA GORGONE
(The Gorgon)

Réalisateur : Terence Fisher
Année : 1964
Scénariste : John Gilling 
Pays : Angleterre
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Christopher Lee, Peter Cushing, Richard Pasco, Barbara Shelley, Michael Goodliffe...


L'HISTOIRE : Depuis cinq ans, la mort frappe les habitants d'une petite région d'Europe centrale. Les meurtres, inexpliqués et non résolus par la police locale, présentent tous le même schéma : certains soirs de pleine lune, on retrouve une victime changée en pierre ! Le docteur du village falsifie le compte-rendu de ses autopsies afin de ne pas alerter la population. Le dernier meurtre en date voit un jeune homme accusé à tort. La police retrouve ce dernier pendu à un arbre. Le père du pendu débarque au village pour mener son enquête et rendre justice à la mémoire de son fils. Peu de temps après, il est retrouvé transformé en statue de pierre. Son second fils décide de démêler ce curieux mystère. Pour les villageois, ces morts seraient attribués à une créature mythologique, la Gorgone, qui vivrait dans le château abandonné des Borski...

MON AVIS : Le célèbre réalisateur Terence Fisher ne souhaite plus mettre en scène de films avec Dracula ou des vampires, malgré l'immense succès de ses deux films : Le Cauchemar de Dracula et Les Maîtresses de Dracula. Après avoir mis en vedette la momie (La Malédiction des Pharaons), le loup-garou (La Nuit du Loup-Garou), Jekyll et Hyde (Les Deux Visages du Dr. Jekyll), le fantôme de l'Opéra (Le Fantôme de l'Opéra) et bien sûr le baron Frankenstein (Frankenstein s'est échappé et La Revanche de Frankenstein), il va s'attaquer à une autre créature mythique, à savoir la terrible Gorgone, sur la base d'une idée du canadien John Llewellyn Devine, qui a carrément été sonné à la porte du créateur de la Hammer Films, James Carreras. Ce dernier est enthousiasmé par cette idée et demande à John Gilling de réécrire et d'adapter le simili-scénario de John Llewellyn Devine. Gilling est envisagé pour le mettre en image mais c'est donc Terence Fisher qui remporte la mise. Les spécialistes en mythologie grecque, dont Christopher Lee, qui fera partie du casting du film, auront remarqué une erreur au niveau du nom du monstre lui-même. En effet, Mégère est le nom d'une des Furies et n'est donc pas une Gorgone, ces dernières étant composées de Méduse bien sûr et de Euryale et Sthéno. Une erreur qui passe à la trappe malgré le signalement de Lee, ce qui ne manquera pas de hérisser le poil des connaisseurs. Une seule personne en tient compte, le traducteur responsable de la version française, qui rebaptise donc Mégère en Méduse. Toujours est-il que le film se tourne, et que Fisher rencontre des difficultés au niveau des effets-spéciaux censés donner vie à la Gorgone. Avec des moyens financiers trop faibles, la chevelure contenant de nombreux serpents a du mal à se montrer réaliste et les reptiles en plastique doivent être animés indépendamment les uns des autres, pour un résultat assez cheap au final. Le mystère entourant l'identité de la Gorgone quand elle revêt une forme humaine n'est pas non plus ce qui semble intéresser Fisher, et il faut vraiment être aveugle pour ne pas comprendre assez rapidement que la charmante Barbara Shelley, qui interprète une infirmière au service de Peter Cushing, représente cette menace capable de changer ceux qui croisent son regard en pierre. Mais si le pot-aux-roses est aussi visible qu'un nez au milieu d'un visage, si les effets mécaniques des serpents ne sont pas très bons, si cette erreur de nom dans la version originale peut faire sourire sur le manque de rigueur du scénariste qui n'a pas vérifié ou écouté l'information donné par Christopher Lee et si la pauvre Barbara Shelley n'a pas eu l'autorisation d'incarner la Gorgone sous son aspect monstrueux, étant remplacée par l'actrice Prudence Hyman qui ne lui ressemble pas vraiment, tous ces petits défauts ne font pas de La Gorgone un mauvais film pour autant. Bien au contraire même. Souvent considéré comme une oeuvre mineure dans la filmographie de Terence Fisher, La Gorgone ne mérite pas ce manque relatif d'intérêt du public, qui n'a pas non plus apprécié de voir Peter Cushing jouer un personnage assez antipathique (pour la bonne cause pourtant), tout comme il n'a pas apprécié de voir Christopher Lee affublé d'une moustache et d'une coupe de cheveux hirsutes qui lui font perdre un peu de sa superbe. Si l'aspect film d'épouvante est bien présent, notamment lors des deux premières apparitions de la Gorgone qui ne se dévoile pas trop, le film se veut avant tout une histoire d'amour impossible entre cette créature mythologique possédant une apparence humaine et les deux protagonistes principaux, ce qui n'est pas habituel dans les films de la Hammer de l'époque. Si le rôle tenu par Peter Cushing se montre antipathique comme déjà dit, c'est uniquement par amour, car il connaît la vérité et fait tout pour conserver le terrible secret, quitte à mentir sur les rapports médicaux des autopsies afin de ne pas mettre en danger sa dulcinée. Quant à Paul Heitz, joué par Richard Pasco, il tombera amoureux de la forme humaine de la Gorgone et, ne connaissant pas son secret, fera tout pour la protéger, sans se douter du grave danger qu'il court. La mise en scène de Terence Fisher fait encore des merveilles et sert habilement son propos. La scène dans laquelle une victime, dont on ne sait pas encore qu'elle est en pierre même si on le devine, est amenée sur un brancard par Barbara Shelley et que celle-ci heurte la main de pierre sans le faire exprès, entraînant la cassure d'un doigt, est remarquable. L'idée de l’amnésie est également très bonne car elle permet de faire de Shelley une victime plus qu'une menace, cette dernière n'ayant aucun souvenir de ses agissements sous sa forme monstrueuse. Malgré un déroulement assez classique, le film n'ennuie jamais, la confrontation entre Lee et Cushing fonctionne à plein régime, l'ambiance est savamment distillée et le film se pare de jolies couleurs qui renforcent l'impact des séquences d'épouvante, souvent originales, comme lors de l'utilisation d'un miroir ou d'un reflet dans l'eau pour nous signaler la présence de la Gorgone. Comme les autres films de la Hammer de cette décennie, La Gorgone propose un spectacle divertissant, correctement interprété et brillamment mis en scène. Son monstre est d'autant plus intrigant qu'il n'a été que rarement visible au cinéma, même s'il s'est rattrapé depuis. On notera qu'il apparaîtra deux fois en cette année 1964, dans La Gorgone bien sûr mais aussi dans Le Cirque du Docteur Lao. En 1962, on l'avait déjà vu dans le péplum Les Titans, ainsi qu'en 1963 dans Persée l'Invincible. On reverra la femme à la chevelure de serpents et au regard foudroyant dans Le Choc des Titans en 1981 et dans son remake (2010) ou dans Percy Jackson le voleur de Foudre en 2010 entre autres. Original, poétique et inventif, La Gorgone de Terence Fisher mérite assurément un petite réévaluation.

* Disponible en Mediabook chez ESC DISTRIBUTION

LE MEDIABOOK :
L'éditeur ESC poursuit sa collection British Horrors et nous offre une très belle copie de La Gorgone, présentée en VF ou VOSTF. L'image est précise, les couleurs flamboyantes, pas de défauts apparents. Le livret 16 pages de Marc Toullec contient bon nombre d'informations sur le film et sa réalisation. Niveau bonus, Nicolas Stanzick nous propose une présentation de la Hammer quand Noël Simsolo nous donne son avis éclairé sur le film. Une belle édition.






samedi 26 octobre 2019

LA CLEPSYDRE

LA CLEPSYDRE
(Sanatorium pod Klepsydra)

Réalisateur : Wojciech Has
Année : 1973
Scénariste : Wojciech Has
Pays : Pologne
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Jan Nowicki, Tadeusz Kondrat, Irena Orska, Gustaw Holoubek...


L'HISTOIRE : Joseph vient voir son père, très malade, dans un sanatorium, mais l'établissement médical que Joseph découvre est un vaste palais lugubre, rongé par la vermine et tapissé de toiles d'araignées, où le temps et l'espace sont comme pris dans un vertigineux tourbillon. Le Dr. Gotard lui explique que le temps y a été comme retardé. Ne comprenant rien à ce discours, Joseph s'aventure dans la vaste demeure à la recherche de son père et voit son double à travers une fenêtre...

MON AVIS : Le cinéma fantastique n'est pas seulement l'apanage des Etats-Unis, de l'Angleterre ou de l'Italie. Cinéma de tous les possibles, de tous les délires, brisant tous les carcans imposés à d'autres genres cinématographiques, le cinéma fantastique est une porte ouverte sur l'imaginaire le plus absolu et des réalisateurs de tous pays, de toutes situations géographiques, s'y sont aventurés pour offrir aux spectateurs un moment d'évasion libérateur. Si les trois pays précités tiennent évidemment la dragée haute en terme de nombre de films fantastiques produits depuis les œuvres intemporelles de Méliès, surtout si on prend le terme "fantastique" comme étant le terme général de tous les sous-genres de ce genre (horreur, science-fiction, épouvante, gore, heroic fantasy et j'en passe), il serait bien réducteur de ne s'intéresser qu'aux dites productions de ces trois pays, ce qui nous ferait rater un nombre de films conséquents et passer à côté de réalisateurs iconiques ou qui ont mis en scène des œuvres majeures du genre, je citerai simplement à titre d'exemple le cinéaste brésilien José Mojica Marins qui possède une filmographie assez incroyable et qu'il serait fort dommage de ne pas connaître. Le film qui nous intéresse ici, à savoir La Clepsydre, nous vient quant à lui de Pologne. Il a été réalisé par Wojciech Has, cinéaste totalement atypique, même dans son pays. Il  n'a jamais pris une carte du parti communiste et a toujours refusé de parler de la politique ou des événements tragiques s'étant déroulés dans son pays dans ses films, préférant s'immerger dans un cinéma onirique, poétique voir surréaliste. L'un de ses thèmes de prédilection est la place de l'être humain au sein de la réalité. Après avoir réalisé des drames assez intimistes au début de sa carrière, il frappe un grand coup en 1965 avec Le Manuscrit trouvé à Saragosse, film inclassable d'une durée originale de 182 minutes qui propulse le spectateur dans un monde fait de rêves et de fantasmes, à la structure narrative assez complexe. Complexe, La Clepsydre, réalisé en 1973, ne l'est pas moins. Adaptation de plusieurs nouvelles de l'écrivain Bruno Schulz, dont Le Sanatorium au croque-mort et Les Boutiques de cannelle, La Clepsydre reçut le prix du Jury au Festival de Cannes en 1973, malgré un accueil critique et public plus que mitigé. Il faut avouer que la vision de La Clepsydre n'est pas chose aisée. Le public habitué à des scénarios linéaires, compréhensibles par n'importe qui, avec un début, un milieu et une fin, en sera pour ses frais avec le film de Wojciech Has. Même les plus ardus défenseurs du cinéma fantastique seront assurément déstabilisés par cette oeuvre hors du commun, qui peut en laisser plus d'un sur le carreau. La Clepsdyre n'est pas un film facile à domestiquer et vous risquez d'être vraiment perdus dans ce dédale labyrinthique qui, pourtant, fourmille d'idées et possède une vraie structure. C'est assurément un film qui mérite plusieurs visions pour en saisir tous les aspects. Je ne saurais que trop vous conseiller, pour une première découverte, d'oublier tous vos repères et de vous contenter de vous laissez bercer par ce merveilleux livre d'images, afin de vivre pleinement cette expérience autant visuelle que sensitive. Car même si vous aurez peut-être (sûrement) l'impression de ne pas comprendre grand chose à l'histoire en elle-même, véritable allégorie sur le thème du temps (principalement mais pas que...), celui qui passe, celui qui efface les souvenirs, celui qui mène à la mort, celui qu'on peut reculer (le sanatorium du docteur Gotard possède ce pouvoir !), il est par contre absolument impossible de ne pas être en extase absolue devant la magnificence des images proposées par un réalisateur en état de grâce. Artistiquement et visuellement, La Clepsydre est peut-être l'un des plus beaux films que j'ai eu l'occasion de voir, rien que ça ! Le travail sur les nombreux décors, le souci du moindre détail, la place de chaque objet, le choix des couleurs, des teintes, des costumes, tout confine au sublime et chaque scène devient un tableau de maître, qui prend vie devant nos yeux ébahis de tant de beauté, d'originalité et d'inventivité. On est totalement hypnotisé par le travail plus que minutieux réalisé par l'équipe du chef décorateur, on est transcendé par la mise en scène fluide et magistrale de Wojciech Has qui nous prend par la main, nous berce, nous emporte avec elle dans un monde onirique de haute volée, aux ramifications incroyables ! Se faufiler sous un simple lit propulse le personnage principal dans des mondes fantasmatiques aussi différents les uns que les autres : grenier bric-à-brac, cimetière, rues bondées d'une population éclectique, hall abandonné où sont entreposés des mannequins de cire et autres endroits étonnants attendent le spectateur qui acceptera de prendre part à ce voyage initiatique en laissant derrière lui ses attentes et sa rationalité. Le réel ne semble pas exister dans La Clepsydre, on voyage aux confins de l'inconscient, les notions de temps et d'espace sont bafouées, bouleversées, contournées, pour mieux surprendre (et perdre) le spectateur, hagard devant tant d'informations qu'il a bien du mal à assembler, à entremêler pour en créer un fil conducteur à même de lui fournir des éléments de réponse sur ce qu'il est en train de voir sur son écran. Labyrinthe inextricable entre plusieurs mondes, La Clepsydre est parsemé de visions foudroyantes, de personnages disparates, d'oiseaux de Paradis, de juifs dansants, de femmes plantureuses, de contrôleur de train étrange, de soldats noirs, de mannequins de cire vivants, d'éléphants et de chameaux, de Rois Mages, qui virevoltent au gré des saisons, avec cohérence ou incohérence, avec logique ou illogisme, où la jeunesse côtoie la vieillesse, où l'enfance est revécue à travers des objets ou des personnages, où les souvenirs tentent d'éclipser la réalité de la mort, avec, au final, un seul gagnant : le temps. Comme dit plus haut, il est inutile de chercher la logique ou de tenter de comprendre La Clepsydre lors d'une première vision. Il faut juste s'abandonner tout entier à la puissance évocatrice de ses images, de ses séquences, qui évoquent à la fois Fellini, Jodorowski, Lynch, Bunuel ou Visconti. Une fois passée le choc de la découverte, alors seulement le travail de compréhension peut débuter. La lecture des deux analyses du film présentes dans le livret mis à disposition dans l'édition DVD s'avère des plus intéressantes et nous donnent de solides pistes et grilles de lecture pour comprendre ce qu'on n'a pas saisi. Nourri de ces analyses, il ne reste plus au spectateur qu'à se replonger dans La Clepsydre, il ne reste plus au spectateur qu'à reculer lui aussi le temps, comme s'il était prisonnier lui-même du sanatorium du docteur Gotard, et de se relancer dans une nouvelle vision de ce petit bijou qui s'avère un incontournable du cinéma fantastique et onirique. 

* Disponible en DVD chez l'éditeur MALAVIDA FILMS dès le 6 novembre, avec une image restaurée absolument magnifique, permettant de bénéficier pleinement de la maestria visuelle du film, uniquement présenté en VOSTF.

 
       

vendredi 25 octobre 2019

MUTATIONS

MUTATIONS
(The Mutations / The Freakmaker)

Réalisateur : Jack Cardiff
Année : 1974
Scénariste : Edward Mann, Robert D. Weinbach
Pays : Angleterre, Etats-Unis
Genre : Science-Fiction, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Donald Pleasence, Tom Baker, Brad Harris, Julie Ege, Michael Dunn...


L'HISTOIRE : Le professeur Nolter est un brillant scientifique, expert en génétique. Conscient que le monde court à sa perte, il procède dans son laboratoire à des expérimentations visant à établir sa thèse comme quoi il serait possible de donner vie à de nouvelles créatures plus robustes que les humains, en mêlant l'ADN des animaux et des végétaux. Grâce à Lynch, personne difforme qui travaille en tant que monstre de foire dans le cirque avoisinant et qui lui procure des cobayes en kidnappant des étudiants, Nolter peut se livrer à ses expériences farfelues qui n'engendrent que des monstres au look étonnant...

MON AVIS : Totalement inédit sur les écrans français, Mutations a tout de même eu son heure de gloire durant l'époque bénie des vidéoclubs puisque ce drôle de film a été édité en VHS par American Vidéo en France. Il a été réalisé en 1974 par Jack Cardiff, qui est l'un des plus célèbres directeur de la photographie de l'Histoire du cinéma, mais aussi l'un des pionniers dans l'utilisation du Technicolor et qui a également à son actif une dizaine de films en tant que metteur en scène, comme Les DrakkarsLe Liquidateur ou La Motocyclette par exemple. C'est sous l'impulsion du producteur Robert D. Weinbach, qui souhaite produire un film hommage à Freaks la Monstrueuse Parade de Tod Browning, que Jack Cardiff se retrouve aux commandes de Mutations. Le scénario est écrit par Robert D. Weinbach mais également par Edward Mann. Un scénario assez farfelu pour cette histoire qui ne l'est pas moins comme vous avez pu le lire dans le résumé ci-dessus ! Avec un budget avoisinant les 400 000$, Jack Cardiff va donc mettre en image les idées de Weinbach et Mann, qui mélangent deux thématiques bien distinctes tout en essayant de les faire coïncider et cohabiter : celle du savant fou et celle des monstres de foire pour l'hommage au chef-d'oeuvre de Tod Browning évoqué plus haut. Pour interpréter notre savant fou, Cardiff envisage d'engager l'illustre Vincent Price mais aucun accord ne sera trouvé entre les deux hommes et c'est donc à Donald Pleasence, futur docteur Loomis de la saga Halloween, que va incomber la mission de devenir le Freakmaker, le créateur de monstres, de ce film à la fois classique et extravagant. En effet, Mutations, tout comme il va jouer avec deux thèmes différents, va également proposer aux spectateurs deux ambiances variées qui vont finir par s'interpénétrer lors du final. Lorsque Jack Cardiff s'intéresse au monde des freaks, le film se veut assez réaliste, sombre et parfois cruel, nous présentant divers nains, une femme à barbe, un homme qui ne ressent pas la douleur, une femme-crocodile, une femme-squelette, une femme obèse, une femme-singe, un homme pouvant exorbiter ses globes oculaires (Popeye, très impressionnant) et j'en passe, lors d'un freakshow à l'ancienne. Tout comme dans le film de Browning, les divers freaks de Mutations sont d'authentiques personnes atteintes de difformités physiques ou de maladie de peau. Seul le personnage de Lynch, joué par Tom Baker, est un acteur portant un maquillage sur le visage. Un monstre qui refuse sa condition de freak justement et qui va tout faire pour trouver un moyen de changer de visage, quitte à kidnapper et à envoyer à la mort de pauvres étudiants pour le solde de notre savant fou joué par Pleasence, qui, en échange, lui promet de l'opérer et lui rendre un beau visage ! La scène du repas d'anniversaire, pur clin d'oeil à la scène la plus cruelle de Freaks, est à ce titre représentative de ce refus de Lynch d'accepter sa condition de monstre de foire au look très Elephant Man. Au caractère réaliste de ces séquences mettant en vedette les freaks, Jack Cardiff oppose une ambiance totalement délirante lorsqu'il s'intéresse aux travaux du savant fou, pimentant l'action d'un peu d'érotisme, avec quelques plans fugaces sur de jolies poitrines dénudées, dont celle d'Olga Anthony, superbe rousse vue dans The Vampire Lovers, Les Cicatrices de Dracula ou Captain Kronos Tueur de Vampires entre autres, ou filmant le résultat des expérimentations ratés du docteur Nolter, à savoir des sortes de plantes carnivores en plastique (qu'il nourrit de pauvres petits lapins vivants !) ou bien une femme-lézard au visage étonnant. Si les effets-spéciaux de la plante carnivore apparaissent très sommaire, limite ridicule, les maquillages de la femme-lézard puis de l'étudiant devenu un homme-plante sont par contre franchement réussis, surtout si vous êtes fans des célèbres Craignos Monsters du papa de Mad Movies ! Le final du film est à ce titre totalement jouissif, le pauvre jeune homme étant devenu un monstre au look incroyable qui fit les beaux jours des fans de cinéma Bis ! S'il a un peu le cul entre deux chaises, Mutations s'avère néanmoins très recommandable, et ce mélange d'influences surprendra dans le bon sens l'amateur de curiosité filmique. On notera la présence au générique, dans le rôle du nain bonimenteur, de l'acteur Michael Dunn, célèbre docteur Loveless de la série Les Mystères de l'Ouest, ainsi que la jolie Julie Ege (Heidi) et l'acteur Brad Harris dans le rôle de Brian Redford. Insolite et bizarroïde, Mutations et son histoire tarabiscotée plaira certainement aux amateurs de film un peu inclassable et bien barré du ciboulot, à l'image de la séquence introductive nous présentant des images en accéléré de naissance et d'éclosion de plantes ou champignons étranges, filmées par le spécialiste Ken Middleham, qui nous avait déjà offert des séquences spectaculaires dans le Phase IV de Saul Bass. Ce sera le dernier film de Jack Cardiff en tant que réalisateur. 

* Disponible en combo DVD + BR + LIVRET chez RIMINI EDITIONS

LE COMBO DVD + BR
Le film de Jack Cardiff s'offre un bel écrin avec cette édition solide de chez Rimini Editions. Digipack trois volets sous fourreau, très belle qualité d'image HD permettant de (re)découvrir ce titre avec un gain de qualité par rapport à la VHS française incommensurable. Présence de la VF (qui démarre à environ un quart d'heure, le début du film n'ayant apparemment jamais été doublé en VF) et de la VOSTF. Niveau bonus, on trouve un excellent module baptisé Comment créer un monstre ? qui donne la parole à Jack Cardiff, à Robert D. Weinbach et à Brad Harris. Ces derniers reviennent sur le tournage du film, ses effets spéciaux, son histoire et sa naissance. Une bande annonce vient compléter cette très belle édition, ainsi qu'un livret très informatif de 20 pages rédigé par Marc Toullec.




jeudi 24 octobre 2019

LES RESCAPÉS

LES RESCAPÉS
(Wilkolak / Werewolf)

Réalisateur : Adrian Panek
Année : 2018
Scénariste : Adrian Panek
Pays : Pologne, Pays-Bas, Allemagne
Interdiction : -12 ans
Genre : Drame, Thriller, Horreur
Avec : Kamil Polnisiak, Nicolas Przygoda, Sonia Mietielica, Danuta Stenka...


L'HISTOIRE : Un groupe d'enfants, venant d'être libérés d'un camp de concentration, trouve refuge dans un vieux manoir, abandonné en pleine forêt. Aidé d'une adulte et d'Hanka, l'adolescente la plus âgée, le groupe tente de survivre face à la faim, au manque d'eau et au manque d'hygiène. Des rivalités et des tensions naissent au sein des adolescents qui doivent réapprendre à vivre. Leur monde va être ébranlé à nouveau lorsque les chiens-loups des nazis, laissés à l'abandon après la libération du camp, débarquent dans les environs, plus affamés que jamais...

MON AVIS : Avec Les Rescapés, le réalisateur polonais Adrian Panek nous livre un mélange assez original entre drame, suspense et horreur. Pas original sur la nature même de l'événement principal (des chiens affamés s'attaquent à un groupe d'individus, ce qui a déjà été vu plusieurs fois évidemment) mais sur d'autres points, à commencer par l'identité des protagonistes, à savoir des enfants venant d'être libérés d'un camp de concentration. Les horreurs de la guerre et de la barbarie nazie en toile de fond de ce survival brillamment mis en scène, voilà qui n'est pas commun. On le sait, il est toujours difficile d'utiliser cette thématique pour en faire un divertissement, hormis pour des films de guerre. Adrian Panek y est pourtant parvenu car son film parle avant tout de la déshumanisation de ces enfants et adolescents qui vont devoir se reconstruire. Le cas le plus significatif est celui du jeune garçon Wladek, joué par l'inquiétant Kamil Polnisiak, qui semble totalement hors du temps (normal après avoir vécu l'Enfer me direz-vous) et dont le comportement étrange et intrigant permet au réalisateur de créer un certain malaise quand il est à l'écran. Il semble attiré par Hanka et ne supporte pas que d'autres garçons lui tournent autour. On ne sait jamais ce qu'il a l'intention de faire et cela est parfois déstabilisant, comme lorsqu'il s'approche d'un "rival" assis au bord d'une fenêtre ou qu'il regarde, sans appeler à l'aide, Hanka se faire violer par un soldat russe. Le côté dramatique du film met en avant ce groupe d'enfants devant tout réapprendre du début : manger avec des couverts, partager la nourriture, s'entraider mutuellement. Le traumatisme vécu dans le camp de la mort est encore bien présent et leur a laissé des marques indélébiles, et pas seulement le numéro de prisonnier tatoué sur leur avant-bras. La scène dans laquelle les enfants jouent dehors et en viennent à piétiner un pauvre rat nous éclaire sur le fait que le notion de bien et de mal doit leur être inculqué à nouveau car ils n'ont plus conscience de leur acte. En fait, on peut voir dans Les Rescapés une inversion de la thématique du célèbre roman et film Sa Majesté des Mouches, qui voyait de gentils enfants se laissaient aller à la cruauté. Ici, c'est dans le sens inverse qu'ils vont devoir évoluer, qu'ils vont devoir, de bêtes, redevenir humains. Le titre original du film, Wilkolak, ou Werewolf, est donc une véritable métaphore car s'il n'y a point de loups-garous dans le film en tant que tel, l'idée de la bête caché dans l'homme est largement mise en avant. On notera également que ce terme peut s'appliquer aux féroces chiens-loups qui vont venir perturber notre petit groupe puisqu'à un moment, l'un des enfants se demandera si les chiens ne seraient pas les nazis devenus animaux féroces. Il faut d'ailleurs signaler aux futurs spectateurs que c'est bien l’aspect drame humain qui intéresse avant tout Adrian Panek, bien plus que l'affrontement du groupe avec les chiens. Il faut dire que les jeunes acteurs, quasiment tous débutants, sont franchement bons et le réalisateur les dirige particulièrement bien. La mise en scène de ce dernier, ainsi que le travail sur la photographie, sont également à mettre en avant car visuellement, le film est des plus convaincants et certaines scènes sont fort belles à regarder, mettant en valeur le décor, que ce soit la forêt ou ce vieux manoir assez lugubre. Par de nombreux aspects, Les Rescapés s'apparente à une sorte de conte de fée sombre, macabre et désenchanté. Très clairement, le film d'Adrian Panek peut se voir comme étant quasiment un film d'auteur avant d'être un survival et en cela, il pourra décontenancer le public qui s'attendait à voir un pur film d'agressions animales à l'image de Wilderness (2007) ou The Pack (2015) par exemple. Des chiens méchants, il y en a pourtant bien dans Les Rescapés. Extrêmement bien dressés, les chiens-loups du film sont à l'origine de certaines images marquantes et provoquent bien des montées de tension quand ils tentent de pénétrer dans le manoir ou qu'ils s'attaquent aux survivants. Les gorges déchiquetées sont filmées en gros plan et la brutalité des morsures est assez déplaisante à regarder. Outre l'aspect brutal, les chiens participent, à leur manière, à la ré-humanisation du petit groupe. En effet, après avoir capturé l'un des chiens, les enfants semblent bien décider à le tuer, étant tous armés de bâtons et autres armes. Mais devant le spectacle de ce chien affamé et assoiffé, une petite fille lui offre un bol d'eau, pourtant chèrement récoltée. La part de bestialité présente dans cette petite fille a réussi à être contenu et en cela, une notion d'espoir survient. Si dans pareille situation, une petite fille trouve la force et le courage de ne pas tuer et d'offrir même son bien le plus précieux à un animal qui a tenté de la mettre en pièce, alors tout n'est peut-être pas perdu pour l'Humanité. Un beau message pour un film qui ne l'est pas moins. Certes, tout n'est pas parfait dans Les Rescapés, certaines situations tournent un peu en rond, le rythme se veut souvent contemplatif bien qu'il soit dynamisé par les attaques des chiens. Je conseille en tout cas à tous les curieux de visionner ce film en version originale sous-titrée, afin de profiter pleinement de l'ambiance, la version française n'étant pas idéale à mon avis pour découvrir ce film d'Adrian Panek, qui a récolté de nombreux prix à travers les festivals où il a été projeté, dont le prix 7e ORBIT au BIFFF 2019 !

* Disponible en DVD chez RIMINI EDITIONS


mercredi 23 octobre 2019

LE MANOIR DES FANTASMES

LE MANOIR DES FANTASMES
(Dark Places)

Réalisateur : Don Sharp
Année : 1974
Scénariste : Joseph Van Winkle, Ed Brennan
Pays : Angleterre
Genre : Thriller, Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Christopher Lee, Joan Collins, Robert Hardy, Herbert Lom, Jane Birkin...


L'HISTOIRE : Sur son lit de mort, Andrew Marr dévoile à son ami Edward Foster qu'il a caché une fortune dans un des murs de son vieux manoir. Foster devient le propriétaire de la demeure délabrée et supposée hantée par les fantômes de la femme et des deux enfants d'Andrew Marr, morts assassinés. Foster se met à chercher le magot caché et se découvre de nouveaux amis : le docteur Mandeville et sa soeur Sarah, ainsi que le notaire Prescott, qui sont tous à la recherche de la fortune de Marr. Petit à petit, Edward Foster se sent incarné par l'esprit d'Andrew Marr et se met à revivre sa dernière semaine meurtrière dans son manoir...

MON AVIS : Réalisé par Don Sharp en 1974, Le Manoir des Fantasmes n'est en rien un film érotique comme pourrait le laisser suggérer son titre. C'est un thriller jouant avec les codes du film d'épouvante, utilisant les clichés des films de maisons hantées et ceux des films dits de machination, avec une petite pincée d'ambiance à la Edgar Allan Poe. Don Sharp n'est pas un débutant dans le domaine de l'épouvante à l'anglaise puisque notre homme s'est illustré dans le genre avec Le Baiser du Vampire en 1963, Witchcraft en 1964 ou Curse of the Fly en 1965 par exemple. On luit doit également plusieurs films mettant en vedette Christopher Lee, comme Le Masque de Fu Manchu, Les Treizes Fiancées de Fu Manchu ou Rapoutine le Moine Fou. Il retrouve d'ailleurs le mythique acteur dans Le Manoir des Fantasmes, et lui fait endosser le rôle du docteur Mandeville, un personnage antipathique, uniquement intéressé par l'argent et qui va tout faire pour que Edward Foster, le nouveau propriétaire du manoir, s'en aille, histoire d'avoir le temps de trouver cette foutue fortune que la plupart des protagonistes du film cherche. Quitte à utiliser sa sœur comme objet de séduction et la mettre dans le lit d'Edward ! Il faut dire que cette dernière n'a pas une réputation de sainte nitouche et ne se fait apparemment pas prier pour se glisser dans les draps des cibles de son frère. C'est la bien connue Joan Collins qui joue Sarah Mandeville et l'actrice va user de son charme et de son magnétisme pour s'attirer les faveurs du pauvre Edward, qui devient malgré lui la cible toute désignée des vautours qui habitent près du manoir et qui savent tous que Andrew Marr était bien fortuné. Edward est interprété par Robert Hardy et l'acteur va avoir deux rôles à jouer dans Le Manoir des Fantasmes : celui d'Edward donc, mais aussi celui d'Andrew Marr jeune lors des nombreuses séquences de flashback venant éclairer la vie tumultueuse de ce dernier et notamment le drame qui a endeuillé sa vie, avec la mort de sa femme Victoria, ses deux enfants et sa maîtresse Alta, la jeune gouvernante jouée par une ravissante Jane Birkin. Un drame qui a laissé une bien mauvaise réputation au manoir, que les habitants du coin croient hanté, vu qu'aucun corps n'a été retrouvé. Un manoir délabré, abandonné, qu'Edward va devoir rénové, tout en espérant que les travaux lui fournissent l'emplacement de la fameuse cachette où se trouve le magot. Plus le film avance, plus Edward reste dans le manoir et plus sa raison semble vaciller, comme s'il était pris sous l'influence de l'esprit du défunt Andrew Carr, dont il se met à revivre des épisodes de sa vie passée. De plus, Edward voit des formes aux fenêtres, entend des rires d'enfants dans les pièces de sa nouvelle demeure. Sombre-t-il dans la folie ou des fantômes hantent-ils réellement le manoir ? Ses absences, de plus en plus fréquentes, et ses visions du passé sont-ils le fruit d'un stress trop intense ? C'est l'un des attraits du film, de faire douter le spectateur sur les événements qui se déroulent devant ses yeux. L'ambiance n'est pas mal rendue en plus, les acteurs jouent bien et cette machination réserve quelques surprises, dont un twist final bien trouvé et une scène-hommage aux textes Le Coeur Révélateur et Le Chat Noir d'Edgar Allan Poe. La Maison des Fantasmes est avant tout un film misant sur une atmosphère trouble et il n'est pas inintéressant, son savoureux casting (ceux déjà cités mais aussi Herbert Lom ou Jean Marsh) jouant correctement et nous faisant apprécier cette histoire. Maintenant, sur la forme, on ne peut pas s'empêcher de penser que le film de Don Sharp manque cruellement d'ampleur et de superbe. La mise en scène est assez terre à terre, la photographie est des plus ternes et donne l'impression qu'on regarde un téléfilm plutôt qu'un film de cinéma. L'aspect épouvante manque de sel, ne fait jamais frissonner et le rythme manque de pep's et de tonus. Le Manoir des Fantasmes pourra décevoir quelque peu au final de par sa structure et son approche un peu trop classique mais ça reste un divertissement correct néanmoins. Le cinéma d’épouvante anglais nous a habitué à mieux mais pas de quoi bouder son (petit) plaisir non plus. 



mardi 22 octobre 2019

THE KISS

THE KISS
(The Kiss)

Réalisateur : Pen Densham
Année : 1988
Scénariste : Stephen Volk
Pays : Canada
Interdiction : -12 ans
Genre : Fantastique, Horreur, Thriller
Avec : Joanna Pacula, Meredith Salenger, Mimi Kuzyk, Nicholas Kilbertus, Shawn Levy...


L'HISTOIRE : En 1963, au Congo belge, les deux soeurs Hilary et Felice doivent être séparées. Felice est emmenée en train par sa tante, un personne mystérieuse qui possède un curieux totem. Durant le voyage, la tante, possédée, embrasse Felice. A l'arrivée du train, le contrôleur découvre le cadavre desséché de la tante, pendant que Felice descend tranquillement du véhicule. Vingt-cinq ans plus tard, Hilary vit avec Jack, son mari, et Amy, sa fille adolescente. Elle reçoit un appel téléphonique de Felice, avec qui elle n'avait plus aucun contact depuis l'année 1963. Une rencontre est organisée mais Hilary meurt dans un terrible accident de voiture. Cinq mois plus tard, Felice débarque dans la maison de Jack et Amy et semble prête à tout pour s'attirer l'amitié de la jeune fille. Trouvant le comportement de cette tante qu'elle ne connaît pas troublant, Amy fouille dans ses affaires et trouve le curieux totem. L'emprise de Felice sur le père d'Amy se fait de plus en plus forte et plusieurs incidents dans leur entourage se produisent. Menant son enquête avec l'aide d'un ami, Amy pense que sa tante est une sorcière...

MON AVIS : Sélectionné au festival d'Avoriaz 1989, The Kiss, réalisation de Pen Densham, n'a pas connu un grand succès, que ce soit au cinéma ou lors de son exploitation vidéo. Relativement tombé dans l'oubli, même s'il a été remis un peu sur le devant de la scène au début des années 90, lorsque le trio de comique Les Inconnus se sont servis de la scène du chat maléfique se prenant un coup de râteau dans leur publicité parodique "Krit et Krat", qui détournait bien évidemment la marque de nourriture pour félins "KiteKat". Hormis cela, on n'entend pas beaucoup parler de The Kiss et c'est plutôt dommage parce que c'est une bonne série B, divertissante et agréable à regarder, surtout quand la méchante sorcière a le physique de Joanna Pacula ! L'actrice polonaise, qui n'a pas eu la carrière qu'elle mérite et a joué dans pas mal de films à l'intérêt modéré par la suite (Boddy Puzzle, Warlock 2, L’œil de la vengeance, Last Gasp...) interprète ici une séduisante femme fatale au charme certain, qui est donc une adepte de la sorcellerie et du vaudou et ce, depuis son enfance, lorsque sa tante lui a donné un baiser, lui transmettant ainsi ses pouvoirs mais également une sorte d'entité reptilienne, comme on le découvrira par la suite, un peu à la manière de Hidden ou Jason va en Enfer par exemple. Une tradition ancestrale qui doit à nouveau s'accomplir pour permettre à cette entité de vivre des siècles et des siècles, et c'est Amy, la fille de sa sœur Hilary, qui va être la victime toute désignée pour recevoir à nouveau ce curieux baiser maléfique, qui donne donc son titre au film. Ah les traditions familiales, ce n'est plus ce que c'était ! En tout cas, Joanna Pacula fait sensation, avec son regard magnétique, sa chevelure incendiaire, son physique de top-model (ce qu'elle est dans la film d'ailleurs) et son sex-appeal infernal, notamment lors d'une scène d'amour torride avec le mari de sa défunte sœur et dans laquelle elle nous dévoile son corps dénudé, ce qui fera monter la température chez le public masculin. Il est à noter que la jeune actrice qui joue Amy, Meredith Salenger, se montre également extrêmement jolie ! On avait pu la découvrir dans le beau film de Walt DisneyNatty Gann en 1985 où elle interprétait le rôle-titre justement. Bref, de jolies filles au casting de ce thriller fantastico-horrifique qui, s'il ne révolutionne pas le genre, loin de là, se révèle donc recommandable et non dénué de charme. Les exactions de Joanna Pacula viennent pimenter une intrigue somme toute classique utilisant le thème de la personne inconnue venant parasiter la vie tranquille d'une gentille famille. L'accident de voiture de sa soeur Hilary se montre très efficace et nous fait penser aux futures tragédies de la série Destination Finale. Les différentes morts du film, qu'on sait être commises à l'aide de pouvoirs magiques, ont cette particularité qu'elles peuvent toutes s'expliquer de manière rationnelle, un peu comme dans La Malédiction par exemple. Car notre méchante sorcière est maligne et ne va pas s'attaquer en personne à ses victimes, préférant user de rites sataniques ou vaudou pour parvenir à ses fins et passer inaperçue aux yeux d'Amy et son père. La scène de l'escalator est à ce titre un parfait exemple, car il est tout à fait réaliste qu'un collier se prenne dans les rouages de ces escaliers motorisés ! Sans se montrer vraiment spectaculaire, la faute à un budget qu'on devine assez réduit, les quelques morts violentes dans The Kiss font le job, tout comme la mise en scène de Pen Densham, qui parvient à faire naître de la tension et à jouer sur le suspense, aidée par la musique de J. Peter Robinson qui remplit sa fonction première :  celle de créer un certain malaise, une atmosphère lugubre. Les effets spéciaux ne sont pas extraordinaires, même si on retrouve Chris Walas aux commandes, mais ça passe assez bien dans l'ensemble, avec peut-être un petit bémol pour le compagnon de Joanna Pacula, à savoir un chat maléfique au faciès inquiétant mais dont certaines apparitions laissent deviner la créature mécanique sous le pelage. Par contre, la scène choc dans laquelle un mannequin anatomique semble prendre vie, du moins ses poumons et son cœur, dans une salle de classe, est particulièrement aboutie. Avec son mélange de film pour ados (Amy, sous l'emprise des maléfices de la sorcière, se met à avoir ses règles et s'éveille à la sensualité), de sorcellerie, de pratique vaudou et de déstructuration de la cellule familiale, et surtout grâce à la présence féline de Joanna Pacula, The Kiss recycle pas mal de clichés déjà vus mais il le fait assez bien, nous faisant passer un bon moment devant notre écran. C'est une série B sans autre prétention que celle de divertir et, en ce sens, le pari est plutôt réussi. Les amateurs de films fantastiques 80's lui redonneront certainement sa chance. Petit regret pour ma part, que les images provenant de la bande-annonce, nous montrant l'arrivée de Joanna Pacula sous un ciel orageux, un éclair donnant à son visage un look de tête de mort (à l'instar de l'affiche originale ci-dessous) n'aient pas été reprises dans le film car l'impact est vraiment excellent.


lundi 21 octobre 2019

MANIAC

MANIAC
(Maniac)


Réalisateur : William Lustig
Année : 1980
Scénariste : Joe Spinell, C.A. Rosenberg
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Joe Spinell, Caroline Munro, Abigail Clayton, Kelly Piper, Rita Montone, Tom Savini


L'HISTOIRE : Depuis la mort de sa mère, Frank Zito est devenu totalement fou et il fait régner la terreur dans les rues de New-York où il commet des crimes atroces sur des jeunes femmes, dont il prélève le scalp pour en vêtir les mannequins entreposés chez lui. La police est impuissante et le maniaque continue son horrible collection...

MON AVIS : Je ne vous apprend rien si je dis que Maniac est un film phare des années 80 dans le domaine du cinéma d'horreur et qu'il reste, presque quarante ans plus tard, un fleuron du cinéma indépendant ultra-violent. Il a été réalisé par William Lustig, qui nous offrira des films très sympathiques par la suite, comme Vigilante en 1982 ou la saga Maniac Cop en 1988, 1990 et 1993 par exemple. Sympathique, Maniac ne l'est pas. Absolument pas. On ne rit pas dans Maniac, ni même ne sourit. Ce film peut être considéré comme un monument de la violence sans concession. C'est froid, glacial, direct. Une expérience hors norme, une entrée dans le monde de la folie humaine, tout comme Massacre a la tronçonneuse l'avait si bien fait en 1974. La grande force du film réside en trois points. Le premier, et non des moindres : la composition de Joe Spinell, qui incarne donc Frank Zito, psychopathe très atteint, victime d'une mère possessive qui n'hésitait pas à le brimer pour parfaire son éducation. On retrouve bien sûr du Norman Bates dans Frank Zito. Joe Spinell, qui a co-écrit le film, est juste hallucinant dans ce film. Son apparente tranquillité peut laisser surgir le monstre qui sommeille en lui. Son regard hirsute pendant les scènes de meurtres fait froid dans le dos. Il est totalement investi par le personnage. D'un physique plutôt ingrat, petit et bien portant, Frank Zito pourrait être votre voisin de palier. Quand il a toute sa tête, c'est un homme charmant et courtois, comme le découvrira la séduisante Caroline Munro. Mais quand sa psychose reprend le dessus, mieux vaut ne pas se trouver dans les environs. Le second point est bien sûr les créations de Tom Savini en ce qui concerne les effets-spéciaux. D'un réalisme proprement époustouflant, les scènes de meurtres surfent sur le gore qui éclabousse. Mais pas un gore comique à la Braindead. Non, ici, on parle d'un gore malsain, crade, sordide. Scalp au rasoir, éventrement au sabre, explosion de tête au fusil à pompe et j'en passe, Maniac vous réservera de scènes sanglantes assez inouïes, dont un final paroxysmique impressionnant et dérangeant, qui ne manquera pas de marquer les esprits ! Tom Savini s'est vraiment surpassé dans le réalisme et la violence brute. Le troisième et dernier point est l'ambiance du film. Comme dit précédemment, le film de Lustig respire le sordide, le climat est tendu, malsain à souhait. Pour créer ce climat, la mise en scène de Lustig mais aussi la musique de Jay Chataway remplissent parfaitement leur fonction. Le thème musical principal, que l'on peut entendre au début du film, quand on se retrouve dans l'appartement du tueur, possède une touche bien à lui, il est calme mais fait naître le malaise chez le spectateur. La musique lors de la poursuite dans le métro réussit à nous faire stresser, à nous faire vivre l'état de panique de la future victime poursuivie par Frank Zito. S'il y a bien un film qui ne respire pas la joie de vivre, que ce soit par ses images ou sa bande originale, c'est bien celui-ci. Revu encore une fois pour vous faire cette petite chronique (on a déjà tout dit sur ce film, autant ne pas radoter), Maniac n'usurpe vraiment pas sa réputation de film extrême. Encore aujourd'hui, il reste un véritable choc pour les spectateurs et se hisse haut la main parmi les meilleurs films de violence urbaine ultra réaliste. Un film coup de poing, qui est peut-être même le film le plus violent et le plus glauque de la décennie 80, avec Cannibal Holocaust. A ne pas mettre devant tous les yeux.

* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME

LE COMBO DU CHAT QUI FUME :
Vous pouvez jeter votre VHS René Château (bon, je blague hein !), mettre de côté votre édition DVD de chez Opening  et même ranger au fond d'une armoire le BR paru chez Blue Underground car Le Chat qui Fume vient de sortir l'édition définitive de MANIAC, qu'on se le dise ! Elle sera un peu moins définitive pour celles et ceux qui n'ont pas précommandé le film et qui vont l'acheter lors de la sortie officielle en boutique puisque le CD de la bande originale sera absent. Pour ceux qui ont précommandé l'édition limitée à 1000 exemplaires, c'est juste le nirvana ! Boitier digipack 4 volets avec fourreau reprenant le visuel culte, soit 2 DVD + 1 BR + 1 CD ! Qualité d'image saisissante qui n'enlève en rien le côté malsain du film, présenté en VF 2.0 ou VOSTF 5.1 et 7.1 pour le Blu-ray et en VF + VOSTF 2.0 pour le DVD. Et une pléthore de bonus comme on en a rarement vu !
Au programme :
• Commentaire audio de William Lustig, Tom Savini, Lorenzo Marinelli (montage) et Luke Walter (assistant personnel de Joe Spinell) (vostf)
• Commentaire audio de William Lustig et du producteur  Andrew W. Garroni (vo)
• Bill & Joe par Fathi Beddiar
• Les remakes de Lustig par Fathi Beddiar
• Maniac Outtakes (19 mn)
• Retour sur la scène du crime (8 mn)
• Anna et le Maniac (13 mn)
• Le trafiquant de mort (12 mn)
• Les Notes sombres (12 mn)
• Les Maniacs (10 mn 30)
• Caroline Munro, interview TV (2 mn 50)
• Grindhouse Film Festival : Q&A avec William Lustig, Andrew Garroni et Sharon Mitchell (22 mn)
• Bill Lustig chez Movie Madness (47 mn)
• Joe Spinell au Joe Franklin Show (13 mn)
• Joe Spinell à Cannes (1 mn)
• Newsbeat - les films violents (12 mn30)
• Newsbeat - La violence dans les films (8 mn)
• MR.Robbie (7mn30)
• L’histoire de Joe Spinell (50 mn)
• Les Critiques du sac à vomi (2 mn)
• MIDNIGHT BLUE - Al Goldstein mutile sa poupée (2mn 40)
• MIDNIGHT BLUE - Al Goldstein contre les films violents (4 mn)
• Les nouvelles de Chicago ( 2mn 15)
• Les nouvelles de Los Angeles (8 mn)
• Les nouvelles de Philadelphie (3 mn45)
• Films annonces américain hard et soft (3 mn)
• Film annonce international (3 mn 50)
• Films annonces Allemand - Italien - Français (8 mn 30)
• 9 spots télé (3 mn)
• Le film en mode VHS
C'est bien simple, il y en a tellement que tout ne tient pas sur le BR et que des bonus ont du être placé sur le DVD de bonus ! Une édition que le monde entier va nous envier, c'est sûr !