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JOHNNY S'EN VA-T-EN GUERRE

 

JOHNNY S'EN VA-T-EN GUERRE
(Johnny got his Gun)


Réalisateur : Dalton Trumbo
Année : 1971
Scénariste : Dalton Trumbo, Luis Bunuel
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Guerre
Interdiction : -12 ans
Avec : Timothy Bottoms, Kathy Fields, Jason Robards, Donald Sutherland...

L'HISTOIRE : Joe Bonham s'engage pour aller faire la guerre, lors de la Première Guerre mondiale. La chute d'un obus à côté de lui l'envoie à l'hôpital militaire. Terriblement mutilé, il est privé de bras, de jambes, de la vue, de l'audition et de la parole. Les médecins pensent qu'il est décérébré et décide de le maintenir en vie. Seulement, Joe est encore doté d'une conscience. Il revoit des épisodes de sa vie en rêve et va tenter d'établir une communication avec le personnel soignant...

MON AVIS : Ma première rencontre avec Johnny s'en va-t-en guerre date de mon adolescence. Fan de musique métal, et de Metallica en particulier à cette époque, je tombe en 1989 sur le clip du titre-phare de ce groupe, One. Un clip qui mêle des images du groupe jouant la chanson mais aussi des images d'un film montrant le calvaire d'un homme-tronc, blessé de guerre et que l'armée garde en vie. Les paroles même de la chanson correspondent exactement aux images du film, comme si le chanteur James Hetflield était le soldat mutilé. Un clip choc qui m'a donné envie d'en savoir plus sur ce film qui m'était inconnu. Bien plus tard, j'ai pu voir ce fameux Johnny s'en va-t-en guerre. C'est l'unique réalisation de Dalton Trumbo, un écrivain qui a d'ailleurs signé le roman éponyme publié en 1939. Un roman perpétuellement cité lors de manifestations pacifistes, puisqu'il est un véritable pamphlet anti-guerre. En 1971, l'auteur décide d'adapter lui-même son oeuvre littéraire au cinéma, avec l'aide de Luis Buñuel au scénario. Le film sera présenté à Cannes la même année, où il recevra le Prix Spécial du Jury. Encore aujourd'hui, Johnny s'en va-t-en guerre conserve toute sa force, toute sa puissance évocatrice et reste, avec Les Sentiers de la Gloire, l'un des plus brillants films antimilitaristes jamais mis en scène. Outre le terrible clavaire vécu par le soldat mutilé, interprété par Timothy Bottoms, l'originalité du film de Dalton Trumbo vient aussi de sa réalisation. L'utilisation du noir et blanc pour nous présenter la vie de Joe Bonham après l'explosion de l'obus et l’utilisation de la couleur pour nous faire pénétrer dans son esprit et nous faire revivre son passé, ses cauchemars, ses peurs, ses joies, sa relation avec son père (formidable Jason Robards) ou sa fiancée (la charmante Kathy Fields) sont particulièrement efficaces ici et les scènes en couleur permettent d'apporter un peu de luminosité à ce terrible cauchemar éveillé. Clairement, les scènes en noir et blanc provoquent un sentiment d'étouffement et de malaise constant, qui sont amplifiées par la voix-off omniprésente du malheureux soldat, unique moyen donné au spectateur pour savoir ce qu'il pense, ce qu'il ressent. Les scènes du passé, en couleur donc, viennent apporter à ce même spectateur un peu d'oxygène et de repos mental, afin de pouvoir supporter le sort tragique du pauvre Joe. La bêtise de la guerre, tous ces jeunes soldats qu'on envoient au front pour se faire massacrer, la douleur et la peine des familles endeuillées sont l'une des thématiques traitées par Dalton Trumbo bien sûr. Mais ce n'est pas la seule. L'acharnement thérapeutique fait aussi partie des thèmes traités ici et, à bien y regarder, il surpasse peut être même celui des horreurs de la guerre. Pourquoi garder en vie cet homme-tronc, qu'on ne veut même pas exposer au regard, qu'on garde enfermé dans un simple débarras tout en lui octroyant néanmoins des soins de qualité ? Le thème de la fin de vie, de la dignité à laisser partir un cas désespéré, est toujours d'actualité en 2024 et n'a toujours pas été réglé. La vision de Johnny s'en va-t-en guerre vu par ce prisme, est, à ce titre, d'une grande nécessité également. Antonyme total du mot action, le film de Trumbo n'ennuie pourtant jamais. Les scènes de la vie de Joe Bonham avant son accident peuvent apparaître comme un peu kitsch parfois, mais elles ont une réelle utilité : celle de montrer que Joe n'est qu'un jeune homme comme tous les autres, une victime de la guerre comme il en existe et en existera malheureusement des millions. La présence de Donald Sutherland en Jesus lors de certaines séquences fantasmagoriques met aussi en lumière la notion de Foi tout en montrant les limites de cette dernière. En effet, Jesus ne trouve pas de solution pour Joe, allant même jusqu'à lui dire que tu sois en vie est le pire cauchemar qui soit imaginable. Il semblerait que ces scènes avec Jesus soit l'idée de Luis Buñuel, un ami de Dalton Trumbo. Elles versent tellement dans le surréalisme que ça ne m'étonnerait pas. La notion religieuse est aussi fortement éraillée à la fin du film, quand un haut gradé demande à un prêtre militaire s'il n'a rien à dire ou à offrir à Joe Bonham. Le prêtre répond alors à l'officier une sentence terrible et effroyable : il est le produit de votre profession, pas de la mienne. Si on se trouve terriblement impuissant face au sort de Joe tout au long du film, on se surprend à ressentir une vive émotion d'espoir quand, après avoir discuté avec son père décédé en rêve, il trouve enfin un moyen de communiquer avec le monde extérieur grâce au code Morse. Une scène très intense, qui marque les esprits de façon concrète. Et qui se solde malheureusement par un nouvel échec, qui clôturera le film de la plus effroyable des manières. Déprimant au plus haut point, Johnny s'en va-t-en guerre est un authentique chef-d'oeuvre du cinéma, un choc cinématographique qui nous laisse les mains moites devant notre écran. Une oeuvre essentielle, qui s'est vu remasterisé en 4K d'une éblouissante façon, ce qui permettra à tous de la redécouvrir avec une qualité optimum. Merci Malavida pour ce travail ! 

* Ressortie cinéma en 4K dès le 11 septembre et on espère sur support physique ensuite




Et pour les fans, le clip de Metallica sous titré en français : 

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