KILLERS
(Killers)
Réalisateur : Kimo Stamboel, Timo Tjahjanto
Année : 2014
Scénariste : Timo Tjahjanto
Pays : Indonésie, Japon
Genre : Thriller
Interdiction : -16 ans
Avec : Oka Antara, Kazuki Kitamura, Rin Takanashi, Ray Sahetapy...
L'HISTOIRE : Nomura mène la belle vie à Tokyo. Mais derrière son visage d'ange se cache en réalité un tueur pervers qui filme ses crimes et les diffuse sur internet. A des milliers de kilomètres, Bayu, un journaliste en disgrâce, est fasciné par les vidéos de Nomura. Il devient alors son alter égo en tuant au nom de la justice. Entre rivalité et admiration, les deux tueurs vont commettre des crimes de plus en plus violents...
MON AVIS : Depuis quelques années déjà, le
cinéma asiatique nous abreuve de thrillers ultra-violents qui dynamitent les
codes du genre et nous laisse souvent K.O. devant notre écran. Que ce soit The
Killer, Old Boy, La Sixième Victime, Sympathy for mister Vengeance, Sympathy
for Lady Vengeance, Memories of Murder, J'ai rencontré le Diable, The Chaser,
The Murderer, Morsures ou Monster Boy par exemple. Un des derniers titres en
date est une coproduction Indonésio-japonaise du nom de Killers. Réalisé par le
duo Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto (connu sous le pseudonyme de « Mo
Brothers »), Killers est un spectacle dans lequel la violence graphique n’est
en rien éludé ou dissimulé et qui saura faire son petit effet sur les estomacs
fragiles, comme il l’a prouvé lors de sa projection au festival de Sundance. A travers le portrait de deux
personnalités diamétralement opposé, Killers met en exergue le destin de Nomura
et de Bayu, destin qui va finir par se rejoindre de manière inhabituelle. Le
premier, séduisant et ténébreux golden boy, toujours sapé avec soin, cache
derrière cette façade du gendre idéal un redoutable prédateur misogyne qui n’hésite
pas à attiser le désir de la gent féminine pour mieux pouvoir kidnapper ses
victimes et leur faire subir moult violence, le tout sous l’œil inquisiteur et
pervers de sa caméra. Mutilation, soumission, coup de marteau dans le crâne ou
batte de baseball enfoncée violemment dans la bouche, Nomura ne se refuse
aucune limite lorsqu’il s’agit d’épancher sa soif de sadisme qui confine
parfois au raffinement. Tout est millimétré chez lui et ses exploits sanglants
sont visionnés à travers la toile sur un site privé. Le scénario ne nous épargne
pas le trauma d’enfance du personnage et
la majorité des séquences le mettant en scène sombre dans le glauque et la
violence abjecte qui rebutera les personnes sensibles et fera la joie des
amateurs de « torture porn ». Second « héros » du
film, Bayu, journaliste qui a tout perdu suite à un scandale qu’il a tenté de
mener à bien contre une personnalité influente du pays. Son désir de vengeance
ne s’est pas amenuisé avec le temps et la vision des exploits de Nomura sur le
net va le faire basculer dans le côté obscur de l’âme humaine, devenant un « apprenti
tueur » certes au service du bien, mais un assassin malgré tout dont les
actes vont avoir de graves conséquences dans sa tentative de reconstruction. Outre les séquences de mises à
mort perpétrées par Nomura ou les meurtres un brin raté de Bayu, Killers se
focalise également sur la relation qui se crée entre ces deux personnages par
écran interposé. Le « maître » donne des conseils à « l’élève »
et le maintient constamment sous pression, s’amusant comme un chat le ferait
avec une souris. Dire que le film n’est pas « agréable » à visionner n’est
pas exagéré, tant un sentiment de malaise nous étreint lors de plusieurs
séquences. Le duo de réalisateurs et le duo d’acteurs nous emmènent avec eux dans
la folie humaine et, à l’image de Henry portrait of a serial killer, nous
présentent les actes de ces derniers de manière froide et clinique. Malgré une
très belle mise en scène, des images léchées, un excellent jeu d’acteurs et
parfois même de la poésie, Killers joue avec nos nerfs et s’avère diablement crédible,
le pouvoir des médias, de l’image et d’internet ne pouvant plus être mis en
doute à notre époque. Ce qui provoque chez le spectateur cette désagréable
impression d’assister à une histoire qui pourrait très bien être « basée
sur un fait divers réel ». Bénéficiant d’un très bel écrin visuel,
Killers n’est pas un film à mettre devant tous les yeux. La violence frontale
fait mal à voir et le nihilisme du film ne fait pas dans la dentelle. Le final
est à ce titre assez éloquent. Point de rédemption pour ces psychopathes nés ou
qui le deviennent, point d’échappatoire une fois qu’on a mis le doigt dans l’engrenage.
Film choc, film coup de poing, Killers s’adresse à un public averti et ses
nombreuses qualités en font un film à découvrir pour les amateurs de sensations
fortes et de thriller ténébreux. Avec ses 140 minutes au compteur, Killers
prend parfois son temps, impose des phases contemplatives qui nous
permettent de nous reposer un peu, de souffler un peu. Des phases qui peuvent
apparaître parfois déstabilisantes car faisant baisser le rythme et la tension.
Un petit bémol qui n’en gâche pas pour autant l’efficacité de l’œuvre dans son
ensemble. Éprouvant.
* Disponible en DVD et BR chez WILD SIDE VIDEO
NOTE : 4,5 / 6
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