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LE FILS DU PENDU

LE FILS DU PENDU
(Moonrise)

Réalisateur : Frank Borzage
Année : 1948
Scénariste : Charles F. Haas
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier, Drame
Interdiction : /
Avec : Dane Clark, Gail Russell, Ethel Barrymore, Allyn Joslyn, Rex Ingram...


L'HISTOIRE : En butte dès l’enfance aux sarcasmes de ses camarades parce que son père a jadis été condamné à la pendaison, Danny Hawkins cause la mort de son rival amoureux au cours d’une rixe. Redoutant de finir comme son père s’il se dénonce, Danny  cache le corps et tente de passer à travers les mailles du filet de l’enquête qui se resserre autour de lui...

MON AVIS : Acteur puis réalisateur dès 1912, Frank Borzage est un metteur en scène talentueux, respecté et réputé, à qui l'on doit des œuvres majeures telles L'Adieu aux Armes en 1932, Désir en 1936, le virulent plaidoyer anti-fasciste La Tempête qui tue ou Le Cargo Maudit en 1940 par exemple. Avec Le Fils du Pendu, il réalise un film profondément pessimiste, dans lequel il n'y a que très peu de lueur d'espoir. Rien que la scène d'introduction plante le décor : un homme est pendu et on entend les cris d'un bébé dans un berceau au dessus duquel se balance une peluche qui semble elle aussi pendue. Le bébé est évidemment le fils du pendu et on félicitera celui a trouvé le titre français qui colle, pour une rare fois, parfaitement au sujet, voire même plus que le titre original de Moonrise. La vie débutait donc mal pour le chérubin privé de son père et la suite allait aller de mal en pis pour lui : les brimades quotidiennes de ses camarades de classe lui répétant inlassablement qu'il est le fils du pendu vont lui plomber le moral et laisser des empreintes indélébiles en lui, provoquant une montée de colère et de haine, en particulier envers Jerry Sykes, le plus violent de ses tortionnaires. Noir c'est noir comme chantait Johnny Hallyday, et ça colle parfaitement avec le film de Frank Borzage. Délaissé par les filles, chahuté sans cesse, le pauvre Danny Hawkins, interprété par Dane Clark, n'a jamais connu le bonheur, une notion qui lui est totalement étrangère. Comme si tout ça ne suffisait pas, le réalisateur et son scénariste vont encore plus lui pourrir la vie en le faisant se battre avec Jerry Sykes, une bagarre qui finira malheureusement par la mort de ce dernier. Une mort qui fait resurgir l'ombre de la pendaison de son père. Ne voulant pas finir lui aussi au bout d'une corde, Danny Hawkins cache le corps inanimé de Jerry dans les marécages et va tenter de passer au travers des mailles du filet de l'enquête menée par le shérif local. Frank Borzage ne nous épargne rien des tourments dans lequel il plonge son héros désespéré, qui tente de vivre une relation amoureuse avec Gilly Johnson, une charmante jeune fille qui avait jeté son dévolu sur Jerry Sykes. Interprétée par la charmante Gail Russell, ce personnage féminin va être une sorte de roue de secours pour Danny, qui voit en elle la bonne direction à prendre malgré toutes les difficultés rencontrées. Il pourra également compter sur sa vieille tante (Ethel Barrymore) et sur un vieil ermite noir (excellent Rex Ingram), son seul ami. Plus le temps passe et plus l'étau se resserre autour de Danny, qui sombre peu à peu dans une sorte de folie légère mais durable et voit son côté impulsif être décuplé. La superbe séquence de la grande roue à la fête foraine représente bien cet aspect perturbant : monté dans une nacelle avec Gilly, Danny voit également le shérif et son épouse monter dans l'attraction. La paranoïa l'emporte et Danny est certain que le shérif le traque. Le montage de cette séquence est particulièrement réussi, alternant le visage du shérif semblant fixer Danny avec celui de ce dernier qui perd de plus en plus le contrôle de lui-même, allant jusqu'à se jeter hors de la nacelle pour échapper à son pseudo-poursuivant. Nihiliste en diable, Le Fils du Pendu propose tout de même à son héros d'échapper au noir absolu en travaillant sur sa possible rédemption : pour l'obtenir, il lui suffit d'aller se livrer au shérif compatissant et qui sait quelles épreuves il a du enduré depuis sa naissance. Danny se livrera-t-il ? Vous le saurez en visionnant ce drame au accent de film noir qui ne prête guère à sourire. A éviter les soirs de déprime. En tout cas, Frank Borzage maîtrise son sujet et nous livre de belles séquences, notamment celles se déroulant dans le marais, donnant au film une petite touche gothique bienvenue. Le Fils du Pendu est un bien beau film, sombre et défaitiste mais emprunt de moralité, et qui mérite mieux que l'oubli dans lequel il était tombé.

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS 

NOTE : 4/6



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