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samedi 11 février 2023

LA PASSAGÈRE

 

LA PASSAGÈRE
(Pasazerka)


Réalisateur : Andrzej Munk
Année : 1963
Scénariste :  Andrzej Munk
Pays : Pologne
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Aleksandra Slaska, Anna Ciepielewska, Jan Kreczmar, Marek Walczewski...


L'HISTOIRE : Liza subit un choc, quand, lors d’une croisière, elle croit reconnaître parmi les passagers une jeune femme, Marta, ex-détenue du camp d’Auschwitz où elle était surveillante SS. Liza dont le mari ignore cette partie de sa vie, se souvient de son passé terrifiant. Ce sont d‘abord des fragments en vrac qu’elle arrange afin de construire un récit à l’intention de son mari, et dans le but de se justifier, mais peu à peu la véritable histoire se reconstitue...

MON AVIS : Cinéaste polonais qui débuta sa carrière dans les années 50 et qui est considéré comme l'un des plus importants réalisateurs de son pays, que ce soit par Roman Polanski ou Walerian Borowczyk, Andrzej Munk n'a pas eu l'occasion de terminer sa dernière oeuvre, puisqu'il décéda dans un accident de voiture au cours du tournage, en 1961. Néanmoins, la majorité de La Passagère avait été filmée et les amis et collaborateurs de Munk ont décidé de terminer le film, en se référant au scénario et en intégrant au montage filmé des photos ainsi qu'une voix off qui viennent compléter le film. Au final, on a donc une oeuvre de 60 minutes dont le début et la fin sont sous forme de jeu de photo. On pourrait penser que ce curieux mélange et ce procédé de reconstitution viendraient amoindrir l'impact du film mais au contraire, cela lui donne une force supplémentaire je trouve et même une originalité non désirée au départ mais bel et bien présente au final. L'un des points fort de La Passagère est que Munk a réussi à filmé dans l'enceinte même d'Auschwitz et de Birkenau cette histoire adaptée d’un texte autobiographique de Zofia Posmysz, rescapée d'Auschwitz et de Ravensbrück. Incroyable quand on sait que même Spielberg n'a pas eu cette autorisation pour La Liste de Schindler ! Mais nous sommes ici en 1961 et c'est donc dans les deux parties du plus terrifiant des camps de la mort que va se dérouler l'histoire de Liza, une surveillante SS qui va se prendre d'empathie pour Marta, une détenue. Le point de départ est donc une croisière durant laquelle Liza pense reconnaître Marta. Face au comportement étrange de sa femme, le mari de Liza lui demande des explications et celle-ci va lui raconter son passé. Du moins, une version enjolivée de son passé, destinée à ne pas trop brusquer son mari qui ignorait qu'elle avait était SS durant la guerre. Une version qui fait passer Liza pour une bonne surveillante, qui a tout fait pour préserver Marta, lui permettant même de retrouver et passer du temps avec son fiancé. Liza était donc une surveillante avec un cœur, qui ne faisait qu'appliquer les ordres mais qui est parvenue à sauver Marta en interférant dans lesdits ordres justement. Vraiment ? Petit à petit, la vraie version des faits va nous être exposée et, comme dans le Rashomon de Kurosawa, nous allons avoir deux visions bien différentes d'une même réalité, à la différence qu'ici, c'est la même personne qui nous propose ces deux visions. On pourrait même dire que c'est la conscience même de Liza qui l'oblige à raconter les faits dans leur véracité d'époque. Evidemment, pas question de faire dans le sensationnalisme ou dans l'outrance : La Passagère, de part son sujet son surtout son lieu de tournage, est un film dénué de tout voyeurisme, ce qui ne l'empêche pas de proposer des images graves et choquantes : détenus s'enfonçant dans les profondeurs d'une chambre à gaz pendant qu'un soldat déverse le Zyklon-B dans les bouches d'aération, prisonnières entièrement nues dans le froid glacial de l'hiver, vision de détenus pendus, brimades et sévices des kapos envers les détenus, aboiement des chiens de garde et j'en passe, le tout dans une apparente normalité qui fait froid dans le dos. La relation ambiguë entre Liza et Marta donne également son intérêt à cette oeuvre visuellement superbe, qui bénéficie d'un admirable noir et blanc. Une relation qui interroge et laisse de nombreuses questions en suspens. La Passagère est un très beau film, qui met en avant les aspects les plus sombres de l'âme humaine. Un film à (re)découvrir, car il est toujours important de ne pas oublier.


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