FRANKENSTEIN
(Frankenstein)
Réalisateur : Bernard Rose
Année : 2015
Scénariste : Bernard Rose
Pays : Etats-Unis, Allemagne
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Carrie-Anne Moss, Sandra Rosko, Xavier Samuel, Tony Todd, Danny Huston...
L'HISTOIRE : Créé scientifiquement par Victor et Elisabeth Frankenstein, "le monstre" ne connaît rien à la vie et à tout à apprendre. Éduqué avec amour par ses créateurs, ces derniers le rejettent dès lors que son corps subit des altérations physiques imprévues. Désormais seul, "le monstre" va découvrir son nouvel environnement à travers les rues sordides de Los Angeles et sa population de miséreux, sans que cela ne n'éloigne de son but : savoir qui il est...
MON AVIS : Le roman culte de Mary Shelley a été adapté au cinéma un nombre incalculable de fois, avec plus ou moins de bonheur, et avec plus ou moins de fidélité. Bien sûr, impossible de ne pas mettre au panthéon des adaptations les trois films de la Universal avec Boris Karloff (Frankenstein, La Fiancée de Frankenstein et Le Fils de Frankenstein). Parmi les réussites, on citera la série de films de la Hammer (dont le sublime Frankenstein s'est échappé et le violent Le Retour de Frankenstein) tout comme la version trash de Paul Morrissey Chair pour Frankenstein ou la version de Kenneth Brannagh avec Robert de Niro dans le rôle de la créature (Mary Shelley's Frankenstein). Plus récemment, notre bon docteur Frankenstein a fait son retour sur les écrans avec Docteur Frankenstein et ce Frankenstein réalisé par Bernard Rose. Le nom de ce dernier n'est certainement pas inconnu des lecteurs de ce blog. On doit en effet à ce monsieur peu prolifique deux perles du cinéma fantastique / horrifique : Paperhouse en 1988 et surtout l'excellent Candyman en 1992. Dernièrement, il s'était essayé au found-footage avec le moyen Sx Tape en 2013. Avec son Frankenstein, Bernard Rose livre une relecture moderne du mythe et se focalise entièrement sur "le monstre". Tout le film est en effet vu du point de vue de la créature, quand tant d'oeuvre se sont axées sur le docteur lui-même. Un parti-pris intéressant et original, doublé, comme dans Candyman, d'une vision nihiliste de notre monde actuel. Une fois "le monstre" rejeté par ses "parents" suite à sa dégradation physique non prévue, Bernard Rose déplace le cadre de l'action dans les rues de la ville et les ruelles sordides peuplées des gens démunis, de SDF, de clochards. Totalement déboussolé par ce nouvel univers si différent du laboratoire de ses créateurs, "le monstre" va devoir apprendre la dure réalité de la vie et se heurter à moult difficultés. Officiers de police peu compréhensifs et violents, foule en colère voulant le lyncher, rien n'a vraiment changé par rapport aux films des années 30. L'anormalité, la différence est toujours montré du doigt et les exclus de la société en font encore les frais. Malin, Bernard Rose recycle, à sa façon, quelques scènes culte du Frankenstein de James Whale, à l'image de la séquence dans laquelle "le monstre" jette une petite fille dans l'eau en croyant jouer avec elle ou lorsqu'il rencontre un clochard aveugle et musicien qui va devenir son ami et lui apprendre à parler (rôle interprété par Tony Todd !). La scène dans laquelle "le monstre" se voit proposer un rencart avec une prostituée est assez marquante, cette dernière le rejetant pour son physique hideux (on la comprend vous me direz...). Imaginatif dans son approche, filmé caméra à l'épaule, le Frankenstein de Bernard Rose tente de proposer une relecture intelligente de ce thème vu et revu et il y parvient assez souvent. La violence est bien présente dans le film et les accès de fureur de cet anti-héros ne font pas dans la dentelle, versant dans le gore malsain et réaliste. D'autres passages versent dans une certaine forme de poésie morbide et si visuellement le film reste assez "froid", il n'en reste que la réalisation est totalement maîtrisée. On saluera l'acteur interprétant la créature, Xavier Samuel, qui livre ici une composition saisissante et incarnée. Le film repose sur ses épaules et il fait vraiment un travail exceptionnel, rendant la créature à la fois touchante, vulnérable, émotive (lorsqu'elle recherche "sa maman" par exemple), mais aussi impulsive et destructrice. Au final, Bernard Rose a réussi son pari : se réapproprier cette histoire universelle et connue de tous et nous proposer une vision différente dans un cadre moderne, mêlant horreur, fable sociale et recherche de l'amour dans un cocktail original. Bien joué !
NOTE : 4/6
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