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lundi 23 octobre 2023

BUNKER PALACE HOTEL

 

BUNKER PALACE HOTEL
(Bunker Palace Hotel)


Réalisateur : Enki Bilal
Année : 1989
Scénariste : Enki Bilal, Pierre Christin
Pays : France
Genre : Insolite, science-fiction
Interdiction : /
Avec : Jean-Louis Trintignant, Carole Bouquet, Maria Schneider, Roger Dumas...


L'HISTOIRE : Dans un pays inconnu, dans un ville inconnue lors d’une guerre inconnue, s’agite sous terre l’élite d’un régime inconnu. Son quartier général : le Bunker Palace Hôtel, offrant confort et sécurité. Tout semble se dérouler pour le mieux pour les dignitaires du régime qui attendent leur président. Cependant, d’étranges bruits courent à la surface de la terre et les rebelles sont de plus en plus actifs malgré la vigilance du machiavélique Holm. Quant au personnel androïde, il donne de curieux signes de dysfonctionnement...

MON AVIS : Principalement connu dans l'univers de la bande-dessiné de science-fiction où il fait figure de référence, Enki Bilal a su développer un style graphique et un univers qui lui est propre. Passionné également par le cinéma dès son plus jeune âge, il désire réaliser un film ou un court-métrage et l'occasion lui est donnée à la fin des années 80, quand un producteur accepte de l'aider à monter ce projet. Il a un scénario déjà bien entamé sous le coude et la production s'occupe du reste, à savoir le choix du lieu de tournage (Belgrade, ville où a vécu Enki Bilal jusqu'à 9 ans avant de venir à Paris), le choix des techniciens, du casting et j'en passe. A l'arrivée, on obtient Bunker Palace Hotel, une oeuvre insolite dans le paysage français de l'époque et qui possède des thématiques qu'on retrouve dans les BD de Bilal, notamment la question de la dictature. Dans le film, nous avons donc un état dictatorial en fin de vie et qui subit la pression des résistants au point que les hauts dignitaires du régime se voient dans l'obligation de quitter la ville pour se réfugier dans un bunker faisant office d'hôtel de luxe. D'où le titre du film Bunker Palace Hotel. Après avoir assisté au déménagement du dignitaire Holm, joué par un Jean-Louis Trintignant complètement chauve, lors de séquences qui nous permettent d'admirer les jolis décors conçus pour le film - assurément l'un des points forts de ce dernier - on découvre une Carole Bouquet coiffée à la Mylène Farmer (courte courte et rousse) qui fait partie de la résistance et qui va devoir s'introduire dans le fameux bunker pour tenter d'atteindre "le Président" du régime. Une mission délicate pour la jeune femme, qui se retrouve là bien malgré elle, suite à l'assassinat de l'agent infiltré qui devait remplir cette mission. Comme dit plus haut, les décors et les couleurs utilisés pour les scènes d'extérieur nous placent d'emblée dans un univers particulier, inquiétant, anxiogène, où la pluie est d'une couleur blanche étrange par exemple. Une fois à l'intérieur du gigantesque bunker, Bunker Palace Hotel devient une sorte de huis-clos métaphorique qui nous fait assister à la décadence et à la chute de ce régime qu'on suppose fasciste. Des éléments science-fictionnels intègrent le récit puisque, hormis les dignitaires et leurs femmes réfugiés dans le bunker, tout le reste du personnel sont des androïdes qui subissent de nombreux bugs et dysfonctionnements, ajoutant à la symbolique de la chute du régime. Le bunker lui-même devient la proie de fissure, de bruits étranges, de craquements peu rassurants, allant même jusqu'à subir l'apparition du gel en son sein, rendant la vie des réfugiés bien plus compliquée que prévue. Dans cette ambiance kafkaïenne, les divers protagonistes évoluent donc dans l'attente de l'arrivée du Président, seul absent notoire et dont on ne sait rien de son absence. Bunker Palace Hotel est un film très contemplatif, qui distille son récit sans jamais recourir à l'action, tant est si bien qu'on finit parfois par se demander si le film a réellement quelque chose à raconter, une fois la métaphore comprise. Le terme insolite correspond parfaitement à cette oeuvre atypique, qui aura du mal à trouver un public parmi la jeune génération abreuvé aux blockbusters qui vont vite, très vite. Tout l'inverse du film d'Enki Bilal qui mise avant tout sur une atmosphère oppressante et qui joue admirablement bien avec le manque de temporalité. On ne sait pas à quelle époque on est, ni où on est d'ailleurs et cela rajoute à l'étrangeté du film. Son final n'est pas en reste non plus, nouvelle métaphore mais cette fois du "changement de régime", tant est qu'il puisse exister ici, les images proposées éliminant le moindre doute à ce sujet. Avec Bunker Palace Hotel, film assez difficile d'accès, Enki Bilal fait preuve d'un bel entrain afin de proposer un cinéma français différent, qui ne se complet pas uniquement dans la comédie franchouillarde. Il récidivera par la suite avec Tykho Moon en 1996 et Immortel (ad vitam) en 2004. Une proposition intéressante de cinéma autre, qui risque de dérouter la majorité des spectateurs, qui n'est pas dénué de défauts (de nombreux personnages ne servent finalement pas à grand chose) mais qui fourmille d'idées disséminées ici et là. Pas mal pour un premier film et ce, dans un genre qui n'est vraiment pas la panacée du cinéma français.

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS
Très belle édition pour ce premier film d'Enki Bilal, avec un BR et deux DVD ainsi que 4 cartes postales, le tout dans un boitier trois volets sous fourreau. La copie est belle; Niveau bonus, on trouve :
- Interview de Enki Bilal (Juin 2023)
- « Cinémonstre » : montage réalisé par Enki Bilal à partir des trois films qu’il a réalisé (75’)
- « Enki Bilal, souvenirs du futur » (2019, 52’)
- Images du tournage (archives INA, 1989, 4’)


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