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PRESENCE

PRESENCE
(Presence)

Réalisateur : Steven Soderbergh
Année : 2024
Scénariste : David Koepp
Pays : USA
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Lucy Liu, Chris Sullivan, Callina Liang, Eddy Maday, West Mulholland...


L'HISTOIRE Une famille emménage dans une nouvelle maison, où une mystérieuse présence hante les lieux...

MON AVIS : Depuis le succès de Sexe, Mensonges et Vidéo en 1989, Steven Soderbergh n'a cessé d'étonner son public, à travers une mise en scène ciselée et parfois expérimentale, le réalisateur aimant innover et tenter de nouvelles approches. Celui qui nous a offert des films tels L'Anglais (1999), Erin Brockovich (2000), Traffic (2000), la saga Ocean's Eleven (2001 / 2004 / 2007), Contagion (2011) ou bien encore Paranoïa (2018) n'a jamais versé dans le cinéma de genre, si on excepte son film de science-fiction Solaris en 2002. Il vient d'y plonger avec Presence, authentique film de fantôme qui se montre très original dans sa mise en oeuvre. Ce projet est né de deux réflections de la part du réalisateur. Ayant acheté une nouvelle maison avec sa femme, il a appris qu'un crime s'était déroulé dans cette demeure et que sa femme de ménage pensait avoir vu une forme spectrale passée devant elle. Il s'est alors demandé s'il était possible qu'une présence habite sa maison ? Second élement, Soderbergh a toujours voulu faire un film en caméra subjective mais pour lui, c'était mission impossible du point de vu du ressenti du spectateur, qui attendrait forcément qu'il y ait un contre-champ à un moment donné. Il a enfin réussi à contourner ce dilemne avec Presence, puisque tout le film est en caméra subjective et que la caméra incarne... le fantôme ! Plus besoin de contre-champ puisqu'un fantôme est immatériel, invisible et que la caméra n'aurait donc rien à montrer si elle se mettait en contre-champ d'un acteur. Une astuce étonnement bien pensée, qui donne à Presence un cachet des plus singuliers et une approche totalement inédite dans le genre codifié du film de fantôme et de maison hantée. Encore plus intéressant dans cette mise en scène atypique, le fait que c'est donc le réalisateur lui-même qui devient le fantôme de son film, faisant évoluer sa caméra - et donc lui-même - à travers les pièces de la maison, tournant autour de son casting, s'en éloignant, s'en rapprochant, l'observant, l'écoutant, et ce, comme il l'entend, comme le ferait une présence fantomatique. Une présence qui va s'affirmer suite à l'emménagement d'une nouvelle famille, ce qui permettra à Soderbergh de traiterle thème du dysfonctionnement familial. La présence sera le simple témoin de la fracture qui règne au sein de cette famille. Un père, une mère, un garçon, une fille. Quatre personnes qui semblent étrangères l'une à l'autre. Le mari et la femme semblent ne plus être en adéquation, ce qui est souligné par leur placement dans le cadre, toujours éloignés ou à distance dans le décor. La mère préfère son fils, le père préfère sa fille, ce qui est un autre élement qui provoque un fossé entre les deux adultes. La fille a perdu deux de ses meilleures amies suite à une overdose apparemment et reste prostrée dans sa chambre, ne sachant pas comment reprendre sa vie en main. La venue de Ryan, meilleur camarade de son frère, pourrait améliorer les choses puisque le jeune homme semble craquer sur Chloé et réciproquement. Malheureusement, quelques indices disséminés deci, dela nous font vite comprendre qu'il n'en sera rien, le comportement de Ryan n'étant pas toujours très sain, ce que comprend également la présence, qui, avec ses faibles moyens, tentera d'avertir la jeune fille. Le fantastique est ici feutré, guère démonstratif. Il s'offre à nous par petites touches (le fantôme déplace des livres, fait tomber une étagère...) ce qui n'empêche pas la tension de monter peu à peu jusqu'au climax final. Pas de jumpscares ni d'effets choc dans Presence. Soderbergh se sert du fantastique pour destructurer le cocon familial, déjà bien fragilisé. Chaque tentative de recoller les morceaux, que se soit du fait du père ou de la mère, n'aboutit généralement à rien, si ce n'est d'amplifier encore le malaise et le mal-être des protagonistes. Les amateurs de film contemplatif, voire poétique, apprécieront cette proposition, ceux qui sont venus voir un film de fantôme qui fait peur passeront leur chemin, ce n'est pas du tout le but du réalisateur. Au-delà de l'aspect purement technique et ô combien réussi de la mise en scène, Presence questionne notre rapport à l'ésotérisme, à nos croyances. Le surnaturel est-il crédible, y croyez-vous ? Venant de la part d'un metteur en scène athée mais dont la mère est profondément religieuse, il est intéressant de se plonger dans le film pour se poser des questions sur le sujet. Quant à savoir qui est la présence dans le film, cela restera à l'interprétation de chacun, Soderbergh ne donnant aucune explication ou information sur ce sujet. Serait-ce l'âme de Nadia, la meilleure amie défunte de Chloé ? Mais dans ce cas, pourquoi serait-elle rattachée à cette maison en particulier ? Je rappelle que la présence se trouve dans la maison avant que la nouvelle famille n'y pénètre. Serait-ce une victime d'un terrible événement qui aurait eu lieu dans la maison auparavant ? Le père le rappelle à sa famille, la loueuse est dans l'obligation de leur dire se genre de choses et elle ne l'a pas fait, ce qui semble écarter cette option. Lors des dernières images, l'apparition qui a lieu dans le miroir nous laisse perplexe mais trouve peut-être écho dans ce qu'a énoncée la médium venue dans la maison pour aider la famille : parfois, les fantômes ne savent pas ce qu'ils font là, pourquoi ils sont ici et pour eux, le présent et le passé peuvent s'entremêler dans le même espace temps, comme dans une sorte d'espace multivers. Je vous laisse voir le film et penser à cette phrase, qui peut apporter une tentaive d'explication. Innovant, anti-académique, contemplatif, traitant aussi du deuil, uniquement composé de plans-séquences entrecoupés d'un carton noir (de durée inégale) et présenté en caméra subjective, Presence est une proposition parfois déconcertante mais toujours intrigante, qui chamboule les codes et tente une nouvelle approche sans vouloir copier ce qui a déjà été fait aupravant. En ça, le film mérite votre attention et il se rangera aisément à côté de A Ghost Story

* Disponible en DVD et BR chez BLAQ OUT

    

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