PRISONERS
(Prisoners)
Réalisateur : Denis Villeneuve
Année : 2013
Scénariste : Aaron Guzikowski
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis, Terrence Howard, Paul Dano...
L'HISTOIRE : Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entraînant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable. Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…
MON AVIS : Le canadien Denis Villeneuve avait fait forte sensation en 2010 avec Incendies. Suite à ce succès, les USA ont fait les yeux doux au réalisateur qui s'est donc vu attribué la mise en scène de Prisoners en 2013. Bien en a pris aux ricains puisque Villeneuve nous offre un très grand thriller, genre tombé un peu en désuétude au cinéma, les séries télévisées ayant repris le flambeau. Je le dis d'emblée, Prisoners peut venir aisément se ranger à côté de films comme Le Silence des Agneaux, Seven ou Mystic River par exemple, trois œuvres noires et vénéneuses qui ont marqué leur époque et l'esprit des spectateurs. Noir et vénéneux, Prisoners l'est également, et cette histoire d’enlèvement d'enfants s'avère aussi tendu que le fil d'un rasoir et vous mettra mal à l'aise à n'en point douter. L'enquête policière conduite par Loki (Jake Gyllenhaal, parfait en flic taciturne) est contrebalancée par la réaction des deux pères dont les enfants ont disparu. Prisoners alterne constamment entre ces deux visions, ces deux facettes et cela permet au réalisateur d'installer une ambiance, un climat oppressant, durable sur la longueur et de maintenir l'intérêt permanent du spectateur. Impressionnant, l'acteur Hugh Jackman dans le rôle de Keller Dover fait preuve d'un talent indéniable et porte le film sur ses épaules. Il développe une facette dramatique qu'on ne lui connaissait pas vraiment et s'avère des plus crédibles quand il décide de basculer vers le côté obscur et cède à la loi du talion. Persuadé que le jeune déficient mental Alex Jones est le kidnappeur, Keller va à son tour le kidnapper et le retenir prisonnier afin de le faire avouer, utilisant des méthodes on ne peut plus brutales pour parvenir à ses fins. Des séquences de violences physiques chocs, qui mettent mal à l'aise le spectateur, qui se demande lui-même comment il réagirait dans pareille situation. Denis Villeneuve jour avec nos nerfs et secoue nos estomacs, essayant de perturber nos repères et nos valeurs morales, égratignant au passage une certaine partie de l'Amérique et jouant avec les noirceurs de l'âme humaine. Religion, pédophilie, auto-défense et loi du talion s'entremêlent dans un habile cocktail et de nombreuses zones d'ombre sont présentes, mettant le spectateur dans le doute là où le personnage de Keller Dover ne semble pas en avoir. Malin, le réalisateur joue avec nous, place des séquences qui nous plongent encore plus dans le questionnement (la scène du chien d'Alex) tout en laissant des indices qui tentent de nous mettre sur la voie. Implacable, l'intrigue tient la route et nous réserve quelques rebondissements de situation bien amenés même si on ne peut se soustraire à certaines facilités scénaristiques. Bénéficiant d'une mise en scène solide, d'un rythme qui alterne entre contemplatif et nervosité, d'un casting brillant, Prisoners est un grand thriller doublé d'un drame familial poignant, doté d'une ambition élevée, et ça se voit à l'écran. Amateurs du genre, foncez, vous ne le regretterez pas.
NOTE : 5/6
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