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lundi 10 juin 2019

LA ROSE ÉCORCHÉE

LA ROSE ÉCORCHÉE
(La Rose Écorchée / The Blood Rose)

Réalisateur : Claude Mulot
Année : 1970
Scénariste : Edgar Oppenheimer, Claude Mulot, Jean Larriaga
Pays : France
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Philippe Lemaire, Anny Duperey, Elizabeth Teissier, Olivia Robin, Howard Vernon...


L'HISTOIRE : Le peintre Frédéric Lansac vit un amour idyllique auprès d'Anne dans leur château isolé au centre de la France lorsqu'un drame vient briser brutalement cette passion. Grièvement brûlée, l’épouse de Lansac est défigurée, sans espoir de guérison. Jusqu'au jour où un chirurgien accepte de lui redonner un visage. Mais pour que l'opération réussisse, la donneuse doit être sacrifiée…

MON AVIS : Le cinéma d’horreur n’a jamais été l’apanage de la France, les productions de notre pays étant plus orientées vers le fantastique, la féerie, avec des films comme La Belle et la Bête de Jean Cocteau par exemple. Il fallut attendre 1959 et Les Yeux sans Visage de George Franju pour que l’hexagone puisse enfin avoir son film d’horreur, qui était, néanmoins, emprunt de poésie exacerbée. Ce chef-d’œuvre allait ouvrir la voie à de nombreux cinéastes qui n’hésitèrent pas à s’inspirer ouvertement du film de Franju, tels Jess Franco avec L’horrible docteur Orlof et Le diabolique docteur Z (et plus tard avec Les prédateurs de la nuit). Ce sera aussi le cas de Claude Mulot, réalisateur de Sexyrella en 1968. Mulot décide donc de réaliser en 1970 La Rose Écorchée qui, comme vous avez pu le constater en lisant le résumé de l’histoire, s’inspire largement du film de Franju. Le film s’avère être une très bonne surprise, malgré son scénario un peu passe-partout. Comme bien souvent dans les films fantastiques français, le rythme est assez lent et l’amateur de séquences effrénées ne trouvera guère son bonheur dans ce cinéma contemplatif. Il serait néanmoins fort dommage de s’arrêter à ce détail et de se priver de la vision du film car dans son ensemble, il est vraiment digne d’intérêt. L’histoire d’amour tragique que nous présente Claude Mulot va en effet aller crescendo dans la dramaturgie et l’ambiance pessimiste qui s’en dégage est très bien entretenue par le réalisateur. La poésie est également bien présente dans cette œuvre (le titre est déjà très beau) et certains passages ne sont pas sans nous rappeler les films gothiques italiens des années 60. Le décor principal du film, à savoir le château aux couloirs labyrinthiques et ses jardins, sert particulièrement bien à restituer ce courant du cinéma d’épouvante. Un décor qui contraste fortement avec celui de l’institut de beauté et du jardin botanique, qui se révèlent d’une modernité exemplaire pour un film de cette époque. C’est dans ces différents endroits que les protagonistes vont vivre cette tragique histoire. Frédéric Lansac est interprété par Philippe Lemaire, acteur bien connu des amateurs de films de capes et d’épées ou de la saga Angélique Marquise des Anges. Sa ravissante compagne Anne est incarnée quant à elle par Anny Duperey, qu’on reverra en 1983 dans un autre film fantastique français, à savoir Le Démon dans l’île de Francis Leroi. Le célèbre Howard Vernon joue un personnage qu’il a interprété de nombreuses fois dans sa filmographie, celui d’un savant fou adepte de la chirurgie. Petite touche qui confère au film une certaine originalité et un certain décalage vis à vis du drame vécu par les deux héros, la présence de deux acteurs nains qui jouent les serviteurs de Frédéric Lansac. Vêtu d’une peau de bête pour l’un, privé d’un œil pour l’autre, ces deux compères font naître une impression d’étrangeté dans le film, qui était plutôt ancré dans la réalité. Ils participeront à une scène de tentative de viol sur une donneuse potentielle de visage qui apportera également une petite touche malsaine à l’œuvre. Dans le rôle de Moira, celle par qui le drame arrive, on reconnaîtra (ou pas) Elizabeth Teissier, vous savez, la célèbre astrologue française très controversée. Tous ces acteurs et actrices promènent leurs silhouettes de façon parfois un brin monolithique, rigide, presque théâtrale (surtout les acteurs masculins) mais parviennent à donner un corps et une âme au film et à l’emmener vers des territoires prompts à satisfaire pleinement le spectateur avide de curiosité. Comme dans les films de Jean Rollin ou de Jess Franco, auxquels on pense irrémédiablement en regardant La Rose Écorchée, la notion d’érotisme est présente. Les quelques actrices du film se retrouvent quasiment toutes dévêtues à un moment ou un autre. Cela reste fort soft et n’apporte pas grand chose de plus si ce n’est quelques visions plutôt agréables. Les séquences horrifiques sont également très sobres et fort peu visuelles, si ce n’est la scène où Anny Duperey se transforme en torche humaine. Claude Mulot joue beaucoup plus sur la suggestion, notamment en ne montrant jamais, tout au long du métrage, le visage ravagé par les flammes d’Anne, hormis vers la fin, ce dernier s’avèrant particulièrement hideux. Malgré l’influence de Les Yeux sans Visage, nous n’aurons pas droit à des séquences d’opérations comme on pouvait en attendre, le personnage joué par Howard Vernon étant peut-être le « plus humain » du film. Car Claude Mulot nous présente une galerie de personnages guère sympathiques. Frédéric Lansac est un homme à femmes, virevoltant et butinant comme bon lui semble, jusqu’à ce qu’il découvre l’amour véritable avec Anne. L’idée qu'un chirurgien puisse lui refaire le visage l’entraînera vers la folie, devenant coupable d’enlèvements et de meurtres. Les deux nains sont des êtres abjects et pervers, Anne qui était si douce devient, après son accident, tyrannique, susceptible, colérique et plonge également dans une folie dévastatrice. Le climat du film vire progressivement vers la démence de ses personnages et en rajoute ainsi à l’ambiance horrifique naissante, éclipsant la poésie romantique et macabre qui présidait jusque là. Après une première partie un peu statique et conçue sous forme de flashbacks qui alourdissent quelque peu le déroulement de l’histoire, La Rose Écorchée se transforme rapidement en conte déviant, alternant romantisme noir et poésie macabre de bien belle manière, avant de s’aventurer vers des horizons plus horrifiques. Le film de Claude Mulot ne démérite absolument pas de la comparaison avec les films gothiques anglais ou italiens. Son film reste un bel exemple de fantastique gothique à la française, dont une vision s’impose pour en apprécier toutes les caractéristiques. A noter que la partition musicale est de grande qualité et accompagne à merveille les images et l’ambiance qu’elle est censée créer.

* Disponible en combo DVD + BR + 4K chez LE CHAT QUI FUME 
C'est une première pour Le Chat qui Fume : le film de Claude Mulot est présenté en DVD, en BR mais aussi en 4K ! Ne disposant pas de lecteur Ultra HD, je ne peut vous dire si la différence est flagrante avec le BR. Toujours est-il que la copie de ce dernier est superbe et permet à cette brillante tentative de gothique à la française d'être visionnée avec un confort parfait. Niveau bonus, on trouve :
• Sur le tournage de La Rose écorchée (3min30)
• Interview d’Edgar Oppenheimer (25 min)
• Interview d’Hubert et Georges Baumann (11 min 30)
• Interview de Jacques Assuérus (35 min)
• Souvenirs de Claude Mulot par Brigitte Lahaie (9 min 30)
• La Rose écorchée en mode VHS (sur le Blu-ray) 
• Film annonce français et anglais


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