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samedi 8 juin 2019

LA SAIGNÉE

LA SAIGNÉE
(La Saignée)

Réalisateur : Claude Mulot
Année : 1971
Scénariste : Claude Mulot, Edgar Oppenheimer, Albert Kantof 
Pays : France, Italie
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Bruno Pradal, Charles Southwood, Gabriele Tinti, Ewa Swann, Gérard Croce...


L'HISTOIRE : Témoin d'un meurtre perpétré par un parrain de la pègre, Thomas Chanard est contraint de quitter New York pour retourner à Cayeux-sur-Mer, sa ville natale. Il est suivi à son insu par deux hommes : un policier chargé de le reconduire aux États-Unis afin de témoigner et un tueur à gages engagé par la mafia pour l'abattre. Le retour du « fils prodigue » ravive également des conflits au sein de la bourgeoisie locale. Pour Thomas, les ennuis sont loin d'être terminés… 

MON AVIS : Le réalisateur Claude Mulot est une personne atypique dans le paysage cinématographique français. S'il est principalement connu grâce à ses films pornographiques qu'il a réalisé sous le pseudonyme de  Frédéric Lansac, dont certains sont devenus cultes, tels Le Sexe qui Parle (1975) ou La Femme Objet (1980), Claude Mulot est aussi l'auteur, surtout dans la première partie de sa carrière, de films oubliés ou méconnus qui méritent d'être redécouverts. On citera évidemment La Rose Écorchée (1970), Profession : Aventuriers (1973), Les Charnelles (1973) ou Le Couteau sous la gorge (1986) qui sera son dernier film puisqu'il décédera en cette même année 1986, à l'âge de 44 ans. A cette petite liste non exhaustive, il faut bien sûr ajouter La Saignée, réalisé en 1971. Un film que je ne connaissais pas du tout mais dont j'ai pris un réel plaisir à découvrir grâce à la superbe édition BR / DVD qui vient de sortir chez Le Chat qui Fume. Si le début du film peut s'apparenter à un polar, avec ce jeune homme témoin de deux meurtres commis par un parrain de la mafia new-yorkaise, la suite bifurque vers le drame nihiliste teinté de fable sociale. Car une fois de retour dans la petite ville balnéaire française de Cayeux-sur-Mer, Thomas Chanard, le héros superbement interprété par Bruno Pradal (jeune acteur qui connu la rançon du succès en ce début d'année 1971 avec le film Mourir d'Aimer de André Cayatte), va aller de malheur en malheur, piégé dans une spirale infernale de désillusion que rien ne semble venir arrêter. Plus on avance dans le film et plus on découvre que la vie de Thomas Chanard est placé sous le signe de l'échec : il vivait une belle histoire d'amour avec Catherine (sublime Ewa Swann) mais l'homme le plus influent de la ville n'approuvait pas cette relation, dont sera issue un petit garçon qui ne connaîtra jamais son père, car il réservait Catherine à son fils, avec qui elle se mariera effectivement, ce qui provoquera le départ de Thomas pour New York. On apprend également que Thomas vit une relation conflictuelle avec sa mère, gérante d'un bar-hôtel à Cayeux-sur-Mer. Le retour de Thomas dans sa ville natale ne fait que conforter ce constat d'échec : toutes les portes se ferment à lui et dire qu'il ne semble pas être le bienvenu n'est pas exagéré. Les hommes importants de la ville n'apprécient pas sa présence, en particulier le mari de Catherine qui ne voit pas d'un bon œil les retrouvailles entre cette dernière et son ex-amant. Bref, notre jeune héros a bien des soucis et ce n'est que le début car deux américains lui filent le train : un policier désirant le ramener avec lui à New York pour qu'il témoigne des meurtres et un tueur à gages bien déterminé à ne pas le laisser parler. Ces deux personnages haut en couleur, vont se livrer à un petit jeu du chat et de la souris façon partie d'échecs, partie dont l'une des pièces de l'échiquier n'est autre que Thomas Chanard bien sûr. Le policer, aux méthodes assez expéditives (ce n'est pas l'actrice Patti d'Arbanville qui me contredira, oui celle là même à qui Cat Stevens a dédié la chanson "Lady d'Arbanville") est interprété par Charles Southwood et le tueur à gages par l'excellent Gabrielle Tinti, le mari à la ville de la belle Laura Gemser. On le voit, le casting est de qualité et participe pleinement à tirer La Saignée vers le haut. La mise en scène de Claude Mulot est très bonne également, tout comme la photographie et surtout le travail sur l'ambiance. Certaines scènes sont très belles (la mort de Patti d'Arbanville), d'autres évoquent même le western (l'arrivée du bus et la descente des personnages dans des plans larges de toute beauté) et la violence se fait de plus en plus insistante au fur et à mesure de la progression de la dramaturgie, pour atteindre son apogée avec un lynchage non létal dans un décor boueux du plus bel effet. Le nihilisme est de toute la durée du film (85 minutes environ) et trouve son achèvement lors de la séquence finale qui refuse tout happy-end. La Saignée est un film 70's vraiment intéressant, baigné par une mélancolie ambiante qui ne se déride jamais. Un très beau film français, qui mérite bien mieux que l'oubli dans lequel il a été si longtemps confiné.

* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME
Encore une fois, le matou fumeur nous livre une édition de grande qualité, avec un travail de restauration de l'image proprement sidérant, nous permettant de découvrir La Saignée dans des conditions optimales. Une édition bardée de bonus dont :
• Piste musicale isolée
• Interview d’Edgar Oppenheimer (14mn) 
• Interview de Didier-Philippe Gérard (36mn) 
• Interview d’Hubert et Georges Baumann (21 mn) 
• Interview de Jacques Assuérus (35 mn) 
• Interview de Gérard Croce (13 mn30) 
• Sur le tournage de La Saignée (6mn) 
• Projection du film avec Claude Mulot et Bruno Pradal (3mn) 
• La restauration de La Saignée (7mn) 
• Présentation de La Saignée à l’Étrange Festival de Paris (12mn) 
• La Saignée en mode VHS (Blu-ray) 
• Film annonce d’origine français et anglais


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