JOKER : FOLIE A DEUX

 

JOKER : FOLIE A DEUX

(Joker : Folie à Deux)

Réalisateur : Todd Phillips

Année : 2024

Scénariste : Todd Phillips, Scott Silver

Pays : USA

Genre : Drame

Interdiction : -12 ans

Avec : Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Brendan Gleeson, Catherine Keener, Harry Lawtey...

L'HISTOIRE : Après ses meurtres commis sous le maquillage du Joker, Arthur Fleck a été incarcéré et il attend son procès. Sous traitement médicamenteux, il parvient à ne pas faire resurgir le Joker. Mais sa rencontre en prison de la jolie Lee Quinzel va venir tout chambouler : la jeune femme est une fervente admiratrice des actes du Joker et elle entend bien que ce dernier prenne le pas sur la personnalité d'Arthur...

MON AVIS : En 2019, Todd Phillips livre une version personnelle du personnage culte du Joker, le célèbre antagoniste de Batman, et permet à Joaquin Phoenix d'offrir au public une performance hors norme qui va enchanter des millions de spectateurs. Une version réaliste pourrait-on dire, dans un film bien éloigné des œuvres de Tim Burton ou de Christopher Nolan et nettement plus proche du cinéma de Martin Scorsese. Avare en scènes d'action, Joker se focalisait sur le désordre mental qui régnait chez Arthur Fleck, un marginal souffrant de troubles mentaux le poussant à rire sans le vouloir et qui va devenir, après avoir exécuté en direct un présentateur d'émission télé en étant maquillé en clown, l'inspiration d'une partie de la population désirant s'en prendre aux plus riches. L'idée de donner une suite à Joker n'a pas tardé à germer suite au succès de ce premier volet. C'est donc en octobre 2024 que Joker : Folie à Deux s'est dévoilé au public, qui ne lui a pas réservé le même accueil, le film n'étant absolument pas plébiscité cette fois. Je me demande d'ailleurs bien pourquoi, tant ce second volet de la vie d'Arthur Fleck s'inscrit dans la continuité de Joker. Todd Phillips continue de livrer sa version personnelle du personnage et propose à nouveau un film d'une grande originalité, bien éloigné encore une fois des Comics et des films des réalisateurs précités. Et autant le dire tout de suite, il n'y a cette aucune scène d'action. Zéro. Nada. Ceux qui s'attendaient à voir le Joker détruire une ville ou faire tout péter en seront pour leur frais. C'est peut-être ça que reprochent les haters au film de Todd Phillips. Ne pas avoir refait Batman : The Dark Knight. Je ne sais pas. Personnellement, ça ne m'a pas du tout dérangé car le réalisateur nous offre un portrait quasi médical du trouble de la double-personnalité et permet encore à Joaquin Phoenix de briller de mille feux dans la peau d'Arthur Fleck / Joker. J'ai été assez déstabilisé au départ car Arthur Fleck n'a plus son rire anarchique. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi, alors que c'était un tic qui faisait partie intégrante du personnage. Et puis j'ai compris : en prison, il est sous traitement médical et il prend des cachets, ce qui explique l'absence du rire et par extension, l'absence du Joker. C'est sa rencontre avec Lee Quinzel, interprétée par Lady Gaga, qui va le faire stopper sa prise de médicaments, ce qui aura pour effet de faire réapparaître ce tic du rire et sa folie Jokerienne ! Le sous-titre Folie à Deux joue donc sur deux tableaux : d'une part la dualité Arthur Fleck / Joker et d'autre part, le duo Arthur Fleck / Lee. Mais cette dernière n'a en réalité que faire d'Arthur Fleck. Sa passion, son désir, l'homme dont elle est éperdument amoureuse, c'est le Joker. Par l'entremise de ce personnage, bien moins déjanté que la version Margot Robbie encore une fois, Todd Phillips et Scott Silver pointent du doigt ces personnes qui développent une attirance intense pour les tueurs en série. A l'image du récent Les Chambres Rouges par exemple. Lee Quinzel est de celles qui ont vu naître en elles une fascination morbide pour un tueur et qui vont vouloir, coûte que coûte, le rencontrer, établir une relation amoureuse avec lui. Et si ce dernier ne répond pas à leurs attentes, c'en est fini de la fascination exercée. Pour développer la relation entre les deux protagonistes principaux, le réalisateur et son scénariste ont eu l'idée de transformer leur pensée, leur attirance respective en numéros musicaux. Non, nous ne sommes pas dans une comédie musicale. Nous sommes dans un drame psychologique avec des passages chantés ou des numéros chantés et dansés qui ne sont que le reflet de la psyché desdits personnages. Un procédé qui a fonctionné sur moi, que je n'ai pas trouvé vain, au contraire. Il amplifie le sentiment de folie qui règne dans l'esprit d'Arthur. On note également que Joker : Folie à Deux se déroule en deux endroits distincts : la prison et le tribunal. Les séquences dans le tribunal se montrent assez tendues, surtout quand la personnalité du Joker a repris le dessus sur celle d'Arthur Fleck et que le plus célèbre clown de Gotham City décide, sous son maquillage, d'assurer sa propre défense. Ce qui m'a perturbé pour ma part reste le final du film, assez surprenant et déconcertant, je vous laisse la surprise. Et le traitement d'Harley Quinn. Qui est en fait très logique vu le parti-pris réaliste du réalisateur. Mais là, pour le coup, j'aurai aimé qu'elle soit... plus explosive ! En tout cas, j'ai vraiment aimé cette nouvelle proposition de Todd Phillips, j'ai aimé la mise en scène, le jeu des acteurs, cette étude psychologique des personnages , cette dualité Arthur Fleck / Joker, cette proposition musicale également. Je ne le mettrai pas au niveau de Joker mais ça reste pour moi un très bon film qui mérite d'être vu et revu et qui reste atypique dans l'univers DC Comic.