GORGE PROFONDE
(Deep Throat)
Réalisateur : Gerard Damiano
Année : 1972
Scénariste : Gerard Damiano
Pays : Etats-Unis
Genre : Porno
Interdiction : -18 ans
Avec : Linda Lovelace, Harry Reems, Dolly Sharp, Carol Connors...
L'HISTOIRE : Linda expose à sa mère un problème très grave : elle n'a jamais eu d'orgasme. Pour remédier à ce souci, sa mère invite une dizaine de garçon pour s'occuper de sa fille mais sans succès. Elle lui conseille alors d'aller rendre visite au docteur Young, un sexologue spécialisé dans les dérèglements sexuels. Ce dernier découvre alors qu'elle est le véritable problème de Linda : la jeune fille n'a pas de clitoris. Ou plus exactement, elle a un clitoris mais pas placé au bon endroit ! En effet, le clitoris de Linda se trouve au fond de sa gorge. Pour qu'elle atteigne l'orgasme, le docteur Young suggère donc à Linda de pratiquer la "gorge profonde"...
MON AVIS : Après avoir vu Lovelace, le film biographique sur l'actrice Linda Lovelace, subliment interprété par Amanda Seyfried, il était cohérent de voir le film qui la rendit célèbre, malgré le cauchemar qu'elle a vécu hors tournage, maltraitée, exploitée et battue par son petit ami de l'époque. Réalisé pour un investissement de 25,000 $ par Gerard Damiano, qui deviendra lui aussi célèbre en tant que réalisateur de film X (on lui doit en 1973 The Devil in Miss Jones, en 1975 The Story of Johanna ou Odyssey en 1979 entre autre), Gorge Profonde fût un véritable événement lors de sa sortie en 1972. Il a été projeté dans de nombreux cinémas pornos à travers le monde mais il parvient également à se faire diffuser dans les cinémas "normaux" et engrangea dans les 600 millions de dollars de recettes ! La pauvre Linda Lovelace n'ayant touché que 1250 $ ! Le scénario, car, oui, il y en a un, ce qui était très rare à l'époque, fût rédigé par Gerard Damiano après que le petit ami de Linda lui montra un film vidéo dans lequel la jeune femme lui faisait une gorge profonde, c'est à dire qu'elle parvenait à engloutir totalement son sexe dans sa bouche et dans sa gorge. Damiano savait qu'il tenait là quelque chose de jamais vu dans un porno et il inventa donc ce scénario totalement loufoque dans lequel une femme n'arrive pas à jouir car son clitoris se trouve dans sa gorge, d'où la pratique de la gorge profonde pour arriver à l'extase. Revu de nos jours, Gorge Profonde apparaît comme délicieusement kitsch (ultra kitsch même pourrait-on dire), et le manque flagrant de budget se fait bien ressentir. Même si un certain effort est fait au niveau de la mise en scène ou de l'éclairage, force est de reconnaître que le film ne brille pas par ses caractéristiques techniques, Marc Dorcel n'est pas encore passé par là. Les acteurs cabotinent à n'en plus finir et jouent assez mal. Dans le rôle hilarant du docteur Young, on retrouve une légende du X américain, à savoir le célèbre Harry Reems, ancien acteur shakespearien reconvertit en étalon de compétition. Pas sérieux pour un sou, Gorge Profonde peut se voir comme une comédie pornographique musicale ! Car oui, ce moyen-métrage (61 minutes au compteur environ) est bardé de chansons aux influences funky, chansons elles aussi très drôles et composées pour l'occasion par d'illustres inconnus. Celle qui s'appelle comme le film, "Deep Throat", contient des paroles explicatives sur comment réussir une gorge profonde par exemple (détendez vos muscles...). La première chanson qu'on entend dans le film, "Mind if I smoke while you're eating ? " est diffusée pendant que la mère de Linda se fait faire un cunnilingus tout en fumant une cigarette. Chaque scène de sexe correspond a une chanson et on a parfois l'impression de regarder une version X de Rocky Horror Picture Show ou autre film musical à succès tant la musique est prédominante dans le film, tout comme l'humour trash et débridé. En ce qui concerne les séquences pornographiques, elles sont filmées sans grand génie, contenant tout ce qu'il y a de plus classiques en la matière. LA scène phare du film, à savoir la gorge profonde de Linda Lovelace sur Harry Reems, reste impressionnante. Toujours avec humour, il dira notamment sur cette méga-fellation: "quand elle m'a avalé en entier, je me suis demandé si j'allais m'en sortir vivant. J'ai regardé autour de moi : les yeux de Gerard (le réalisateur) lui sortaient de la tête, et le cameraman avait la mâchoire inférieure sur les chaussures…" Moins drôle et beaucoup plus malsain seront les confessions de Linda Lovelace dans sa biographie : "À chaque fois que quelqu'un regarde Gorge Profonde, il me voit en train d'être violée. C'est un crime qui est en train de se dérouler dans ce film ; j'avais un revolver sur la tempe, tout le temps". Des phrases chocs, parfaitement retranscrites dans le film Lovelace. Une facette on ne peut plus sombre d'un film plutôt rigolo, fun, divertissant mais qui a quand même pris un sacré coup de vieux. Reste qu'au début des années 70, il provoqua une véritable révolution et participa à l'émancipation sexuelle aux Etats-Unis. Le titre du film est totalement culte, il inspira même au journaliste Bob Woodward le surnom de son informateur secret qui fut à l'origine du scandale du Watergate, surnom que Chris Carter a également donné à l'informateur de Fox Mulder dans la série X-Files. Au final, Gorge Profonde, tout en n'ayant que très peu d'intérêt sur un plan purement cinématographique (c'est un pur nanar en fait), reste un film important pour ce qu'il représente en terme de libération des mœurs. Il a également influencé la pop-culture et son aura brille encore de nos jours. A savourer tranquillement dans son canapé... tout en se rappelant quel calvaire a vécu l'actrice, devenu en l'espace d'un film la première star du X à l'écran !
NOTE : 3/6
Chouette critique! J'ai découvert ce film dans un ciné parisien MK2 il y a une vingtaine d'années, lors d'une rétrospective. J'avais oublié tout ce côté musical omniprésent du film. Ça donne envie d'écouter la B.O., du coup.
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