LA FILLE DE DRACULA
(La Fille de Dracula)
Réalisateur : Jess Franco
Année : 1972
Scénariste : Jess Franco
Pays : France, Portugal
Genre : Fantastique, érotique
Interdiction : -16 ans
Avec : Britt Nichols, Anne Libert, Alberto Dalbés, Howard Vernon, Daniel White...
L'HISTOIRE : Luisa se rend dans le manoir familial où l’attend sa grand-mère, la baronne Karlstein. Celle-ci, mourante, lui dévoile la malédiction qui pèse sur leur famille depuis des générations. En effet, dans la crypte repose leur ancêtre, Dracula, qui a toujours besoin de sang de jeunes femmes...
MON AVIS : Le début des années 70 est une période sacrément prolifique pour Jess Franco puisque ce dernier enchaîne les films comme une petite fille enfile des perles. Quatre films en 1971, six films en 1972, dix films en 1973, huit films en 1974 et j'en passe, c'est une véritable locomotive productive qui oeuvre à un rythme infernal, avec des tournages rapides de quelques jours. La Fille de Dracula date de 1972 et on retrouve au générique un casting que Jess Franco va réutiliser plusieurs fois en ce début des 70's. On pense par exemple aux actrices Anne Libert et Britt Nichols ainsi qu'aux acteurs Howard Vernon et Alberto Dalbés qu'on verra dans Dracula prisonnier de Frankenstein, Les expériences érotiques de Frankenstein, La Fille de Dracula, Les Démons ou encore Une Vierge chez les Morts Vivants (ce dernier sans Alberto Dalbés). Avec La Fille de Dracula, Franco veut s'illustrer dans le film de vampires, un sujet qu'il connaît déjà puisqu'il a mis Christopher Lee en scène dans Les Nuits de Dracula en 1970 et Soledad Miranda dans Vampyros Lesbos en 1971. Conscient que les spectateurs connaissent tout des vampires vu la multitude de films ayant traités ce thème depuis le Nosferatu de Murnau, le réalisateur ibérique ne va pas s’embêter à nous raconter encore une fois une histoire traditionnelle ou à jouer avec les clichés inhérents à ce genre de film. La Fille de Dracula va donc s'avérer un spectacle assez détonnant dans le paysage vampirique, ce qui lui valut nombre de critiques négatives à l'époque de sa sortie. Visionné en 2018, on pourra trouver ces critiques dépassées ou tout du moins usant de la méchanceté gratuite. Certes, La Fille de Dracula n'est pas le meilleur film de vampires que j'ai vu, loin s'en faut. Mais c'est également loin d'être le pire. Le soin apporté aux images et à la mise en scène font de ce film une oeuvre intrigante et non dénuée d'attrait. En ce qui me concerne, le principal intérêt du film est la présence de la très belle Britt Nichols qui interprète le rôle-titre. De son vrai nom Carmen Yazalde, cette actrice possède un véritable pouvoir hypnotique dont les grands yeux en sont l'instruments, auxquels on ajoutera des formes plutôt appétissantes qu'elle n'hésite pas à exibher au grès des demandes de Jess Franco. La scène d'amour saphique entre Britt Nichols et Anne Libert, au son du piano de Daniel White (compositeur attitré de Franco, qui interprète ici le baron Max Karlstein) est très jolie et les deux actrices rivalisent de beautés et de charme. L'érotisme, notion rattachée aux films de vampires, est évidemment présent dans La Fille de Dracula mais de manière assez soft et sans prendre le dessus sur l'intrigue. Une intrigue somme toute basique, sans véritable enjeu scénaristique, qui a un peu trop tendance à zapper son héroïne aux canines acérées au profit de séquences mettant en vedette l'inspecteur de police joué par le très bon Alberto Dalbés ou Jess Franco lui-même qui s'est offert un rôle assez conséquent, celui du domestique du Baron Karlstein. Un domestique qui croit aux mythes, aux légendes et aux malédictions ancestrales et qui se lance dans de longues tirades poétiques finement ciselées qui participent au plaisir ressenti à la vision du film. Franco utilise avec talent les magnifiques décors intérieurs et extérieurs d'un château que le réalisateur filmera à nouveau dans Une Vierge chez les Morts Vivants. Les scènes se déroulant dans la crypte sont fort belles et l'ambiance gothique n'est gâchée que par la découverte d'Howard Vernon reposant dans son cercueil. L'acteur fétiche de Franco interprète ici le Comte Dracula et on ne peut pas dire qu'il soit très crédible avec son maquillage blafard et ses deux canines qu'il ne cesse d'exhiber à la caméra. On passera rapidement sur ce bémol pour s'intéresser avant tout à la tentative de Franco de créer un certain suspense concernant l'identité d'un mystérieux assassin, et ce, en utilisant les codes du giallo italien. L'individu est vêtu de noir, ganté, chapeauté et on ne verra jamais son visage. Une tentative un peu inutile en faite puisque dès le début du film, nul doute n'est permis quand à l'identité de la femme vampire. Mais ça permet au film de maintenir l'attention du spectateur et de développer une intrigue policière qui prend le pas sur l'aspect fantastique du récit. Même si elles viennent "casser" l'atmosphère gothique du film, elles ne sont pas ennuyeuses et les dialogues sont bien écrits. Si le final semble un peu expéditif (on se demande comment le domestique connaît l'identité de la femme vampire, comment sait-il l'endroit où elle se cache et surtout, pourquoi n'a-t-il pas agit avant les meurtres ?), si le rythme lancinant pourra déconcerter la majorité des spectateurs s'attendant à un film de vampires classique, La Fille de Dracula, malgré ses défauts, m'a fait passer moment agréable. Rien de transcendant non plus, j'aurai bien aimé que Franco se lâche un peu plus au niveau de la violence par exemple et nous offre plus d'agressions vampiriques. Mais vu la beauté de cette fille de Dracula, on lui pardonne cette retenue. A ranger à côté des classiques de Jean Rollin (La Vampire Nue par exemple) et à savourer comme un film de vampire atmosphérique à l'ambiance policière...
* Disponible en combo DVD + BR chez ARTUS FILMS
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