SANCTUAIRE
(La Chiesa / The Church)
Réalisateur : Michele Soavi
Année : 1989
Scénariste : Dario Argento, Franco Ferrini, Michele Soavi
Pays : Italie
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Hugh Quarshie, Tomas Arana, Feodor Chaliapin Jr., Barbara Cupisti, Asia Argento...
L'HISTOIRE : Moyen Âge. Accusés de servir le Diable, les habitants d’un village sont massacrés par des chevaliers teutoniques. Afin d’enrayer la propagation du mal, une église est érigée sur le charnier. De nos jours, lors des travaux de restauration qu’elle dirige, Lisa découvre un parchemin dissimulé dans la paroi des sous-sols de l’église. Elle s’empresse d’en faire part à Ewald, le nouveau bibliothécaire. Imprégné des théories de l’alchimiste Fulcanelli, Ewald, bien résolu à percer le secret du parchemin, va, bien malgré lui, réveiller des forces obscures et malveillantes qui vont se déchaîner en se propageant à tous ceux présents dans l’édifice...
MON AVIS : En 1985 et 1986 sortent sur les écrans Démons et Démons 2, tous deux réalisés par Lamberto Bava et produits par Dario Argento. Des films Bis très fun et très gores, qui remportent un bon succès d'estime chez les fans. Un troisième volet est alors mis en chantier, Dario Argento et Franco Ferrini en rédigent l'histoire. Mais Démons 3 ne se fera pas car Lamberto Bava est occupé sur un autre projet et ne peut le réaliser. Argento fait alors appel à Michele Soavi pour réaliser le film basé sur l'histoire qu'il a écrite. Ce dernier accepte et apporte quelques idées nouvelles. Le scénario est remanié à trois mains et le titre devient Sanctuaire. En 1991, Umberto Lenzi réalisera Black Démons, qui est le vrai Démons 3. Avec Sanctuaire, Michele Soavi s'éloigne totalement de l'ambiance jouissive et grand-guignolesque instaurée par Lamberto Bava. Il livre un film assez sérieux, au rythme contemplatif, qui prend le temps d'installer une ambiance fantastico-ésotérique plutôt réussie. La scène d'introduction, censée se dérouler à l'époque du Moyen-Âge, avec le massacre d'un village par des chevaliers teutoniques, laisse entrevoir son manque de budget mais parvient tout de même à remplir le cahier des charges et se montre assez cruelle, Soavi plaçant ici et là quelques effets gores bien sentis, comme ce cheval frappant à plusieurs reprises une tête fraîchement décapitée. Cette séquence introductive nous permet également de découvrir une toute jeune Asia Argento alors âgée de quatorze ans. Une fois passé cette première partie, on se retrouve à l'époque contemporaine et on va faire connaissance avec les deux personnages principaux mais aussi avec la majestueuse cathédrale qui va servir de décor principal et dont on sait qu'elle a été construite sur le charnier des supposés suppôts de Satan massacrés par les chevaliers et ce, afin de protéger notre monde des puissances démoniaques. Bibliothécaire chargé de classer de nombreux livres, Ewald (joué par Tomas Arana) va rencontrer la belle Lisa (sublime Barbara Cupisti, vue dans L'éventreur de New York, Bloody Bird ou Opéra), en charge de la restauration du bâtiment. La découverte d'un mystérieux parchemin antique va les entraîner dans une quête dont ils auraient mieux fait de se tenir à l'écart. Cette seconde partie, qui dure une bonne heure, pourra déstabiliser le spectateur s'attendant à voir une horde de créatures infernales s'abattre sur les occupants de la cathédrale. Car Michele Soavi à d'autres ambitions que celle de se plonger à corps et à cris dans le gore décomplexé. Il va au contraire prendre tout son temps, misant plus sur le mystère et l'ambiance, faisant avancer l'enquête des deux héros à pas d'escargot tout en nous offrant des scènes visuellement superbes. C'est redondant dans le cinéma de Soavi d'ailleurs, ce soin apporté à l'imagerie, aux détails, aux couleurs et Sanctuaire a de la splendeur picturale à revendre. Ce qui ne nous empêche pas de trouver que ce manque de péripéties porte un léger préjudice au film malgré de belles idées de mise en scène. Et puis arrive la dernière demi-heure qui s'emporte et bénéficie d'un rythme nettement plus alerte. Une fois un mécanisme antique déniché, la cathédrale devient un lieu totalement hermétique (sauf pour Asia Argento qui connaît un passage secret pour fuguer et aller s'amuser) et les forces du Mal vont pouvoir se déchaîner sur les occupants. Barbara Cupisti va avoir l'honneur de se retrouver nue (chouette) et de se faire chevaucher par un superbe démon, une créature absolument magnifique qui mérite à elle seule de voir le film. Soavi va même jusqu'à reproduire "en vrai" une peinture de 1979 conçu par Boris Vallejo, avec une femme nue enlacée par un démon ailé. Sublime. Le gore est aussi de la partie, avec un suicide au marteau-piqueur (!), une gorge transpercée par la pointe d'une grille de fer, un prêtre empalé sous la pluie, un visage déchiré avec les ongles façon Poltergeist et j'en passe, le tout sous une musique composée par Philip Glass ou Keith Emerson. Si on aura du mal à comprendre pourquoi les occupants de la cathédrale n'ont quasiment aucune réaction face à la violence qui se déchaîne autour d'eux dans cette dernière partie (les puissances infernales ont déjà contaminés leurs âmes ?), il n'en reste que ce final majestueux bonifie le film de Soavi, qui, malgré ses faiblesses au niveau du rythme, ne démérite pas en tant qu'oeuvre du cinéma fantastique respectueuse des codes du genre. Surtout qu'en cette fin de décennie 80, le cinéma d'horreur italien avait diablement perdu de sa superbe. Michele Soavi a repris le flambeau avec un talent certain et ce n'est pas Bloody Bird, Sanctuaire, La Secte ou Dellamorte Dellamore qui viendront me contredire. Hormis cela, et ça devient répétitif de le dire à chaque fois, Le Chat qui Fume a encore fait un travail remarquable avec ce magnifique combo DVD / BR. Rien que le fourreau et le digipack trois volets est de toute beauté. Au niveau des bonus, c'est à nouveau la panacée puisqu'on trouve de nombreux modules présentés par les stars du film : l'actrice Asia Argento, le maquilleur Franco Casagni, l'acteur Giovanni Lombardo Radice (excellent, avec des répliques à se pisser dessus!), le responsable du design Massimo Antonello Geleng ou bien encore le scénariste Franco Ferrini viennent nous livrer moults informations et souvenirs sur le tournage du film et sa création. Cerise sur le gâteau, même Michele Soavi est présent pour nous en dire plus sur son film. Si Sanctuaire, en tant que film, ne ralliera pas tous les fans de cinéma de genre à sa cause, nul doute que son édition DVD-BR le fera au vu de la qualité du travail fourni !
* Dispo en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME
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