SANS MOBILE APPARENT
(Sans Mobile Apparent)
Réalisateur : Philippe Labro
Année : 1971
Scénariste : Vincenzo Labella, Philippe Labro, Jacques Lanzmann
Pays : France, Italie
Genre : Policier
Interdiction : /
Avec : Jean-Louis Trintignant, Dominique Sanda, Jean-Pierre Marielle, Laura Antonelli, Stéphane Audran...
L'HISTOIRE : A Nice, trois crimes sont commis par un mystérieux assassin, à l'aide d'un fusil à lunettes 22 long rifle. L'inspecteur Carella est chargé de l'enquête. Ses premières investigations ne lui procurent aucune piste tangible et il semble que ces trois meurtres soient sans mobile apparent...
MON AVIS : Journaliste, reporter, écrivain, parolier, homme de radio, Philippe Labro rajoute une corde à son arc en 1969, celle de réalisateur. Il tourne donc Tout peut arriver cette année là puis enchaîne en 1971 avec Sans Mobile Apparent. Passionné par les films policiers français des années 40 (en particulier le Quai des Orfèvres de Clouzot) mais surtout par la grande époque du film noir américain et ses acteurs de légendes (Humphrey Bogart, Richard Widmark, Robert Mitchum...), Phillipe Labro, sous l'impulsion du producteur Jacques-Éric Strauss, se met à lire des tonnes de polars afin d'en trouver un qui serait adaptable au cinéma. Il tombe sous le charme de Dix plus Un d'Ed McBain, dont l'action se situe en Californie. Ce roman est le dix-septième titre d'une longue saga initiée par cet auteur et qui met en vedette des policiers du 87ème District, dont l'inspecteur Steve Carella. Le cadre ensoleillé du roman, ainsi que sa trame, séduisent Labro qui va alors l'adapter au paysage français avec les scénaristes Vincenzo Labella et Jacques Lanzmann. La Californie cède sa place à Nice, le casting est international, avec notamment les Français Jean-Louis Trintignant, Dominique Sanda, Jean-Pierre Marielle, Stéphane Audran, Sacha Distel mais aussi les Italiennes Carla Gravina et Laura Antonelli, le Roumain Gilles Ségal ou l'Américain Erich Segal par exemple. La musique est composée par Ennio Morricone. Durant le tournage, comme ce n'était que son second film, Labro a reçu l'aide et les conseils de son ami Jean-Pierre Melville lui-même, excusez du peu. A l'arrivée, Sans Mobile Apparent est un excellent polar français, que je n'avais jamais vu et que j'ai pris grand plaisir à découvrir. Jean-Louis Trintignant interprète l'inspecteur Carella avec un talent fou. Égocentrique, bourré de toc (dont celui de se laver régulièrement les mains), doté d'un cynisme à tout épreuve et tireur hors pair, Trintignant donne de l'épaisseur à ce personnage tantôt antipathique, tantôt attachant mais en tout cas déterminé à comprendre quel lien unit les victimes d'un tueur en série adepte de la 22 long rifle. L'histoire est vraiment prenante, et le fait qu'elle se déroule dans le milieu de la bourgeoisie niçoise apporte son lot de questionnement. L'enquête nous laisse à penser que le trafic d'argent est peut-être à l'origine de ses meurtres qui ne semblent pas avoir de réels mobiles. Plus le film avance, plus Carella cherche à dénouer le mystère, plus on en apprend sur les divers personnages qui gravitent autour de cette sombre histoire et plus notre intérêt grandit. Réalisé au début des années 70, Sans Mobile Apparent respire cette époque par tous les pores de sa pellicule et le cadre niçois sied parfaitement à l'ambiance recherchée. Sans être très énergique, le rythme du film est relativement soutenu et n'ennuie jamais, aidé par le casting, idéalement choisi. La mise en scène de Labro fonctionne à plein régime, tantôt sobre et classique, tantôt originale et percutante. Si l'inspecteur Carella domine d'une tête les personnages présentés, les rôles féminins ne sont pas en reste et offrent au film un aspect sensuel bienvenu, qui contraste avec l'ambiance générale assez suffocante et pessimiste. La mignonne Dominique Sanda (qui semble parfois réciter son texte), les sexy Carla Gravina ou Stephane Audran (et son décolleté vertigineux) ou bien la sage Laura Antonelli (du moins dans ce film-ci !) jouent avec les codes de la femme fatale typique des films noirs américains, dont se réclame le film de Labro. Sans vous dévoiler les rouages de cette sombre histoire qui se dévoileront petit à petit, sachez que Sans Mobile Apparent mérite franchement le détour pour qui apprécie les films policiers de qualité. Et avec ce second film de Philippe Labro, on en a effectivement un entre les mains.
LE DVD/BR :
Quatrième titre de la collection Make my Day de Jean-Baptiste Thoret. Encore un excellent choix pour ce film qui méritait effectivement une édition de qualité, tant ce film en possède, des qualités. Une image claquante, nette et sans bavure permet de se plonger dans le Nice des 70's au côté de Jean-Louis Trintignant. Niveau bonus, une préface de JB Thoret puis une interview de 45 minutes du réalisateur Philippe Labro, qui revient sur sa passion du polar, la création du film, son tournage ou sa relation avec Melville. Très intéressant.
* Disponible en combo DVD / BR chez STUDIOCANAL
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