L'INTERNAT
(Boarding School)
Réalisateur : Boaz Yakin
Année : 2018
Scénariste : Boaz Yakin
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Luke Prael, Sterling Jerins, Nadia Alexander, Samantha Mathis, David Aaron Baker...
L'HISTOIRE : Il était une fois un garçon de 12 ans, Jacob, hanté par le souvenir d’une grand-mère qu’il n’a pas connue. Sa mère et son beau-père ne supportant plus ses cauchemars nocturnes ni son obsession de se travestir en femme, ils l’envoient se faire soigner dans une école spécialisée. L’établissement se révèle être un lieu maléfique et le terrifiant directeur leur promet une purification prochaine...
MON AVIS : Boaz Yakin est peut-être un nom qui ne vous dis rien du tout. Pourtant, ce réalisateur américain, à qui l'on doit des films tels Fresh (1994), Le Plus Beau des Combats (2000), Max (2015) ou Death in Love (2008) est le scénariste du Punisher version Dolph Lundgren ! Bon, ok, faut le savoir ou être fan du film de Mark Goldblatt pour le savoir. Bref. Maintenant, vous le savez. Le voici donc de retour derrière la caméra avec L'Internat, film présenté avec un visuel et un titre français qui nous fait évidemment pensé à L'Orphelinat, chef-d'oeuvre de Juan Antonio Bayona. Alors attention, parce qu'en fait, le film de Boaz Yakin n'a absolument rien à voir avec le titre précité et pour ma part, je ne le classerai ni dans le genre fantastique, ni même dans le genre horrifique malgré quelques scènes sanguinolentes lors de la dernière demi-heure. Ou alors, il s'agit d'horreur psychologique. C'est avant tout un drame, qui nous présente une histoire assez déroutante et qui risque de laisser sur le carreaux bon nombre de spectateurs s'attendant à visionner un film de fantômes. En effet, L'Internat est un film assez difficile d'accès, qui aborde des thématiques aussi diverses que la Shoah, le conflit inter-générationnel, la difficulté d'être parents d'enfants handicapés ou différents entre autres. Le personnage principal du film est Jacob, superbement interprété par le jeune Luke Prael. Un garçon de douze ans, qui fait tout le temps des cauchemars la nuit, ce qui met les nerfs de sa mère et de son beau-père à rude épreuve. Il a aussi comme signe distinctif d'adorer se grimer en femme, tel le célèbre Ed Wood. Hormis cela, il est comme tous les enfants de son âge : il lit des comics, regarde des films d'horreur (Les Trois Visages de la Peur de Mario Bava est diffusé sur un écran de télévision lors d'une séquence), se fait parfois harceler au lycée à cause de sa démarche "féminine". Pas de quoi crier au scandale et pourtant, ses parents décident de le placer dans un internat spécialisé, dans lequel il côtoiera six autres enfants, dont certains ayant des troubles comportementaux assez importants. Petit à petit, le film prend une tournure assez étrange, tel un conte cruel dans lequel l'ogre serait représenté par le directeur de l'institut, joué avec brio par Will Patton. Honnêtement, j'ai eu assez de mal à comprendre où le réalisateur voulait nous amener, quel était son but ou ses intentions. Durant une heure et demi, on se questionne, on cherche à comprendre le pourquoi de la présence des enfants, pourquoi le réalisateur nous a parlé de la grand-mère décédée de Jacob en début de film, à quoi correspondent les scènes de rêve dans lesquelles on voit un officier nazi parler à une belle demoiselle, pourquoi l'intendante du directeur a-t-elle pris un faux nom et j'en passe. Autant de questions qui ne trouveront réponses que lors de la dernière demi-heure, dans laquelle tout s'accélère, les liens entre les divers éléments du film se mettant enfin en place, nous éclairant sur cette histoire que n'aurait pas renié David Lynch, Pedro Almodovar ou Mario Bava, trois réalisateurs cités comme étant une source de référence par Boaz Yakin. Cet aspect à priori décousu, ce manque de repère, cette incompréhension narrative, le réalisateur de L'Internat l'a revendique, qui n'hésite pas à proclamer qu'il "trouve ennuyeux et frustrant la plupart des films américains modernes, parce qu'ils mettent l'accent sur la cohérence et la clarté des idées qui doivent être exposées au public. Cela élimine l'étrangeté et la spontanéité des idées, de l'expérimentation, tout ce qui rend le travail de création passionnant et permet de dépasser le simple divertissement." En clair, Boaz Yakin veut faire de son film une expérience intuitive, émotionnelle et ne souhaite pas donner toutes les clés de compréhension aux spectateurs. Reconnaissons que si tel était son but, il y est parvenu à 100% tant la vision de L'Internat est déconcertante de prime abord. Même si j'avoue avoir eu du mal à adhérer totalement au film, impossible de nier la maîtrise technique du réalisateur, ni le superbe travail du chef-opérateur Mike Simpson, qui renvoie encore une fois à Mario Bava dans le traitement des couleurs ou de certaines ambiances. Le final est également assez glaçant quand on a enfin compris les rouages du film et pourquoi les parents ont choisit cette internat pour leurs enfants. Bref, L'Internat est est effectivement une expérience cinématographique qui intrigue, brise les repères et nous malmène en nous proposant un récit exigeant qui mérite de fournir un effort d'acceptation. Même une fois le générique de fin terminé, on reste déstabilisé par les personnages, l'atmosphère, les rebondissements proposés. Un film qui va diviser à coup sûr.
* Disponible en DVD et BR chez METROPOLITAN VIDEO
Coucou Stéphane,
RépondreSupprimerJe m’appelle Murielle et je suis une cinéphile passionnée. J’ai vu ton blog en cherchant des titres de longs-métrages. Merci pour ce résumé sur « L’Internat ». D’après ce que tu as écris, ce film d’horreur va me donner des frissons. J’espère qu’il est aussi intéressant que « Suspiria » qui est sorti en 2018. Si tu ne connais pas, tu peux suivre ce lien https://www.youtube.com/watch?v=FrxO_z8yaX8 pour en savoir plus.