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SUSPIRIA

SUSPIRIA
(Suspiria)

Réalisateur : Dario Argento
Année : 1977
Scénariste : Dario Argento, Daria Nicolodi
Pays : Italie
Genre : Giallo
Interdiction : -16 ans
Avec : Jessica Harper, Stefania Casini, Flavio Bucci, Barbara Magnolfi, Alida Valli...


L'HISTOIRE : Jeune ballerine en devenir, Suzy arrive de nuit à la prestigieuse école de danse classique de Fribourg. Elle ne trouve personne pour lui ouvrir la porte mais croise une autre élève qui semble terrorisée et qui prend la fuite sous une pluie battante. Le lendemain, Suzy rencontre la directrice de l'école, qui lui apprend qu'un drame a eu lieu dans la nuit et qu'une élève a été assassiné. Peu à peu, la jeune femme trouve qu'il se passe des choses étranges dans cette académie de danse, ce que lui confirme son amie Sara, qui passe ses nuits a espionner les déambulations nocturnes des professeurs...

MON AVIS : Après avoir réalisé quatre gialli (L'Oiseau au Plumage de Cristal, Le Chat a Neuf Queues, Quatre Mouches de Velours Gris, Les Frissons de l'Angoisse) et un film historique en costume (Cinq Jours à Milan), ainsi que deux épisodes de l'anthologie horrifique La Porta sul Buio, Dario Argento change de registre en 1977 et s'oriente vers le film fantastique avec ce que nombre de ses fans considèrent comme son chef-d'oeuvre absolu : Suspiria. Difficile de les contredire car même si Les Frissons de l'Angoisse est souvent cité en tant qu'oeuvre de référence du maestro italien, on atteint avec Suspiria une autre dimension qui confine au génie. Rien que les vingt premières minutes du film méritent l'appellation de chef-d'oeuvre, avec l'arrivée de la belle Suzy (Jessica Harper, vue dans Phantom of the Paradise en 1974) à l'école de danse sous une pluie battante, arrivée qui se soldera par la mort d'une autre élève lors d'une scène de meurtre anthologique, le tout sous la musique inquiétante du groupe Goblin et sous des jeux de lumières et des effets de couleur proprement renversants. Suspiria est une oeuvre visuellement splendide, qui renvoie bien sûr au travail sur les couleurs effectué par Maria Bava. Avec ses éclairages rouges, verts, jaunes et j'en passe, Dario Argento a fait de son film un pur régal pour les rétines et l'expression "on s'en prend plein la vue" est parfaitement justifiée ici. Mais Suspiria, ce n'est pas qu'un prodige visuel ! C'est même avant tout un prodige sensoriel principalement auditif ! Car on a tendance à occulter l'incroyable travail, l'incroyable maîtrise des éléments sonores qui composent ce film parfait. Outre la musique des Goblin qui apparaît comme un personnage à part entière ici tant sa présence est importante et ne se contente pas de juste mettre en musique des images, on trouve tout un panel de sonorités diverses et variées (soupirs, respirations, murmures, voix lugubres, incantations, bruit de pas...) qui parviennent à créer une atmosphère angoissante de haute volée. La présence d'un pianiste aveugle vient renforcer cet état de fait car l'homme n'a plus que le son pour se guider, ce qui en fait d'ailleurs un véritable ennemi pour le Mal qui rôde dans l'académie de danse. Je ne dévoilerai aucun secret de polichinelle en disant que le Mal sus-nommé n'est autre qu'une confrérie de sorcières, la thématique de la sorcellerie étant clairement formulée sur l'affiche même du film. Car oui, Suspiria est un grand film de sorcellerie, qui mise tout sur son ambiance et sa mise en scène virtuose. La caméra de Dario Argento est mue par une puissance cinématographique hors du commun, avec ces plans à la symétrie parfaite (Kubrick, es-tu là ?) qui plonge le public dans un univers baroque flamboyant. Très peu nombreux, les meurtres sont tous mémorables de par leur mise en scène qui confine à l'oeuvre d'art. Le scénario n'est pas spécialement très étoffé, on y retrouve même des éléments du giallo, mais la puissance des images fait que tout passe comme une lettre à la poste et qu'on reste scotché dans notre fauteuil devant tant de sensations visuelles et auditives, qui font de Suspiria un vrai cauchemar éveillé, version macabre d'Alice au pays des Merveilles ou de Blanche Neige et les Sept Nains (une référence citée par Argento lui-même). Film fabuleux de part son esthétisme et sa réalisation, Suspiria est un incontournable du cinéma fantastique, voire du cinéma tout court.



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