INUNAKI, LE VILLAGE OUBLIÉ
(Howling Village)
Réalisateur : Takashi Shimizu
Année : 2019
Scénario : Daisuke Hosaka, Takashi Shimizu
Pays : Japon
Genre : Drame, Epouvante
Interdiction : /
Avec : Ayaka Miyoshi, Ryôta Bandô, Tsuyoshi Furukawa, Renji Ishibashi...
L'HISTOIRE : Le village d’Inunaki, au Japon, est surnommé le Village Hurlant. Une psychiatre de la région, Kanade Morita, possède un sixième sens, qui la tourmente depuis l’enfance. Un jour, son frère Yuma et sa petite amie décident de jouer à se faire peur, lors d’une expédition nocturne dans le village. Sans le savoir, ils vont réveiller la terrible malédiction qui frappe ce dernier…
MON AVIS : En 1998, Hideo Nakata se faisait le fer de lance d'une nouvelle vague horrifique en provenance du Japon avec le terrifiant Ring et ses suites. La Japan Horror allait ensuite déferler sur les écrans de cinéma et en vidéo, allant jusqu'à la saturation du public qui n'en pouvait plus de voir des films de fantômes aux cheveux noirs devant le visage. Impossible cependant de nier la grande force de la Japan Horror en terme d'épouvante et d'aptitude à faire frissonner le spectateur. Les films issus de cette nouvelle vague privilégie en effet l'ambiance aux effets gores et parviennent très souvent à élever le stress du public à un degré que peu de films américains ou d'autres pays peuvent se targuer d'atteindre. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas replongé dans la Japan Horror et c'est donc avec un réel intérêt que j'ai enclenché le visionnage de Inunaki, Le Village Oublié, réalisé en plus par un spécialiste du genre, à savoir Takashi Shimizu (la saga Ju-on ainsi que leurs remakes US The Grudge 1 & 2, Reincarnation, Marebito, The Shock Labyrinth 3D...). Titré Howling Village (le village hurlant) et rebaptisé Inunaki, Le Village Oublié, le dernier film en date de Takashi Shimizu brasse large et semble représenter une sorte de film-somme puisqu'on y croise un village maudit, des protagonistes ayant une sorte de sixième sens, des spectres évidemment, des secrets de famille, un passé enfoui qui va venir impacter les événements du présent et même un dérivé de lycanthropie avec une malédiction qui peut transformer des personnes en êtres mi-homme, mi-chien ! Le tout bénéficiant d'une mise en scène soignée, d'une bonne ambiance et de quelques séquences de flippe efficaces. On pourra trouver que ce méli-mélo d’influences, ce brassage de thématiques diverses, part un peu dans tous les sens et que les différents arcs narratifs présentés ont tendance à éparpiller l'intrigue principale, à la rendre un peu confuse, et qu'elle aurait pu être plus resserrer. On pense par exemple à ce petit garçon qui voit le fantôme de sa véritable mère à l'hôpital où travaille Kanade Morita, l'héroïne du film interprétée par la ravissante Ayaka Miyoshi, qui est actrice, chanteuse et modèle à la ville, rien que ça ! Certes, ces séquences nous permettent de comprendre que Kanade a elle aussi un don de vision, elles permettent également à Takashi Shimizu de s'amuser à faire frissonner le spectateur, mais elles tirent également le film un peu en longueur en ce qui me concerne, nous détournant de son sujet principal. Nettement plus intéressantes sont les scènes et la partie de l'histoire consacrées à ce curieux village baptisé Inunaki, dont on dit qu'il est le lieu le plus terrifiant du Japon. A ce titre, la séquence introductive est des plus réussies et nous place d'emblée dans l'atmosphère désiré. Qui plus est, le réalisateur s'amuse avec différents formats vidéo, puisque cette introduction nous est présentée en found footage par exemple. Plus loin dans le film, afin de nous éclaircir sur ce qui s'est déroulé dans le village d'Inanuki, Shimizu rend hommage (voulu ou non ?) à Cannibal Holocaust en nous présentant des images issues d'une vieille bobine 8mm précieusement conservée et dernier vestige prouvant l'existence d'Inanuki et de ses habitants. Elles nous renvoient au chef-d'oeuvre de Ruggero Deodato, notamment dans la description des actes barbares menés par les gérants d'une compagnie d'électricité dont le seul but était de se débarrasser des habitants et de raser Inanuki, et ce, à n'importe quel prix, à l'image des sévices infligés par les reporters de Cannibal Holocaust à la population locale afin d'obtenir des séquences chocs. Bref, on sent Takashi Shimizu vraiment investi derrière sa caméra et voulant proposer au public le meilleur film possible, se permettant même de jouer sur la notion de temporalité, en mêlant scène du présent et scène du passé dans une belle cohérence. Le travail sur l'apparence des spectres est abouti, avec cet effet un peu flouté qui propose un rendu inquiétant et malaisant. Un peu moins réussi sera l'être mi-humain, mi-chien mais rien de bien méchant, le niveau reste correct. La photographie est souvent superbe et le jeu des acteurs convaincants. Honnêtement, malgré une intrigue un peu brouillonne due à la multiplication de sous-intrigues et à la profusion de personnages, Inunaki, le Village Oublié s'avère être un bon film d'épouvante à la japonaise, maîtrisé et convaincant. C'est d'ailleurs ce qu'a du se dire le jury du festival de Gerardmer 2020 puisque le film a reçu le Prix du Jury justement ! Avec des œuvres de cette qualité, la Japan Horror a encore de beaux jours devant elle !
* Disponible en DVD et BR chez LONESOME BEAR
Bonus : La Japan Horror : décryptage d’un phénomène, essai sur le cinéma d’horreur japonais d’environ 20 minutes par Jean-François Rauger
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire