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LA FEMME SCORPION 4 : LA MELODIE DE LA RANCUNE

LA FEMME SCORPION 4 : LA MELODIE DE LA RANCUNE
(Joshû sasori: 701-gô urami-bushi / Female Prisoner Scorpion: #701's Grudge Song)

Réalisateur : Yasuharu Hasebe
Année : 1973
Scénariste : Tooru Shinohara
Pays : Japon
Genre : Drame, W.I.P.
Interdiction : -16 ans
Avec : Meiko Kaji, Masakazu Tamura, Yumi Kanei, Sanae Nakahara...


L'HISTOIRE : Toujours en cavale, Nami Matsushima se faire prendre par l'inspecteur Kodama mais parvient encore à s'enfuir. Blessée, elle trouve de l'aide auprès de Yasuo Kudo, un technicien travaillant dans un cabaret de strip-tease. Ayant lui aussi subit des violences policières de par le passé, Kudo va tout faire pour que Kodama ne mette pas la main sur la femme scorpion...

MON AVIS : Déçue par la tournure qu'à fait prendre le réalisateur Shunya Ito à la saga avec l'épisode 3 (le pourtant très réussi La Tanière de la Bête), la firme Toei décide de le remplacer et de produire rapidement un quatrième volet aux aventures de Nami. Ce sera donc La Mélodie de la Rancune, mis en scène par Yasuharu Hasebe, toujours en 1973 et toujours avec l'actrice Meiko Kaji, dont ce sera la dernière participation en tant que femme scorpion. Ce nouveau metteur en scène est-il parvenu à assurer comme Shunya Ito ? La réponse est non. On assiste à la première grosse baisse de régime de la saga, la faute à une réalisation académique, sans réelle saveur ni prise de risque, auquel on ajoutera un scénario pas franchement folichon et qui en oublie presque son héroïne, au profit du personnage de Yasuo Kudo. Ce dernier, interprété par Masakazu Tamura, prend en effet une place prépondérante dans l'histoire et s'il assiste Nami, et que cette dernière en tombera même amoureuse, on regrette que Yasuharu Hasebe s'intéresse plus à lui, lui offrant de nombreuses scènes durant une bonne partie du métrage, tandis que Meiko Kaji attend patiemment son retour, restant planquée pour échapper à l'inspecteur. Résultat : baisse de rythme et scènes répétitives (la police les débusque, ils s'enfuient dans une nouvelle planque ; la police les débusque, re-fuite...). Plus intéressant est sans conteste le personnage de l'inspecteur justement ! Une vraie ordure, une pourriture de la pire espèce, qui n'hésite pas à maltraiter ceux qu'il arrête, et lors d'un flashback, on découvrira que Yasuo Kudo a déjà eu maille à partir avec lui. Une séquence très cruelle, violente et sadique, qui fera certainement grimacer de douleur la gent masculine. Ce vil monsieur versera dans la cruauté tout au long du film et on n'a qu'une envie, que Nami lui règle son compte ! Cette partie  du film mettant en avant la traque et la relation Nami / Kudo, sans être mauvaise, se montre très inférieure aux trois précédents volets, que ce soit en terme d'ambiance, de mise en scène, d'originalité ou de recherche visuelle. Une baisse de régime flagrante qui nous fait clairement comprendre que la Toei a fait le mauvais choix en évinçant Shunya Ito. Une fois Nami rattrapée et à nouveau envoyée en prison, on revient au genre du women in prison et on se dit que La Mélodie de la Rancune va peut-être enfin décoller véritablement. Manque de bol, tout est filmé sans génie aucun et le réalisateur se contente de recycler les clichés inhérents au genre, sans jamais tenter de les transcender ou d'apporter une once d'imagination aux séquences se déroulant dans la prison. Il faudra alors attendre un ultime rebondissement permettant à Nami de s'évader à nouveau pour que le film se pare d'une séquence somptueuse, nous ramenant à La Femme Scorpion de 1972. La vengeance organisée de Kodama envers Nami constitue le meilleur moment et ce ciel qui passe du rouge au bleu est de toute beauté et nous offre un vrai plaisir visuel. L'ultime scène, attendue, replonge dans le classicisme et parachève un long métrage qui se révèle au final assez décevant et qui clôture, pour un temps, une saga de très bonne qualité compte tenu des trois premiers épisodes.

NOTE : 3/6



HER NAME WAS TORMENT

HER NAME WAS TORMENT
(Her Name was Torment)

- Visionné durant le Sadique Master Virtual Festival -

Réalisateur : Dustin Mills
Année : 2014
Scénariste : Dustin Mills
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Gore, Expérimental
Interdiction : -16 ans
Avec : Allison Fitzgerald, Jackie McKown, Dustin Mills, Brandon Salkil...


L'HISTOIRE : Une jeune femme est accusée de 27 meurtres. Semblant totalement déconnectée de la réalité, un psychiatre va tenter de comprendre son parcours et ses motivations...

MON AVIS : Dustin Mills est un réalisateur indépendant qui a déjà pas mal de films derrière lui quand il réalise Her Name was Torment en 2014. On citera The Puppet Monster Massacre en 2010, Zombie A-Hole en 2012, Night of the Tentacles, Easter Casket ou Skinless en 2013 par exemple. D'après certaines sources, Her Name was Torment n'aurait coûté que dans les 500 $ ! Une somme dérisoire pour un résultat qui lui est très largement supérieur ! Je peux même dire que le moyen-métrage de Dustin Mills (50 minutes environ) est un petit bijou malsain, intriguant et redoutablement efficace. Destiné à un public averti, Her Name was Torment nous entraîne avec lui pour un voyage sans retour dans la folie humaine. On suit l'interrogatoire du psychiatre qui est entrecoupé par la vision d'un des meurtres commis par la jeune femme dont on ne verra jamais le visage. Les questions posées par le médecin sont tout d'abord basiques (quel est ton nom, sais-tu pourquoi tu es ici, as-tu conscience de ce que tu as fait...) puis prennent une tournure de plus en plus intéressante en fonction des réponses fournies, plongeant le spectateur dans une ambiance sombre, glauque mais surtout qui nous interroge sur les mystères même de l'âme humaine et sa défaillance. Comment une personne "normale" peut en arriver à commettre des crimes monstrueux parce qu'elle entend des "voix" qui lui ordonnent de faire ces monstruosités ? Sur ce postulat de base, Dustin Mills peaufine sa mise en scène pour la rendre hypnotique, fascinante. Quand le médecin demande son nom à la femme, celle-ci reste muette mais le mot "Torment" apparaît en flash, tel une image subliminale, représentant la pensée de cette jeune femme. Un procédé ultra efficace qui capte notre attention d'entrée de jeu et nous laisse les yeux rivés sur notre écran, impatient d'en savoir plus. Ces entretiens sont donc fractionnés par des scènes dans lesquelles Torment (appelons-là comme ça) va torturer une de ses victimes. Torture et sadisme sont de rigueur et les yeux timorés peuvent passer leur chemin : arrachage de dents et d'ongles à la tenaille, coup de cutter, énucléation d'un globe occulaire à la petite cuillère, section des lèvres, éviscération et autres abominations sont au rendez-vous, bénéficiant d'effets-spéciaux réussis. Le plus ignoble ayant été la séquence dans laquelle elle enfonce une longue aiguille dans l'oreille du pauvre garçon ! Ca fait très mal et j'ai bien serré les dents. La majorité du film est proposée en noir et blanc mais la couleur s'invite parfois, donnant à Her Name was Torment un côté expérimental appréciable, surtout que Dustin Mills sait tenir une caméra et propose des plans travaillés et bien en place. L'ambiance délétère fonctionne à plein régime, le masque portée par Torment et le décor minimaliste créent un climat anxiogène percutant. Cerise sur le gâteau, une séquence de nécrophilie (clin d'oeil à la saga Nekromantik ?) révulsive, peu ragoûtante, et qui fait son petit effet. Si c'es séquences gores peuvent paraître gratuite, elles nous questionnent néanmoins car à chaque fois, Torment récupère ce qu'elle a prélevé de sa victime et les place dans des tubes à éprouvettes, et ce, de manière méticuleuse, comme si ces prélèvements étaient le but ultime des meurtres qu'elle commet. Une intuition qui sera confirmée par la suite. Quand au pourquoi, je vous laisse la surprise. La scène finale, dans laquelle Torment, après avoir terminé sa besogne, vient simplement manger un bol de céréales, fait froid dans le dos. La normalité derrière l'anormalité. Les derniers entretiens font un peu la lumière sur ses motivations et sur ces "voix" qu'elle entend et l'ultime question, reprenant le procédé du "flash subliminal" mais en changeant le mot, achève de nous clouer sur place, laissant à penser qu'une séquelle pourrait être engendrée ! Véritable révélation underground, Her Name was Torment fait partie de ces électrochocs inattendus dus à des réalisateurs totalement inconnus mais passionnés et qui mettent tout en oeuvre pour proposer un cinéma différent. Une vraie réussite, brillante et totalement maîtrisée.

NOTE : 5/6




HATE CRIME

HATE CRIME
(Hate Crime)

- Visionné durant le Sadique Master Virtual Festival -

Réalisateur : James Cullen Bressack
Année : 2013
Scénariste : James Cullen Bressack, Jarret Cohen
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Home Invasion, Found footage
Interdiction : -16 ans
Avec :  Jody Barton, Nicholas Adam Clark, Debbie Diesel, Tim Moran, Ian Roberts...


L'HISTOIRE : Trois néo-nazis se faisant appeler Un, Deux et Trois, pénètrent dans la maison d'une famille juive récemment installée. Cette dernière était en train de fêter l'anniversaire du cadet. Pour les parents et leurs trois enfants, la fête va se transformer en un véritable cauchemar...

MON AVIS : Amateurs de poésie et de bon goût, bienvenue dans Hate Crime ! Un film trash indépendant de 2013 qui mixe home invasion et found footage pour le plus grand plaisir des cinéphiles déviants. La lecture du synopsis et la vision de l'affiche vous a évidemment mis la puce à l'oreille : vous n'allez pas regarder un Walt Disney. Âmes sensibles s'abstenir car Hate Crime joue dans le registre de l'horreur psychologique avant tout, celle de voir une bande d'individus ultra-agressifs débarquer sans invitation dans votre petit nid douillet et semer la désolation et la mort parmi les vôtres. Typiquement le genre de film qui vous fait ajouter des verrous à toutes vos portes et fenêtres ! Le réalisateur James Cullen Bressack ajoute en plus un contexte racial, et Hate Crime pourrait très bien être un fait divers passant aux informations télévisées, la haine de l'autre, et des juifs en particulier, étant malheureusement toujours d'actualité chez nombre de nostalgiques du IIIème Reich. Si tout n'est pas crédible dans le film, il n'en reste que Hate Crime parvient sans difficulté à instaurer un certain malaise. Le réalisateur ne s'embarasse pas d'un scénario très subtil et démarre les hostilités à peine cinq minutes après le début de son long-métrage. S'ensuivent alors 70 minutes de cris, de hurlements, d'insanités raciales, de viols, de sadisme, de tortures, de meurtres, de langage ordurier, lancés à la face du spectateur qui se demande au final quel peut bien être l'intérêt d'une telle oeuvre si ce n'est de choquer et de provoquer la nausée. Relativement sage niveau gore, évocant le sexe plus qu'il ne le montre, Hate Crime se la joue parfois trop suggestif quand on aurait aimé en voir beaucoup plus. Avec un sujet pareil, autant y aller à fond quitte à choquer la planète entière. Mais James Cullen Bressack se montre prudent et ne dénude même pas son casting féminin, dont la jolie Debbie Diesel qui interprète Lindsay, ce qui amoindrit la vraisemblance de l'ensemble vu la hargne et la haine affichées verbalement par le trio de néo-nazis. Un gang de dégénérés plutôt bien interprété, notamment Trois qui possède un physique de culturiste et de sacrés biceps ! Le trio nous gratifie de certaines scènes répulsives psychologiquement (à défaut d'être réellement explicites en terme visuel), promptes à faire appuyer sur le bouton "stop" les non-initiés au cinéma extrême : viol de la mère, obligation du fils à faire l'amour à sa propre mère, balle tirée sur le cadet en guise de cadeau d'anniversaire, croix gammée chauffée à blanc appliquée sur la joue de l'adolescent et autres joyeusetés figurent au programme de cette soirée pas très festive, du moins au niveau de la famille juive bien sûr. Pourtant, on trouve un certain humour dans Hate Crime et j'avoue avoir bien rigolé lors de la séquence de "la moustache d'Hitler". C'est tellement énorme que ça en est crédible. De plus, étant donné que nos nazillons en herbe sont adeptes de la prise de drogue, leur délire morbide et excessif se montre convaincant. L'aspect choquant et réaliste est renforcé par le fait que Hate Crime joue la carte du found footage et que tout est vu via les images filmés par une petite caméra. Pas d'images léchées, travaillées comme dans un film ordinaire donc, ce qui renforce l'aspect sordide de l'entreprise. Toute cette violence totalement gratuite est justifiée par le réalisateur qui a voulu mettre en garde contre les "crimes de haine", qui ne cessent de progresser aux Etats-Unis et de par le monde. Une initiative certes fort louable mais honnêtement, je ne suis pas sûr qu'Hate Crime fasse beaucoup réfléchir les adepte du moustachu à la frange et que la morale finale fasse grand effet tant elle apparaît simpliste. Je me demande même si ce film ne va pas devenir leur film culte, qu'ils vont se repasser des centaines de fois en jubilant devant le sort tragique de cette pauvre famille qui n'a rien demandée. Il suffit de regarder certains reportages sur la mouvance néo-nazis pour vite s'aperçevoir que le trio de cinglés qui nous est présenté ici ne verse pas tant que ça dans la caricature. Bref, Hate Crime nous propose un voyage aux confins de la bêtise humaine, nous montrant que l'Homme peut être pire qu'un animal sauvage. Un voyage qui reste néanmoins "divertissant" (si on peut oser dire ça), réservé à un public bien averti évidemment même si j'en attendais beaucoup plus au niveau violence graphique. Quand à la question de savoir s'il est utile de visionner un tel film dont le seul but est de jouer la carte de la provocation, je vous laisse seul juge. Je me suis pas ennuyé en tout cas et ça m'a bien fait délirer même si cinématographiquement, ce film ne sert à rien d'autre qu'à être un défouloir...

NOTE : 3/6


LONG PIGS

LONG PIGS
(Long Pigs)

- Visionné durant le Sadique Master Virtual Festival -

Réalisateur : Nathan Hynes, Chris Power
Année : 2007
Scénariste : Nathan Hynes, Chris Power
Pays : Canada
Genre : Comédie, Gore, Found-footage
Interdiction : -16 ans
Avec : Anthony Alviano, Jean-Marc Fontaine, Paul Fowles, Chris Power...


L'HISTOIRE : Deux réalisateurs amateurs décident de réaliser un documentaire sur Anthony McAlistar, un tueur en série cannibale de 33 ans. Ils vont suivre jour après jour Anthony afin de dévoiler sa vie et le pourquoi de son orientation alimentaire, prenant part à ses meurtres et à sa façon bien particulière de cuisiner... la viande...

MON AVIS : Réalisé en 2007 par un tandem (Nathan Hynes et Chris Power), Long Pigs joue dans la cour du found-footage et reprend le concept du culte C'est arrivé près de chez vous, avec cette équipe de caméraman qui va suivre un sérial-killer qui a ici la particularité d'être cannibale. On ne peut s'empêcher de penser au film de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde tout au long de la vision de Long Pigs et cela ne joue pas toujours en sa faveur. En tout cas, Long Pigs utilise à fond les manettes l'humour noir et le côté trash, à l'instar du film précité. On sourit souvent devant notre écran, certaines répliques font mouches, certaines références aussi (quand le cannibale pend ses victimes par les pieds, il appelle ça "la position de Gein", référence au célèbre Ed Gein justement, et ça m'a bien fait rigoler) et on trouve des scènes vraiment bien amenées qui déclenchent de nombreux fous-rires (la dénonciation au commissariat, impayable). On notera également un soin tout particulier apporté aux effets-spéciaux et aux maquillages, ceux-ci étant réalisés par Chris Bridges, qui est tout sauf un débutant en la matière. Le bonhomme a déjà à son actif une multitude de films sur lesquels il a exercé son talent et pas des moindres : Blade 2, L'armée des Morts, Silent Hill, Saw 3, 300 ou Diary of the Dead par exemple ! Le résultat à l'écran se voit et tire vers le haut cette production indépendante. Les deux séquences dans lesquelles notre sympathique cannibale nous explique comment "cuisiner" une victime avec moult détails, verse dans le gore jubilatoire et retournera certainement les estomacs les plus sensibles : mise à nu de l'anus pour le fermer et éviter les déjections malencontreuses, tranchage de la carotide pour vider la barbaque de son sang, éviscérassions et découpage en règle pour avoir de belles pièces de viande à faire cuire ! Les explications nous sont assénées de manière méthodique et la performance de l'acteur Anthony Alviano est des plus réussies, nous faisant vraiment comprendre que pour lui, ses victimes ne sont qu'un bout de viande qu'il traite comme tel, ayant une distanciation envers elles qui fait froid dans le dos. C'est là que Long Pigs marque des points : le film nous présente le sérial-killer de manière crédible, pouvant être votre voisin, et n'ayant aucune compassion ou remords vis à vis des actes horribles qu'il commet. De plus, le scénario s'amuse à nous présenter cette gastronomie particulière en mettant en avant le fait que c'est notre apprentissage de la vie par nos parents qui détermine ce qu'on va aimer ou pas et pas nos papilles gustatives. En gros, la chair humaine pourrait se révéler très bonne, encore faudrait-il que dans notre société, on lui laisse une chance, ce que réprouverait d'entrée de jeu la morale ou l'éthique. Comme déjà dit, cet aspect trash est bien mis en avant et participe à créer une ambiance aussi jouissive que malsaine. Autre point positif, le fait que les deux caméramans deviennent complices du cannibale, se mettant même à dépasser les bornes eux-mêmes, juste pour l'aspect sensationnel de leur documentaire. Pour exemple, la scène très cruelle dans laquelle ils vont ramener  le cannibale chez le père de sa première victime, une petite fille de neuf ou dix ans, et demander à ce dernier de se confier à la caméra. Une scène assez poignante mais surtout très glauque, qui parvient même à émouvoir le serial-killer lui-même ! C'est assez couillu, il faut bien le reconnaître. De bonnes idées parsèment donc Long Pigs, malheureusement gâchée par un rythme un peu faiblard, du notamment à de nombreuses séquences nous présentant des experts en serial-killer, des policiers ou un animateur radio. L'insertion de ces séquences au milieu de l'action et des journées du cannibale n'est pas des plus fameux et même si elles jouent avec les codes du "faux documentaire", j'ai trouvé qu'elles étaient ici assez superficielles et m'ont plus ennuyé qu'autre chose. Même si Long Pigs reste un projet sympa, le concept trop inspiré sur C'est arrivé près de chez vous empêche le film de se montrer vaiment original (le final était attendu) malgré une mise en avant de la personnalité du tueur plus appuyé et un côté dramatique plus marqué. Pas le film du siècle donc (ce n'était clairement pas son but de l'être je pense), une initiative à saluer pour un résultat en demi-teinte pour ma part...




WAKEY WAKEY

WAKEY WAKEY
(Wakey Wakey)

- Visionné durant le Sadique Master Virtual Festival -

Réalisateur : Adrian Goodman
Année : 2012
Scénariste :  Adrian Goodman
Pays : Australie
Genre : Drame, Expérimental
Interdiction : /
Avec : Laura Wheelwright, Fabiana Weiner, Shane Nagle, Laura Lattuada...


L'HISTOIRE : Josie est atteinte de narcolepsie. Elle peut s'endormir à tout moment, sans s'en apercevoir, ce qui peut lui causer quelques blessures graves. Obligée de se promener avec un casque sur la tête et ayant l'interdiction formelle de ses parents de sortir de la demeure familiale, la jeune fille ignore que durant ses périodes de sommeil impromptues, sa soeur Samantha l'utilise comme modèle et la met dans des situations dérangeantes qu'elle immortalise par des photos. Peu à peu, la perception qu'a Josie de la réalité se trouve altérée, devenant victime des manipulations de sa soeur...

MON AVIS : Après trois courts-métrages datant de 2009, 2010 et 2011, le réalisateur australien Adrian Goodman passe la vitesse supérieure en 2012 et nous offre un moyen-métrage de 63 minutes qui nous plonge dans les méandres du cinéma expérimental. Si l'histoire n'est pas des plus limpides, si son déroulement pourra rebuter certains spectateurs plus enclin à visionner des films "traditionnels", on ne peut enlever à Wakey Wakey plusieurs qualités. Tout d'abord son casting : les deux actrices, Laura Wheelwright (Josie) et Fabiana Weiner (Samantha), en plus d'être ravissantes, étonnent par leur jeu, leur comportement, leur regard et portent littéralement cette expérience filmique sur leurs épaules. Le réalisateur leur a offert un bel écrin car Wakey Wakey est une pure merveille en terme de réalisation et de photographie. Le somptueux noir et blanc dont se parent les images fait sensation et met particulièrement bien en valeur les costumes de deux héroïnes, qui jouent plus sur la tonalité du blanc pour Josie (son casque, son tee-shirt) alors que Samantha a tout de la jeune fille gothique, entièrement de noir vêtue. Un contraste accentué par le comportement même des deux frangines : Josie apparaît comme une douce rêveuse, gentille, adorable quand Samantha montre une personnalité bien plus sombre et lugubre, qui se confirmera dès que la pauvre Josie sera victime de ses crises de narcolepsie. Un syndrome bien embêtant qui la plonge dans le sommeil sans qu'elle puisse réagir, laissant la porte ouverte aux expériences artistiques de sa soeur, qui en profite pour faire aller son imagination débridée, souvent poétique mais aussi un brin tarabiscoté voire morbide. La séquence dans laquelle elle accroche sa soeur par les pieds et la pend à l'envers en la faisant passer par une fenêtre est assez éloquente à ce niveau, tout comme la promenade à moto ! Pire que tout, Samantha s'amuse à contrefaire la notion de réalité chez Josie, qui au final, ne sait plus si elle est éveillée ou en train de rêver ! Un procédé qui vient d'ailleurs semer le trouble chez le spectateur lui-même, qui se retrouve lui aussi à douter de ce qu'il voit à l'écran et si tout ça ne proviendrait pas de l'imagination ou des rêves de Josie. De par son rythme résolument posé, souvent contemplatif et son aspect expérimental, auxquels il faut ajouter une musique bien dans l'esprit (façon Nick Cave ou Bahaus) et un look général de très bonne tenue, Wakey Wakey déconcerte tout autant qu'il intrigue et fascine. Difficile d'accès, ne contenant que peu de dialogues, il mérite néanmoins qu'on s'y attarde pour en décortiquer toutes les subtilités. A mon humble avis, plusieurs visions sont nécessaires pour comprendre tous les rouages du film. Wakey Wakey peut faire penser à du David Lynch façon Eraserhead par exemple, c'est une oeuvre réellement insolite, étrange, surréaliste voire abstraite, qui possède également une touche d'érotisme sous-jacente qui lui donne un intérêt supplémentaire. La relation qu'entretient Josie avec Samantha n'est en effet pas des plus clairs et il ne serait pas étonnant qu'elle ressente plus que de l'amour fraternel envers elle. Mais comme pour l'ensemble du métrage, rien n'est certain. Une grande liberté d'interprétation est laissée au spectateur, qui se fera sa propre opinion. Réalité, rêve, cauchemar ? Véritable labyrinthe visuel, sensoriel et atmosphérique Wakey Wakey est assurément une bizarrerie à découvrir si vous êtes amateur de film hors-norme, décalé, dans lequel les codes de la narration ou la logique ne sont pas les points principaux mis en avant. L'imaginaire et l'originalité prenant largement le dessus.

NOTE : 4/6


FOUND

FOUND
(Found)

- Visionné durant le Sadique Master Virtual Festival -

Réalisateur : Scott Schirmer
Année : 2012
Scénariste :  Scott Schirmer
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Drame
Interdiction : -16 ans
Avec : Gavin Brown, Ethan Philbeck, Phyllis Munro, Louie Lawless, Alex Kogin...


L'HISTOIRE : Marty, 12 ans, adore les films d'horreur et les bandes-dessinées. Enfant calme et non-violent, il découvre en fouillant dans la chambre de Steve, son grand-frère, que ce dernier est un serial-killer qui passe son temps à décapiter des femmes noires dont il cache les têtes dans son sac de bowling. Marty ne peut s'empêcher d'aller ouvrir ce sac pour y trouver de nouvelles têtes. Un jour, Steve découvre que son petit frère connaît son inavouable secret...

MON AVIS : Adaptation cinématographique d'un roman de Todd Rigney, Found est un drame horrifique des plus intéressants, qui adopte le point de vue d'un enfant, le jeune Marty en l'occurrence, qui va être confronté à une horreur bien pire que celle qu'il affectionne dans les films qu'il aime regarder. Une voix-off vient nous éclairer sur les pensées de ce jeune garçon, dont le comportement angélique va peu à peu évoluer au contact de son grand-frère, un serial-killer raciste dont le modus operandi a été calqué sur le film "Headless", qu'il a volé au vidéo-club local. Found interroge donc en substance le spectateur sur la responsabilité du cinéma horrifique, sur l'influence que les images peuvent avoir sur les jeunes mais pas seulement ; le film traite aussi diverses thématiques comme l'éclatement de la cellule familiale, le harcèlement à l'école, le racisme, la dualité Bien / Mal ou l'amitié par exemple, autant de sujets qui peuvent facilement ébranler une personne normalement constitué et le faire dévier de son chemin. A travers le parcours de Marty, superbement interprété par Gavin Brown, on assiste à une détérioration totale d'une existence auparavant sans histoire. D'un coup, la vie de Marty va basculer : tension entre son grand-frère et ses parents ; menace et violence à l'école ; abandon de son meilleur ami ; découverte du secret de son grand-frère ; influence de ce dernier sur son comportement, notamment vis à vis de ceux qui l'embêtent ; bascule progressive dans la violence ; peur de devenir la prochaine victime de son frère ; pétage de plomb de son frère envers ses parents, dont il sera le témoin. Ce qui débutait comme une sorte de comédie teintée d'humour noir, très influencée par les films d'ados des 80's, se transforme par étape successive en un drame sordide et déroutant, qui devient de plus en plus anxiogène au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. Le point de bascule étant le visionnage par Marty et son ami du film "Headless". La vision de ce film dans le film, par les personnages et par les spectateurs par la même occasion, en plus de donner une origine à la façon de procédé de Steve, fait apparaître le gore et l'horreur graphique dans Found, qui était resté très sage jusque là, hormis la vision des têtes coupées cachées dans le sac de Steve. Purement démonstratives, les scènes de "Headless" choqueront certainement les néophytes quand elles provoqueront l'enthousiasme des amateurs de barbaques, car bénéficiant d'effets-spéciaux particulièrement saignants et répugnants. Mais le plus intéressant dans cette "projection", qu'on pourra trouver un peu gratuite en fait, dénotant trop avec le reste du métrage, c'est la réaction de Marty, qui assimile immédiatement les images vues sur sa télé au comportement de son frère, ce qui rend cette expérience assez glauque et malsaine, pour lui comme pour nous. On se met d'ailleurs nous aussi à imaginer ce que fait Steve lorsqu'il tue ses victimes alors que jamais nous ne le verrons agir. Un Steve lui aussi très bien interprété par l'acteur Ethan Philbeck, qui parvient à rendre presque attirant ce personnage. On comprend assez rapidement que ce n'est pas la vision répétée des films d'horreurs qui ont fait de Steve un tueur né mais bel et bien le contexte social et familial défaillant. Troublant, Found l'est donc assurément, plus par ses thématiques, plus par la relation d'attirance-répulsion qui s'installe entre les deux frères, que par ses images gores. Le final est par contre particulièrement sordide, jouant encore sur la suggestion (on entend la voix de Steve, des hurlements, des bruitages glauques, mais aucune image ne viendra clairement identifiée ce qui se passe réellement, c'est à nouveau notre imagination qui fait la transition), hormis une ultime image choc qui devrait rester dans les mémoires. Réalisé avec un faible budget, Found prouve que le cinéma indépendant réserve souvent de bonnes surprises. Film intelligent, admirablement mis en scène, joliment photographié, possédant quelques défauts et faiblesses, Found devrait néanmoins satisfaire les amateurs exigeants qui aime qu'on leur raconte une histoire. Celle de Marty ne laissera personne indifférent à n'en point douter...

NOTE : 4/6


LA FEMME SCORPION 3 : LA TANIÈRE DE LA BÊTE

LA FEMME SCORPION 3 : LA TANIÈRE DE LA BÊTE
(Joshuu sasori: Kemono-beya / Female Prisoner Scorpion: Beast Stable)

Réalisateur : Shunya Ito
Année : 1973
Scénariste :  Hirô Matsuda
Pays : Japon
Genre : Drame, W.I.P.
Interdiction : -16 ans
Avec : Meiko Kaji, Mikio Narita, Reisen Ri, Yayoi Watanabe...


L'HISTOIRE : Toujours en fuite, Nami Matsushima manque de se faire arrêter par le détective Kondo, à qui elle tranche un bras pour lui échapper. Elle trouve refuge chez Yuki, jeune prostituée qui vit seule avec son frère mentalement retardé et avec qui elle entretient une relation incestueuse pour maîtriser les pulsions sexuelles de ce dernier. Une réelle amitié va naître entre Nami et Yuki, qui est malmenée par un redoutable gang de proxénètes. Pour corser l'affaire, le détective Kondo est toujours sur la trace de Nami, bien décidé a remettre sous les barreaux la jeune femme qui l'a amputé...

MON AVIS : Troisième volet de la saga de la Femme Scorpion, toujours réalisé par Shunya Ito et toujours avec l'adorable Meiko Kaji. Après un premier film qui oeuvrait ouvertement dans le genre du women in prison, puis un second qui s'en écartait pour se diriger vers le survival et le road movie, ce troisième chapitre des mésaventures de Nami "Scorpion" Matsushima change encore d'orientation et nous plonge cette fois dans un drame sordide, souvent émouvant et qui apporte encore de la nouveauté au personnage de Nami. On félicitera donc réalisateur et scénariste de ne pas bêtement reprendre la recette qui a fait le succès de La Femme Scorpion en 1972 et de tenter, à chaque nouveau film, de proposer une approche originale et à même de satisfaire le spectateur le plus exigeant. La Tanière de la Bête débute très fort, avec une séquence choc (le tranchage de bras du détective) qui enchaîne directement sur la relation incestueuse entre Yuki et son frère demeuré. Un début qui annonce la couleur et qui laisse entrevoir une approche assez trash mais qui, en fait, ne perdura pas vraiment lors de la suite. En effet, la relation d'amitié qui va se nouer entre Nami et Yuki deviendra le fer de lance de l'histoire et Shunya Ito délaisse les prouesses et autres expérimentations visuelles ou séquences oniriques pour livrer un drame sombre, relativement pessimiste, mais également passionné et réaliste. De fait, La Tanière de la Bête est beaucoup moins divertissant que les deux volets précédents, ce qui ne veut pas dire qu'il est moins bon, bien au contraire. Je le trouve même supérieur à Elle s'appelait Scorpion, principalement en raison de son aspect plus psychologique, auquel s'ajoute des émotions plus fortes provoquées par le comportement même de Nami. Si on pensait que cette dernière n'était qu'un ange exterminateur, sa rencontre avec Yuki va changer la donne et nous présenter une Nami plus humaine, et même attentive aux autres. Malmenée par un réseau de proxénètes dirigée par une ex-détenue qui a connu Nami et qui est totalement cinglée, la pauvre Yuki va trouver de l'aide auprès de sa nouvelle amie, qui n'hésitera pas à aller occire le gang en entier pour la protéger ! Le réalisateur met en avant cette compassion de Nami envers Yuki et appuie sur le fait que cette dernière soit enceinte. Les instincts maternels de Nami prennent donc le dessus sur sa froideur apparente et sur sa force intérieure qui a été si bien mise en avant lors des deux premiers films. Meiko Kaji nous offre alors une nouvelle facette de son talent d'actrice et, malgré son mutisme légendaire, se montre beaucoup plus touchante. La séquence dans laquelle elle se retrouve prisonnière dans les égouts de la ville, pourchassée par Kando et ses hommes, est réellement superbe et on frémit d'avance en voyant que Yuki va être obligé de trahir son amie. On sait ce qu'il advient à ceux qui trahissent Nami. Mais ici, les larmes plus que sincères qui coulent sur le visage de Yuki font comprendre à la femme scorpion que cette trahison était inévitable et le petit sourire que cette dernière offre à Yuki est magnifique et provoque bien des remous chez le spectateur. Rassurez-vous, même s'il fait la part belle aux émotions et à l'aspect dramatique, La Tanière de la Bête n'en oublie pas de se montrer agressif, déviant et mysogine, notamment lors d'une séquence d'avortement non désiré ou lorsque Nami prend pour cible les membres du réseau de proxénétisme. Le final, qui se déroule en prison (petit retour aux sources obligatoire), parvient à se montrer oiginal et plutôt jubilatoire. Avec ce troisième épisode, la saga de la Femme Scorpion démontre qu'une série peut se montrer cohérente, peut éviter les redites, et surtout, peut conserver un niveau de qualité qui fait souvent défauts à nombre de séquelles. Un bel exploit que les dirigeants de la Toei n'ont pas apprécié, trouvant que La Tanière de la Bête était bien moins percutant que les deux premiers volets. En remerciement de son investissement, ils ont tout simplement congédié Shunya Ito qui ne réalisera pas le quatrième épisode ! Un comble...

NOTE : 5/6