LE MANOIR MAUDIT
(Metempsyco / Metempsycose / Tomb of Torture)
Réalisateur : Antonio Boccaci
Année : 1963
Scénariste : Antonio Boccaci, Giorgio Simonelli
Pays : Italie
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Annie Alberti, Adriano Micantoni, Marco Mariani, Flora Carosello, Emy Eco...
L'HISTOIRE : Le docteur Darnell emmène sa fille Anna passer quelques jours dans le château de la comtesse Irène, qui a disparu mystérieusement il y a plusieurs années. Le but de ce séjour est de guérir Anna, qui est en proie à de virulents cauchemars dans lesquels elle revit le meurtre présumé de la comtesse. Son père pense que faire vivre sa fille sur le lieu du drame ne pourra qu'être bénéfique pour son esprit tourmenté. Le prince Raman, qui devait épouser la comtesse, est subjugué devant la ressemblance parfaite qui existe entre Irène et Anna. Pour lui, la fille du docteur Darnell est la réincarnation de sa défunte amoureuse. Dans le même temps, deux jeunes filles qui s'étaient aventurer dans le château suite aux légendes locales sont capturées, torturées et assassinées par un être monstrueux qui vit dans les sous-sols du château...
MON AVIS : Mon premier contact avec Le Manoir Maudit date de 1990. J'avais 16 ans et pour mon anniversaire, mes parents m'ont offert le magnifique (et onéreux : 495 franc à l'époque !) livre "Affiches du cinéma fantastique" de Gérard Mangin et dans lequel figurait donc la sublime affiche reproduite ci-dessus ainsi que l'histoire du film. Je n'avais jamais eu l'occasion de le voir par la suite, je remercie donc Artus Films de m'avoir enfin permis de le visionner quelque vingt-six ans plus tard. Film d'épouvante gothique italien, Le Manoir Maudit ne donne, pour ma part, pas du tout l'impression de venir de ce pays ! En le regardant, j'avais franchement l'impression de visionner un film français ! Et pas seulement parce que le film n'est qu'en VF sur le DVD mais la façon de filmer ou la prestation de certains acteurs me rappelaient les films français. Il faut savoir que Le Manoir Maudit est un film à tout petit budget, unique réalisation d'Antonio Boccaci, et qu'il ne bénéficie d'aucune star à son générique. Mais même s'il ne peut rivaliser avec des classiques tels Danse Macabre, La Vierge de Nuremberg, Le Manoir de la Terreur ou L'Effroyable secret du professeur Hichcock par exemple, il n'en est pas moins intéressant et comporte plusieurs aspects qui en font, certes un "petit" film d'épouvante pas mémorable, mais qui mérite toutefois d'être visionné. Parmi les bons points, on citera la première demi-heure, très efficace, avec notamment le meurtre de deux jolies demoiselles dans la salle de torture du château par un être au visage difforme (très bel effet de maquillage au demeurant). L'épouvante gothique marche à plein régime dans cette première partie et tous les codes sont respectés : demoiselles en détresse, hurlements de terreur, monstre ignoble, couloirs lugubres et inquiétants, salle de torture aux éléments diversifiés, meurtres. Une entrée en matière qui nous plonge avec délice dans cette ambiance que j'adore. La suite est plus classique mais toutefois bien amenée : on a une héroïne qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une comtesse disparue (thème usuel de ce type de production), on a une gouvernante dont on ne sait pas trop si elle est du côté des gentils ou des méchants, on a un prince hindou au comportement étrange et un monstre ricanant qui connaît les passages secrets du château. L'héroïne fait des cauchemars qui concerne la comtesse disparue et ces derniers sont vraiment bien mis en scène et possèdent des idées intéressantes, comme ce chevalier en armure menaçant ou cette arbalète géante dont la flèche vient tuer cette fameuse comtesse Irène. On s'imagine alors que notre pauvre comtesse a été victime (comme bien souvent) d'une machination et on se questionne pour savoir qui pourrait être à l'origine de sa mort et quel en serait le motif. On en vient à soupçonner tout le monde, et principalement le prince, la gouvernante ou pourquoi pas le docteur Darnell lui-même. Le Manoir Maudit avait donc un réel potentiel et il est dommage que la partie centrale vienne amoindrir son efficacité. A partir du moment où un journaliste débarque pour enquêter sur la mort de deux demoiselles du début, le film s'enlise dans la lourdeur, les bons sentiments et ne s'embête plus avec la logique : il suffit qu'il croise une fois l'héroïne pour que dans la scène suivante, il l'appelle "ma chérie" et lui parle déjà de mariage ! On a du rater un épisode ou on a eu droit à une sacrée ellipse ! Cet aspect un peu "fleur bleue" de la romance, certaines situations ou comportements des personnages sont également peu sérieux et on se demande presque si on ne va pas voir débarquer soudainement Abbott et Costello, surtout que la partition musicale (gros point noir pour ma part !) en rajoute dans l'aspect "comédie" et ne correspond pas du tout à l'ambiance "film d'épouvante" qu'elle est censée illustrer. Heureusement, la dernière demi-heure reprend du poil de la bête et renoue avec l'épouvante traditionnelle, remettant le monstre ricanant en vedette et faisant la lumière sur le mystère du château et de ses occupants. Même si je m'attendais à mieux, j'ai été content de voir ce film qui mérite bien plus que l'indifférence dans lequel il a sombré. Ce n'est pas un grand film d'épouvante, ce n'est pas du Mario Bava, ni du Riccardo Freda ou du Massimo Pupillo mais ses défauts sont compensés par de bonnes idées (les apparitions spectrales de la comtesse par exemple) et par une photographie plus que réussie, auquel s'ajoute un charme rétro qui en font au final un film éminemment sympathique à défaut d'être original ou génial. En tout cas, voir un monstre au visage ravagé exultait en pensant aux tortures qu'il va commettre sur des jolies filles attachées, ça vaut bien un point de plus ! A découvrir donc en ayant à l'esprit qu'on a affaire à une petite rareté un peu fauchée, qui ne révolutionne pas le cinéma d'épouvante mais qui possède un charme certain malgré ses petits défauts de rythme.
* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS
NOTE : 4/6
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