LES RENDEZ-VOUS DE SATAN
(Perché quelle strane gocci di sangue sul corpo di Jennifer ?)
Réalisateur : Giuliano Carnimeo
Année : 1972
Scénariste : Ernesto Gastaldi
Pays : Italie
Genre : Thriller, Giallo
Interdiction : -12 ans
Avec : Edwige Fenech, George Hilton, Paola Quattrini, Giampiero Albertini, Carla Brait...
L'HISTOIRE : Deux jeunes femmes sont assassinées coup sur coup dans le même immeuble appartenant à l'architecte Andrea Antinori. Ce dernier, en échange d’une séance photo pour une campagne de publicité, propose à deux mannequins, Jennifer et Marilyn, de venir s’y installer. Tandis que Jennifer, au passé trouble, échappe de peu aux assauts du tueur, les soupçons de la police se portent sur Andrea, devenu son amant...
MON AVIS : Réalisateur très apprécié par les fans de western, Giuliano Carnimeo décide de changer de registre et de réaliser un giallo, genre devenu très populaire en Italie depuis le succès phénoménal en 1970 du film de Dario Argento, L’Oiseau au Plumage de Cristal. Avec l’aide du scénariste Ernesto Gastaldi, il va mettre en scène fin 1971 Perché quelle strane gocci di sangue sul corpo di Jennifer ? qui sortira sur les écrans italiens en 1972. En France, le film devra attendre 1979 avant de se voir proposer au public, sous le titre ridicule de Les Rendez-vous de Satan. Est-ce pour surfer sur le succès des films tels L’Exorciste ou La Malédiction que le distributeur a eu l’idée de ce titre vraiment saugrenu ? Toujours est-il que si rendez-vous il y a dans le film, pas la moindre trace de Satan à l’horizon, pas la moindre référence à des pratiques occultes non plus. Bref, passons sur ce détail qui peut néanmoins induire le spectateur en erreur (tout comme l’affiche française d’ailleurs qui est également assez hors-sujet) et occupons-nous du film lui-même. L’une des bonnes idées présentées ici est d’avoir à nouveau réuni à l’écran l’un des couples vedettes du giallo, Edwige Fenech et George Hilton, qu’on a pu voir dans deux classiques du genre réalisés par Sergio Martino : L’étrange Vice de Mme Wardh et Toutes les Couleurs du Vice, respectivement en 1971 et 1972. Dans Les Rendez-vous de Satan, Hilton interprète un architecte, propriétaire d’un immeuble gigantesque dont il a lui-même conçu les plans. Deux meurtres viennent d’avoir lieu dans l’immeuble et la police est sur les dents pour identifier l’assassin. La magnifique Edwige Fenech joue quant à elle Jennifer, un modèle de charme qui va louer, en compagnie de son amie Marilyn, l’appartement d’une des victimes, suite à la proposition du personnage joué par George Hilton. Evidemment, le charme ténébreux de ce dernier va subjuguer miss Fenech. Mais la déesse du cinéma Bis n’a pas fini d’en voir de toutes les couleurs. Le scénariste Ernesto Gastaldi ne l’a pas gâté niveau vécu puisque, en plus de devoir échapper au mystérieux tueur qui sévit dans les parages, elle doit aussi gérer son ex-mari, gourou d’une secte qui ne supporte pas de voir son ex-femme échapper à son emprise psychologique. Edwige Fenech n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle joue les femmes apeurées et ce n'est pas le film de Carnimeo qui viendra changer la donne : chacune de ses apparitions est un pur instant de grâce qui plonge le spectateur (masculin) dans une sorte d'hypnose sensuelle, ne pouvant détacher son regard de l'écran. La première apparition d'Edwige dans ce film est assez saisissante puisqu'elle y aborde une coupe de cheveux courte, le corps dénudé mais "body-paint" de façon ultra réaliste. On est immédiatement sous le charme, comme le sera le personnage joué par George Hilton. Si l'aspect sensuel et sobrement érotique fait partie des points positifs du film, le jeu des différents acteurs n'est pas en reste, tout comme la partition musicale de Bruno Nicolai ou la mise en scène finement ciselée de Carnimeo. Ce dernier fait preuve d'une dextérité certaine à manier la caméra, nous proposant des plans travaillés, qui participent à créer une atmosphère angoissante. La photographie et le travail sur l'éclairage sont également très bons, notamment dans les scènes sombres, comme celle où l'actrice noire Carla Brait se retrouve seule dans son appartement, sans lumière aucune si ce n'est la flamme d'une gazinière, qui permet de distinguer l'action. Le réalisateur utilise avec brio ses éléments de décor, comme les divers appartements présents dans cet immeuble aux nombreux étages, pourvu d'un escalier qui semble sans fin vu d'en haut et d'un ascenseur. Cet dispositif mécanique nous vaut d'ailleurs un premier meurtre qui nous fait immédiatement penser au film Pulsions de Brian de Palma car on y trouve un assassin ganté, vêtu de noir, chapeauté et adepte du scalpel. Le look du tueur renvoie également à celui du classique Six Femmes pour l'Assassin de Mario Bava. Le film de Carnimeo s'est donc inspiré d'autres films comme il a inspiré de futurs réalisateurs. l'intrigue du film se relève efficace et le scénariste s'amuse bien à brouiller les pistes, laissant le spectateur se dépatouiller avec sa propre enquête aux multiples coupables possibles. Il faut dire que les habitants de cet immeuble semblent tous avoir quelque chose de louche, que ce soit une vieille femme qui n'achète que des publications horrifiques et semble cacher un secret ou une voisine ouvertement lesbienne qui garde son vieux père qui passe son temps à jouer du violon. George Hilton est également sur la liste des suspects puisqu'il a conçu l'immeuble et en connaît donc tous les recoins. L'ex-mari de Jennifer n'est pas bien net non plus et même cette dernière semble avoir des névroses qui pourrait très bien en faire une meurtrière. L'inspecteur de police, divinement joué par Giampiero Albertini, a donc fort à faire pour démêler cette tragique histoire de meurtres. Les crimes sont assez diversifiés (coup de scalpel, noyade dans une baignoire...) et toujours joliment filmés. Toutefois, il conviendra d'apporter un bémol concernant le scénario lui-même. S'il se révèle efficace dans son ensemble comme je l'ai déjà dit, force est de constater qu'il pêche parfois par des approximations un peu gênante : par exemple, difficile de trouver crédible la scène dans laquelle l'ex-mari de Jennifer s'introduit chez elle et lui clame franchement qu'il va la violer car on retrouve juste après la jeune femme un peu déboussolée certes, mais néanmoins souriante et disposée à aller batifoler avec son bel architecte. D'autres petits détails de ce genre viennent amoindrir l'impact du film et on regrettera également que Gastaldi n'ait pas développer certaines de ses idées, comme la secte que dirige l'ex-mari de Jennifer et cette histoire d'iris qui, au final, ne sert pas à grand chose. Pas de quoi bouder son plaisir néanmoins, Les Rendez-vous de Satan étant suffisamment plaisant pour nous faire passer un bon moment. Et puis le charme d'Edwige Fenech est tellement puissant qu'on pardonne bien vite ces quelques fausses notes.
LE COMBO DVD / BR DU CHAT QUI FUME :
Encore une fois présenté dans un luxueux digipack trois volets, Les Rendez-vous de Satan bénéficie grâce au Chat qui Fume d'une édition de haute volée. La qualité de la copie donnera entière satisfaction aux spectateurs, avec un grain présent lui conférant un bel aspect cinéma, magnifiant la beauté d'Edwige Fenech. VF et VOSTF sont disponibles dans cette édition. Niveau bonus, on trouve une interview de George Hilton et de l'actrice Paola Quattrini (Marilyn), cette dernière ayant l'honnêteté de dire qu'elle ne se souvient de pas grand chose. Francis Barbier nous livre son analyse du film de façon intéressante et assez détaillée.
* Disponible en combo DVD / BR chez LE CHAT QUI FUME
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