LA MAISON AUX SEPT PIGNONS
(The House of the Seven Gables)
Réalisateur : Joe May
Année : 1940
Scénario : Lester Cole
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Interdiction : /
Avec : George Sanders, Margaret Lindsay, Vincent Price, Nan Grey, Dick Foran...
L'HISTOIRE : 1828. La famille Pyncheon est ruinée. L'un des héritiers, Clifford, songe à vendre la superbe demeure familiale, sur laquelle semble peser une malédiction ancestrale, et à partir s'installer avec sa cousine Hepzibah dont il est amoureux. Mais son cousin Jaffrey s'y oppose, croyant aux légendes disant que la demeure recèle un trésor en ses murs. Lors d'une dispute avec Clifford, le père de ce dernier meurt, victime d'un malaise causé par une trop grande émotion. Jaffrey voit alors une occasion de se débarrasser de son frère et d'obtenir la maison familiale : il parvient à faire accuser Clifford de parricide et à le faire jeter en prison...
MON AVIS : Conscient du regain d'intérêt des spectateurs pour le cinéma fantastique et d'épouvante en ce début de décennie 40's, suite au carton fait par la ressortie en salles de trois films de genre des années 30, la Universal décide d'adapter le roman de Nathaniel Hawthorne, La Maison aux Sept Pignons, oeuvre littéraire flirtant ouvertement avec le gothique. Mais curieusement, cette adaptation scénarisée par Lester Cole et Harold Greene va faire l'impasse sur ces éléments gothiques et s'autoriser de nombreuses libertés, ne respectant donc pas à la lettre l'histoire originale de Hawthorne. La Maison aux Sept Pignons, réalisé en 1940 par Joe May (The House of Fear en 1939 ou The Invisible Man Returns en 1940 pour ses films les plus connus) est-il un mauvais film pour autant ? Pas du tout ! Si l'ambiance gothique est effectivement mise de côté durant la quasi totalité du film, si l'importance de la maison est revue largement à la baisse, le jeu d'acteurs et l'histoire en elle-même parviennent à faire de cette oeuvre un très beau film qu'on prend vraiment plaisir à regarder. Cette lutte familiale entre deux frères qui ne s'apprécient guère est portée par son casting et notamment par les trois personnages principaux. Dans le rôle de Clifford Pyncheon, artiste musicien qui veut vivre pleinement une vie de liberté sans se soucier du poids du passé et de son lourd héritage familial, on retrouve l'illustre Vincent Price, qui, comme à son habitude, transcende chaque scène dans laquelle il apparaît. On sait que sa voix est l'une de ses forces et il nous le prouve encore plus ici en chantant une chanson que son personnage est en train de composer et il s'en sort admirablement bien. La tragédie que va vivre Clifford Pyncheon, accusé à tort de l'assassinat de son père par son propre frère, va le marquer durablement et après sa sortie de prison, on ressent bien que la joie a quitté son corps et son âme pour le moment et ces diverses émotions sont particulièrement bien retranscrites par Vincent Price. La scène dans laquelle il se moque de ses ancêtres au début du film est excellente et on jubile dans notre fauteuil de le voir s'exprimer de façon théâtrale et grandiloquente. Dans le rôle de son ingrat de frère, on retrouve le non moins excellent George Sanders, qui parvient facilement à rendre son personnage antipathique, n'étant intéressé que par l'argent, la gloire et le paraître. Sa prestation est parfaite et contrebalance totalement celle de Price. Quant à l'actrice qui joue le rôle d'Hepzibah, Margaret Lindsay, elle est aussi fabuleuse car elle parvient à jouer deux facettes opposées d'un même personnage : drôle, vive et enjouée au début puis sombre, morne et malheureuse quand Clifford part en prison. C'est d'ailleurs grâce à elle que le film contient tout de même un petit aspect gothique : son apparence change radicalement une fois son fiancé prisonnier, elle qui rayonnait au départ devient une sorte de spectre sans âme ensuite, qui déambule tel un fantôme dans cette grande maison, avec une chevelure noir de jais et des traits tirés qui augmente encore son côté sinistre. Autre élément gothique conservé, l'histoire sur les ancêtres des Pyncheon, qui se sont vus maudire par la famille Maule après qu'un Pyncheon est accusé un Maule de sorcellerie afin de s'emparer de ses terres. A cela s'ajoute la quête d'un possible trésor présent dans la demeure, et qui permet à Price et Sanders de se livrer à un dialogue intrigant et captivant dans le grenier de la demeure. Certes, c'est bien maigre et si la Universal voulait produire un film d'épouvante pur et dur, avouons que c'est plutôt raté à ce niveau. La Maison aux Sept Pignons de Joe May est avant tout un drame humain, qui tire même vers le mélodrame et la romance contrariée mais qui le fait avec un réel brio. Le trio précité tire vraiment le film vers le haut et les autres personnages paraissent bien secondaires à côté d'eux, même la ravissante Nan Grey, très jolie blonde qui va réussir à faire retrouver le sourire à Hepzibah. Cette charmante actrice a été vu au côté de Boris Karloff et Basil Rathbone l'année précédente, dans La Tour de Londres de Rowland V. Lee ainsi que dans The Insivible Man Returns, lui aussi avec Vincent Price. Bénéficiant d'une belle mise en scène, d'une belle photographie, d'un bon travail sur la lumière, La Maison aux Sept Pignons, vendu à tort comme un film gothique, ce qu'il n'est assurément pas, possède de nombreuses qualités qui en font un spectacle hautement recommandable et qui donnera satisfaction aux spectateurs fans des beaux films hollywoodiens.
* Disponible en DVD et BR chez RIMINI EDITIONS
Belle copie en VO ou VOSTF et format 4/3 pour ce film présenté dans un boitier avec fourreau et contenant un livret 23 pages très intéressant revenant sur le film et ses acteurs. Niveau bonus, on a également une belle présentation du film et de ses différences avec le roman par Pascal Francaix.
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