WE ARE WHAT WE ARE
(We are what we are)
Réalisateur : Jim Mickle
Année : 2013
Scénariste : Nick Damici, Jim Mickle
Pays : Etats-Unis, France
Genre : Horreur, Thriller, Cannibales
Interdiction : -12 ans
Avec : Bill Sage, Ambyr Childers, Julia Garner, Michael Parks, Jack Gore...
L'HISTOIRE : Les Parker sont connus dans le village pour leur grande discrétion. Derrière les portes closes de leur maison, le patriarche, Franck, dirige sa famille avec rigueur et fermeté. Après le décès brutal de leur mère, Iris et Rose, les deux adolescentes Parker, se retrouvent avec de nouvelles responsabilités. Elles n’ont d’autre choix que de s’y soumettre sous l’autorité écrasante de leur père, déterminé à perpétuer une coutume ancestrale à tout prix…
MON AVIS : Après avoir travaillé dans différents postes au sein des métiers du cinéma (département artistique, scénariste, effets visuels, gaffer, assistant-réalisateur…), Jim Mickle décide de passer derrière la caméra en 2006 avec Mulberry St, film horrifique mettant en scène une épidémie qui transforme les habitants de Manhattan en créatures assoiffées de sang. Il récidive en 2010 avec le très sympathique Stake Land, survival post-apocalyptique à base de vampires qui connut un franc succès en vidéo. Cette même année, il découvre le film mexicain Ne nous jugez pas de Jorge Michel Grau et tombe sous le charme de cette drôle de famille devant perpétuer une tradition ancestrale des plus curieuses. Il décide donc d’en faire un remake, mais de manière intelligente, ne se contentant pas de reprendre tel quel le scénario du film de Grau mais de l’adapter et d’en proposer une variation se démarquant assez largement du film original. C’est donc en 2013 qu’il offre aux spectateurs We are what we are, film qui fit sensation dans les divers festivals où il fût présenté, et notamment à Sundance, Deauville ainsi qu’à La Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes. La vision de We are what we are ne sera pas sans nous rappeler un autre film traitant lui aussi du sujet de la foi religieuse poussée à son extrême au sein d'une famille : je veux bien sûr parler de l'excellent Emprise de Bill Paxton, réalisé en 2001. Jim Mickle marche sur les traces de ce glorieux ainé et nous impose sa vision de l’obscurantisme religieux de manière très habile, son film étant bien plus un drame psychologique qu’un pur film d’horreur. Après une scène d’introduction qui nous met directement dans l’ambiance voulue, Jim Mickle prend le temps d’installer ses personnages et nous présente donc la famille Parker, dont on comprend rapidement que la vie est rythmée par la religion et que c’est cette dernière qui impose les lignes de conduite, que ce soit au père (superbement interprété par un Bill Sage qui livre une composition saisissante et terrifiante) ou aux enfants. Un petit garçon et ses deux sœurs plus âgées (personnages centraux interprétés avec grâce et talent par Ambyr Childers et Julia Garner), qui doivent s’imposer une période de jeun avant la fête de Pâques, célébration qui permettra à la famille Parker de respecter une antique tradition familiale datant de la fin du 18ème siècle et que chaque génération perpétue sans y trouver rien à redire. Petit à petit, le réalisateur nous délivre divers indices nous amenant à comprendre qu’une chose pas très catholique va se produire dans cette curieuse cellule familiale. Est-ce en rapport avec les nombreuses disparitions qui ont lieu dans la ville depuis quelques années ? Pourquoi la crue des eaux avoisinantes, passant par le domaine des Parker, fait ressortir du sol boueux des fragments d’ossements humains ? Qui est à l’origine des bruits et lamentations qui semblent émaner de la cave du père Parker ? Autant d’éléments qui crée un climat angoissant, une tension réelle, que vient amplifier le jeu des acteurs et les nombreux symboles religieux présents dans les images du film. Ne cédant jusqu'à présent jamais à l’horreur outrancière ou aux scènes chocs grand-guignolesques, Jim Mickle nous livre donc un drame oppressant, un thriller efficace qui joue sur les non-dits et la suggestivité. On est happé par la mise en scène et on a hâte qu’arrive le jour de Pâques pour en savoir plus sur cette tradition qu’on suppose être de nature culinaire. Le flash-back nous expliquant le point de départ de cette tradition est mis en juxtaposition des événements présents et accentue le climat malsain de l’œuvre. La tension monte encore d’un cran quand le médecin de la ville a de plus en plus de soupçons sur la famille Parker et on se demande vraiment comment tout cela va se terminer. Mal on s’en doute, ce qui ne sera pas peu dire. Il est alors assez regrettable que Jim Mickle se soit laissé aller à la surenchère gore dans le dernier quart d’heure. Alors que We are what we are jouait savamment avec l’ambiance et se focalisait d’avantage sur le jeu des acteurs pour faire naître un sentiment de répulsion / attraction sur le spectateur, le film bascule lors de son final dans la pochade sanglante peu crédible, amoindrissant de façon exponentielle la maîtrise de tout ce qui a précédé. Malgré ce défaut et cette mauvaise faute de goût (un comble pour ce film !), We are what we are reste un film à découvrir car il serait dommage de passer à côté de ses nombreuses qualités.
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