L'HOMME DES HAUTES PLAINES
(High Plains Drifter)
Réalisateur : Clint Eastwood
Année : 1973
Scénariste : Ernest Tidyman
Pays : Etats-Unis
Genre : Western
Interdiction : /
Avec : Clint Eastwood, Verna Bloom, Marianna Hill, Mitchell Ryan, Billy Curtis...
L'HISTOIRE : Un étranger, tout de noir vêtu, arrive à Lago, petite ville frontalière du sud-ouest américain. Trois jeunes cow-boys le provoquent. Il les abat tous les trois. Les habitants lui demandent alors de les sauver de l'attaque de trois bandits qui ont juré la destruction de la communauté. Il accepte mais à des conditions qui vont bouleverser le conformisme de la bourgade...
MON AVIS : E Acteur qu'on ne présente plus, Clint Eastwood est aussi un réalisateur hors-pair. Son premier long métrage derrière la caméra, le thriller Un Frisson dans la Nuit, date de 1971 et annonçait déjà une réelle maîtrise des techniques cinématographiques. Deux ans plus tard, il récidive, cette fois dans le genre qui a fait de lui une star, à savoir le western. Avec L'Homme des Hautes Plaines, Eastwood marque encore des points en tant que réalisateur et livre une oeuvre sombre et crépusculaire, qui se caractérise par un nihilisme de tous les instants et une violence froide et brutale. A partir d'un scénario assez classique, mettant en scène, comme dans bon nombre de western, un étranger débarquant de nulle part dans une petite ville et qui va perturber la vie de ses habitants pour une raison qui lui est propre, Eastwood joue admirablement bien avec les codes du genre et verse dans un symbolisme fort qui font de L'Homme des Hautes Plaines un western à part. Il est d'ailleurs totalement regrettable que la version française du film se soit permise de modifier le dialogue final, retirant à ce film toute sa dimension symbolique, voire même fantastique. Il apparaît clairement que cet étranger, interprété par Eastwood qui joue ici l'un des personnages les plus antipathiques de sa carrière, est en réalité le spectre du pauvre shérif Duncan, tué, massacré même, à coups de fouet par un trio de voyous devant les yeux des habitants de la ville de Lago qui n'ont pas bougé le petit doigt par lâcheté. La scène de la baignoire, qu'on trouve un peu tiré par les cheveux durant le film, s'en trouve d'ailleurs explicité une fois qu'on a intégré cet état de fait. Comment un "humain" pourrait-il ne pas trouver la mort quand une femme en colère lui tire trois balles à bout portant alors qu'il prend tranquillement un bain dans une petite baignoire ? L'ultime image du film, dans laquelle on voit l'étranger quitter la ville de Lago et "disparaître" au loin ne fait également aucun doute quand à sa nature réelle. Ange exterminateur revenu d'entre les morts pour accomplir sa vengeance, l'étranger est aussi un ange rédempteur, venu ouvrir les yeux à la population sur leur lâcheté et leur faire payer leur passivité et leur couardise. Ce n'est pas non plus anodin pour ma part que l'étranger leur fasse repeindre toute la ville en rouge et peigne lui-même un "HELL" sur le panneau annonçant le nom de la ville. Car oui, l'Enfer est désormais à Lago, devenu un purgatoire dans lequel les hommes, comme les femmes d'ailleurs, doivent expier leurs péchés. La fameuse réplique finale, quand le nain, écrivant un nom sur la pierre tombale restée vierge du shérif assassiné demande à l'étranger quel est son nom et que ce dernier répond "celui que tu es en train d 'inscrire" ne laisse également planer aucun doute. La version française a préféré se la jouer cartésien et gommer toute cette symbolique en faisant dire à Eastwood qu'il est le frère du shérif Duncan. Pitoyable et vraiment dommageable pour le film. Si L'Homme des Hautes Plaines ne manque pas d'humour, possède des répliques typique des westerns spaghetti ("il ne te reste pas assez de temps à vivre pour devenir aussi rapide que moi" !) il n'en reste un film cruel (l'étranger n'hésite pas à violer et à malmener la population pour la déstructurer et mettre les habitants en froid les uns envers les autres) et pessimiste, une fable morale efficace et originale. Un très bon second film pour Clint Eastwood en tout cas.
NOTE : 5/6
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