A LA LIMITE DU CAUCHEMAR
(Butcher, Baker, Nightmare Maker / Night Warning)
Réalisateur : William Asher
Année : 1981
Scénariste : Steve Breimer, Alan Jay Glueckman, Boon Collins
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Drame, Tueurs fous
Interdiction : -12 ans
Avec : Jimmy McNichol, Susan Tyrrell, Bo Svenson, Julia Duffy...
L'HISTOIRE : Après la mort tragique de ses parents dans un accident de voiture, le petit Billy, 3 ans, est placé sous la garde de sa tante Cheryl, qui développe un amour maternel pour l'enfant. Désormais âgé de 17 ans, Billy se passionne pour le basket et flirte avec la jolie Julie, envisageant de suivre cette dernière à l'université s'il obtient une bourse grâce au basket. Un départ que ne voit pas d'un bon œil Cheryl, qui refuse de voir partir Billy. Psychologiquement instable, Cheryl assassine un réparateur TV sous les yeux de Billy. Face au détective Joe Carlson, ils tentent de faire passer le meurtre pour de la légitime défense, Cheryl prétextant une tentative de viol, ce qui ne convainc pas Carlson car c'est Billy qui a été retrouvé avec le couteau à la main. Pour Billy, c'est le début du cauchemar...
MON AVIS : Le réalisateur William Asher a une carrière assez conséquente derrière lui puisqu'on lui doit les plus célèbres Beach Movies des années 60, notamment ceux avec Frankie Avalon et Annette Funicello. Néanmoins, on le retrouve principalement actif dans le domaine de la télévision et on lui doit la série télévisée Ma Sorcière bien aimée, qu'il produit et dont il réalise 131 épisodes sur les 254 ! Il a d'ailleurs été marié avec Elizabeth Montgomery. C'est âgé de 60 ans qu'il se tourne vers l'horreur pour le cinéma, pour ce qui sera d'ailleurs sa seule incursion dans le domaine. Et on peut dire qu'il a réussi son coup le père Asher même si, malheureusement, son film reste assez méconnu et peu cité dans les discussions. D'abord intitulé Butcher, Baker, Nightmare Maker, puis Night Warning, le film de William Asher sort en France sous le titre de A la Limite du Cauchemar, directement en VHS, avec une jaquette vidéo qui fait un peu penser qu'il joue dans le registre du film de maison hantée, ce qui n'est absolument pas le cas. Il n'y a aucune touche de fantastique ici d'ailleurs. On est nettement plus dans le film de tueurs fous mais sans que ce soit un slasher. A la Limite du Cauchemar nous présente en réalité un cas pathologique, un cas de folie humaine en la personne de Cheryl, superbement interprétée par Susan Tyrell, la mère de Johnny Depp dans Cry-Baby ! L'actrice porte le film sur ses épaules et livre une prestation assez incroyable, et on ne peut plus habitée ! La scène introductive, présentant l'accident de voiture ayant entraîné la mort des parents du petit Billy vous rappellera certainement la séquence culte de Destination Finale 2, qui n'a donc rien inventé puisque William Asher l'a fait 22 ans avant ! Le film fait ensuite un gros bond en avant et on retrouve Billy âgé de 17 ans, toujours dans les jupons de sa tante, dont on ne met pas longtemps à comprendre qu'elle a développé un amour exclusif et un peu trop envahissant envers son petit fils. Le début du cauchemar commence lorsque Billy apprend que son talent au basket peut lui faire obtenir une bourse pour qu'il rejoigne une université. Une future séparation que ne supporte évidemment pas Cheryl, qui pète un câble et accable son petit fils de ne pas être reconnaissant envers tous les sacrifices qu'elle a fait depuis l'accident pour lui. La faille au sein de l'esprit de Cheryl ne se refermera pas et ne cessera de s’agrandir, pour l'emmener aux confins de la folie psychotique. Le réalisateur parsème le film de petits détails nous faisant comprendre que cette folie n'est en réalité pas vraiment naissante et qu'elle s'est développée depuis bien plus longtemps que ça. Susan Tyrell évolue entre fragilité et crise de démence avec une facilité déconcertante et donne une belle épaisseur à son personnage, qui en devient effrayant au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. On est souvent mal à l'aise lorsque la tante s'occupe de son petit-fils d'adolescent, ses gestes évoquant une sorte de relation incestueuse pas clairement installée mais sous-jacente. La présence de la petite amie de Billy ne fera que renforcer la folie maladive de Cheryl, qui mettra tout en oeuvre pour garder son petit-fils auprès d'elle, quitte à le droguer pour qu'il échoue à se faire recruter et à obtenir sa bourse. Un cas maladif donc, qui mise plus sur l'aspect psychologique que sur des scènes horrifiques, même s'il y en a quelques-unes à se mettre sous la dent et notamment vers la fin qui vire dans la folie homicide. Le film dénonce également l'homophobie qui régnait dans la police à cette époque, et ce, à travers le personnage du détective Carlson, joué par Bo Svenson. Ce dernier veut que le meurtre commis par Cheryl sur le réparateur TV soit de nature homosexuelle et son dégoût de cette communauté lui fermera les yeux sur des indices qui l'aurait vraiment mis sur la bonne piste. Même les découvertes faites par son adjoint au sujet du passé de Cheryl ne pourront le faire bifurquer de la (mauvaise) ligne directrice qu'il s'est fixé. Bref, finissons cette chronique en disant qu'il faut à tout prix redécouvrir A la Limite du Cauchemar, qui, en 1982, a reçu le Saturn Award du meilleur film à petit budget. Un film a réhabiliter séance tenante.