GHOSTLAND
(Ghostland)
Réalisateur : Pascal Laugier
Année : 2018
Scénariste : Pascal Laugier
Pays : France, Canada
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Crystal Reed, Emilia Jones, Mylène Farmer, Anastasia Phillips, Rob Archer, Kevon Power...
L'HISTOIRE : Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles, Beth et Vera, héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque. Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des événements étranges vont alors commencer à se produire…
MON AVIS : Réalisateur hautement talentueux mais peu prolifique, Pascal Laugier, auteur de Saint Ange (2004), Martyrs (2008) et The Secret (2012), faisait son grand retour six ans après son dernier film avec Ghostland, qui était l'une de mes plus grosses attentes cinématographiques. Avec la surprise de découvrir que Mylène Farmer était l'une des actrices principales, je pensais que Ghostland allait s'éloigner du tétanisant Martyrs, LA référence absolue du cinéma d'horreur français en ce qui me concerne, voir même du cinéma d'horreur tout court avec Massacre à la Tronçonneuse, et nous offrir un film beaucoup plus fantastique qu'horrifique, qui allait lorgner vers le cinéma de Del Toro ou Neil Jordan par exemple. J'avais tout faux. Certes, Ghostland peut se voir comme un conte de fée pour adultes, avec des allusions à Hansel et Gretel, à l'ogre qui terrorisent les petites filles et à la méchante sorcière qui utilisent des bonbons pour les attirer dans ses filets. Mais ce conte de fée va virer dans un cauchemar total et dans une horreur réaliste, crue, imparable et qui laisse des marques. Honnêtement, Ghostland soutient largement la comparaison avec Martyrs en terme de violence psychologique et physique, même s'il se montre beaucoup moins gore. On souffre avec les personnages et on en ressort lessivé, touché, marqué. Une vraie performance, une vraie réussite qui ne laissera personne indifférent. Le succès du film, outre son ambiance anxiogène et malaisante, provient tout autant de la mise en scène parfaite de Laugier, de la puissance de ses images, de ses décors, de ses détails, de ses placements de caméra que du scénario et surtout de son casting. Tout comme Mylène Jampanoï et Morjana Alaoui se révélaient absolument divines dans Martyrs, Crystal Reed, Emilia Jones, Mylène Farmer et Anastasia Phillips sont d'une justesse parfaite et portent le film sur leur épaule. On imagine que le tournage n'a pas du être de tout repos pour les actrices, qui ont puisé dans leur force et leur réserve pour livrer un rôle de composition remarquable et remarqué. Des rôles physiques, exténuant sûrement, et mentalement très dur. Pascal Laugier adore les actrices, aucun de ses films ne met en vedette un acteur masculin. Mais dieu qu'il les fait souffrir ! Et dans Ghostland, elles prennent encore très cher. Mais cette violence n'est jamais gratuite et sert un scénario bien huilé, avec, comme dans The Secret, un twist qui intervient en milieu de film et qui permet au réalisateur de s'aventurer dans une dimension encore plus cauchemardesque, et ce, afin de clouer le spectateur à son fauteuil et de le déstabiliser émotionnellement. En utilisant de manière très originale la thématique de la poupée mais aussi du passage de l'enfance à l'âge adulte, Ghostland réserve son lot de surprises, joue avec les jump-scares avec efficacité mais surtout, ne s'offre aucune retenue et va au bout de son sujet, quitte à y perdre des spectateurs qui ne supporteront pas la violence malsaine et rentre-dedans qui nous est proposée. Visuellement magnifique, Ghostland n'est donc pas une promenade de tout repos. On est constamment malmené et la noirceur, mais aussi la mélancolie qui se dégage du film, nous touche profondément. Et que dire des deux psychopathes qui nous rappellent les personnages les plus noires des contes ? Incarnation du Mal absolu, "la femme aux bonbons" et le "Fat Man" devraient longtemps hanter votre esprit. Rêve ou cauchemar éveillé, Ghostland marque des points à tous les niveaux et s'impose d'emblée comme l'un des fleurons du cinéma d'horreur. Décidément, Pascal Laugier est un sacré réalisateur et son univers n'a pas fini de nous terroriser ou de nous hanter. Récompensé par le Grand Prix, le prix du Public et le prix SyFy lors du 25ème festival international du film fantastique de Gérardmer. Et ce n'est que justice.
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