BLACK EMANUELLE EN AMÉRIQUE
(Emanuelle in America)
- Visionné en version intégrale non censurée -
Réalisateur : Joe d'Amato
Année : 1977
Scénariste : Maria Pia Fusco
Pays : Italie
Genre : Érotique, Aventure, X, Horreur
Interdiction : -18 ans
Avec : Laura Gemser, Gabriele Tinti, Roger Browne, Paola Senatore...
L'HISTOIRE : La jolie photo-reporter Emanuelle est toujours à la recherche de scoop pour le journal qui l'emploie. A New York, elle va dévoiler les activités suspectes du milliardaire Eric van Darren puis à Venise, elle devra percer à jour le Duc Alfredo Elvize, ami de Van Darren, avant de s'envoler pour les Caraïbes afin de photographier ce qui se passe dans une luxueuse résidence, transformée en bordel pour femmes aisées. Sur place, elle découvrira dans l'une des chambres un mini-film dans lequel des mercenaires torturent et mutilent des femmes pour de vrai...
MON AVIS : Suite au succès planétaire du film français Emmanuelle, qui fera de son actrice principale Sylvia Krystel une star, les Italiens, rois de la copie cinématographique, cherchent à surfer sur la renommée du film de Just Jaeckin réalisé en 1974. C'est en regardant Emmanuelle 2 l'année suivante qu'ils découvrent dans le rôle d'une masseuse l'actrice Laura Gemser, une indonésienne au corps et à la beauté exotique parfaits. Il n'en fallait pas plus pour que les Italiens aient l'idée d'en faire la vedette d'une série de films d'aventures érotique en la renommant simplement Black Emanuelle, avec un seul "M" pour éviter les procès pour plagiat. L'affaire est dans le sac dès 1975 avec la sortie de Black Emanuelle réalisé par Bitto Albertini. Suivra en 1976 Black Emanuelle en Orient, cette fois-ci réalisé par le célèbre Joe d'Amato, qui va venir pimenter la saga de sa folie, notamment avec le troisième épisode mis en scène en 1977, le fameux Black Emanuelle en Amérique. Un film à la réputation sulfureuse, principalement pour deux séquences qui ont transformé un banal film d'aventure érotico-exotique en oeuvre culte pour les amateurs de cinéma bis déviant. Car sans ses deux séquences sur lesquelles je vais revenir par la suite, il faut bien avouer que Black Emanuelle en Amérique ne se démarquerait pas vraiment du lot des productions érotiques de l'époque, si ce n'est par la présence toujours radieuse de son actrice principale. Le scénario, si on peut appeler ça comme ça, est on ne peut plus léger et on a plus l'impression d'assister à une sorte de film à sketchs avec un maigre fil conducteur, avec des scénettes se déroulant dans divers pays, qu'à une véritable histoire. Emanuelle à New York, Emanuelle à Venise, Emanuelle au Caraïbes, Emanuelle en Amérique Latine, Emanuelle en Afrique, on ne peut pas dire que Black Emanuelle en Amérique ne nous fasse pas voyager ! Laura Gemser promène sa gracieuse silhouette dans ces divers paysages et use de ses charmes à maintes reprises pour se sortir de situations périlleuses ou juste pour prendre du bon temps. La jolie reporter est une adepte de l'amour libre et elle donne autant qu'elle reçoit. Elle se fait kidnapper par une jeune homme qui lui reproche de faire des photos nue de sa petite amie et la menace d'un pistolet ? Hop, une petite fellation plus tard, le danger est écarté ! La directrice d'un harem clandestin a découvert sa véritable identité ? Hop, un numéro de charme, un peu d'alcool et la voilà tirer d'affaire ! Elle sait y faire notre Black Emannuelle, il n'y a pas de problème insurmontable pour elle ! Reste que les très nombreuses séquences érotiques qui ponctuent régulièrement le film finissent pas ennuyer plus qu'à exciter, tant elles sont répétitives et pas franchement originales, si on excepte celle dans laquelle une jeune femme recouverte de gâteau se fait "manger" par les invités d'une orgie organisée par le personnage joué par Gabriele Tinti, mari de Laura Gemser à la ville. Comme bien souvent, Black Emanuelle en Amérique dispose de nombreuses versions en fonction de la censure des divers pays. Dans la version intégrale, l'érotisme soft se partage avec des scènes ouvertement pornographiques, qui n'apportent pas grand chose au final et qui ne mettent jamais Laura Gemser en scène qui plus est, ce qui amoindri encore plus leur intérêt. Les pérégrinations de la belle Emanuelle sont sans réelle saveur au final et rien ne fait vraiment décoller ce film. Rien sauf la folie de son réalisateur. Joe d'Amato, bien connu des fans de cinéma d'horreur puisqu'il leur a offert des films tels Blue Holocaust, Anthropophagous ou Horrible entre autres, va totalement se lâcher dans deux séquences qui donnent tout son sel à Black Emanuelle en Amérique et qui lui valent sa solide réputation.La première est une séquence dite de zoophilie dans laquelle les invités d'une soirée festive vont aller espionner l'une des invités qui a une attirance non pas pour le sexe masculin mais plutôt pour celui chevalin ! Devant la foule agglutinée, l'actrice va prodiguer une masturbation au cheval qui semble apprécier cette attention toute particulière. Une scène qui sera reprise par Joe d'Amato dans son Caligula la Véritable Histoire en 1983. Si cette séquence pourra choquer le spectateur non préparé, le réalisateur va mettre la barre encore plus haute avec la fameuse séquence du snuff movie. Si ce mythe (?) du film dans lequel on torturerait et assassinerait pour de vrai des acteurs a fait son apparition en 1975 dans le film Snuff de Michael Findlay, les séquences imaginées par Joe d'Amato dans Black Emanuelle en Amérique vont encore plus loin dans le sordide et reste peut-être encore à ce jour les plus atroces jamais réalisées sur ce sujet, dépassant même celle de Salo ou les 120 jours de Sodome de Pasolini. En mission d'infiltration, Emanuelle observe les relations sexuelles de femmes riches dans un luxueux harem clandestin situé dans les Caraïbes. Dans une chambre, un couple fait l'amour; Emanuelle remarque qu'une caméra super 8 projette un film qui semble les exciter. La curiosité étant un vilain défaut, Emanuelle ne peut s'empêcher de regarder les images projetées sur un petit écran blanc. Et là, le spectateur sera tout autant sidéré que la belle photographe. Sur l'écran, dans un format vidéo assez dégueulasse, ce qui renforce l'impression de réalisme, on voit des sortes de mercenaires en tenues militaires abuser sexuellement de plusieurs femmes tout en les torturant, les mutilant de manière vraiment atroce. Ce snuff movie, on en verra d'autres images encore plus horribles vers la fin du film, Emanuelle ayant réussi à remonter le filon et à trouver une personne le possédant et ayant connaissance d'où il a été filmé. La belle se retrouve en Amérique du Sud et va assister en direct live à la torture et aux diverses mutilations subies par de pauvres femmes considérées comme un simple objet : femme brûlée au chalumeau, gode géant enfoncé dans la bouche et dans lequel on va déverser de l'huile bouillante, femme marquée au fer incandescent, femme prise en levrette avec un mors dans la bouche qui va lui ouvrir la mâchoire en deux, femme dont on va couper le sein au couteau et autres joyeusetés sont proposés au public avec une complaisance absolue et une envie de choquer qui emmène le film très loin dans l'abject le plus sordide. Emanuelle va se réveiller et son amant de lui expliquer que tout ça n'était qu'un cauchemar du à la prise de LSD. Pourtant, une fois chez son patron, Emanuelle découvre des photos qui viennent corroborer que ce snuff movie était bel et bien réel et qu'il existe donc une organisation mafieuse qui tire profit de ces atrocités. Malheureusement pour la reporter, son patron lui annonce qu'il ne pourra pas diffuser son article et les photos et que cette décision de censure est politique, ce qui la mettra dans une rage folle. Avec ces séquences vraiment choquantes, Joe d'Amato a réussi son pari : faire d'un film érotique assez fade en fin de compte une oeuvre qui possède toujours un statut de film culte auprès des aficionados et qui continue, année après année, de faire parler de lui. Il est malin ce Joe ! Egalement en 1977, il poursuivra sur sa lancée et mixera encore érotisme et horreur en envoyant Laura Gemser dans l'enfer vert se confronter à une peuplade cannibales dans Emanuelle et les Derniers Cannibales.
* Disponible en DVD collector chez BLUE UNDERGROUND (avec version française)
* PS : Didier Lefèvre du fanzine Médusa nous précise qu'en 1969, il y a eu Io Emmanuelle de Cesare Canevari qui utilisait la même recette que le film de 1974.
* PS : Didier Lefèvre du fanzine Médusa nous précise qu'en 1969, il y a eu Io Emmanuelle de Cesare Canevari qui utilisait la même recette que le film de 1974.
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